mai 2008

  • petite honte (où je tourne la page des GTD)

    [ 2 mai 2008 / 3 décembre 2008 ]

    je change de titre. c’était « la première heure », ça devient « petite honte ».

    c’est à la lecture de zen habits – eh oui, faut-il qu’il m’arrive de désespérer,  soit : d’être débordée – que j’avais choisi d’appeler ce blog «  la première heure« .

    j’avais découvert les GTD (Getting Things Done), m’y appliquais, m’en amusais, leur trouvais une sorte d’efficacité rassurante. me pliais, obéissais. dressais, triais, barrais, recopiais, projetais, analysais, comparais, en face regardais,  différais. jusqu’à ce que je tombe sur Zen habits.

    Zen habits préconise de  DETERMINER dans la liste de choses à faire que les GTD vous auront amené à dresser,  CELLE qui pour vous compte le plus.  troublante lecture.  car je n’avais pu m’empêcher de penser à l’écriture. troublante lecture.  et dont je sortis déprimée quelques jours.

    l’auteur lui-même, de Zen habits, s’était  donné pour but de quitter son travail et de ne plus faire qu’écrire, dans son blog –  ce à quoi il était arrivé, et en direct, LIVE! il s’y était attelé avec méthode et continuité, en prenant soin de ne commencer chacune de ses journées que par ce qui pour lui comptait le plus : écrire, donc. d’où mon titre : la première heure. je m’étais dit que je pouvais tenter cela, que cela valait le coup, que j’étais bien forcée d’admettre qu’écrire était pour moi le plus important, mais que je n’étais arrivée jusque là qu’à postposer, à faire passer après toutes les autres tâches ( ces autres tâches m’en protégeant et n’étant pas loin de m’acharner à les multiplier). j’avais bien quelques doutes quant à la possible efficacité d’un programme de management contre un symptôme aussi coriace que le mien, mais cela valait la peine d’essayer, aurai-je pensé.

  • le livre d’annie ernaux. pas encore terminé mais.

    [ 2 mai 2008 / 7 octobre 2008 ]

    le livre d’annie ernaux, les années. pas encore terminé mais. franchement fantastique. première partie fascinante, étonnante d’observation, d’invention, de souvenirs, de remémorations. deuxième, au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’actualité, de plus en plus triste et peut-être moins réussie – rapprochée l’histoire devient trop proche, non seulement pour nous mais pour elle aussi, dont les observations perdent la force, la clémence de l’oubli, se rapprochent de ce  sempiternel commentaire de l’actualité dans lequel nous ne cessons de patauger, lamentablement.

  • la catastrophe

    [ 7 mai 2008 / 27 novembre 2008 ]

    le mail que j’arrive même pas à envoyer :

    c’est en rentrant mardi 6 de la maison des enfants, où j’étais restée parce qu’il manquait quelqu’un pour faire à manger aux enfants, que j’ai réalisé en ouvrant mon ordinateur que je venais de rater le rendez vous que j’avais avec vous.
    mon désespoir a été immédiat (j’en ai perdu la tête).

    j’en ai perdu la tête et je ne l’ai toujours pas retrouvée.

  • les vieux ne (des suites d’un RV manqué)

    [ 7 mai 2008 / 27 novembre 2008 ]

    les vieux ne meurent plus ils s’endorment parfois et dorment trop longtemps . même riches ils sont pauvres ils n’ont plus d’illusions ils n’ont qu’un coeur
    pour deux
    chez eux ça sent le thym le propre la lavande et le verbe d’antan.
    j’ai raté mon rendez vous. ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant.
    qu ‘on me laisse être triste et encore triste et triste à en mourir. qu’on me laisse, je suis lasse. et veux pleurer encore, et sans témoin, et sans consolation. je suis
    vraiment désolée.
    sans témoin, sans consolation. qu’on me laisse, car je suis lasse. pleurer est cela seulement que je veux. pleurer et même pire. il n’y a plus de honte, quand ils ne sont plus là. c’est cela, maintenant, que je veux, rien d’autre. qu’ils n’y soient plus, personne. honte bue et nue. qu’ils partent, et que ça s’arrête.

  • les gens ne veulent pas vous consoler,

    [ 7 mai 2008 / 7 octobre 2008 ]

    les gens ne veulent pas vous consoler, seulement que vous ne pleuriez plus.

