copie/colle

La citation, c’est – je pose l’énoncé, et pour le reste, c’est le solide appui que vous trouvez dans le nom de l’auteur dont je vous remets la charge.
Jacques Lacan, Séminaire XVII

(pulsion, silence et n’importe quoi :: les textes)

[ 1 février 2006 / 8 novembre 2011 ]

Il (Freud) nous dit quelque part que le modèle idéal qui pourrait être donné de l’auto-érotisme, c’est une seule bouche qui se baiserait elle-même, – métaphore lumineuse, éblouissante même, comme tout ce qui se trouve sous sa plume, et qui ne demande qu’à être complétée d’une question. Est-ce que dans la pulsion, cette bouche n’est pas ce qu’on pourrait appeler une bouche fléchée – une bouche cousue, où nous voyons, dans l’analyse, pointer au maximum, dans certains silences, l’instance pure de la pulsion orale, se refermant sur sa satisfaction.

En tout cas, ce qui force à distinguer cette satisfaction du pur et simple auto-érotisme de la zone érogène, c’est cet objet que nous confondons trop souvent avec ce sur quoi la pulsion se referme – cet objet, qui n’est en fait que la présence d’un creux, d’un vide, occupable, nous dit Freud, par n’importe quel objet, et dont nous ne connaissons l’instance que sous la forme de l’objet perdu petit a. L’objet petit a n’est pas l’origine de la pulsion orale. Il n’est pas introduit au titre de la primitive nourriture, il est introduit de ce fait qu’aucune nourriture ne satisfera jamais la pulsion orale, si n’est à contourner l’objet éternellement manquant.

Lacan Jacques, Le Séminaire, Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, 1964, p. 164.

le corps, l’image et l’inhibition

[ 24 octobre 2008 / 7 janvier 2009 ]
affiche de Naked Lunch de Cronenbergje copie/colle:



L’inhibition a un double versant : dépendante du corps, de ses fonctions et de son image, elle semble liée à l’imaginaire. En tant qu’elle indique une limite et un arrêt dans la symbolisation, elle touche au réel. Elle résonne donc avec tout ce qui chez le sujet ne peut trouver un appui dans la représentation. […] Elle est donc ce qui produit de nouvelles représentations à partir de l’imaginaire du corps. L’arrêt même du sujet, dans l’inhibition, lui sert à se « faufiler » sous forme d’image pour figurer, prendre place là où il ne devrait pas être parmi les signifiants.
Dès le début des années soixante, Lacan situe l’inhibition et le désir à la même place.
La Sagna P., Revue la cause freudienne n° 68,   « L’inhibition à savoir ».

une autre page: after

[ 18 novembre 2008 / 2 février 2009 ]

Après, je sortais tous les jours plusieurs fois par jour, je faisais semblant d’être moi mais je n’étais plus une personne déterminée avec un passé connu, j’étais quelqu’un d’autre, je ne savais pas encore qui, donc je faisais semblant, je faisais exactement comme il fallait faire dans mon souvenir, souvenir lointain de la vie et des autres, je recopiais des lignes entières qui ont été écrites dans l’instant, je voulais laisser une trace de tous ces moments impossibles qui avaient fini par arriver, pour lui raconter à elle, c’était moi, encore, à l’époque, la fille qui raconte, j’avais passé des mois à raconter des trucs, et d’autres m’en avaient raconté à moi aussi, toutes ces histoires d’accouchement, on avait bien ri et pleuré en racontant les accouchements, maintenant c’était mon tour, je notais des trucs pour voir, pour préparer le récit de l’histoire, mais c’était,
une autre page: after

qu’on dise (les opinions des gens)

[ 26 décembre 2008 / 12 janvier 2009 ]

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les opinions des gens. n’ont pas d’importance. c’est ailleurs que ça se joue, ce qui compte. ont pour moi de moins en moins d’importance. je constate. avant. je pensais que c’était ce qu’il y avait de plus important. avant. une opinion contraire à la mienne exprimée aurait pu me rendre folle. me rendait folle. c’est-à-dire vraiment folle. immensément souffrante, y compris le corps, n’est-ce pas. le fait est que je cherche où commence l’importance de l’opinion. l’opinion, l’avis qu’on a d’une chose, ce qu’on en dit.

« Qu’on dise reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend » – la citation est-elle exacte? oui.

c’est la réponse.

_

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… j’appris un peu plus tard qu’il donnait des cours de littérature à l’université, ce qui lui procurait stabilité économique et temps pour se consacrer à la lecture et à la recherche, qu’il avait déjà deux enfants, un garçon et une fille.

