entropie (I) ~la fête continue

Publié le Catégorisé comme Cut&Paste Étiqueté 3 commentaires sur entropie (I) ~la fête continue

« … depuis que Willard Gibbs nous a montré la tendance de l’entropie à croître, la tendance de la nature à détériorer l’organisé et à détruire le sens quand il coupa l’herbe sous le pied à l’univers concis et sévèrement organisé de Newton avec ses textes sur la physique statistique en 1876, a ouvert la voie à cet univers contingent où l’ordre est le moins vraisemblable et le chaos le plus, introduisant…« 
W. Gaddis, Agonie d’agapè (p.14)

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

3 Comments
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G.
G.
15 années il y a

oui bon d’accord, ya pas que william gibbs d’ailleurs on ne sait pas qui c’est, on le constate tous les jours
seulement il faut dialectiquement inscrire notre vie dans l’autre sens et puis ne pas renoncer
car si ‘la nature’ détériore l’organisé on va pas s’y mettre nous aussi

vm
vm
15 années il y a

cette nuit j’a trouvé ça chouette que william gaddis me retrace, en quelques pages, et dans un élan étonnant ce qui pour lui, lui ou son personnage, fît qu’un ordinateur arriva aujourd’hui dans les mains d’un enfant d’un quatre ans, s’interroge, sur ce qui s’est passé au moment de l’apparition du piano mécanique, et des rouleaux perforés qui ont connu un si vif succès, dont on ne sait évidemment plus rien aujourd’hui, et retrace alors toute une série de découvertes scientifiques majeures, que j’ai eu plaisir à me rappeler, tout en songeant, pour je ne sais quelle raison à duras, que le monde aille à sa perte, dit-elle quelque part, et oui, ce tracé de notre récente histoire des sciences, à mes yeux également, en tout cas de la façon dont il l’aborde, « explique » bien des choses comportements contemporains, et je me dis finalement, fête, fête, fête, jusqu’à un certain point, oui,
j’essaide rejoindre ce que ça peut induire dans nos vies j’essaie de me mettre à la hauteur de rejoindre ce qu’implique le fait que non, il n’y ait pas de sens, ou qu’il n’y ait pas communication

vm
vm
15 années il y a

La quantité de plaisir pas la qualité tout est là et voilà que débarquent ces engins numériques, la machine tout-ou-rien comme disait Norbert Wiener, une machine qui compte introduit le système binaire et l’ordinateur, et Wiener de nous parler d’un brillant ingénieur américain qui est allé s’acheter un coûteux piano mécanique. Punaise ou poésie, n’en a rien à fiche de la musique mais il est fasciné par le mécanisme complexe qui la produit c’était ça au fond l’Amérique, ça dont parlait la mécanisation, ça dont parlent la démocratie et la déification de la démocratie un siècle plus tôt toute cette technologie au service du divertissement la racaille ahurie de Sigi en quête de plaisir là-bas qui joue du piano avec ses pieds c’est de là que tout ça vient non? Ce rouleau de papier tout-ou-rien avec des trous, quarante mille pianos mécaniques construits en 1909, presque deux cent mille dix ans plus tard si jamais les filles du chant furent avilies je veux dire c’est ce que j’essaie d’expliquer, répartir les biens en trois parts une pour chaque fille tout ça réglé bien à l’avance avant que les avocats et les impôts engloutissent tout dans la confusion et le désordre mettre de l’ordre là-dedans la seule façon de le défendre contre la marée de l’entropie qui s’est répandue partout depuis l’année où le piano mécanique a été créé sur l’un des champs de bataille de la guerre de Sécession comme le Christ, pour citer son inventeur américain, et les siens ne l’ont pas reçue depuis que Willard Gibbs nous a montré la tendance de l’entropie à croître, la tendance de la nature à détériorer l’organisé et à détruire le sens quand il coupa l’herbe sous le pied à l’univers concis et sévèrement organisé de Newton avec ses textes sur la physique statistique en 1876, a ouvert la voie à cet univers contingent où l’ordre est le moins vraisemblable et le chaos le plus, introduisant la probabilité et le hasard convainquant Wiener que ce n’était ni Einstein ni Planck ni Heisenberg mais Willard Gibbs qui avait déclenché la première grande révolution de la physique du vingtième siècle mais ce n’est pas de ça que je parle n’est-ce pas, ce n’est pas ce que j’essaie…
Agonie d’agapè, pp. 13 et 14

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