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vendredi 17 janvier 2025 · 20h02

Kafka – autojustice

Kafka, le temps des décisions de Reiner Stachs – extraits du chapitre « Autojustice : Le procès et Dans la colonie pénitentiaire« 

rire irrésistible – D’après une anecdote souvent citée, Kafka, lorsqu’il lut à ses amis le premier chapitre du Procès, aurait tant ri que « par instants il ne pouvait continuer sa lecture », tandis que ses auditeurs étaient eux-mêmes saisis d’un « rire irrésistible ». « Assez étonnant, écrivit Brod rétrospectivement, quand on songe au terrible sérieux de ce chapitre. Et pourtant, c’est la vérité.1 »

cachotterie – « Et pourtant, l’état chaotique de ses manuscrits, cause de plusieurs décennies de débats entre les spécialistes, n’a strictement rien à voir avec sa fameuse tendance à la « cachotterie ». Aussi paradoxal que cela puisse paraître, tous ces obstacles découlent d’une décision tout à fait pragmatique de sa part en vue de discipliner son écriture.
p. 740

Mon sens de la représentation de ma vie intérieure onirique a repoussé tout le reste dans l’accessoire et ce reste s’est atrophié d’une façon effrayante et n’en finit pas de s’atrophier.

Mon sens de la représentation de ma vie intérieure onirique – “ Vu de la littérature mon destin est très simple. Mon sens de la représentation de ma vie intérieure onirique a repoussé tout le reste dans l’accessoire et ce reste s’est atrophié d’une façon effrayante et n’en finit pas de s’atrophier. Rien d’autre ne pourra jamais me satisfaire. Mais la force dont je dispose pour cette représentation est totalement imprévisible, peut-être a-t-elle déjà disparu à jamais, peut-être me reviendra-t-elle tout de même encore une fois, les circonstances de ma vie ne lui sont certes pas favorables. C’est ainsi que je vacille, je m’élance sans arrêt au sommet de la montagne, mais à peine si je peux un instant me maintenir en haut. D’autres vacillent eux aussi, mais dans des régions basses, avec de plus grandes forces ; menacent-ils de tomber, le parent les rattrape qui marche auprès d’eux dans ce but. Mais moi je vacille là-haut, ce n’est pas la mort hélas, ce sont les éternels tourments du mourir.2 ”
p. 742

C’est la Grande Guerre, Kafka loge seul dans l’appartement de sa soeur retournée vivre chez ses parents – « Kafka entame la phase de création la plus féconde de sa vie. On peut deviner d’où provient ce brusque apport de combustible : c’est ce même quantum d’énergie que sa lutte en vue du mariage a consumé des mois et des années durant. »
p. 743

les fantasmes de châtiment resurgissent – « toutefois en même temps — les notes de son journal le prouvent. Ses vieux fantasmes de châtiment ressurgissent eux aussi, images d’une violence mécanique, dépassionnée. Écrivant la scène d’exécution du Procès, où deux bourreaux obséquieux plantent un couteau dans le cœur de l’accusé, Kafka se laisse entraîner à un point tel que, quelques secondes avant la mort de son héros, il perd le recul du narrateur et tombe soudain tête en avant dans son roman : « Je levai les mains et écartai les doigts », lit-on dans le manuscrit. Je. »
p.744

  1. “Max Brod, Über Franz Kafka, op. cit., p. 156.” ↩︎
  2. Journal, 6 août 1914. – Kafka n’ajouta qu’après coup la phrase : « Rien d’autre ne pourra jamais me satisfaire.  ↩︎
mercredi 8 janvier 2025 · 04h22

de vocalises silencieuses in the middle of the night et de leurs conséquences

je me suis réveillée vers 3 heures, il est 4h22, je suis dans le canapé du salon, assez fatiguée mais j’ai l’impression que je ne suis pas prête de dormir. je n’ai pas fait d’instagram puisque j’ai désactivé mon compte. un jour, on ne saura plus ce que c’est instagram. à la place j’ai mis de l’ordre dans mes photos sur onedrive. un jour on ne saura plus ce que c’est onedrive.

la pièce est éclairée avec la toute fine guirlande led, si fine qu’elle est un peu indémêlable, que jules avait tout de même un peu démêlée et installée.

j’ai l’impression d’une tension un peu élevée dans mon crâne, dans mon cerveau. je ne sais pas trop ce que ce serait. ça correspond à une forme d’énervement. je l’ai éprouvée hier matin aussi en travaillant sur le site. j’ai travaillé sur le site toute la journée. cette tension dans le crâne est apparue quand j’ai soudainement fait face à quelque chose, me suis trouvée confrontée, à je ne sais plus quoi. je m’en suis éloignée (mentalement, je me suis enfuie, été ailleurs) mais la tension est restée, a monté. c’est de nouveau là. ça m’empêche un peu de penser. ça pourrait précéder une migraine. c’est ce que je pressentais hier, un peu plus tard dans la journée.

je viens de prendre une cuillerée d’huile de nigelle. j’aurais dû le faire plus tôt.

il faut ou je pourrais considérer l’activité d’écrire comme une activité absolument passagère me procurant un plaisir sur le moment-même, et sans plus. et non pas du tout comme une activité qui aurait la moindre noblesse, une quelconque noblesse, une noblesse un peu supérieure à toute autre activité, mais pourquoi est-ce que je parle de noblesse, pourquoi est-ce qu’aucun autre mot ne me vient à l’esprit, valeur aurais-je pu dire. non, je ne peux pas dire ça. je ne dois pas dire ce genre de chose. à tout le moins quand je cherche à écrire, cet exercice me permet-il d’entraîner mon esprit, de retarder sa déchéance, la perte des mots, la perte de l’usage de la langue, la possibilité de réflexion ou de communication. et il y a un certain plaisir, il me semble à tapoter sur le téléphone. et à entendre ma voix, intérieurement, entendre ces phrases que j’écris. il y a un certain plaisir dans le moment de l’écriture-même, dans le fait d’écrire. cet écheveau (je ne sais même pas ce que c’est) déroulé. ça sent mauvais ici, ça a été la première chose que j’ai faite en me levant, à 3 heures, changer le bac du chat, la litière. je ne sais pas bien comment combattre ce sentiment que tout est de même valeur. je le dis ça, je ressens ça, que tout vaut tout, que rien ne vaut rien que tout vaut, démocratie de la valeur, d’où le fait que j’aie voulu parler de noblesse, en même temps que j’ai le sentiment que non, que je n’y crois pas, que c’est du déni de dire que rien n’a plus de valeur que quoique ce soit d’autre. peut-être que dans l’absolu ça n’en n’a pas, mais que de façon relative, relative à moi, ça en a. à moins que je ne parvienne pas à croire ou ne veuille pas croire ou ne veuille pas faire montre que je croirais que je puisse produire quoique ce soit de la moindre valeur, de valeur. dans ce que j’aime de l’écriture, j’aime surtout le rythme. il m’arrive bien souvent de rajouter des mots juste pour le rythme. quand je songe à kafka qui ne songe qu’à alléger, qu’à supprimer, pour qui dans un écrit aucun mot ne devrait être sans raison d’être. je suis tellement loin de ça, de cette science de l’écriture, cette connaissance intime, ce désir, cette volonté. cette idée d’un bien écrit, quand ce qui seulement dans mon plaisir commande, c’est quelque chose de l’ordre du rythme, du bercement. d’un trop trot, petit trot, d’un galop, d’un entraînement, du sacrifice à cet entrainement, sacrifice du sens, d’une surdité, d’une surdité au lieu du tapotement, le frappé est ce qui compte, ce qui prévaut, d’un espoir. le goût de l’éclosion, de voir éclore. de la répétition. du doute. je me suis déjà demandé comment le transcrire, ça, cet éprouvé du rythme, par où ça passe ? le tapoté, le tapotement, régulier, sur le clavier du téléphone, sur celui du Mac, et est-ce que ça ne tient qu’à la longueur de la phrase, à l’emplacement des virgules ou à leur absence. est que ça tient à des sonorités ? il y a le bruit sourd des touches  et ce qui s’entend des sons. autre nappe. est-ce que les différentes voyelles, les diphtongues ou que sais-je, agissent comme des notes ? avec quelle rapidité le cerveau les entend, les ressent, et vous propose vite fait le son qui entre en résonance. ou le plaisir ne tient-il que dans le suspense, le jeu de la possible apparition d’un sens pour moi. comment l’appelait-il cet après-coup du sens au bout de la phrase, Lacan? du nom d’un point de couture. peu importe. point de capiton. le délicieux ou intolérable suspense par rapport au moment de capitonnage du sens. aller voir au dictionnaire (=interroger Google) ce que veut dire le mot diphtongue et chercher d’autres mots de ce style. Voyelle qui change de timbre en cours d’émission. Les diphtongues n’existent plus en français moderne. eh bien zut. alors. qu’est-ce qui existe du coup. les sons phonétiques… les phonèmes. En français, on distingue et reconnaît 36 sons. En phonétique, on va utiliser le terme phonème pour désigner les sons. trente-six sons. trente-six notes. de la disparition des diphtongues en français moderne. (j’ai trouvé sur internet des exemples de corrections appliquées (par des linguistes?) à la langue qui m’ont paru d’une violence extraordinaire, en vue d’y éliminer les diphtongues. pour ce que j’ai pu en repérer, il s’agissait d’y éliminer les accents au nom d’un parler pur, d’un français pur, je n’ai pas poussé mes recherches plus avant, dieu sait d’ailleurs ce que je recherchais). Lorsque l’on parle, plusieurs muscles et organes de l’appareil vocal sont utilisés : poumons, larynx, cordes vocales, langue, lèvres, etc. Selon la disposition de la mâchoire, de la langue et des lèvres, l’être humain est capable de produire différents sons. Certains sons reviennent dans toutes les langues, mais en général, chaque langue a des sons qui lui sont propres. je devrais transcrire en couleurs les phonèmes de ce texte.

je crois que je vais aller me coucher.

