2008

  • les livres. ma vie.

    [ 25 février 2008 / 21 novembre 2008 ]

    les livres, il ne leur manque que la parole; ma vie, c’est d’être écrite (qu’il lui manque).

  • (au passage, mon image)

    [ 25 février 2008 / 29 mars 2008 ]

    mourir : la belle à faire; ah mais vieillir, vieillir.

  • night

    [ 27 février 2008 / 30 mars 2008 ]

    Récemment abondamment lu Imre Kertész*. Commencé par un livre dont à l’instant j’oublie le nom, alors que j’avais cru qu’il allait changer ma vie. Être sans destin. Actuellement lis un livre acheté pour son titre, Les livres que je n’ai pas écrits, de Steiner Georges. Titre qui me rappelle qu’à la lecture de Pourquoi je n’ai écrit aucun de mes livres (de Benabou), également j’avais pensé que ma vie en serait transformée.

    Du temps a passé depuis Être sans destin, sans que concrètement rien n’ait vraiment changé. Si ce n’est peut-être cette tristesse supplémentaire, ce sentiment d’avoir laissé, une fois de plus, passer quelque chose.

    * J’en livre ici la liste : Être sans destin, Le refus, Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas, Le Dossier K, Liquidation, Le drapeau anglais, Le chercheur de traces

  • des suites de la lecture du Refus (et l’idée d’en finir)

    [ 27 février 2008 / 24 novembre 2008 ]

    non, je ne sais plus, ce qui tant m’a marquée, à la lecture du Refus. je retrouve ce mail, que je n’aurais pas écrit, certainement, si je ne ne l’avais lu. ce livre qui m’aura parlé de l’écriture. ramenée à son amour. au travers duquel j’allais vers cette reconnaissance, la reconnaissance de cet amour. je ne suis pas très forte, à ça, reconnaître à quoi je tiens. c’est un livre qui, me semble-t-il, parle de l’impératif que peut comporter l’écriture, de l’impérieuse nécessité d’écrire et de ce qui ne passe qu’à l’écriture. qui parlerait de l’impérieuse singularité de l’écriture.

    :::JD :::20/12/07:::15:56 +0100:::Re: RE: suite:::

    je lis en ce moment un livre extraordinaire, de imre kertesz, « le refus ». dans le paragraphe sur lequel je me suis endormie hier il était question de l’honneur :

    « Il lui semblait avoir tenu bon, avoir bien défendu quelque chose, mais quoi ? Le mot jaillit en lui : son honneur. Mais, se demanda-t-il avec stupéfaction, comme s’il avait trébuché sur un obstacle imprévu, c’était quoi, son honneur ? »

    très solitaire, aussi bien dans ma vie que dans mon travail, je me suis rendu compte, à lire cet auteur, Imre kertesz, que je découvre récemment, avidement, également ce livre intitulé « être sans destin » lu juste auparavant, que dans cette solitude je cultive certaines sortes de grands sentiments dont je ne sais hélas plus que faire dans la « vie réelle » – aussi me semble-t-il souvent que je me trahisse ou que je sois lâche. je vous dis cela voyez-vous, parce que j’ai été si peu consultée, si peu tenue au courant de ce qu’il allait advenir de mon travail, celui fait sur wordpress, dont vous avez eu tout de suite l’air de dire qu’il ne valait rien ( ce ne sont bien sûr pas vos termes, mais c’est ainsi qu’in fine j’en suis venue à interpréter vos propos ; il va sans dire que vos propos seuls ne sont pas impliqués, mais la situation générale), que j’éprouve le besoin, non probablement de « sauver mon honneur » – parce qu’en ce qui me concerne, j’en reste à un : « ça serait quoi, mon honneur ? » – , mais de vous dire que j’existe, malgré que je me suis si mal comportée pour défendre mon travail et que mon désir de le conserver m’ait conduite, à laisser ouvertes certaines portes que j’aurais mieux fait de faire claquer avec pertes et fracas.

    je m’en serai tenue à vous envoyer ces petits signes, minuscules, ridicules : des mails où je ne vous envoie ni de « cher monsieur », que je ne signe pas, où je n’inscris aucune formule de politesse·

    comme nous n’aurons jamais l’occasion de nous rencontrer, et puisque internet le permet, ces mots souvent trop vite envoyés, je vous redis seulement : j’existe. et je sais aussi que vous existez. président de […].

    c’est bizarre, non, que je vous envoie cela. moi aussi, je le trouve. je ne le fais pas du tout pour vous agresser, c’est même plutôt le contraire. vous m’envoyez du « bien cordialement », je vous envoie une petite histoire,

    avec mes respects,

    jd

    « Travaillez, faites l’apprentissage de la vie, ouvrez vos yeux et vos oreilles, accumulez de l’expérience. Ne croyez pas que nous ayons renoncé à vous et à votre talent. Cette porte », son bras se tendit et montra quelque chose dans le dos de Köves, sans doute la porte, « cette porte, vous verrez, s’ouvrira encore devant vous.

    – C’est possible », dit Köves en se levant d’un bond.

    En même temps que l’espoir (si espoir il y eut), sa patience le quitta, la patience envers tout ce qui ne l’intéressait plus du moment que ce n’était ni son obligation, ni même sa liberté. « C’est possible, mais moi, je ne la franchirai plus ! »

  • Les livres ou la vie (1)

    [ 1 mars 2008 / 21 novembre 2008 ]

    Le brouillard ayant envahi mon esprit, brouillard blanc où je distingue quelques panneaux lumineux, dont celui qui comporte les mots « IMRE KERTÉSZ », je décide, sans en savoir plus, de racheter aujourd’hui Être sans destin, prêté déjà, et que je ne risque pas de revoir avant longtemps. Le racheter, le relire, à cause de la forte impression qu’il m’a faite dont ne me reste qu’un souvenir flouté.

    A propos d’I. K., me serait-il possible en ce moment d’en dire plus ? Se concentrer.

    L’écriture.

    J’aurai le lisant compris que j’accordais à l’écriture, aux livres, bien plus d’importance qu’à « la vie ». (Je ne rapporte ici que ce que j’arrive à en rapporter, de ce que j’aurai alors compris, maigre moisson, constatai-je, maigre moisson, au regard des souvenirs dont je suis sûre : ce que j’avais cru comprendre alors m’avait laissée bouleversée, pendant des semaines.)

    Cet autre souvenir : je demande à D, dont c’est la spécialité, si elle me croit atteinte de bovarysme. À mes explications, elle répond que c’est certainement là l’un des noms de ma maladie. Je lui demande quoi faire. Elle me dit que je ne peux rien faire d’autre que de l’accepter.

    Je me souviens également avoir été saisie par la nécessité de prendre cet amour qui se révélait de moi, de façon éclatante, au sérieux. Cet amour pour les livres, pour l’écriture, il me fallait l’assumer, le revendiquer. Il ne s’agissait plus de laisser dans l’ombre, une ombre honteuse. Le porter au grand jour.

    C’est intéressant.

    Il allait s’agir de faire en sorte que soit la vie qui soit atteinte par les livres. Il faudrait que le sérieux des livres se propage par contagion à la vie. Il ne s’agirait plus de vivre une vie amputée du sérieux des livres. Je ne peux m’empêcher de songer ici à la formule de Lacan concernant l’aliénation. La mienne s’écrirait : « Les livres ou la vie ». Que vous choisissiez l’un ou que vous choisissiez l’autre : vous n’aurez jamais les deux. Vous n’aurez jamais que l’un amputé de l’autre. Telle en tout cas me sera apparue ma vie à ce moment-là, sa difficulté : amputée des livres. Dans les livres, j’étais sans la vie, dans la vie, j’étais sans les livres.

    ou les livres ou la vie

    Les livres amputés de la vie

    La vie sans les livres

    Comment le dire : j’aime le sérieux et la passion des livres et je reproche à la vie de ne jamais rien m’offrir de pareil. Et m’est-il apparu que simplement, ma vie serait-elle écrite, je l’aimerais. Passionnément peut-être même. Pourquoi je me force aujourd’hui à cet exercice.

    Et raison pour laquelle je me suis sentie autant emportée, emballée, quand j’ai écrit ce mail à XY. Je lui parlais là de la seule façon dont il me semble valoir la peine de parler. Plus exactement, je m’adressais à lui, de la seule façon… Les intérêts que je mettais en jeu étant les seuls ceux qui m’intéresse. Mon compagnon, F., y vit à redire : « Tu ne peux pas ainsi t’adresser à un concurrent ». Je lui répondis que ma décision se trouvait là, ne renoncer à m’adresser à quiconque dans mon style à moi, dans ce qui était important pour moi. Bien sûr, il est bien possible qu’il ait eu raison, et que si cet homme me répondit de façon charmante, c’était probablement pour m’amener à lui fournir les renseignements dont il avait besoin pour que le travail qu’il avait à faire, de reprendre mon boulot, pût se faire à moindre coût. Qui donc mieux que moi pouvait défaire ce que j’avais fait.

  • Les livres ou la vie (2) – choc

    [ 2 mars 2008 / 12 décembre 2008 ]

    Que ces lectures, se figure-t-on, m’ont causé un choc :

    Lacan Jacques, Séminaire XI, p. 191

    Si dans ce cercle, celui de gauche, il y a cinq objets, et si, dans l’autre, il y en a encore cinq, – les additionner, ça fait dix. Mais il y en a qui peuvent appartenir aux deux. S’il y en a deux qui appartiennent à chacun des deux cercles, les réunir consistera en l’occasion à ne pas redoubler leur nombre, il n’y aura dans la réunion que huit objets. Je m’excuse de ce qui peut paraître là enfantin à rappeler, mais cela est fait pour vous donner la notion que ce vel que je vais essayer de vous articuler ne se supporte que de la forme logique de la réunion.

    Le vel de l’aliénation se définit d’un choix dont les propriétés dépendent de ceci, qu’il y a dans la réunion, un élément qui comporte que, quel que soit le choix qui s’opère, il a pour conséquence un ni l’un, ni l’autre. Le choix n’y est donc que de savoir si l’on entend garder une des parties, l’autre disparaissant en tout cas.

    Topologie, Problèmes, Seymour Lipschutz, p. 3

    La réunion de deux ensembles A et B, notée A B, est l’ensemble de tous les éléments appartenant à A ou à B, c’est-à-dire

    A B = { x : x A ou x B }

  • Les livres ou la vie (3) – et le vel

    [ 3 mars 2008 / 8 septembre 2009 ]

    Il y a donc les livres, il y a donc la vie. Ce dont je souffrirais – la perte de ce qui leur serait commun, à la vie, aux livres. Cela justement à quoi je tiendrais le plus, MISère.

    Se rappeler qu’il s’agit là d’une formule de l’aliénation (ou/ou, soit l’un/soit l’autre, et quand l’un, l’un sans l’autre, l’un moins l’autre, et quand l’autre, l’autre sans l’un, moins l’un : VEL), l’aliénation selon Lacan (dans le séminaire XI). Se souvenir que les chapitres concernant l’aliénation sont suivis d’au moins un chapitre sur ce qu’il appelle la SÉParation – où je trouverais la délivrance.

    (
    plus tard, se rendre compte que je ne sais pas ou plus ce que signifie le mot VEL. sur internet, je trouve:

    Cette comédie pour nous recouvre simplement l’absence encore dans la logique d’une négation adéquate. J’entends de celles qui seraient propres à ordonner un vel, je choisis vel et non pas aut en latin, d’un vel à poser la structure en ces termes : ou je ne suis pas, ou je ne pense pas – dont le cogito cartésien donnerait l’intersection. Je pense que des logiciens m’entendent et l’équivoque du mot « ou » en français est seule propice à brocher là la structure de cette indication topologique : je pense , là où je ne puis dire que je suis. Où, là il me faut poser dans toute énoncé le sujet de l’énonciation comme séparé de l’être par une barre. Plus que jamais, évidemment, ressurgit là non l’intuition, mais 1’exigence de l’être. Et c’est ce dont se contentent ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
    Jacques Lacan, Préface à l’ouvrage de Robert Georgin, Cahiers Cistre, 1977, Lacan, 2me édition, Paris, l’Age d’homme, coll. « Cistre-essai », 1984, pp. 9-17.

    vel dès lors nouvelle recherche, dictionnaire latin/français :

    vel, adv. [abréviation d’une ancienne forme de l’impér. velle : veux-tu? si tu veux] : – 1ou, ou bien, si l’on veut. – 2même, et même, ne serait-ce que. – 3 – Virg. Hor. et, et encore, en outre, de plus. 4 – (si tu veux une précision), ainsi, par exemple. – 5avec un superl. : peut-être, sans doute; sans contredit, vraiment.
    – vel … vel… : ou… ou…, ou… ou disons…, soit… soit…
    – vel (potius) : ou plutôt.
    – vel dicam : ou que je dise plutôt, ou plutôt.
    – vel (vero) etiam : ou même, ou bien encore.
    – vel praepono : je préfère même.
    – vel maxime : même au plus haut point.
    – vel minima sentire : percevoir même les plus petites choses.
    – vel sternas licet, Cic. : tu peux même ronfler.
    – vel hoc ipso intellegi potest : on peut comprendre, ne serait-ce que par ce fait.
    – suaves accipio litteras : vel, quas proxime accepi… : je reçois des lettres exquises, la dernière, par exemple…
    – domus vel optima Messanae, notissima certe : la maison peut-être la plus riche de Messine, en tout cas la plus connue.
    – vir vel elegantissimus : l’homme vraiment le plus élégant.
    – mores quidem populi Romani quantum mutaverint vel hic dies argumento erit, Liv. 39, 51 : combien ont dégénéré les moeurs des Romains, en tout cas ce jour-là le prouvera (ce jour à lui seul le prouvera).

    et si je recopie un extrait de la définition de mon dictionnaire latin, ça donne :

    1 adv. ou, si vous voulez; ou; a) [donne à choisir une expression entre plusieurs ] : … le souverain bien dérive de la vertu, ou [si vous voulez] repose dans la vertu mêmenous l’avons [je vous laisse le choix de l’expression] ou rejeté ou renvoyé ou

    (mon dictionnaire, je trouve plus parlant. serais-je vraiment blabla, j’irais maintenant chercher le mot latin aut. « minutieuse » ou « studieuse », sont les mots qu’on peut-être pourrait mettre à la place de « blabla » dans la phrase précédente. si je ne les y mets pas, c’est je suppose qu’ils ne conviennent pas. )

  • Les livres ou la vie (4) – La lettre perdue

    [ 6 mars 2008 / 21 novembre 2008 ]

    De la réunion à l’intersection, de l’aliénation à la séparation. Dans l’aller vers la séparation.

    Lacan Jacques, Séminaire XI, p. 194

    Tandis que le premier temps [l’aliénation] est fondé sur la sous-structure de la réunion, le second est fondé sur la sous-structure qu’on appelle intersection ou produit. Elle vient justement à se situer dans cette même lunule où vous retrouverez la forme de la béance, du bord.
    L’intersection de deux ensembles est constituée par les éléments qui appartiennent au deux ensemble. C’est ici que va se produire l’opération seconde […] Je l’appellerai, introduisant ici mon second nouveau terme, la séparation.

    Nous y sommes, m’étais posée la question de ce qu’il y aurait eu dans l’intersection des Livres et de la Vie. Ce qu’ils auraient eu en commun.

    Je reprends mon petit schéma :

    les-livres-ou-la-vie

    Dans l’intersection, la « lunule », ce qui est commun à la vie et aux livres, d’instinct, à la va-comme-je-te-pousse, je dirais la lettre. (Ce qui se perd, ce qui se récupère, la lettre, le réel de la lettre.)

  • les frontières de l’intime par Gérad Wajcman

    [ 7 mars 2008 / 12 décembre 2008 ]

    Les hasards de l’internet m’amènent à cet article, de Gérard Wajcman, psychanalyste, membre de l’ECF, Intime exposé, intime extorqué. J’en reproduis ici quelques extraits. L’intime est  une notion qui m’intéresse beaucoup. Ce qu’il en advient aujourd’hui, la façon effectivement dont il est, et peut-être plus souvent qu’à son tour, exposé; les limites, à tracer pour chacun, qu’imposerait son dévoilement. Habituée de la psychanalyse, où ce dévoilement, mais confiné à l’intérieur des  4 murs du cabinet de l’analyste, est convoqué,

    Intime exposé, intime extorqué • Gérard Wajcman


    l’espace où le sujet peut se tenir et s’éprouver hors du regard de l’Autre. Un espace en exclusion interne, une île, ce qu’on nomme à l’occasion le chez-soi, où le sujet échappe à la supposition même d’être regardé. C’est la possibilité du caché.

    Je dirais qu’il n’y a de sujet que s’il peut ne pas être vu. Entendons ici le sujet moderne, qui pense, et donc qui est – autant dire que le sujet regardé ne pense pas. Donc, au temps moderne, l’intime, le territoire secret, de l’ombre ou de l’opaque, est le lieu même du sujet.

    L’intime se découpe sur le fond d’un Autre benthamien, au regard importun, intrus ou envahissant – qui veut tout voir et tout savoir tout le temps. Il s’agit alors de dire ce qui peut faire limite à ce désir sans limite. On peut invoquer la loi. Mais la loi préserve le privé ; ou, plutôt, le privé c’est cette part qui peut être protégée par la loi.

    Là encore, il faut entendre qu’on parle de liberté réelle, de liberté matérielle. Parce que, comme le soutient Jean-Claude Milner, la véritable question de la liberté, c’est de dire comment obtenir que le plus faible puisse être effectivement libre en face du plus fort. Si les garanties juridiques et institutionnelles sont précieuses, elles restent assez illusoires. C’est-à-dire que, comme l’intime, la doctrine des libertés, ne se fonde pas sur le droit, mais sur la force. En vérité, dit Milner, nous sommes tous convaincus d’une chose: mis à part les contes de fées où le faible devient fort (c’est-à-dire le rêve révolutionnaire), il n’y a pour les libertés réelles qu’un seul garant: c’est le droit au secret, unique limite matérielle au pouvoir de l’Autre – qu’on nomme là l’état, les institutions ou la société.

    Il ne saurait y avoir de sujet sans secret, autant dire de sujet entièrement transparent. Tout rêve de transparence emporte avec la dissolution de toute opacité celle du sujet lui-même. La démocratie est bien sûr animée d’un idéal de transparence, mais elle concerne en principe le pouvoir, non les sujets.

    C’est que dans les faits, notre démocratie paraît animée d’une volonté parfaitement opposée: d’un côté, l’Autre tend à s’opacifier toujours plus et, de l’autre, les sujets sont rendus toujours plus transparents.

    la défense de l’intime et du secret est proprement une cause de la psychanalyse.

    Considérons en premier lieu l’acte du pouvoir. Soit le fait que l’Autre vient mettre son nez, son œil dans l’intimité. C’est une tendance lourde.

    Dans le sens de cette criminalisation rampante généralisée de la société, on peut mettre en lumière certaines procédures actuelles au service d’une politique dite préventive de la criminalité. La prévention est devenue un maître mot de l’époque.

    Je peux parler en particulier du rapport de l’Inserm sur la prévention de la délinquance, « Troubles des conduites chez l’enfant et l’adolescent », une « expertise collective »…

    C’est qu’il y a donc une autre façon de passer la frontière de l’intime: dans l’autre sens. Cela concerne ceux qui, hors de toute contrainte, ouvrent leur intimité, qui l’avouent ou l’exposent. En fait, c’est là le sens le plus immédiat des « images honteuses », qui ne sont pas des images volées mais délibérément exhibées. Il faut entendre qu’il ne s’agit pas pour le sujet d’une renonciation au droit au secret, mais, au contraire, d’un acte libre, d’un certain exercice de ce droit.

    Ce qui caractérise notre temps, c’est que, en plus de se dire dans le secret du cabinet de l’analyste, l’intime aujourd’hui se publie, s’étale sur les écrans et s’expose sur les murs des musées. J’ajoute: sans honte.

    après avoir lu Daniel Arasse, il y aurait quelque crédit à tenir La Venus d’Urbin de Titien pour le paradigme des « images honteuses ». Cette femme nue couchée qui se caresse en nous souriant est une image honteuse à certains égards sans honte. Sauf que, et c’est là le point, cette image intime n’était alors destinée qu’à l’intimité d’un seul regard, celui de Guidobaldo della Rovere qui avait commandé cette pin up à Titien pour son usage exclusif – ce qui pose d’ailleurs un réel problème non pas quant à l’exposition d’une telle peinture aujourd’hui, mais à son effet de sens dans un lieu public d’art. L’intime allait alors à l’intime. Aujourd’hui il va au musée, ce grand lieu de la démocratie du regard,

    Mon hypothèse est que l’actualité de l’ostension des images de l’intime ne relève pas seulement de l’exercice moderne d’une liberté, mais constitue, paradoxalement, une réponse à la menace sur l’intime. Bien sûr, à la menace hypermoderne d’un regard illimité sur l’intime, on pourrait tenir que le voile est une réponse. Or on assiste dans l’art à un mouvement aussi de dévoilement, ce qui pourraît être après tout parfaitement en phase avec le désir d’omnivoyance du maître moderne. Or les images de l’art y font en vérité arrêt. Il faut donc dire en quoi, et pourquoi.

    On est tenté de penser que ce qui était jadis un attribut divin, l’omnivoyance de Dieu, son pouvoir de tout voir sans être vu, est devenu aujourd’hui un attribut du pouvoir séculaire armé par la science et la technique.

    je suis supposé représenter un discours (de la psyschanalyse) dont on a pu dire que allait lui aussi dans le sens de l’extorsion de l’intime. Foucault l’a dit. Le tout-dire irait droit à la confession – l’église et le communisme ont pratiqué ça.

    Tout le problème se circonscrit alors dans deux questions qui impliquent deux barrières. La première est éthique: si l’analyste dispose de l’omnivoyance, cela donne toute sa valeur au fait qu’il n’en use pas. Ce qui ne repose que sur un choix éthique à quoi l’analyse est suspendue : dans sa fonction d’écoute, l’analyste est non-voyant (c’est peut-être ce qui lui confère le pouvoir, comme Tirésias, de voir loin). La seconde barrière serait réelle: est-ce que du pouvoir de voir tout il suit que tout peut se voir? En vérité, le problème se joue là, parce que cela appelle la question d’une limite au regard, fondée non sur l’interdit, sur un choix ou sur une quelconque contingence, mais sur un impossible, sur le réel.

    Tout cela ne prend sens que si on met la psychanalyse en perspective dans le siècle. Jacques-Alain Miller s’y est employé brillamment dans une émission de radio récente. Il faut en effet dire que le premier effet de la psychanalyse dans notre monde, c’est qu’elle a modifié le sens commun en clamant haut sa réclame: tout dire fait du bien. C’est en tout cas comme ça que la société l’a interprétée. Aujourd’hui, on peut considérer que l’idée des bienfaits du tout dire est entrée dans le sens commun. Avant, jadis, il y avait des choses qui ne fallait pas dire. Le sacré pouvait être offensé par un dire. Il faut mesurer que cela donnait du coup au fait de dire toute sa valeur. L’instance de la censure a eu du coup au cours des âges un rôle important, et Freud n’a pas manqué de reconnaître cette importance, en donnant à la notion de censure une place dans sa théorie. Les écrivains connaissaient le problème, du temps où le fait de dire comptait. Le partenaire de l’écrivain, c’était la censure. C’est Léo Strauss qui a mis en évidence le rôle de la persécution dans l’art d’écrire, qui obligeait à une écriture de la dissimulation, un « art d’écrire entre les lignes », de sorte que tous les écrits devaient être des messages chiffrés. Même le Rousseau des Confessions, à qui j’ai fait plus haut allusion, et qui professait une franchise sans limite, avoue qu’il emploie un certain art d’écrire afin de ne pas dévoiler aux méchants ce qu’il pense vraiment. Reste qu’aujourd’hui on doit constater que le tout dire a triomphé. Nous somme à l’âge d’Internet qui va à l’évidence vers le tout dire.

