#07 | 0=de la préparation du corps, Francesca Woodman

C’est le texte par lequel tout a commencé. J’avais, l’après-midi, faisant la vaisselle, écouté la proposition de François Bon sur YouTube, et je m’étais promise de la réécouter en prenant des notes. Dès la nuit venue, dans le creux du noir, cette image est venue vers moi d’un cheval sans tête que j’ai écrite sur mon téléphone. Au réveil, cela voulait continuer, je me suis inscrite à l’atelier. Le soir, je reprenais l’écriture.
Cette proposition de partir du corps, de la sensation, plutôt que du sujet, de partir de ce qui avait mis effectivement du temps à se faire, de ce qui avait déjà eu plusieurs vies, et des moments d’abimes, des épiphanies, cela m’a paru absolument fécond.
« A partir d’Antonin Artaud, dit François Bon, qu’est-ce qui peut remplacer l’énonciation par le sujet si on utilise le corps, la matérialité des intuitions, des perceptions, des sensations »
Il y avait aussi cette idée de l’émergence du corps par l’accident ou la maladie. Du lien de ça à l’écriture.
C’est un texte auquel je tiens, dont je me suis demandé lorsqu’il a commencé, si je ne faisais pas mieux d’en poursuivre l’écriture seule, tant ça poussait au portillon pour sortir; mais j’ai choisi de m’inscrire à l’atelier, curieuse de ce que les propositions de FB pourraient encore provoquer en moi. Et puis, je l’avais déjà repéré cet atelier et c’est surtout faute de temps que je ne m’étais pas inscrite. Là, il commençait à devenir important que je prenne du temps pour moi. Du temps qui compte.

Ce texte publié sur la site de l’atelier du Tiers Livre auquel je me suis inscrite :  https://www.tierslivre.net/ateliers/de-la-preparation-du-corps-0-1-schizes-1-et-2-cheval/

Voir l’ensemble des participations : https://www.disparates.org/iota/category/ateliers-decriture/atelier-francois-bon/ete-2023-le-roman/

Voir la page de l’atelier d’été de François Bon : un cycle sur les outils de l’élaboration et de l’invention du roman :  #été2023 #07 | de la préparation du corps, Francesca Woodman

#07 bis

Ecrit à l’aube à Donn. La transition du 07 au 07bis était difficile et amusante à trouver. Reste que je suis embêtée par cette histoire de « parfum délicat de la rose », qui est pourtant en lien direct avec ce que je prévoyais de développer avec le 07, sur la fabrique du corps, mais qui vient trop tôt.

#00 | 0 le prologue

Donn. Ce texte aurait dû constituer le prologue. « Ce qu’on attend du roman ». J’ai l’impression d’avoir triché. Il aurait fallu parler d’un roman sous le nommer, sans en donner ni le titre, ni l’auteur : j’ai parlé d’un roman qui m’est cher, mais dont j’avais oublié aussi bien le titre que le nom de l’auteur, ainsi qu’il en est d’ailleurs pour tous les livres que je lis. C’est ce qui m’a mise sur le track, la voie de l’oubli. J’espère que ce ne sera pas une dead end, au pire, une ornière, au mieux. Mais j’aime que cela m’ait conduit à ce qui est mon dada du moment, ma secrète ambition. J’y parle donc de l’oubli des noms, des noms propres en particulier. J’y parle de la fiction aussi. Et du point de vue de ce qui se passe par en dessous, souterrain. J’y parle de ma façon d’aimer les livres, de ce que Duras m’a appris, sur le pouvoir de la simple articulation d’un nom. Bien sûr, le texte est démesurément long.

Texte source : Atelier François Bon #été2023 #00 | le prologue ( 2 juin)

#01 | 0 Annie Dillard, le roman commence par en inventer l’auteur

Atelier François Bon:  #01 | Annie Dillard, le roman commence par en inventer l’auteur (11 juin 23), publié sur le site du Tiers Livre le 1er août.

Paris. Ça a été, jusque là, le texte le plus « artificiel », qui participait du pari, un pari forcé pour avancer sinon point de texte, je crois. Il est possible cependant que je doive trouver le moyen de retourner en arrière, que le pari soit perdu. Ça n’était pas tout à fait confortable. J’y procédais à une nomination qui m’a parue tout à fait artificielle, à laquelle il est vrai j’avais choisi d’avoir recours en raison de croyances accumulées qui peut-être pourront se briser ou trouver à s’accomplir. En même temps qu’à l’exercice je me suis prêtée volontiers, toujours amusée : le risque n’est pas mortel. Et je n’y étais pas seule. Il y a l’atelier. Sinon, ce nom que je donne à mon auteur ne semble pas devoir tenir. Quelle colle à son étiquette utiliser. Comment moi pourrais-je la faire tenir cette étiquette ? J’arrive peut-être dans le meilleur atelier pour moi, le plus vraiment impossible. Suffira-t-il d’établir son impossibilité pour la dépasser. Ou écrire le roman de cette impossibilité, est-ce que je saurais le faire? J’étais d’abord venue pour écrire le roman du corps, je crois. Le roman d’un corps. Enfin, l’idée m’en avait été insufflée par l’atelier corps (le #07) avec lequel j’ai en fait commencé cet exercice.

Enfin, tout de même, ce nom : Sonia Delarue. Véritablement impossible, n’est-il pas. Comment rendre cette personne, ce personnage aimable ? Plus tard, je reviens sur le nom, le modifie encore : Sonia Ruhe. Je n’arrive pas à me décider.

J’ajoute : J’avais écrit ceci plutôt que de passer au #08 (après les deux premiers textes, les #07 et #07bis), parce qu’il me semblait que je n’avais pas produit assez de textes que pour passer déjà au #08 et que cela m’inquiétait. A priori, j’aurais préféré écrire en même temps que les autres. Aussi l’ai-je écrit sans même avoir lu Annie Dillard, lue après-coup, dans un sentiment d’urgence qui persiste, que je ne déteste pas, qui me permet pour le moment de ne pas trop juger de ce que je fais, de ne pas trop regarder en arrière, d’avancer.