*

 

*

 

aimes-tu ton poumon, aimes-tu ton larynx, aimes-tu tes cordes vocales, et ta langue l’aimes-tu, aimes-tu tes lèvres, tes lèvres deux, ton palais l’aimes-tu, le connais-tu ton palais ? connais-tu ton palais ? et son voile tu le connais, et ta trachée ? où en es-tu avec elle, le sais-tu seulement, tu le sais ?

ta salive ? tu y penses à elle ? penses à elle ? et à toutes les voyelles, tu y penses ? et les phonèmes, tu y songes, tu les aimes ? aux résonateurs, tu penses, aux tambours  aux ondes aux rebonds ? les perçois-tu les ondes qui t’inondent, les sons qui te sondent, qui te transpercent ? réponds, dis.

et tes douces dents t’en es où ? tes doigts ? la merveille de tes orteils, tes orteils à toi ? petit cœur, petit roi. et quoi d’autres.

j’ai songé
à l’espace
entre ta
lèvre supérieure
et tes dents de devant
l’espace mouillé
de ce lieu de repos

j’ai songé à tous tes lieux de repos. aux creux habités de tes mains

j’ai ouvert la bouche avalé le ciel noir et ses blanches étoiles voilà qu’elles passent la trachée soulèvent les poumons je me tais j’ai foi je me tais j’ai joie. j’ai trouvé la porte du sommeil et les diphtongues oubliées rejetées

mon verbe ma voix aux mains intérieures cœurs battants

myriades

*

NB : réfléchir à comment faire cette transcription des phonèmes en couleurs (php et petits carrés de couleur,  une couleur par phonème)

/il fo u ʒə puʁɛ kɔ̃sideʁe l‿aktivi̯te d‿ekʁiʁ kɔ̃m yn aktivi̯te apsolymɑ̃ pasɑʒɛʁ mə pʁɔkʁɑ̃ ɛ̃ pleziʁ syʁ lə mɔmɑ̃-mɛm, e sɑ̃ ply. e nɔ̃ pa dy tu kɔm yn aktivi̯te ki ɔʁɛ la mɛ̃dʁ nɔblɛs, yn kɛlkɔ̃k nɔblɛs, yn nɔblɛs ɛ̃ pø syʁpɛʁjœʁ a tut otʁ aktivi̯te, mɛ puʁkʊa ɛs kə ʒə paʁl də nɔblɛs, puʁkʊa ɛs kə o.kœ̃ otʁ mo ne mə vjɛ̃ a l‿espʁi, valœʁ oʁɛʁʒə pu diʁ. nɔ̃, ʒə nə pø pa diʁ sa. ʒə nə dwa pa diʁ sə ʒɑ̃ʁ də ʃoz. a tu lə mwɛ̃ kɑ̃ ʒə ʃɛʁʃ a ekʁiʁ, sɛt ɛɡzɛʁsɪs mə pɛʁmɛt-il d‿ɑ̃tʁene mɔ̃ ɛspʁi, də ʁətɑʁde sa deʃɑ̃s, la pɛʁt de mo, la pɛʁt də l‿yzaʒ də la lɑ̃ɡ, la pɔsibilite də ʁeflɛksjɔ̃ u də kɔmynikɑ̃s. e il ja ɛ̃ sεʁtɛ̃ pleziʁ, il mə sɑ̃bl a tapoteʁ syʁ lə telefɔn. e a ɑ̃tɑ̃dʁ ma vwa, ɛ̃tɛʁjœʁmɑ̃, ɑ̃tɑ̃dʁ se fʁaz kə ʒeʁi. il ja ɛ̃ sεʁtɛ̃ pleziʁ dɑ̃ lə mɔmɑ̃ də l‿ekʁitʁə-mɛm, dɑ̃ lə fɛ də ekʁiʁ. sɛt eʃəvø (ʒə nə sɛ pa mɛm pa sə kə sɛ) deʁule. sa sɑ̃ mɔvɛ ɛsi, sa a ete la pʁəmjɛʁ ʃoz kə ʒe fɛt ɑ̃ mə ləvɑ̃, a tʁwa œʁ, ʃɑ̃ʒe lə bak dy ʃa, la litiɛʁ. ʒə nə sɛ pa bjɛ̃ kɔmɑ̃ kɔ̃batʁ sə sɑ̃timɑ̃ kə tu ɛ də mɛm valœʁ. ʒə lə di sa, ʒə ʁəsɑ̃ sa, kə tu vo tu, kə ʁjɛ̃ nə vo ʁjɛ̃ kə tu vo, deʊmɔkʁasi də la valœʁ, d‿u lə fɛ kə ʒɛ vulu paʁle də nɔblɛs, ɑ̃ mɛm tɑ̃ kə ʒɛ lə sɑ̃timɑ̃ kə nɔ̃, kə ʒə n‿i kʁwa pa, kə sɛ dy deɲi də diʁ kə ʁjɛ̃ na ply də va.lœʁ kə kwa.ik sə swa d.o.tʁ. pø.tɛtʁ kə dɑ̃ l‿ab.sɔ.ly sa nɑ̃ na pa, mɛ kə də fa.sɔ̃ ʁə.la.tiv, ʁə.la.tiv a mwa, sa ɑ̃ a. a mɛ̃ kə ʒə nə paʁ.vjɛn pa a kʁwaʁ u nə vœj pa kʁwaʁ u nə vœj pa fɛʁ mɔ̃tʁ kə ʒə kʁwa.ʁɛ kə ʒə pɥis pʁo.dyʁ kwa.ik sə swa də la mɛ̃dʁ va.lœʁ, də va.lœʁ. dɑ̃ sə kə ʒɛm də l‿e.kʁi.tyʁ, ʒɛm suʁ.tu lə ʁit.mə. il ma.ʁiv bjɛ̃ su.vɑ̃ də ʁa.ʒu.te de mo ʒyst puʁ lə ʁit.mə. kɑ̃ ʒə sɔ̃ʒ a ka.fka ki nə sɔ̃ʒ k‿a le.ʒe, k‿a sy.pʁi.me, puʁ ki dɑ̃ ɛ̃ e.kʁi o.kœ̃ mo nə dʁɛ.vɛt ɛtʁ sɑ̃ ʁe.zɔ̃ d‿ɛtʁ. ʒə sɥi tɛl.mɑ̃ lwɛ̃ də sa, də sɛt si.ɑ̃s də l‿e.kʁi.tyʁ, sɛt kə.nɛ.sɑ̃s ɛ̃.tim, sə de.zir, sɛt volɔ̃.te. sɛt i.de d‿œ̃ bjɛ̃ e.kʁi, kɑ̃ sə ki sœl.mɑ̃ dɑ̃ mɔ̃ ple.zir kɔ.mɑ̃d, sɛ ɛt kɛlkə ʃoz də l‿ɔʁdʁ dy ʁit.mə, dy bɛʁ.sə.mɑ̃. d‿œ̃ tʁo tʁɔt, pəti tʁɔt, d‿œ̃ ga.lɔp, d‿œ̃ ɑ̃.tʁɛ.nə.mɑ̃, dy sa.kʁi.fis a sɛt ɑ̃.tʁɛ.nə.mɑ̃, sa.kʁi.fis dy sɑ̃s, d‿yn syʁ.di.te, d‿yn syʁ.di.te o lɥø dy ta.po.tə.mɑ̃, lə fʁa.pe ɛ sək i kɔ̃t, sək i pʁe.vot, d‿œ̃ ɛs.pwaʁ. lə ɡu də l‿e.klo.zjɔ̃, də vwaʁ e.kloʁ. də la ʁe.pe.ti.sjɔ̃. dy dut. ʒə mə sɥi de.ʒa də.mɑ̃.de kɔ.mɑ̃ lə tʁɑ̃s.kʁiʁ, sa, ɛt ɛpʁu.ve dy ʁit.mə, paʁ u sa pas? lə ta.po.te, lə ta.po.tə.mɑ̃, ʁe.ɡy.lje, syʁ lə kla.vje dy te.le.fɔn, syʁ sə.ly dy mak, e ɛs kə sa nə tjɛ̃ k‿a la lɔ̃ɡœʁ dy la fʁaz, a l‿ɛm.pla.sɑ̃ də viʁ.ɡyl u a lœʁ ap.sɑ̃s. ɛs kə sa tjɛ̃ a de so.no.ʁi.te?

mardi 7 janvier 2025 · 11h47

les extractions possibles

Or donc, je me relis, je me relis et je me dis que oui, il faudrait que je reprenne les Nathalie, tous les articles où Nathalie apparaît dans mes rêves et que j’en fasse un texte séparé, que je l’extraie du blog, que j’en fasse une petite publication séparée, qui tienne à soi seule, sur elle-même, comme j’ai eu l’ambition de le faire pour ma tante Titi. Mais on sait bien que je ne peux me permettre aucun ambition, que je ne me tiens à aucun projet. Pourtant, ce serait intéressant.

