du temps gelé, de la guerre, du point g
— (de la lecture, de ma mère)

5 avril 2011 | avril 2011 | le caddie, un treillis sur la mer | , , , , , , , , , , , , |

Il y a deux jours, je rêve d’un amoncellement, d’un empilement vertical de « caddies » au dessus duquel je vais me percher, me réfugier, extrême précarité, je tente de diriger les mouvements des caddies, qui sont vifs, accélérés, imprévisibles, avec mon corps.

Cet empilement de « cas »  (les « cas » de « caddies ») désignant pour moi le « K » du « K-rante » (40) du 40-45 / date de la guerre / à laquelle je dis, à la suite de ma lecture de R. Warshasky,  que « mon temps s’est figé« .

Date à laquelle, depuis laquelle, l’histoire ne peut pas se faire. Qui ne s’intègre pas à la suite des nombres à laquelle pourtant elle appartient. 1Cela, je l’avais autrefois dit à mon analyste, le premier, qui l’avait balayé: « Mais non, … »

En sixième latine, sixième latine A, je dessine à la professeur d’histoire et de latin, Mme Chapeau, qui le demande, une ligne de temps où j’inscris 4 dates:

40-45 ; 0 ; 33 (âge de la mort du christ).

J’ajoute ensuite 14-18 parce qu’effectivement je connais cette date (qui vient doubler 40-45).

Dessous cette ligne,  j’explique que l’histoire ne peut être prise, considérée, comme une suite de dates, que l’histoire c’est passionnant, mais que cette passion ne tient pas dans les dates.

Aujourd’hui, aurais-je à dessiner une ligne du temps, elle serait la même.

Identifiée, passionnément… crucifiée… à la guerre (40).
Promise, dans le prénom de ma mère, à la lecture du point G.

LUTGARDE 
« art du G lu, art de lire le point G » 

G qui est de guerre, dit de guerre par mon père, de jouissance silencieuse en ma mère.

On voit qu’il y a là comme un lien entre le G de quarante et celui du prénom de ma mère. C’est un  lien, fait il y a bien longtemps, inoublié, en analyse, au départ d’un rêve où il était question d’un G (le GSM, le téléphone), et du point G (à propos duquel j’avais entendu un émission radiophonique).

Ce raccord, ce raccourci, je l’ai refait récemment, au sortir d’un cours de Miller, comme il avait évoqué la fixation et la jouissance féminine 2Les notes du cours concerné:
I Avant : désir interdit –> jouissance
II Ensuite : la jouissance est pensée au-delà – positivée comme celle d’un corps qui se jouit. C’est un événement de corps – ça s’oppose à l’interdiction, ça n’est pas articulé à la loi du désir.
Le choc, la contingence, le pur hasard, ça n’est pas dialectique, mais objet de fixation, non pris dans la loi du désir.
C’est comme ça, par ce biais, que Lacan a pu rencontrer la jouissance féminine – la part qui existe sans subir l’interdiction, qui n’est plus centrée sur le Penisneid, fonction négative, qui n’est pas prise du côté dialectique, de l’Aufhebung ça efface le « perdre pour retrouver » (un enfant, c’est encore mieux que l’organe qui manque). Ça ne se transmute pas en maternel.
Faut voir comment ça fonctionne du côté homme.
Au 2 mars…
  quand je me suis souvenue d’une sensation d’enfant. Lorsque, soi-disant malade, feignant la maladie, diagnostiquée cependant par une médecin d’angine blanche, je pouvais passer la journée dans le lit de mes parents, à la place de ma mère. Quelquefois alors je me mettais à entendre le temps ralentir, s’allonger. Mon corps lui-même s’allongeant, par différentes parties, élastique, s’étirant à volonté et à l’infini – et tout cela, dans cette lenteur entendue. J’étais à la place de ma mère. Dont je pourrais dire qu’elle est pourrait être ma place de sinthome aujourd’hui – c’est ce que j’entends au cours de Miller, l’inertie du sinthome.

Ah oui, le lien du G de la guerre de quarante, au G, comme point de jouissance ?

