(tout ça pour ça; pour rien)

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Donn. réveillée à 6h50. j’entends le bruit du chauffage,  je déteste le bruit du chauffage.  je déteste les manifestations de tout ce qui tourne pour rien, à vide. 
le chauffage qui chauffe la nuit, c’est pour rien, c’est comme ça. l’hiver, la nuit, c’est soi au fond du lit, tout autour le froid.
c’est une question d’éducation, aussi.
et si ça avait été de la part de mes parents une façon d’être radin. qu’est-ce qu’être radin? s’agit-il d’être près de ses sous, sont-ce les sous qui comptent, ce qu’ils comptabilisent? enfin, comment auraient-ils pu être près de leurs sous, ils n’en n’avaient pas. s’agissait-il alors de ne pas en avoir. de faire ce qu’il fallait pour n’avoir pas de sous. ne pas dépenser pour ne pas avoir à avoir (de sous) (préserver l’être). c’est, de toutes les façons, plus proche de ça. 
mais, c’est autre chose. autre chose que ça que je n’aime pas dans le pour rien du chauffage. 
je n’aime aucun pour rien
auquel je m’identifie, comme si ma vie. pour rien
« il ne faut pas que ce soit pour rien. »
ne pas dépenser pour rien. ne dépenser que pour l’utile. quand commence l’inutile, où? selon Lacan, c’est la jouissance qui se définit de l’inutile. pour rien, c’est l’inutile. 
je logeais au sous-sol de la maison des mes parents (le reste de la famille dormait sous les toits). je me souviens, je me réveillais la nuit et je voyais par le jour qui encadrait la porte qui se trouvait face à mon lit que la lumière était allumée dans le couloir, que je l’avais laissée allumée, que je ne l’avais pas éteinte, qu’elle brûlait pour rien. c’est une sorte de souvenir-écran. quelque chose qui est arrivé plusieurs fois. il arrivait que je me lève, dans le froid, que j’ouvre la porte, monte, tourne l’interrupteur en haut de la volée d’escaliers, redescende dans le noir les marches en bois, passe ensuite sur le carrelage, me glisse à nouveau ,frissonnante, dans mon lit. mais, le plus souvent, non, le plus souvent je ne me relevais pas. je me laissais emmailloter par une culpabilité triste et sourde. c’est quelque chose que je n’ai pas raconté en analyse. qui n’a pas trouvé sa place, son moment. c’est un souvenir qui cependant me poursuit. je ne me levais pas pour éteindre la lumière. aujourd’hui encore, cela me poursuit. je laissais l’électricité se consommer pour rien. 
moi-même, je me sens comme cette électricité qui brûle, qui se consomme pour rien. je me sens privilégier ce qu’il ne faut pas. l’inutile à l’utile. le pour rien à pour quelque chose. et pourtant je déteste ça. 
c’est quelque chose que je n’arrive pas à saisir. 
que ça ne compte pas. ce qu’il faut : que ça ne compte pas. 
car, il y a dans ce que je continuerai d’appeler la radinerie de mes parents, quoique j’aie pu en dire plus haut, une radinerie à l’envers, une radinerie pour n’avoir pas, une façon de comptabiliser, de vouloir comptabiliser la jouissance : et le compte , c’est toujours : trop. trop cher. donc, tenter de maîtriser la jouissance, le pour rien, l’inutile, en le comptabilisant, en vivant près de ses sous que l’on n’a pas. 
l’idée, c’est de ne pas dépenser, de ne pas consommer. 
c’est curieux , parce qu’elle a été au cœur, cette idée, de mes deux dernières colères : donc, tu ne veux pas que je dépense, tu ne veux pas que je coûte de l’argent, tu regrettes que je vive. car malheureusement vivre coûte. ai-je lancé. 
et : donc, je ne vaux pas cet argent, je ne vaux rien. 
que la surveillance par mes parents de leurs dépenses, de nos dépenses, de mes dépenses, je l’aie également vécue, étant donné que tout coûte, comme un reproche fait à ma vie. et alors que je me sente si coupable. de toutes ces dépenses pour rien
que pour rien, c’était pour vivre. qu’il y a dans le bruit du chauffage la nuit aussi le bruit de la vie. elle qui m’a réveillée ce matin, et l’insupportable de ce qu’elle se consomme, consume pour rien. et qu’il en aille d’elle, comme de moi. 
et comment je m’acharne à ce que vraiment, tout soit pour rien. (cet échec encore récemment , avec JC.) à désobéir à mes parents.  
à défendre mon être de rien. 
que je hais. 
si bien défendre rien, que rien devienne quelque chose, quelque chose, la seule qui compte. 
que mes parents d’ailleurs eux-mêmes défendaient : puisqu’il s’agissait de ne rien avoir, de n’avoir pas d’argent. d’être sans rien. d’être comme les oiseaux des cieux et que Dieu s’occupât d’eux. 
on n’y comprend plus rien . 

mes lettres cherchent elles aussi à comptabiliser le jouissance : par le conte. enfin, tout cela mérite d’être nuancé.

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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