A quelles autres extractions ai-je déjà pensé ? Le K. Les Fracassemeurs,

Il y en a d’autres. Qui nombreuses se recoupent. A réfléchir, Ou pas. Puisqu’il s’agit d’y aller ou pas. Tout ça est au dessus de mes forces.

*

Mots-clés du mot-clé Nathalie

mardi 7 janvier 2025 · 09h30

paranoïa renoncée et paranoïa inversée de Lacan

On le sait, je me relis. Je relis depuis hier un rêve fait en 2012, en décembre 2012, « J’aurais tué Nathalie F ». Dans l’analyse de ce rêve où je vais aller en prison pour avoir tué quelqu’un, je cite rapidement la « paranoïa renoncée » de Lacan :

Et ensuite, il cherchera à donner à la psychanalyse un nouveau fondement avec le langage. Ainsi, je vois la passion de Lacan traverser son enseignement, la passion qu’il subit d’être seul. Et en même temps, son mouvement propre est celui d’échapper à la clinique que promeut la passion d’être seul. Si Lacan a commencé par une clinique de la paranoïa dans sa thèse de psychiatrie, s’il a ensuite, et c’est peut-être le premier concept sur lequel il a enseigné, promut le thème de la connaissance paranoïaque, c’est précisément parce que – s’il a choisi dans Hegel, s’il a donné cette valeur au moment de la reconnaissance -, c’est précisément parce que sa pensée est dressée contre la paranoïa. Je ne dis pas sa passion d’être seul est précisément une paranoïa renoncée, je dis son enseignement – sa doctrine du sujet -, est précisément ce par quoi on peut dire qu’il y a comme une cure de Lacan. Et c’est la valeur que je donne également à la scission qu’il opère du moi et du sujet. Le moi tel qu’il l’a cerné est toujours gros de paranoïa et au contraire le sujet tel qu’il l’a d’abord amené est fonction de l’Autre, est fonction intersubjective. Eh bien j’infère de ça que le débat foncier de Lacan, c’était son débat avec sa passion d’être seul. Et, à cet égard, de la même façon qu’il peut dire de Gide, que Gide s’est accomplit avec le message de Goethe, Lacan s’est accompli avec le message de Hegel, c’est-à-dire avec une dialectique qui lui a permis de renoncer, et dès avant la fondation de l’École freudienne de Paris, de renoncer à la méconnaissance qui va avec la passion d’être seul.
Jacques-Alain Miller, Vie de Lacan, « Lacan contre tous et contre Lacan », cours du mercredi 17 février 2010

Plus tard cette année-là, Jacques-Alain Miller parlera ensuite de « paranoïa inversée de Lacan » : 

Si je prends au sérieux que Lacan quand je l’isolais dans cette posture se reconnaissait comme « parfaitement photographié », je dois dire que sa position foncière comporte que l’Autre, le grand Autre, dans la circonstance, l’ensemble de ceux qui font les spectateurs, l’Autre est bon et on peut dire corrélativement, en même temps qu’il assigne la bonté à l’Autre, qu’il lui assigne le sens commun, qu’il lui assigne la reconnaissance entre des semblables, nous partageons le même savoir, nous rions aux mêmes lapsus de l’Autre, à ses plaisanteries et on sent ainsi cet Autre, la masse de cet Autre à l’occasion parcourue d’ondes, vagues similaires. En regard lui Lacan, en regard de cette bonté de communauté, en regard lui, il est méchant. Et je le montre, au fond, blessant incessamment la sensibilité samaritaine d’une assistance pour une part, pour une grande part, faite de médecins et de psychologues. Lui, il assume d’être le méchant de l’affaire, il assume si je puis dire un « je suis méchant ». Et c’est en quoi non seulement sa position n’est pas paranoïaque mais elle est proprement une paranoïa inversée.
Mettons en regard le cas Jean-Jacques RousseauLui, comme paradigme. Eh bien dans ce paradigme c’est l’Autre qui est méchant, c’est la civilisation qui est nocive et empreinte de méchanceté tandis qu’il revendique pour sa personne un fondamental « je suis bon », et qu’il l’étend, il étend cette déclaration à l’homme primitif. Tandis que Lacan, lui, il étend son « je suis méchant » à la position du sujet, je ne dirais pas de l’inconscient, mais à proprement parler il l’étend au sujet de la pulsion.
Cette inversion de la paranoïa, si on l’isole ainsi, permet de mettre en série nombre d’énoncés de Lacan avec lesquels il jouait à surprendre, scandaliser, émouvoir son auditoire. Par exemple, quand il lui arrive de dire « Je n’ai pas de bonnes intentions »  et même « à la différence de tout le monde », il parade en être méchant. N’oublions pas que les bonnes intentions, on dit que l’enfer en est pavé, on n’a pas attendu Lacan pour s’en méfier de la bonne intention. La bonne intention s’établit sur la supposition que je connais ton bien. C’est en raison de cette supposition gratuite, hasardeuse, cette supposition qui nie l’absolue altérité, c’est en fonction de cette supposition que je peux imaginer que mon intention est bonne, et par-là déployer à l’endroit de cet Autre que je crois connaître comme ma poche, tous les ménagements voire m’offrir à me sacrifier ou du moins au moins à me contraindre. À cet égard, ne pas avoir de bonnes intentions est de l’ordre de la salubrité. Ça veut dire : je ne préjuge pas de ce qu’est ton bien. Et pour l’analyste, il faut bien dire que c’est de tous les instants qu’il a à se méfier de ses bonnes intentions puisqu’on vient lui demander son aide et qu’il est par fonction préposé à faire le bien de l’Autre, il est requis dans cette fonction. C’est le fruit d’une discipline que de ne pas s’autoriser de cette présomption pour commencer par s’abstenir du savoir du sens commun.

lundi 6 janvier 2025 · 18h43

Notes sur l’infinitif

– Atelier d’écriture Laura Vazquez du 28 décembre 2024 – 

s'être tue avoir tu être tue taire et se taire
avoir vécu avoir été  
n'avoir vécu n’avoir été 
fuir
avoir fui 
    avoir dormi 
        avoir oublié 
              s'être relevée
errer 
  l'infinitif, temps de l'être sans sujet
être l'errance 
  l'infinitif, temps sans adresse
manger, être ce qui mange 
danser
  temps du dedans du verbe
attendre
  temps du présent, de la présence du passé, de la présence du futur
  infinitif :  définitif de l'infini
rire jouir dire
le temps de la porosité 
de la peau en allée 
s'ouvrir 
s'être ouverte /  l'avoir été (avoir été ouverte)
s'en être allée avoir mouru être morte

 

 

Les ateliers d’écriture Laura L Vazquez:

https://lauralisavazquez.com/ateliers-ecriture/

https://www.instagram.com/lesateliersdecriture/?hl=fr

jeudi 2 janvier 2025 · 05h37

ascèse et sculpture de soi

Extraits de Kafka, le temps des décisions de Reiner Stach :

On ne peut l’imaginer s’en remettre aux manipulations d’un psychothérapeute : il ne supportait pas que d’autres portent la main à cette sculpture de soi à laquelle il œuvrait.

Chapitre « Ascèse et liste de mariage »

A la l’annonce de ses fiançailles dans le journal – « on peut deviner quelle dose d’énergie psychique ce brusque passage du rêve au réel dut coûter à Kafka. »
p. 655

sacrifice – « Kafka avait résisté, renoncé, détruit la lettre de candidature (l’emploi que Musil lui avait proposé) qu’il avait déjà cachetée. Il avait fait un sacrifice. Et maintenant, il voulait savoir très précisément au nom de quoi. »
p. 656

angoisse – « Il ne fait guère de doute que c’est l’angoisse qu’inspirait à Kafka la porosité de son moi — angoisse d’une abolition de ses frontières personnelles, angoisse d’une désintégration, angoisse, à terme, de la mort — qui le poussa progressivement à adopter cette stratégie de survie ascétique. »
p. 664

jeudi 2 janvier 2025 · 05h26

comme un chien, comme un rôti

Extraits de Kafka, le temps des décisions de Reiner Stach dans le chapitre « Abandon de soi et angoisse de la sexualité »

