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Les livres ou la vie (3) – et le vel

[ 3 mars 2008 / 8 septembre 2009 ]

Il y a donc les livres, il y a donc la vie. Ce dont je souffrirais – la perte de ce qui leur serait commun, à la vie, aux livres. Cela justement à quoi je tiendrais le plus, MISère.

Se rappeler qu’il s’agit là d’une formule de l’aliénation (ou/ou, soit l’un/soit l’autre, et quand l’un, l’un sans l’autre, l’un moins l’autre, et quand l’autre, l’autre sans l’un, moins l’un : VEL), l’aliénation selon Lacan (dans le séminaire XI). Se souvenir que les chapitres concernant l’aliénation sont suivis d’au moins un chapitre sur ce qu’il appelle la SÉParation – où je trouverais la délivrance.

(
plus tard, se rendre compte que je ne sais pas ou plus ce que signifie le mot VEL. sur internet, je trouve:

Cette comédie pour nous recouvre simplement l’absence encore dans la logique d’une négation adéquate. J’entends de celles qui seraient propres à ordonner un vel, je choisis vel et non pas aut en latin, d’un vel à poser la structure en ces termes : ou je ne suis pas, ou je ne pense pas – dont le cogito cartésien donnerait l’intersection. Je pense que des logiciens m’entendent et l’équivoque du mot « ou » en français est seule propice à brocher là la structure de cette indication topologique : je pense , là où je ne puis dire que je suis. Où, là il me faut poser dans toute énoncé le sujet de l’énonciation comme séparé de l’être par une barre. Plus que jamais, évidemment, ressurgit là non l’intuition, mais 1’exigence de l’être. Et c’est ce dont se contentent ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
Jacques Lacan, Préface à l’ouvrage de Robert Georgin, Cahiers Cistre, 1977, Lacan, 2me édition, Paris, l’Age d’homme, coll. « Cistre-essai », 1984, pp. 9-17.

vel dès lors nouvelle recherche, dictionnaire latin/français :

vel, adv. [abréviation d’une ancienne forme de l’impér. velle : veux-tu? si tu veux] : – 1ou, ou bien, si l’on veut. – 2même, et même, ne serait-ce que. – 3 – Virg. Hor. et, et encore, en outre, de plus. 4 – (si tu veux une précision), ainsi, par exemple. – 5avec un superl. : peut-être, sans doute; sans contredit, vraiment.
– vel … vel… : ou… ou…, ou… ou disons…, soit… soit…
– vel (potius) : ou plutôt.
– vel dicam : ou que je dise plutôt, ou plutôt.
– vel (vero) etiam : ou même, ou bien encore.
– vel praepono : je préfère même.
– vel maxime : même au plus haut point.
– vel minima sentire : percevoir même les plus petites choses.
– vel sternas licet, Cic. : tu peux même ronfler.
– vel hoc ipso intellegi potest : on peut comprendre, ne serait-ce que par ce fait.
– suaves accipio litteras : vel, quas proxime accepi… : je reçois des lettres exquises, la dernière, par exemple…
– domus vel optima Messanae, notissima certe : la maison peut-être la plus riche de Messine, en tout cas la plus connue.
– vir vel elegantissimus : l’homme vraiment le plus élégant.
– mores quidem populi Romani quantum mutaverint vel hic dies argumento erit, Liv. 39, 51 : combien ont dégénéré les moeurs des Romains, en tout cas ce jour-là le prouvera (ce jour à lui seul le prouvera).

et si je recopie un extrait de la définition de mon dictionnaire latin, ça donne :

1 adv. ou, si vous voulez; ou; a) [donne à choisir une expression entre plusieurs ] : … le souverain bien dérive de la vertu, ou [si vous voulez] repose dans la vertu mêmenous l’avons [je vous laisse le choix de l’expression] ou rejeté ou renvoyé ou

(mon dictionnaire, je trouve plus parlant. serais-je vraiment blabla, j’irais maintenant chercher le mot latin aut. « minutieuse » ou « studieuse », sont les mots qu’on peut-être pourrait mettre à la place de « blabla » dans la phrase précédente. si je ne les y mets pas, c’est je suppose qu’ils ne conviennent pas. )

~pour finir

[ 15 septembre 2009 / 25 septembre 2009 ]

« Comment on ne devient pas psychanalyste ».

Je ne suis pas sûre d’y avoir compris grand-chose.