    On peut photographier le fonctionnement intime des organes sexuels, mobiliser pour cela la science et les techniques les plus sophistiquées, cela ne ne risque pas de livrer le secret du sexe, de comment marche le human desire et l’étonnante machine des sexes dont nul n’a les plans. Contrairement à la machine à caca que, comme par hasard, Wim Delvoye lui-même s’est attaché à construire, avec une réussite totale. En sorte que la Cloaca-Turbo (qui donne aussi la vision d’un mécanisme de l’intérieur du corps) et l’image X-Rays d’un acte sexuel seraient les pendants inverses l’une de l’autre: image d’une machine qui marche d’un côté, image d’une machine qui marche pas de l’autre. Plus exactement, je dirais que ces images X-Rays, qui rencontrent le célèbre dessin anatomique de Léonard figurant un coït en coupe, montrent surtout qu’il y a quelque chose qu’on ne peut pas voir: comment ça marche, l’amour, ce qui serait le secret de la sexualité. C’est leur dimension critique: elles s’adressent aussi aux médecins et à tous pour dire: la recherche de la transparence du corps est un fantasme, parce qu’il y a quelque chose qu’on ne pourra jamais voir, jamais savoir, et donc jamais maitriser: le rapport sexuel. Vous pouvez radiographier le corps, autopsier le corps, le rendre aussi transparent que vous voudrez, vous ne verrez jamais le secret du rapport sexuel. Voilà ce qui au bout du compte résiste définitivement à la volonté du maître que « ça marche ». Le savoir expert se cassant les dents sur le rapport sexuel, ce pourrait être le titre de la série des images de Wim Delvoye.

    Il est du coup assez amusant de relever que la première image aux rayons X faite par Röntgen, inventeur de la radiographie en 1895 – même année de naissance que la psychanalyse et le cinéma -, fut celle de la main de sa femme, et que ce qu’on y voit d’abord, c’est l’ombre noire de son alliance. Comme quoi, ce que la première image de l’intérieur du corps d’une femme révèle d’abord, c’est la présence d’un homme, plus exactement d’un mari – pour qui elle ne saurait avoir aucun secret. ça explique sans doute cette image. On se demande en effet ce que Röntgen avait en tête quand il a décidé de réalisé comme première image une radiographie du corps de sa femme? On pourrait se dire que Wim Delvoye montre ce que Röntgen avait en tête. Faut pas rêver.

  • Les livres ou la vie (5)

    [ 9 mars 2008 / 25 juin 2008 ]

    Aussi, encore, il restera à (re)trouver, décrire, ce qui dans Imre Kertesz m’a menée à ces… constatations. Et puis, aussi, il faudra, mais ça ce sera beaucoup plus difficile, et peut-être que ça ne sera pas possible, retrouver ce qui m’a amenée à penser que – mais qu’était-ce donc, et je me demande si je ne l’ai pas écrit, quelque part, franchement, ça serait souhaitable, car il ne me reste rien, vraiment, sinon ces termes : « après Auschwitz ». Et peut-être : « Ecrire après Auschwitz ». Mais non, ça n’est pas ça. Est-ce que ça va revenir ? Est-ce que ça peut revenir ? Est-ce que ça doit revenir ?

    Il y a eu une nuit très dense, très insomniaque, où je me suis levée finalement. Et j’aurai essayé d’écrire quelque part, quelque chose à ce propos. Une lettre. Voilà, c’est ça. C’était ça, la grande terrible idée, écrire à Imre Kertesz. En ai-je eu des nuits à lui écrire, en pensée. C’est là que je me suis rendu compte, de l’importance, pour moi, des lettres. Ces lettres non-écrites. Pensées.

    Et, il y a eu le grand chambardement, mais c’est une autre histoire, et c’était avant ça, de la passe de JAM (Jacques-Alain Miller).

  • Les livres ou la vie (6)

    [ 11 mars 2008 / 21 novembre 2008 ]

    J’ai retrouvé l’ébauche de lettre à Imre Kertesz

    A I. K.,

    de ce livre qui a écrit A., Être sans destin, l’écriture peut commencer. depuis ce livre, depuis A. l’écriture devient possible. (redeviendrait)

    A, Auschwitz.

    3 janvier 2008 – 2:52

    De même qu’une note à propos du rêve qui s’en est suivi :

    « des rêves de cette nuit, un seul mot retenu : « kertezsionisme » (!) »

    Je n’ai plus la moindre idée de ce qui a pu m’amener à penser ça. plus rien.

  • les lettres ou la vie (7) – correspondance-matière (et être l’être perdue)

    [ 11 mars 2008 / 24 novembre 2008 ]

    c’est peut-être bien vrai que ce sont les lettres qui me rendent folle pensais-je ce matin, au réveil, les CORRESPONDANCES. écoutez, c’est drôle, je me suis rendu compte de ceci ( c’est vrai que je n’arrête pas de me RENDRE COMPTE de trucs, et peut-être bien possible que je ne cesse de me rendre compte des MÊMES trucs, qui plus est, que j’oublie, ensuite, et qui me reviennent, plus tard, comme venus de nulle part – OUBLI – mais comme vous aussi, vous aussi, vous oubliez, OUBLIEZ), les hommes que j’ai connus, cela s’est fait :

    soit au départ d’une correspondance
    soit parce qu’ils m’ont vue danser
    ( parfois même, il y a eu les 2, ils m’ont écrit après m’avoir vu danser)

    ceci viendrait à la suite de ce que j’écrivais là, à propos de la lettre perdue : à penser que je la retrouve, dans la correspondance, je me mets à aimer, j’entre en amour ( quant à LA DANSE, à croire qu’il y a en moi quelque corps-respondance – être l’être perdue, être l’être perdue, être l’être perdue, être l’être perdue, comme un halètement).

    (ici c’est : écrits posthumes, lettres pour la mort.)

  • le grand, le beau, le bel ORDINateur, attelage

    [ 14 mars 2008 / 12 décembre 2008 ]

    Définition / Détail du mot APPAREILLEE

    Définition issue du mot APPAREILLER

    Verbe

    . Assortir, accoupler.
    . Equiper d’une prothèse.
    . Tailler des pierres en vue de les utiliser dans la réalisation d’une construction.
    . Partir, pour un navire.
    Le mot APPAREILLEE est constitué

    . des 11 lettres AAEEEILLPPR
    . dont 6 voyelle(s) et 5 consonne(s)

    toutes sortes de raisons font qu’il m’est difficile de continuer à écrire ici, dans ce blog. également le fait d’avoir, une fois de plus, retravaillé à la mise en page et créé ce thème, Letters but Images, qui comporte toutes ces photos prises par moi et dont il m’a semblé qu’elles pourraient offrir un contrepoint, nécessaire peut-être,  à l’âpreté, la teneur presque honteusement « solitaire » de mes propos. à chaque page, c’est une nouvelle image qui se charge, au hasard, en fond d’écran.

    c’est la troisième ou quatrième fois déjà que je change la mise en page, ici, depuis l’ouverture. c’est quelque chose qui m’arrive à chaque fois que je tiens un blog. je sors de l’écriture pour m’attacher, m’acharner à la mise en page et à ses problèmes techniques.

    et si j’ai par le passé développé l’idée que je ne pouvais m’empêcher de m’atteler à n’importe quel travail, je commence à me demander s’il ne s’agit pas plutôt de m’atteler à mon ordinateur. mon ordinateur, mon attelage. le mot « appareiller » que lacan utilise parlant de la pulsion conviendrait probablement également. attelée, appareillée. (j’ai certainement déjà dû approcher cette idée.)

  • au matin, invasions de pensées

    [ 15 mars 2008 / 24 novembre 2008 ]

    d’abord un rêve, qui a curieusement trait à un texte écrit il y a quelques temps et que je viens de rendre public sur disparates.

    intitulé enfermée dans la chambre (venue aux faits), la publication de ce texte m’avait parue impossible et, bloquée, j’avais fermé le blog. récemment, au moment de créer ce blog-ci, j’ai rouvert disparates au public et j’ai laissé le texte, sans trop réfléchir et sans même le relire, sans vouloir le relire.

    le rêve de cette nuit touchait directement à ce que j’y  » révélais », des trucs dont je vois mal qu’ils puissent se dire ailleurs que dans l’intimité d’un cabinet d’analyste, quand seulement ils y arrivent.

    il se trouve également que les faits que j’y raconte, je doute qu’ils puissent influer encore sur ma vie aujourd’hui, je ne peux pas le croire, je ne comprends seulement pas qu’ils continuent de me poursuivre. c’est pourquoi j’avais fermé disparates. je racontais là quelque chose qui en devient une histoire, qui est devenu une histoire, une histoire à laquelle semblent me ramener certains de mes symptômes actuels, sans que j’accepte de reconnaître le lien qui les lie, pour la raison que ce lien me parait trop facile. traumatisme conséquences. petite histoire conséquences. ( la question devient donc: puisqu’un lien persiste, ne fût-ce qu’au travers de mes rêves, quelle est la nature de ce lien?)

    ( actuellement, je peux (il est dans mes possibilités de) croire que l’enjeu du rêve tourne autour :

    • du sexe tout de même quand même bien sûr et d’abord, comme si ça n’était pas d’ailleurs toujours ça,
    • de ce qui supporte de s’écrire (et dont il semble que l’inconscient aime à s’emparer) : les petites histoires, ce qui supporte de devenir une petite histoire, avec des personnages, des protagonistes, des méchants, des bons, un bourreau, sa victime – le fantasme ou son « horreur du vide« ,
    • du quoi faire de ce qu’on dit, a dit, dirait à un psychanalyste,
    • du trop grand prix que j’accorde à mes pensées, que je n’arrive pas à dévaluer. ce serait elle qui les aime, les petites histoires.)*

    ( je refuse de me faire enculer, l’homme prend une autre femme alors. ils le font. je suis à l’extérieur du bâtiment ( c’est un bâtiment d’école, les dames de marie, à bruxelles, école qu’aurait fondée mon arrière-grand oncle, raison pour laquelle on m’y avait inscrite, j’avais déjà re-rêvé de ce bâtiment dans le rêve également repris dans le texte susmentionné), où ils sont, le font, je vois un professeur arriver, je les préviens, attention, attention. ils sortent, mais : drame, il y a drame, grand drame, très grand drame, le professeur s’en occupe, de la femme ( la tout juste enculée) en grand danger, que s’est-il passé : elle, la femme, est atteinte d’une maladie qui l’empêche absolument d’être enculée, sous peine d’en mourir. elle me dit que si elle s’est laissée faire, c’est qu’elle l’aimait (!) j’essaye de convaincre l’homme qu’il ne doit plus jamais le faire, mais ce n’est pas sûr que j’y arrive.)

    * il m’apparaît que je n’ai pas grand chose vraiment à faire avec l’écriture : je suis seulement trop encombrée de pensées, pensées qui « NE CESSENT PAS DE S’ECRIRE » – ainsi que j’ai essayé de le traiter par le passé dans to be or (dont on aura quelques traces dans ce texte : l’a-pensée, que ma paresse m’a poussé à rechercher, histoire de n’avoir pas une fois de plus à réinventer la roue.)

    c’est pourquoi il faut que je trouve le moyen de pouvoir renoncer à mes pensées, dont il faut bien dire, aussi encombrantes soient-elles, qu’elles me passionnent, que je les trouve passionnantes, que je ne trouve pas grand chose qui puisse leur faire concurrence, mais dont le motif est HONTEUX, donc, puisqu’il y s’agit de croire et de faire croire que TOUT pourrait s’écrire, alors qu’on sait bien, tous autant qu’on est, que le rapport sexuel ne s’écrit pas. d’où il découle que l’effort que je fais, que je ferais, d’écrire dans ce blog, est un HONNETETE, puisque j’y mets à l’épreuve une CROYANCE, laquelle ne devrait en sortir que VAINCUE ( terrassée)**- moi de même par la même occasion. j’ajoute : de croyance ne voulons pas, nous conviennent seules les certitudes. ( je suis à peu près persuadée qu’autour de tout cela, j’avais déjà tourné aussi bien dans disparates que dans to be or, ça ne servit donc à rien, puisque je ne peux m’empêcher d’y revenir. sommes-nous donc condamnés à tourner en rond, condamnés?)

    autre autre autre question annexe : mais que faire de tout cet or ces pépites qui s’accumulent dans l’intimité d’un cabinet d’analyste quand d’analyste on ne se destine pas (plus?) à embrasser la profession? question CRUCIALE s’il en est.

    ** je ne dis pas qu’ils ne soient pas nombreux de-par-l’internet, à y arriver, à écrire, sans en sortir, de cette illusion qu’on-pourrait-tout-écrire et sans s’en sortir très bien, et même très très bien; quant à moi : non, je ne veux pas, m’en sortir, non, c’est vaincue que je me veux, c’est vaincue que je dois être (et même incessamment sous peu, car je commence à en avoir un peu marre).

    ( la suite du rêve, vous la voulez? non, eh bien vous devriez, la voilà : je trouve en fait que cet homme, qui a été coucher avec cette autre femme, aurait mieux fait de rester avec moi, j’avais pensé qu’éventuellement ça me donnerait plus de prix, à ses tendres yeux, si je refusais de me faire enculer, mais on dirait bien que non. je pense que s’il apprenait que j’ai un enfant, son intérêt pour moi augmenterait, je cherche mon enfant, mais je ne le trouve plus, d’ailleurs en fait, ce n’est pas mon enfant que je cherche, mais mon chat, ma chatte, Mélusine, mais je ne la trouve plus, je la cherche partout dans l’énorme grenier ( grand-maternel), il y a d’autres chats, mais d’elle, il n’y a pas. je m’inquiète pour sa vie.) je cause encore un coup avec celle donc qui d’être enculée mourrerait, qui me dit que ce n’est peut-être pas de cette maladie-là qu’elle est malade, mais d’une autre, comment vérifier. je cause, prends par le bras un homme encore autre, grand, massif, on s’embrasse, il m’entraîne à sa suite vers un autre grenier, plus petit, où se niche un nid d’amour, il veut faire l’amour avec moi, je lui explique que ce n’est pas possible parce que j’ai déjà fait l’amour avec un autre ce jour-là, et que ça me ferait une mauvaise réputation, laquelle d’ailleurs déjà me poursuit, il me dit que ça n’a pas d’importance. je pense qu’il sera secrètement triste de coucher avec moi, moi couchant avec lui comme s’il était n’importe qui. il essaye de m’entraîner donc dans un lit qui est le mien, qui se trouve en haut d’une échelle, échelle de laquelle je faille tomber dans le vide, mais non. c’est la fin du rêve, l’homme est dans le lit, m’attend, résolu, moi, je suis en haut de l’échelle, non-tombée.)

    éventuellement, j’ajoute, petit passage par Kertész : ce qui m’aura époustouflée, renversée, le pas qu’il entonne et dans lequel j’aurai voulu m’insinuer : sa réponse, via l’écriture, à l’impératif que comporte, à mes yeux, le réel, d’en rendre compte.

    il fut un temps où j’imaginai cette image, probablement scandaleuse, impossible : les grilles façon camp de la mort, dans lesquelles il y aurait ces mots, non pas « Arbeit macht frei » ou « Jedem das Seine » mais « Il n’y a pas de rapport sexuel ».

    je veux donc dire que je peux pas croire au « traumatisme » que rapporte ces rêves, mais que je crois à celui qui implique que le rapport sexuel ne pourrait s’écrire (ne cesse pas de ne pas s’écrire). raison ici raisonnante, à laquelle mes rêves ne semblent pas vouloir plier.

  • bloqueur de tentation (et délivrez-nous du…)

    [ 16 mars 2008 / 1 décembre 2008 ]

  • la jouissance de l’Autre?

    [ 18 mars 2008 / 30 novembre 2008 ]

    puis-je ou devrais-je dire à mon fils, 3 ans, qui me demande pourquoi je chante, ou qui m’enjoint de ne plus chanter : « tu sais pourquoi tu ne veux pas que je chante ? parce que les signes de la jouissance de l’Autre sont parfois difficilement supportables, tant on la suspecte de receler une volonté maligne, mauvaise à votre endroit ». j’y pense, me souviens, des propos de lacan sur le racisme (c’est la jouissance de l’Autre, qu’on ne supporte pas), que je mélange avec le Che Vuoi ?

    (il y a longtemps que je ne lis plus lacan. je l’ai lu pendant quelques années, très fort. aujourd’hui, je n’y arrive plus.)

  • (vie privée et politique)

    [ 23 mars 2008 / 6 mars 2009 ]

    ( La «vie privée» n’est rien d’autre que cette zone d’espace, de temps, où je ne suis pas une image, un objet. C’est mon droit politique d’être un sujet qu’il me faut défendre.)

    Parenthèse de Roland Barthes dans La chambre claire, p. 32

    où roland barthes parle d’une façon très très proche de celle de gérard wajcman, qui lui il est vrai parlait de l’intime :

    … l’espace où le sujet peut se tenir et s’éprouver hors du regard de l’Autre. Un espace en exclusion interne, une île, ce qu’on nomme à l’occasion le chez-soi, où le sujet échappe à la supposition même d’être regardé. C’est la possibilité du caché. […] Je dirais qu’il n’y a de sujet que s’il peut ne pas être vu.

  • extraits du dernier cours de jacques-alain miller (19 mars 2008)

    [ 24 mars 2008 / 30 mars 2010 ]

    l’analyse se sert de la métaphore paternelle pour résoudre la question de la jouissance, elle se sert de la métaphore paternelle et disons de son bataclan conceptuel habituel pour tamponner l’énigme de la jouissance et la faire virer au sens, mais ça n’est […] qu’une duperie. avoir recours à la métaphore paternelle ça n’est qu’une duperie au regard de l’énigme d’une jouissance qui exclut le sens.

    alors, c’est là où Lacan, sur la fin de l’analyse, n’a pu dire que ceci […] que la fin de l’analyse, c’est une construction de l’analysant. c’est le sens de sa question : qu’est-ce qui pousse quiconque à s’hystoriser de lui-même surtout après une analyse ? qu’est-ce qui pousse un analysant à narrer son analyse, à en faire un récit qui ait du sens, surtout après une analyse – ce qui veut dire que l’analyse devrait lui avoir appris ce qui, de la jouissance, exclut le sens.

    donc pourquoi tramer un récit qui rendrait compte, dans le sens, de la fixité de la jouissance ? […]

    ca laisse ouvert un ordre de récit qui est néanmoins concevable à condition de préserver sa propre incomplétude. le récit de passe, tel que Lacan le fait miroiter sans en donner les coordonnées, c’est un récit qui doit comporter essentiellement le caractère de l’allusion, de ce qui n’est pas dit en plein, ni en direct, mais un récit qui traduit le contournement de ce qui, au gré du sens, apparaît comme un vide.

  • les frontières de la publication

    [ 24 mars 2008 / 3 février 2009 ]

    les frontières de la publication sont pour moi difficiles à dresser.

    longtemps, je me suis intéressée, passionnée, pour toutes ces auteurs-femmes qui racontent leur vie, celles dont on dit également qu’elles font de l’auto-fiction. d’abord, et surtout, parce que j’étais avide de ce qu’elles auraient eu à me dire de LEUR vie sexuelle, ensuite parce qu’elles « cédaient » à cela, simplement parler d’elles-mêmes, un point c’est tout, et publier. leur vie devenait livre.

    la voie dont j’aurais aimé qu’elle la traçât pour moi, de VIRGINIE DESPENTES, et que je ne sus pas suivre, tant il est vrai, qu’elle écrit, selon moi, quant à elle, de la FICTION : c’est-à-dire qu’elle, elle sait le faire. mettre une distance entre sa vie et le livre qu’elle écrit. pourquoi dès lors la citai-je ici ? le sexe, son genre (féminin), qu’elle soit femme et auteur. et contemporaine.

    je ne dis pas que VIRGINIE DESPENTES ne m’ait pas fait du mal, ce n’est pas ce que je dis, je dis même le contraire, je vous dirai le mal qu’elle me fit.

    (très sincèrement, j’aurais aimé que des livres, que des femmes, en disent quelque chose de comment ça fonctionne la jouissance féminine, le désir au féminin.)

    j’ai espéré, voulu, prendre leurs livres A LA LETTRE. mais, que je ne m’y retrouve pas, que je ne me retrouve pas dans LEURS lettres quand MOI je faisais l’amour, ou dans ce que MOI, je pouvais vivre du désir, n’a eu de cesse de me PERTURBER, BLESSER, TORTURER.

    (quelle donc pouvait être cette confiance que la mienne, que je plaçai en leurs écrits.)

    elles y allaient tout de go, franco de port, et ça n’avait rien à voir avec ce que par exemple une DURAS, MARGUERITE, avait pu écrire. rien de ce que MARGUERITE écrivit jamais ne me fit de tort. (et si de MARGUERITE le style un moment me marqua au point que je pus croire écrire dans sa voix, je compris vite et facilement et sans encombre, sans dommage, qu’elle était inimitable. elle, c’est un roc. éternel, unique. )

    mais leur franco de port, leur tout de go, et sans fards, à elles, DESPENTES VIRGINIE, ANGOT CHRISTINE, et qui donc encore, je crois qu’il m’en manque une, je parle de celles qui furent importantes pour moi, c’est-à-dire qui me perturbèrent, il me semblait que je pourrais l’imiter, rentrer dans leur imitation  (imitation à ma portée).

    d’abord, donc, et cela va presque sans dire, je les aimai femmes. en tant que femmes (oui, va sans dire). (je ne mentionnerai pas ici, la je-ne-sais-plus-comment-elle-s-appelle que d’emblée je considérai comme une traîtresse, menteuse, conne.)

    or, après m’être laissé travaillée ainsi par elles des années durant, à leur écrire des lettres, des lettres en pensée, bien sûr, venant de moi, à quoi s’attendre d’autre, des lettres rêvées, où on aurait discuté, elles et moi, de ces choses, du sexe, de l’amour et de la mort, et à comparer mes émois (sexuels, amoureux) aux leurs, je finis par comprendre, mais réellement, comprendre, c’est-à-dire que ça ne devait pas être qu’intellectuel, puisque dans les faits elles cessèrent de me perturber, je finis par comprendre, que ce que j’avais espéré, que s’écrivît quelque chose qui fût de l’ordre de l’UNIVERSEL, à propos de la sexualité féminine, ne s’écrirait pas – moi, cela, je l’avais VOULU. et je ne sais si j’y ai vraiment renoncé.

    or donc, et au vu et à cause de la façon dont j’avais souffert, de leurs écrits, je décidai qu’il devenait pour moi dès lors impératif, s’il m’arrivait jamais d’écrire à propos de la/ma sexualité, que je fasse entendre qu’il ne s’agirait jamais que de la mienne. de sorte qu’aucune (femme) ne pût en souffrir, de ne pas se reconnaître, dans ma loi à moi – si d’aventure j’en venais à en transcrire un brin. je m’établissais donc là, quant à moi, une première frontière à la publication/cité de mon intime. (un pas- que je mettais, de moi-même, à mon tout. (et non pas le pas- qui s’imposait de lui même, non pas le pas- de réel, extérieur/intérieur à moi, je me comprends, la nuance est probablement importante.)

    (c’est MARGUERITE DURAS qui me donna l’envie d’écrire. tout de suite alors, la découvrant, je sus, il m’apparut, que je ne voudrais ne saurais écrire rien d’autre qu’autour de l’amour. (c’était pas très malin, mais c’était avant que vraiment je ne connaisse des garçons, je ne savais pas encore alors que l’amour ne m’irait pas de soi. je n’ai pas l’amour fort facile, c’est le moins que l’on puisse dire.))