“ Ma vraie crainte — on ne peut sans doute rien dire ni entendre de pire — est que je ne pourrai jamais te posséder. Que dans le meilleur des cas j’en resterai toujours réduit à embrasser comme un chien insensément fidèle la main que tu me laisseras distraitement, ce qui ne sera pas un signe d’amour, mais seulement un signe du désespoir de l’animal condamné au mutisme et à une distance éternelle. Que je serai assis auprès de toi et que j’éprouverai comme cela est déjà arrivé le souffle et la vie de ton corps à mes côtés et que je serai au fond plus éloigné de toi que maintenant dans ma chambre. Que je ne serai jamais capable de guider ton regard, et qu’il sera vraiment perdu pour moi quand tu regarderas par la fenêtre ou que tu mettras ton visage dans tes mains. Que je passe main dans la main et lié à toi en apparence devant le monde entier et que rien de tout cela ne soit vrai. Bref, que je reste à jamais exclu de toi, même si tu te penches si bas vers moi que cela te met en danger1. »” (p. 403)

dimanche 15 décembre 2024 · 06h41

seriously embêtée, by night

embêtée d’avoir envoyé cette lettre à O. mais qu’y puis-je maintenant, c’était une erreur.
suis au salon, fait tout noir, tête tourne. tapoti tapota sur le ptit téléphone. un peu d’Instagragra. Syrie, Jenine, North Gaza, ce si beau texte d’office_for_soft_architecture – zut, what is her name again? Lisa Robertson. I started timid in water and I started timid in the worldly. I started timid all over. I had not story because it was submsersed. I had no education other than to carry. I could’nt seize the words right away. Because most of memory was forbidden. I had to construct it. c’est son travail #riverwork… je recopie ses mots et je me donne un tout petit peu l’impression de les avoir écrits… Traduction DeepL : J’ai commencé timide dans l’eau et j’ai commencé timide dans le monde. J’ai commencé timide partout. Je n’avais pas d’histoire parce qu’elle était submergée. Je n’avais pas d’autre éducation autre que celle de porter. Je ne pouvais pas saisir les mots tout de suite. Parce que presque toute la mémoire était interdite. Je devais la construire. peut-être que je ressens d’autant plus la timidité quand elle écrite en anglais et qu’elle ne se montre pas tout à fait à moi… Ou peut-être que je rate vraiment quelque chose à ne pas savoir comment traduire « in the worldly ». « I started timid in water and I started timid in the worldly. » cette répétition est magnifique.
in the worldly…
worldly adjectif : mondain, terrestre, matériel, The monk renounced his worldly possessions, laïque
c’est la pleine lune. me recoucher.
départ à B toutalheur. oui, c’est ça qui m’a réveillée. ma mère, le médecin que je ne suis pas parvenue à joindre, les infirmières-chefs, etc.
beaucoup à faire avant de partir.
tête tourne.

— 09:55 —

cette nuit, les vertiges ont continué couchée (comme de l’eau dans la tête), sont toujours là. ça s’est enclenché hier aux Galeries Lafayette – je cherchais un pull pour F, c’est Noël -, au moment où je suis passée dans des salles découvertes un peu à l’écart, salles de soldes spéciales, façon déstockage, il n’y avait plus aucune décoration, la lumière était plus basse, les vêtements entassés dans des bacs, la musique plus forte, de la techno, il n’y avait plus personne, une vendeuse tout de même, que j’ai interrogée : il n’y a pas un problème, là, avec la musique, le son, c’est bizarre ? non, elle m’a dit non, non, c’est peut-être vous qui n’aimez pas, j’ai dit non je ne crois pas, non, c’était très désagréable, j’avais l’impression d’entendre double, douloureux même. de retour dans la partie principale du magasin le problème s’est maintenu. il y avait un monde de dingue, les lumières était éblouissantes, brillantes, pas moyen de mettre un pied devant l’autre, je me suis dégagée de là comme j’ai pu. là, ça s’est transformé en acouphène, à droite, et j’ai l’impression d’une perte d’audition. peut-être une nouvelle forme de migraine. cette nuit, je pensais que je mourais.

tout mettre en branle pour le départ.

samedi 14 décembre 2024 · 22h12

embêtée

je suis tellement embêtée. j’ai été un moment contente de ce que j’avais écrit et j’en ai parlé à un ami, je lui ai envoyé un mail et lui ai donné l’adresse du site, le pauvre. je ne sais pas comment rattraper ça. j’étais si satisfaite que j’avais même ajouté l’URL dans mon profil instagram… bien sûr l’euphorie n’a pas duré longtemps et au retour de quelques courses de Noël qui m’ont étrangement rendue sourde, j’ai retiré la mention du site sur insta où j’ai traîné un peu tristement tandis que je me demande maintenant qu’écrire à l’ami pour lui épargner d’avoir à me tourner une réponse.

samedi 14 décembre 2024 · 12h44

réfléchir avec la beauté

je me suis levée je suis au salon il fait sombre j’entends le bruit d’un réveil les 4 rideaux sont tirés.

éveillée dans pensées diverses et mauvaises. à propos du grand ratage de me vie . du manque de métier, de travail. d’Annick aussi. et du texte que je n’arrive pas à rattraper, sur les 3 chiens. ou pas suffisamment vite à mon goût.  ce qui  me fait craindre qu’une fois encore je l’abandonne. s’agissant du  texte d’Éric Laurent, sur lequel je retravaillais également hier, il faut que je renonce à y comprendre quelque chose. c’est très étrange, ce texte. il comporte pour moi les plus grandes promesses (de compréhension) et entraîne les plus terribles perplexités.

(par rapport au rêve des chiens. comment se rapprocher du pathétique de ces 2 chiens noirs que je retrouve liés l’un à l’autre et que je détache. le grand chien blanc.)

je suis sidérée par ma façon d’oublier les dates. (en même temps que je réfléchis à la façon d’en faire quelque chose. la façon dont je travaille ici, déjà, c’est en faire quelque chose. mais ça ne suffit pas. la façon dont d’un jour à l’autre, d’une heure à l’autre, je travaille à des textes qui ont des années de distance. aussi bien à du nouveau qu’à des textes d’il y a 20 ans. je pourrais trouver le moyen de le « montrer » dans le blog. (je songe des couleurs différentes selon les époques. une couleur et son dégradé par année. quelque chose à travailler en CSS. pour la page MOD, qui devrait oser devenir page d’index. page MOD ou Atelier ou La pelote. les fils, c’est les années.). )

le rêve des 3 chiens, c’était quand ? c’est pour ça que j’essaie parfois d’ajouter dans le blog des photos. pour situer dans le temps. quand ? 09? 21? je crois que c’est 2021. je m’en suis aperçue hier en écrivant 2 + 1 chiens et ça m’avait fait penser à 2021. c’est peut-être septembre. vérification faite, c’est septembre, le 16. 

et c’est en octobre, en octobre 2020 je m’en rends compte, un an auparavant… que j’envoyais cette lettre à l’analyste à propos de ma tentative renouvelée de lecture du texte d’Éric Laurent sur la mélancolie. à relire ma lettre hier, je retournais à la profonde perplexité où j’avais été à ma première lecture. est-ce que nous étions à Donn? je cherchais des photos et j’en trouvais du chevreuil. que faire de cette perplexité? il y a de si belles choses dans le texte. et des points d’énigme je n’arrive pas à m’approprier. alors ?

/ / /  je me souviens de l’état dans lequel je rentrais – je me souviens de la profondeur du fauteuil de velours ocre – à force d’essayer de pénétrer ce texte . rentrée en état de bêtise . la chose au fond est dite, la chose que je lisais , que je tentais de pénétrer, la chose est dite , elle l’est et ne peut l’être que delafaçon dont elle l’est . une chose est dite . non pas la chose est dite, mais une chose est dite qui se rapproche d’une vérité . qui ne peut être pénétrée plus avant .  il faut se contenter de et habillage, ce voile qui donne seulement à deviner une forme . je me souviens que j’en étais devenue tris t e . c’est au fond que j’avais espéré pouvoir en tirer quelque chose, pour moi , à mon usage . me soigner … ///

et je me dis qu’il s’agisse du rêve ou texte de psychanalyse,  peut-être chercher à en rendre l’image, de ce que je trouve beau , à défaut de parvenir à en d ir e quelque chose.  restituer ou inventer une image du texte du rêve (auquel je ne fais pas justice) et puis aussi des passages  de ce  texte d’EL qui me parviennent et qui sont des énigmes. restituer l’énigme sans sa résolution. faire de l’énigme la beauté . renoncer au sens.

Sin titulo, 2014, Broderie , Amparo de la Sota , née à Madrid en 1963

mais je ne suis pas capable de créer de la beauté.
non, ce n’est pas vraiment ça. c’est réfléchir avec une image que je ne sais pas. c’est mon lien aux images, créer avec des images qui n’est pas un enjeu pour moi. la beauté d’ailleurs est bien moins un enjeu que le sens, fondamentalement. le sens et la parole. quelle spectatrice suis-je dès lors. oh, je peux l’être, je le suis. mais, c’est probablement toujours de sens que je suis affamée et frustrée. un sens fait de mots et de raisonnements. un sens qui fasse lien aux autres. pourquoi est-ce que je veux de ce dont je suis le plus privée ? la parole. la parole comme lien aux autres.

pourquoi faut-il que les mots toujours me manquent ? se détachent de moi.

je ne fais rien d’autre qu’essayer de les rattraper, de les empêcher de disparaître.

réfléchir avec la beauté. s’agit-il de réfléchir, ou de résoudre. résoudre. la beauté résout quelque chose au travers de son énigme. au travers de l’énigme qu’elle continue de poser et qui se résout dans son exposition. bah, je n’ai rien résolu avec le texte d’EL. non, rien. il dit pourtant quelque chose de la beauté de la maladie, est-ce lui ou lacan, peu importe. il y a tout à fait moyen de lire de la psychanalyse à cause de la beauté. il vaut mieux penser très bas à tout ça. penser tout bas. 

le rapport imaginaire (a-a’ du rêve des 2 + 1 chiens). je me sens bien surtout dans un rapport à 2. c’est peut-être pour ça que je repensais à Annick cette nuit. les liens que j’ai créés avec certaines femmes. les meilleures amies. certains hommes aussi. les amours. mon lien aux autres est toujours passé par une seule personne, une personne à la fois. je pourrais dire (reprenant l’erreur de la phrase précédente)  : mon lien aux autres passe par un double (qui me représente). Frédéric aujourd’hui. dans le monde pas-sans-l’autre est ma formule.

il y a eu une époque pas-sans-Jules, quand il était petit. Jules faisait pour moi lien à l’autre. en tant aussi que fils de F, quand il s’agissait de ses amis. il me protégeait (mer permettait de n’avoir pas à parler de moi, la hantise)

Je le vois ça. et je me dis : est-ce encore possible de le changer, de le modifier ? je ne le crois pas. probablement que j’essaie d’écrire quelque chose qui puisse être lu par plus d’un pour compenser cela. pour me donner une consistance qui me permette de faire face à plus d’un, au monde.

