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Les livres ou la vie (6)

[ 11 mars 2008 / 21 novembre 2008 ]

J’ai retrouvé l’ébauche de lettre à Imre Kertesz

A I. K.,

de ce livre qui a écrit A., Être sans destin, l’écriture peut commencer. depuis ce livre, depuis A. l’écriture devient possible. (redeviendrait)

A, Auschwitz.

3 janvier 2008 – 2:52

De même qu’une note à propos du rêve qui s’en est suivi :

« des rêves de cette nuit, un seul mot retenu : « kertezsionisme » (!) »

Je n’ai plus la moindre idée de ce qui a pu m’amener à penser ça. plus rien.

jean livre sterling

[ 9 juin 2008 / 1 décembre 2008 ]

lors de la dernière séance, où j’avais bcp pleuré, l’analyste devant s’absenter m’avait demandé que je l’appelle la semaine suivante tous les matins, à huit heures. était-ce parce que je lui avais dit que j’avais l’impression de n’être pas prise au sérieux, de n’avoir  pas été prise au sérieux, ici, par les analystes de paris ? était-ce pour cela ? pour me prouver le contraire ? pour me réengager dans le processus analytique?

ce que cette semaine de « séances téléphoniques » a donné. j’ai du mal à me souvenir.

lors du premier coup de fil, j’avais commencé disant qu’il serait peut-être bon d’interroger pourquoi très vite ça avait été ça : l’analyse ou la mort1. et quel était, quel serait, pourrait être le lien entre la psychanalyse et les camps de la mort, Auschwitz.

Sieg Maandag, jeune Juif hollandais survivant, marchant sur un chemin bordé de cadavres, à Bergen-Belsen, vers le 20 avril 1945. il y a eu le rêve:

des jambes, des corps couchés, alignés. une douche passée par dessus, une douche dont le jet est très fort, qui déplace les chairs – la cellulite.
celui qui manipule la douche qui dit : regardez, ça bouge, ça bouge.

douche : je pense aux camps (jet gaz/eau).
cellulite : je pense à cellule, enfermement, je pense oncle jean.

je dis à l’analyste, au téléphone, « vous ai-je dit que pendant la guerre mes grands-parents ont sauvé une famille juive, cachée dans leur grenier ? » je dis leur nom : Sterling. je dis que c’est le père Sterling qui a appris la peinture à mon père.

en raccrochant, je me demande pourquoi j’ai raconté ça,  pourquoi j’ai donné ce nom, « Sterling »?

fatiguée, troublée, dans la volonté de repenser à tout ça, je me recouche  ; il est un peu après huit heures. je réalise que j’ai omis de dire qu’ils étaient partis, finalement, les sterling, qu’ils avaient eu peur de mon oncle, jean.

mon oncle jean. peur qu’il les livre aux Allemands.

je me souviens alors d’un rêve fait au cours de l’analyse avec D., où je le payais avec des « livres sterling« . là, tout se précipite dans ma tête (déchainement) :

mon oncle, qui voulais voulait écrire un livre, aurait livré sterling aux allemands, aux camps (« jean livre sterling »). je précise ici que les sterling ont survécu, et que le fils s’est inscrit à l’académie de dessin où mon père était directeur.

alors, écrire, livrer, l’impossible livre; écrire trahir; livrer aux camps de la mort.

après les livres de Imre Kertesz, la seule chose que j’étais parvenue à écrire : « après ce livre ce qui écrit Auschwitz : écrire devient possible. redevient possible »

les jambes – les corps – la douche – la livre de vie, la livre de chair. « ça bouge, ça bouge… »

Notes:
  1.  avec ça que j’étais arrivée pour ma « demande de passe », des années auparavant, dans cette certitude que le choix d’être analyste, c’était un choix de vie, le choix de vivre ; et puis, bien avant cela, il y avait eu ce dont j’ai déjà parlé ici : j’étais arrivée en analyse à la suite de la lecture du livre de pierre rey, espérant qu’elle débouche sur ça : ou devenir analyste, ou écrire un livre, comme pierre rey, ou me tuer, et me réussir, comme le gros []

pomme, pommeau

[ 11 juin 2008 / 24 novembre 2008 ]
la cane de jeanne

la cane de jeanne

conclusion de la séance d’hier : je ne sais pas quoi faire de ma vie, je ne sais plus du tout. curieusement, m’en sens libérée. loin de ces lourdes histoires auschwitziennes et autres « lacan-dla-mort » (le plaisant docteur g. me dira plus tard : « après les camps, la libération, c’est logique, c’est logique»).

