« Car dans Gravity, les hommes ont perdu ce qui leur donnait leur lest. Les corps sont déjetés dans l’apesanteur, les voix ne portent plus, rien de ce qui faisait l’étoffe d’un sujet n’existe plus. Objets parmi les objets de consommation, les corps chutent dans le tout-à-l’égout de l’espace.
Ce qui ordinairement leste un sujet n’est pas l’objet du commerce ou de la technologie, mais autre chose de plus insaisissable et qui fait la cause de son désir, ce que Lacan nomme objet a.«
Sur l’objet-voix qui fait cordon ombilical relie à terre mère, sauvant Pierre, Stone – elle se retrouve à hurler doucement comme loup comme chien puis cris du bébé, Inuit, voix qui l’accouchent, d’où, me dis-je, l’on déduit que c’est l’objet a, l’objet chu, en l’occurrence ici l’objet-voix, qui permet d’éprouver la gravité, et donc de tomber, mais tomber quelque part. Qui nous offre le sol, la terre, l’atterrissage. L’erre, la limite. Sans lui, sans objet a, c’est apesanteur, zero-gravity, dérive dans le vide.
Et. La gravité, c’est l’objet a; L’apesanteur, c’est l’objet commun.
L’ESPACE-TEMPS
arrime-toi à ton petit a
la voix de l’autre côté
En découvrant le film « Gravité » d’Alfonso Cuaron, phénomène cinématographique, sorti en octobre 2013, dans les salles de cinéma, j’ai tout de suite pensé au livre majeur de Charles Melman, « L’homme sans gravité », sorti, lui, dix ans plus tôt, en 2002. Cette odyssée spatiale « en gravité zéro » m’est apparue comme une parabole, une trajectoire exemplaire, comme celle qu’on vit dans une analyse lacanienne. De la catastrophe initiale jusqu’au dénouement qui a des allures de commencement, le scénario de « Gravité » est construit, à la manière du conte « les 3 petits cochons ». Les stations spatiales successives dans lesquelles le Dr Stone, héroïne malgré elle, cherche à trouver refuge, représentent les étapes incontournables du devenir humain. « On ne nait pas humain, on le devient » (Érasme). Vide abyssal, silence sidéral, infiniment grand et infiniment petit, attraction, répulsion, gravité, légèreté, peur et courage, lâcher-prise, solitude, tous ces ingrédients et bien d’autres encore, habilement mélangés à la sauce hollywoodienne, m’avaient fait passer, à l’époque, par toute une palette d’émotions. De cette aventure effroyable et merveilleuse, j’étais sortie lessivée, rincée et, pour finir, comme passée par le tambour d’une machine à laver en mode « essorage », complètement « stone » ! J’hallucinais : « l’homme avec gravité » était une femme et elle s’appellait Pierre!
mallea, merci pour ce commentaire (que je ne découvre qu’aujourd’hui, 27 septembre!!!)
amicalement,
v