Annie Dillard écrit:

« Il y avait le long bureau blond et sa chaise et, sur ce bureau, une douzaine de stylos de couleurs différentes, quelques grands bristols soigneusement classés en piles biseautées et mes calepins jaunes remplis de notes brouillonnes. Dès que je voyais ce bureau, je me souvenais de ma tâche : le chapitre, ses problèmes, ses tournures, ses enjeux.. »

Annie Dillard, En vivant, en écrivant

Arriver sur le site de cet atelier, ça me fait le même effet.

J’ajoute encore : ce qui était amusant, très amusant : l’invention de l’auteur après l’invention du corps. Je prends quant à moi ces inventions très au sérieux.

(Ici, le « je » du roman au titre oublié du chapitre précédent passe au elle et prend nom. // à nouveau texte trop long. Il faut attendre qu’il retombe, et alors couper dedans.)

#01bis | 0 une scène originelle de l’écriture

Bruxelles. La scène originelle….. qui aurait perdu tant d’aura pour s’être avérée si décevante. Qui n’aurait tenu aucune de ses promesses. En vérité, j’ai déjà si souvent renoncé à l’écriture et le livre, l’objet livre, s’est suffisamment désacralisé pour moi qu’il n’agisse plus en soleil noir. Une méfiance enfin traversée et une distance nouvellement acquise à l’œuvre, à l’écriture, au roman, au livre. Au nom, au nom d’auteur. Distance acquise par une forme de relativisation : aujourd’hui à écrire n’aller que pour guérir.

Plaisir de retrouver ce bloc brouillon.

Ce que j’ai manqué de dire : la constante inadéquation à un nom, à une profession, à ce par quoi il est attendu qu’on se fasse un trou (dans le monde). Le manque de garant dans l’autre et l’impossibilité d’être mon propre juge. La trop haute idée et cruelle idée de l’œuvre. L’œuvre comme surmoi.

Ce qu’il y aurait à dire : ce qui s’est perdu de l’écriture à rentrer en analyse. Perdu, gagné?

Il aurait fallu n’écrire que cette première scène, encore une fois j’ai trop écrit.

Source : Atelier François Bon  #01bis | une scène originelle de l’écriture (atelier du 14 juin), écrit et publié ici dans la nuit du 2 au 3 août.

#02 | 0=du lieu au personnage, via Jane Sautière et les cartes postales de Balzac

Atelier François Bon #02 | du lieu au personnage, via Jane Sautière et les cartes postales de Balzac (18 juin)

Délires / Souffle

Bruxelles, bout de la nuit d’insomnie, agenouillée au pied du canapé. Encore un atelier où j’aurai dû commencer par ruser. Où j’aurai dû commencer par nier. Nier la possibilité d’un lieu. Nier le lieu. Cela s’est imposé. Après des jours d’élucubrations inabouties, de mâchonnages. C’est qu’il n’y a pas de lieu au corps qui n’a pas nom. Ou de lieu qui ne soit de l’étendue de son corps. Ou encore, et c’est moi qui découvre : qu’il n’y ait à ce corps d’autre lieu que celui, imaginaire, du langage, tant qu’il est à portée de corps. Ou d’autre lieu que celui de la pensée. Ca serait à cause de la précédence de la sensation sur le nom, la sensation sans nom. C’est une hypothèse. Bien sûr, j’ai parlé des images aussi. Mais, les images sont une extension du corps. Juste, on n’y pense pas.

Avant l’annonce de tout lieu, il avait fallu poser cela. Un écart du monde.

Ce n’est pas qu’il n’aura pas de nom, le personnage, il en a. Si ce n’est que ce nom lui aurait été posé dessus comme l’étiquette du boucher sur le bout de viande de son étal. Quand bien même ça serait son préféré, au boucher, quand bien même il n’est pas loin de s’en montrer jaloux, lorsqu’il le pose son bout de bidoche, qu’il y appose son étiquette, il omet de la lui enfoncer et donc du bout préféré l’étiquette tient mal et à la première porte claquée – cette porte du boucher ne claque pas, au premier vent engouffré, bourrasque… Hélas. Avait t il craint de la blesser, le boucher. A moins, qu’il ne l’ait juste pas du tout mise l’étiquette du bout de bidoche précautionneusement posé sur le marbre, caresse rapide filée de sa poilue paluche, qu’il se soit dit Ma foi si ça se trouve point besoin d’étiquette, chacun reconnaîtra bien ma bavette, mon tendron, mon alouette, ma fausse araignée. Si ça se trouve…

Et donc à un corps précairement nommé, il faut commencer par dire quelle sorte de lieu est encore possible. Il faut prendre le temps de cette énonciation d’un lieu possible, d’un lieu existant. Celui du corps à sensations.

En vérité, peu de noms de lieux l’ont jamais fait rêver. Le déplacement a toujours fait obstacle. Et c’est pourquoi, comme je l’ai déjà dit, je pars peux en vacances. L’autrice ne part pas en vacances. Ou pas volontiers. Donc dire la possibilité, dire la permission, au monde, de l’a-géographie, de l’être a-géographique, c’est un objectif, à l’autrice. Dire l’adhérence à soi, à son lieu.

Comment dire l’immobile. Qu’est-ce qui dit l’immobile?

Evoquer pour le personnage la possibilité de sortir de lui-même.

De rentrer dans le monde.

C’est donc un texte aussi sur le dedans et le dehors, et c’est un texte qui doit être relu, parce qu’il a trop de mots. Il faut sabrer là-dedans, épurer.

Encore une fois, la consigne m’a confrontée à quelque chose que j’ai ressenti comme impossible, il faut des jours et des jours pour se confronter à ça. Et finalement foncer tête baissée, au petit matin d’une nuit d’insomnie, sans avoir jamais réussi à penser la chose. Et ce qui est sorti, c’est ce texte, donc, encore une fois, il s’agissait d’une invention.

