Rêve
« Sur une scène.
Une scène de l’école – pas celle avec un grand E, la petite, celle des Dames; non, la plus petite, celle des Filles (de la Sagesse). Je faisais des spectacles là quand j’étais petite, de la danse. Mais dans le rêve, il s’agit de théâtre. Je suis la « principale » (comme en danse).
Je suis sur scène, je dois commencer. Mais je ne me souviens de rien. Je commence donc en trichant, en cherchant dans mon texte, un texte qui se trouve là sur le bord la scène, à la frontière des coulisses, dans un livre épais et coloré, dont la reliure s’est relâchée et des femmes des feuilles se détachent. Je cherche mon texte, je ne le trouve pas vraiment. Je lance des phrases que je lis, sans les comprendre. Elles sont d’ailleurs incompréhensibles, mais ce n’est pas ce qui m’inquiète. Je pense que le public n’appréciera pas, ni les autres, sur la scène, que je lise mon texte, que je le fasse mal, sans conviction. Sans retrouver ce que je pouvais faire auparavant.
Jusque là, on croyait que j’étais une bonne actrice.
Je dois me souvenir d’une scène en particulier. Ou plutôt d’un mouvement, d’une pose (posture) même (en araignée ?) Elle a peut-être quelque chose de sexuel. Je m’en souviens un peu, mais pas suffisamment. Je fais n’importe quoi. Je suis à peu près sûre que ça ne peut pas passer (auprès du public). Anne B. essaie de m’aider. Devient ma partenaire, mais rien n’y fait. Je ne me souviens pas de ce que je faisais.
Je quitte la scène principale, j’entraîne Anne dans une arrière-scène. J’abandonne donc les autres, qui comptaient sur moi. A l’arrière, avec Anne, j’essaie des choses. Je suis comme greffée à elle (sur son dos (comme le diable sur le dos de cet ami qui disait s’appeler Dieu (qui avait inscrit Dieu sur la sonnette de sa porte d’entrée, il habitait blvd Anspach). Il m’avait complimentée sur mes jambes, un jour, un soir, comme je m’installais dans une salle de spectacle, mais lequel était-ce, je m’assoyais, j’avais des béquilles, c’était après l’accident, j’avais aussi beaucoup maigri, il est venu me dire que j’avais de très belles jambes)). Je suis totalement dépendante d’elle, d’Anne. Je m’inquiète beaucoup de ce que le public va penser. A l’avant, ils se débrouillent, ils inventent quelque chose en se passant de moi.
Puis, je suis donc de nouveau à l’avant-scène, mais auprès de Laure Naveau, cette fois. Elle fait des choses bien, très bien, avec d’autres psychanalystes. Il est demandé à une autre analyste ( Christiane?) de jouer quelque chose, de raconter une certaine histoire. C’est moi, je crois, qui le lui demande. Elle était venue, avait parlé d’une fable, bien connue croyait-elle, et je lui demandasi si elle voulait bien la raconter. Elle le fait, très bien. Elle raconte une histoire au départ de petites scènes, de petites loges qui bordent la scène (il a été hier question de loges maçonniques, mais… et j’ai songé à mon père, qui n’avait pas voulu être maçon, et à cet ami, qui lui, oui, mais dans quelle circonstance avais-je alors pensé à ça?), elle passe de l’une à l’autre, comme son récit progresse, chaque loge comme une case de bande dessinée. Ça se termine avec Laure Naveau (et moi). Fin de la pièce. Applaudissements.
Saluts. Le public veut nous voir de plus près. Nous demande de nous rapprocher. Ce que nous faisons. Il est composé de nombreux psychanalystes de l’École.
Nous retournons dans le public (=quittons scène). J’attends des retours sur ma contre-performance, mais rien. JPD est là. J’espère qu’il va m’ignorer, malheureusement non. »
Bon, faut que je conduise Jules à l’école.
Bien, de retour.
Au réveil, j’avais songé qu’il y a donc bien quelque chose dont je ne me souviens pas, pas du tout, que j’essaie de reproduire, sans succès. Et à cause de quoi, je me sens toujours, je suis toujours en dessous de ce que je pourrais faire.
« J’explique alors dans le rêve, à quelqu’un, qu’il m’est impossible de reproduire une scène que j’ai bien faite, bien jouée, parce que si je l’ai bien jouée, c’est que j’ai cru qu’elle était réelle – qu’il ne s’agissait pas d’une scène de théâtre. Et cela, je ne peux pas le refaire, je ne peux pas refaire ce que j’ai déjà fait parce que c’était bien fait, parce que si je l’ai bien fait c’est que c’était réel, que ce n’était pas du théâtre. Ce qui est embêtant au théâtre. »
Ça m’ôte toute confiance en moi et me rend ultra dépendante du regard des autres, seul à même de dire si je fais bien ou pas ( comme dans le livre de Thomas Clerc, ce personnage, cette personne, incapable de se juger, cet écrivain, qui donc, Maurice Sachs et comment disait-il cela, Thomas Clerc? )
Tant pis, je n’irai pas au cours de Taï Chi.
Je m’étais réveillée en pensant qu’il fallait que je raconte ce rêve à un psychanalyste. Qu’il semble bien qu’il y aie quelque chose de réel que j’ai oublié, que je ne retrouve pas, et à cause de quoi je suis obligée de me greffer à un(e) autre, de faire doublure (comme le Maurice Sachs de Thomas Clerc), je ne peux avoir mes propres mouvements, mon propre jeu, parce que j’ai oublié, je ne me souviens pas du premier jeu, que je ne peux pas reproduire parce que c’était réel. Mais je me demandais s’il fallait que j’aille chez Laure Naveau plutôt que chez MHB.
J’ai pensé que c’était peut-être bien quelque chose de sexuel que j’ai oublié. Et que cela m’ait plu (et peut-être même que j’ai oublié que cela m’avait plu).
Je fais beaucoup de rêves depuis quelques jours, depuis que j’ai commencé le traitement homéopathique d’ailleurs.