    (MARGUERITE elle, c’était une voix, et elle a le grand sens du drame, et de la folie, de la folie des femmes. j’aimais ça. et toujours, et c’est ce que je veux. et encore. et encore.)

    première frontière donc, admise et appelée. la deuxième, vraiment difficile. la deuxième. c’est ANGOT qui m’y amena. au plus ça allait, au plus, elle, et d’ailleurs également une autre de ses consœurs, au plus elle donnait les noms des personnes dont elle parlait. jusqu’à ce qu’un jour je l’entendis à la radio « révéler » un truc à propos de son ex-mari, où il me sembla que vraiment, elle dépassait les limites (ce qui mit fin à ma propre tentation, de dépassement). les limites en tout cas du respect de l’autre, de votre prochain. qu’on en fasse ce qu’on veut de son propre intime, c’est une chose, de là à dévoiler la vie privée des autres, c’est un pas que je ne peux pas faire. que je décidai de ne pas faire.

    la deuxième frontière donc, c’était ça, et c’était très compliqué, comment parler du rapport amoureux, sexuel, de l’amour, sans parler de celui avec lequel on s’y exerce. j’avais été véritablement fascinée à lire les noms que ces auteurs donnaient de leurs proches, et à me demander comment, d’où, de quel point elles s’y autorisaient. la science ? l’écriture ? leur « travail sur elles-mêmes » ? on a beau me dire que tout cela n’est jamais que de la fiction, je veux bien, mais y a un moment où.

    advint donc, la deuxième frontière.

    en séance, je veux dire sur le divan de psychanalyse, no problemo, on balance. on donne les noms, on dénonce. or moi, dont la nature, la structure, me porte à dénoncer, comment, dans ce cas, écrire un TRAITRE mot (le moindre) (l’impossible livraison de mon tonton, voir le petit billet jean livre sterling sur ce même site ) ?

    j’en étais réduite, et je le suis toujours, soit à ne rêver que d’écrire, soit de mes proches à attendre la mort (que je ne suis pourtant pas sûre de réellement désirer.)

    (et c’est comme ça que je me suis vue réduite au secret. kertesz, lui dit que c’est de la nature de l’écriture, le secret, de la nature de l’écriture, il dit de très belles choses, là dessus, qui pourraient presque vous, me réconcilier, avec le secret.)

    et si je me donne des allures parfois pontifiantes, c’est aussi parce que j’essaie d’en dire quelque chose, de mes secrets, qui prît une allure scientifique, où l’on parlât de petits a et de petits b et aussi d’inconnue x. sans que de noms aucun soit cité, sauf ceux bien sûr tombés dans le domaine public. allures pontifiantes et airs d’universel.

    ça n’est pas la meilleure des voies, il lui manque le rire, il lui manque le style. ( j’en avais pris, pourtant, au départ, me semble-t-il une meilleure de voie, c’était au moment où j’ai rencontré frédéric, et que j’ai commencé à écrire dans 2balles, là, nous y arrivions, à ne parler que par allusions ( pour reprendre le terme utilisé par Jacques-Alain Miller : «c’est un récit qui doit comporter essentiellement le caractère de l’allusion, de ce qui n’est pas dit en plein, ni en direct, mais un récit qui traduit le contournement de ce qui, au gré du sens, apparaît comme un vide…» enfin, je n’ai pas tenu le coup longtemps, j’ai déraillé vite. ) je dis nous, parce qu’il y s’agissait d’un dialogue.)

    bon, j’ai été suffisamment longue, je m’arrête là. pour aujourd’hui.

  • Kertesz, le destin

    [ 24 mars 2008 / 1 avril 2008 ]

    est une autre question importante, pendante. le destin.

  • j’allume la première cigarette du jour, le repas est terminé, c’est le soir.

    [ 27 mars 2008 / 30 novembre 2008 ]

    – est-ce qu’on ne pourrait pas plutôt parler de l’amour / de la vie / de la mort / etc. ?

    – oui, c’est vrai, mais mes problèmes  m’amusent, et j’ai toujours parié sur le fait qu’il devait y en avoir d’autres, que leurs problèmes amusent. ça pourrait faire communauté.

    – mais non, ces choses horribles dont je parle, ou plus exactement à propos desquelles j’écris, ça ne me fait plus souffrir.

    – mais non, je te dis. d’ailleurs, si je peux en parler c’est bien parce que ça ne me fait plus souffrir. des histoires, voilà, ce sont devenu des histoires.

    –  le présent est présent.  le passé est encore là. – oui, il est possible que je sois encore liée au passé, mais de moins en moins. cela j’en suis sûre. du moment que le passé est passé dans les histoires.

    la conversation continue, les bâtons ne sont pas rompus.

  • qu’est-ce qui se précipite au moment où vous « devenez victime »

    [ 28 mars 2008 / 29 novembre 2008 ]

    que sais-je saurais-je, de la mort, cette idée que je n’ai même pas ( comme ces faux souvenirs qui traînent et qui ne sont plus que des mots).

    aujourd’hui, c’est bien autre chose.

    ( pour y retourner tout de même, à mes petits amusements personnels;
    quand, j’ai, commencé
    une analyse
    je venais de terminer le livre de Pierre Rey, « une saison chez lacan », je pensais, alors, je promettais à mon analyse comme issue, j’espérais : soit devenir écrivain comme pierre rey, soit me suicider, comme son ami, le gros, celui dont lacan, chez qui il était également en analyse, -avait dit : mais qu’auriez-vous voulu qu’il fît d’autre? à cette alternative, s’ajoutait la possibilité que mon analyste me dise, comme lacan avait pu le dire à pierre rey, « mais pourquoi est-ce que vous ne seriez pas analyste? » je n’aurais quant à moi certes pas refusé.
    )

    ( autrement dit même pas les livres ou la vie, mais les livres ou la mort.)

    ( ces choses que j’écris. dont j’ai un jour commencé à parler en analyse. et puis reparlé. et reparlé encore, avec de plus en plus de facilité. dont il ne resterait qu’une marque, une cicatrice (presque une signature?)  est-ce qu’à une souffrance vécue, ne se lie pas toujours  – un cri, ait-il ou non été émis-  une jouissance?) ( qu’est-ce qui se résout, se précipite, au moment où vous subissez quelque chose, où vous êtes victime ? ces choses peuvent-elles se penser en dehors de la relation bourreau/victime. à quoi touche, tend, cette relation ? de quoi tend-elle à se faire la traduction ?)

    (j’ai repensé à certains termes que j’ai utilisés ici, qui ne sont vraiment pas de moi, que je ne reconnais toujours pas, que je vais devoir effacer.)

    (maitenant voilà, depuis notre conversation, j’ai un peu honte d’écrire ici.)

    ( les soleils noirs.)

  • et surtout ne te retourne pas

    [ 31 mars 2008 / 29 novembre 2008 ]

    10:27
    probablement encore une journée que je passerai devant mon GRANDORDINATEUR

    10:58
    aimer ses vêtements, beaucoup. il faudrait aimer ses vêtements, beaucoup. en prendre soin. comme de la prunelle. (entretien des vêtements)

    10:59
    j’ai envie de nettoyer cette armoire à la cire. (entretien des meubles).

    11:05
    mais il faudrait que je prenne une douche (entretien du corps).

    11:14
    bon, voilà que j’ai perdu mon dentifrice (entretien des

    11:22
    préparer ma potion draineur express, solution minceur; nettoyer la table du salon amoureusement (entretien

    11:42
    douche, frotter corps par parcelles (de bas en haut), usage d’un gant de toilette et de gel douche, penser à acheter un nouveau pommeau de douche, chair de poule passagère et localisée, rideaux verts. et si la question du destin n’en n’était pas une. aucune sensation qui de près ou de loin ressemble à celle d’une pub ou d’un film, confusions plutôt des sensations. je n’ai pas encore froid aujourd’hui. (entretien

    11:47
    essayer d’aller vers les vêtements.

    11:49
    la tendance aujourd’hui est à la cire.

    12:01
    rassembler les vêtements épars, les observer, en plier soigneusement l’un ou l’autre. peut-être tous, bientôt.

    12:07
    n’avoir pas tellement avancé dans l’habillage (un slip). se demander si on ne ferait pas mieux de s’acheter des vêtements sur e-bay. se demander pourquoi je m’appelle « on ».

    12:10
    sur ebay france, l’embarras du choix.

    12:55
    ebay, embarras trop grand. le chemisier que je m’étais décidée à porter s’est avéré déchiré sous la poitrine. je me suis trouvé un magnifique pantalon vintage pour homme, fermeture à boutons, l’un d’entre eux s’ouvrant régulièrement de façon inopinée. taille haute, rétréci suite à lavage en machine au lieu de pressing, trop court pour moi, soigneusement repassé. noir à fines lignes blanches, verticales, séparées par 3 centimètres les unes des autres. un classique, must have. j’ai trouvé des bas, également, mi-longs, façon dentelle, très jolis, tabacs clairs.

    12:59
    pour le haut, j’ai choisi la facilité, pull en cashmere couleur tabac, col en v. les chaussures sont à talon, comportent 5 brindilles chacune (brindilles?), 5 BRIDES chacune et une petite clé très discrète suspendue à l’arrière. très originales. provenance : LONDRES. (ça le fait).

    13:05
    je complète le tout d’un poncho négligemment jeté sur les épaules (teinte également tabac). je laisse tomber la petite note de couleur.

    13:10
    entre-temps la sono est installée sur l’armoire que je voulais cirer (j’ai parlé avec la personne qui convenait : entretien encore; la personne idoine.)

    13:12
    évidemment, l’armoire, le buffet, que je voulais cirer, est maintenant encombré, que j’ai hérité de ma tante TITI. il va falloir arranger ça.

    13:16
    c’est le dernier jour de congé de fred. d’où cette opération de lutte contre l’angoisse (lca)

    13:18
    j’aime frédéric.

    13:28
    avoir passé un coup de plumeau sur l’armoire susmentionnée. déplacé un haut parleur dans l’étagère. mis un disque d’ADULT.

    13:46
    c’est l’heure de manger. j’abandonne ADULT. le seven up lance ses reflets verts sur la table.

  • de la vérité à la satisfaction

    [ 1 avril 2008 / 29 novembre 2008 ]

    Extraits du dernier cours de Jacques-Alain Miller (mercredi 26 mars)

    … la fin de la psychanalyse … beaucoup plus fuyante

    … tout dernier enseignement de Lacan, met en cause l’interprétation de la psychanalyse comme expérience de vérité et qu’il semble introduire la psychanalyse comme expérience de satisfaction. La satisfaction n’apparaît pas, n’apparaît plus comme un obstacle à la découverte de la vérité. En particulier, la satisfaction du symptôme n’apparaît plus comme un obstacle à la découverte de la vérité. Mais c’est la satisfaction elle-même qui apparaît comme une fin.

    … « L’Esp d’un laps » … Le texte commence par une récusation de la fonction de l’attention : il commence par dire qu’il suffit qu’on fasse attention à ce qui est dans l’inconscient pour qu’on sorte de l’inconscient. … Et j’isole cette maxime qu’y formule Lacan en disant : Il n’y a pas de vérité qui – virgule – à passer par l’attention, ne mente.

    … Et donc Lacan nous prévient de garder l’accent de vérité à sa place, c’est-à-dire à la place où la vérité surprend l’attention, où elle passe, où elle fuse comme un lapsus, que dire la vérité c’est toujours un acte manqué.

    … Le déchiffrage c’est une pratique, la pulsion c’est une élucubration – d’ailleurs Freud l’amène comme ça, comme un mythe.

    La sublimation ne repousse pas la pulsion, la sublimation procure une voie artificielle à la satisfaction de la pulsion. C’est-à-dire, elle consiste essentiellement dans l’investissement libidinal d’un substitut au but naturel de la pulsion…

    Comment est-ce que, à la fin de l’analyse, le sujet supposé savoir est marqué d’un désêtre, pour permettre l’émergence de l’objet petit a ? Lacan, dans sa « Proposition », dit : C’est un virage. C’est un virage de l’être inessentiel du sujet supposé savoir au réel.

    …. Avant le virage de son tout dernier enseignement on peut dire que Lacan formulait : Il n’y a de réel que par la logique. On n’isole le réel que par l’impossible, et l’impossible ne peut être déterminé que par la trame d’une logique. Et donc, la parole du patient, même si elle paraît liquide, cette parole est habitée par un algorithme invariable, qui doit conduire à l’émergence de l’objet petit a.

    Cette conviction on peut dire est celle qui est mise en question dans le tout dernier enseignement de Lacan. La notion même de cet algorithme est ébranlée par la notion, mise au premier plan, qu’on ne peut que mentir sur le réel, qu’il y a une inadéquation du signifiant au réel.

    … incompatibilité du désir avec la parole / l’incompatibilité de la jouissance avec le sens.

    … L’analyse est donc moins l’attente de l’émergence d’une vérité que l’attente d’une satisfaction qui convienne. Et, d’une certaine façon, c’est par après que l’obtention de cette satisfaction donne lieu à l’élaboration d’une vérité.

    il me semble que l’analysant que nous présente Lacan – c’est comme ça qu’il a interprété l’analysant, et spécialement l’analysant à la fin de l’analyse -, il a à construire, et il n’y a de fin de l’analyse qu’à la condition que l’analysant construise.

    … à l’époque de la psychanalyse liquide, la fin de l’analyse dépend d’une décision de l’analysant, c’est-à-dire, elle dépend de sa capacité à assumer cette fin comme une feinte cause – je ne dis pas sainte cause -, comme une feinte cause, où il ne s’agit pas tant de la dire, ou de ne pas la dire, mais – je reviens à ce mot – d’y faire allusion.

  • Emergeant de la guerre, un livre que j’ai fait,

    [ 2 avril 2008 / 12 décembre 2008 ]


    Ne me fermez pas vos portes, fières bibliothèques,
    Car ce qui manquait sur vos rayons bien garnis, et dont pourtant vous aviez grand besoin,
    je l’apporte
    Emergeant de la guerre, un livre que j’ai fait,
    Les mots de mon livre ne sont rien, son élan est tout,
    Un livre distinct, non relié au reste ni perçu par l’intellect,
    Mais ses latences non dites vous passionneront à chaque page.
    Walt Whitman, 1867

    et (le blog de WW) : http://blogwaltwhitman.blogspot.com/

  • journal

    [ 3 avril 2008 / 29 novembre 2008 ]

    , je n’ai pas de couilles.

  • journal

    [ 3 avril 2008 / 29 novembre 2008 ]

    le texte sous le bras, j’enfourchai mon vélo et partis en direction du bois de vincennes.

  • journal

    [ 3 avril 2008 / 29 novembre 2008 ]

    je crus un instant que j’avais perdu ma cruche

  • journal (révélation)

    [ 6 avril 2008 / 25 novembre 2008 ]

    samedi 5,

    tout, je comprends tout.

  • journal (révélation)

    [ 6 avril 2008 / 10 avril 2008 ]

    zut alors,

  • journal (contre l’angoisse, 1) (révélation)

    [ 6 avril 2008 / 20 juillet 2010 ]

    (d’une perle à l’autre du chapelet
    j’avance
    égrenage

    enfilage
    saletés et saloperies avérées
    inavouable.)

    démangeaisons, zut alors zut alors zut alors

  • journal (révélation)

    [ 6 avril 2008 / 29 novembre 2008 ]

    3 lettres, 3 lettres, non 2, dont 1 redoublée. hélas, 3 x, et damnation. a-t-il fallu qu’à moi ça arrive ? faut-il qu’à moi ça arrive ? inavouable, inavouable,
    inavouable ( oh
    (foutrerie de la psychanalyse, démangeaisons) ( mais je n’ai plus peur de rien, que j’ai atteint le fin fond du ridic))

    ( de près ou de loin trait à « les livres ou la vie ? » – de près, trait. feuille feuille feuille (immaculaison) et saletés).

    ( plus que jamais voguer droite et le regard fier, au dessus
    vagues et mêlées)

  • journal (révélation)

    [ 6 avril 2008 / 10 avril 2008 ]

    eh bien tant pis pour moi, je pense que je ne me passerai jamais de la honte.

    ça va bien aller.

  • journal (révélation)

    [ 6 avril 2008 / 10 avril 2008 ]

    non, je ne vois pas du tout pourquoi je m’en passerais, de la honte. et si ça me plaît, à moi. j’aurais l’impression de, à une part de mon être (renoncer).

    gros bisous

  • journal (révélation)

    [ 6 avril 2008 / 10 avril 2008 ]

    je dis oui je dis oui je dis oui / j’attendrai que la nuit tombe pour accoucher de mon corps dans un coin de jardin. ce sera bien. la nuit, un arbre, le ciel noir, au monde mettre un morceau de corps.

    j’arrive, attendez-moi. et : n’ayez pas peur

    (l’amour l’amour l’amour, le geste auguste du
    et la terre toujours des tranchées,
    notre merveilleux épouvantail) (si vous ne me suivez pas, ne le regrettez pas, où je vais cause des démangeaisons, c’est petit travail hardi.) (mais, je me dois d’oeuvrer d’ouvrer aussi pour mon fils, ce petit madre, moi mul, ajoutons le tréma, svp, le müller.) tandis qu’innocents père et fils jouent, et de l’orgue, joli. qui remplit l’espace.

    journal journal journal. (c’est dimanche, jour du manche.)

  • journal (simili-poétique)

    [ 6 avril 2008 / 29 novembre 2008 ]

    ( sommes 3 écouteurs; l’un d’entre nous invente, de la musique

    ( cela se passe en même temps, ailleurs et à un moment très précis, dans un laps

    ( simili simili simili, mais aujourd’hui c’est victoire

  • le luxe que je me paie / mère, mère, je te laisse le faire je me garde l’être

    [ 7 avril 2008 / 29 novembre 2008 ]

    l’angoisse, par quel bout la prendre, pour ça faudrait-il qu’elle en eût un, de bout

    agripper n’importe quoi, qui en fasse guise, par où

    n’importe quoi, veux-je dire, n’importe quel faire qui passe dont cet appartement regorge, c’est qu’il regorge de choses à faire mon appartement, il regorge, en prendre une qui vienne gonfler, surnage dans ce qui n’est depuis longtemps plus une liste mais un puits, de choses à faire, un puits.

    l’anguisse et le pois de choses à faire.

    l’angoisse et le puits de choses à faire.

    ( patienter je suppose /

    et alors qu’il n’est pas sûr que n’importe quoi (n’importe quel faire, voulais-je dire) la traite, la traie (je veux dire l’angoisse, elle ici en mamelle)

    ( faire face, fermer les yeux, faire face / (l’écriture, elle traite, elle, trait (du verbe traire, donc))

    alors qu’il n’est pas sûr que n’importe quoi ne l’alimente, l’engrosse (elle, l’angoisse, ici, sous les traits d’une porteuse de mamelles, une mamelée) plutôt / (l’idée de départ, mais néanmoins acquise au long cours, étant donc, contre l’être de l’angoisse, d’user du faire (n’importe lequel) ) / mais que ce ne soit plutôt autre chose encore qu’il faille / autre chose qui me ramène à l’énumérable (ce qui s’énumère ce qui se compte ce qui s’ordonne ayant donc été assimilé comme susceptible de : faire reculer le magma angoistique).

    par ailleurs je vous pense pensant à ce luxe que je me paie / et

    ce luxe que je me paie, avec mes angoisses

    que j’avoue ne cause aujourd’hui rien de plus qu’un monceau de formalités administratives à remplir (dite aussi crûment la chose paraît futile : et je ne vois pas certainement ce qu’une formalité aurait d’angoissant ( quel autre monstre que de papier ?) ( sinon son caractère obligatoire : et alors quoi : ne pas faire une chose parce qu’elle doit l’être ? me préférai-je en dette de faire? en état d’obligation? si je préfère, dès lors pourquoi m’en faire ? m’en faire, le veuillé-je donc ? tristesse) ( ma chère tu es bête : mieux vaut te croire en dette qu’en manque, ha ha). autrefois j’aurais dit qu’il s’agit de choses qu’en-temps-normal-ma-mère devrait faire pour moi. oui, oui, il fut un temps où je crus cela, que je me laissais déborder par toutes sortes de choses, parce que ce n’était pas moi qui devais les faire, mais ma-mère. en vérité en vérité je vous le dis, je ne sais plus pourquoi je le crus. « ne pas faire pour que l’autre le pût » (qu’il y en eut un(e) au moins qui pût, pas elle sans moi et moi en sans d’elle qui fit/ferait tout pour moi) , et/ou « ne pas faire pour que soit le dû ».

    cela dit il est vrai qu’avec la formalité administrative vous savez où ça commence (encore que) mais vous ne savez certainement pas où ça finit.

    pourquoi est-ce que je n’aimerais pas plutôt remplir mes formalités administratives?

    / aucun accomplissement qui ne soit détestable /

    / que ma mère fasse et que je sois / mère, mère, je te laisse le faire
    je me garde l’être
    /

    parler ici d’angoisse est peut-être impropre / allons, allons, trêve

  • jour

    [ 8 avril 2008 / 26 octobre 2009 ]

    peut-être non ne s’agit-il (d’ang), d’ailleurs quand (goissée), j’ai les méninges qui crépitent. or là, aucun crépitement. zéro.

    je me traite avec grande douceur, alors que tant avons besoin d’arge, tant.

    me traite avec grande douceur.

  • ce blog va devoir changer d’heure

    [ 9 avril 2008 / 12 décembre 2008 ]

    11:56 – changer d’heure, passer à la dernière, car

    13:00 – comme très souvent j’ai beaucoup trop de choses à faire que je ne fais pas. c’est difficile non, de faire ce qu’on doit faire ? certaines personnes n’ont pas le choix. moi bien. j’ai le choix.

    je ne sais pas pourquoi je ne fais pas ce que je dois faire. je ne suis pas d’un naturel rebelle. loin de là. loin s’en faut. c’est peut-être simplement ennuyant. peut-être que les choses que j’ai à faire sont simplement ennuyantes. j’en serais contente.

    13:41 – je suis seule, je suis triste.

    13:47 – la tristesse est un péché

    14:06 – il faut fermer son cerveau, et y aller, le faire

  • en faire

    [ 10 avril 2008 / 12 avril 2008 ]

    07:03 – je ne sais pas pourquoi c’est si difficile de faire les choses. je ne sais pas. un enfer. aujourd’hui, à nouveau face à quelque chose qui me dépasse complètement. je sais que je n’ai rien d’autre à faire que tout fermer, dans le cerveau, et y aller. il n’y a pas d’échappatoire.

    07:53 – mais oui, ça a à voir avec les « révélations » de ce week end. mais oui, j’en ai parlé à mon-psychanalyste.

  • « On » demande à l’enfant de retenir.

    [ 13 avril 2008 / 12 décembre 2008 ]

    On demande à l’enfant de retenir. Il est nécessité à retenir trop longtemps, à ébaucher l’introduction de l’excrément dans le domaine de l’appartenance au corps, à en faire une partie du corps, qui est considérée, pour au moins un certains temps, comme à ne pas aliéner. Puis, après cela, on lui dit de lâcher, toujours à la demande. La demande a là aussi une part déterminante. Cette partie que le sujet a tout de même quelque appréhension à perdre, se trouve dès lors un instant reconnue. Elle est élevée à une valeur toute spéciale, elle est au moins valorisée en ceci qu’elle donne à la demande l’Autre sa satisfaction, outre qu’elle s’accompagne de tous les soins que l’on connaît. Non seulement l’Autre l’approuve et y fait attention, mais il y ajoute toutes ces dimensions supplémentaires que je n’ai pas besoin d’évoquer – dans d’autres domaines, c’est de la physique amusante-, le flairage, voire le torchage, donc chacun sait que les effets érogènes sont incontestables. Ils deviennent d’autant plus évidents quand il arrive qu’une mère continue à torcher le cul de son fils jusqu’à l’âge de douze ans. Cela se voit tous les jours.

    Tout cela semble indiquer que ma question initiale n’est pas tellement importante, et que nous voyons très bien comment le caca prend aisément la fonction de ce que j’ai appelé, mon Dieu, l’agalma. Que cet agalma soit ici passé au registre du nauséabond ne serait que l’effet de la discipline dont il est partie intégrante. Cependant, tout cela ne vous permet en rien de rendre compte d’une façon qui nous satisfasse de l’ampleur des effets qui s‘attachent à la relation algamatique de la mère à l’excrément de son enfant, si nous ne mettions pas ces faits en connexion avec les autres formes de a. L’agalma n’est concevable que dans sa relation au phallus, à son absence, à l’angoisse phallique comme telle.

    Jacques Lacan, Séminaire X, L’angoisse, Les cinq formes de l’objet petit a, De l’anal à l’idéal, Seuil, p. 349.

  • Par quelle voie l’excrément entre-t-il dans la subjectivation?

