A. C. : Pour la caméra, toute parcelle de vie est divine. Le corps et les objets sont faits pour la cérémonie argentique et numérique. Au collège, je servais la messe. Les objets rituels avaient une énergie qui me transportait. J’aime les dessins animés. Tout frémit, maisons, voitures, arbres, tout participe à l’action. J’ai tourné un film Thérèse, qui raconte la vie de carmélites dans un couvent. Elles sont pauvres. Elles font des prodiges avec rien. Tout luxe les fait rire.
Préférer un pot d’eau ébréché, c’était le grand truc… Il n’y a pas encore aujourd’hui, comme pour les rasoirs et les appareils photo, de caméra jetable… La caméra quadrille peu de choses, je le pense. Nos souterrains sont inmontrables, infilmables, les images sont trop fortes. Nous sommes condamnés à la suggestion, à la partie pour le tout, à l’allusion, à ce que vous appelez les détails de la vie quotidienne. En même temps, l’ordinateur et ses effets spéciaux permettent de donner corps à n’importe quelle image mentale, de retravailler à l’infini l’image réaliste, de se livrer à tout désir visuel et sonore. Peut-être entrerai-je plus tard dans cette galaxie.
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