Et l’apparition de quel personnage déjà là ? Selon la consigne : non pas description, mais déambulation d’une conscience, d’un regard caméra, vers un lieu, et, dans l’arrivée au lieu : découverte d’un ou plusieurs personnage(s) déjà là.

#02bis | 0 jokari

Ecrit dans la nuit du 5 au 6 août. pour répondre à la proposition 2bis de l’atelier du 21 juin, https://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article5245

C’est peut-être la proposition que j’ai écrite le plus à contrecoeur, mais toujours avec amusement et paresse. Il me semble que je suis très loin de la proposition, faute d’avoir correctement suivi la précédente.
Je réfléchis encore au moyen d’imposer le mouvement de jokari à ce texte 2bis et je ne pense pas que je puisse y arriver.
Une fois encore, j’ai l’impression de tricher.
Dans le précédent texte, le 2, je m’étais surprise à dire qu’il me fallait passer de l’extérieur à l’intérieur. Il me semble que je décrivais le possible projet comme celui d’enfoncer un doigt dans une boule compacte d’extérieur, d’y creuser du dedans (en usant du sang de l’extérieur). Et que cela passerait par le consentement à la nomination, accepter de nommer un lieu.
Et je n’ai pas développé l’idée qui pointait que j’étais dans un espace ou intérieur et extérieur se confondait.
Je sens bien que j’écris des choses auxquelles je ne comprendrai plus rien moi-même dans 6 mois, ce qui m’embête et me donne l’envie d’être dans 6 mois et d’effacer tout ça.
Maintenant, que les exercices ont été tentés, je vois que l’intérieur ne sera pas atteint et que ce n’est pas l’objet de ce que je cherche à écrire.
L’intérieur est le vide et le restera.
Je pense : il faut respecter le vide central.
Même si je fais l’effort de nomination, même si je fais l’effort de localisation géographique, en passant par l’usage des noms propres, je resterai toujours à l’extérieur. Si ce n’est que je suis peut-être entrée dans la fiction de façon plus caractérisée, plus romanesque.

Dans ce 2bis, qui est plus un 2.2 qu’un 2.bis, une suite du 2, que le 2bis proposé, je commence en disant que je vais distinguer l’intérieur et l’extérieur. Et la vérité c’est que je dessine encore une forme d’extériorité, une autre. En ce sens, c’est réussi. Mais je le fais de l’intérieur de l’extérieur.
Je pense que je ferais mieux de renoncer à obéir aux consignes, de façon à m’éviter ces délires.
Cela dit, si je désobéis, c’est que je me sens pressée par le temps, pressée d’avancer.

Sinon, j’aurais fait de ce texte un 2.2, une prolongation du premier deux, un mouvement du général au particulier. du lieu en général à un lieu en particulier, nommé, et qui existe géographiquement. Et non pas le 2bis en jokari, le mouvement de l’extérieur depuis l’intérieur pénétré. Or, j’ai tout de même fait une excursion en extérieur, me tenant à ce que j’avais développé en 2. Donc, je peux me rassurer comme ça.

Ce n’est pas que ça m’inquiète tant. Mais je sens que je peux faire confiance aux propositions.

#03 | 0 d’un personnage à l’autre avec Gertrude Stein

En réponse à #03 | comme je l’avais dit, Gertrude Stein, atelier du 25 juin

grandes difficultés à avancer. je retourne tout le temps en arrière, je me relis, pour me lancer à nouveau. là, je me suis forcée, vraiment. il faut en fait, à chaque fois. je viens cette nuit enfin d’écrire et de rater le #03. c’est cette difficulté extrême à accepter le personnage qui, en plus des contraintes extérieures – les travaux à faire avancer qui n’ont pas avancé, ma si chère petite maman, le retour à Paris – , m’a retardée dans l’écriture, m’a empêchée de continuer. après la difficulté de faire apparaître un lieu. la difficulté de faire apparaître un auteur. j’avance dans quelque chose de totalement contre nature.

qui plus est, j’ai loupé la consigne, oubliée, la consigne du « Comme je l’ai dit... » ou bien « Comme je l’avais dit... » liée à la superbe l’autrice, à son superbe livre, découvert dans cet atelier, non connu jusque là, extrait seulement lu, The making of Americans. Gertrude Stein. je regrette beaucoup, ça m’aurait plu de le faire. est-ce que je suis parvenue à le faire un peu. est-ce que quelque chose est resté de ce que je découvrais hier d’elle, émerveillée, que j’aurais voulu avoir connue plus tôt. est-ce qu’il ne faudrait pas le refaire. mais je veux avancer, je dois avancer. le retard que je prends, ce que je ressens comme retard, me déplaît beaucoup.

Américains d’Amérique, à la réflexion, je me demande si mon père n’avait pas ça dans sa bibliothèque.

je vais relire la consigne et relire ce que j’ai écrit.

j’arrive tout de même à un deuxième personnage, à la fin du texte.

Nous, c’est ce déjà qui va devenir la clé de tout. Reprenez votre contribution #02. Isolez le personnage, celui qui est déjà là, à la fin de la #02. Et, puisqu’il est déjà là, même si vous en connaissez bien peu, tellement peu (mais c’est cela, l’enjeu de la fiction, et qui fait de notre cycle un travail du roman), c’est là que vous l’appliquerez, littéralement, humblement, la haute cheville inductrice de Gertrude Stein : « Comme je l’ai dit… » ou bien « Comme je l’avais dit… » Qui, je ? Mais, dans la #01, est-ce qu’on ne l’a pas construit cet écrivain ou cette écrivaine précisément installé·e à sa table à écrire ? Juste pour la cohérence et la boussole (que voulez-vous, c’est comme pour Christophe Colomb : le but ne se révèle que rétrospectivement, et encore, pas forcément du tout où on avait prévu qu’il soit…), mais sans y accorder plus d’importance que cela pour l’instant — sinon que, dans son Making of Americans, la voix narrative de Gertrude Stein est une nappe qui enracine totalement l’ensemble et lui donne son fondement (voir les quelques lignes de son intro en tout début de l’extrait).