    [ 13 avril 2008 / 12 décembre 2008 ]

    Par quelle voie l’excrément entre-t-il dans la subjectivation ? Eh bien, il y entre par l’intermédiaire de la demande l’Autre, représentée en l’occasion par la mère.

    Jacques Lacan, Séminaire X, L’angoisse, Les cinq formes de l’objet petit a, De l’anal à l’idéal, Seuil, p. 348

  • En revanche, c’est au niveau anal qu’il a pour la première fois l’occasion de se reconnaître dans un objet.

    [ 13 avril 2008 / 12 décembre 2008 ]

    En revanche, c’est au niveau anal qu’il a pour la première fois l’occasion de se reconnaître dans un objet. Mais ici, n’allons pas trop vite.

    Quelque chose en cet objet tourne. il s’agit de la demande de la mère. Elle tourne Garde-le. Donne-leEt si je le donne, où est-ce que ça va ? L’importance déterminante des deux temps de la demande, […]

    En quoi ces deux temps sont-ils importants? En ceci que le petit tas en question est obtenu à la demande, et il est admiré – Quel beau caca! Mais le second temps de cette demande implique qu’il soit, si je puis dire, désavoué, parce que ce beau caca, on apprend tout de même à l’enfant qu’il ne faut pas garder trop de relations avec lui, si ce n’est par la voie bien connue, que l’analyse a également repérée, des satisfactions sublimatoires. S’il s’en barbouille – chacun sait que c’est avec cela qu’on le fait -, on préfère tout de même lui indiquer qu’il vaut mieux le faire avec autre chose, […]

    Dans ce premier rapport avec la demande de l’Autre, nous nous trouvons donc au niveau d’une reconnaissance ambiguë. Ce qui est là, c’est à la fois lui, et ça ne doit pas être lui, et même plus loin, ça n’est pas de lui.

    Nous progressons, les satisfactions se dessinent, et nous pourrions bien voir là l’origine de l’ambivalence obsessionnelle. Nous pourrions l’inscrire dans une formule, celle-ci, ( a ◊ $ ) où a est la cause de cette ambivalence, de ce oui-et-non. C’est de moi, ce symptôme, mais néanmoins ce n’est pas de moi. Les mauvaises pensées que j’ai […]

    Seulement, je vous fais remarquer que cette structure fondée sur la demande laisse hors de son circuit ce qui doit nous intéresser si la thérorie que je vous expose est correcte, à la savoir la liaison au désir. On peut donc penser que l’introduction d’une autre dimension, externe, étrangère, celle du désir, et nommément du désir sexuel, fera passer au second plan, balayera ce que nous avons ici d’un certain rapport où le sujet se constitue comme divisé, ambivalent, en relation avec la demande de l’Autre. En fait, il n’en est rien.

    Nous savons déjà pourquoi le désir seul ne le balaie pas, loin de là. C’est que, par sa duplicité même, l’objet vient à pouvoir symboliser merveilleusement, au moins par l’un de ses temps, ce dont il s’agira à l’avènement du stade phallique, à savoir […]

    Jacques Lacan, Séminaire X, L’angoisse, Les cinq formes de l’objet petit a, De l’anal à l’idéal, Seuil, p. 350, 351.

  • journal

    [ 21 avril 2008 / 7 janvier 2009 ]

    déclaration
    bientôt j’aurai terminé ma première déclaration tva. c’est-à-dire : il faut que je la termine, il faut que je le fasse, que je saute le pas.

    / voix basse : que je saute le pas /

    je peux le faire en me répétant que c’est facile (c’est ce que f. m’a répondu quand je lui ai demandé s’il savait pourquoi s’occuper de démarches administratives était si angoissant. il m’a répondu qu’il ne savait pas, parce que pour lui c’était facile. je me suis dit mais bon sang, mais c’est bien sûr. c’est facile. je continue cependant de nous croire nombreux, à trouver ce genre de choses angoissantes. probablement pas pour les mêmes raisons que moi.

    fin de l’a faire
    je déteste quand les choses se terminent. qu’elles se fassent, qu’elles soient faites.

    guérison
    mais là, je ne souffre pas. je suis guérie.

    ma pauvre mère
    je peux aujourd’hui faire les choses que ma mère plutôt aurait dû faire pour moi, aurait fait pour moi. ma mère, faisait tout pour moi. je l’ai déjà dit, elle s’occupait des basses tâches et me réservait les hautes. évidemment, c’est toujours facile d’accuser sa mère. ou son père. c’est toujours facile. mais là, je ne l’accuse pas. je reconnais m’être largement arrangée de ce qui l’arrangeait. il ne faudrait pas croire non plus que ce puisse être là la seule explication, je n’y crois d’ailleurs personnellement pas complètement puisque ce sont des choses que je sais depuis fort longtemps, et qui n’ont néanmoins pas changé, ou que je suis obligée, en période de trop grande angoisse, de me remémorer régulièrement.

    / elle, due aux actions hautes. /

    sur mon bureau f, a rajouté une facture, je vois.

    bien, je ferais mieux de m’y remettre.

    11:37
    paradis de l’enfer
    oui, car alors que c’est « l »enfer », terminer ce truc, « l’en-faire », je vais certainement faire tout pour en prolonger les instants. les instants d’enfer. on finirait par croire que c’est l’angoisse que je chercherais à prolonger. cela m’a effleurée, je l’avoue, quelquefois. l’angoisse comme jouissance. mais c’est difficilement crédible et je ne supporterais pas d’être seule à affirmer chose pareille. pourquoi donc, trainai-je à ce point. prolongeai-je. éternisai-je. mais j’éternise faute de le pouvoir, passer le pas. faire, avoir fait. je n’irais pas jusqu’à dire l’acte, je dirais l’action, l’action accomplie autant appréhendée que pourrait l’être la jouissance sexuelle. il y a des endroits où tout se confond. se fond. se confond. il y a des femmes, me disait-il qui ont peur de la jouissance sexuelle. des femmes qui ont peur de la jouissance sexuelle. alors le faire, le moment de faire, l’en-faire, comme le désir, et le fait, voilà, c’est fait, l’action accomplie comme la jouissance. la limite mise en désir (et dans quelles conditions, et dans quelles conditions). alors tout pour, le désir et rien pour. une jouissance du désir, une jouissance de l’enfer, qui se met en place, parce qu’il est peu de moments, a fortiori quand ils sont à répétition, qu’ils se prolongent, qui ne se voient contaminés par elle. comme j’ai pu dire : il n’y rien de ce que je fais que je n’aime, parce que c’est moi qui le fait. c’est encore une chose que j’ai pu dire. j’ai fait de la comptabilité cette semaine, enfin la semaine dernière, ma foi, c’était fort amusant. suffit de s’y mettre. tant qu’on est dedans, c’est ok. c’est dehors, quand ça sort, où juste avant. « désir de retenir » disait lacan parlant du désir de l’obsessionnel, entendez, retenir le caca ; car si ça sortait, l’Autre s’en satisferait.

    11:49
    maintenant, je ferais bien de vérifier que je n’ai rien oublié.

    12:33
    trouver un stylo. retourner mon sac. me faire une tasse de café. est-ce que j’appelle l’expert-comptable ou pas? me souvenir de jules qui il y a quelques mois encore, à peine, disait « faire, faire » … quand il voulait qu’on fasse quelque chose.

    12:49
    refaire un café. tout est prêt sauf le doute. à propos : 1/ électricité 2/ free. y aller ? foncer ? tête baissée ? et puis tout oublier ?

    12:56 téléphoner au comptable. prétexter d’un rv à prendre. où est le numéro de téléphone et quel agenda ouvrir?

    13:09 votre correspondant est en ligne pour le moment. téléphoner à f.

    13:43 et les chèques? ils sont où, les chèques?

    13:59 l’agrafeuse?

    14:22 la lumière était blanche. en revenant de l’hôtel des impôts, je me suis acheté du riz basmati. j’adore le riz basmati.

    15:10 c’est fini.

     

  • journal

    [ 21 avril 2008 / 7 octobre 2008 ]

    15:58
    frisson l’autre jour : jules me demande, nous étions arrivés en bas, nous allions sortir, je m’apprêtais à ouvrir la porte, ou je l’entrouvrais même déjà, « dis, maman tu veux bien être mon amie? »

    16:04
    frisson parce que

  • journal (où il sera plutôt question de l’hystérie, cette fois)

    [ 24 avril 2008 / 15 novembre 2008 ]

    à faire ( petit a faire)
    10:49 j’aurai beau faire, ma vie n’est faite que de choses à faire. je me demande si les autres c’est comme ça aussi. d’une pauvreté. jules est là. j’ai mis un vieux disque à moi, Beethoven (pathetique sonata pour piano). c’est très rare que je mette de la musique. et surtout de la musique à moi. tiens, une griffe. quand jules était petit petit, bébé, je lui mettais parfois un disque à moi. ça m’inquiétait tellement alors que je ne puisse pas lui apprendre, léguer ça, que moi j’avais reçu de mes parents, qui avait baigné mon enfance, que je connais par cœur, mais. ces musiques que je connais bien, dont je ne connais jamais les auteurs. sur le bout de la langue. musique en perte d’auteur. le problème, c’est qu’à chaque fois ça le faisait atrocement pleurer, les musiques que je lui mettais. enfin, là, il est assis dans une caisse et il écoute.

    les noms d’auteur
    11:13 la caisse s’est renversée. maintenant, c’est l’autre face. je n’ai jamais su vraiment, je veux dire avec certitude – j’ai toujours pensé qu’il y aurait un jour moyen d’être sûre, de savoir avec certitude -, je n’ai jamais su, compris, pourquoi je n’arrivais pas à retenir les noms des auteurs. les noms des auteurs, les dates, les noms des pays, toutes ces choses utiles dans la conversation. j’ai longtemps pensé que c’était une affaire de femmes, que c’est les femmes, qui ne retenaient pas ce genre de choses. je me suis un temps « battue » pour trouver le moyen de faire la conversation avec ce qui n’est pas les noms, les noms propres et les dates, mais ça a été en vain. je pensais donc, que c’était affaire de femmes, d’hystérie. voilà.
    d’une part que les femmes se refusent de savoir ce genre de choses, enfin, les hystériques, au nom d’une chose sans nom justement, leur secret, trésor, vérité, qui ne tolérerait aucun nom ; d’autre part qu’elles soient dans le désir, tout de même, d’un autre qui le détienne, le connaisse, le leur donne, ce nom, de ce qu’elles se refusent à nommer. qu’il y ait un maitre qui sache. (j’ai l’impression d’écrire mes mémoires, on trouvera cela néanmoins dans n’importe quel bon manuel de psychanalyse). à ce schéma classique, s’ajoutait ce trait, le fait que mon père soit artiste. artiste qui ne se sera pas vraiment fait un nom, auquel éventuellement même il aurait fallu en fabriquer un, mais père suffisamment sacré par et pour moi pour que je n’aille pas dans ses traces / sur ses pas / ni surtout que je ne le dépasse surpasse, quel que désir que je pusse en avoir – parce que si je le sacrai sacré, je le désacralisais aussi bien et plus souvent malheureusement qu’à mon tour et non sans souffrance, ressentiment. vous pouvez donc mettre cela aussi sur le compte du « sans foi de l’hystérique ». le manque même de foi m’empêche de croire / retenir le moindre nom, propre, d’auteur, de créateur. tandis que, le désir toujours est là, reste, qu’il y en ait au_moins_un qui.
    pour ce qui est de la géographie et de l’histoire, ça n’est pas moins clair, c’est simplement plus global. c’est le savoir dans son ensemble qu’il convient là de considérer, le savoir qui tient / attient au signifiant qui est considéré comme suspect, en tant qu’il ne colle pas à la vérité, elle sublimée, magnifiée (et faisant la matière même de la séduction, du pouvoir de séduction- sinon). et c’est la nécessaire fabrication, d’un autre, d’un homme par exemple qui sache, beaucoup, énormément, qui aille jusqu’à connaître, le les mots de ce qui n’en n’a pas.

    l’histoire, ayant ceci de plus, qu’elle touche au temps. alors qu’une bonne vérité, convenablement rêvée, ne saurait être qu’intemporelle. comporte la croyance, le désir de l’intemporel. cet intemporel qui fait le réel de l’inconscient, mais aussi celui du signifiant. non qu’un signifiant ne puisse appartenir à une époque, mais, en soi, dès qu’il naît, il est de sa nature d’être comme de tout temps. vous ne me croirez pas, je le sens.

    nous pourrons pareillement dire de l’in-savoir de la géographie qu’il touche au savoir de ce qui n’est ni là ni ailleurs, de ce qui est incorporel. dont la nature du signifiant et de l’esprit se rapprochent, et qui pourtant fait le secret du corps de l’hystérique.

    voilà, cela fait très longtemps que je sais ces choses et je pensais que ça me permettrait de pouvoir tout de même sortir des domaines des savoirs impossibles pour aller vers les possibles. eh bien non, faites-moi écouter beethoven, je ne retrouverai pas son nom, alors que je connais sa musique par cœur et par corps et par hors corps (et dans la conversation ça ne le fait toujours pas, et pour se faire des amis, ça ne le fait toujours pas non plus).

    bises,

  • journal

    [ 25 avril 2008 / 7 octobre 2008 ]

    12:17
    mais, je m’amuse bien.

  • journal (où je raconte notre dimanche)

    [ 28 avril 2008 / 25 novembre 2008 ]

    11: 49 plus le temps d’écrire en ce moment, je ne peux.

    hier dimanche, in the morning, avec le julos, direction librairie de quartier (petit commerce de proximité), achats pour moi, pour lui (un livre avec l’explication dessinée du comment ça se fait qu’on fait des cacas). moi, primo levi (eh oui, encore), le dernier ernaux, le libraire me dit : très bon livre, moi ah oui, ah bon, j’hésitais, on verra. et un livre de poésie, moi qui ne suis pas très poésie, roubaud, on verra. ensuite, acheté gâteau, desserts, un 3 chocolats pour le julos, choisi par lui, un 3fruits rouge + crumble pour moi, un mangue/pistache pour le fred. rentrés, mangé tous-ensemble tous-ensemble. après-midi, peinture de la maison de jules, jules et moi. puis sieste de jules pour jules, et sieste de fred et moi pour fred et moi, dans lit des parents, lit à deux places, « de plein emploi », dit lacan, dans je ne sais plus quel contexte, ça ne veut pas grand chose dire, dit comme ça, en dehors du contexte, dis donc, enfin lit double, pleinement employé (ou pas loin). je dois écrire très vite, car j’ai du travail. ensuite, le julos et son père : super mario, moi, mini boulot pour cdz (contente de participer, de loin, à son projet). après c’est foire du trône, tous-ensemble, tous-ensemble. 3 tours de manège très rapide (camion, bateau, moto). jules touche le ballon. ensuite, jules, épaules, mes épaules. veut aller sur montagnes russes. je dis avec qui? papa ou maman? papa. bon, tant pis. il y va. ils y vont. tout de même, ce plaisir, là. hein. c’est une montagne russe en forme de… (le mot me manque, pressons, pressons, c’est mon début d’alzheimer). je prends des photos. lumière incroyable – j’aime la pleine de reuilly. ensuite, déjà presque huit heures : il faut rentrer; drame, je dois m’arrêter là. j’arrête.

  • journal (des bois)

    [ 29 avril 2008 / 2 mai 2008 ]

    (ce matin dans le bois, une femme m’a traitée de « grosse merde ». « une claque », a-t-elle ajouté. ça surprend.

    je roulais (à vélo) sous la pluie dans un sentier très étroit. je les ai seulement vus, venir vers moi. un couple, me suis-je dit, et l’un de ces chiens tueurs, qui dévorent les enfants; rien de plus, que de banal.

    ils se rapprochaient, je m’apprêtais à m’écarter, je faisais attention au chien, je voyais que son propriétaire, l’homme, le tirait sur le côté, est-ce que ce chien attaque les vélos? c’est une question sur laquelle j’ai à peine pris le temps de m’attarder – l’écrire en prend bien plus. l’étroitesse du sentier, la pluie que je ne déteste pourtant pas, leurs parapluies. ça roule. je passe, les yeux froncés probablement, la pluie, l’attention. j’entends la femme hurler, « celle-là alors, on la laisse passer et elle tire la gueule, cette grosse merde. une claque ! » j’ai été si surprise que j’ai crié, désolée

    – oh, mais non, mais non, excusez-moi, mais

    je me suis retournée, ils s’éloignaient, j’ai hésité à rebrousser chemin, à leur parler

    puis, j’ai réalisé que je m’étais tout de même sacrément fait injurier, il pleuvait, j’ai continué ma route, les paroles de cette femme continuant de

    c’est très très surprenant.

    (stupidement, j’ai pensé que mes excuses, mon ton implorant, les auraient surpris également.)

    (par ailleurs, qu’on n’aille surtout pas s’imaginer que j’aie bon caractère, ou que je sois bonasse. cependant, ma réaction, m’a rappelé qq chose du caractère de mon enfance. qq chose qui indistinctement remonte à ma mémoire ces jours-ci.)

    et là-bas, si j’y suis.

    et demain, je voudrais

  • journal (colère matinale)

    [ 30 avril 2008 / 7 octobre 2008 ]

    ce matin encore une de ces colères brutales inutiles et stupides. honteuses aussi. tu ne veux pas que je parte à vélo avec jules sans le casque (laissé à la mde). tu t’excuses même d’avoir laissé ce casque là, la veille. et moi, de m’énerver, de m’énerver, de me fâcher, parce que tu ne veux pas que je prenne le vélo. (et dans la rue je crie encore, c’est ce qui t’énerve le plus, et jules est là, bien sûr). mégère.

  • petite honte (où je tourne la page des GTD)

    [ 2 mai 2008 / 3 décembre 2008 ]

    je change de titre. c’était « la première heure », ça devient « petite honte ».

    c’est à la lecture de zen habits – eh oui, faut-il qu’il m’arrive de désespérer,  soit : d’être débordée – que j’avais choisi d’appeler ce blog «  la première heure« .

    j’avais découvert les GTD (Getting Things Done), m’y appliquais, m’en amusais, leur trouvais une sorte d’efficacité rassurante. me pliais, obéissais. dressais, triais, barrais, recopiais, projetais, analysais, comparais, en face regardais,  différais. jusqu’à ce que je tombe sur Zen habits.

    Zen habits préconise de  DETERMINER dans la liste de choses à faire que les GTD vous auront amené à dresser,  CELLE qui pour vous compte le plus.  troublante lecture.  car je n’avais pu m’empêcher de penser à l’écriture. troublante lecture.  et dont je sortis déprimée quelques jours.

    l’auteur lui-même, de Zen habits, s’était  donné pour but de quitter son travail et de ne plus faire qu’écrire, dans son blog –  ce à quoi il était arrivé, et en direct, LIVE! il s’y était attelé avec méthode et continuité, en prenant soin de ne commencer chacune de ses journées que par ce qui pour lui comptait le plus : écrire, donc. d’où mon titre : la première heure. je m’étais dit que je pouvais tenter cela, que cela valait le coup, que j’étais bien forcée d’admettre qu’écrire était pour moi le plus important, mais que je n’étais arrivée jusque là qu’à postposer, à faire passer après toutes les autres tâches ( ces autres tâches m’en protégeant et n’étant pas loin de m’acharner à les multiplier). j’avais bien quelques doutes quant à la possible efficacité d’un programme de management contre un symptôme aussi coriace que le mien, mais cela valait la peine d’essayer, aurai-je pensé.

  • le livre d’annie ernaux. pas encore terminé mais.

    [ 2 mai 2008 / 7 octobre 2008 ]

    le livre d’annie ernaux, les années. pas encore terminé mais. franchement fantastique. première partie fascinante, étonnante d’observation, d’invention, de souvenirs, de remémorations. deuxième, au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’actualité, de plus en plus triste et peut-être moins réussie – rapprochée l’histoire devient trop proche, non seulement pour nous mais pour elle aussi, dont les observations perdent la force, la clémence de l’oubli, se rapprochent de ce  sempiternel commentaire de l’actualité dans lequel nous ne cessons de patauger, lamentablement.

  • la catastrophe

    [ 7 mai 2008 / 27 novembre 2008 ]

    le mail que j’arrive même pas à envoyer :

    c’est en rentrant mardi 6 de la maison des enfants, où j’étais restée parce qu’il manquait quelqu’un pour faire à manger aux enfants, que j’ai réalisé en ouvrant mon ordinateur que je venais de rater le rendez vous que j’avais avec vous.
    mon désespoir a été immédiat (j’en ai perdu la tête).

    j’en ai perdu la tête et je ne l’ai toujours pas retrouvée.

  • les vieux ne (des suites d’un RV manqué)

    [ 7 mai 2008 / 27 novembre 2008 ]

    les vieux ne meurent plus ils s’endorment parfois et dorment trop longtemps . même riches ils sont pauvres ils n’ont plus d’illusions ils n’ont qu’un coeur
    pour deux
    chez eux ça sent le thym le propre la lavande et le verbe d’antan.
    j’ai raté mon rendez vous. ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant.
    qu ‘on me laisse être triste et encore triste et triste à en mourir. qu’on me laisse, je suis lasse. et veux pleurer encore, et sans témoin, et sans consolation. je suis
    vraiment désolée.
    sans témoin, sans consolation. qu’on me laisse, car je suis lasse. pleurer est cela seulement que je veux. pleurer et même pire. il n’y a plus de honte, quand ils ne sont plus là. c’est cela, maintenant, que je veux, rien d’autre. qu’ils n’y soient plus, personne. honte bue et nue. qu’ils partent, et que ça s’arrête.

  • les gens ne veulent pas vous consoler,

    [ 7 mai 2008 / 7 octobre 2008 ]

    les gens ne veulent pas vous consoler, seulement que vous ne pleuriez plus.

  • du fond du lit,

    [ 7 mai 2008 / 27 novembre 2008 ]

    vous téléphonez à une amie, vous aimeriez lui dire que c’est terrible, que vous voudriez mourir, mais que vous avez un enfant, à peine en avez-vous le temps qu’elle vous annonce qu’elle en attend un, qu’elle est enceinte d’un mois. vous pleurez, vous pleuriez, vous pleurez davantage, l’enfant est là, qui vous regarde. vous lui dites, que D a un petit bébé dans son ventre, il vous pose une question, il parle de « papa ». vous lui dites que D a un ami, qu’ils ont fait un bébé, ensemble, mais qu’il est encore dans le ventre de sa maman.

  • le fantôme de l’amour

    [ 8 mai 2008 / 27 novembre 2008 ]

    j’écris.

    la tête enfouie dans mon pantalon qui traine, jules crie « je suis le fantôme de l’amour, je suis le fantôme de l’amour ».

  • les années d’annie ernaux

    [ 8 mai 2008 / 27 novembre 2008 ]

    c’est un livre d’histoire et d’une histoire jamais écrite. un livre qui vous parle d’hier, celui depuis longtemps enseveli par l’oubli, qu’il va déterrer, au prix d’efforts qu’on ne peut imaginer, qui laissent pantois d’admiration. un livre qui pourrait vous réconcilier, pour partie probablement seulement, avec votre propre histoire. qui ira mettre des ponts entre ce que vous étiez alors, par le passé, avec votre solitude augmentée de ce qui dans le monde arrivait, dans le monde arrivait et à vous arrivait, sans que vous n’y puissiez rien. il arrive des choses, dans le monde, qui sont des choses qui vous arrivent, auxquelles vous ne pouvez mais, parce que vous n’y êtes pour rien. vous en êtes l’objet, et vous commencez à vous penser impuissant. (l’impuissance tenant à un sentiment d’incapacité d’agir sur le réel, faute qu’il soit seulement pensable).

    A l’origine, un tableau, une image qui dit tout le livre: on y voit une femme, une femme à la poitrine nue et, derrière elle, une enfilade de portes entrebâillées. Le titre était Anniversaire et le tableau est de Dorothea Tanning.