[ 5 janvier 2009 / 1 septembre 2009 ]
les-vacances
toutes les photos sont de jules. prises le jour où nous avons fait le sapin de noël. au premier jour des vacances. maintenant, c’est fini, les vacances.
sont finies

sa mère l’appelait toujours mon Sigi prodige…

[ 27 janvier 2009 / 25 septembre 2009 ]

Gaddis, toujours, « Agonie d’agapè » encore :

« Je professe pour ma part un idéal élevé, écrit-il (Sigi prodige) au révérend Oskar Pfister, dont les idéaux qui me sont connus s’écartent en général d’une manière des plus affligeantes. » Et ensuite juste pour bien montrer qu’il a trouvé bien peu de bonnes choses chez ces êtres humains, il dit au révérend Oskar Pfister « D’après ce que j’en sais ils ne sont pour la plupart que de la racaille », ils ont sûrement perdu de vue leurs objectifs n’en ont jamais eu au départ hormis le plaisir et voilà qu’arrive Bentham et son « jouer à la punaise vaut bien lire de la poésie si la quantité de plaisir est la même » vous voyez ce mot de quantité? La quantité de plaisir pas la qualité tout est là et voilà que débarquent ces engins numériques, la machine tout-ou-rien comme disait Norbert Wiener, une machine qui compte et introduit le système binaire et l’ordinateur… p. 13

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entropie (I) ~la fête continue

[ 27 janvier 2009 / 25 septembre 2009 ]

« … depuis que Willard Gibbs nous a montré la tendance de l’entropie à croître, la tendance de la nature à détériorer l’organisé et à détruire le sens quand il coupa l’herbe sous le pied à l’univers concis et sévèrement organisé de Newton avec ses textes sur la physique statistique en 1876, a ouvert la voie à cet univers contingent où l’ordre est le moins vraisemblable et le chaos le plus, introduisant… »
W. Gaddis, Agonie d’agapè (p.14)

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Oliveira/100 ans

[ 4 février 2009 / 16 février 2009 ]

Oliveira, le deuième siècle du cinéma

Article publié dans le Magazine Littéraire n°482, janvier 2009

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à la recherche du lien entre la pensée et l’autofiction (véronique s’interroge sur les liens de la pensée, de l’autofiction, du n’importe quoi, de la pulsion, de l’obsession, de l’obsessionalisaion (contemporaine), de l’écriture)

[ 20 février 2009 ]

“ […] l’église, les dessins des vitraux, c’était la Bible du pauvre, pour les gens qui savaient pas lire. Pour moi la télé aujourd’hui, c’est le coran du pauvre.

“ je me voyais plutôt avec MacGyver. Un type qui peut te déboucher les chiottes avec une canette de Coca, réparer la télé avec un stylo Bic et te faire un brushing rien qu’avec son souffle. Un vrai couteau suisse humain.

Al Pachino, je suis sûre que personne pouvait lui tirer son goûter. Direct il sort le semi-automatique, il t’explose le pouce, tu peux plus le sucer le soir avant de t’endormir. Terminé.

Kiffe kiffe demain cité dans L’aventure scripturale au coeur de l’autofiction dans Kiffe kiffe demain de Faiza Guène – mémoire de Nadia BOUHADID

19 février

 » Nous avons quand même décidé de pousser l’analyse plus loin et voir ce que pourrait bien donner notre obstination.

 » […] une écriture qui peint généreusement une complicité sincère entre les mots et la pensée de l’écrivaine. […] L’autofiction […] représente justement cette nouvelle forme d’écriture prônant la liberté du langage non pas par manque de maîtrise mais par essence de la pensée. En effet, l’écriture autofictionnelle permet de toucher la profondeur de l’être par son aspect spontané qui met en confiance un inconscient balbutiant. C’est ainsi que cette nouvelle coloration de l’écriture de soi privilégie le retour du psychologisme sur la scène littéraire en France.

la nature pulsionnelle de la pensée


 » J’aime que ça passe le plus directement possible entre ma pensée et la vôtre, que le style n’empêche pas la transfusion.  » – Hervé Guibert dans Le protocole compassionnel


Que faites-vous en ce moment?

véronique
s’interroge sur les liens de la pensée et de l’auto-fiction
véronique mange des cacahouètes fraîches
véronique constate que son beau pull bleu a rétréci
véronique va se faire un café
véronique a l’intention de parcourir ce mémoire sur le livre kiffe, kiffe demain de faiza guene (l’aventure scripturale au coeur de l’autofiction)
véronique pense que la timidité est méprisable
véronique est tentée de définir la pensée comme ce qui ne cesse pas de s’écrire
véronique et l’autofiction photographique/visuelle? (barthes)
véronique s’interroge sur les liens de la pensée, de l’autofiction, du n’importe quoi, de la pulsion, de l’obsession, de l’obsessionalisaion (contemporaine), de l’écriture
véronique mange une tranche de pain grillé et un morceau de comté
véronique pense à la contingence, s’interroge sur la lutte des classes.
véronique mange une deuxième tranche de pain grillé (sans fromage cette fois)
véronique – l’oralité
véronique – n’importe quoi. une chose qui semble due au hasard plutôt qu’à aucun choix raisonné. dites n’importe quoi, parlez au hasard.
véronique fatigue
véronique travaille. devrait éteindre la lampe de chevet dans sa chambre. fatigue.