Alors, la consigne ? Elle est claire, non ? On reprend le personnage ébauché à la toute fin de la #02, à peine sorti des limbes et de l’opaque, mais on commence par écrire : « Comme je l’ai dit… » ou bien « Comme je l’avais dit… » et c’est ce personnage-là qu’on fouille. Alors la question vient implicitement : quelles sont les quatre personnes les plus immédiatement en lien avec ce personnage ? Et là, on a le défi de Gertrude Stein : le principe d’expansion d’un livre impossible, mais, à quelque endroit qu’on ouvre, qu’on identifie comme tel, et qui continue de se propager de personnage à personnage.

la difficulté, ça reste le nom, c’est l’obstacle. et je me demande si je ne devrais pas renoncer à tous les noms. revenir en arrière, et débaptiser, débaptiser l’auteur.

Blanche comme nom, pour le personnage, pourrait tenir. Du moment que j’arrive à la maintenir à distance. maintenir son étrangeté. Et du personnage même donner la disparité des personnages. comme ce « dépendante indépendante » de la Martha Hersland de Gertrude Stein.

Blanche pourrait tenir aussi parce qu’apparue au laboratoire.

le train la valise le laboratoire la douche la disparition, le blanc. une phrase m’apparaît me parle. mais est-ce que ce n’est déjà pas trop. pas voulu, apparu. la #03bis permettrait de développer quelque chose de l’héritage paternel, de tirer sur ce fil, ou pas.

#03bis 01 | Quatre je peux pas, quatre c’est trop, c’est trop quatre. Qu’est-ce qu’elle dit ? Elle dit que quatre elle peut pas.

Meta pour le 03bis à venir, « Quatre par quatre », que j’arrive pas à écrire. Je publierai bientôt le 03, je crois. Ce 03 bis, je peine. En même temps que je suis tentée d’y céder, d’introduire l’atelier dans le roman, de faire le roman aussi de l’écriture de l’atelier. De lui donner une présence. Comme auteur, ce texte qui s’écrit, je ne pourrai jamais le considérer comme tout à fait mien. Vraiment. Ça n’en diminue pas du tout l’importance à mes yeux, le goût. Mais les auteurs ici sont plusieurs. Peut-être que c’est ce qu’il me faut.
Voir l’atelier sur le site du Tiers Livre : #été2023 #03 | comme je l’avais dit, Gertrude Stein