A ça, n’être pas devenue analyste.

Mais j’aimerais pouvoir le dire : Je ne serai pas analyste. Je ne le serai pas, je ne le suis pas, voici pourquoi.

En premier, viendrait  probablement ma satisfaction actuelle. Ma grande satisfaction actuelle. La façon dont j’écris, le blog,  cet exercice, dont je me suis longtemps fait le reproche, qui paraît finalement pouvoir répondre de mes années d’analyse. En prolongation de cette pratique, à laquelle encore je m’adonne, de voir un psychanalyste, à un rythme certes moins soutenu qu’à BXL où a eu lieu ma « première tranche », mais toujours régulier.

Gerhard Richter - Overpainted PhotographCette satisfaction qui est la mienne d’être ce que je suis, enfantine peut-être mais, ma complicité, connivence d’avec mon corps, ma façon d’être, cet empilement ce jeu éventail de petites satisfactions qui seraient
comme autant de cartes à jouer habilement maniées mélangées aérées lancées distribuées réparties, retournées, carrées. Elles auraient lieu un peu n’importe où,  n’importe quel lieu du corps, l’instant d’un regard rapidement passé, posé, d’un mouvement, le pli d’un vêtement, la matière d’une tissu, le poids des lunettes sur le nez, l’ombre heureuse d’un arbre sur la route, 3 feuilles rouges dans un marronnier, le couloir sombre de l’appartement.

Et si ça n’a pas été facile, de ne pas devenir analyste, c’est essentiellement parce que pendant quatorze ans, durée donc, de la première tranche, j’ai pensé que c’était ce que je ferais. C’était une certitude. Laquelle s’est effondrée, peu après un claquement de porte. Puisque c’est très brutalement que ma principale analyse s’est terminée. Mon analyste m’a mise à la porte ( je doute qu’il se soit douté que ce serait définitif)  ou j’ai voulu la prendre, j’ai quitté Bruxelles pour Paris.

Arrivée à Paris, les choses ne se sont pas vraiment passées comme j’aurais pu le croire.

Les analystes parisiens m’ont d’abord envoyée chez le psychiatre.

L’un d’entre eux a eu cette drôle d’idée de me dire, pensant peut-être me réconforter, que c’était une très bonne chose que de n’être pas analyste.

J’ai mis du temps à m’en remettre.

Cet analyste m’a alors parlé « d’effondrement de S1 ». Je veux bien le croire. Il n’empêche que je ne suis plus retournée le voir.

Enfin, pour contrebalancer peut-être, cette certitude, qui était la mienne, de devenir, d’être analyste, il y a ce que j’ai pu voir récemment :

On ne devient pas psychanalyste quand on a pris l’école pour ce qu’elle n’est pas. Quand on a pris l’Ecole et la passe, pour c e qu’elles ne sont pas.

Et on ne devient pas psychanalystes parce que les filles, c’est bête. Et qu’on n’est pas arrivée à poursuivre ses études parce qu’on ne savait « pas-tout ».

Cela m’est venu en rêve, le mois dernier, comme j’avais décidé de chercher à en découdre avec les angoisses qui depuis des années me prennent au mois d’août .

Le premier rêve m’a d’abord appris que l’école de mes humanités, les Dames de Marie, et celle de la Cause freudienne se confondaient dans mon esprit.

J’ai rêvé que Jacques Lacan était Directeur des Dames de Marie.

J’ai rêvé que les filles complotaient contre lui et que, malgré leur invitation à « rester avec elles malgré que je sois contre elles », je les ai trahies et dénoncées.

J’ai fait ce dessin

lecolelesfilleslacan

J’ai vu que les filles étaient bêtes, et surtout qu’elles étaient des filles. J’ai vu que Lacan, lui, était un « génie ».

J’y ai reconnu mon aliénation.

Ou les filles ou Lacan, et si j’avais l’un, je perdais les autres. Si je choisis les filles, j’aurai les filles amputées de l’école (savoir ou communauté de savoir? savoir universitaire ou savoir psychanalytique? désir de savoir?)  et de Lacan. Idem, si je choisis Lacan. Si ce n’est que je crois que si je choisis Lacan, je perds tout. L’école, les filles. Et le génie. Ou alors extrêmement solitaire, inconnu, incompris et méconnu (le génie).

Dans les deux cas,  l’école est perdue.  L’école comme cause perdue. C’est là où ça ne passe pas tout.