ça existe la timidité. (aujourd’hui, ces si amusants memes d’introverts…)  la timidité, l’introversion ou… la haine de soi, le manque à la représentation, dont il m’est arrivé de dire qu’il était refus de la représentation, ce qui en moi se refuse à la représentation, ou à une représentation courante, à une représentation ayant cours. ou la haine de soi pour cause de manque à la représentation en même temps que ce manque est voulu, en dépit de toutes ces conséquences fatales pour moi (isolement , solitude, etc.)

dernière séance avec l’analyste… je parlais de ça, de la façon dont je suis arrivée à me dégager, au fil des ans, de tout ce qui provoquait trop d’angoisse, et de mon lien à Frédéric. du fait que nous vieillissons et que la mort se rapproche.

cette nuit, les fracassemeurs étaient de nouveau là. mais tout perd de son sens, même eux. je ne sais pas s’ils disparaissent pour de bon, s’ils se dissolvent pour de bon, petit à petit et de plus en plus depuis que je les analyse et confronte. d’abord depuis que je leur ai donné ce petit nom ridicule. avant cela, pendant des années ils ont été là sans que je les relève. ni à moi-même ni encore moins aux autres, sinon à F, il est vrai, certainemetn pas à un analyste. jusqu’à ce que F insiste pour que je le fasse. et s’ils disparaissent, ne me manqueront-ils pas pour me confronter à ma la-haine-de-soi, ne fût-ce que comme thermomètre? ces phrases mauvaises que je m’adresse, que j’entends comme des voix extérieures, c’est une manifestation de l’inconscient, de quelque chose qui normalement est inconscient. de la même façon, que j’avais fini par repérer qu’un certain mal de tête (méninges) annonçait la crise d’angoisse, voire parfois la signalait. et le jour où une psy m’a dit, alors que je pleurais sans discontinuer, que c’était de l’angoisse, elle a mis sur ce qui m’arrivait un mot que je n’aurais jamais pensé mettre moi-même, que j’ai tout de suite adopté et qui m’a par la suite été très utile. alors cette haine-de-soi au coeur du texte d’Eric Laurent sur la mélancolie, celle qui vous réduit à vous « traiter vous-même comme un chien qui n’a pas droit à la parole » et dont les « fracassemeurs » trahissent non seulement la cruauté mais l’existence même… cette haine-de-soi que je voudrais parvenir à déjouer… en vérité, je ne voulais pas ce matin me lever et écrire (ce que j’ai fait malgré tout) mais me lever et boire un café et retourner à eux, les réfléchir. 

je n’ai jamais cessé de perdre la parole. extraordinairement. extraordinairement. c’est un mauvais tour de l’inconscient, de mon inconscient. ça n’a jamais été que ça. mon inconscient ne veut pas de l’intelligence. quelque chose de mon inconscient se refuse à l’intelligence. non, refuse que je me montre intelligente. et  refuse que je raconte quoi que ce soit, à ce que je dise quoi que ce soit. c’est très énigmatique. ce que je cherche à en dire ici n’est qu’hypothèses. j’aligne hypothèse sur hypothèse. il institue la faute, le ratage, de sorte qu’il puisse continuer à me rappeler à l’ordre, à son ordre. que je reste en deçà, que je puisse continuer à me faire le reproche de ne pas arriver à dire ce qui ne se dit pas. si ça ne se dit pas c’est pas parce qu’il n’y a rien à dire mais parce que je n’y arrive pas moi, à porter le péché du monde, ainsi je perpétue le ratage qui est sa réussite. mais quand les enjeux sont si grands, quand les enjeux me dépassent, dépassent ma petite personne. il veut que je puisse continuer à me haïr. me faire être dans la haine. mais pourquoi. ou il veut que je continue à chercher comment le dire, lui, ce manque à soi, ce qu’il veut. faire exister ce qui ne se dit pas. eh bien. eh bien. et donc ce n’est pas qu’il tienne à ce que je dise, mais à ce que j’incarne, quoi, que j’incarne ce qui échappe à la représentation. quel con. 

non apte. 

vendredi 13 décembre 2024 · 07h56

certaines œuvres me bouleversent, rares,

certaines œuvres me bouleversent, rares, transforment ma vie (ou me paraissent pleines d’une promesse de transformer ma vie ou m’offrent des pistes), d’autres, les plus nombreuses, je les vois de la même façon dont je regarde le reste du monde.  elles s’ajoutent à ce que je perçois du monde et dont je ne peux, a priori, rien dire. c’est à la fois une expérience, une connaissance et une information supplémentaires, qui n’aboutiront peut-être jamais à un savoir que je puisse exprimer. qui pourraient cependant modifier ma façon de vivre. dont il me semble qu’elles augmentent la connaissance que j’ai du monde. ma connaissance, ma sensibilité, y opèrent des bougés. et puis, il y a celles que je n’aime pas, des fraudes, ou que je ne vois pas.

c’est peu. c’est peu ce que j’arrive à en dire, de tout ça.

s’agit-il seulement de connaissance.

il s’agit aussi de non-connaissance. il s’agit peut être d’abord de non-connaissance, d’étrangeté. de quelque chose de l’ordre de l’infra-mince. du glimpse, de l’entraperçu.

il s’agit souvent de quelque chose dont il me semble qu’il demande du temps, un temps de contemplation, de méditation, un temps sans savoir. et que ce temps je le donne rarement. je suis pourtant lente dans les expos.

à propos des concerts, je me disais récemment que je pourrais y aller uniquement pour ça, ce moment partagé avec d’autres de silence d’écoute d’arrêt. silence de soi, des mots, arrêt et être ensemble. répit.

vendredi 13 décembre 2024 · 07h24

que tu puisses ne pas avoir honte de moi

au lit dans le noir dans la chambre
j’essaie de faire en sorte que tu puisses ne pas avoir honte de moi et dernière l’échec apparent, percevoir la réussite.

quel échec ?
la honte de ne pas avoir de métier, d’œuvre, de nom
quelle réussite ?
mince, réussite mince. celle en tout cas d’avoir su – comme je m’en suis rendu compte récemment – me dégager de toutes les situations trop anxiogènes pour moi, me permettant finalement, sans que ça puisse hélas jamais d’aucune façon être universalisable, recommandable, de vivre de façon vraiment privilégiée, à l’abri et souvent bien. (qu’est-ce que je pourrais, de ce que j’ai vécu, faire passer à l’universel? il y a une passion du symptôme. mieux: trouver à se dégager du tout, opter pour le pas-tout.)

de ces privilèges, il me reste encore à me justifier. j’ai pris l’excuse de la maladie. la maladie, un vêtement comme un autre. 

Je me suis dégagée de toutes les situations trop angoissantes. mais j’aimerais arriver à supporter le petit peu de reconnaissance qui me permette de me consacrer à d’autres choses qu’à mon maintien en vie, hors angoisse, qu’à ce travail constant et inopérant de trouver les mots pour justifier mon existence parasitaire aux yeux des autres. (s’agit-il seulement de ça? je m’en tiens là à ça.) 

supporter une reconnaissance, c’est-à-dire, personnellement, supporter d’exister en mon nom, propre, (supporter d’avoir un nom), et donc comme personne appartenant au monde. 

Je ne pense pas que je dise quoique ce soit de compréhensible.

la maladie, la maladie mentale. cette honte-là.

la réussite d’avoir survécu, la réussite d’être sortie du désespoir.

mardi 10 décembre 2024 · 07h50

s’il te plaît V

s’il te plaît, V, fais ça aujourd’hui. cette soupe non mixée potimarron pois chiche fenouil pousses d’épinards.

et stp, V, aujourd’hui, retravaille au texte 2+1 chiens.
relis le rêve, vois-le.
le noir, le blanc
le n, le b
le n, la haine
le blanc, semblant
fais une phrase sur les chiens (un chien maltraité n’ayant rien à dire sur son sort, n’ayant plus droit à la parole – voué à disparaître), sur l’immixtion des sujets
et écris un texte de présentation des fracassemeurs.

mardi 10 décembre 2024 · 06h39

rien de définitif

pour la première fois depuis longtemps hier, travaillé et écrit hier d’une façon qui m’a rendue contente.

non que je me sois dit, tiens je suis contente de ce que j’ai écrit, mais je me  je me suis rendue compte,  au souper, au dîner, que j’étais contente, joyeuse même.