Quatre je peux pas, quatre c’est trop, c’est trop quatre. Qu’est-ce qu’elle dit ? Elle dit que quatre elle peut pas. Comment ça quatre elle peut pas ? Comment ça quatre elle peut pas ? On est combien là, déjà, on serait pas quatre là des fois ? Par hasard ? Il faut savoir aussi.  Savoir quoi ? Est-ce qu’on pourrait ne pas tous parler à la fois. Elle dit juste. J’ai rien dit. Non, ella rien d’it d’abord. Si t’as dit Quatre je peux pas, t’es arrivée t’as dit Moi, quatre je peux pas. Une conversation à quatre, tu peux pas. On n’a pas dit Conversation, on a dit : Situation à quatre personnages.  C’est ça la consigne. Bon, ben, déjà, c’est arbitraire, ça quatre. Ben oui, c’est le principe, t’arrives ici, c’est arbitraire, y a toujours un moment oùske ça sera arbitraire. Ce qui ne te vient pas de toi ça te vient d’un autre, c’est  arbitraire, ça a pas de rapport avec toi, donc c’est arbitraire. T’as pas déjà réfléchi à tout ça, moi si, tout ce qui te vient de l’autre c’est purement arbitraire. Et ça pourrait te faire du mal. Et ça pourrait t’ébranler. Pour peu que tu sois fragile, un peu, pour peu, ça t’ébranlerait. Si ça trouve. Pourtant, faut quand même pouvoir aller au-delà du schéma cause-effet, hein, pouvoir aller là où y en a pas, de cause, là où  c’est sans  raison,  sortir du cartésianisme un peu.  Faut en finir aussi avec ça, aussi, on peut pas tout expliquer, hein, ça ira, ça ira, ça va aller. Mais t’es fou il est fou, j’en tiens un, msieur, msieur, un fou. Non mais tu le sens pas ça qu’il y a un moment où faut arrêter, où faut pouvoir admettre. Tu sais même pas ce que ça veut dire arbitraire. Choisir arbitrairement, au hasard, tu sais ce que c’est le hasard, tu saurais pas ce que c’est le hasard, toi, par hasard. Oui, mossieur, oui mossieur, oui mossieur, je sais que c’est le hasard. Oui, mossieur. On se calme, ça n’a aucun intérêt cette question d’arbitraire. Si t’es là c’est que t’as décidé d’obéir à une autre loi que la tienne, à une aut’loi que ta loi hors la loi que t’en peux plus d’elle, t’as décidé d’échapper à toi-même, de sortir de tes répétitions, et du coup quoi qu’on te propose ça te paraîtra arbitraire puisque ça sera pas toi. Bon, on arrête, maintenant avec cet arbitraire. Je crois qu’il faut rejoindre l’arbitraire, t’es folle. Maman. Le roman de la connaissance, le roman de l’arbitraire du sens. Elle est folle. L’écoutez pas. On peut pas  se calmer ici, franchement, on se croirait au Kindergarten. Faut savoir, vous voulez un roman ou pas. C’est la question. Il a dit une brassée de personnages. C’est vrai, il a parlé de ça. On est d’accord. Ça m’a fait paniquer un peu. Paniquer ? Et je me rends compte que j’en ai tellement pas envie. Comment ça. Comment ça. Tellement pas envie, déjà un personnage ça me. Déjà un  seul personnage. C’est comme de trop. Moi, c’est le contraire, trop, j’en ai, moi j’en ai trop. Trop de personnages, je sais plus quoi en faire. Je peux pas me diviser, tu voix vois. Ça fait bloc en moi. Le roman de l’indivision. Tu veux un roman oui ou. Bloc de granit. Faudra l’appeler L’incessante invention du personnage. C’est qu’il faudrait savoir, déjà, ce que c’est un roman. Je crois que c’est très ouvert. Il faudra lui demander. Je n’ai rien à demander, un roman, je sais, il me semble, que je reconnaîtrais un roman, il me semble que c’est un roman que j’aurais eu envie d’écrire, mais, là, je peux pas. Moi, je crois que c’est pas le roman qui me fait rêver. On t’a pas. Je crois que c’est la fiction qui me fait rêver. Déjà, est-ce que le roman ça existe encore. Y en a quelques-uns ici, qui sont très méchants. Écoute, nous ce qu’on voudrait on  voudrait bien créer un espace où c’est pas ça, qui compte, où y ait plus de méchants et de gentils, si tu vois ce que je veux dire. On pourrait pas le faire ça ? Tout ce gimmick, du gentil et du méchant. Tu pourrais pas faire un petit effort. Depuis toute petite, y a que ça qui m’intéresse. Faut grandir comme on dit un peu. Qui est méchant, qui est gentil, qui est aimable, ou pas. Les méchants sont souvent fort aimables. Personnage 1 le gentil, Personnage 2, le méchant. Personnage 3 celui qui aime le gentil qui a peur du méchant. Personnage 4, l’avocat, Celui qui montre que le méchant est pas si méchant que ça. C’est pas ça le roman, on devait parler du roman, le roman, moi je vais vous le dire, le roman c’est : t’écris n’importe quoi, t’écris roman dans l’entête, en-dessous du titre, et c’est un roman. Voilà, rien à refaire, rien à redire, t’es l’auteur, tu l’as décidé, c’est ça. C’est comme pour l’art, tu fais n’importe quoi, tu dis c’est de l’art, tu voici l’art, eh bien c’est de l’art, et point. C’est pas pareil du tout. Ça n’a pas la moindre espèce d’intérêt. Du coup, moi, je préférerais écrire fiction sous le titre. T’es toute petite toi, déjà, tu dis rien, t’es minuscule, t’es un petit rien du tout, donc. Mais quelle violence ici, quelle violence. Bah, on s’amuse. Non c’est juste que, je me rends compte que je m’attendais pas à ça. On compte sur la magie, en fait. Ben oui c’est forcé. La magie c’est forcé. On compte sur Demandez et vous recevrez. Ben tu vois parfois tu demandes du pain et tu reçois des grosses pierres, des petits cailloux. Ça se voit, tous les jours, ça se voit. Nan, le coup de la demande, ça marche, ça va marcher parce qu’on demande justement, c’est ça le truc, faut demander. Le truc, il réside dans la demande, tu demandes rien, t’as rien. Faudrait pas qu’on s’aventure par là. En effet ! Parce qu’on va nous ressortir le livre sur rien, ça va pas tarder. On le voit venir de loin. Ça va toujours revenir au même. Rien, quelque chose, y aura toujours rien qui viendra se pointer. Quatre, c’est pas rien, déjà. Déjà, je suis d’accord. Quatre, c’est autre chose que rien. Quatre, ça se laisse pas réduire, à rien. Pourtant, tu réfléchis. Tu te dis. Tu réfléchis rien du tout, tu te dis rien du tout. Quatre ? Comment ça pourrait être rien. Ils pourraient rien se dire. Ou des tas de trucs et que. Rien, c’est aussi le découragement. C’est l’ironie.  Pas forcément, ou alors l’ironie légère, où alors l’ironie bien lourde et qui te ramène à ta vraie condition, ta condition première. Ta condition quatrième. Celle du vide. Du vide et du vent. Du vide du vent de la vie. Quatre ça me fatigue, quatre, j’ai pas d’intérêt à quatre. Ecoute, tu fais ce qu’on te dit, déjà, puis tu verras bien. Ben oui, tu réfléchis aussi, à ce que ce serait, un personnage. Oùske ça commence, oùske ça finit. D’oùske ça parle ou pas, comment que ça agit sur l’action, du roman, sur ce qui se trame. L’essentiel c’est de tramer, trames-tu, si tu trames, c’est bon. Que ça tienne. Tu me dis quoi, là, y en a qui se moque, ici, je trame, c’est bon, c’est ça kim dit. Ils sont où mes quatre. Tu te démerdes, tu trouves une astuce. Tu remets à plus tard ? Tu pourrais remettre à plus tard. Tu réponds pas ? Tu parles et puis tu réponds pas. C’est comme le portrait je peux pas, la galerie de portraits je peux pas. Mais qu’est-ce que tu peux si tu peux pas ça non plus. Il a pas demandé ça, déjà. T’es un schtroumpf, toi hein. T’es le schtroumpf qui vient toujours pour rappeler ce qu’il aurait demandé ou pas. On discute, on dit. Rien à faire, je sais pas, je peux pas. Mais tu fais quoi là alors. Eh bien quoi, sous prétexte que le portrait je fais pas, et j’ai de très bonnes raisons de pas le faire le portrait, je pourrais  pas être là ? T’as pourtant tout le portrait d’une emmerdeuse toi, hein, est-ce qu’elle aurait pas le portrait d’une emmerdeuse, tu pourrais pas nous faire le portrait d’une emmerdeuse ? Mais quelle violence ici, c’est dingue. On arrête, on se calme, on revient sur terre. Le portrait déjà tu pourrais pas pourquoi ? Rien, je me suis dit, je me rends compte, de qui je suis, et ça je me rends compte que. Une brassée de personnages. Y a des tas de façons de faire un portrait. C’est ça qui est intéressant. Y a toujours quelqu’un pour trouver tout intéressant. C’est ça qui est bien (dit-elle en souriant).  Le portrait c’est quand tu fais apparaître quelque chose d’une personne. Et qu’on y croit. Je suis pas tout à fait sûre qu’on soit quatre là. En effet, c’est dur à dire. Olala. Olala. On va chacun rentrer chez soi. Chacune. Chacun, chacune, comme tu veux, on va rentrer et on va réfléchir. Je suis pas là pour. Oh toi. Laisse parler la dame. La dame, à toi. Faut juste trouver une astuce. Oui, mais je veux pas non plus trahir. Ts. Tout de suite les grands mots.  Y a pas  de danger que tu trahisses quoi que ce soit de toi jamais, toi, comme je te vois là, y a pas de danger que ça arrive, y a aucun danger, tu ferais pourtant mieux, crois-moi, des fois on a rien de mieux à faire que d’se trahir. Tu continues d’réfléchir, tu passes à aut’chose, tu oublies tu reviens, tu trouves une astuce. Le quatrième, c’est la fonction poétique, ou c’est l’ironie, ou c’est le vide qui fait tenir le tout ensemble, le vide central. Je crois bien qu’il faut encourager le délire, mais jusqu’à un certain point. Il y aura certainement quelqu’un ici qui saura poser suffisamment rapidement une limite. La limite, c’est la consigne. Oui, mais et Gertrude ? Gertrude ? Gertrude ? Mais oui, Stein. Stein ! Déjà le nom, seulement, rien que ça, déjà, le nom. Stein. Ça te fait frissonner. Tu en voudrais, ça toi, hein, comme d’un nom, pour un personnage. Un personnage dur, un personnage du dur désir de durer. Le quatrième, on parle pas tous à la fois, c’est le quatrième personnage, durassien. On peut pas tous s’appeler Stein, on s’appellera tous Stein tous les personnages, s’appelleront Stein. Ça commence à déconner sévère ici. Tu sais pourquoi tu dis ça ? Je le sais. Tu dis ça parce que tu as envie de la placer cette phrase, de le placer, ce mot, à cause de sa résonance, rien d’autre. Tu le dis parce que ça fait joli.  Ça déconne sévère. C’est joli. Il faut la faire taire. C’est joli, à dire. Ça résonne. C’est marrant, je dirais, à la limite, tout juste. C’est tellement. Oui, non, Stein, Gertrude, la comparaison, virgule, ça me fait du mal. Qu’on en soit si loin, de Gertrude, de Stein, ça me fait du mal. Moi, ça me fait du mal. Keskiteferait pas du mal déjà à toi, tu peux me le dire. Eske tu serais pas tout le temps à chercher ski pourrait te faire du mal ? Pourkoi je ferais ça ? A toi de me répondre. Pourkoi je ferais ça ? Eh ben oui, pose-toi la question.  Sérieusement, je comprends, Gertrude Stein, ce talent. On revient sur terre, on peut revenir à ce qui compte ici. Sérieusement : on nous demanderait pas un peu l’impossible, là. J’avoue. Ah. Ah. Ah. Un peu ! Bah, c’est jamais qu’un jeu. Tu veux qu’on te demande quoi d’autre. Sérieux. On a pas tous, ça en commun ? On en est pas tous, à vouloir ça ? Je mets les  virgules où, je  veux, déjà. Est-ce que c’est pas ça, qu’on veut, est-ce qu’on veut tous, l’impossible. Écoute, déjà, tu te rends compte que t’es pas cap d’inventer un personnage, hein, déjà, c’est pas rien. C’est pas seulement que je suis pas cap. Bon, c’est fini là, on arrête, tout le monde rentre chez soi, on éteint tout, salut à tous. Merci beaucoup. Ce fut très fructueux.

