dimanche 22 janvier

Publié le Catégorisé comme brouillonne de vie Aucun commentaire sur dimanche 22 janvier

Lit. Ah, il est 7 heures du mat, j’ouvre un œil et le téléphone, j’écris le fracassemeur du moment: Tu te hais, tu te hais, tu te hais… À quoi je rétorque : Mais pourquoi ? Pourquoi ? Si seulement tu m’expliquais ça. Évidemment, pas de réponse. 

Je me lève. Ricoré, salon noir. Dommage qu’il ne le soit pas davantage. La lumière orange qui filtre de la rue est de regrettable.  

Difficile passage chez le coiffeur hier, et retour à la maison. 

Tellement intimidée sur place. Les lumières si fortes. Le jeune coiffeur très charmant, gentil. Et l’horreur de me voir dans le grand miroir si éclairé. Je vois tout de suite que je n’aurais pas dû mettre de la couleur sur mes yeux. Dès qu’il s’éloigne un moment, le coiffeur, j’essaie d’en enlever. Quand, je parle, je vois mes dents, c’est effrayant. Tout ce qui est affreux dans ce visage. Il me sourit tout le temps. Après que je lui aie parlé de tout ce dont je pourrais vouloir tenter comme coiffure, il se taira. C’est moi qui ajouterai encore l’une ou l’autre bêtise. 

Beaucoup de lumière dans le salon, sommes entourés à gauche et à droite par 2 autres coiffeurs, chacun très animé, bavard, qui discutent avec leur clients de films, de séries. À gauche elle raconte les scènes, à droite il les mime, les rejoue, en anglais même, coiffant, face au miroir.  À un moment mon coiffeur se mêle à sa conversation de droite. À un moment, je me demande s’il ne  faudrait plus de miroirs à la maison, pour surveiller, maîtriser, cette image. Enfin je ne vois pas où, comment. 

7h33. Je n’ai pas la moindre envie de regarder raconter tout ça. 

Nous sourions doucement le coiffeur et moi. Je renonce à rien dire. A un moment, j’ai cherché le titre de la série que nous regardons hier. Rien, je ne m’en souvenais. Je ne sais même pas si c’est japonais ou coréen. Je sais que c’est trop violent, que je n’ai pas envie de regarder, mais que J insiste, il dit que c’est pas drôle quand je ne suis pas là. Ils ont envie de ragarder cette série. C’est la deuxième saison. Deuxième épisode de la deuxième saison. Tout de suite, j’ai dit non. Mais bon, ils ont insisté. Ca se passe dans une ville, immense et vide. Qui n’est plus qu’un immense terrain de jeu. À mort. Les jeux sont cruels. On ne sait d’où les joueurs sont observés. Quand ils perdent, quelque chose leur tombe dessus, du ciel, les transperce. Je me souviens de tout ça maintenant, mais hier, plus rien. Seulement j’aurais pu dire que ça faisait trop peur. Alice in Borderland. Voilà, ça me revient. Vérification sur Google : c’est japonais. Survival, science fiction, thriller, drame. Le héros (ils écrivent Arisu dans les sous titres, mais c’est Alice, à cause de le la prononciation des Japonais ) était un amateur de jeux vidéos. 

F a acheté des scones, j’aime beaucoup ça j’en mange un morceau. 

A un moment la coiffure était finie, les cheveux étaient coupés, ils étaient encore mouillés, nous étions ravis, nous montrions le coiffeur et moi-même des signes de ravissement. Je disais quel soulagement. Il disait ça donne un coup de peps.je disais quel soulagement, c’est réconfortant comforting, je me sens moins exposée, mais je ne pense pas qu’il ait tout entendu. Il me demande s’il coupe encore un peu devant et je pense quelque chose comme non, il dit qu’on va sécher d’abord, et qu’on verra, il sèche et c’est très bien, c’est très bien, j’en ai une sorte de vertige, mais il dit quand même : on coupe encore ? Et je dis, bon d’accord, allez y. Et il coupe, et pour moi, c’est pas bien, il me fait les cheveux hirsutes, mais il a toujours l’air aussi content, alors je ne dis rien. J’ai l’air ahuri de (…) dans un film italien de (…). Fellini. Et elle, je ne sais plus, un nez de clown, rouge. Des cheveux très blonds, blancs. Si ce n’est que moi, j’ai bientôt 60 ans. Bah. Je me lève. Je dis merci, il dit non c’est moi. Je paie, demande son nom, il est toujours gentil, dit À bientôt. 

