Le Sambuc, mardi 18 juillet, 5h du mat.

Publié le Catégorisé comme Hélène Parker Étiqueté ,

Mais, ce que je voudrais, c’est parler, abondamment. Puis que dans l’espace des voix résonnent, s’exclament, sonnent. Et disent ce qu’elles veulent.

Rêve 

I. Suis montée trop haut sur échelle qui va trop haut. F aussi, en a assez, veut redescendre. Je lui demande d’attendre que je descende moi-même, je n’y arrive pas, j’ai le vertige. 

II. F fait une activité avec Dotta. Elle, essaye de faire quelque chose,  n’y arrive pas, voudrait de l’aide sans vraiment l’exprimer, est de mauvaise humeur. F doit choisir un brin de houblon, un épi de houblon,  parmi plusieurs, tous un peu différents, qu’elle transformera en bière. Il n’arrive pas à choisir. Je suis toujours fâchée avec Dotta, dans le rêve. J’ai peine à croire qu’un seul épi puisse faire une quantité de bière suffisante à boire, un verre. Dotta essaie de lancer d’autres activités (à caractère artistique).

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Dotta, c’est Dotta Syron-Kraft. Pendant des années ma meilleure amie, artiste, allemande. Très créative, me semble-t-il, toujours joyeuse. A été mon idéal, de femme. Aurait changé de caractère, d’après ce que j’ai pu entendre de la part de proches, se fâche plus facilement. A l’âge de quatre ou cinq ans, sa fille a eu un cancer, à l’œil, qu’elle a perdu. Elle doit en avoir 15, aujourd’hui, 15 ans.  L’autre œil est toujours en danger.

Dotta et moi nous étions fâchées juste après les fêtes, cette année. Par mail. La tension était montée très  fort, très vite. Elle me hurlait dessus (écrivait en majuscules), me disait des choses injustes. Et tout d’un coup en moi j’ai senti que je ne lui pardonnerais pas, jamais. Plus tard, quelques mois plus tard, elle a donné des signes qu’elle n’était plus fâchée, un mail de remerciement pour le livre offert à sa fille, des likes dans Instagram, je n’ai pas répondu à ces signes.

Ça s’était passé en janvier, la dispute. Elle n’était pas venue avec sa fille à l’anniversaire de Anton (à Bruxelles) (malentendu foireux), et quand je lui avais envoyé un message, lui disant l’urgence pour moi de la voir, de lui parler de trucs,  de ma rencontre avec Nathan, avant que nous rentrions à Paris, elle m’avait dit qu’elle était fatiguée, qu’elle pouvait juste me dire que je jouais avec le feu. Ça m’avait fait un choc.  Qu’elle me dise ça.  Mais, c’est quelques jours plus tard, de retour à Paris, comme nous discutions par mail, comme je lui avais, incidemment, dit que c’était dommage qu’elle ne soit pas  venue pour l’anniversaire de Anton, que tout était parti en vrille, qu’elle avait explosé.

Elle m’avait dit qu’elle considérait que les gens devaient savoir. Qu’elle n’était pas toujours là à se plaindre, mais qu’il fallait savoir, que ça n’allait pas. Qu’il lui arrivait toutes sortes de trucs abominables, que c’était affreux, et que moi, je venais avec ce reproche. J’avais tenté de m’excuser, de lui expliquer que ce n’était pas possible à deviner, mais elle était hors d’elle. Et, elle avait fini par me faire le reproche  de n’avoir pas été là quand sa fille avait été malade, avait dû être opérée à nouveau.  C’était faux, j’avais proposé d’y aller, elle n’avait pas voulu, nous nous étions parlées, beaucoup, par téléphone, écrit aussi, et elle ne s’en souvenait pas. C’est alors que j’ai senti quelque chose de cassé en moi. Je lui ai dit que j’aurais fait n’importe quoi pour elle. Et c’était vrai. Je ressentais une profonde injustice. Et finalement, je lui ai dit qu’elle non plus n’avait pas été là quand je lui avais écrit que j’allais très mal. Qu’elle n’avait pas du tout répondu. Et là, elle s’est tue, n’a plus rien dit. Moi, j’ai alors jeté cet échange de mails. J’ai pensé que c’était terminé. Que je ne lui pardonnerais pas.

Elle n’allait pas bien. Et moi, mal.

Possiblement, je me suis simplement rendue compte qu’elle ne m’aimait pas autant que je l’aimais.

Dernièrement, j’aurais pu avoir eu envie de la voir. Elle est vraiment la seule personne à qui j’aurais aimé rendre visite pendant ces vacances, c’est la personne que j’ai le plus admiré au monde. Un modèle inatteignable. Quelque part dans Lacan, il est dit qu’on trouverait toujours dans l’entourage d’un.e névrosé.e obessionnel.le une personne amie qui joue un tel rôle d’idéal. Enfin, moi, lisant cela je m’étais dit, Tiens, voilà Dotta.

