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tears in my hand

[ 13 janvier 2009 / 11 septembre 2009 ]

Telepathe – Devil´s Trident (Planning To Rock Remix) from Darío Peña on Vimeo

12.1

Le bruit lent des voitures.

Allongée au fond d’une cave, sous les couvertures, c’est l’hiver, la peau me brûle. Surtout les cuisses. Cela n’a rien d’érotique, évoque plutôt un état maladif. Sont les draps rêches. Cette fois, c’est le soir. De petits cœurs battent faiblement sous la peau, seule la lampe de chevet est allumée. Nul bruit, personne n’habite au-dessus de chez elle. Elle est couchée sur le dos, ne fait rien, éteint. Se tourne sur le côté, le visage tourné vers la rue. Écarte les couvertures, le drap, sous lesquels elle est nue. C’est une époque où il n’y a pas encore internet. Elle n’a pas de nom, elle a une histoire. Elle songe à Jacques Lacan qui quelque part raconte comment une nuit après avoir traversé Dieu sait quelle plaine sibérienne, rejoint une femme qui l’attend dans une grange, la pénètre et fournaise. A la surprise de découvrir une fournaise entre ses jambes. Elle glisse quant à elle une main, qu’elle s’étonne de découvrir glacée, entre ses cuisses. Frissonne. Ramène le drap sur ses jambes. Ses pensées vont vers Marcel Proust. Elle a chaud, presque froid. Elle songe au lit de l’écrivain. Son lit, sa chambre, son asthme, se couche sur le dos, plie ses jambes, nue, mais à l’exception de son slip où elle va glisser son poing fermé pour s’endormir. Ma mauvaise mémoire, mon calme actuel lui donnent la chance de sa tranquillité ce soir là.

Ecrit suite à la lecture de la nouvelle intitulée Le secret du mal de Roberto Bolaño.

Ceux que le désir déserte. (la nouvelle Labyrinthe, fin, Jacques Henric dans le parking pensant à Derrida. Met sa main à son sexe : il bande mais n’éprouve aucun désir.)1

– Voulez-vous effacer définitivement ces 38 documents? – Oui, je le veux.

– love, love, love / night

Notes:
  1. Face à son regard se déploie un monde de contours, un monde de bruits distants. La possibilité d’avoir peur s’approche comme s’approche le vent d’une capitale de province. Henric s’arrête, son coeur s’accélère, il cherche un point de référence, mais si auparavant il était parvenu à entrevoir au moins des ombres et des silhouettes au fond du parking, l’obscurité maintenant lui semble hermétique comme un cercueil vide au fond d’une crypte. Il décide donc de ne pas bouger. Dans ce calme, son cœur peu à peu se rassérène et la mémoire lui apporte les images de ce jour-là. Il se souvient de guyotat, qu’il admire secrètement, en train de draguer ouvertement la petite Carla. Il les voit sourire une fois de plus puis s’éloigner dans une rue où les lumières jaunes se défont et se recomposent par rafales, sans aucun ordre apparent, même si Henric, dans son for intérieur, sait que tout obéit à quelque chose, que tout est causalement lié à quelque chose, que ce qui est gratuit ne survient que très rarement dans la nature humaine. Il porte une main à sa braguette. Ce mouvement, le premier qu’il fait, le fait sursauter. Il bande et cependant il ne ressent aucun genre d’excitation sexuelle.
    Le secret du mal de Roberto Bolaño, « Labyrinthes », pp. 84, 85. []

je crois entendre encore

[ 10 septembre 2009 / 13 septembre 2009 ]

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