15/08/23 : En panne, assise sur le bord de la route, je rêve, je fais des culbutes, et publie ce texte sur le site du Tiers Livre, sur le blog de l’atelier : https://www.tierslivre.net/ateliers/ete2023-lefaux03bis-avec-ma-gueule-darbitraire/

#03bis 02 – Que fallait-il, il fallait, Une situation à quatre. A quatre personnages, un quatuor. Et tout en moi qui y résistait,

C’est fait, je l’ai sorti cette nuit le #03bis, ça ne me plaît pas du tout, mais enfin, il fallait. Bien avancer. Que fallait-il, il fallait, Une situation à quatre. A quatre personnages, un quatuor. Et tout en moi qui y résistait, qui y répugnait. Je m’en rends compte : il n’ y a pas, il n’y a plus d’autres personnages dont je veuille que le mien. Bon sang. Quel. Narcissime. Prête, je ne suis plus du tout alors alors à écrire un roman? C’est fini pour moi, le roman? A ces autres personnages, quelle utilité trouver? Bien sûr, il y a la possibilité de l’invention. C’est-à-dire, il n’y a pas. Il n’y a plus pour moi. Comme je l’ai déjà dit. A moins que ça ne me vienne, me revienne. Ce que je ne vois toujours pas venir. Je fais l’atelier pour donner la chance à ça. Ici, la scène que j’ai écrite, je la crois bien absolument inutile. Je ne vois absolument pas ce qu’elle pourrait apporter. J’ai juste fait ce qu’il fallait pour avoir une scène à quatre. J’ai cherché, cherché, j’ai d’ailleurs eu d’autres idées. Mais rien qui me. Enfin, très franchement, je ne pense pas que je vais garder ce texte. Qu’est-ce que j’y aimerais dans ce texte : la pluie par la fenêtre que je ne suis par arrivée pourtant à dire. C’est la fenêtre que je ne suis pas arrivée à dire, les fenêtres. La mère qui met les plats sur la table en disant : C’est raté. Pour le reste, je pourrais tenter de régulièrement d’y revenir, et gonfler les personnages de davantage de sang, de fièvre, de paroles, de corps, d’histoire, que sais-je. Je vais essayer. Je vais essayer, d’écrire d’autres frères que ceux que j’ai écrits. Mais quel autre frère serait possible. Comment affiner les portraits. Quelle petite touche? Que sais-je de ces deux enfants? Attendre que vienne cela qui m’entraînera autre part. Je ne pense pas que je vais garder ce texte. Vraiment, ce n’est pas ce que je veux faire. Se rendre compte, qu’au fond, un roman, peut-être pas… Ou apprendre à prendre plus de liberté avec les consignes. Ou…. Ne pas trop se poser de questions, continuer….J’ai pourtant a priori confiance en ce qui s’écrit, comme j’aurais confiance dans un rêve. Qui plus est, évidemment, c’est loin, très loin de la consigne Gertrude Stein… Y a pas à dire. Gertrude Stein fit des portraits. En relire alors, l’un ou l’autre. Je suis complètement enfermée en moi-même. Altos que l’envie de faire des portraits, pour justement me rapprocher des autres, pour aller vers eux, pourrait me tenter.