    A l’origine, un tableau, une image qui dit tout le livre: on y voit une femme, une femme à la poitrine nue et, derrière elle, une enfilade de portes entrebâillées. Le titre était Anniversaire et le tableau est de Dorothea Tanning.

    elle, annie ernaux, parle, dit, ce qui arrive, ce qui est arrivé, et en quoi ce qui est arrivé, affectait, des corps, qui n’y étaient, pour rien. donc, oui, elle fait cela, dont elle s’était établi l’objectif, elle fait se rejoindre l’histoire du monde et l’histoire des personnes, une histoire qu’elle grossit des évènements du monde. ça devient une autobiographie historique, où c’est aussi l’histoire qui prend la parole, l’histoire de ce qui arrive, dans le monde qui vous entoure, qui vous englobe, silencieusement, qui devient, rejoint la vôtre. un livre de gauche aussi, ou plutôt, un livre à gauche, un livre certainement à gauche, sans qu’il le revendique, à gauche dans son regard, par le biais d’une ironie dont je n’ai pas compris comment elle fonctionnait, mais qui est là, presque palpable, et légère1. qui tiendrait dans la distance, l’endroit du constat, que l’on dira d’autant plus objectif qu’il parle de l’arrivée d’objets nouveaux dans le monde, l’ironie tenant dans le détachement de ce constat, la distance inexorable qui s’établit entre le sujet qui profère décrit et l’objet qu’il d’écrit. c’est un livre qui pointe, qui indexe, qui décrit. le livre lui est la pointe, l’index, la description. en conséquence c’est aussi un livre qui vous enseigne, qui vous parle du temps, des années, des années qu’il faut parfois pour digérer, de ce qui vient après-coup, et ne vient qu’après-coup. les années, il faut qu’elles passent, qu’elles aient passées. c’est un livre qui va à rebours de l’instant, qui y va volontairement. de gauche aussi, à gauche, du fait de sa conscience de classe. sa conscience aigue, conscience qui est mémoire également. et peut-être même conscience en forme de mémoire. une mémoire de classe. ce sont des choses que vous que nous avions oubliées, ce dont elle parle, parce qu’il est probablement vrai également que les classes dont elle reparle se sont entre-temps estompées. de cette estompe même qu’il s’agit, de l’effacement. de l’effacement, et de ce qui vient à la place. de l’arrivée des nouveau m’êtres, écrivons-le comme ça. elle le dit, elle en parle, du temps passé dans les centres commerciaux, où ils vont, où nous allons, chercher, dit-elle, « un supplément d’être ». l’ironie tiendrait aussi à cela, à notre ridicule, à notre petitesse. à celui qui s’en moque, celui qui en parle depuis un point au delà ou en deçà, ailleurs. depuis un lieu où justement la moquerie n’a plus lieu d’être, n’a plus cours. l’ironie se permet depuis le point où l’impuissance est moquée, voire dénoncée. j’ajouterais que cette ironie est lentement gagnée d’amertume, ce que le livre y perd, au fur et à mesure que les années avancent et se rapprochent de ce que nous connaissons encore trop bien, de ce qui n’a pas bénéficié de l’oubli, et pâtit d’une abondance croissante d’informations. la tristesse du livre s’en accroit, et également dans ce qu’elle décrit de son embourgeoisement, du processus de son embourgeoisement. l’embourgeoisement, c’est triste. elle est celle qui en sait quelque chose et qui le dit . je ne sais pas exactement ce qu’elle sait, ni comment elle le dit, mais je vois bien que depuis un certain point d’intime, qu’elle arrive à formaliser au travers de ce qu’elle appelle son embourgeoisement, elle éclaire l’histoire du monde moderne – qui consiste aussi en une triste forme d’embourgeoisement généralisé, où nous sommes tirés dont ne sait où dans des caddies de supermarchés. à cet insupportable, à ce monde insupportable, son histoire insupportable, notre insupportable histoire, l’insupportable de l’histoire, cela que l’histoire ne supporte pas, l’écriture est sa réponse. et les années lui vont bien (d’ailleurs l’histoire n’a pas lieu, au moment où elle vous arrive.)

    LIENS :

    Notes:
    1. que le lecteur peut-être est lui-même appelé à apporter, sans quoi le livre serait, resterait, proprement insupportable. aussi, peut-être n’ai-je perçu cette ironie, que parce qu’elle ne pouvait qu’y être. et sa légèreté viendrait-elle de ce que c’est à celle du lecteur qu’il est appelé de recourir. un peu comme quand on dit : c’est de l’humour ? parce qu’on ne sait pas du tout ce que ça serait si ce n’en n’était pas. []
  • sans rendez-vous

    [ 9 mai 2008 / 7 octobre 2008 ]

    vu le docteur G. « excusez-moi, c’est urgent ». ressors avec double dose de deroxat + xanax au cas où. je prends les choses en main.

  • les actes que je réussis et le deroxat (qui me réussit)

    [ 10 mai 2008 / 26 novembre 2008 ]

    11: 55
    samedi matin donc, hier pris un xanax quand m’a semblé que m’énerverais trop. ce matin, un deroxat donc. que dire sinon que ces médicaments sont d’une efficacité extraordinaire. ce soir, le deuxième deroxat.

    hier, finalement envoyé le mail à l’analyste, expliquant m’excusant de mon absence au rendez vous de mardi. on verra ce qui en résulte. difficile de développer ça davantage, trop incroyable (que d’avoir oublié ce rendez vous m’ait envoyée aux portes de.

    18:12
    flûte, ou ouf, me rends compte que je n’ai pas envoyé hier le mail que je pensais avoir envoyé ! décidément !

  • l’heure de nulle part

    [ 27 mai 2008 / 27 novembre 2008 ]

    je rechange de titre de blog.
    ça a été la première heure, c’est devenu petite honte, ça devient l’heure de nulle part – qui est peut-être un peu prétentieux.
    historyze.org n’existe plus, je ne l’ai pas ré-enregistré. page qui se tourne? je n’aimais pas que ça soit en anglais. mais je n’aime pas beaucoup disparates non plus. il faut bien un nom.

    je suis arrivée à reprendre un RV avec le psychanalyste (appelé).

  • (ordinateur, images, perte – ratage)

    [ 1 juin 2008 / 24 octobre 2008 ]


  • snv80994, snv809931

    [ 1 juin 2008 / 24 octobre 2008 ]


  • jean livre sterling

    [ 9 juin 2008 / 1 décembre 2008 ]

    lors de la dernière séance, où j’avais bcp pleuré, l’analyste devant s’absenter m’avait demandé que je l’appelle la semaine suivante tous les matins, à huit heures. était-ce parce que je lui avais dit que j’avais l’impression de n’être pas prise au sérieux, de n’avoir  pas été prise au sérieux, ici, par les analystes de paris ? était-ce pour cela ? pour me prouver le contraire ? pour me réengager dans le processus analytique?

    ce que cette semaine de « séances téléphoniques » a donné. j’ai du mal à me souvenir.

    lors du premier coup de fil, j’avais commencé disant qu’il serait peut-être bon d’interroger pourquoi très vite ça avait été ça : l’analyse ou la mort1. et quel était, quel serait, pourrait être le lien entre la psychanalyse et les camps de la mort, Auschwitz.

    Sieg Maandag, jeune Juif hollandais survivant, marchant sur un chemin bordé de cadavres, à Bergen-Belsen, vers le 20 avril 1945. il y a eu le rêve:

    des jambes, des corps couchés, alignés. une douche passée par dessus, une douche dont le jet est très fort, qui déplace les chairs – la cellulite.
    celui qui manipule la douche qui dit : regardez, ça bouge, ça bouge.

    douche : je pense aux camps (jet gaz/eau).
    cellulite : je pense à cellule, enfermement, je pense oncle jean.

    je dis à l’analyste, au téléphone, « vous ai-je dit que pendant la guerre mes grands-parents ont sauvé une famille juive, cachée dans leur grenier ? » je dis leur nom : Sterling. je dis que c’est le père Sterling qui a appris la peinture à mon père.

    en raccrochant, je me demande pourquoi j’ai raconté ça,  pourquoi j’ai donné ce nom, « Sterling »?

    fatiguée, troublée, dans la volonté de repenser à tout ça, je me recouche  ; il est un peu après huit heures. je réalise que j’ai omis de dire qu’ils étaient partis, finalement, les sterling, qu’ils avaient eu peur de mon oncle, jean.

    mon oncle jean. peur qu’il les livre aux Allemands.

    je me souviens alors d’un rêve fait au cours de l’analyse avec D., où je le payais avec des « livres sterling« . là, tout se précipite dans ma tête (déchainement) :

    mon oncle, qui voulais voulait écrire un livre, aurait livré sterling aux allemands, aux camps (« jean livre sterling »). je précise ici que les sterling ont survécu, et que le fils s’est inscrit à l’académie de dessin où mon père était directeur.

    alors, écrire, livrer, l’impossible livre; écrire trahir; livrer aux camps de la mort.

    après les livres de Imre Kertesz, la seule chose que j’étais parvenue à écrire : « après ce livre ce qui écrit Auschwitz : écrire devient possible. redevient possible »

    les jambes – les corps – la douche – la livre de vie, la livre de chair. « ça bouge, ça bouge… »

    Notes:
    1.  avec ça que j’étais arrivée pour ma « demande de passe », des années auparavant, dans cette certitude que le choix d’être analyste, c’était un choix de vie, le choix de vivre ; et puis, bien avant cela, il y avait eu ce dont j’ai déjà parlé ici : j’étais arrivée en analyse à la suite de la lecture du livre de pierre rey, espérant qu’elle débouche sur ça : ou devenir analyste, ou écrire un livre, comme pierre rey, ou me tuer, et me réussir, comme le gros []
  • pomme, pommeau

    [ 11 juin 2008 / 24 novembre 2008 ]
    la cane de jeanne

    la cane de jeanne

    conclusion de la séance d’hier : je ne sais pas quoi faire de ma vie, je ne sais plus du tout. curieusement, m’en sens libérée. loin de ces lourdes histoires auschwitziennes et autres « lacan-dla-mort » (le plaisant docteur g. me dira plus tard : « après les camps, la libération, c’est logique, c’est logique»).

    je dis à l’analyste que l’image du rêve des « corps allongés morts passés à la douche » m’avait fait pensé, après-coup, à une photo de cadavres alignés, retrouvés à Auschwitz ; cette image qui maintenant s’impose. il me parle de cette cadavérisation dans le rêve comme d’une défense contre le grouillement de la vie (« ça bouge, ça bouge! »)

    à propos du rêve surtout, cela qui dédramatise, ce que je n’avais pas vu et dont l’analyste s’est étonné  ( ou a fait semblant de s’étonner) : le pommeau de douche ≈ le pommeau du téléphone !!! ( ce coup de fil que je m’étais vue invitée à lui passer tous les jours).

    NB: se défendre contre la jouissance / s’il est possible de comprendre pourquoi elle est serait s’avère si HORRIfiante.

  • écrire debout

    [ 16 juin 2008 / 24 novembre 2008 ]

    13:29

    à cdz, il le faut, que je lui dise que je me cache de tout, de tous, en ce moment, et surtout du travail.

    et surtout du travail,
    amen

    je voudrais un bureau auquel je puisse travailler debout, et un tout petit ordinateur ( un écritoire ancien, un meuble à écrire debout).

    me lever de ce bureau. marcher dans l’appartement ( échapper aux habitudes des lieux, aux assises anciennes : impossible – mais pas complètement) ( sur mon bureau une revue intitulée : « la force du même »). me lever.

    13:43
    également: changer de lumière.

    13:54
    voyez-vous, auschwitz même, dans mon cas, est une défense ( pour le dire simplement).

    vendredi avec jules : bhv de l’hôtel de ville ( recherche cadeau f.) , puis notre-dame ( « non, je ne veux pas rentrer, ça fait peur »). pénétrons une autre église, où l’on chante en latin ( c’est Église Saint-Nicolas-du-Chardonnet,  » fief d’un mouvement catholique traditionaliste »). jules veut s’asseoir. les gens se lèvent. c’est un mariage, les robes sont longues et les chapeaux sur toutes les têtes des dames. à jules, je ne dis, explique rien, si ce n’est qu’il s’agit d’un mariage, il dit oui oui, il parle tout bas. je l’entraîne vers la sortie. plus loin, il va foncer pour pénétrer dans un espace précédé de l’enseigne qu’il ne sait évidemment pas lire :  » mémorial de la déportation« . je lis sur l’insigne de la dame qui l’arrête dans son élan, qu’elle est de la  » défense nationale ». elle me demande son âge et si il a déjà vu un cimetière. je lui dis que oui. je sens les larmes me monter aux yeux. dans ce cas, me dit la dame défense nationale, il peut y aller. jeune homme, lui dit-elle en se tournant vers lui, avez-vous un téléphone portable sur vous, non, répond-il, avez-vous un appareil photo, non répond-il, bien, vous allez descendre ces marches, mais attention, vous ne pourrez plus parler, plus faire de bruit, ne vous approchez pas de la herse. plus tard, nous monterons manger des gâteaux en haut, tout en haut de l’institut du monde arabe. jules prend des photos. avant de prendre le bus pour rentrer, nous passons par les plaines de jeu du jardin des plantes. je suis très fière de jules, de sa façon de se déployer, de ses courses, de ses cris, de sa gaieté, des enfants qu’il amène à sa suite. au retour, nous croisons un héron cendré, jules lui dit qu’il s’appelle jules et s’indigne de ce qu’il ne lui réponde pas. je lui dis que l’animal est sauvage et qu’il ne parle pas. il a peine à me croire.

    Les photos de Jules  :

    on est partion se relève, on a fini le goûterchien-caca, \ma poussettevuearrivée sur la terrasse

    qu’Auschwitz donc, est un autre encore des noms que prend ma défense. couverture , voile.

    « défense », le terme est de l’analyste la semaine dernière, parlant du rêve, de la cadavérisation comme d’une défense contre l’horreur de la vie, le grouillant de la jouissance.

    14:22 je voulais dire qu’auschwitz couvre seulement l’horreur, celle qui n’en n’a pas, de nom. une représentation.

    14:32 mercredi: le cours de miller, le dernier cette année (la lettre que je ne lui ai pas écrite).

    (14:41 en fait, c’était le contraire : d’abord le mémorial de la déportation, ensuite l’église de la rue des bernardins.)

  • bon sang, si je m’intéressais à ce qui m’intéresse

    [ 17 juin 2008 / 5 octobre 2008 ]

    bon sang, si je m’intéressais à ce qui m’intéresse, en plus de lire cet article jusqu’au bout, probablement je

  • journal (quarante et demi)

    [ 21 juin 2008 / 16 novembre 2008 ]

    40,5

    métro, ligne 8

    hier mat. vendredi, coiffeur Jules 10 heures, je lui dis : le meilleur coiffeur du monde, il n’empêche qu’il hurle hurle hurle et la coiffeuse n’a pas l’air rassurée, je lui dis d’y aller, elle me dit qu’est-ce que je fais, que ce soit joli je lui réponds. il se calme finalement à l’arrivée d’une péniche, regardez, regardez, et du pont qui s’ouvre, regardez, regardez.

    au sortir, le conduis à MDE (cartoucherie de vincennes), c’est midi.

    Retour home : 13 heures. travail pour site MDE – j’aime bien ce travail. Retrouvé prescription Deroxat.

    Allée à pharm, cherché argent et retour MDE pour 17 heures – m’étais proposée pour suppléer à garde enfants. finalement Ren. arrive également. Lui parle. malgré nos « différents graves » , les év. des derniers jours, les différentes réunions, m’ont montré que je peux dire ce que je pense, et des choses dures, sans en être autrement affectée – avec bcp de légèreté. f. dit que ce n’est pas vrai, que ça m’a empêché de dormir. peut-être mais sur le moment même, j’ai parlé, fort et clairement, et sans que mon cœur en batte le moins du monde la chamade. je remarque que j’aime ça, les discussions, que ça me plaît. Bien sûr l’enjeu est pour moi bien moins important que pour mon adversaire. L’enjeu peut être un jeu pour moi. j’ai pris conscience de ça.

    j’arrive à destination, place de la République.

    direction quai de Valmy, assise là

    quai de valmy

    c’est donc moi qui vais chez le coiffeur aujourd’hui. sur un banc, assise face à canal, colle sparadrap sur « cloche » (c’est du belge) provoquée par ma noire sandale à talon haut à mon gros orteil gauche. mis les chaussures auxquelles j’aimerais que ma coiffure ressemble. ce sont des chaussures que je ne mets jamais. f. dit « des chaussures de femmes ».

    Rêves incroyables de cette nuit – club sado-masochiste.

  • diary (traces de réel)

    [ 23 juin 2008 / 24 novembre 2008 ]

    dimanche

    sommes allés hier à 3 voir speedracer !

    pyrethre

    maintenant il est 11 heures, j’ai déposé jules à la mde, je suis d’étrangement bonne humeur, j’ai passé de l’insecticide bio à base de pyrethre dans la salle et les deux chambres, cela me donne bonne conscience : je crains que nous n’ayons ramené des punaises de la mde. personne là-bas ne veut croire qu’il y en a. moi aussi, j’aimerais mieux ne pas y croire, mais franchement j’ai du mal. me suis beaucoup demandée ce week-end s’il valait mieux que jules n’y aille plus. les rv que j’ai aujourd’hui et demain ont tranché pour moi.

    samedi, matin

    coiffeur pour moi aussi, samedi. coupe/couleur. j’étais ravie, les lieux sont magnifiques, de même que toutes les personnes qui y circulent. je ne sais à quoi ça tient. si : les coiffeuses. elles sont jolies comme j’aime. l’illusion d’être « sociable ». la lumière. et la satisfaction de l’avoir fait, d’être allée chez le coiffeur. en sortant me suis achetée dans un incroyable magasin un joli petit chemisier à carreaux bleus et manches courtes et bouffantes.
    ( il m’arrive de penser que si mon état dépressif s’améliorait, cela pourrait coûter cher ( je me sens presque prête à assouvir satisfaire mes désirs envies).)

    nettoyage

    le reste du temps, j’ai nettoyé et mis de l’ordre. f me dit qu’il faudrait que nous fassions l’effort de tout ranger au fur et à mesure. il aurait voulu que j’en convienne avec lui. je n’ai pas voulu. sans que je sache très bien pourquoi. mauvaise part de ma part? il me semble que je passe déjà beaucoup de temps à ca.

    était-ce de cela qu’il s’agissait? ou seulement de lui reprocher de n’en faire pas assez, sans que ce soit la chose reprochée en elle-même qui compte, mais le reproche ? à penser de cette façon, à s’interroger de cette façon, on ne peut plus être sûr de rien. lui cherchais-je noise pour lui chercher noise, ou ai-je raison ?

    je lui dis aussi que nous devrions moins nous inquiéter du désordre (et des traces qu’il appose du réel). lui me dit que c’est impossible. or il me semble qu’au désordre et à la saleté nous pourrions nous consacrer sans effort ( ce que je n’ai pas été loin de faire ce week-end, en dehors du cinéma, des soirées à lire au lit, des indispensables courses, des insomniaques pensées). et je pourrais croire que ce seraient des choses que nous nous imposerions de faire, faute d’arriver à mieux faire ou par besoin de penser que si nous ne faisons pas mieux, c’est que nous en sommes empêchés par un élément extérieur, ici désordre et saleté + l’autre qui ne met pas assez d’ordre ni ne nettoie suffisamment.

    samedi, soir

    me suis-je fâchée ce week-end ? mais oui bien sûr, y aurait-il le moindre week-end sans que je ne me fâche ? mais quand ? vendredi soir. et je n’ai ensuite pas dormi de la nuit. frédéric s’obstinait à me demander, j’étais au lit, je lisais, lovecraft, si je préférais cécilia ou carla sarkosy. me dira-t-on qu’il y a peu de raison là de se fâcher, j’avoue ma propre perplexité. je passai ensuite la nuit à me demander s’il était opportun que nous nous séparions. c’est impossible. il faut que je me mette ça bien en tête. j’aurai essayé également de me dire qu’il faudrait probablement que je fasse un effort. je me serai posé beaucoup d’autres questions. et j’aurai été irritée par la rugosité de mon drap, quand je serai retournée au lit, surtout à l’endroit des gros orteils, ayant porté de très hautes sandales pour aller chez le coiffeur.

    les questions que je me suis posées ce weekend

    • s’il fallait que jules continue d’aller à la mde eu égard aux punaises et toutes questions connexes : y a-t-il vraiment des punaises, ai-je des punaises ici, faut-il que je renvoie un mail sur la mailing liste, puis-je continuer de prendre le risque d’en ramener ici, suis-je folle…
      comment conclure? le seul souci c’est, finalement, de ne pas en ramener ici et/ou de se débarrasser de ceux qui seraient déjà là – concernant ce point : ne faire que le minimum tant que jules va à la mde puisqu’il risque d’en ramener des nouvelles. pour ce qui est de continuer d’essayer d’alerter la mde : c’est probablement inutile, ils ne veulent pas le savoir et ont d’autres soucis en ce moment. laisser tomber donc. ou prendre la chose en main?
    • sur cette même mailing liste, de la mde, faut-il que je pose la question des deux ou trois mille euros réservés par le bureau pour ses travaux, et celle la nature exacte de ces travaux (s’agit-il encore de l’école?) faut-il que j’y formule, indirectement, une critique par rapport au fait qu’ils ont pris ces décisions seuls, sans interroger les autres parents, et alors que d’autres dépenses étaient peut-être prioritaires?
    • concernant ces deux premiers points, est-ce moi qui cherche « de quoi penser », « de quoi nourrir mes ruminations », ou s’agit-il de véritables problèmes ? aurais-je le courage d’attaquer une fois de plus ? ne vaut-il pas mieux tout laisser tomber et les laisser faire ce qu’ils veulent ? renoncer également aux doux plaisirs de la bataille ?
      par ailleurs, je regrette déjà la mde, dont ce sont pour jules les dernières semaines.
      enfin, les combats autour de ces points me préservent peut-être de difficultés plus importantes, abordées dans le point suivant – et alors, d’ailleurs, que le monde est peut-être bien fait, et qu’il vaut mieux être protégé, se protéger de ces difficultés ( celles donc que je me prépare à aborder).
    • envisager que nous nous quittions f et moi est-il raisonnable?
    • concernant ce point, j’ai une réponse: c’est non, à laquelle j’étais arrivée assez rapidement au cours de mon insomnie. il s’agirait de m’en convaincre complètement. que cette idée ne puisse même plus être évoquée par moi.
      concernant ce point : pourquoi m’est-il impossible de vivre avec f ? parce que je ne supporte ni le désir ni la jouissance, le réel.
    • to be or, not psychanalyste : effleurée par l’idée. pensé dire à f que son bureau pourrait me servir de cabinet, me suis retenue : n’aimerais pas avoir à mettre des mots là dessus avec lui. cet item ne devrait pas se trouver dans cette liste, dans la mesure où c’est pour moi un impensable. mais la réponse se trouve cependant plutôt du côté : probablement-not-psychanalyste.

    je suis certainement une emm…

  • ce qu’il dit parfois

    [ 23 juin 2008 / 9 octobre 2008 ]

    – oh, les fesses chaudes !
    […]
    – pourquoi, faut pas dire ça?