Elle est la femme idéale. Ma femme idéale. Celle que je ne serai pas. Que j’ai la chance de connaître. J’aimais sa simplicité, son art, ce qu’elle m’a fait comprendre de l’art. Avec qui j’ai senti la plus grande familiarité. Mais, on on aurait dit qu’elle avait oublié nos conversations, notre amitié, de vingt ans, que dis-je, de trente ans. C’était aussi une des premières amies de mon frère Jean Pierre. (Elle a été très très belle, c’était fascinant, la longueur de ses jambes, sa finesse, la perfection du choix de ses vêtements. Maintenant, elle a un peu épaissi, n’est plus aussi éblouissante, mais c’est pas grave). Elle a habité un temps avec ma mère. C’est là que sa fille était tombée malade. Elle fait partie de la famille. Si ce n’est, qu’effectivement, pour une fois, elle n’est pas venue à l’anniversaire de Anton. Et moi, avec tout ce qui se passait, ce qui se défaisait, j’avais vraiment eu envie d’offrir une belle fête à Anton, donc, sa présence m’avait vraiment manqué.

Que je rêve d’elle en ce moment ? Elle, est dans les projets artistiques. Elle, fait un projet artistique au départ de ses problèmes divers et variés. Elle, demande de l’aide à Édouard, qui n’arrive pas à se décider, à l’aider. Elle demande sans demander, ce qui me ressemble un peu, elle demande à contre coeur. A ce qu’il choisisse entre divers épis. Cette indécision aussi me ressemble. Elle lui demande de trancher.  Et cet épi de houblon elle le transformera en bière.

(Elle, toujours de bonne humeur, elle, rit, rit tout le temps, nous nous rencontrons, voyons, rions, c’est un peu la même chose avec Nathan, on se voit, on rit, elle, habite  à la campagne, sans homme, elle cuisine, bien, facilement, simplement, abondamment, etc. Enfin, la personne que je connaissais, puisque apparemment ces dernières années l’ont un peu fatiguée, changée, modifiée.)

Le houblon : mes grands-parents, les parents de ma mère, étaient cultivateurs de houblon (hop en flamand), en Flandres

Ma mère racontait toujours qu’elle faisait, quand elle était petite, la tournée des acheteurs de houblon (?) avec son père, dans la voiture (noire ? DS ?) 

Rachel, ma prof de tai chi, au stage avait cueilli une tige de blé pendant qu’elle donnait cours, qu’elle avait mise en bouche. Elle était en hauteur, sur un petit muret, son geste avait été charmant, drôle. Elle avait subitement interrompu ses explications, s’était penchée en arrière, dans le pré dont le muret nous séparait,  avait cueilli ce brin de blé, porté à sa bouche, éclaté de rire.

Nathan, blond.

Les épis entre lesquels il faut choisir : il y en a plusieurs, tous différents, certains colorés, tressés. Depuis quelques temps, je ne sais plus jamais choisir et suis obligée de demander à Édouard de trancher. (c’est parce que je ne sais pas choisir qu’il n’y a pas d’art).

Le premier rêve

Les échelles. Suis-je « montée trop haut » avec P ? que j’aie le vertige ? que je ne puisse redescendre ?

Les échelles : très, très hautes.

Avais lu un livre quand j’étais petite, trouvé je ne sais où, volé peut-être, lu sans comprendre, « pas de mon âge », lu en cachette peut-être, intitulé L’échelle de soie. Il n’est pas sûr que je l’aie vraiment lu. Il est possible que je l’aie relu, à plusieurs reprises. Sans vraiment le lire. J’aurai essayé de le lire. J’y tenais pour d’obscures raisons. Je n’en ai aucun souvenir. Il devait y être question d’un homme et d’une femme, d’un couple.

Très haute échelle – L’incident à Assenois. Non, non, rien à voir.

Échelles s’élevaient dans les airs, appuyées sur rien.

Le vertige (dans les escaliers larges, or ici, les montants de l’échelle se rétrécissent, deviennent très étroits.) Non, non, rien à voir.

Je suis montée trop haut, j’ai le vertige, j’ai peur, je suis paralysée.

Un épi, lequel, doit se transformer en bière, il faut faire de l’art, Dotta le ferait (comme moi, elle ne sait pas choisir, demande à F, qui ne sait pas non plus. Comme moi, est de mauvaise humeur, n’arrive pas à demander de l’aide).

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Parler : Donc, je me réveille à 5 h du mat, et me dis ça, que ce que je veux, c’est parler, et que des  voix résonnent, à travers l’espace, qui s’interpellent. Or parler, c’est précisément ce que je n’arrive plus à faire ou veux plus faire. Ou ne sais plus faire ou n’ai jamais su faire. En particulier avec Édouard. En particulier ce qui m’angoisse avec Édouard. Depuis longtemps, plus parlé. Et les mots que je perds. Pour ça que j’ai tant aimé écrire à P. Besoin d’écrire, dire. Lui aussi, je crois. En manque de dire ce qui se passe dans nos vies. Et comme par la parole, ça ne va pas, par écrit, c’est bien. Écriture vivante. 

Après donc, que je me sois dit cela, que je voulais de la parole, des voix, je me suis souvenue du rêve, que j’ai noté.

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Tandis qu’avant que de faire ce rêve, la veille au soir, ultra crise, ultra d’angoisse, sombre, effrayante. Passée finalement avec un cachet de Lysanxia. Anton, qui dort dans notre chambre, resté longtemps éveillé.

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