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il s agissait donc d intégrer le discours l inconscient

[ 23 février 2009 / 18 septembre 2009 ]
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Autofiction en question


Essai sur l’autofiction

Céline Maglica

L’autofiction veut relayer voire sauver l’autobiographie des impasses dans lesquelles cette dernière s’était engouffrée. Comment dire le vrai en ayant pour instruments la mémoire et l’écriture ?  »  Les bons outils font les bons ouvriers… « , cet adage vieux comme le monde a effleuré les esprits de bien des autobiographes qui avaient conscience des difficultés, des obstacles auxquels leur projet se heurtait. En effet, l’autobiographie – comme Philippe Lejeune l’a démontré – s’établit sur un pacte entre auteur et lecteur, l’un s’engage à dire le vrai, l’autre à le croire. Elle se situe donc sur un axe de vérité. Or, on sait désormais de façon précise grâce aux travaux de Freud et de la psychanalyse que dire la vérité ne peut être qu’une intention et non une réalité. Il s’agissait donc d’intégrer le discours de l’inconscient dans les écrits autobiographiques afin de parvenir à la réunification ou plutôt à la coexistence d’un Moi. Sans forcément transformer l’écrit autobiographique en divan psychanalytique, il fallait s’efforcer de faire surgir ce que Sarraute appelle des « tropismes » et Perec  » ces brumes insensées où s’agitent des ombres  » ; créer une voix qui soit autre. Dans Enfance, Sarraute met en scène directement cette autre voix qui conteste, ironise ou s’accorde avec la voix de la narratrice. Perec fait alterner dans W ou le souvenir d’enfance deux récits, l’un qualifié d’autobiographie, l’autre d’imaginaire, c’est – à – dire deux voix qui, en fait, disent la même chose : le silence, le blanc fondateur, situé au milieu du livre, au milieu de ces deux voix.

L’autobiographie visait à assurer la cohérence du Moi. Il fallait maîtriser le cours d’une vie ou tenter de le faire par le geste même de l’écriture. Le contenu permettait au scripteur de se dire, le discours sur soi était monologique et solitaire.

Et Doubrovsky fut !

En inventant le concept de  »  fiction d’événements réels « , –  »  histoire qui n’a jamais eu lieu dans la réalité, dont le seul réel est le discours où elle se déploie  » – Doubrovsky a révolutionné les catégories littéraires en annexant une place tenue jusqu’alors pour irrémédiablement vide. Comment fiction et autobiographie peuvent – elles coexister ?

Si l’autofiction n’est pas se mettre en fiction, c’est-à-dire romancer sa vie, alors qu’est –ce ? Et puis ce Doubrovsky qui étale ses pantalonnades et ses premières érections, qui ose affirmer qu’il tue une femme par livre, n’aurait-t-il pas dû s’en tenir à Corneille et à sa dialectique ?

Bref, un vent frais et piquant souffla sur la littérature, soulevant au passage quelques tas de poussières ancestraux et quelques jupes printanières…

Après avoir fait l’objet de critiques, l’autofiction devient LE sujet critique. Personne n’est d’accord. Genette méprise le terme au point de ne pas l’associer à Doubrovsky, quand il daigne en parler ; les plus sceptiques disent que le concept n’est valable que pour Doubrovsky ; les rhéteurs affirment que cela a toujours existé…les plus mauvais crient au scandale.

Bref, on ne peut dire que Doubrovsky et son autofiction aient suscité un enthousiasme général.

Souvent jugée sur son contenu plus que sur sa forme ou le projet qu’elle sous – tendait, l’autofiction n’a pas été comprise. Usant principalement d’un cadre dialogique, elle met en scène une parole dont le discours est polyphonique. L’autofiction est écriture du fantasme au sens où elle permet à un auteur de dire tous ses Moi en même temps, elle fait une place au Je fragmenté de l ‘écrivain. Fantasme aussi de la présence fusionnelle avec les parents morts dans un texte qui leur redonne voix ; fantasme non d’une cohérence du Moi impossible mais d’une coexistence fulgurante qui n’existe que dans les mots.

La fiction dans ce terme d’autofiction n’est pas sur le plan de l’identité  mais au niveau de la structure dans laquelle naît une voix impossible. Tout est vrai dans l’autofiction, rien n’est inventé, tout est créé. L’être de papier fanfaronne, gesticule sur la scène autofictionnelle : il ne pourra jamais avoir lieu dans le réel, dans la vie. L’autofiction n’est pas une fictionnalisation de soi : se fictionnaliser, c’est partir de soi pour créer une existence autre, c’est transposer son être dans le champ des possibles qui pourraient / auraient pu avoir lieu dans la réalité.

L’autofiction, c’est transposer sa vie dans le champ de l’impossible, celui de l’écriture, un lieu qui n’aura jamais lieu…C’est, en quelque sorte, l’énonciation elle seule qui est fiction dans le livre.

 » Indécidable « ,  » inclassable « , l’autofiction agace le critique, d’autant qu’elle contient sa propre critique grâce à l’utilisation du dialogisme : d’emblée, elle le fait taire.

Si ce projet plaît malgré tout, si de plus en plus d’étudiants consacrent des années de recherches à cette notion, c’est qu’elle fait plus qu’établir un pacte de lecture – devenu obsolète -, elle revendique un mode de séduction. Le lecteur fait partie intégrante du livre, il est pris dans la fiction, dans cette voix qui se disperse. Ainsi, l’autofiction ne fait pas que briser les catégories fermées ou ébranler les codes de l’autobiographie : elle renouvelle le pacte et le mode de lecture. Elle lutte contre le langage en essayant de lui faire dire ce qu’il s’obstine à taire, à force d’exhibition, de jeux de mots, de connotations, de résonances.

