Articles comportant le mot-clé "écriture"

Les livres ou la vie (1)

[ 1 mars 2008 / 21 novembre 2008 ]

Le brouillard ayant envahi mon esprit, brouillard blanc où je distingue quelques panneaux lumineux, dont celui qui comporte les mots « IMRE KERTÉSZ », je décide, sans en savoir plus, de racheter aujourd’hui Être sans destin, prêté déjà, et que je ne risque pas de revoir avant longtemps. Le racheter, le relire, à cause de la forte impression qu’il m’a faite dont ne me reste qu’un souvenir flouté.

A propos d’I. K., me serait-il possible en ce moment d’en dire plus ? Se concentrer.

L’écriture.

J’aurai le lisant compris que j’accordais à l’écriture, aux livres, bien plus d’importance qu’à « la vie ». (Je ne rapporte ici que ce que j’arrive à en rapporter, de ce que j’aurai alors compris, maigre moisson, constatai-je, maigre moisson, au regard des souvenirs dont je suis sûre : ce que j’avais cru comprendre alors m’avait laissée bouleversée, pendant des semaines.)

Cet autre souvenir : je demande à D, dont c’est la spécialité, si elle me croit atteinte de bovarysme. À mes explications, elle répond que c’est certainement là l’un des noms de ma maladie. Je lui demande quoi faire. Elle me dit que je ne peux rien faire d’autre que de l’accepter.

Je me souviens également avoir été saisie par la nécessité de prendre cet amour qui se révélait de moi, de façon éclatante, au sérieux. Cet amour pour les livres, pour l’écriture, il me fallait l’assumer, le revendiquer. Il ne s’agissait plus de laisser dans l’ombre, une ombre honteuse. Le porter au grand jour.

C’est intéressant.

Il allait s’agir de faire en sorte que soit la vie qui soit atteinte par les livres. Il faudrait que le sérieux des livres se propage par contagion à la vie. Il ne s’agirait plus de vivre une vie amputée du sérieux des livres. Je ne peux m’empêcher de songer ici à la formule de Lacan concernant l’aliénation. La mienne s’écrirait : « Les livres ou la vie ». Que vous choisissiez l’un ou que vous choisissiez l’autre : vous n’aurez jamais les deux. Vous n’aurez jamais que l’un amputé de l’autre. Telle en tout cas me sera apparue ma vie à ce moment-là, sa difficulté : amputée des livres. Dans les livres, j’étais sans la vie, dans la vie, j’étais sans les livres.

ou les livres ou la vie

Les livres amputés de la vie

La vie sans les livres

Comment le dire : j’aime le sérieux et la passion des livres et je reproche à la vie de ne jamais rien m’offrir de pareil. Et m’est-il apparu que simplement, ma vie serait-elle écrite, je l’aimerais. Passionnément peut-être même. Pourquoi je me force aujourd’hui à cet exercice.

Et raison pour laquelle je me suis sentie autant emportée, emballée, quand j’ai écrit ce mail à XY. Je lui parlais là de la seule façon dont il me semble valoir la peine de parler. Plus exactement, je m’adressais à lui, de la seule façon… Les intérêts que je mettais en jeu étant les seuls ceux qui m’intéresse. Mon compagnon, F., y vit à redire : « Tu ne peux pas ainsi t’adresser à un concurrent ». Je lui répondis que ma décision se trouvait là, ne renoncer à m’adresser à quiconque dans mon style à moi, dans ce qui était important pour moi. Bien sûr, il est bien possible qu’il ait eu raison, et que si cet homme me répondit de façon charmante, c’était probablement pour m’amener à lui fournir les renseignements dont il avait besoin pour que le travail qu’il avait à faire, de reprendre mon boulot, pût se faire à moindre coût. Qui donc mieux que moi pouvait défaire ce que j’avais fait.