J’y ai compris ma « parano ». Elles complotent parce que je les trahis, parce que je ne me reconnais pas comme étant des leurs.

Mais elles complotent aussi parce que du martyr, j’ai fait un idéal. Cela, un autre rêve me la rappelé.

Un rêve dont je dirai seulement que mon père y revient de la mort, tandis qu’un homme y revient de l’Afrique.

Je me suis demandé pourquoi l’Afrique. Et je me suis souvenue que le premier homme avec qui j’ai fait l’amour était mulâtre.

Je m’appelle Müller.

C’était bon pour le MUL, mais que venait faire l’ATRE aussi chaude que soit l’Afrique. Et je me suis souvenue que ma mère rêvait, fantasmait de mourir martyre. De ne pas trahir sa foi et de mourir brûlée à petit feu, sur des charbons ardents (maman, pardonne-moi, je sais que tu as honte, mais c’est pour la bonne cause !)

Brûlante Afrique, passion Christique, délétère dira-t-on. Lacan, patron saint et martyr.

Bon. Il y a la question de l’argent aussi. Du fric (Afrique). Mais elle n’est pas résolue. Personnellement, je me préfère sans, mais ça n’est pas pratique. Je passe.

Va donc pour la question du fric, mais je reste avec ma mère.

L’amour. Et celui  des filles. L’homosexualité.

Pour en parler le plus brièvement possible, je dirai, je le qualifierai, cet amour, d’amour « pré-génial ».

Le terme n’est pas complètement de moi, d’un rêve encore. J’ai donc rêvé  également que JC E me disait qu’il travaillait à un texte sur l’amour pré-génital. C’est en transcrivant ces mots que j’ai reconnu le « génie » (de Lacan) à propos duquel j’écrivais la veille.

Donc, ça donnait :

génie ≈ génital

Ma mère, ma mère, ma mère, et le « génital ».

Comment elle s’appelle cette pulsion qui n’existe pas mais qui si « elle existait irait se faire f… dans l’Autre » ?

La pulsion génitale…

(Oui, je connais bien le Séminaire XI, mais ça fait très longtemps que je ne lis plus de psychanalyse. J’ai arrêté le jour où j’ai voulu écrire à mon tour. Mais ça n’a pas marché.)

Laissons là les mères et les filles, restons sûres du génie de Lacan, au passage glissons qu’on a deux frères géniaux.

J’ai donc rêvé beaucoup durant ces vacances. Par  2 fois, de l’Ecole des Dames de Marie, des « filles ». Dans le premier j’étais contre elles, dans le second je commençais avec elles, jusqu’à ce que je me retrouve seule. Dans ce rêve, une « meilleure » amie aimait un homme, mais son amour le mettait en fureur, la rendant très malheureuse. Elle vit cependant son amour payé de retour du moment où elle trouva une place, un travail.

Elle trouve une place et je n’en trouverai plus. De place pour m’asseoir en cours et prendre note. Cela se passe au moment où un professeur, une femme ( qui me déteste sans raison, mais qui ne m’a pas exclue de son cours, ça c’était celle qui m’aimait (sans raison) qui l’a fait) est remplacée par un homme (insignifiant).

Le récit de mon rêve passe alors du « nous » au « je ».

(Un homme vient à la place d’une femme).

Et je perds ma place. Peut-être pas directement à cause de l’homme, mais certainement à cause de mes absences. Je devais être très souvent absente. Tant et si bien que j’ai de longues années durant rêvé avoir à demander des notes, aux autres, qui n’avaient pas spécialement envie de me les passer (elle, n’est jamais là, et elle, n’en voudrait pas, payer, les conséquences !)

Et il m’a semblé, mais les deux choses me sont encore difficiles à coller, à associer, qu’à ce moment-là, je sortais tout le temps. Seule, la nuit. J’attendais que la maison soit endormie, revenais au petit matin. Faisais semblant d’aller à l’école, et revenais dormir dans ma chambre (nous habitions une très grande maison). La nuit, je dansais, je rencontrais des hommes. Ca  ne se sera pas très bien passé. Ou trop bizarrement. J’avais seize ans. Le fait est que je « couchais avec tout le monde » (hommes) – et m’étonnais (probablement) silencieusement (sans que ça se formule exactement) de n’être pas mariée. J’avais cru que c’était comme ça. Un homme, une femme, se rencontraient, se mariaient. Ils faisaient l’amour (« la plus belle chose du monde » avait dit ma mère). Et avaient des enfants (5).