  • du fond du lit,

    [ 7 mai 2008 / 27 novembre 2008 ]

    vous téléphonez à une amie, vous aimeriez lui dire que c’est terrible, que vous voudriez mourir, mais que vous avez un enfant, à peine en avez-vous le temps qu’elle vous annonce qu’elle en attend un, qu’elle est enceinte d’un mois. vous pleurez, vous pleuriez, vous pleurez davantage, l’enfant est là, qui vous regarde. vous lui dites, que D a un petit bébé dans son ventre, il vous pose une question, il parle de « papa ». vous lui dites que D a un ami, qu’ils ont fait un bébé, ensemble, mais qu’il est encore dans le ventre de sa maman.

  • le fantôme de l’amour

    [ 8 mai 2008 / 27 novembre 2008 ]

    j’écris.

    la tête enfouie dans mon pantalon qui traine, jules crie « je suis le fantôme de l’amour, je suis le fantôme de l’amour ».

  • les années d’annie ernaux

    [ 8 mai 2008 / 27 novembre 2008 ]

    c’est un livre d’histoire et d’une histoire jamais écrite. un livre qui vous parle d’hier, celui depuis longtemps enseveli par l’oubli, qu’il va déterrer, au prix d’efforts qu’on ne peut imaginer, qui laissent pantois d’admiration. un livre qui pourrait vous réconcilier, pour partie probablement seulement, avec votre propre histoire. qui ira mettre des ponts entre ce que vous étiez alors, par le passé, avec votre solitude augmentée de ce qui dans le monde arrivait, dans le monde arrivait et à vous arrivait, sans que vous n’y puissiez rien. il arrive des choses, dans le monde, qui sont des choses qui vous arrivent, auxquelles vous ne pouvez mais, parce que vous n’y êtes pour rien. vous en êtes l’objet, et vous commencez à vous penser impuissant. (l’impuissance tenant à un sentiment d’incapacité d’agir sur le réel, faute qu’il soit seulement pensable).

    A l’origine, un tableau, une image qui dit tout le livre: on y voit une femme, une femme à la poitrine nue et, derrière elle, une enfilade de portes entrebâillées. Le titre était Anniversaire et le tableau est de Dorothea Tanning.

    A l’origine, un tableau, une image qui dit tout le livre: on y voit une femme, une femme à la poitrine nue et, derrière elle, une enfilade de portes entrebâillées. Le titre était Anniversaire et le tableau est de Dorothea Tanning.