  • ( pré liminaires – images amusent-gueule

    [ 25 juin 2008 / 1 février 2009 ]

    apéritif, amuse-gueule
    j’apprécierais les images, certaines.  certaines images. certaines images. lesquelles? un ton, une fluidité,

    certaines qui touchent directement à mon histoire (ex : TRAIN)
    d’autres où /et / partout beau le monde devient partout beau. n’importe quoi. tout. et le corps aussi deviendrait partout. aussi, si ça trouve. alors le monde vient / je suis couchée, je suis nue, sur le dos / se glisse sous les paupières, et je l’y rejoins. tu es là. tu viens.

    l’après-coup des images. des vagues, j’accueille.

    c’en est UNE des façons bien sûr. ça n’est pas LA. il y a le hasard


    the art of memory, trains in cinema, part 5

     

  • nuit numérisée

    [ 27 juin 2008 / 24 octobre 2008 ]


    fait un mini album de photos avec celles prises l’autre nuit.
    f. pas là, était à lyon. nous habitons au dessus d’un restaurant portugais. il faisait chaud, les fenêtres de la chambre étaient ouvertes. j’entendais les voix des clients sur le trottoir. je voulais les enregistrer, c’est pour ça que j’ai sorti l’appareil. j’aime assez leurs voix. rien ne dit que leurs dialogues ne valent pas ceux d’un film de manoël de oliveira.
    j’ai remarqué que l’appareil prenait bien des photos dans le noir, me suis amusée de l’éclair rouge qu’il y envoie, craignant un peu qu’il me fasse repérer. j’ai en ai pris beaucoup, de chacune des fenêtres de l’appartement. testé toutes les fonctions de l’appareil.
    après, je n’ai pas retrouvé les films que j’avais faits et ne savais que faire des photos prises. par hasard j’ai découvert une fonction dans dreamweaver qui fait des albums photos automatiquement (taille les photos, crée les pages.)
    il faut que je retrouve les films (pour les voix).
    (évidemment il y a trop de photos, beaucoup trop)

  • de la fenêtre

    [ 30 juin 2008 / 1 février 2009 ]

  • narcisse et moi

    [ 30 août 2008 / 26 mars 2010 ]

  • bien vu mal dit (jupiter et io)

    [ 1 septembre 2008 / 9 mars 2016 ]

    il y a quelque chose entre les images et moi, mais je ne sais toujours pas quoi.

    certaines pourraient être de prédilection. à d’autres, il suffirait l’abondance, la profusion; qu’elles s’offrent les unes après les autres, les unes avec les autres, mais dans une sorte de continuité. elles peuvent revenir alors, se glisser sous les paupières, s’y réinventer, se mouvoir. danser. m’accompagner silencieuses, se montrer à moi, dans ce don qu’elles ont d’évanouir/effacer les mots, quand il est bon/meilleur qu’ils s’effacent. ces moments où (je vous laisse imaginer. je crains que votre imagination ne soit suffisamment, cependant. des précisions, me semble-t-il, détruiraient).1

    cela m’est particulièrement difficile, de faire taire les mots.

    jamais,
    ne me suis-je évanouie,
    jamais

    (je note qu’aussi, les langues, je les aime. me. surtout les étrangères. vous laissent seulement la voix.)

    je vais maintenant vous mettre une image. (ces images dont je parle ici, très mal,  fonctionnent avec la jouissance, je veux dire celle de plein-emploi)2 .

    voilà, une image,

    Jupiter et Io

    Notes:
    1. mais oui,
      mais oui,
      mais, oui,
      vous savez bien, vous savez bien, vous savez bien
      qu’il est
      des moments
      où il vaut mieux
      ne plus
      penser. []
    2. celle dite par lacan de « plein-emploi », celle du lit pour deux personnes. []
  • fil

    [ 10 septembre 2008 / 1 février 2009 ]

    mercredi 11:23 dois travailler bsolument jourd’h FL (= le psychanalyste) hier : vous savez du vent, c’est très concret (je vous ai raconté du vent, et vous m’avez écoutée) / arrivée à l’heure mais disant : failli pas venir . – ah oui , c’est d’autant plus intéressant que c’était hier, lundi, que vous deviez venir . la concrétude du vent je pense à mon nom / vous. je vous ai raconté du vent, et vous m’avez écoutée àlaréflexion pas du tout comment dirais-je non fina pas dut lâche

  • sur l’heur

    [ 6 octobre 2008 / 12 décembre 2008 ]

    HEUR : la définition du dictionnaire Littré… (suite…)

  • notes prises au cours de miller (11.06.08)

    [ 6 octobre 2008 / 9 mars 2016 ]

    « Tout le monde est fou, c’est-à-dire délirant »1

    assertion de Lacan proférée de nulle part, depuis la nullibiété : la place de plus personne.

    cette année, j’ai été ça : plus-personne

    j’ai accepté d’être traversé par l’occasion, fidèle à ce qui me tombait dans la tête, comme tout analysant qui se respecte

    « plus-personne », voilà un personnage

    nom du sujet  avec l’accent de son rapport natal avec la jouissance.

    plus-personne : c’est le porte-parole de lacan

    pathétique de ce dans quoi Lacan a cheminé.

    enseignement – payer de sa personne, pas seulement de son sujet – se vocifère depuis personne

    la voix – ce qui vient en surnombre de la « relation » de l’analyste à l’analysant

    sujet – le rond brûlé dans la brousse de la jouissance, la brousse qu’est l’objet a comme voix.
    la voix va toujours plus loin que l’objet a, toujours soupçonnable de n’être qu’un semblant.

    le sujet est heureux :
    ce que freud a déguisé sous la forme du « principe de plaisir » lequel faisait COUPLE d’opposition avec le principe de réalité.

    couple
    principe de plaisir/principe de réalité

    « le sujet heureux puisqu’il ne peut rien devoir qu’à l’heur »2  → ne peut rien devoir qu’à la fortune → la contingence / soit ce qui arrive et qui n’était pas écrit

    « tout heur lui est bon pour ce qui le maintient, soit pour qu’il se répète » → de l’ordre de ce qui ne cesse pas de s’écrire.

    ce qui n’est pas écrit et qui arrive, la contingence, l’heur SERT la répétition

    PP (principe de plaisir) et PR (principe de réalité) fonctionnent ensemble

    PR dominé par PP – et c’est la vocifération, le sujet est heureux

    est-ce que c’est vrai est-ce que c’est faux ? — vocifération pas de cet ordre-là  → interprétation

    discours analytique

    exception dit : je suis la varité

    la passe
    mariage hyménée où la jouissance convolerait avec la vérité / Lacan a entretenu ce rêve jusqu’à en revenir

    le discours analytique ne prétend pas à la vérité

    resituer la passe dans la varité

    dans une analyse on va de vérité en vérité et
    les vérités deviennent des erreurs et les erreurs deviennent des méprises…

    secret de la chute de petit a : fait l’objet d’1 prise / qu’on pourrait lâcher

    discours analytique n’a rien d’universel – √x → construit un effet de pousse-à-la-femme

    savoir ne vaudra jamais que pour un et pour un seul

    √x  → ∃ !

    « tout le monde est fou » et on rêve toujours

    G tous les hommes sont mortels
    Socrate est un homme
    P Socrate est mortel

    Réunion du Général et du Particulier

    1 homme désire la mort –> universalisé sous les espèces de la pulsion de mort mais ça n’advient que sur le mode du 1 par 1

    le psychanalysant rêve, c’est-à-dire tient à la particularité de son symptôme

    « Moi, la vérité je parle » surgeon de « Moi, la folie je parle » d’Erasme, son  Eloge de la folie.

    Notes:
    1. lire à ce propos : 1/ cet entretien avec Jacques-Alain Miller ( n’est plus sur le site de http://www.elp-debates.com/, il s’agissait d’un entretien de jacques-alain miller publié par le Monde.) 2/ Peut-être à Vincennes, 22 oct. 1978
      « Comment faire pour enseigner ce qui ne s’enseigne pas ? voilà ce dans quoi Freud a cheminé. Il a considéré que rien n’est que rêve, et que tout le monde (si l’on peut dire une pareille expression), tout le monde est fou, c’est-à-dire délirant.
      C’est bien ce qui  se  démontre au premier pas vers l’enseignement.
      Mais reste à le démontrer : pour cela n’importe quel objet est bon, il se présente toujours mal. C’est-à-dire qu’il faut le corriger.«  []
    2. « Le sujet est heureux. C’est même sa définition puisqu’il ne peut rien devoir qu’à l’heur, à la fortune autrement dit, et que tout heur lui est bon pour ce qui le maintient, soit pour qu’il se répète. » Lacan J., Télévision (1973), Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 526. []
  • Interview de Jacques-Alain Miller, Psychologies Magazine, octobre 2008, n° 278

    [ 8 octobre 2008 / 10 mars 2010 ]

    Interview de Jacques-Alain Miller, Psychologies Magazine, octobre 2008, n° 278
    Propos recueillis par Hanna Waar

    Psychologies : La psychanalyse enseigne-t-elle quelque chose sur l’amour ?
    Jacques-Alain Miller : Beaucoup, car c’est une expérience dont le ressort est l’amour. Il s’agit de cet amour automatique, et le plus souvent inconscient, que l’analysant porte à l’analyste et qui s’appelle le transfert. C’est un amour factice, mais il est de la même étoffe que l’amour vrai. Il met au jour sa mécanique : l’amour s’adresse à celui dont vous pensez qu’il connaît votre vérité vraie. Mais l’amour permet d’imaginer que cette vérité sera aimable, agréable, alors qu’elle est en fait bien difficile à supporter.

    P : Alors, c’est quoi aimer vraiment ?
    J-A Miller : Aimer vraiment quelqu’un, c’est croire qu’en l’aimant, on accédera à une vérité sur soi. On aime celui ou celle qui recèle la réponse, ou une réponse, à notre question : « Qui suis-je ? »

    P : Pourquoi certains savent-ils aimer et d’autres pas ?
    J-A Miller : Certains savent provoquer l’amour chez l’autre, les serial lovers, si je puis dire, hommes et femmes. Ils savent sur quels boutons appuyer pour se faire aimer. Mais eux n’aiment pas nécessairement, ils jouent plutôt au chat et à la souris avec leurs proies. Pour aimer, il faut avouer son manque, et reconnaître que l’on a besoin de l’autre, qu’il vous manque. Ceux qui croient être complets touts seuls, ou veulent l’être, ne savent pas aimer. Et parfois, ils le constatent douloureusement. Ils manipulent, tirent des ficelles, mais ne connaissent de l’amour ni le risque, ni les délices.

    P : « Être complet tout seul » : seul un homme peut croire ça…
    J-A Miller : Bien vu ! « Aimer, disait Lacan, c’est donner ce qu’on n’a pas. ». Ce qui veut dire : aimer, c’est reconnaître son manque et le donner à l’autre, le placer dans l’autre. Ce n’est pas donner ce que l’on possède, des biens, des cadeaux, c’est donner quelque chose que l’on ne possède pas, qui va au-delà de soi-même. Pour ça, il faut assurer son manque, sa « castration », comme disait Freud. Et cela, c’est essentiellement féminin. On n’aime vraiment qu’à partir d’une position féminine. Aimer féminise. C’est pourquoi l’amour est toujours un peu comique chez un homme. Mais s’il se laisse intimider par le ridicule, c’est qu’en réalité, il n’est pas assuré de sa virilité.

    P : Aimer serait plus difficile pour les hommes ?
    J-A Miller : Oh oui ! Même un homme amoureux a des retours d’orgueil, des sursauts d’agressivité contre l’objet de son amour, parce que cet amour le met dans la position d’incomplétude, de dépendance. C’est pourquoi il peut désirer des femmes qu’il n’aime pas, afin de retrouver la position virile qu’il met en suspens lorsqu’il aime. Ce principe, Freud l’a appelé le « ravalement de la vie amoureuse » chez l’homme : la scission de l’amour et du désir sexuel.

    P : Et chez les femmes ?
    J-A Miller : C’est moins habituel. Dans le cas le plus fréquent, il y a dédoublement du partenaire masculin. D’un côté, il est l’amant qui les fait jouir et qu’elles désirent, mais il est aussi l’homme de l’amour, qui est féminisé, foncièrement châtré. Seulement, ce n’est pas l’anatomie qui commande : il y a des femmes qui adoptent une position masculine. Il y en a même de plus en plus. Un homme pour l’amour, à la maison ; et des hommes pour la jouissance, rencontrés sur Internet, dans la rue, dans le train…

    P : Pourquoi « de plus en plus »
    J-A Miller : Les stéréotypes socioculturels de la féminité et de la virilité sont en pleine mutation. Les hommes sont invités à accueillir leurs émotions, à aimer, à se féminiser ; les femmes, elles, connaissent au contraire un certain « pousse-à-l’homme » : au nom de l’égalité juridique, elles sont conduites à répéter « moi aussi ». Dans le même temps, les homosexuels revendiquent les droits et les symboles des hétéros, comme le mariage et la filiation. D’où une grande instabilité des rôles, une fluidité généralisée du théâtre de l’amour, qui constraste avec la fixité de jadis. L’amour devient « liquide », constate le sociologue Zygmunt Bauman1. Chacun est amené à inventer son « style de vie » à soi, et à assumer son mode de jouir et d’aimer. Les scénarios traditionnels tombent en lente désuétude. La pression sociale pour s’y conformer n’a pas disparu, mais elle baisse.

    P : « L’amour est toujours réciproque » disait Lacan. Est-ce encore vrai dans le contexte actuel ? Qu’est-ce que ça signifie ?
    J-A Miller : On répète cette phrase sans la comprendre, ou en la comprenant de travers. Cela ne veut pas dire qu’il suffit d’aimer quelqu’un pour qu’il vous aime. Ce serait absurde. Cela veut dire : « Si je t’aime, c’est que tu es aimable. C’est moi qui aime, mais toi, tu es aussi dans le coup, puisqu’il y a en toi quelque chose qui me fait t’aimer. C’est réciproque parce qu’il y a un va-et-vient : l’amour que j’ai pour toi est l’effet en retour de la cause d’amour que tu es pour moi. Donc, tu n’y es pas pour rien. Mon amour pour toi n’est pas seulement mon affaire, mais aussi la tienne. Mon amour dit quelque chose de toi que peut-être toi-même ne connais pas. » Cela n’assure pas du tout qu’à l’amour de l’un répondra l’amour de l’autre : ça, quand ça se produit, c’est toujours de l’ordre du miracle, ce n’est pas calculable à l’avance.

    P : On ne trouve pas son chacun, sa chacune par hasard. Pourquoi lui ? Pourquoi elle ?
    J-A Miller : Il y a ce que Freud a appelé Liebesbedingung, la condition d’amour, la cause du désir. C’est un trait particulier – ou un ensemble de traits – qui a chez quelqu’un une fonction déterminante dans le choix amoureux. Cela échappe totalement aux neurosciences, parce que c’est propre à chacun, ça tient à son histoire singulière et intime. Des traits parfois infimes sont en jeu. Freud, par exemple, avait repéré comme cause du désir chez l’un de ses patients un éclat de lumière sur le nez d’une femme !

    P : On a du mal à croire à un amour fondé sur ces broutilles !
    J-A Miller : La réalité de l’inconscient dépasse la fiction. Vous n’avez pas idée de tout ce qui est fondé, dans la vie humaine, et spécialement dans l’amour, sur des bagatelles, des têtes d’épingle, des « divins détails ». Il est vrai que c’est surtout chez le mâle que l’on trouve de telles causes du désir, qui sont comme des fétiches dont la présence est indispensable pour déclencher le processus amoureux. Des particularités menues, qui rappellent le père, la mère, le frère, la sœur, tel personnage de l’enfance, jouent aussi leur rôle dans le choix amoureux des femmes. Mais la forme féminine de l’amour est plus volontiers érotomaniaque que fétichiste : elles veulent être aimées, et l’intérêt, l’amour qu’on leur manifeste, ou qu’elles supposent chez l’autre, est souvent une condition sine qua non pour déclencher leur amour, ou au moins leur consentement. Le phénomène est la base de la drague masculine.

    P : Vous ne donnez aucun rôle aux fantasmes ?
    J-A Miller : Chez les femmes, qu’ils soient conscients ou inconscients, ils sont déterminants pour la position de jouissance plus que pour le choix amoureux. Et c’est l’inverse pour les hommes. Par exemple, il arrive qu’une femme ne puisse obtenir la jouissance – disons, l’orgasme – qu’à la condition de s’imaginer, durant l’acte lui-même, être battue, violée, ou être une autre femme, ou encore être ailleurs, absente.

    P : Et le fantasme masculin ?
    J-A Miller : Il est très en évidence dans le coup de foudre. L’exemple classique, commenté par Lacan, c’est, dans le roman de Goethe2, la soudaine passion du jeune Werther pour Charlotte, au moment où il la voit pour la première fois, nourrissant la marmaille qui l’entoure. C’est ici la qualité maternante de la femme qui déclenche l’amour. Autre exemple, tiré de ma pratique, celui-là : un patron quiquagénaire reçoit les candidates à un poste de secrétaire : une jeune femme de 20 ans se présente ; il lui déclare aussitôt sa flamme. Il se demande ce qui lui a pris, entre en analyse. Là, il découvre le déclencheur : il avait retrouvé en elle des traits qui lui évoquaient ce qu’il était lui-même à 20 ans, quand il s’était présenté à sa première embauche. Il était, en quelque sorte, tombé amoureux de lui-même. On retrouve dans ces deux exemples les deux versants distingués par Freud : on aime ou bien la personne qui protège, ici la mère, ou bien une image narcissique de soi-même.

    P : On a l’impression d’être des marionnettes !
    J-A Miller : Non, entre tel homme et telle femme, rien n’est écrit d’avance, il n’y a pas de boussole, pas de rapport préétabli. Leur rencontre n’est pas programmée comme celle du spermatozoïde et de l’ovule ; rien à voir non plus avec les gènes. Les hommes et les femmes parlent, ils vivent dans un monde de discours, c’est cela qui est déterminant. Les modalités de l’amour sont ultrasensibles à la culture ambiante. Chaque civilisation se distingue par la façon dont elle structure le rapport des sexes. Or, il se trouve qu’en Occident, dans nos sociétés à la fois libérales, marchandes et juridiques, le « multiple » est en passe de détrôner le « un ». Le modèle idéal de « grand amour de toute la vie » cède peu à peu du terrain devant le speed dating, le speed loving et toute floraison de scénarios amoureux alternatifs, successifs, voire simultanés.

    P : Et l’amour dans la durée ? dans l’éternité ?
    J-A Miller : Balzac disait : « Toute passion qui ne se croit pas éternelle est hideuse. »3 Mais le lien peut-il se maintenir pour la vie dans le registre de la passion ? Plus un homme se consacre à une seule femme, plus elle tend à prendre pour lui une signification maternelle : d’autant plus sublime et intouchable que plus aimée. Ce sont les homosexuels mariés qui développent le mieux ce culte de la femme : Aragon chante son amour pour Elsa ; dès qu’elle meurt, bonjour les garçons ! Et quand une femme se cramponne à un seul homme, elle le châtre. Donc, le chemin est étroit. Le meilleur chemin de l’amour conjugal, c’est l’amitié, disait en substance Aristote.

    P : Le problème, c’est que les hommes disent ne pas comprendre ce que veulent les femmes ; et les femmes, ce que les hommes attendent d’elles…
    J-A Miller : Oui. Ce qui objecte à la solution aristotélicienne, c’est que le dialogue d’un sexe à l’autre est impossible, soupirait Lacan. Les amoureux sont en fait condamnés à apprendre indéfiniment la langue de l’autre, en tâtonnant, en cherchant les clés, toujours révocables. L’amour, c’est un labyrinthe de malentendus dont la sortie n’existe pas.

    Propos recueillis par H. W.

    Notes:
    1. Zygmunt Bauman, L’amour liquide, de la fragilité des liens entre les hommes (Hachette Littératures, « Pluriel », 2008) []
    2. Les souffrances du jeune Werther de Goethe (LGF, « le livre de poche », 2008). []
    3. Honoré de Balzac in La comédie humaine, vol. VI, « Études de mœurs : scènes de la vie parisienne » (Gallimard, 1978) []
  • symptôme (mise en page)

    [ 14 octobre 2008 / 3 décembre 2008 ]

    il est neuf heures vingt-six. 9 h. 26. i know i should’nt come here, write here, i won’t stay. spend too much time here.
    changed the template completely, again, yesterday. added an image or two, to the first post, this one.
    c’est incroyable, puisque j’aurai également passé le week end à adapter le précédent template (hemingway).

    qu’est-ce qu’un template? un modèle wordpress? c’est la partie visuelle du site, les fichiers qui commandent à la partie image, habillage. le précédent s’appelait Hemingway, n’était pas de moi. celui-ci est de moi, c’est to-be-or, le template de mon premier blog, dont il porte le nom. il ne fonctionne pas bien sur internet explorer. je rêve donc de le refaire, mais je dois m’en empêcher.

    aujourd’hui, 17 novembre, je rajoute : mise en page, habillage, recherche d’une corps-respondance. cette impossible image. (et entre-temps le blog a changé de template un nombre devenu incalculable de fois. celui-ci, j’espère, c’est le bon.)

  • de la conti nu i té au continu (1)

    [ 16 octobre 2008 / 9 mars 2016 ]

  • de la conti nu i té au continu (2: façon_japon)

    [ 16 octobre 2008 / 9 mars 2016 ]

    [ … ]

     

    Parce que la coupe émerge de la continuité.

    Et parce que la notion de continuité est ce qui prime dans l’expérience du quotidien au Japon. [ … ] la primauté du flux – un flux sans écoulement – homogène : continu. [ … ]

    Cette sensation est l’effet de déterminations de nature différente :
    – Sociales : le “pas de vague”, l’exigence de consensus unanime, l’ordonnancement millimétré des êtres [ … ]
    – “Spatio-culturelles” : [ … ] Parce que la sensation produite est celle non pas d’habiter une maison, un home, mais un espace, un paysage, un milieu.

    [ … ]

    L’espace comme fond diffus cosmologique. Où tu ne te vis pas comme étoile. Mais jouis paisiblement de participer à la galaxie.

    *

    Et l’art émerge de la coupe.

    *

    きれい = 切れ
    Kirei : kire.
    Le Beau, la coupe.

    *

    [ … ] les mouvements des corps des japonais, si robotiques, plus paradigmatiquement encore dans la danse, coupant l’espace comme des kata de Karaté, sont aussi des moyens de communier, par le rituel, avec le groupe, avec le passé, avec l’intemporel.

    Autrement dit : couper le spontané pour jouir de se fondre dans le groupe.

    *

    Si l’art exige la coupe, la coupe est tout un art.

    Parce qu’introduire du discret dans le continu, c’est prendre le risque de faire surgir un intervalle dont la caractéristique n’est pas d’être vide (無, le vide, est l’espace des dieux, une dimension positive) mais d’être divisible par deux.

    Or la division par deux produit l’horreur absolue pour un japonais : un centre de symétrie.

    [ … ]

    L’esthétique japonaise est donc nécessairement verlainienne – la rime en moins.

    Et pour cela préfère l’Impair


    Plus vague et plus soluble dans l’air,


    Sans rien en lui qui pèse ou qui pose

    SOURCE : http://www.tropiques-japonaises.fr/2008/07/31/discretion-dans-le-continu/

    une difficulté cependant par rapport à

    ce « pas de vague »,
    cette « exigence de consensus »,
    ce « pas de star » mais la galaxie :

    quid du désir ? dès lors quid du désir et de sa particularité ? sa « condition absolue » ?
    sacrifice, aveuglement, déni?

    et s’il n’y a pas un moment où il importe de renoncer à la totalité, voire au totalitarisme du nous ?

    si le désir n’exige pas la solitude ?

  • de la conti nu i té au continu (3 _du_désir_d_être_castrée_?)

    [ 16 octobre 2008 / 9 mars 2016 ]

    https://disparates.org/to-be-or/2005/09/05/du-desir-detre-castree/

  • lessives et loups

    [ 22 octobre 2008 / 17 novembre 2008 ]

    dans la lessive / j’ai mélangé / le blanc et les couleurs / ça a été très bien  très très bien.                    déjà c’est l’heure d’une nouvelle / lessive.     bises.

    quel est son âge, à elli-medeiros – j’aimerais
    avoir ses joues. pas 1 pli.

    lui voulait aller à la brèche aux loups. et pas au centre de loisirs. dans la rue, quelques pleurs. je lui explique que le centre de la brèche aux loups se trouve rue de la brèche aux loups.

    « mais, je t’ai dit que je voulais aller
    à la brèche aux loups. »

    La rue de la Brèche aux loups, dans le 12ème arrondissement, évoque un délicieux souvenir de temps anciens. Au 13ème siècle, cet endroit était éloigné de la ville de Paris, les troupeaux de moutons y trouvaient toute l’herbe dont ils avaient besoin. La brèche aux loups serait un lieu-dit où les bergers avaient sécurisé des enclos pour protéger leurs animaux des loups, nombreux à l’époque. Une horde a tout de même réussi à pénétrer l’endroit, décimant le troupeau et créant la légende du même coup.