Je me suis mise à travailler à un vieux rêve de je ne sais quelle année, 2+1 chiens, un rêve très court, que j’avais trouvé beau,  dont je n’avais pas tiré grand chose, mais dont il m’avait semblé qu’il en ressortait quelque chose (de beau) (d’important) qui parvient à dépasser subitement tout ce qui a lieu.

une fois de plus, je ne me tenais à aucun projet, je lâchais ce que je faisais, un endroit de la pelote pour partir d’un autre, mais tant pis je me suis dit, c’est comme ça, je perds tout le temps le fil, je ne me tiens à rien, mais c’est comme ça, je dois l’accepter. je n’offre donc rien à lire, c’est un regret, sinon à lire à l’instant T. tout restera mouvant. de toute façon, qu’est-ce qui se lit sur internet et comment ? mais je lis tout le temps sur internet. j’ai trouvé la forme, je ne suis pas loin d’avoir trouvé la forme du fonctionnement de ma pensée et d’un travail possible pour moi (atelier).

J’ai travaillé à ce rêve de 2021 et j’ai eu le sentiment que c’était valide de le faire. ce que j’essaye de faire peut prendre du temps. ne s’écrit pas sans résistance. ensuite j’ai lu les jours qui avaient précédé… et c’était intéressant… c’était intéressant aussi d’apercevoir ce que je n’avais alors pas aperçu. de m’étonner de ce qui était omis, non réalisé. je suis tombée sur un autre rêve, d’une dizaine de jours plus tôt. et le fait de le retrouver, de retrouver certaines de ses images au travers de ce que j’avais écrit m’a paru encourageant.

J’ai ajouté au texte sur le rêve des chiens que ce que j’écrivais était mal écrit, était difficile à écrire, parce que je me suis souvenue de la difficulté éprouvée, de l’insatisfaction, du mécontentement et du fait que je n’arrivais pas à mieux faire. j’étais obligée de prendre ce qui venait. ce que j’écris ne s’écrit pas facilement, pas de gaieté de cœur. j’ai tout le temps affaire à d’incroyables résistances. (enfin, à ce moment-là en particulier, ce mois de septembre, dans ces circonstances et ces questions particulières-là, où j’étais sans analyste.) et je suis en fait très contente d’avoir ajouté ça. d’avoir retrouvé ça, à me relire, retrouvé le sentiment de la difficulté et de l’avoir avouée, écrite. la difficulté fait partie de ce qu’il y a à écrire. j’écrivais cette interprétation de rêve sur mon petit téléphone au petit matin et les phrases que j’écrivais, certaines, ne cessaient de se rallonger sans que je sache où elles me mèneraient, dans un grand sentiment de précarité par rapport au sens que j’essayais de mettre au jour. la longueur même de certaines phrases, où je ne me dirigeais plus qu’à la sonorité, au rythme, m’empêchant moi-même de comprendre ce que je disais, n’étant d’ailleurs jamais sûre que la phrase soit finie, ait trouvé son terme. (et le fait que certaines phrases s’avéraient incomplètes, alors qu’elles disaient quelque chose). l’étrange, c’est que c’est que ce que j’écrivais ne l’était pas avant de l’être, nulle part, ni écrit, ni même pensé. il arrive que je tente d’écrire quelque chose à quoi j’ai beaucoup pensé, et que ça reste très difficile d’ailleurs, cela reste tenter de retenir quelque chose qui se dérobe, qui cherche à se dérober, et il arrive alors que je me lance dans quelque chose, une phrase, dont je ne sais absolument pas où elle pense me mener. je la suis, elle, à défaut, en dépit de toutes les autres qui s’enfuient, me lâchent. d’où mon usage du conditionnel et du futur antérieur. tout est hypothèses. enfin, peut-être pas tout.

comment préserver ce caractère et comment rendre la difficulté sans que ça fasse (trop) obstacle à la lecture.

lundi 9 décembre 2024 · 06h53

de l’effet de quelques cigarettes (3)

je dois tout à fait renoncer à écrire jamais. et à publier. c’est la conclusion de ces récentes tentatives de travail sur le blog qui m’ont hier complètement démoralisée. j’écris un journal pour moi et basta.

il fallait cependant que j’écrive ceci, si je m’en tiens à ce que je n’écris d’ordinaire pas, à ce qui fait symptôme, c’est déjà bien. je veux écrire comment j’ai été si mal un jour, et pourquoi, et comment le lendemain, tout avait disparu : 

quand je me suis réveillée vendredi, j’étais « mal » – je mets des guillemets parce que je ne sais plus ce que ça recouvre cet « être mal », cet envahissant désagrément dont je n’ai  alors d’autre recours que de me recommander d’avoir la patience d’attendre qu’il passe -, et je ne savais pas pourquoi, mais c’était au point que j’ai eu très envie de fumer, comme si une cigarette allait régler ça, et je pensais que je donnerais le reste du paquet à H, s’il venait au soir, ou à M, ah oui, c’était le jour du concert de F et les membres du groupe devaient venir loger à la maison, les 5 membres, et c’est peut être à cause de ce concert et de cette venue chez nous que j’allais si mal (alors qu’a priori j’aime plutôt ça, a priori ou a posteriori, mais pas quand le moment se rapproche, en vrai). F est parti vers 18h30 pour accueillir les musiciens et préparer la salle,  quand il m’a prévenue qu’ils viendraient ici, les musiciens, avant le concert, je suis sortie m’acheter à manger et des cigarettes.

J’en ai fumé une, j’ai mangé, ils sont passés, ils étaient très sympathiques. les concerts étaient très bien, les gens avenants. H est venu, je lui ai donné le paquet, le contentant. quand tout fini, sommes rentrés tous ensemble, à pied, pas loin, Barbès, les jolies rues vidées et un peu mouillées, luisantes. je discutais avec le bassiste.  tout se passait bien, il aurait fallu s’en douter. il y eut encore la petite discute avant d’aller se coucher en mangeant des chips et le lendemain le petit-déjeuner autour de la table, animé, tout ce que j’aime, en fait. tout ce que j’aime, organisé par F. en plus, j’avais bien dormi  (seule petite anomalie : de la musique en tête au réveil, les Bee Gees, ça n’était pas désagréable). ils sont partis, et ce jour-là, le samedi, j’ai été tout à fait bien, à se demander si je n’étais pas un peu high, comme ça m’arrive quand je fume, d’abord de très bonne humeur et la nuit, ça vire. en post-cig, il n’y eut que des fracassemeurs en tonalité basse, bruit de fond, pas mal de musique dans la tête, et un petit bouton blanc découvert sur l’aile du nez, à gauche. les voix des fracassemeurs articulaient des mots auxquels elles ne croyaient pas elles-mêmes, pour le principe, vidées. 

Il est maintenant 7h22.

Je viens de manger le restant de soupe aux choux-fleurs rôtis faite hier.

Est-ce que j’ai écrit tout ce que je pensais devoir écrire ?

je voulais parler des fracassemeurs encore revenus ce matin, coups de couteau dans la poitrine, accompagnés de musique et de pensées variées,  j’aurais pu ne pas les remarquer.  étonnée qu’ils soient encore là si longtemps après les cigarettes de vendredi, qu’il y ait encore ces effets dans le corps, où est-ce que ça se passe, me demandais-je, en quel endroit du corps ? c’est pour ça que j’ai voulu me lever pour réfléchir à ça, réfléchir à ce que je pouvais faire pour contrecarrer ces effets que j’attribue à la cigarette, comment espérer que ça puisse ne pas laisser de traces, que ça se répare… j’ai l’air d’exagérer, mais – surtout au vu dont ça s’est passé cette fois -, mais. la seule chose à quoi je suis arrivée à penser, c’est « inflammation », « éviter le sucre », « état inflammatoire », « levure, intestin ». d’où aussi la soupe aux légumes. « état inflammatoire » et volonté d’empêcher.

est-ce que je suis ridicule? je le crois.

trouver le descriptif chez Kafka de ses « fracassemeurs » à lui…. parce que oui, pour moi, ce qu’il décrit, certains de ce ses « délires », de choses qu’il voit, ça correpsond à mes « fracassemeurs », en beaucoup plus grave. 

jeudi 5 décembre 2024 · 07h08

Re : [Paul-Edouard Defrez]

Je ne vais pas bien et m’étonne que tu t’en inquiètes. J’irai mal tant que les Palestiniens continueront d’être massacrés sans pitié par les Israéliens, mal tant que toi et avec toi  l’E* continuerez de pointer du doigt les Islamistes en fermant soigneusement les yeux sur ce qui se passe en Israël. 

Ça me touche jour après jour grandement. Ça me rend malade. 

C’est tout à fait désespérant. 
Désespérant par rapport aux Palestiniens, par rapport aux juifs et au monde juif, désespérant par rapport à l’E* et à la psychanalyse, par rapport à tout ce en quoi j’ai pu croire, désespérant par rapport à notre « amitié », à la façon dont va le monde. 
Je suis fatiguée, dégoûtée. 
 