Et si le travestissement, le déballage, l’hybridation étaient les seuls instruments de la vérité autobiographique ? Et si pour séduire le lecteur, il fallait le brusquer, le désarçonner, le déposséder de son statut plutôt que de le flatter ? Et si toute quête de soi ne pouvait être que métatextuelle ?

Et si Doubrovsky avait raison ?

L’autofiction n’est pas du temps retrouvé mais du temps créé : les  » je  » qui ne sont pas tout à fait Moi se disent dans un hors – temps salvateur qui les réunit et les écoute par le biais du lecteur – complice. Le  » sujet toujours en défaut  » a trouvé sa place ou une place dans le livre.

Se mettant à nu et raillant leur propre exhibitionnisme, les autofictionnistes créent des textes qui désirent le lecteur. Prenant pour matière les impasses même de l’autobiographie, les auteurs ne livrent plus des confessions mais chuchotent des confidences. Pas de mimétisme mais un érotisme du langage – entre voile et dévoilement – qui aguiche le lecteur. Celui – ci se surprend à baisser le regard en rougissant ou à rendre son sourire à ces textes faits de paillettes et de silences avec lesquels il passera le reste de sa vie.

Céline Maglica, étudiante en Lettre Modernes.D.E.A sur l’écriture autofictionnelle de Doubrosvky à l’Université de Dijon.

CURRICULUM VITAE

Nom : MAGLICA

Prénom : Céline, Annick, Muriel, Dragica, Nathalie.


Cursus scolaire :

1994 : Baccalauréat littéraire, section A 1, mention Assez Bien.

1995 – 1996 : Hypokhâgne et khâgne au lycée Carnot à Dijon. Présentation au concours de Fontenay Saint – Cloud.

Obtention par équivalence du DEUG de Lettres Modernes.

1997 : Licences de Lettres Modernes à l’université de Bourgogne. Mention Bien.

1998 : Maîtrise de Lettres Modernes sous la direction de Jacques Poirier.

 » La question de l’autofiction à travers les œuvres de Nathalie Sarraute  » Enfance « , Georges Perec,  » W ou le souvenir d’enfance  » et Serge Doubrovsky,  » Fils  » « .

1999 : Obtention du concours du CAPES de Lettres Modernes.

2000 : préparation à l’Agrégation

2001 :première année d’enseignement au collège DENFERT – ROCHEREAU à Auxerre et D.E.A sur Doubrovsky en préparation.

Loisirs :

– Pratique de la photographie, présentation lors d’expositions.

~ provoke a frenzy in me and my love provoke a frenzy in

[ 4 mars 2009 ]

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Dans une maison à une grande distance brille la lumière d’une fenêtre. Je la vois, et je me sens humain des pieds à la tête. Fernando Pessoa, Le Gardeur de troupeaux via folie m i n u s c u l e

 

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Par-delà des vagues de toits, j’aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j’ai refait l’histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant. Baudelaire, Le Spleen de Paris, “Les fenêtres” via folie m i n u s c u l e

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journal n° 9, extrait (my suffragette-attitude)

[ 13 septembre 2009 / 25 septembre 2009 ]

JAM : Pas du tout, on ne peut pas jouir sans entraves, on ne jouit que par les entraves (signifiantes). Un mot d’ordre, s’il y en avait un, ce serait plutôt « Bien-dire ».

Le mode selon lequel s’opère cette perte réelle de vie laisse des traces indélébiles de jouissance chez le sujet.

[ 20 septembre 2009 / 24 septembre 2009 ]
Erik Dalzen - Faint, Christian, 2009

Erik Dalzen - Christian, 2009

A cet égard, l’angoisse donne le signal de différentes modalités de rapport à l’objet. Le mode selon lequel s’opère cette perte réelle de vie laisse des traces indélébiles de jouissance chez le sujet. Ces traces, toujours identiques à elles-mêmes, sont au principe de la répétition, et c’est pour cela qu’elles sont en lien avec le symptôme. Savoir reconnaître ces traces, puis savoir y faire avec la jouissance – telle est l’éthique de la psychanalyse – passe par une élaboration signifiante qui met en jeu le rapport à l’Autre. Entre le sujet et l’Autre, nous retrouvons ce « petit bout perdu » qui va constituer l’objet que le sujet place dans l’Autre.

« Faire de la jouissance une fonction »
Elisabeth Leclerc-Ravazet
La petite Girafen° 28, L’enfant et ses objets, Institut du Champ freudien

Ca ne prévient pas, ça arrive, ça vient de loin

[ 23 septembre 2009 / 25 septembre 2009 ]
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Erik Dalzen - Coffee Maker, 2007

Donc, on peut dire qu’avec la question des identifications on découvre, dans un trajet analytique, le fait qu’on ne peut pas soutenir par une identification une position féminine. Que toute la dynamique des identifications passe nécessairement par le système signifiant, et passant par le système signifiant, réinscrit, on peut dire, le féminin du côté phallique, du côté emblème.