  • diary (45)

    [ 22 octobre 2008 / 22 novembre 2008 ]

    boulot boulot : zéro.

    attention  : 45

    je change 1  x de plus le template ici.

    je l’avais changé hier également.

    je suis folle.

  • diary (ré s olution)

    [ 22 octobre 2008 / 2 février 2009 ]

    demain, je travaille.

  • le corps, l’image et l’inhibition

    [ 24 octobre 2008 / 7 janvier 2009 ]
    affiche de Naked Lunch de Cronenbergje copie/colle:



    L’inhibition a un double versant : dépendante du corps, de ses fonctions et de son image, elle semble liée à l’imaginaire. En tant qu’elle indique une limite et un arrêt dans la symbolisation, elle touche au réel. Elle résonne donc avec tout ce qui chez le sujet ne peut trouver un appui dans la représentation. […] Elle est donc ce qui produit de nouvelles représentations à partir de l’imaginaire du corps. L’arrêt même du sujet, dans l’inhibition, lui sert à se « faufiler » sous forme d’image pour figurer, prendre place là où il ne devrait pas être parmi les signifiants.
    Dès le début des années soixante, Lacan situe l’inhibition et le désir à la même place.
    La Sagna P., Revue la cause freudienne n° 68,   « L’inhibition à savoir ».

  • il dit : la civilisation, c’est le déchet

    [ 26 octobre 2008 / 3 novembre 2008 ]

    drowning days (on se noie comment en anglais?)

    ces jours-ci, pour réfléchir, je dors.

  • jours de congé

    [ 3 novembre 2008 / 23 février 2010 ]

    revenons de chez mantegna, louvre; paris automnal ensoleillé, enfin, enfin. y sommes allés à deux. jules au centre de loisir.

    hier dimanche, vers le bois à trois, jules sur son petit vélo. allés jusqu’au ruisseau, petit crochet, passage sur le pont, retour par la plaine de reuilly. les cirques sont là, un spectacle va commencer. jules préfère jouer à mario (super mario).

    les évènements récents, dont la lecture de la Conversation de Milan dans l’avant-dernier numéro de la Cause freudienne, m’amènent à penser qu’il faut que je me dé-numérise, dé-digitalise, dé-virtualise (voir aussi l’extrait recopié ici du texte de La Sagna sur l’inhibition.)

    être debout

    un cours de danse? la danse me dé-virtualisera-t-elle? et enverrais-je cette lettre, la ré-écrirais-je encore? (celle qui écrit mon désespoir après la lecture de la CF. réécrite deux jours durant.  lue et expliquée ensuite à F; ramenée alors à  ces simples termes : les psychanalystes sont des êtres extraordinaires, la psychanalyse est seulement cela qui m’intéresse, et je suis beaucoup trop nulle que pour jamais devenir psychanalyste. (je dus renoncer à écrire, également, en raison des arguments de ces mêmes arguments.)).

  • tableaux

    [ 4 novembre 2008 / 16 septembre 2009 ]

    le christ mort - mantegna

    le christ mort - mantegna

    le christ mort et les anges - manet

    le christ mort et les anges - manet

  • plume, encre brune

    [ 5 novembre 2008 / 16 septembre 2009 ]
    Andrea Mantegna (Isola di Carturo, vers 1431 - Mantoue, 1506) -  La Pietà

    Andrea Mantegna (Isola di Carturo, vers 1431 - Mantoue, 1506) - La Pietà

  • définir l’image…

    [ 5 novembre 2008 / 1 février 2009 ]

    so, je continue de me
    parler à moi-même

    DEFINITIONS FONDAMENTALES

    IMAGE : Par opposition une image est quelque chose d’impalpable. C’est un signal détecté par l’oeil mais avec lequel on ne peut avoir de contact physique comme nous allons en voir des exemples ci-après.

    Les images se classent en deux catégories.

    • Les images réelles sont des images que l’on peut voir et recueillir réellement sur un écran.
      Ainsi une diapositive est un objet non lumineux par lui même. En l’éclairant fortement, il joue le rôle d’un objet lumineux dont on peut faire l’image sur un écran ou sur sa main mais sans ressentir un contact physique.
    • A l’inverse les images virtuelles sont des images perçues par l’oeil mais que l’on ne peut recueillir sur un écran.

    Les images télévisées sont des images reçues sur un écran donc des images réelles. Par contre le terme d’image photographique est à proscrire puisqu’elle est palpable. De même on ne doit pas parler d’album d’images à colorier mais de dessins à colorier.

    La langue française est assez riche : dessins, esquisses, lithographies, eaux-forte, portraits, tableaux etc… désignent des objets même s’ils représentent quelque chose.

    mais c’est trop compliqué.

  • l’image, définition

    [ 7 novembre 2008 / 9 mars 2016 ]

    Guy Mercier a publié un lien. 12:40

    L’image: définition
    Source: www.ac-orleans-tours.fr

    « L’image, du latin imago (représentation, portrait, fantôme, copie), est une catégorie de signes qu’on a coutume de distinguer des indices et des symboles. … La pensée rationnelle distingue donc les choses (le monde), des signes (indices, images, symboles) censés le désigner. La pensée magique, ou prélogique, au contraire, refuse d’opérer ces distinctions. Le magicien voit dans les images, ou les indices, des éléments constituants du référent. Certaines personnes pensent pouvoir soigner à distance en opérant à partir d’une représentation photographique. A la différence de cette magie métaphorique, une autre magie métonymique, celle-là, consiste à employer des fragments du monde, ongles, cheveux, vêtements, etc. »

    Mur Mur Mur à 14:00 6 novembre
    alors je me demande si je n’ai pas le plus souvent affaire plutôt aux signes (« indices, images, symboles ») qu’aux choses (« le monde »).  je ne suis même plus sûre que ce que je vois ne soit pas déjà une image – une représentation, un indice.quel accès, a-t-on, au « référent » – autre que partiel – au sens même où les pulsions sont partielles et se rapportent aux trous du corps qui / goût toucher odorat etc. et jusqu’à quel point « le référent » tel qu’il est entendu ici, là, n’offre d’autre accès que sa « représentation » – la « chose » ne tenant plus qu’à ce que la / les représentations, signes ne représente pas.’ai pas le plus souvent affaire plutôt aux signes (« indices, images, symboles ») qu’aux choses (« le monde »).

    Guy Mercier à 15:13 6 novembre
    la religion autrefois, le capitalisme désormais, tentent de nous séparer (cf. situationisme) du référent et, au delà, des uns des autres en imposant une médiation par les symboles et images. Je dis ils tentent mais ils y parviennent, en fait. Pour les combattre nous sommes condamnés (peut-être) à répondre par nos propres images, et à réinstituer la symbolique de notre propre histoire.

  • _(entré e de sec ours ))

    [ 7 novembre 2008 / 1 février 2009 ]

    je suis triste aujourjd’hui

  • je me définirais comme une ratée de la psychanalyse

    [ 12 novembre 2008 / 1 février 2009 ]

    12 nov.

    10:00. dix heures pile. follement triste.

    mercredi, dix heures, pile, follement.
    tout à l’heure c’est j.a.m., à 13h45, je crois.
    je n ‘écris plus pour personne, maintenant.
    j’ai du travail, je suis en retard. je ne m’en sors plus.
    sur une carte postale écrire : «je suis une ratée de la psychanalyse.» n’avoir personne à qui l’envoyer.

    11:31. vous voyez bien qu’à peu près tout fait mal.

    je n’ai pas d’expert-comptable, pas non plus de comptable, mais oui, il m’en faut, un. même si je ne gagne rien, et ne fais rien pour. et n’arrive à rien faire pour.

     

    13 nov.

    il pense qu’il faut se sacrifier pour ses enfants, moi pas. moi surtout pas.

    oui, mais, j’arrêtais de fumer. j’ai repris.
    non, le manque de nicotine n’est pas seul en cause, probablement, non. pour ce qui est des brusques sautes d’humeur. oui. certainement.

    (il n’y a plus moyen de rien faire avec wordpress, maintenant. parenthèse technique.)

    la lettre, les lettres, et la psychanalyse. ladite passion létale.
    les affinités de la lettre et de la psychanalyse. fatales affinités.

    14 nov.

    c’est très mystérieux. ce qui m’arrive.

    c’est bloqué – c’est dans la façon dont c’est bloqué que se situe le mystère.

    je lis quelqu’un de très bien en ce moment. un auteur dont j’ai oublié le nom. salmigondis. le titre. je crois. de Gilbert Sorrentino (un petit tour sur le net, et hop).

    Mot de l’éditeur sur « Salmigondis » de Gilbert Sorrentino

    Bien qu’un «mulligan stew» soit une sorte de ragoût irlandais composé de tout ce qui tombe sous la main du cuisinier, le roman de Gilbert Sorrentino n’est ni «aussi mystique que l’Irlande» ni «aussi frais que la brume maritime». Ce livre légendaire, publié en 1979, dans la lignée directe de Sterne, de Joyce, de Beckett, rassemble plus ou moins toutes les techniques littéraires pour les parodier. Pour reprendre les mots de l’auteur sur son livre: «Il s’agit d’un monde abstrait. Il ne reflète rien, n’imite rien, il n’est pas le miroir de la réalité. Il est, en termes de littérature, une réalité, et c’est tout. C’est un peu comme s’il se trouvait dans une boîte sans air dans une espèce de vide. J’espère que, dès que quelqu’un aura mis le pied dans le livre, il se trouvera dans un autre monde.»

    j’écris dans ce blog, aussi, très peu, en m’abstenant de publier.

    je teste cet outil qui permet de travailler offline. et surtout qui est moins tâtillon que ne l’est devenu wordpress, avec toutes les façons qu’il fait pour chipoter au code. c’est insupportable. il n’y a même plus moyen d’ajouter des espaces blancs. j’ai passé des heures et des heures à essayer de contourner, empêcher ses travaux de ré-écriture : rien n’y a fait. le hasard m’a conduite à tester cet outil : Zoundry Raven. et d’ailleurs aussi windows live writer.

  • ne pas lire

    [ 14 novembre 2008 / 1 février 2009 ]

    j’ai rêvé qu’un psychiatre me disait qu’il ne fallait surtout pas que je lise, que lire c’était mauvais pour moi.

    j’étais d’abord venue le consulter pour quelqu’un d’autre. mais je revins ensuite lui parler  de moi. après m’avoir écouté, édifié, il me dit :  « ah, mais ne faudrait-il pas que  vous preniez des médicaments?!» je lui répondis que j’en prenais déjà. « ah bon.» alors, il ne pouvait plus rien faire pour moi. sauf ce conseil : ne pas lire. faire des choses plus « actives ». j’étais plutôt d’accord.
    je le quittai, ma foi, résolue.

    le réveil a sonné.

  • quant à la correspondance

    [ 14 novembre 2008 / 21 novembre 2008 ]

    je peux hélas affirmer aujourd’hui que je n’ai, jusqu’à présent, cherché d’autre correspondant que celui qui pût m’offrir, en miroir une image – dont le corps fût de lettres.

    ce qui m’est apparu à la lecture du texte de la sagna sur l’inhibition publié dans la cause freudienne dont j’ai récemment repris ici un extrait.

    (ma jambe n’en devient pas belle pour autant.)

  • simply

    [ 14 novembre 2008 / 12 décembre 2008 ]

    Some write for fortune,
    Some write for fame,
    I simply write to sign my name.

    from « The Small Object »

  • Je veux dire à quel point tout ce dont on parle est irréductible à toute communication. Ce n’est pas grave.

    [ 17 novembre 2008 / 12 décembre 2008 ]

    Eh bien, je me dis, vous voyez bien, avoir une idée, ce n’est pas de l’ordre de la communication, en tout cas. Et c’est à ça que je voudrais en venir, parce que cela fait partie des questions qui m’ont été très gentiment posées. Je veux dire à quel point tout ce dont on parle est irréductible à toute communication. Ce n’est pas grave. Ca veut dire quoi ? Cela veut dire, il me semble que, en un premier sens, on pourrait dire que la communication, c’est la transmission et la propagation d’une information. Or une information, c’est quoi ? C’est pas très compliqué, tout le monde le sait : une information, c’est un ensemble de mots d’ordre. Quand on vous informe, on vous dit ce que vous êtes sensés devoir croire. En d’autres termes : informer c’est faire circuler un mot d’ordre.
    Gilles Deleuze, « Qu’est-ce qu’un acte de création ? »

  • l’art constipé (et le sens n’est pas ce qui donne du sens à la vie)

    [ 18 novembre 2008 / 12 octobre 2009 ]

    ( infinitisation des processus)
    j’avais récemment, ce qui ne m’arrive JAMAIS, faute de savoir de quel nom signer, fait un commentaire, et même deux,  à un article d’un certain André Rouillé, sur ParisArt, intitulé « Refonder l’art: des choses au processus ». le premier, par fatigue, je le résumai d’une courte phrase :  » vous confondez l’art et la constipation ». le second, écrit dans l’étonnement que le premier ait été publié, fut plus étoffé  :

    ( objet ≠ marchandise)
    A partir de quel moment une chose devient-elle une marchandise ?
    ( dans la mesure où cet article proposait à l’art de sortir de  la marchandisation en ne produisant plus d’objet,  en s’en tenant aux seuls processus)
    ( la chose freudienne)
    — Pensez-vous vraiment qu’il faille qu’une chose soit matérielle pour qu’elle en soit une ? N’est-ce pas précisément LA chose (freudienne, pulsionnelle) qui est à l’œuvre dans ce que vous indiquez devant faire le futur terrain de l’art ? la pulsion sans tête sans rime ni raison ou plutôt avec rime mais sans raison, la pulsion qui s’arrange de n’importe quel objet et si bien consonne avec la pulsion consommatrice sans loi – mais avec foi
    ( de la représentation à la présentation)
    La représentation: il y a bien longtemps que l’art a quitté le terrain de la re-présentation. De Duve écrit là-dessus de fort belles choses. est passé de la représentation à la présentation ( de l’objet).
    ( le diable, la cause)
    — Ne simplifions pas. Que diable, l’objet n’est pas le diable. La chose, la cause.
    10 nov. 2008

    ( éthique de la séparation)
    si je reprends ceci ici, c’est pour être retombée sur un vieux billet, de 2006, à propos de ce même sujet, qui m’a beaucoup obsédé en son temps et  auquel j’avais beaucoup réfléchi dans to be or ( mon premier blog). dans ce texte j’ajoutais l’idée que la séparation d’avec l’objet est une question éthique. j’écrivais : « ( d’éthique: d’un rendre compte de l’objet, sans se confondre avec lui, en s’en séparant« . je partais alors certainement de mon expérience de la psychanalyse, la notion de « séparation » chez lacan, ainsi que de ma lecture du texte de de Duve ( dans Voici – catalogue de l’exposition du même nom qui eut lieu à bruxelles).

    entre-temps, mes obsessions se sont déplacées, celles-là se sont apaisées, même si je ne me suis pas encore vraiment formulé l’idée qui aura permis cette rémission.

    … tout dernier enseignement de Lacan, met en cause l’interprétation de la psychanalyse comme expérience de vérité et semble introduire la psychanalyse comme expérience de satisfaction. La satisfaction n’apparaît pas, n’apparaît plus comme un obstacle à la découverte de la vérité. En particulier, la satisfaction du symptôme n’apparaît plus comme un obstacle à la découverte de la vérité. Mais c’est la satisfaction elle-même qui apparaît comme une fin.
    Jacques-Alain Miller

    ( d’une possible réconciliation)je ne suis moi-même, toujours pas sortie du processus. il est certain que je suis la première constipée. or, et, la tentation est telle, de rester dans le processus, de ne pas lâcher l’objet, que j’ai fini par m’apaiser me disant qu’il y avait lieu également de se réconcilier, tant que faire se peut, avec la jouissance, pulsionnelle. et de continuer à tâcher de faire du symptôme, une force. de croire cela possible. et d’admettre que le symptôme en sache plus que moi.

    ( se faire l’objet)
    il n’y a pas d’arrangement entre le désir et la jouissance. ou au contraire, il n’y a que des arrangements. se confondre avec l’objet, c’est une jouissance aussi, la pire, parfois. l’analyste, par contre, lui, va se situer volontairement à la place cette place d’objet, à la place du déchet. c’est depuis cet endroit que s’éprouve le désir de l’analyste. mais c’est une parenthèse. une parenthèse peut-être d’importance, parce que les analystes nous apprennent beaucoup, et sont probablement les seuls à le faire, sur le comment y faire avec le désir, la jouissance, le réel.

    ailleurs, encore sur le net, j’ai posé la question suivante : s’il n’y a pas la vérité, où est-ce que pourtant la chose connaît cette grâce d’être univoque. mal dit. si tout est insensé, écrivais-je, si rien n’a de sens, comment se fait-il, qu’il y en ait une pourtant, de chose, c’est un acte de foi, là, de ma part, qui y en ait un, de sens, de n’en n’avoir suprêmement aucun. non. ce n’est pas encore comme ça qu’il faut poser la question.

    ( une certitude soupçonnée)
    j’écrivais :  » – et le seul endroit où il y a du sens c’est encore du non-sens – mais là : c’est bien. » en quoi consiste ce « bien » dont je parle là – je ne sais pas. le non-sens est peut-être partout dans la mesure où tout, n’importe quoi,  peut à un moment donné être manipulé dans des discours, et prendre tantôt telle ou telle valeur – on se situe là à un niveau symbolique, et cette chose que je veux pointer, eh bien, ce serait celle qui d’aucun discours ne s’arrange. le hic. celle qu’aucun discours ne peut d’aucune façon inclure. du bavardage, encore, et je m’en excuse.

    ( notre temps)
    il y a quelque chose dans notre époque qui porte à la constipation, à l’obsessionnalisation;1 cela m’est apparu très clairement, à l’époque, à la lecture de je ne sais plus quel séminaire de lacan où il dresse le graphe du discours de l’obsessionnel. si l’on s’en tient à ce graphe, et d’ailleurs simplement au graphe du désir,  la chose est claire  S de grand A barré n’est pas supporté, est esquivé. le manque dans l’Autre, dans le signifiant, est constamment nié. c’est quoi ce manque dans l’Autre ?

    ( ce que je sais / quelle autre façon pour le savoir?)
    je vais vous le dire : moi je le sais. à force de m’y cogner, je le sais. et ce sera tout pour aujourd’hui.

    Opérer ce léger déplacement.
    Ne plus craindre son temps.
    « Ne pas craindre soin temps est une question d’espace ».
    Dans le squatt. Dans l’orgie. Dans l’émeute. Dans le train ou le village occupé.
    A la recherche, au milieu d’inconnus, d’une free party introuvable. Je fais l’expérience de ce léger déplacement. L’expérience
    de ma désubjectivation. Je deviens
    une singularité quelconque. Un jeu s’insinue entre ma présence et tout l’appareil de qualités qui me sont ordinairement attachées.
    Dans les yeux d’un être qui, présent, veut m’estimer pour ce que je suis, je savoure la déception, sa déception de me voir devenu si commun, si parfaitement
    accessible. Dans les gestes d’un autre, c’est une inattendue complicité.
    Tout ce qui m’isole comme sujet, comme corps doté d’une configuration publique
    d’attributs, je le sens fondre. Les corps s’effrangent à leur limite. A leur limite,
    s’indistinguent. Quartier suivant quartier, le quelconque ruine l’équivalence. Et je parviens à une nudité nouvelle,
    à une nudité impropre, comme vêtue d’amour.
    S’évade-t-on jamais seul de la prison du Moi ?

    Tiqqun

    Notes:
    1.   à propos de l’obsessionnel et l’équivalence des valeurs, voir également : https://disparates.org/format-standard/2006-12-21/nevrose-obsessionnelle-equivalence-valeur/ []
  • une autre page: after

    [ 18 novembre 2008 / 2 février 2009 ]

    Après, je sortais tous les jours plusieurs fois par jour, je faisais semblant d’être moi mais je n’étais plus une personne déterminée avec un passé connu, j’étais quelqu’un d’autre, je ne savais pas encore qui, donc je faisais semblant, je faisais exactement comme il fallait faire dans mon souvenir, souvenir lointain de la vie et des autres, je recopiais des lignes entières qui ont été écrites dans l’instant, je voulais laisser une trace de tous ces moments impossibles qui avaient fini par arriver, pour lui raconter à elle, c’était moi, encore, à l’époque, la fille qui raconte, j’avais passé des mois à raconter des trucs, et d’autres m’en avaient raconté à moi aussi, toutes ces histoires d’accouchement, on avait bien ri et pleuré en racontant les accouchements, maintenant c’était mon tour, je notais des trucs pour voir, pour préparer le récit de l’histoire, mais c’était,
    une autre page: after

  • ensemble adorant ce corps, en tiers, ce corps de moi

    [ 20 novembre 2008 / 16 septembre 2009 ]

    je me relis, estomaquée je me réponds : ah ça ma chère, bête tu l’es. c’est sûr que tu, même que c’est pas
    croyable. comment que t’aurais voulu faire l’am çomme ca ? comment c’est que tu crois qu’ça
    marche ?

    « en a-do-ra-tion d’ELLE » ? mais de quelle elle croisses-tu qu’il
    s’age?  ce-corps ≡ corps-de-femme ≡ madone ≡ madame K –> n’apercevois-je là aucune elle faisante l’amour  ? ca çertes non.  >spèce:d’HYST.ERIQUE< .

    Bien vu « Aimer, disait Lacan, c’est donner ce qu’on n’a pas. ». […] c’est donner quelque chose que l’on ne possède pas, qui va au-delà de soi-même. Pour ça, il faut assurer son manque, sa « castration », comme disait Freud. Et cela, c’est essentiellement féminin. On n’aime vraiment qu’à partir d’une position féminine. Aimer féminise.!

    suis-je. un homme? c’est le problème, de l’hystérique, hein, qu’elle fait l’homme….

    shame . shame . shame on me .

  • écrits d’eau, les chiens lancés, h&m

    [ 20 novembre 2008 / 13 octobre 2009 ]

    – il y avait des voix dans l’eau de mon bain et sur mes lèvres maintenant une touche de rouge à lèvres. analysez. (regarde-la écrit-elle jouir. s’invente-elle jouir. regarde-la s’aimer. s’invente. s’envoie
    un baiser.  et puis, cette proximité jouée de la folie, joyée, alors qu’il s’agit probablement d’une histoire de conduction, de l’eau. de l’eau conductrice. et qu’elle le sait bien. )

    les chiens les gendarmes lancèrent leurs chiens dans la classe.

    – pour jules, allons acheter de nouveaux pantalons dont j’espère qu’il ne les perdra plus. chez h&m. (politiquement incorrect). c’est le magasin le plus proche, le moins cher, le mieux achalandé.

    s’organiser

  • le livre sur « rien »

    [ 22 novembre 2008 / 14 janvier 2009 ]

    je me doute bien que je suis plutôt du côté du vide (plein) que du rien, comme le dit (si bien) éric chevillard.1 tant pis. même si ça me donne un peu la honte. j’essaierai tout de même de lire ce livre de pierre senges dont il parle… il est vrai aussi qu’il doit avoir raison quand il dit qu’ils sont peu nombreux ceux qui s’intéressent à la littérature.2

    LIENS :

    Notes:
    1. « De Beigbeder à Angot, le « rien » est omniprésent. Alors que chez vous je trouve énormément de vie, de matière littéraire. C’est le style qui différencie le « livre sur rien » du livre vide ?
      Je le crois. Un livre vide est affreusement plein : de vent (l’air du temps), de considérations vaines, de bavardages complaisants et oiseux, de détails sans intérêt, et surtout de mots dont aucun n’est pertinent. Livres vides, c’est-à-dire surchargés tout comme le sont les croûtes en peinture. Aucun rapport, donc, avec le livre sur rien qui est le ciel enclos, la chair faite verbe. Le livre sur rien, ce serait le grand déménagement du monde hors de ses greniers et de ses caves. Sur le trottoir, les encombrants, tout ce qui pèse et depuis toujours nous plombe, on s’en va, on laisse tout, on existera dans la langue, dans le livre sur rien, fait de mots justes et si bien articulés que rien précisément dans les phrases qui le constituent ne grippe ni ne grince. On approchait ce bonheur dans l’eau, dans l’air, dans la musique, mais ce n’était pas ça encore, trop de limbes, tandis que livre sur rien réjouit l’intelligence, elle se trouve là enfin dans son élément… »
      []
    2. La littérature ne concerne de toute façon vraiment qu’un très petit nombre de gens, parmi lesquels une bonne moitié de simulateurs. N’oublions jamais que presque tout le monde vit sans littérature et s’en passe aussi aisément que d’une cornemuse ou d’un hibou dans le grenier. []
  • défense

    [ 23 novembre 2008 ]

    « Il exprime tout ce qu’il pense, et jamais ce qu’il sent ». Cette remarque qui concerne aussi bien la vie du sujet que le déroulement de la cure démontre la valeur de défense des symptômes obsessionnels : il s’agit de pensées faites pour se défendre de ce que l’on pourrait sentir.

