sur Jacob // sur l’air de Cachez ce Jacques…


Le cycle de Jacob se trouve, en gros, en Gn 25-40. Le nom « Jacob », en hébreu Ya’aqob, viendrait des anciennes langues mésopotamiennes qui sont de la même famille que l’hébreu, et signifierait « Que Dieu protège » (on reconnaît l’élément Ya qui renvoie au nom de Dieu). Le nom a été repris en grec et en latin, Jacobus, pour donner en français Jacques.


Le combat avec l’ange

Il resta seul, et quelqu’un lutta avec lui jusqu’à l’aurore.

Quand l’adversaire  vit qu’il ne pouvait pas vaincre Jacob dans cette lutte, il le frappa à l’articulation de la hanche, et celle-ci se déboîta.

Il dit alors : « Laisse-moi partir, car voici l’aurore. » — « Je ne te laisserai pas partir si tu ne me bénis pas », répliqua Jacob.

L’autre demanda : « Comment t’appelles-tu ? » — « Jacob », répondit-il.

L’autre reprit : « On ne t’appellera plus Jacob mais Israël1, car tu as lutté contre Dieu et contre les hommes, et tu as été le plus fort. »

Jacob demanda : « Dis-moi donc quel est ton nom. » — « Pourquoi me demandes-tu mon nom ? » répondit-il . Alors il bénit Jacob.

Celui-ci déclara : « J’ai vu Dieu face à face et je suis encore en vie. » C’est pourquoi il nomma cet endroit Penouel — ce qui veut dire «Face de Dieu» —.

Quand le soleil se leva, Jacob avait passé le gué de Penouel. Il boitait à cause de sa hanche.

Jacob s’approprie la bénédiction promise à Ésaü

Isaac était devenu vieux. Sa vue avait tellement baissé qu’il n’y voyait plus. Il appela son fils aîné : « Ésaü ! » — « Oui, répondit-il, je t’écoute. »

Isaac reprit : « Tu le vois, je suis vieux et je ne sais pas combien de temps j’ai encore à vivre.  Prends ton arc et tes flèches et va à la chasse. Tu me ramèneras du gibier,  tu me prépareras un de ces plats appétissants, comme je les aime, et tu me l’apporteras. J’en mangerai, puis je te donnerai ma bénédiction avant de mourir. »

Or Rébecca écoutait pendant qu’Isaac parlait à Ésaü. Dès que celui-ci fut parti dans la campagne afin d’en rapporter du gibier,  Rébecca dit à son fils Jacob : « J’ai entendu ton père dire à Ésaü :  «Apporte-moi du gibier et prépare-moi un plat appétissant. Quand j’en aurai mangé, je te donnerai ma bénédiction devant le Seigneur avant de mourir.» Maintenant, mon fils, écoute-moi bien et fais ce que je te recommande. Va au troupeau et rapporte-moi deux beaux chevreaux. Je préparerai pour ton père un de ces plats appétissants, comme il les aime.  Tu le porteras à ton père pour qu’il en mange et qu’il te donne sa bénédiction avant de mourir. »

Jacob répondit à sa mère : « Ésaü est couvert de poils, mais pas moi.  Si mon père me touche, il découvrira que je le trompe et j’attirerai sur moi non pas sa bénédiction mais sa malédiction. »  Sa mère répliqua : « Je prends sur moi cette malédiction, mon fils. De toute façon, écoute-moi et va me chercher ces chevreaux. »

Jacob alla les chercher et les apporta à sa mère. Elle en fit un de ces plats appétissants qu’Isaac aimait. Ensuite elle prit des vêtements de son fils aîné, les plus beaux qu’elle avait à la maison, et en habilla Jacob, son fils cadet.  Avec la peau des chevreaux, elle lui recouvrit les bras et la partie lisse du cou et elle lui mit entre les mains le plat appétissant et le pain qu’elle avait préparés.  Il alla trouver son père et lui dit : « Mon père ! » — « Je t’écoute, mon fils, dit-il ; mais dis-moi qui tu es. »  Jacob reprit : « Je suis Ésaü, ton fils aîné. J’ai fait ce que tu m’as demandé. Viens donc t’asseoir pour manger de mon gibier ; ensuite tu me donneras ta bénédiction. » —  « Comment as-tu trouvé si vite du gibier, mon fils ? » demanda Isaac. Il répondit : « Le Seigneur ton Dieu l’a mis sur mon chemin. »