[…]

Le passage que Lacan va faire, on va dire la révolution lacanienne, c’est d’envisager donc de nouveau la question du féminin, mais cette fois à partir de la question de la jouissance; non pas à partir de la question de l’emblème, de l’insigne ; non pas à partir de la question du fétiche, de la mascarade ; non pas à partir de la question des identifications, mais à partir de la question de la jouissance.

[…]

Vous connaissez peut-être l’histoire de Médée dans la mythologie grecque. Médée est donc une femme, qui, – je simplifie l’histoire – par amour pour un homme, Jason, tue son père, peut-être même son frère aussi et s’en va avec lui, se met à son service, l’aide dans ses tâches diverses et variées et a deux enfants de lui. Dans leur pérégrination, à un moment donné, ils arrivent dans un royaume et là, Jason tombe amoureux de la fille du roi et entend l’épouser, et donc laisser Médée, abandonner Médée, considérant que, finalement, elle est un peu trop sorcière pour lui.

Alors, qu’elle va être la réponse de Médée ?

[…] Naturellement, Médée dit très clairement que elle ne va pas le tuer. Non, elle va faire autre chose. Elle va sacrifier, on va dire, tuer les deux enfants de Jason qu’elle a eu avec lui, donc ses deux propres enfants. Pourquoi ? Parce que les enfants d’un homme, les enfants qu’une femme a avec un homme, c’est-à-dire la mère en elle, situent cet homme à partir de sa descendance, et donc inscrivent, si vous voulez, cet homme dans la chaîne symbolique de filiation, dans la famille à partir du nom, à partir du nom du père. Donc, ce qu’elle va chercher, si je puis dire, à ébranler par vengeance c’est précisément le nom de Jason. Le nom de Jason, en tant que ce nom, est ce qui pourrait lui succéder et ce qui le représentera, si je puis dire, dans l’avenir, dans la filiation qui continuera à, en quelque sorte, le rendre existant. Donc, elle tue ses deux propres enfants pour taper, si je puis dire, dans l’ordre symbolique, pour ébranler l’ordre symbolique, et allant encore plus loin, alors que Jason lui demande les corps de ses enfants pour les enterrer, c’est-à-dire pour mettre un nom sur une tombe, elle lui refuse les deux corps des enfants qu’elle emmène avec elle – dans l’histoire mythique on dit qu’elle les emmène sur un char – pour aller rencontrer un nouvel amour, un nouveau partenaire. Donc, elle ne lui laisse même pas, si vous voulez, le nom de l’enfant qu’il a eu avec elle, et elle lui signifie que ce qu’elle fait là… – c’est évidemment sur le versant de la haine et de la haine symbolique, c’est-à-dire d’une haine qui vise le sujet et non pas qui vise la personne, puisque comme je vous l’ai dit elle lui laisse la vie sauve – Elle lui laisse la vie sauve pour, en quelque sorte, décompléter le fonctionnement symbolique dans lequel il est totalement inscrit.

[…]

Pour résumer, je dirais donc que cette jouissance féminine à laquelle l’enseignement de Lacan aboutit vers la fin est une jouissance autre, c’est une jouissance, donc, qui n’est pas une jouissance liée à un organe, qui n’est pas liée aux représentations et à l’ordre signifiant, qui est donc au-delà du sens sexuel ou du sexe comme sens. C’est, par conséquent, la problématisation d’une position féminine au-delà de la fonction paternelle. C’est-à-dire le féminin quand il n’est pas pris totalement dans la fonction Nom-du-Père, fonction dont Lacan considère avec Freud, qui lui l’énonce en termes d’œdipe, qu’elle est le centre et le pivot du fonctionnement symbolique. Donc une jouissance pas totalement symbolisable qui échappe au processus de symbolisation.

[…]

Donc, on peut dire que pour Lacan, il y a un au-delà de l’Œdipe et que c’est à partir de l’au-delà de l’Œdipe – ce qui veut pas dire sans l’Oedipe, vous sentez bien – Il y a un au-delà de l’Œdipe qui permet de définir quelque chose de l’ordre du féminin, simplement cela ne se définit pas en termes de pouvoir, cela ne se définit pas en termes de groupe, cela ne se définit pas en termes d’emblèmes et d’identification. Cela ne se revendique pas non plus. Voilà… La jouissance féminine, ça ne se revendique pas, ça arrive. Ça arrive d’une part, et puis ça s’agit d’autre part, mais tout ce qui est du côté de la revendication fait immédiatement tomber du côté phallus.

Bien voilà…

Marie-Hélène Brousse,  » Qu’est-ce qu’une femme ? »

Fermer la porte au monde pour trouver la magie

[ 22 octobre 2009 / 23 octobre 2009 ]

Depuis 1960, James Graham Ballard habitait une petite maison à Shepperton, une ville de la banlieue de Londres. Hors de question pour lui de déménager d’un observatoire qu’il jugeait idéal pour regarder la société. Au printemps 2006, Libération était retourné le voir pour la traduction de Millénaire mode d’emploi, un recueil d’articles (Tristram). Son dernier roman, Kingdom Come (Que notre règne arrive, Denoël, 2006) venait tout juste de paraître. Quelques semaines plus tard, il allait apprendre son cancer. Son autobiographie, Miracles of Life, qui sort aujourd’hui en France sous le titre la Vie, et rien d’autre, sera son ultime livre avant sa disparition, le 19 avril 2009.