Les livres ou la vie (5)

[ 9 mars 2008 / 25 juin 2008 ]

Aussi, encore, il restera à (re)trouver, décrire, ce qui dans Imre Kertesz m’a menée à ces… constatations. Et puis, aussi, il faudra, mais ça ce sera beaucoup plus difficile, et peut-être que ça ne sera pas possible, retrouver ce qui m’a amenée à penser que – mais qu’était-ce donc, et je me demande si je ne l’ai pas écrit, quelque part, franchement, ça serait souhaitable, car il ne me reste rien, vraiment, sinon ces termes : « après Auschwitz ». Et peut-être : « Ecrire après Auschwitz ». Mais non, ça n’est pas ça. Est-ce que ça va revenir ? Est-ce que ça peut revenir ? Est-ce que ça doit revenir ?

Il y a eu une nuit très dense, très insomniaque, où je me suis levée finalement. Et j’aurai essayé d’écrire quelque part, quelque chose à ce propos. Une lettre. Voilà, c’est ça. C’était ça, la grande terrible idée, écrire à Imre Kertesz. En ai-je eu des nuits à lui écrire, en pensée. C’est là que je me suis rendu compte, de l’importance, pour moi, des lettres. Ces lettres non-écrites. Pensées.

Et, il y a eu le grand chambardement, mais c’est une autre histoire, et c’était avant ça, de la passe de JAM (Jacques-Alain Miller).

Les livres ou la vie (6)

[ 11 mars 2008 / 21 novembre 2008 ]

J’ai retrouvé l’ébauche de lettre à Imre Kertesz

A I. K.,

de ce livre qui a écrit A., Être sans destin, l’écriture peut commencer. depuis ce livre, depuis A. l’écriture devient possible. (redeviendrait)

A, Auschwitz.

3 janvier 2008 – 2:52

De même qu’une note à propos du rêve qui s’en est suivi :

« des rêves de cette nuit, un seul mot retenu : « kertezsionisme » (!) »

Je n’ai plus la moindre idée de ce qui a pu m’amener à penser ça. plus rien.

petite honte (où je tourne la page des GTD)

[ 2 mai 2008 / 3 décembre 2008 ]

je change de titre. c’était « la première heure », ça devient « petite honte ».

c’est à la lecture de zen habits – eh oui, faut-il qu’il m’arrive de désespérer,  soit : d’être débordée – que j’avais choisi d’appeler ce blog «  la première heure« .

j’avais découvert les GTD (Getting Things Done), m’y appliquais, m’en amusais, leur trouvais une sorte d’efficacité rassurante. me pliais, obéissais. dressais, triais, barrais, recopiais, projetais, analysais, comparais, en face regardais,  différais. jusqu’à ce que je tombe sur Zen habits.

Zen habits préconise de  DETERMINER dans la liste de choses à faire que les GTD vous auront amené à dresser,  CELLE qui pour vous compte le plus.  troublante lecture.  car je n’avais pu m’empêcher de penser à l’écriture. troublante lecture.  et dont je sortis déprimée quelques jours.

l’auteur lui-même, de Zen habits, s’était  donné pour but de quitter son travail et de ne plus faire qu’écrire, dans son blog –  ce à quoi il était arrivé, et en direct, LIVE! il s’y était attelé avec méthode et continuité, en prenant soin de ne commencer chacune de ses journées que par ce qui pour lui comptait le plus : écrire, donc. d’où mon titre : la première heure. je m’étais dit que je pouvais tenter cela, que cela valait le coup, que j’étais bien forcée d’admettre qu’écrire était pour moi le plus important, mais que je n’étais arrivée jusque là qu’à postposer, à faire passer après toutes les autres tâches ( ces autres tâches m’en protégeant et n’étant pas loin de m’acharner à les multiplier). j’avais bien quelques doutes quant à la possible efficacité d’un programme de management contre un symptôme aussi coriace que le mien, mais cela valait la peine d’essayer, aurai-je pensé.