Je passe sur un rêve que j’ai fait qui me désigne explicitement dans la répétition du quarante, comme double même d’elle, de ma mère double dont j’ai coutume, auquel il ne faudrait pas que je me tienne, dont la culpabilité cependant m’a enfin quittée, ce qui explique que je puisse enfin avancer, sortir de la seule répétition du double, du double du double, pour répéter, réitérer seulement l’Un (sans double) -, dans la répétition d’un 40 d’abord, d’un 4 ensuite, au cours d’rêve qui se passe, pour partie au moins,  au moyen-âge, dans une moyenne d’âge (40).

Mais, le temps gelé : est-ce qu’on l’entend déjà dans ce que j’ai écrit jusqu’à présent? Ou cela doit-il être davantage précisé?

Dire : l’angoisse ne me saisit plus qu’en présence de ma mère. La pétrification. J’ai été vers ça, dans les derniers temps de mon analyse, l’envie, le désir, de lever ça, pour pouvoir rétablir un contact avec elle, un contact qui rende mieux justice à l’amour que j’ai pour elle. L’angoisse vis-à-vis de l’école (ECF) s’étant quant à elle atténuée. Au point que je puisse me demander même si elle n’a pas complètement disparu, c’est à tester, et si elle n’a pas trouvé à être remplacé par un désir, devenu tactique, ou qui se voudrait tel (je me découvrirais des ambitions sans nom, inavouables…), l’école n’étant pas de l’approche la plus facile. Et puis elle demanderait à ce que je quitte mon lit – où, heureusement, je peux encore réfléchir fortement, et établir mes plans d’action (hé hé hé).

La guerre, Le point g, Ma mère.

« 40 », c’est le dit, disais-je, de mon père: pas un jour où il ne nous parlait de la guerre et des juifs. Pas un jour. Pas une personne qu’il ne rencontrait, qu’il n’abordait, en ne lui parlant de la guerre. L’extraordinaire, c’est qu’il aurait eu toujours quelque chose de nouveau à raconter. C’était toujours autre chose. L’extraordinaire, c’est que ça faisait lien, que ça le faisait vraiment parler avec la personne qu’il rencontrait, que ça faisait point de rencontre, et que mon père était considéré comme très sympathique. Mes frères également, mes 2 frères, parlaient avec lui, de la guerre, nous, ma mère et moi, nous nous taisions. Et bablabli et blabla bla, je n’y arriverai pas, pas aujourd’hui, et c’est BASTA.

Questions diverses

1/

Quid de la relation :

désir de l’analyste – (jouissance du) sinthome

Cette jouissance du sinthome, n’est-ce pas quelque chose qui s’atteint se rejoint au-delà de la possibilité « d’être analyste »? il existe du sinthome là où il n’y a pas nécessairement d’analyste?

Ce que je voudrais interroger également : un point où désir et jouissance se rejoignent, trouvent à s’accorder.

2/

« Mais si on tient que le sujet ne se réduit pas, dans sa fonction la plus essentielle, au psychologique, son exclusion hors du champ du nombre s’identifie à la répétition, ce qu’il s’agit de montrer. »

(Jacques-Alain Miller, « La suture »)

Exclusion hors du champ du nombre –> répétition –> sinthome?

ou prise en dehors de la suite du nombre –> répétition –> sinthome ?

3/

« De même, l’existence d’un objet ne lui vient que de tomber sous un concept, aucune autre détermination ne concourt à son existence, si bien que l’objet prend son sens de sa différence d’avec la chose intégrée, par sa localisation spatio-temporelle, au réel. » (Ibid., « La suture »)

4/

« Par où vous voyez la disparition qui doit s’effectuer de la chose pour qu’elle apparaisse comme objet – qui est la chose en tant qu’elle est une. »    (Ibid. )

 concept –> disparition de la chose / apparition de l’objet = la chose en tant que Une = cet objet donc qui vient à exister

Nota bene:

A/ sur le « plus un », la réitération, et l’addiction : dirait-on (j’ai oublié ce à quoi j’avais pensé ce matin)

« une cigarette encore, donne-m’en une, la dernière » (ferré) – un verre de plus, le dernier, un tweet de plus, un clic de plus, un chips de plus

un en plus, le même, je réitère donc j’addicte

les accointances du sinthome et de l’addiction – difficile d’admettre le n’importe quoi du sinthome, le n’importe quel Un, du moment qu’il est Un, du sinthome – surtout si l’on pense à la « racine du refoulé » – qui n’est pas n’importe quoi, qui ferait la différence. relire à propos de l’addiction le cours de Miller, le dernier (9), et l’avant dernier (8).