Ballard y raconte avec simplicité et chaleur son enfance et son adolescence à Shanghai, où il fut interné avec ses parents pendant deux ans et demi, son retour dans une Grande-Bretagne sinistrée et sinistre, son mariage avec Mary et ses débuts en science-fiction, la mort prématurée de sa femme et l’éducation de ses trois enfants. La période de Shanghaï fut sans doute la plus heureuse et la plus féconde. «A Shanghaï, je trouvais partout le fantastique que la plupart des gens trouvent exclusivement dans leur tête. A présent, il me semble que je cherchais surtout la réalité dissimulée sous les faux-semblants, quête que je poursuivis d’une certaine manière dans l’Angleterre de l’après-guerre, un monde presque trop réel.»

La vie, et rien d’autre revient aux racines de l’œuvre et retrace le parcours d’un écrivain, étranger dans son propre pays, «voué à prédire et, si possible, à provoquer le changement». Ballard prenait plaisir à recevoir les journalistes quand il l’avait décidé. Il accueillait, affable, dans son petit bureau mangé par la copie d’une toile d’André Delvaux qui rappelait son attachement au surréalisme. Après avoir servi un verre de whisky ou de vin blanc, la discussion pouvait démarrer pour deux heures. Concentré sur son interlocuteur, il répondait avec spontanéité, badinant parfois. L’entretien qui suit n’avait pas encore été publié.

Vous aimez les biographies de stars. Pourquoi?

La biographie est une autre forme de roman, basée sur la réalité. Beaucoup de biographies pour lesquelles j’ai écrit des critiques dans la presse traitent de célébrités poussées par les médias. Le phénomène de création d’une célébrité est propre à la fin du XXe siècle. Il y a cinquante ans, il y avait beaucoup de grandes stars, et pas seulement à Hollywood, mais des personnalités comme Kennedy, la princesse Diana, Margaret Thatcher… La plupart des grandes célébrités mondiales sont américaines, parce que la culture américaine a cette faculté de faire les stars grâce à un énorme réseau de télévision, des masses de magazines, des milliers de radios, etc.

Je pense que, nous vivons dans un monde où le magique est parti. Les gens n’ont pas d’imagination. Il n’y a pas de sens du mystère dans leur vie. Il y a trop de réalité. Nous savons tout ou nous pensons tout savoir. Le président Kennedy a été assassiné en direct à la télévision, et le film a été analysé, et encore analysé. On voit le sang couler de la tête de Kennedy, le tailleur Chanel de sa femme éclaboussé… C’était incroyable. Nous avons vu la guerre du Vietnam à la télévision toutes les nuits dans les années 60. C’était un monde différent. Aujourd’hui, tout est très plat. Qu’est-ce que c’est que là réalité? La réalité est un évier pour vaisselle sale. Rien d’un rêve qui permette de vivre.

«J’admire Howard Hughes pour la manière dont il a fermé la porte sur le monde», écriviez-vous. Ne vivez-vous pas ainsi?

Aujourd’hui, on a besoin de fermer la porte sur le monde si on veut trouver de la magie. Rester en privé avec sa femme ou son mari, ses enfants et les proches qu’on aime. Les gens tiennent des weblogs sur lesquels ils mettent le film de leur vie. Le sourire d’un enfant est un moment unique qui ne peut pas être transformé en home movie! Les images ne peuvent pas capturer le magique de l’existence. Je me souviens de la naissance de mes trois enfants, et c’était un moment merveilleux. Vous êtes sur une plage et vous regardez les vagues sur les rochers. Il y a un superbe coquillage, il a peut-être traversé le monde… C’est un moment magique.

C’est très important de vivre par soi-même ces instants uniques et de fermer la porte. Qu’est-ce que le monde? Il est rempli de publicités. Tout est loisir et consommation. Les gens ne pensent qu’à ça et c’est dangereux. Dans Kingdom Come, je pose cette question : est-ce que le consumérisme va tourner en fascisme? Pas le fascisme à la Hitler. Un fascisme sorf, de banlieue, le fascisme de l’après-midi télé. Le consumérisme procure le désir de nouveauté. Mais il ne peut pas satisfaire l’appétit qu’il encourage. On ne peut pas acheter cinq téléviseurs, quatre voitures, vingt paires de baskets. Alors on cherche des sensations ailleurs. Et on les trouve dans le fascisme de banlieue.

Qu’entendez-vous par là?

Nous avons d’énormes banlieues ici, et ils ont la même chose aux Etats-Unis. Elles n’ont pas vraiment de raison d’exister. Ce sont des déserts spirituels et émotionnels. Elles sont comme le Sahara. Ce sont des mondes sans centre, sans église, sans bibliothèque, sans galerie d’art … Dans les villes autour de l’autoroute qui encercle Londres, où je vis, il n’y a rien d’autre que des magasins. C’est un danger. Dans une ville se trouvent habituellement des administrations, des musées, des cathédrales, des théâtres, des bibliothèques, etc. Et cela donne aux gens un sens à ce qu’ils sont. Les supermarchés sont comme des villes, énormes, et ils ne vous disent pas qui vous êtes. Ils vous rendent anonymes. Votre seule identité est fournie par votre carte de crédit. Vous êtes juste un nombre sur votre carte de crédit. Comment les gens peuvent-ils être satisfaits de vivre comme ça? Je ne crois pas qu’ils le soient.