Donc, d’un côté je me faisais baiser, de l’autre, je ne veux plus « pas-tout » connaître.

Dans les rêves de cet été, les choses aussi étaient bien séparées, 2 rêves des Dames et 2 rêves très violents avec des hommes qui veulent me tuer. Dans le premier, une femme me trahit (rit, m’a fait une bonne blague). Dans l’autre, une femme se sacrifie (pour me sauver se fait violer). Je trouve ensuite le lieu du sacrifice, une place vide, dans la terre, cerclée d’une roue astrale. (La roue, mon nom, meunier tu dors, Oh Jacques (mon père) pourquoi m’as-tu abandonnée).

C’est la violence de ces rêves que j’ai du mal à comprendre. La violence et l’effroi, l’épouvante. La même peut-être qui m’a poussée pendant des années, lorsque je faisais l’amour, à chercher, en pensées, les mots pour l’écrire, ce qui se passait, à ce moment-là. Rien qui pour moi, n’aie plus convoqué l’écriture (et l’analyse).

Revenons au « Comment on ne devient pas psychanalyste »… quand on a eu la grande passion de la psychanalyse.

Eventuellement, ajoutons auparavant tout de même ceci.

Dans le premier rêve dont il a été question, « L’école, les filles, Lacan », l’école de la Cause freudienne est également  personnifiée par ses analystes, auxquels je m’adresse (dans la loge de la concierge) pour les prévenir de ce qu’un abominable complot se trame contre Jacques Lacan. Ils n’en sont pas outre mesure alarmés. Et plus tard, après que j’aie refusé l’offre en mariage que me faisait une jeune fille (Anne-Marie, Stretter ?), pour acheter mon silence,  un homme, un psychanalyste (La Sagna ?) me … baise (excusez-moi du mot, j’en ai cherché d’autres, sans succès jusqu’à présent), alors que je suis gentiment allongée, telle la Sphynge en haut des escaliers qui mènent à la loge, dans le couloir d’entrée de l’Ecole (en face de moi, le même grand escalier, qui lui, mène au bureau du Directeur).

Je dis ça à cause de ce terme « baiser ». C’est le même que celui que j’ai utilisé quand je parlais des garçons que je rencontrais lors de mes escapades nocturnes.

J’ajoute, il me baise, et quand je le revois, circuler dans la salle des profs, je m’aperçois qu’il agit de même avec toutes les autres femmes (analystes, elles).

J’avais bien noté ça tout de suite, qu’à ce niveau-là, de l’intersection, la lunule, « ça baisait ».

Ca ne se passe pas au mieux, ça ne s’arrange pas avec l’amour, mais ça a lieu.

Je suis peut-être obligée d’ajouter que c’était là pour mon père péché mortel (j’étais vouée, à son grand désespoir, à l’enfer).

L’assomption de son propre sexe. Le rapport sexuel. L’horror feminae.

Je ne sais pas si l’on devient psychanalyste, pas plus que je ne sais si l’on devient femme.

Mais, je sais que c’est ce qui m’a retenue en analyse, qui m’a empêché de faire une passe de « petite fiancée éternelle » de la psychanalyse, faire qu’au moins ça se fasse, l’amour. Faire qu’il y ait ça dans ma vie. Rester dans la proximité de cet « impossible rapport sexuel, qui ne cesse pas de ne pas s’écrire. » A l’amour, je suis arrivée, venue (pas sans remous, remue-ménage).

Je sais aussi que la psychanalyse et son intelligence peut vous apprendre à vous mettre d’accord avec ce que vous ne pouvez vous empêcher de faire, et qui vous fait souffrir. Elle peut vous apprendre à vivre en dehors de ce que vous aviez tellement espéré, de ce que vous considériez comme la normalité, vous apprendre à apprécier, ô combien, votre a-normalité.

Est-ce que cela suffit à ne pas faire un psychanalyste.

Je veux encore  être analysante, toujours, et que les enjeux qui sont ceux de l’analyse restent brûlants, vivants. Titillants.

Mais je n’ai plus besoin d’être analyste.

Quant à être une femme. Il y a mon homme, il y a mon petit enfant. Nous vivons ensemble. Et ça se passe plutôt bien,

Paris, le 15 septembre 2009