Isaac dit à Jacob : « Approche-toi. Je veux te toucher, mon fils, pour m’assurer que tu es bien mon fils Ésaü. »  Jacob s’approcha de son père ; Isaac le toucha et dit : « La voix est celle de Jacob, mais les bras sont ceux d’Ésaü. »  Il ne reconnut pas Jacob, parce que ses bras étaient couverts de poils comme les bras d’Ésaü. Mais avant de lui donner sa bénédiction,  il lui demanda encore : « Tu es bien mon fils Ésaü ? » — « Oui », répondit Jacob.

Isaac reprit : « Sers-moi, mon fils, pour que je mange de ton gibier et que je te donne ma bénédiction. » Jacob servit son père, qui mangea, et il lui offrit du vin, qu’il but.  Ensuite Isaac lui dit : « Approche-toi et embrasse-moi, mon fils ! »  Jacob s’approcha donc et l’embrassa. Isaac sentit l’odeur de ses vêtements et lui donna sa bénédiction  : « Vraiment, dit-il, l’odeur de mon fils est comme celle d’un champ que Dieu a béni.

«Que Dieu te donne la rosée qui tombe du ciel,
les riches produits de la terre,
du blé et du vin en abondance. 
Que des nations soient à ton service,
que des peuples se prosternent devant toi.
Sois le maître de tes frères,
qu’ils s’inclinent devant toi !
Maudit soit celui qui te maudira,
béni soit celui qui te bénira  !» »

Lorsque Isaac eut achevé la bénédiction qu’il donnait à Jacob, celui-ci sortit. Il avait à peine quitté son père qu’Ésaü revint de la chasse.  Il prépara lui aussi un plat appétissant, l’apporta à son père et lui dit : « Installe-toi, père, pour manger du gibier que je t’ai rapporté ; ensuite tu me donneras ta bénédiction. » — « Qui es-tu ? » demanda Isaac. « Je suis Ésaü, ton fils aîné », répondit-il.

Dans son émotion, Isaac se mit à trembler de tous ses membres et demanda : « Mais alors, qui est celui qui a chassé du gibier, me l’a apporté et m’a fait manger de tout avant ton arrivée ? C’est à lui que j’ai donné ma bénédiction, et elle lui restera acquise. »

Quand Ésaü entendit les paroles de son père, son coeur déborda d’amertume et il se mit à pousser de grands cris. Il supplia son père : « Donne-moi aussi une bénédiction, père ! »  Isaac répondit : « Ton frère est venu et m’a trompé. Il a emporté la bénédiction qui te revenait. »  Ésaü déclara : « Il porte bien son nom de Jacob — «celui qui dupe» —, puisqu’il m’a dupé deux fois ! Il s’est emparé de mes droits de fils aîné  et maintenant voilà qu’il s’empare de la bénédiction qui me revenait ! » Ésaü ajouta : « Ne te reste-t-il pas une bénédiction pour moi ? »  Isaac lui répondit : « J’ai fait de lui ton maître et je lui ai donné tous ses frères pour serviteurs. Je lui ai accordé le blé et le vin. Je ne peux rien faire pour toi, mon fils ! »  Ésaü insista : « N’as-tu qu’une seule bénédiction ? Bénis-moi aussi, mon père ! » Et il ne put retenir ses larmes .  Son père lui dit :

« Loin des terres fertiles sera ta demeure,
loin de la rosée qui descend du ciel. 
Tu vivras grâce à ton épée,
et tu serviras ton frère.
Mais tu te libéreras,
tu briseras le joug qu’il t’aura imposé
et tu le rejetteras de ton cou . »

Notes:
  1. « Que Dieu lutte, se montre fort » []
8 Avr 2010 @ 9:17 | | catégorie: blog note | mots-clés: