kyoto, 26 avril

Publié le Catégorisé comme brouillonne de vie

japon

je vois avec mon front, je vois avec mes arcades sourcilières, la droite, la gauche, je vois, je veux voir, avec mes pommettes, mes joues, leurs creux, les lèvres. avec la lèvre supérieure, je vois avec la lèvre inférieure, ma langue, je vois, j’entends, posée légère sur le palais, juste derrière les dents de devant, incisives, je vois avec mes dents, du haut, elles entendent, du bas, avec le fond de la gorge, mon cou, mes mâchoires. je vois, j’entends, je sens. avec mes paupières, mes cernes, le coin de mes yeux, leur globe, mes oreilles, le cartilage, mes tempes. toute la peau de mon visage, dans l’ombre douce de mes paupières baissées. mon amour, je vois, j’entends, je sens. je me souviens, j’oublie, je me remémore. je vois par le crâne, le sommet du crâne, l’occiput, la nuque, les clavicules, cela coule le  long de mes clavicules, sternum, poitrine, poumons, les côtes s’ouvrent,  accueillent, rendent. le ventre voit, lit, imprime, interprète. caresse, tâte, malaxe, respire, joue. reçoit, dessine, remercie. me remercie, de lui laisser la parole. il m’imagine.

c’est la nuit, je suis étendue, je ne dors pas. Kyoto Century Hotel. j’écoute mon corps résonner au monde. ça s’étale, ça s’étend, ça reprend. ça s’écoule. ça me restitue. ça va au monde et j’y suis.

c’est comme ça que je vois, que je veux voir encore, dans l’oubli des mots

dans l’épaisseur du ventre, comme une coupe ouverte, pleine qu’elle est de la substance la plus accueillante, je vais, déposée sur le coccyx, passée par le sacrum, les lombaires, les dorsales, les côtes, le monde ici se resserre, tout ce qui est au monde se resserre se resserre là, ça repart dans les bras, par les fesses ça coule aux  jambes, le creux des genoux la plante des pieds l’extrémité des orteils le bout des doigts l’œil matière parmi la matière

le monde me sait au monde et grand est le consentement

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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