Aussi, plutôt découragée par moment. J’écris trop long et la vie, les contingences, sont trop prenantes. En même temps, que je voudrais lui donner du temps, aussi, à la vie : faire à manger, courir, se promener, errer. Et je me relis plus que je ne devrais, épouvantée alors par une virgule mal placée, tentée de passer au je un texte écrit au elle, etc, je ne devrais pas tant regarder en arrière, avancer. Avancer, avancer. Qu’est-ce qui m’attend pour le #04. Boire un café, me coucher, et réfléchir à ce que j’aurais pu faire d’autre, comme #03bis. Cette scène, par exemple, à laquelle je pense également, l’écrire? Dans la nuit de demain? L’affreuse scène du bar du Zodiac ? Faire une #3bis bis? Et le rêve? « Blanche ou le non au père », Le réécrire? Un #3bis Ter?

Sur le site du Tiers Livre, dans le blog de l’atelier : #été2023 #03bis | crème à la vanille

#04 | 0 superposer les temps

Ecrit et publié au matin du samedi 19 août à Donn, publié à la date du 2 juillet, en réponse à la propositions #04 | superposer les temps


J’ai écrit, enfin, beaucoup plus que ce que je n’aurais cru. Je suis partie de l’idée du train, de Blanche dans le train. Bien sûr, j’ai complètement foiré, puisque je n’ai pas le deuxième temps (consigne : 2 voyages en train à des années de distance, avec les mêmes personnages ; alterner de paragraphe en paragraphe les 2 années et les distinguer en usant d’italiques). Enfin, j’ai rempli la première moitié du contrat. Et ceci s’est écrit tout entier tendu dans l’idée d’en écrire la répétition. Je pourrais, plus tard, faire le parcours répété – Blanche et dans le wagon à côté, une conversation écoutée. Mais, il faut que j’avance.

Il faut que je me souvienne que j’ai enregistré ce texte.

Et que je publie ici une photo d’un extrait de Ann je-ne-sais-qui que je lis en ce moment, une américaine. Sur ce que chacun est persuadé d’avoir à faire, à propos de quoi il n’a rien lu nulle part.

Il fait beau maintenant, je vais prendre un bain, je vais manger une glace, je regrette de ne pas faire de tai chi. C’est l’été, c’est l’été. J a demandé à ce qu’on joue un jeu de société. Ches dort. Je suis contente d’avoir enfin écrit. Tant pis si c’est raté. Je dois me dépêcher.

#04bis | 0 dans la nuit de samedi à dimanche

atelier François Bon du 5 juillet #04bis | dans la nuit de samedi à dimanche, publié ici le 23 août et écrit le 21 matin à Donn

Et le lendemain, j’ai écrit et publié un quatre ter, qui est en fait la suite du 4 bis

#10 et #10bis

J’ai tout à fait perdu le fil, je crois. Publié sur le site du Tiers livre, les deux textes suivants, le 10 et le 10bis (pas encore publiés ici, pas le temps).

J’ai d’abord écrit l’instance et puis le non-écrite.

Je ne m’en sors toujours pas avec les consignes…… J’ai beau m’en imprégner, j’en ressors toujours avec quelque chose complètement à côté. En même temps que je réalise des choses sur moi-même.

#12 | 0=Thomas Bernhard, le fauteuil à oreilles
— du ratage, la héraulte

#été2023 #12 | Thomas Bernhard, le fauteuil à oreilles

Notes sur la consigne

Long monologue du fauteuil à oreilles, tiré de Des arbres à abattre de Thomas Bernhard. Réception dans grand appartement viennois. Narrateur assis dans un fauteuil à oreilles – des « oreilles comme des antennes, comme un appareil auditif ». Long monologue de 40 minutes. Le narrateur ressasse. Bribes de conversations qu’on entend mêlées à des souvenirs – 20 ans plus tôt le narrateur fréquentait ces gens.

Publié après-coup sur Facebook

Je pourrais dire que je regrette de n’avoir pas lu le monologue du fauteuil aux oreilles avant d’écrire ma 12, mais ce serait faux, je crois que le lire m’aurait rendu d’autant plus impossible d’écrire ce que j’ai finalement écrit et que je n’ai écrit que pour cesser d’avoir cessé d’écrire. Je l’ai écrit comme je peux, prise dans tout ce qui m’empêche en ce moment d’écrire, de continuer, toute la poix, et dans le souvenir du genre de monologue que je serais tout à fait capable de tenir à part moi, préférablement au fond de mon lit, enfin si je remonte le passé, également  au milieu d’une foule, même si jamais au grand jamais je ne m’y montrerais, je ne m’y serais montrée aussi persifleuse que TB. Je dois dire que je suis en ce moment dans de telles difficultés par rapport à l’atelier que je suis tentée par l’idée de me contenter d’écrire cet échec, l’échec de l’écriture d’un roman, écrire atelier par atelier ce que je rencontre comme point d’impossible qu’il ne m’aurait jamais autrement été donné de rencontrer, et le moyen que je trouve, ou pas, de le contourner, à ma façon. Écrire cet échec serait évidemment une réussite à quoi je devrais donc échouer étant de façon certainement définitive abonnée à l’échec, ce qu’il m’arrive heureusement d’oublier et qui m’amène à  me lancer dans des entreprises dont j’oublie la promesse d’échec, ainsi cet atelier d’été. Caramba encore raté, rater, rater mieux encore.