Vous vivez vous-même dans une banlieue…

Bien sûr. C’est une ligne de front. C’est le Verdun de la guerre qui arrive. Le champ de bataille.

La France a connu des émeutes dans les banlieues en novembre 2005. Qu’en pensez-vous?

C’était un mouvement sans objet, sans but. Un acte sans signification est très dangereux. En juillet dernier (juillet 2005, ndlr], à Londres, nous avons eu des attentats dans le métro et le bus. Personne n’a été capable d’expliquer pourquoi ils ont fait ça. Et c’est très difficile à comprendre. C’est ce que je dis dans Millenium People. Les gens qui transportaient ces bombes savent qu’une attaque sans signification est bien plus inquiétante. Cela signifie que l’existence n’a pas de logique.

Où puisez-vous votre inspiration?

Dans l’observation de mes contemporains. Je suis passionné par les changements de la psychologie de masse. J’ai commencé à écrire il y a cinquante ans, et ma première nouvelle a été publiée dans un magazine de science-fiction en 1956. Au début des années 50, j’étais attiré par la SF parce que c’était une époque de grands changements en Europe de l’Ouest, et en Angleterre en particulier. Nous avions à la fois la télévision, les supermarchés, les autoroutes, les vacances… La société de consommation en était à ses débuts. Un nouveau type de monde était en train d’arriver et sa psychologie m’intéressait.

Mes premières nouvelles traitaient des changements de la société. Je ne fais guère différemment aujowd’hui, mais j’ai arrêté la SF à la fin des années 60. J’ai arrêté parce que le monde a rattrapé la SF. En 1969, Armstrong et les Américains ont marché sur la Lune. Et la science-fiction s’est arrêtée là. Maintenant, nous avons une sortie de fantasy, avec Matrix, Terminator, etc. Des films hollywoodiens qui n’ont rien à voir avec la science. Je pense que la SF est probablement arrivée à une fin. Mais le changement m’intéresse toujours. Voir la femme de 75 ans de la porte d’à côté qui porte des baskets. Ce n’est pas très spectaculaire mais, il y a cinquante ans, une femme de 75 ans qui porte des baskets aurait été inimaginable. C’est un petit changement social.

A quoi le monde va-t-il être confronté ?

Nous vivons une époque très dangereuse, qui va l’être de plus en plus. Les Lumières, qui ont duré deux cents ans, croyaient que la raison et la révolution scientifique allaient produire une société démocratique. C’était vrai, c’est ce qui a créé l’Etat-providence, les démocraties occidentales en Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis, Malheureusement, je crains que l’âge de la raison n’arrive à sa fin, parce que de nouvelles forces dans le monde rejettent la raison. C’est arrivé pendant l’Allemagne nazie et avec le stalinisme en Union soviétique. Les deux s’annonçaient comme des projets utopiques et sont devenus les plus grands cauchemars, de l’histoire. Je pense que ça arrivera de plus en plus dans le futur. Cent ans plus tôt, les gens croyaient en la politique, en Dieu, dans la monarchie. la monarchie. Ce n’est plus vrai nulle part. Les gens n’ont plus de centre à leur vie, alors ils ne croient plus en rien. Aux Etats-Unis, d’étranges forces émergent : la croyance dans le christianisme. Dans certaines régions la moitié de la population va à l’église le dimanche. Les antiavortement veulent revenir sur les droits obtenus par les femmes. Cela se passe aux Etats-Unis, dans le pays le plus puissant du monde.

La SF a-t-elle prédit le futur?

Sur beaucoup de sujets comme l’arme nucléaire ou la société de consommation. Mais elle a eu tort sur les voyages interplanétaires. Elle a prédit que les planètes seraient colonisées à l’image de l’Afrique et l’Amérique du Sud des siècles plus tôt. Ce n’est pas arrivé. L’âge de l’espace est terminé. Cela a duré très peu de temps. Peut-être qu’un jour il y aura un autre âge spatial, mais pas avant longtemps. Aller dans l’espace est trop difficile. Seuls quelques millionnaires peuvent se le permettre.

En avez-vous rêvé?

Non. Moi, j’ai plutôt parlé de l’espace intérieur, de l’espace de nos têtes. Pas d’espace extérieur. Je pense que la SF ne sait plus où aller. Nous n’avons plus besoin de littérature séparée. L’idée de science-fiction se trouve désormais dans les romans de littérature générale.

Que pensez-vous d’Internet?

Internet change la vie des gens. Mon amie s’en sert beaucoup, moi je suis trop vieux pour ça. Elle vit sur Internet, parle quatre fois par jour avec des amis! Ils discutent de sujets passionnants comme «– Mon chat se sent mal… / – Essaye ça… / – Je l’emmène chez le vétérinaire…» Je ne plaisante pas, c’est réel. Et ils se voient ensuite. C’est comme une sorte de rêve. Internet véhicule une promesse de nouveau. Quand elle se lève le matin, elle se met devant son PC, lit ses mails, le New York Times, le Wall Street Journal, le Washington Post, quand les Américains, encore couchés, ne les ont pas vus. Puis elle passe aux journaux anglais. Elle récolte des masses d’informations et m’envoie les articles par fax pour que je puisse les lire au petit déjeuner. C’est incroyable. Internet est comme un immense village où tout le monde sait de quoi il retourne. C’est beaucoup plus important que la télévision, qui ne fonctionne que dans un sens. Internet va dans les deux sens.

