Harcèlement sexuel au travail, levée du voile
— Hélène Bonnaud

Un documentaire récent, «Le harcèlement sexuel au travail, l’affaire de tous»1, a éclairé ce lien du sexuel et du pouvoir dans les relations professionnelles entre les hommes et les femmes. Les réalisateurs, Andrea Rawlins-Gaston et Laurent Follea, ont ouvert le chapitre de ces relations de domination et de soumission entre hommes et femmes dans le cadre du travail au moment où l’affaire Harvey Weinstein battait son plein.

Le signifiant « harcèlement moral au travail »2 avait qualifié la façon dont un supérieur hiérarchique porte atteinte à la santé psychique de son employé. Une loi existe qui permet de porter plainte contre de tels agissements. Le harcèlement sexuel ne vient que compléter ce tableau en y adjoignant la …
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— Hélène Bonnaud

Lacan J., Le Séminaire, livre XXI, « Les non-dupes errent », leçon du 11 juin 1974, inédit

11 juin 1974

Voilà. J’ai dû faire quelques efforts pour que cette salle n’ait pas été aujourd’hui occupée par des gens en train de passer des examens et je dois dire qu’on a eu la bonté de me la laisser.

Il est évident que c’est plus qu’aimable de la part de l’Université de Paris I d’avoir fait cet effort puisque, les cours étant finis cette année…
ce que, bien sûr, moi j’ignore
…cette salle aurait dû être à la disposition d’une autre partie de l’administration qui, elle, s’occupe de vous canaliser. Voilà.

Alors, tout de même, comme ça ne peut pas se renouveler, passé une certaine limite, ça sera aujourd’hui la dernière fois de cette année que je vous parle. …
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Mail à HB

Chère Madame,

Je voudrais par ce mail vous remercier pour votre article paru dans Lacan Quotidien, « Harcèlement sexuel au travail, levée du voile ».

Découvrir ce qui s’écrivait sous les hashtags #Metoo ou#Balancetonporc m’a beaucoup troublée. Tant par la teneur de chacun de ces récits que par l’ampleur du phénomène. C’est pourquoi j’ai été heureuse de découvrir votre article. J’ai pu y entendre ce que vous dites à propos du fantasme féminin (tout en me disant que je n’en savais pas grand chose, tout en me demandant comment il y aurait moyen de «communiquer» là-dessus sans froisser les féministes). Puis, intriguée par ce que vous dites du rapport tordu des hommes à leur propre sexe, j’ai été lire sur …
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Une liberté à laquelle le sujet est contraint
— Jean-Pierre Lebrun

Comme j’essaie de lire la leçon du 11 juin 1974 du séminaire des Non-dupes èrent , pour comprendre un peu mieux ce qu’avance Hélène Bonnaud dans son article sur le harcèlement, quand elle parle du rapport à leur sexe tordu des hommes1, je tombe sur ce texte de Jean-Pierre Lebrun, très éclairant.

Extrait :

(…)

Autrement dit, il s’agit d’abord de consentir à ne pas être le phallus pour ensuite pouvoir se situer du côté de ceux qui l’ont ou bien du côté de ceux qui ne l’ont pas. Mais l’avoir ou ne pas l’avoir se fait déjà sur fond de perte de l’être, sur le fondement de ce « y a pas ! » propre au
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— Jean-Pierre Lebrun

Percussion du signifiant dans le corps à l’entrée et à la fin de l’analyse
— Hélène Bonnaud

Extrait :

Ce fait est d’une importance cruciale. Il indique que la vie, la reproduction de la vie n’est pas une transmission du germen à travers les générations de corps, mais que – et cela n’est attesté que par la psychanalyse, donner la vie ne va pas tout seul. On a l’idée que la reproduction de la vie est conditionnée par la parole, par le signifiant, dans l’espèce humaine. Cela provoque le fait qu’il n’y a pas d’automatisme à la reproduction humaine qui peut prendre toutes les formes du refus de la reproduction, qu’elle soit consciente ou inconsciente. Au point que Lacan pouvait dire que, « dans l’espèce humaine, la lettre est l’analogue du germen »1 , que pour …
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— Hélène Bonnaud

F A M Femme, analyste, mère
— Hélène Bonnaud

(…)

De la femme privée à l’analyste

Mais revenons à cette formule : «ou mère ou analyste ». Je vivais en effet la maternité comme un événement qui m’éloignait de mon désir de devenir analyste. J’y fondais une logique où le devenir mère l’emportait sur le devenir analyste. J’avais construit un choix aliénant entre deux modalités d’être. Être mère ou être analyste. Dès que j’ai réalisé la première modalité, sous le signifiant être mère, l’être analyste a disparu et la plainte de ne pas l’être s’est fait entendre comme une réplique de la privation. Ainsi, on peut considérer qu’à la place de « être femme », j’ai substitué « être analyste ». On y …
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— Hélène Bonnaud

fumée

J’ai fumé. Hier et avant-hier. À chaque fois, une cigarette. J’ai acheté un paquet de cigarette et l’ai planqué en bas, au rez-de-chaussée, dans le couloir, une encoignure, sous la première marche de l’escalier de service. C’est comme ça que je fais quand je craque. Je craque toujours aux mêmes heures, début de soirée, vers 18h. Me sens toujours mal à ce moment là, c’est le moment où je ressens le plus mon désœuvrement. Là, je suis dans le canapé fuchsia (qu’elle erreur, cette couleur), j’écris dans le noir sur mon téléphone, il est 6h48, je suis enfoncée dans un coin, le coin gauche, le meilleur, un coussin sous mon coude gauche et Chester venu sur mes genoux faire

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« Vaincre le capitalisme par la marche à pied »

Walter Benjamin fut celui qui a expliqué combien l’expérience a chuté, au lendemain de la guerre 1914-1918, dont les gens revenaient non pas plus riches mais plus pauvres en expérience communicable (ils en revenaient muets). Depuis, expérience et pauvreté n’ont même fait que s’accentuer, d’autant qu’une catastrophe n’est plus nécessaire pour détruire l’expérience ; c’est le philosophe Giorgio Agamben, très grand lecteur de Benjamin, qui a expliqué – dans Enfance et histoire que l’homme moderne rentre chez lui le soir épuisé par un fatras d’événements – divertissants ou ennuyeux, insolites ou ordinaires, agréables ou atroces –  sans qu’aucun d’eux se soit mué en expérience…

http://www.les-lettres-francaises.fr/2017/09/walter-benjamin-lepuise/

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