Il n’y a pas que vous, bien sûr. Partout ça s’en fout, partout le racisme anti-musulman atteint des sommets. Et les juifs crient à l’antisémitisme. Je ne doute pas qu’il y ait de l’antisémitisme et que cet antisémitisme se soit accru avec cette dernière guerre qu’Israel fait aux Palestiniens. Mais je ne doute pas non plus que cet antisémitisme ne soit plus celui du siècle dernier, lequel continue d’être instrumentalisé pour empêcher toute critique d’Israël. 
 
La seule excuse, c’est la désinformation, les mensonges. 
Et probablement vois-tu dans mes informations la même désinformation que celle que je déplore de ton côté. 
On ne peut pas s’en sortir. 
Et comme les réseaux sociaux ont phagocyté toute possibilité de discussion… on en est là. À ne pas savoir ce que l’autre pense, réduits à deviner. 
Je me suis rendue compte que je n’ai publié tout ce que j’ai publié principalement qu’à cause de toi et des psys de l’E*, à votre adresse. 
 
Quand je pense à l’importance qu’a eue pour toi la justice ou la démocratie, tu avoueras que  tes revirements sont à proprement parler hallucinants. Pas de justice pour les Palestiniens, tous coupables. Démocratie pour les seuls citoyens juifs. Puis cette façon de dénoncer l’islamisme alors que les prétextes invoqués pour justifier la violence coloniale, le génocide même, trouvent souvent leur source dans des pages revisitées de la bible par des fanatiques dangereux. Est-ce que tu te souviens de la dureté de tes paroles au lendemain du 7 octobre ! 
 
Pour moi ce qui se passe aujourd’hui et qui me rend impossible de détourner les yeux, c’est le drame inversé de ce qui s’est passé en 40, à une plus petite échelle puisque la population palestinienne est moins importante et de façon peut-être moins  bureaucratique, tout ici est laissé à la force brute appliquée à des populations totalement sans défense, aux bombes, aux chars, à l’IA, à l’affamation, à la folie et au sadisme déchaînés de Tsahal et du gouvernement. 
 
Comment peut-on ne pas croire les images venues de là-bas, comment ne pas croire les témoignages quotidiens des horreurs commises, combien d’ailleurs émanant de l’armée israélienne même. Tu as dû le voir. Ou tu n’as pas voulu.  Tu n’as voulu écouté que la habsbara qui inverse tout ignominieusement. 
 
D’où vient que tu veuilles croire cela, continuer à croire. Des années à boire le lait de LPI. Des années à ne pas vouloir voir ce qui se passait, à ne pas vouloir le nommer, à chercher à le faire passer pour autre chose que ce qu’il n’était. Moi aussi, j’ai manqué de voir. J’ai su mais mal su et le nommer comme on peut le faire aujourd’hui : colonialisme, apartheid, j’en étais incapable. Pourtant, c’est très simple. Que cela commence à se dire avec force, de façon bientôt irréfutable, c’est ce qui va faire bouger les choses. 
 
Alors, le Hamas, non, effectivement,  je n’en sais pas grand chose et  je continue à  pleurer le 7 octobre, mais quelle que soit sa nature, les crimes de cette organisation, la population ne méritait pas ça. D’ailleurs, à quand remontait les élections qui ont mis le Hamas au pouvoir  ? 2006!!  Et puis, t’es tu intéressé à la façon dont Netanyahu a financé le Hamas ? Non bien sûr. 
 
Et t’es tu intéressé à moi, à ce que je publiais ? Non non non et encore non. 
Seulement habité par l’indignation… 
Seulement à suspecter et dénoncer de l’antisémitisme partout. 
 
Je ne vais pas te parler encore de l’anti-wokisme de mise à l’E* et comment tout ça va ensemble, tout ça marche ensemble. On lit Le Point, on vote Macron, on fustige LFI, « l’extrême gauche », on ferme les yeux sur l’implication des Présidents américains, de Biden, de Trump… Etc, etc, etc.
 
Est-ce que tu as vu les film d’Eyal Sivan, lu les livres d’Ilan Pape, soutenu,  écouté, prêté l’oreille aux propos de Riwka Warshawsky ?
Il faut sortir du statut de victime. C’est fini. Aujourd’hui c’est Israël qui attaque tous azimuts des peuples sans défense. 
lundi 2 décembre 2024 · 08h34

instagram ce matin

sur une place ensoleillée, deux enfants se serrent dans les bras,  se séparent, l’un s’éloigne vers la gauche, le visage grimaçant, l’autre avance grave vers la caméra. il s’apprête à faire un an de prison. d’autres jeunes se tiennent là, debout, témoins de la scène. ça se passe en Cisjordanie, quelque part.

extérieur. scène de foule, dense, compacte, beaucoup de femmes, il me semble, voilées, tentent de s’acheter du pain. au travers d’une fenêtre découpée dans des cloisons de tôles, probablement solidement renforcées pour résister à la pression d’une foule affamée, de longs bras se tendent, de longs doigts, les visages de voix  qui supplient. sous-titres : prends mon argent, prends-le maintenant. la femme qui prononce ces mots est refoulée. ces gens veulent acheter du pain.
sous une tente une femme au sol pleure la dépouille de son enfant morte, étouffée par cette foule.
d’autres encore sont mort.es à Gaza en achetant du pain.

ancien ministre de la défense israélienne, entre 2002 et 2005, Mooshe Yaalon parle de nettoyage ethnique. « en réalité, dit-il, on chasse les Arabes. » il prend également la défense des jeunes qui refusent d’être enrôlés et sont emprisonnés. « officier dans l’armée d’Hitler, il aurait refusé de faire certaines choses », dit-il.

le dos d’une femme fouettée en Iran.

la tête d’un enfant qui émerge d’un amoncellement de gravats.

samedi 30 novembre 2024 · 12h42

on a chacun ses plus ou moins grandes obsessions

version du texte publié sur Facebook

on a chacun ses plus ou moins grandes obsessions. je sais d’où vient que je sois obsédée par la Palestine et ce que commet aujourd’hui Israël. ça ne s’apaisera pas. ce serait lié à quelque chose de l’ordre du trauma et à la façon dont ça s’est combiné en moi pour y répondre, pour s’organiser, une organisation que je traite comme une maladie, considère comme une maladie, par où je cherche à m’absoudre, ce n’est pas moi, c’est la maladie, cette maladie honteuse qui m’a conduite à mener une vie d’inutile et d’exilée, dont le destin ne trouve à s’accomplir que dans le ratage, auquel je cherche seulement à donner un peu d’allure, à défaut d’en avoir aucune. partout: maladie. et chaque instant de ma vie tout entier tourné vers moi-même, à tenter de trouver grâce à mes propres yeux. depuis le diagnostic toutefois, relativement récent, j’ai pu finalement renoncer à exiger de moi des choses impossibles et me suis pardonnée beaucoup.

vendredi 29 novembre 2024 · 16h15

à l’heure de nulle part

  peu de choses continuent à tenir 
       (aucun travail que je puisse tenir sur la longueur)
   je ne publie plus que 
des choses sans suite
  à n'importe quel moment 
     ou de n'importe quel moment 
      (n'importe quelle année, mois, jour)
ce sont les dates (que la machine connaît, la machine blog) qui tiennent lieu 
 de rampes artificielle, d'édifice. par là me réintégrant quelque peu 
   à l'histoire.

c’est pourquoi la page MOD est la vraie page d’accueil de ce blog

samedi 23 novembre 2024 · 09h55

une liste de plaintes oubliées
— de comportements défectueux ou manquants

mais qu’est-ce que je voulais écrire, en me réveillant ce matin, qu’est-ce que je voulais écrire à mon analyste ? que voulais-je écrire à Hélène Parker. différents points, quatre ou cinq, dont il m’apparaissait qu’on pouvait sans doute les qualifier de plaintes, de symptômes même. une liste très simple de comportements défectueux ou manquants, dont je parle peu, dont je ne parle pas. dont je ne parle plus ? (le fait que je ne sorte jamais? que je ne m’occupe de rien? que ce soit F qui s’occupe de tout? que je ne gagne pas d’argent? que je ne prépare pas à manger? que je sois totalement inadéquate face aux exigences pratiques de la vie?) c’est vraiment étrange, à ces choses, je ne penserais plus jamais qu’au réveil, je ne pense plus que dans les premiers instants du réveil. j’y aurais pensé davantage. oui, il est bien possible que j’y aie beaucoup pensé autrefois, considérablement même. voire que je n’aie pensé qu’à ça. et que face à l’impossibilité d’y pallier, ces manquements chez moi, ces tares, petit à petit, je les aie refoulés, je m’y serais faite, inadaptée, déficiente. en ne m’y confrontant plus, j’aurai trouvé le moyen de m’en épargner l’angoisse. j’ai abaissé mon niveau d’exigence. et jamais encore, je crois, quand ils réapparaissent, au petit matin, au réveil, la nuit, je ne suis allée jusqu’à les écrire, comme à chaque fois, je crois, je me le propose. 