je dis à l’analyste que l’image du rêve des « corps allongés morts passés à la douche » m’avait fait pensé, après-coup, à une photo de cadavres alignés, retrouvés à Auschwitz ; cette image qui maintenant s’impose. il me parle de cette cadavérisation dans le rêve comme d’une défense contre le grouillement de la vie (« ça bouge, ça bouge! »)

à propos du rêve surtout, cela qui dédramatise, ce que je n’avais pas vu et dont l’analyste s’est étonné  ( ou a fait semblant de s’étonner) : le pommeau de douche ≈ le pommeau du téléphone !!! ( ce coup de fil que je m’étais vue invitée à lui passer tous les jours).

NB: se défendre contre la jouissance / s’il est possible de comprendre pourquoi elle est serait s’avère si HORRIfiante.

écrire debout

[ 16 juin 2008 / 24 novembre 2008 ]

13:29

à cdz, il le faut, que je lui dise que je me cache de tout, de tous, en ce moment, et surtout du travail.

et surtout du travail,
amen

je voudrais un bureau auquel je puisse travailler debout, et un tout petit ordinateur ( un écritoire ancien, un meuble à écrire debout).

me lever de ce bureau. marcher dans l’appartement ( échapper aux habitudes des lieux, aux assises anciennes : impossible – mais pas complètement) ( sur mon bureau une revue intitulée : « la force du même »). me lever.

13:43
également: changer de lumière.

13:54
voyez-vous, auschwitz même, dans mon cas, est une défense ( pour le dire simplement).

vendredi avec jules : bhv de l’hôtel de ville ( recherche cadeau f.) , puis notre-dame ( « non, je ne veux pas rentrer, ça fait peur »). pénétrons une autre église, où l’on chante en latin ( c’est Église Saint-Nicolas-du-Chardonnet,  » fief d’un mouvement catholique traditionaliste »). jules veut s’asseoir. les gens se lèvent. c’est un mariage, les robes sont longues et les chapeaux sur toutes les têtes des dames. à jules, je ne dis, explique rien, si ce n’est qu’il s’agit d’un mariage, il dit oui oui, il parle tout bas. je l’entraîne vers la sortie. plus loin, il va foncer pour pénétrer dans un espace précédé de l’enseigne qu’il ne sait évidemment pas lire :  » mémorial de la déportation« . je lis sur l’insigne de la dame qui l’arrête dans son élan, qu’elle est de la  » défense nationale ». elle me demande son âge et si il a déjà vu un cimetière. je lui dis que oui. je sens les larmes me monter aux yeux. dans ce cas, me dit la dame défense nationale, il peut y aller. jeune homme, lui dit-elle en se tournant vers lui, avez-vous un téléphone portable sur vous, non, répond-il, avez-vous un appareil photo, non répond-il, bien, vous allez descendre ces marches, mais attention, vous ne pourrez plus parler, plus faire de bruit, ne vous approchez pas de la herse. plus tard, nous monterons manger des gâteaux en haut, tout en haut de l’institut du monde arabe. jules prend des photos. avant de prendre le bus pour rentrer, nous passons par les plaines de jeu du jardin des plantes. je suis très fière de jules, de sa façon de se déployer, de ses courses, de ses cris, de sa gaieté, des enfants qu’il amène à sa suite. au retour, nous croisons un héron cendré, jules lui dit qu’il s’appelle jules et s’indigne de ce qu’il ne lui réponde pas. je lui dis que l’animal est sauvage et qu’il ne parle pas. il a peine à me croire.

Les photos de Jules  :

on est partion se relève, on a fini le goûterchien-caca, \ma poussettevuearrivée sur la terrasse

qu’Auschwitz donc, est un autre encore des noms que prend ma défense. couverture , voile.

« défense », le terme est de l’analyste la semaine dernière, parlant du rêve, de la cadavérisation comme d’une défense contre l’horreur de la vie, le grouillant de la jouissance.

14:22 je voulais dire qu’auschwitz couvre seulement l’horreur, celle qui n’en n’a pas, de nom. une représentation.

14:32 mercredi: le cours de miller, le dernier cette année (la lettre que je ne lui ai pas écrite).

(14:41 en fait, c’était le contraire : d’abord le mémorial de la déportation, ensuite l’église de la rue des bernardins.)