    elle, annie ernaux, parle, dit, ce qui arrive, ce qui est arrivé, et en quoi ce qui est arrivé, affectait, des corps, qui n’y étaient, pour rien. donc, oui, elle fait cela, dont elle s’était établi l’objectif, elle fait se rejoindre l’histoire du monde et l’histoire des personnes, une histoire qu’elle grossit des évènements du monde. ça devient une autobiographie historique, où c’est aussi l’histoire qui prend la parole, l’histoire de ce qui arrive, dans le monde qui vous entoure, qui vous englobe, silencieusement, qui devient, rejoint la vôtre. un livre de gauche aussi, ou plutôt, un livre à gauche, un livre certainement à gauche, sans qu’il le revendique, à gauche dans son regard, par le biais d’une ironie dont je n’ai pas compris comment elle fonctionnait, mais qui est là, presque palpable, et légère1. qui tiendrait dans la distance, l’endroit du constat, que l’on dira d’autant plus objectif qu’il parle de l’arrivée d’objets nouveaux dans le monde, l’ironie tenant dans le détachement de ce constat, la distance inexorable qui s’établit entre le sujet qui profère décrit et l’objet qu’il d’écrit. c’est un livre qui pointe, qui indexe, qui décrit. le livre lui est la pointe, l’index, la description. en conséquence c’est aussi un livre qui vous enseigne, qui vous parle du temps, des années, des années qu’il faut parfois pour digérer, de ce qui vient après-coup, et ne vient qu’après-coup. les années, il faut qu’elles passent, qu’elles aient passées. c’est un livre qui va à rebours de l’instant, qui y va volontairement. de gauche aussi, à gauche, du fait de sa conscience de classe. sa conscience aigue, conscience qui est mémoire également. et peut-être même conscience en forme de mémoire. une mémoire de classe. ce sont des choses que vous que nous avions oubliées, ce dont elle parle, parce qu’il est probablement vrai également que les classes dont elle reparle se sont entre-temps estompées. de cette estompe même qu’il s’agit, de l’effacement. de l’effacement, et de ce qui vient à la place. de l’arrivée des nouveau m’êtres, écrivons-le comme ça. elle le dit, elle en parle, du temps passé dans les centres commerciaux, où ils vont, où nous allons, chercher, dit-elle, « un supplément d’être ». l’ironie tiendrait aussi à cela, à notre ridicule, à notre petitesse. à celui qui s’en moque, celui qui en parle depuis un point au delà ou en deçà, ailleurs. depuis un lieu où justement la moquerie n’a plus lieu d’être, n’a plus cours. l’ironie se permet depuis le point où l’impuissance est moquée, voire dénoncée. j’ajouterais que cette ironie est lentement gagnée d’amertume, ce que le livre y perd, au fur et à mesure que les années avancent et se rapprochent de ce que nous connaissons encore trop bien, de ce qui n’a pas bénéficié de l’oubli, et pâtit d’une abondance croissante d’informations. la tristesse du livre s’en accroit, et également dans ce qu’elle décrit de son embourgeoisement, du processus de son embourgeoisement. l’embourgeoisement, c’est triste. elle est celle qui en sait quelque chose et qui le dit . je ne sais pas exactement ce qu’elle sait, ni comment elle le dit, mais je vois bien que depuis un certain point d’intime, qu’elle arrive à formaliser au travers de ce qu’elle appelle son embourgeoisement, elle éclaire l’histoire du monde moderne – qui consiste aussi en une triste forme d’embourgeoisement généralisé, où nous sommes tirés dont ne sait où dans des caddies de supermarchés. à cet insupportable, à ce monde insupportable, son histoire insupportable, notre insupportable histoire, l’insupportable de l’histoire, cela que l’histoire ne supporte pas, l’écriture est sa réponse. et les années lui vont bien (d’ailleurs l’histoire n’a pas lieu, au moment où elle vous arrive.)

    LIENS :

    Notes:
    1. que le lecteur peut-être est lui-même appelé à apporter, sans quoi le livre serait, resterait, proprement insupportable. aussi, peut-être n’ai-je perçu cette ironie, que parce qu’elle ne pouvait qu’y être. et sa légèreté viendrait-elle de ce que c’est à celle du lecteur qu’il est appelé de recourir. un peu comme quand on dit : c’est de l’humour ? parce qu’on ne sait pas du tout ce que ça serait si ce n’en n’était pas. []
  • sans rendez-vous

    [ 9 mai 2008 / 7 octobre 2008 ]

    vu le docteur G. « excusez-moi, c’est urgent ». ressors avec double dose de deroxat + xanax au cas où. je prends les choses en main.

  • les actes que je réussis et le deroxat (qui me réussit)

    [ 10 mai 2008 / 26 novembre 2008 ]

    11: 55
    samedi matin donc, hier pris un xanax quand m’a semblé que m’énerverais trop. ce matin, un deroxat donc. que dire sinon que ces médicaments sont d’une efficacité extraordinaire. ce soir, le deuxième deroxat.

    hier, finalement envoyé le mail à l’analyste, expliquant m’excusant de mon absence au rendez vous de mardi. on verra ce qui en résulte. difficile de développer ça davantage, trop incroyable (que d’avoir oublié ce rendez vous m’ait envoyée aux portes de.

    18:12
    flûte, ou ouf, me rends compte que je n’ai pas envoyé hier le mail que je pensais avoir envoyé ! décidément !

  • l’heure de nulle part

    [ 27 mai 2008 / 27 novembre 2008 ]

    je rechange de titre de blog.
    ça a été la première heure, c’est devenu petite honte, ça devient l’heure de nulle part – qui est peut-être un peu prétentieux.
    historyze.org n’existe plus, je ne l’ai pas ré-enregistré. page qui se tourne? je n’aimais pas que ça soit en anglais. mais je n’aime pas beaucoup disparates non plus. il faut bien un nom.

    je suis arrivée à reprendre un RV avec le psychanalyste (appelé).