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simply

[ 14 novembre 2008 / 12 décembre 2008 ]

Some write for fortune,
Some write for fame,
I simply write to sign my name.

from « The Small Object »

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d’un sentiment de verdure aggravée

[ 28 décembre 2008 / 27 janvier 2009 ]

25 déc. 2008, citation  ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien,
un livre sans attache extérieure,
qui se tiendrait de lui-même par la forme interne du style,
comme la terre sans être soutenue se tient en l’air,
un livre qui n’aurait presque  pas de sujet,
ou du moins où le sujet serait presque invisible,
si cela se peut;
les œuvres les plus belles  sont celles où il y a le moins de matière;
plus l’expression se rapproche de la pensée,
plus le mot colle dessus
et disparaît,
plus c’est beau.

Flaubert, 1874, Correspondance

/

26 déc., blog : arrêter. de toutes parts. arrêter;

/

27.
semblant de révélation :
je suis une femme exactement où je refuse de l’être.
je médite, je rajoute :
et en plein d’autres endroits.

/

28. paris : moins 1 degré.
de bruxelles, ma mère m’écrit : enfin, un véritable hiver.

– jusqu’au mot disparu –

alors que je ne voudrais rien d’autre que/ lancer des ballons multicolores / mouah qui suis
fille de l’

– ici

– l’espace

– des ballons

air / le crois-tu? oui / oui? non / ah les si sévères juges, les serpents sifflants sur, viens
petite, vaincre

je pars vers la chambre, nul besoin de semer derrière moi de petits cailloux. je pars disais-je vers
la chambre / et les livres. nul besoin
de semer derrière moi
les petits cailloux / nul père nulle mère – forêt consentie, voulue

– ici

– l’espace

– de la chambre et des livres

je t’appelle et tu viens. elle l’appelle, se lève, l’appelle, bout des lè
vres, il sourit, vient.

– l’espace yeux clos

– temps

le mot, son être, et les autres. mots. leurs lettres. les lettres. un arbre. des arbres. des branches.  nues. nues nues et je pense au hibou virgule et je pense au hibou dans le trou de l’arbre. noir et blanc. crochet et demi-lune.
et puis, un instant les fesses dans l’herbe. à l’une à l’autre: dire oui, à l’entre: encore. herbe, je répète. humidités ensolmeillées; surprise seul l’enclos de ma bouche reste sec, tienne fraîche.

retour rapide dans la chaleur de l’hiver sous la couette.
quelques instants téton du sein gauche serré entre les doigts de frédéric. les yeux fermés d’1 femme de l

//

moins deux degrés à paris, mon amour. ce sera se moquer du monde
non?

~2401 (just for fun)

[ 10 février 2009 / 16 février 2009 ]

tellement de musique ici que j’aime parfois avoir le sentiment d’avoir découvert qq choses toute seule comme une grande de mon côté, tu me diras si . nouveau nom de blog …  l’Agence de l’Amant de MadAme MULLER

http://www.myspace.com/nnobra

julesestunpeuseulnon

A quoi sert l’écriture?
Je puis seulement énumérer les raisons pour lesquelles j’imagine écrire:
1. pour un besoin de plaisir, qui, on le sait bien n’est pas sans rapport avec l’enchantement érotique ;
2. parce que l’écriture décentre la parole, l’individu, la personne, accomplit un travail dont l’origine est indiscernable;
3. pour mettre en œuvre un « don », satisfaire une activité distinctive, opérer une différence;
4. pour être reconnu, gratifié, aimé, contesté, constaté;
5. pour remplir des tâches idéologiques ou contre-idéologiques;
6. pour obéir aux injonctions d’une idéologies secrète, d’une distribution combattante, d’une évaluation permanente ;
7. nour satisfaire ses amis, irriter ses ennemis;
8. pour contribuer à fissurer le système symbolique de notre société;
9. pour produire des sens nouveaux, c’est-à-dire des forces nouvelles, s’emparer des choses d’une façon nouvelle, ébranler et changer la subjugation des sens;
10. enfin, […] pour accréditer ainsi la valeur supérieure  d’une activité pluraliste, sans causalité, finalité ni généralité comme l’est le texte lui-même.






















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