Dehors, j’ai envie d’un cocktail d’un Spritz, je suis à Bastille, j’aurais peut-être dû, je songe à faire venir F mais il ne viendra pas. On pourrait passer la soirée dehors. Je me dis qu’il faut prendre le métro, que je pourrais lui demander de me rejoindre à Anvers, au square (…)… Je pense qu’il ne voudra pas. Ou que j’en parlerai en rentrant. Il fait noir, si je ne suis pas très habillée, je suis maquillée, coiffée, et même s3la chienne ne me plaisait pas, je dois être un peu bien, j’ai envie de vivre un moment dans cette illusion. je tourne vers moi la caméra du téléphone en descendant les escaliers du métro, non, c’est une horreur. Arrivée à Gare du Nord, non je ne vais pas à Anvers, au square (…), sur la rue (…) Je rentre. Et lumière de l’appart. F devant jeu. Déjà, le faire sortir de là. Il dit qu’il ne voit pas bien mes cheveux, je ne sais plus ce qu’il me dit, que c’est gonflé, c’est vrai qu’il y a beaucoup de volume, qu’il n’aime pas ça. Je dis que j’ai envie de sortir, F dit que lui non, mais. Je vais à plusieurs reprises me regarder dans le miroir de la salle de bain et directement j’essaie d’arranger. Il y a un produit dans les cheveux je les mouille. Je regarde s’il y a un film à voir dans le coin, mais rien qui puisse plaire à F. L’envie de sortir me quitte, je suis comme désespérée. F acheté à manger chez le traiteur de la rue (…) J’ai envie de me démaquiller, d’aller au lit. F me demande si je veux sortir, je dis non, non. Je me résigne à passer à table, à manger. Il a gentiment acheté à manger. Il essaie de me parler. Je dis que ça va très mal. Il dit Je vois ça. Il essaie de m’interroger. Je cherche à ne pas m’énerver. J’arrive à vaguement dire que je ne supporte pas quand j’ai envie de quelque chose de ne pas y arriver de renoncer. Ça m’attriste toujours horriblement. Je suis dans cette tristesse là. Je dois faire l’effort de ne pas retourner ma colère contre lui. Seulement contre moi. 

Dans les explications sur la mélancolie, il y a quelque chose de ça. A un moment dans l’enfance l’objet d’amour a déçu, et le sujet s’en est détaché, et a « retourné présence à l’intérieur de soi », la présence, la personne précédemment aimée, est placée à l’intérieur de soi (pas les bons mots), « introjectée », la libido est ramenée à soi, mais à la fois pour aimer et détester. (toujours pas les bons mots, c’est pas clair). Aussi, quand le mélancolique est fâché contre lui-même, n’est-ce pas contre lui-même, mais contre l’autre « qui a déçu ». F, est comme l’image à l’extérieur de cet autre qui a déçu. 

Cette déception, curieusement, je m’en souviens, ce moment dans l’enfance, mais pas de son objet. Je me souviens, marchant dans la rue avec mon frère lui avoir demandé Tu préfères papa ou maman ? et lui sidéré, me disant qu’il n’avait pas de préférence, et moi dans ma fureur en fait, ma déception, lui disant Oh non, moi je préfère (…) Mot qui manque. Longtemps, je me suis souvenue de cette scène, et de l’identité de la personne que je préférais, et donc de celle que je m’étais mise à haïr. Puis, j’ai oublié. Intellectuellement, j’ai tendance à croire qu’il s’agit de ma mère. Mais je n’en sais rien du tout, et surtout, je ne sais plus pourquoi. Ce qui a motivé ce retournement. Cette haine est vraiment refoulée et ça s’est retourné par contre complètement contre moi. 

C’est comme si F tenait lieu de cette personne haïe. 

S’il s’agit de ma mère, je sais aussi combien je l’aime.  

Retour à hier soir. 

En finir avec ce récit.  

Je ne suis pas arrivée à parler à F. Mais je suis parvenue à ne pas m’énerver. J’ai fin par accepter de voir un film. 

Un beau film. (…) 

Je cherche les éléments pour retrouver le titre et le sujet du film. 

Verboten, je crois. Mais pas de JosephLosey.  

Il a fait aussi White dog, mais beaucoup plus tard, en fin de carrière. Terrible film. 

Celui d’hier date des années 50. 

Il a énormément tourné et écrit.  

J’étais contente parce que F a dit qu’il fallait qu’on les voie. 

Je ne sais pas si j’interroge Google.  

Un cinéaste américain. Qui a tourné à Hollywood et vécu en France. Certains films ont été de très grands succès mais d’autres des scandales absolus. 

Il a tourné dans de nombreux films. Dont Pierrot le fou. Et dans ce film vu avant hier. Catherine et Catherine ? Non. De (…), un Français cette fois. Que je ne connais pas, dont il passe beaucoup de films sur Mubi en ce moment. 

F a dit qu’il allait noter tous les films vus cette année. Je me demande pourquoi. Je lui ai dit qu’il fallait qu’il fasse un résumé. Il m’a dit que ça non. Je le suis dit que moi je devrais le faire. Exercice de mémoire.  

Mais ça ferait beaucoup. 

Je vais essayer de retourner  dormir. 

8h46. 

 

10h1. Me suis pas rendormie, mais toujours au lit. Bon moment dans les bras de F. 

Samuel Fuller ! le nom du cinéaste. Je ne vois pas ce que je peux faire pour retenir ce nom.  

J’ai pensé que c’était comme mon nom, à une lettre près. 

Je referme les yeux. 

Coups de poing coup de poing coup de poing 

Décidément. 

Je pense que je dois noter tous les FrM en italiques.  

 

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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