Vous êtes vu comme un visionnaire. Qu’en pensez-vous?

Je ne me vois pas comme un visionnaire. Plutôt comme un météorologue : «Demain il va pleuvoir. » C’est tout. Je vois une tempête arriver. C’est ma prévision. Il n’y a rien de visionnaire là-dedans! Je m’intéresse aux prochaines cinq minutes. Je suis un météorologue du temps psychologique. J’essaye de lire le temps à l’intérieur de vos cerveaux.

Quel est le livre qui vous a le plus marqué?

L’influence majeure me vient de Kafka, le Procès en particulier. J’y ai vu une certaine paranoïa qui a dominé le XXe siècle. La crainte d’un pouvoir inconnu. Il a prédit le XXe siècle. La paranoïa est une partie importante du paysage psychologique de nos jours, c’est une sorte de masochisme. Inconsciemment, les gens veulent être punis. Ils ne savent pas pourquoi. Nous vivons dans un paradis de consommation et nous nous sentons coupables d’être aussi riches. Nous sentons que nous ne le méritons pas. Nous tournerons en une société sadienne dans le futur. C’est ma crainte. Je pense que les prochaines années seront dominées par une sorte de culpabilité masochiste des peuples de l’Ouest. De nouvelles religions arrivent, des parties irrationnelles de l’être humain vont prendre la place des idéologies.

Libération Jeudi 15 octobre 2009 – Propos recueillis par Frédérique Roussel

ballard

(vouloir ce que l’on désire)

[ 15 novembre 2009 ]

…  phrase de Lacan, p.682 des Ecrits : « … c’est comme objet a du désir, comme ce qu’il a été pour
l’Autre dans son érection de vivant, comme le wanted ou l’unwanted de sa
venue au monde, que le sujet est appelé à renaître pour savoir s’il veut ce
qu’il désire… »

catégorie: copie/colle

Il n’y a pas d’accord possible entre la chaussure et le pied.

[ 16 novembre 2009 / 20 novembre 2009 ]

[… ] « Le gnomon du psychanalyste ».
Voilà un homme qui ose poser le problème de ce que c’est que devenir
un analyste quand on est un homme ! Comment faire, quand on est un homme,
pour devenir une femme, puisque l’analyste a une position de femme ?
Lacan utilise le terme de gnomon p. 877 des Écrits.

Je rappelle dans quel contexte. La division du sujet est un point-noeud, dit Lacan. Elle se
noue à un manque – le manque du pénis de la mère. D’où le mathème que Lacan
propose : (-j) / $. Le pas-de-savoir $ est articulé au pas-de-pénis (-j).

Pas-de, Leonardo l’a fait remarquer, c’est non seulement le manque, mais
aussi le pas que l’on fait.

[… ]

(L’actrice américaine Robin Wright Penn, qui vient de se séparer de
Sean, a confié à un journaliste que le point d’appui (le gnomon, pourrait-on
dire) dont elle se sert pour composer les personnages variés qu’elle
joue, ce sont les chaussures. Qu’ils soient bien ou mal chaussés est
quelque chose de très important pour elle. « Faire chaussure », selon
l’expression de Lacan, elle s’y emploie, donc, car c’est ce qu’elle prend
particulièrement à cœur.)

[… ]

Une femme, dans l’auditoire, l’a
souligné
: « Trouver chaussure à son pied, c’est impossible. Il n’y a pas
d’accord possible entre la chaussure et le pied. »
Une faille, de lui, la
sépare, elle. Le chausse-pied, aussi habile soit-il, n’en peut mais.

Leonardo, cependant, l’a précisé – c’est une femme qui lui a permis
de faire le saut par dessus la faille, c’est-à-dire de quitter le fantasme
de continuité de la commune mesure, dans lequel le chausse-pied est captif.

Extraits du  Journal des Journées n° 57

///

Le mot Gnomon est un mot latin qui veut dire aiguille de cadran solaire, venant du grec Gnômôn qui désignait une règle ou ce qui sert de règle. Par dérivation un gnomon est le nom du plus simple cadran solaire : un bâton planté verticalement dans le sol, ou même encore plus simple : l’homme lui-même.

The gnomon is the triangular blade in this sundial

The gnomon is the part of a sundial that casts the shadow. Gnomon (γνώμων) is an ancient Greek word meaning « indicator », « one who discerns, » or « that which reveals. »

It has come to be used for a variety of purposes in mathematics and other fields.

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[ 26 novembre 2009 / 30 mars 2010 ]

Pascale Barret

Pascale Barret

Gilles Deleuze: « Un individu acquiert un véritable nom propre à l’issue du plus sévère exercice de dépersonnalisation, quand il s’ouvre aux multiplicités qui le traversent. »
14 octobre, à 00:28