les muettes voix des pensées

Publié le Catégorisé comme brouillonne de vie Étiqueté ,

réveillée une fois de plus à 4h30. furieuse, j’avais peur. je me suis levée, allée au salon, me suis dit voilà, je ne le saurai pas, jamais, le pourquoi de mes réveils, il fallait m’y résoudre, à ça. c’est alors que j’ai eu l’idée de la voix. je me réveille, j’écoute. je me réveille, j’entends. je me suis dit, c’est ça, ce serait pour ça que je me réveille, pour entendre cette voix. la voix de mes pensées.

j’avais un ami poète qui disait que quand il écrivait, il entendait une certaine voix, qu’il écrivait pour entendre cette voix-là. moi, ce serait pareil, alors, point d’interrogation, ce serait pareil, j’écrirais pour entendre cette voix, ma voix, pensée, ma voix qui dans ma tête résonne. qu’a-t-elle donc de si attrayant? que de vouloir l’entendre, je me gâche le sommeil, le sommeil, la vie.

et s’agirait-il vraiment de ma voix, est-ce ma voix qui importe, n’importe quelle voix n’y conviendrait-il pas ? qu’une phrase résonne. une phrase ou la parole? que ça ne cesse, de parler. ne cesse. (que ça parle. (d’1 voix sanx voix)).

et s’agit-il aussi, encore de cette/ma voix douce dont j’ai pu écrire ici qu’elle me manquait quand j’écrivais? que je continuerais d’entendre sous le martèlement des touches, dans le ralentissement du débit, cette voix qui, fût-elle transformée, appauvrie, à l’écrit ne passe pas. je le sais, ne passe plus.

on me disait autrefois, quelquefois, on m’a dit, ah quand je te lis, je t’entends. c’était un temps, où je faisais nettement plus d’efforts, pour écrire. où je me relisais, où je passais un temps fou, à me relire, à réécrire, à écrire, jusqu’à ce que j’entende. jusqu’à ce que la voix sonne, différente. mais trêve de nostalgie, si je n’écris plus comme ça, c’est que ça n’était pas ma voie.

pour noël, jules a reçu beaucoup de jouets, trop peut-être, me disais-je hier, ce sont des jouets qui parlent, il a une chaise qui parle, des livres qui parlent et une grenouille qui parle; parfois, il les actionne tous à la fois, y ajoute encore les mélodies de son petit synthétiseur ; j’observais ça, hier, et je me disais que c’était peut-être triste, ces jouets d’enfants solitaires. je m’étais alors vaguement demandée s’il s’agissait déjà d’un certain besoin d’entendre de la voix. allez savoir.

un moment, j’aurai également pensé, plus tôt dans la journée, que les femmes peut-être, les mères, s’entendaient avec les enfants, à cause de ça justement aussi, qu’elles aimaient ça, être dans la voix, simplement, loin du sens – ce n’est que maintenant que j’écris, que toutes ces rapprochements viennent à se faire. je veux dire que moi, ça me plaît, les chansonnettes, les ritournelles de jules. enfin, ces voix-là, sont elles loin d’être muettes.

(et puis, il y a « la haine », ces 2 mots, que j’entends souvent. « la haine ».) et jules se lève qui va mettre un disque.

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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