B/ cet Un de la fixation bloque la pulsion (dit Miller) – dans mon cas, bloque au redoublement, ça double, ça se bloque, et ça redouble  – ma mère, encore, épelant le nom (du père)  disait : « M – U – double L – E – R »  (où l’on voit que le double n’est pas la répétition, la réitération.)

que me pardonnent tous ceux que j’ai doublés, mais je continuerai dorénavant de la faire,  et probablement pas sans jouissance, parce qu’il ne s’agit plus seulement de doubler. il y a de L tout seul, ou du G tout seul ou du cas tout seul soit de l’un, tout seul. sans Autre.

Notes en bas de page

  • 1
    Cela, je l’avais autrefois dit à mon analyste, le premier, qui l’avait balayé: « Mais non, … »
  • 2
    Les notes du cours concerné:
    I Avant : désir interdit –> jouissance
    II Ensuite : la jouissance est pensée au-delà – positivée comme celle d’un corps qui se jouit. C’est un événement de corps – ça s’oppose à l’interdiction, ça n’est pas articulé à la loi du désir.
    Le choc, la contingence, le pur hasard, ça n’est pas dialectique, mais objet de fixation, non pris dans la loi du désir.
    C’est comme ça, par ce biais, que Lacan a pu rencontrer la jouissance féminine – la part qui existe sans subir l’interdiction, qui n’est plus centrée sur le Penisneid, fonction négative, qui n’est pas prise du côté dialectique, de l’Aufhebung ça efface le « perdre pour retrouver » (un enfant, c’est encore mieux que l’organe qui manque). Ça ne se transmute pas en maternel.
    Faut voir comment ça fonctionne du côté homme.
    Au 2 mars…

Effets de réel, revenance du caddie, l’amour sans retour

6 avril 2011 | avril 2011 | le caddie, Ornelle, RÊVES | , , , , , , , , , , |

( Cela dit, je donnerais cher pour être débarrassée de mon inconscient et de toutes ces histoires qui trop me hantent, m’habitent en ce moment.)

I.

Réveillée cette nuit par une rêve dont je reste très longtemps persuadée qu’il est réel, auquel, une fois passé mon premier réflexe de réveiller F. pour lui dire que « je sais tout », je passe des heures à réfléchir dans un sentiment d’immense malheur, comme s’il venait de m’arriver, coup sur coup, les deux choses les plus abominables qui puissent m’arriver.

Je suis avec F chez mon frère JP et sa compagne Isabelle. Nous partons en promenade avec ma mère. Ils nous annoncent quelque chose (du style d’une naissance prochaine) – ma mère en profite de cette annonce pour… nous annoncer son propre (re-)mariage!

Je suis effondrée. J’ai rencontré par le passé l’homme dont il est question, c’est une brute épaisse, idiote et acculturée. Je crains qu’il ne fasse du mal à ma mère. Comme il est plus jeune qu’elle, je me demande si son « amour » n’est pas intéressé. Comme elle n’est vraiment pas riche, limite pauvre, et ne dispose que de l’œuvre de mon père, je me demande ce qu’il peut lui vouloir. Je crains qu’il ne cherche à lui faire du mal pour lui faire du mal; j’élimine l’idée qu’il en veuille à l’œuvre de mon père. Je touche de mes doutes un mot à mon frère. Ma mère conteste mes dires, affirme qu’ils s’aiment et s’aiment depuis… 7 ans (!)1. Ensuite, me dit  qu’elle est prête à tous les sacrifices pour lui, ce qui, la connaissant, est très effrayant. Finalement me lache qu’elle l’aime mais que lui ne l’aime pas. Qu’il lui fait déjà du mal. J’en fais part à mon frère, qui s’effondre à son tour. Nous devons partir, Frédéric et moi, rentrer à Paris. Il semble maintenant trouver que notre départ est urgent. (histoire… voiture… ma tante).