    […]

    La défense fonctionne à la fois par rétention et par contrainte. On saisit là l’importance du rapport au surmoi dans la névrose obsessionnelle. La pulsion et le surmoi sont deux concepts clés de la névrose obsessionnelle. Mais il y a des échecs de la pensée qui se marquent par le retour du refoulé, ainsi : ce bout de réel de la toux qui vient par le corps. La défense échoue nécessairement, car tout ne peut être traité par la pensée, tout n’est pas maîtrisable.

    […]

    Ceci nous donne une indication quant à la voie à suivre dans la cure pour que le sujet s’approprie sa vérité : il ne s’agit pas de rester obnubilé par les remparts qu’il dresse. A propos du sujet obsessionnel, Lacan parle de fortifications à la Vauban. Le sujet se remparde, se pétrifie ; sa stratégie de défense c’est de ne pas être là où l’Autre l’attend. Les demandes de l’Autre sont vécues comme autant de menaces devant lesquelles le sujet fait le mort pour préserver son avoir, pour ne pas risquer sa puissance en l’exposant. Dans le Séminaire V, Lacan dit que la névrose obsessionnelle est une place forte du désir. On s’y défend contre la menace imaginaire de l’autre, et on s’ennuie.

    « Une pensée dont l’âme s’embarrasse », Conférence de Philippe de Georges, 25 janvier 2007

  • venez et voyez-en tous

    [ 25 novembre 2008 / 28 novembre 2008 ]

    ceci est mon corps livré pour vous et pour la multitude. vous reverrez cela, en mémoire de moi.

    amen (c’est nouveau tout chaud tout beau / blink, blink, blink)

    (hm, il faudrait que ça reste comme ça, hm, voir même que ça se réduise, régime, élimination – je parle du corps, lié juste au dessus)

  • ça navigue

    [ 26 novembre 2008 / 1 février 2009 ]

    bonjour,

    avi s – j’ai réparé le fil RSS, je crois.

    j’ai mis un [asc] [desc] [MOD], là au-dessus. asc, c’est l’inhabituel sens des blogs; desc, c’est l’habituel (du plus neuf au plus vieux); MOD, c’est mon mod, à moi, l’ordre chronologique inversé des billets modifiés – du plus récemment modifié au moins récemment modifié.

    j’ai également fait hier une très belle nouvelle page d’archives, dont je suis très contente.

    (et zut, la version 2.6.5 de wordpress est sortie. fatigue.)

    bien à vous,

  • en mais, faits

    [ 27 novembre 2008 / 12 décembre 2008 ]
    mai 2008 sur l'heure de nulle part, à la date du 28 novembre 2008

    j’ai revu le mois de mai, 2008, il est là : https://www.disparates.org/delta/2008/05/

    j’en ai changé la mise en page également (tant qu’à faire). drôle de bouche boucle. d’1 titre à l’autre. une catastrophe. un enfant à venir. le fantôme de l’amour. annie ernaux, les années. xanax. et rendez-vous repris.

    mais que faire, de tout ça, qu’en penser ?

  • 1027

    [ 28 novembre 2008 / 1 décembre 2008 ]

    dès que je lève la tête de mon ordinateur, dès que je sors de ce blog : le désordre du monde m’apparaît.

    il est temps que je m’en occuppe.

  • 1032_ narcissismes

    [ 28 novembre 2008 / 2 février 2009 ]

    narcissisme de la petite différence vs narcissisme de la grande ressemblance

  • 1034

    [ 28 novembre 2008 / 1 décembre 2008 ]

    mis mes yeux bleus, mes jambes blanches

  • se lire et se relire

    [ 29 novembre 2008 / 8 septembre 2009 ]

    se relire c’est bien je trouve.

    au fond ce que je devrais faire, c’est programmer la publication de mes billets UN MOIS après que je les ai écrits. un mois ou deux.

    un an, vous dites?

    pf

  • mon nom

    [ 30 novembre 2008 / 1 décembre 2008 ]

    je deviendrais véronique müller.

  • « du nom à la nomination »

    [ 1 décembre 2008 / 1 février 2009 ]

    Le nom dont il s’agit dans le propos de Lacan, c’est le nom propre, celui qu’il tient de l’Autre, celui qu’il a dans l’Autre. C’est le nom qui lui est conféré dans l’Autre par le Nom-du-Père. C’est le nom comme donné et comme reçu. C’est un nom qui a été donné au sujet, qui le précède. Il s’agit alors, dans cette perspective, de le révéler dans l’analyse. Il s’agit de savoir comment le sujet a entendu dans lalangue le nom qui lui a été donné dans la langue de l’Autre. La particularité de ce nom, de cet entendu, de ce malentendu est de se corréler à un plus-de-jouir qui témoigne du registre dans lequel le sujet jouit de lalangue. Son nom se corrèle à l’objet a dans ses incarnations diverses et, selon la clinique du cas, toujours en quelque façon composé. Ce qui s’écrit S1-a. La coalescence du signifiant et de la jouissance a son lieu électif dans le nom propre. C’est ce dont la clinique analytique témoigne à l’envi. Que ce nom soit celui de l’état civil ou son nom dans sa famille, un surnom, un diminutif, un sobriquet, parfois la façon dont le sujet s’est lui-même nommé quand il a commencé à parler, ce nom imprime une marque indélébile, d’être une marque de jouissance.

    […]

    Dans cette perspective, la fin de l’analyse est une nomination, à partir du symptôme, en dérivation du symptôme, et en même temps en rupture avec le symptôme. C’est bien un acte, une rupture d’avec l’Autre. C’est l’invention, par le parlêtre, du sinthome comme nom propre.

    Du Nom à la nomination, Jean-François Cottes, Lettre mensuelle n° 253, décembre 2006

  • Pause (annonce)

    [ 2 décembre 2008 / 4 décembre 2008 ]

    – pause-money.

  • Pause

    [ 3 décembre 2008 / 12 décembre 2008 ]

    )et je compte)

    (mercredi 3 décembre: 1 heure d’ici, 1 heure de rien, de liens, (=surf).  le chant du coq, 1  fois déjà, et puis bientôt. voilà, c’est là, il est là, son cri stupide, je file d’ici. il ne chantera pas 3 x.  » Je meurs d’envie
    De sauter la haie
    De te prouver par a plus b
    Que la flemme d’un énergumène
    N’est qu’un dédale de simagrées
     »
    après, c’est encore boulot boulot:

    (“Tout problème en un certain sens en est un d’emploi du temps.”
    G. Bataille, Méthode de méditation (1947))

  • pause (abusée)

    [ 4 décembre 2008 / 12 décembre 2008 ]

    via player_pianoblog

  • Pause (mais en guise de réponse, tentative

    [ 5 décembre 2008 / 9 mars 2016 ]

    que le futur nous détermine dans le mesure où on ne peut rien en savoir – ce qu’il comporte de réel (trou dans le savoir) (un impossible formé seulement de possibles – le possible c’est une difficulté pour moi aussi (ils sont toujours nombreux et impliquent un choix et le choix est comme un sacrifice – j’ai l’impression de parler avec dans  la voie voix de mon adolescence… caramba, les possibles m’ont tuée)

    me suis seulement fait essentiellement fait la réflexion que j’étais toujours tournée vers le passé / coupée apeurée du futur

    alors que le futur comporte la « possibilité de la contingence » du hasard – lui / au-delà de mes propres nécessités (de mes lois liées au passé), et donc susceptible de les délier

    (même si récemment, miller disait que non,1 )

    peut-être bien que le projet s’accorde avec le désir

    et qu’il s’agit de tourner l’impuissance le sentiment d’impuissance, en reconnaissance/admission de l’impossible

    mais le projet s’est aussi  trop souvent lourdement accordé avec l’idéal, et la face surmoïque de l’idéal est paralysante

    arrivant en analyse j’ai cru, je croyais, qu’il n’y avait pas de hasard, c’était ma lecture alors de l »a « la lettre volée »)

    or,

    jamais un coup de dés n’abolira…

    ce qui m’apparaît à l’instant même

    bon, je dois retourner travailler là-bas, http://musicalpainting.com/ mais ça je traîne ça je traîne ça je traîne.

    Notes:
    1.   “le sujet heureux puisqu’il ne peut rien devoir ne peut rien devoir qu’à l’heur”  → ne peut rien devoir qu’à la fortune → la contingence / soit ce qui arrive et qui n’était pas écrit

      “tout heur lui est bon pour ce qui le maintient, soit pour qu’il se répète” → de l’ordre de ce qui ne cesse pas d’écrire.

      ce qui n’est pas écrit et qui arrive, la contingence, l’heur SERT la répétition

      PP (principe de plaisir) et PR (principe de réalité) fonctionnent ensemble

      PR dominé par PP

      voir https://www.disparates.org/delta/2008/10/notes-prises-au-dernier-cours-de-miller-11-juin-08/

      []

  • pst

    [ 5 décembre 2008 ]

    vous-ai dit que j’étais, sortie? non?
    c’est normal, puisque je ne sors jamais.

  • alala (vraiment bien : lien

    [ 7 décembre 2008 ]

    http://desordonnee.blogspirit.com/selfsephfoutage_de_gueule/

  • [ 8 décembre 2008 / 16 décembre 2008 ]

    par trop tout.

    par trop tout.

  • sans titre (l’amour)

    [ 9 décembre 2008 / 1 février 2009 ]

    pict353911

    qu’ai-je à donner – me reste-t-il – si je n’ai rien
    /

    /

    et  à l’enfant aurons-nous donné autre chose que
    de l’argent à nous demander / ce
    monde dans lequel nous vivons / ce
    ce monde ce monde
    dans lequel nous

    L’enfant est sur mes genoux, je lui lis une histoire. L’homme rentre dans la pièce. Il me dit que nous n’avons plus d’argent. Je demande à l’enfant de nous laisser. L’homme parle. Je réfléchis. Je dis “j’ai trouvé 2 x 500 euros (l’analyste, la femme de ménage, référence à un budget annuel).”

    Assis maintenant à l’ordinateur, l’enfant, de trois ans et demi bientôt quatre,  fait mine de dresser, tapant sur le clavier au hasard, une liste de personnes à qui, dit-il, il faut offrir des cadeaux.

  • le souvenir

    [ 11 décembre 2008 / 14 janvier 2009 ]

    le souvenir, rien, revenir, rêve à venir

    pâlis pour un éclair

    ma chérie mélancolie

    parfois dense pâte à cartons, joie des tout-petits, leur sel perdu

    jusqu’à trêve gris-souris

  • que faire ? dis-tu

    [ 13 décembre 2008 / 21 janvier 2009 ]

    long feu, pas long feu?

    Baise m’encor, rebaise moy et baise
    Donne m’en un de tes plus savoureus,
    Donne m’en un de tes plus amoureus :
    Je t’en rendray quatre plus chaus que braise

    Las, te plains-tu ? ça que ce doux mal j’apaise,
    En t’en donnant dix autres doucereus.
    Ainsi meslans nos baisers tant heureus
    Jouissons nous l’un de l’autre à notre aise.

    Lors double vie à chacun en suivra.
    Chacun en soy et son ami vivra.
    Permets m’Amour penser quelque folie :

    Tousjours suis mal, vivant discrettement
    Et ne me puis donner contentement,
    Si hors de moy ne fay quelque saillie.

    Louise Labé  (via folie minuscule)

    mon sens de l’hygiène n’est pas des plus développés . je suis SERTE d’1 autre époque .   où les enfants prenaient leur bain les uns après les autres dans la même eau le çamedi

    ( tellement nombreuses sont les choses qu’à leurs enfants les parents n’ont
    pas besoin d’apprendre – le monde s’y suffit
    qui  leur chuchote
    des ordres où ils deviennent
    seuls.

    (mon petit frère jean pierre ne saurait commencer sa journée sans
    avoir pris une sa douche. ma belle-fille, avec qui quelques temps je vécus, non plus. ni anne d’ailleurs que d’antant j’aimais qui  m’aimait, ni que doncques annick qu’égâlement j’aimai, mais d’ostre façon, qui m’aimait (pas mal non plus). de mon côté j’eus beau faire je ne sus
    faire
    qu’elle me devinrent naturelles
    ni l’hygiène ni       tant qu’à faire la gymnastique ( quant aux dents : si , elles le sont brossées à tout bout
    d’champ – par moi mais cela va sans et c’est une autre hist.

    je ne m’évanouis plus qu’à tour de bras. sont-ce des meubles que je construis. je les lustre. la mer revient, mes cheveux sèchent

    ( me revient à la mémoire que mon père se
    la vait les che veux au
    savon de marseille. m’avait-il simplement dit, un jour, comme on dit. à ses oreilles mon rire sonna-t-il cruellement.

    – fautes de grammaire d’orthographe, mais moi c’est un sourire que je t’envoie.

  • la vérité du jour

    [ 13 décembre 2008 / 16 septembre 2009 ]

    les enfants coûtent cher en piles.

  • du jour

    [ 14 décembre 2008 / 16 janvier 2009 ]

    ji m’écrit :

    quand j’ai tant de choses déjà
    dont je ne sais que faire,
    qui s’accumulent, qui s’entassent à plein-bord
    impossible pour moi d’archiver, impossible de me retrouver la pelote,
    impossible aussi de jeter
    dire les jours,
    au jour le jour est-ce pour faire preuve ?
    preuve de soi à soi, si besoin est
    ou bien trace ?

    quand je ne sais plus moi
    comment
    sortir de ce blog

  • du jour (draft)

    [ 16 décembre 2008 / 16 janvier 2009 ]
    triste depuis le réveil, une de ces tristesses




    avec la mort tout près, d’où ça vient?

    il fait très froid. je veux arrêter d’écrire ici. voilà avec quoi je me réveille. il faut que j’arrête d’écrire ma vie. de vouloir écrire ma vie. il faut que la voix dans ma voix tête e taise.

    ji m’envoie une photo de la crue, chez eux. je lis  un livre. un livre qui me vieillit, je m’en rends compte. alors, j’ai décidé de nettoyer aujourd’hui.
    aptcrue elle m’écrit: tu sais , je ne crois pas qu’on puisse sortir des choses,
    ce sont les choses qui sortent de nous
    elles nous quittent sans vergogne
    parfois très lentement et parfois d’un seul coup
    elles partent de nous, nous laissant les mains vides
    un trou
    on passe sa vie à boucher les trous
    je n’arriverai pas à travailler. je suis très coulante avec moi, trop.
    je ne veux pas me plaindre. j’ai l’impression que cette tristesse n’est pas de moi. cette tristesse pourrait par exemple être due au fait que j’arrête de fumer. dans le livre que je lis, l’héroïne, au début du livre, reste tous  les soirs dans sa salle de bain pendant 3 heures au moins.
    je lisais roland barthes, hier aussi. sur flaubert. et j’ai acheté des cadeaux, plein de cadeaux. des vrais puisque ce sont autant de choses, de livres, que je préfèrerais garder pour moi. des livres sur la langue.
    tu sais , je ne crois pas qu’on puisse sortir des choses,
    ce sont les choses qui sortent de nous
    elles nous quittent sans vergogne
    parfois très lentement et parfois d’un seul coup
    elles partent de nous, nous laissant les mains vides
    un trou
    on passe sa vie à boucher les trous
    img_00041
  • non, c’est incohérent

    [ 22 décembre 2008 / 16 septembre 2009 ]

    snv80162
    snv80169snv80170snv80171snv801761snv80180snv80168snv80179
    snv80167

    monday morning,

    je lis un article sur walter benjamin dont je ne sais rien, retenu seulement qu’il a vécu les 2 guerres. au lendemain de la première, écrit sur la pauvreté des choses qui m’intriguent. sur la pauvreté, la technicité, l’évanouissement du savoir.

    j’avais eu l’idée d’écrire une lettre. en ces fins d’année, un bilan. plutôt vais-je me faire rattraper par le ménage à faire. mes ongles vernis courent sur le clavier. dans 2 jours, c’est noël. mon fils, tu auras eu une mère que vivre dérangeait. mon fils, tu auras eu une mère qui souvent aura évoqué l’idée d’un suicide familial. toi, ton père et moi. mais ton père, dois-je le dire? mon fils, ton père n’était pas d’accord. mon fils, je te le dis : je ne sais pas pourquoi je suis comme ça, et ça m’embête. ça m’embête d’éventuellement te refiler ça. ma trop grande passion de la mort – ces mots ne sont pas du tout les bons. tandis que tu tonds le gazon en courant dans tous les sens dans l’appartement. je pense que les psychanalystes disent plutôt « pulsion de mort ». j’ai ça fort, chaton. ce n’est peut-être qu’une idée, mais si tu n’avais pas été, je crois que. c’est bien de te le dire. je crois que c’est mieux. c’est une sorte de détail dont tu n’auras ouï dire qu’au travers de ce qui se communique inconsciemment, et alors ça aurait pu être dramatique, mais, un détail que j’ai noté, qui ressortit de la masse, de l’incroyable incohérence et diversité du monde. je me suis souvent réjouie de la diversité, mais ce matin, je m’en sens fatiguée it does not make sense. vraiment, ça me fatigue.

    je suis du côté de la perte – je ne m’en vante pas, ce n’est pas de la poésie – de la perte de savoir, de la perte du savoir, ça n’est pas un plus mauvais côté qu’un autre, mais.

    or j’y tiens au savoir, mais lui ne tient pas,  à moi. je n’ai pas su si c’était névrotique (hystérique) ou si c’était, comment dirais-je « congénital », non, « physique », non… au fond est-ce que ça change quelque chose?

    à quoi d’autre tenir qu’au savoir ? il n’est rien d’autre à quoi tenir. à quoi s’accrocher. et aux petites choses de la vie quotidienne. elles vous récupèrent. enfin, le savoir a toutes les apparences d’être ce à quoi on peut tenir ; je ne tiens à rien. à toi, à frédéric – qui by the way aura frisé la maladie mortelle, ce week-end. (il y avait la maladie mortelle, lui l’a frisée.)

    toi, tu tiens sans savoir, c’est ce qu’essaye de dire benjamin, walter benjamin. tu es le barbare de benjamin. mais c’est faux. ou c’est incomplet. mais tu es certainement encore dans l’avant quelque chose, d’autre.

    tu me demandes d’aller au square, je te l’ai promis hier, allons-y, alonzo.

    tu ne vois pas ce que j’entends par « savoir », tu verras petit à petit, tu verrras,

    nous voilà revenus du square. tu écoutes star wars. je range quelques bibelots.

    « Il lui est étranger que la caserne à louer, aussi terrible soit-elle comme logement, a créé des rues dans les fenêtres desquelles s’est reflété comme nulle part ailleurs, non seulement la souffrance et le crime mais aussi le soleil du matin et du soir dans une triste grandeur, et que l’enfance du citadin a de tout temps tiré de la cage d’escalier et de l’asphalte des substances aussi indesctructibles que le petit paysan de l’étable et des champs« .1

    (non que j’aime cette « triste grandeur », l’expression, mais. il y a quelque chose, et ces escaliers :

    de la cage d’escalier de l’asphalte des substances indesctructibles )

    « Comment considérer la pauvreté autrement que sous le seul aspect du manque et de ses tristes corollaires, la nécessité soit de le combler, soit de le supporter ? Or, on l’a vu, pour répondre à cette question, il ne suffit pas de « prendre le parti » du pauvre. Il faut bien plutôt rejoinde la pauvreté qui conditionne déjà nos existences et montrer en quoi celle-ci peut être une ressource : un moyen de connaissance, un effort, dont les aspirations et la diversité sont irréductibles à l’aliénation d’une vie soumise à l’économie. »2

    Frankenstein Studiolo
    Notes:
    1. revue lignes n° 11, p. 118, article de antonia birnbaum, « faire avec peu », les moyens pauvres de la technique. []
    2. Ibid. p. 119. []
  • nouveau commandement

    [ 24 décembre 2008 / 20 juillet 2010 ]

    tes vêtements tu aimeras comme toi-même ( comme si
    aimer ça se
    faisait tout d’une pièce)

  • qu’on dise (les opinions des gens)

    [ 26 décembre 2008 / 12 janvier 2009 ]

    _

    les opinions des gens. n’ont pas d’importance. c’est ailleurs que ça se joue, ce qui compte. ont pour moi de moins en moins d’importance. je constate. avant. je pensais que c’était ce qu’il y avait de plus important. avant. une opinion contraire à la mienne exprimée aurait pu me rendre folle. me rendait folle. c’est-à-dire vraiment folle. immensément souffrante, y compris le corps, n’est-ce pas. le fait est que je cherche où commence l’importance de l’opinion. l’opinion, l’avis qu’on a d’une chose, ce qu’on en dit.

    « Qu’on dise reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend » – la citation est-elle exacte? oui.

    c’est la réponse.

    _

  • d’un sentiment de verdure aggravée

    [ 28 décembre 2008 / 27 janvier 2009 ]

    25 déc. 2008, citation  ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien,
    un livre sans attache extérieure,
    qui se tiendrait de lui-même par la forme interne du style,
    comme la terre sans être soutenue se tient en l’air,
    un livre qui n’aurait presque  pas de sujet,
    ou du moins où le sujet serait presque invisible,
    si cela se peut;
    les œuvres les plus belles  sont celles où il y a le moins de matière;
    plus l’expression se rapproche de la pensée,
    plus le mot colle dessus
    et disparaît,
    plus c’est beau.

    Flaubert, 1874, Correspondance

    /

    26 déc., blog : arrêter. de toutes parts. arrêter;

    /

    27.
    semblant de révélation :
    je suis une femme exactement où je refuse de l’être.
    je médite, je rajoute :
    et en plein d’autres endroits.

    /

    28. paris : moins 1 degré.
    de bruxelles, ma mère m’écrit : enfin, un véritable hiver.

    – jusqu’au mot disparu –

    alors que je ne voudrais rien d’autre que/ lancer des ballons multicolores / mouah qui suis
    fille de l’

    – ici

    – l’espace

    – des ballons

    air / le crois-tu? oui / oui? non / ah les si sévères juges, les serpents sifflants sur, viens
    petite, vaincre

    je pars vers la chambre, nul besoin de semer derrière moi de petits cailloux. je pars disais-je vers
    la chambre / et les livres. nul besoin
    de semer derrière moi
    les petits cailloux / nul père nulle mère – forêt consentie, voulue

    – ici

    – l’espace

    – de la chambre et des livres

    je t’appelle et tu viens. elle l’appelle, se lève, l’appelle, bout des lè
    vres, il sourit, vient.

    – l’espace yeux clos

    – temps

    le mot, son être, et les autres. mots. leurs lettres. les lettres. un arbre. des arbres. des branches.  nues. nues nues et je pense au hibou virgule et je pense au hibou dans le trou de l’arbre. noir et blanc. crochet et demi-lune.
    et puis, un instant les fesses dans l’herbe. à l’une à l’autre: dire oui, à l’entre: encore. herbe, je répète. humidités ensolmeillées; surprise seul l’enclos de ma bouche reste sec, tienne fraîche.

    retour rapide dans la chaleur de l’hiver sous la couette.
    quelques instants téton du sein gauche serré entre les doigts de frédéric. les yeux fermés d’1 femme de l

    //

    moins deux degrés à paris, mon amour. ce sera se moquer du monde
    non?