Gravity, la voix incorporée par Dominique Corpelet

 At 372 miles above the earth there is nothing to carry sound, no air pressure, no oxygen. Life in space is impossible.

Ainsi s’ouvre le dernier film d’Alfonso Cuaron, Gravity : « Dans l’espace, il n’y a rien pour porter le son….» Cet incipit signifie-t-il que la voix est indispensable à la vie humaine, au même titre que l’oxygène et la pression atmosphérique ?
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Les points sur le U

Je m’étais couchée raisonnablement tôt, après une journée particulièrement banale –  j’avais dû regarder quelques épisodes de série ( la finale d’Enlightened), je n’avais pas eu envie de lire, cela je m’en souviens, et je m’apprêtais à m’endormir dans un sentiment inhabituel de satisfaction. Soudain, couchée sur le côté – c’est autre chose. Une sensation dont j’aurais probablement tout oublié si je n’avais rapidement jeté ces quelques notes le lendemain matin– des mots que la nuit-même je m’étais répétés, anxieuse de les retenir, même si je les notai ensuite un peu à contrecœur, consciente encore de tout ce qui s’y perdait  :

« Nuit
Corps sous couette, souffrance vide
corps & mots
Certain souvenir
Des mots
S’en


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Sans titre

Quant à l’orgasme, il a un rapport essentiel avec la fonction que nous définissons comme la chute du plus réel du sujet. (…) Combien de fois vous aura-t-il été dit qu’un sujet aura eu, je ne dis pas forcément son premier, mais un de ses premiers orgasmes, au moment où il fallait prendre en toute hâte la copie d’une composition ou d’un dessin qu’il fallait rapidement termine ? Et puis, on ramasse quoi ? Son œuvre, ce sur quoi il était essentiellement attendu. Quelque chose est à arracher de lui. C’est le ramassage des copies. À ce moment-là, il éjacule. Il éjacule au sommet de l’angoisse.
JL, Le séminaire, Livre X, L’Angoisse, p. 198.

Le corps comme objet, né au XXè siècle
— Gérard Wajcman à l'Erg

Erg, séminaire 2011, Gérard Wajcman

le corps comme objet né au xxè siècle / quel serait le maître-mot du xxI ? ça pourrait être la transparence / facebook – transparence de la vie privée, exposition de la vie privée ; wikileaks – transparence du pouvoir / sommes regardés / dans notre corps / soumis à des machines qui voient l’intérieur de notre corps « pour notre bien » _ neuro spin : voir la pensée / idée que tout peut se voir, y compris l’inconscient / projet du tout visible / vidéo surveillance / innocents en sursis / / corps lié aux machines depuis l’origine : le miroir / Le stade du miroir de JL / idée que nous naissons …
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— Gérard Wajcman à l'Erg

« Car dans Gravity, les hommes ont perdu ce qui leur donnait leur lest. Les corps sont déjetés dans l’apesanteur, les voix ne portent plus, rien de ce qui faisait l’étoffe d’un sujet n’existe plus. Objets parmi les objets de consommation, les corps chutent dans le tout-à-l’égout de l’espace.
Ce qui ordinairement leste un sujet n’est pas l’objet du commerce ou de la technologie, mais autre chose de plus insaisissable et qui fait la cause de son désir, ce que Lacan nomme objet a.« 

Sur l’objet-voix qui fait cordon ombilical relie à terre mère, sauvant Pierre, Stone – elle se retrouve à hurler doucement comme loup comme chien puis cris du bébé, Inuit, voix qui l’accouchent,  d’où, me dis-je, l’on déduit que c’est l’objet a, l’objet  chu, en l’occurrence ici l’objet-voix, qui permet d’éprouver la gravité, et donc de tomber, mais tomber quelque part. Qui nous offre le sol, la terre, l’atterrissage.  L’erre, la limite. Sans lui,  sans objet a, c’est apesanteur, zero-gravity, dérive dans le vide.

Et. La gravité, c’est l’objet a;  L’apesanteur, c’est l’objet commun.

L’ESPACE-TEMPS

arrime-toi à ton petit a

 la voix de l’autre côté

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