Je monte voir Frédéric. Il est ivre-mort, effondré, me tend un papier, sans un mot, c’est un questionnaire auquel il a répondu. Je le parcours, lis les questions, ne lis qu’une seule de ses réponses. « Comment s’appelle la femme avec qui vous la trompez? » Il a écrit : ORNELLE. Les autres questions tournent autour de cette relation, quels avantages / désavantages, offre l’une, l’autre, etc. Je ne sais absolument plus quoi faire. Rien de pire n’aurait pu m’arriver. Je ne peux pas compter sur F. pour rassembler nos affaires, faire nos bagages, il est complètement hors de course. Je veux expliquer ça à mon frère, mais lui s’énerve, veut qu’on parte. Je ne me sens pas moi-même capable de faire les bagages. Je dis à F. ce qui se passe, le re-mariage de ma mère. Il ne peut réagir. Il serait prêt à conduire.

Autre étage, étage supérieur. Isabelle, ma mère et moi. Des choses que j’ai oubliées. Debout, discutons. Isabelle a une idée. Plus tard. Eau, bassin, nage, nue, moi nue, nage dans bassin intérieur, immense (comme la baignoire d’Irène). Je montre à Jules, ce bassin, baignoire ronde, dans espace sombre, entouré de fauteuils, de fauteuils de cinéma. Des hommes, 3, des hommes du type les mauvais dans les films, costard-cravate, genre Tarentino, en vraiment méchant. L’homme de ma mère, peut-être l’un d’eux. Des choses se passent. Ma nudité me gêne, je nage sous l’eau.

Plus tard, me réveille. Veux d’abord réveiller Frédéric, me retiens, heureusement, la réalité du désagrément et de la mauvaise humeur qu’il en éprouverait arrivent à me retenir. Je suis convaincue de la réalité de ce que je viens d’apprendre dans le rêve. J’arrive à me dire que même si ce n’est pas vrai, ça recouvre une vérité, une réalité, un  certain – je pense « effet de réel ».

II.

Je finis par me rendormir.

Je suis en cours de mathématiques, j’arrive en retard. J’aime ce cours, je suis heureuse qu’il n’ait pas vraiment commencé. Il semblerait qu’ils se soient contentés jusque là de parler de … ??? Au tableau, des mots que j’ai peine à distinguer, dont j’ai peine à croire, que je  les trouve, lise là. Plus tard, le professeur, une femme, me dira qu’il s’agit de   » Ics  & réel » (!!!).

Ce professeur a découvert Lacan. Veut partager ça avec ses élèves. Sommes dans  période de l’année après les examens. Donc plus vraiment tenue par un programme. Elle attribue un séminaire à chaque élève, pour en faire un exercice de lecture. Moi, c’est le Séminaire IV. Elle nous invite à raconter le rêve que nous avons fait la nuit précédente. M’indique que j’aurais dû lui dire que je m’intéressais à la psychanalyse. Une fois venu mon tour, je raconte l’effet de réel du rêve, mon copain qui me trompe.  Mais, je ne me souviens plus de la première partie du rêve, dont  je dis qu’il est tout aussi catastrophique et l’effet de réel tout aussi poignant.

Sortie du cours. Nathalie…

Direction passage aux caisses. Croise un homme. Caddie plein me tombe dessus, se renverse sur moi.  J’arrive à me redresser, à le  redresser, ramasse les objets tombés, éparpillés. En vérité, personne ne m’aide (ce qui m’étonne un peu). J’arrive en caisse. Je paie avec une carte bleue. Quelqu’un a laissé à la caisse un livre de Lacan et des billets (j’hésite à m’en emparer, voler). Je repars, dans la rue, avec le caddie (dont je crains qu’on ne pense que je le vole, mais que j’ai l’intention d’ensuite restituer, que je ne fais qu’emprunter). Il commence à pleuvoir. Je m’abrite je ne sais où. La pluie me réveille, il fait soleil.

III.

Pas eu de réponse à ma lettre (demande de passe !!) de la semaine dernière. Cela me convient. Me permet de réfléchir. Il n’empêche que quelque chose est engagé. Et que j’aimerais sortir de cet actuel sentiment d’irréalité. M’assurer de donner la bonne réponse à cette absence de réponse, ne pas laisser passer cet instant, ni m’y installer, ne pas le laisser devenir rien. Tirer les conséquences.

Notes:
  1. 2011 – 7 = 2004, année de la conception de Jules, mon enfant []
Top