« D’abord le corps. Non. D’abord le lieu. Non. D’abord les deux. Tantôt l’un ou l’autre. Tantôt l’autre ou l’un. Dégoûté de l’un essayer l’autre. Dégoûté de l’autre retour au dégoût de l’un. Encore et encore. Tant mal que pis encore. Jusqu’au dégoût des deux. Vomir et partir. Là où ni l’un ni l’autre. Jusqu’au dégoût de là. Vomir et revenir. Le corps encore. Où nul. Le lieu encore. Où nul. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux encore. Ou mieux plus mal. Rater plus mal encore. Encore plus mal encore. Jusqu’à être dégoûté pour de bon. Vomir pour de bon. Partir pour de bon. Là où ni l’un ni l’autre pour de bon. Une bonne fois pour toutes pour de bon.  »

Samuel Beckett, Cap au pire

Réponse à un commentaire / il avait fallu mettre un mot, ça a été celui-là

Ah MT non, non ce n’est certainement pas un concours pour moi. et c’est beaucoup plus léger que l’écho que j’en trouve ici… je crois que c’est drôle même un peu. c’est de l’écriture quand même… une écriture qui m’est chère… et c’est une façon de dépasser la difficulté rencontrée. c’est vrai, j’ai poussé le mot d’échec, mais il ne correspondait pas tout à fait à ce que je ressentais, les difficultés. il fallait mettre un mot, ça a été celui-là, avec lequel j’ai déjà une histoire, ça m’a permis de rebondir. un mot comme marchepied.
alors oui, j’aurais aimé que ça s’écrive, un roman, j’ai voulu croire à la magie (c’était à un moment par ailleurs très difficile que je me suis inscrite), ça allait m’aider, ça m’a aidée, ça m’a même amusée… bon, le roman, lui, résiste… or, c’est intéressant, ces points de résistance, ce que je rencontre de mes impossibles… mes solutions de contournement.. je n’en fais pas une maladie non plus (même s’il y a eu un petit covid)… et c’est vrai que je me suis sentie débordée par l’afflux de propositions mais c’était : débordée d’envies et le temps manquant… là encore, j’ai trouvé la solution : non pas tout plaquer, mais juste ne pas le faire, pas faire tout ce qu’on a envie. (et d’ailleurs, c’est à t’écrire que je m’en uis persuadée).
chaque proposition, ça a été un travail incroyable. une difficulté incroyable. le livre ! l’auteur ! le lieu ! les personnages !! le temps ! la répétition ! le corps ! mais c’est aussi parce que je me confronte à ce que je découvre comme impossible que je suis obligée d’inventer, d’inventer avec l’écriture. il n’y a que les personnages, jusqu’à présent et à mon avis pour toujours et à jamais, qui sont véritablement manquants. eh bien ce n’est pas une mince affaire que d’être confrontée à ça. je veux dire que le travail ça s’est passé là. réaliser, digérer, ce que cela révèle sur soi.
et alors, écrire encore.
quant au ratage… I mean, this is the story of my life.. The intimate story of my life. The story or the cement. d’autres l’ont dit bien mieux que moi. J’ai d’extraordinaires prédécesseurs. mais ça s’ouvre aussi comme enjeu : le ratage, le dire bien.

Deuxième réponse / « c’est raté »

je voudrais écrire pour alléger (je crois) et des petits pas de petits rats, ma foi… de jolis petits pas, je ne détesterais pas. des petits pas pas ratés, des petits pas trébuchés, j’aimerais. des petits pas de rats cabriolés. leiris – n’ai lu que Biffures et une correspondance avec bacon, je crois – autant son ‘reusement fut déterminant quant à son devenir d’écrivain, autant peut-être le fut pour moi le fait que jour après jour repas après repas ma mère gentiment nous servait à manger nous disant c’est raté. ça n’est pas l’histoire de tout le monde. non, c’est l’histoire d’une petite fille dont la mère n’a jamais rien fait sans être persuadée que c’était raté, toute confondue de haine pour elle-même, et s’en excusant. après, on se débrouille. moi-même fort attachée à ma mère je ne la trahis pas et je tiens fort souvent je l’avoue à mon cœur défendant à ne pas réussir, or très attachée aussi à mon fils, c’est une donnée nouvelle même s’il a 18 ans, et je voudrais maintenant de ce ratage dire la face sublime, la face clownesque aussi, cependant il se trouve que le mot de ratage même est fort affecté par le manque de considération qu’il trouve dans nos civilisations, du ratage on entend d’abord le drame, il faut donc que je soigne mieux mes préliminaires afin que d’en révéler la face cachée, jusqu’à un certain point totalement jouissive, et n’en vienne à trahir personne surtout pas moi, qui entre-temps, à force d’en être usée, m’y suis attachée. car le ratage détient une vérité ultime indépassable dont on peut venir à vouloir s’en faire le hérault, la héraulte. (ce qui m’embête, c’est d’être toujours aussi longue et sérieuse, et puis, je vois bien, MT, que nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde ; or, le faut-il ? ne suffit-il de simplement résonner ?)

Alors, quel point d’échec

L’idée, je crois, d’avoir à écrire un monologue intérieur au milieu d’une foule, de devoir évoquer la présence de monde, je sais, ça n’était pas obligatoire, ça n’est jamais obligatoire, mais c’est ce que je ressentais comme impossible pour moi. L’exercice du monologue intérieur de 40 minutes, en soi, me paraissait facile. Enfin, surtout, je peinais beaucoup parce que je ne savais pas s’il fallait que je fasse ce #12 ou plutôt que je poursuive l’avancée des ateliers depuis le début, ou encore que je reprenne l’un ou l’autre atelier foiré. Mon esprit passait d’un atelier à l’autre sans parvenir à s’arrêter, se décider. Il y avait aussi les « Notes sur le confinement » et les mots du Livre d’un mot.

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