*

mais qu’est-ce que je voulais écrire, en me réveillant ce matin, qu’est-ce que je voulais écrire à mon analyste ? que voulais-je écrire à Hélène Parker ? différents points, quatre ou cinq, dont il m’apparaissait qu’on pouvait sans doute les qualifier de « plaintes », de « symptômes » même. une liste très simple de comportements défectueux ou manquants, dont je parle peu, dont je ne parle pas. dont je ne parle plus ? (
 le fait que je ne sorte jamais ?     que je ne m’occupe de rien ?     que ce soit F qui s’occupe de tout ?     que je ne gagne pas d’argent, que je ne prépare pas à manger ? que je sois totalement inadéquate face aux exigences pratiques de la vie ?
)       
        c’est vraiment étrange, à ces choses, je ne penserais plus jamais qu’au réveil,
    je n’y pense plus qu’aux premiers instants du réveil.      j’y aurais pensé davantage.      oui, il est bien possible que j’y aie beaucoup pensé autrefois,
                  considérablement même. voire que je n’aie pensé qu’à ça. qu’à ça.

et que face à l’impossibilité d’y pallier, ces manquements chez moi, ces tares, petit à petit, avec le temps, va, je les aie   
refoulés,
je m’y serais faite : inadaptée, déficiente.
 en ne m’y confrontant plus, j’aurai trouvé le moyen de m’en épargner l’angoisse.
j’ai abaissé mon niveau d’exigence et jamais encore, je crois, quand ils réapparaissent, quand ils font leur réapparition, au petit matin, un à un, au réveil, les uns après les autres, quand c’est encore la nuit, défilent, je ne suis plus allée jusqu’à les écrire,
                     comme à chaque fois, je crois,
                                                                     je me le propose. 

(tester version sur papier, manuscrite)

vendredi 22 novembre 2024 · 22h43

compliqué

compliqué en ce moment
envie de regarder des séries, de jouer aux cartes, de passer du temps sur les RS
restée au lit je crois toute la journée, pas le courage au matin d’appeler maison de repos
finalement appelé l’après-midi pour parler à l’infirmière en chef, mais c’était trop tard
j’a pu parler à l’infirmier par contre, à R,
et à ma maman (!)

j’ai écrit alors à mes frères:

« coucou
j’ai eu R, l’infirmier au téléphone
il fera attention à maman dans les prochains jours…
il a dit que si l’un de mes frères vient, il pourra lui dire ce qu’il a observé
Je n’ai pas eu l’infirmière chef, j’ai appelé trop tard
elle était déjà partie
 
mais j’ai eu maman au téléphone
c’était mignon
elle a dit que c’était mieux avant
et que c’était l’hiver depuis pas longtemps
– tu as vu, c’est l’hiver maintenant
-oui, depuis pas longtemps
-et tu as vu hier la neige
-oui mais ça on connaît déjà. y a plus rien, y a les restes.
J’ai dit Ha ha, oui oui, tu as raison, y a les restes
je lui ai dit que j’allais venir
ça l’a étonnée puis
elle a exprimé que ce sera bien quand je viens
et elle a dit qu’elle se souvient
il y a eu d’autres mots et bribes de phrases et exclamations de ma part, j’ai beaucoup dit que je l’aimais et que je pensais à elle
à la fin elle a dit au revoir »

me suis alors recouchée et ai écrit à deux associations alzheimer

tous les soirs je m’endors en regrettant de n’avoir pas avoir plus lu

l’un de mes frères ne va pas bien

je voudrais faire un reset

vendredi 15 novembre 2024 · 14h41

racines (au nom de l’impossible)

i really feel stuck
into this conflict
israel/palestine
like being stuck, at the heart, of 
the conflict
between good and evil
and feeling guilty for it
how to step out of it
without betraying humanity

je me sens vraiment coincée dans ce conflit
I/P
c’est comme être coincé au cœur du conflit
le seul peut-être s’il en est
du bien et du mal
et s’en sentir coupable

jeudi 14 novembre 2024 · 18h54

Vie de Laura (extraits)
— atelier du samedi 9 novembre, Raconter une vie, avec Roxane Gay

Dire ce qu’elle aime, Laura, elle le sait d’abord pas, pas tout de suite. Un peu comme quand elle était petite et qu’il lui fallait dire quelle était sa couleur préférée. Elle aurait bien choisi le rouge et n’osait pas. Comme si c’était le bleu qu’il fallait, le bleu qui convenait, le bleu qui lui convenait. Alors elle répondait bleu, y mettait même une certaine conviction, presque jusqu’à y croire elle-même. Elle avait peut-être toujours eu un certain souci des conventions, avec le désagréable sentiment de ne savoir absolument pas ce qui convenait. Sans doute lui manquait-il quelque chose, sans que l’on sache quoi. Au jeu des préférences, elle disait donc bleu, ce qui ne l’empêchait pas, aussi souvent que possible, de choisir le rouge. Le pion rouge par exemple, au jeu des petits chevaux. C’est le petit cheval rouge n’est-ce pas qui gagne. Elle n’avait aucune estime pour le cheval bleu. 

(Elle aimait bien le rose aussi, le rose, mais le rose, ça, le rose et tout ce que ça, non.) 

Ce qu’elle aime pas, Lau, elle le sait pas trop non plus. Les choux rouges. Elle aime pas trop se déclarer, on dira. Pas trop parler de ce qu’elle fait. Vous faites quoi dans la vie. Pas trop s’habiller non plus, elle aime. À vrai dire guère se laver se maquiller s’habiller. Guère sortir, le monde. Affirmer rien. Guère ne pas écrire. Elle n’aime guère ne pas écrire, Glauria. Alors, ce qu’elle aime : écrire à l’écart. S’affirmer en négatif. Envoyer des lettres d’adieu. Aimer au contraire. 

Où elle habite lui ressemble, Loy, en ce sens qu’y règne une forme d’indétermination. C’est spacieux, elle est grande. Parsemé d’habits, d’habits abandonnés. Elle craint bien que ça ne ressemble à rien. En hauteur. Tout là-haut dans sa chambrette, sa chambrette était là haut, Loire fumait des cigarettes. Loire fume, lit dans les canapés. – Elle a un chat, Loire?  – Oui. Elle jette au sol les vêtements qui ne conviennent pas, elle interroge les miroirs, elle interroge surtout l’espace entre l’habit et sa peau, elle interroge la façon dont son corps est pris dans l’habit, s’il la serre où il faut, s’il la trahit, s’il la soutient, elle interroge ce qu’il lui fait, et comment sont les fesses, qu’est-il vu de dos et que dira cette soie à qui la voit. A l’intérieur ses talons claquent sur le bois, à l’extérieur ses talons claquent sur le pavé. Pourtant rien qu’elle n’aime tant que marcher pieds nus, rien, mais Dieu sait que certaines chaussures vous donnent au corps une impulsion venue du sol, une soudaine allure, qui n’appartient à rien d’autre qu’à l’apparaître, et qui l’accomplissent ce miracle : prise de corps de l’apparition. L’apparaître est court, rare et magique. Tient à l’un ou l’autre vêtement, une mèche de cheveu, des chaussures. Tient à tout d’incertain. Une fois qu’elle quitte sa maison elle n’interroge plus aucune miroir, ça l’amènerait à rentrer chez elle derechef. L’expérience le lui a appris: elle ne doit s’adresser qu’à des miroirs avec lesquels elle a un peu d’intimité. Sinon, assaillissement par l’horreur. Une fois qu’elle sort de sa maison, elle rencontre la surprise toujours renouvelée de l’air, et ça la lave, et la joie des jambes.

Syllabes. Lèvres. Bout des doigts.  Pulpe. Pulsatile.

Elle dit surtout pas comme. Elle dit surtout pas comme sa mère. Elle fait surtout pas comme sa mère. (Ce qui est fortement handicapant car sa mère s’occupe de bien des choses primaires, des besoins, primaires, comme le rouge et le bleu entre lesquels elle ne veut pas choisir.) Il y a des tas de choses qu’elle ne fait pas. Puisque mère, faisait tout. Mais elle se tait comme elle. Là, c’est le même mur. Le même amur. Le même grand am. La même haute tour. Le même enclos des dents. La langue reposée, les cœurs battants. Tant. Tant battant, gloire et yeux baissés. Modestie face ce qui vous dépasse. L’enclos mouillé des dents, douceur liquide de la paupière reposée sur l’oeil. Et quand rarement elle fait quelque chose, elle fait comme sa mère : elle rate. Insomniaque tourne les pages, se réveille lorsque le film s’arrête. « Si maman si »,  chantonne dans son lit. Sa mère lisait, sa mère console. Floire consolée. Lire, encore. 

Tant de confusion par moments, par maman. 

Qu’être pour sa mère. 

Rien ne se passe comme dans les livres. 

Qu’est-ce qui se saisit de quoi. Parfois ça rit. Ça rime. Je retiens surtout la lumière. 

Laure a de l’espoir. Pense qu’un jour. Elle est jeune et seule. Au travers de l’appartement au lattes dorées se voit courir vers le balcon, enjamber. Elle est souvent aimée. En ces temps-là. Longtemps de l’espoir pour demain. Les uns et les autres s’aiment. Les couples se croisent et se décroisent. Demain passe à hier. L’espoir cédé autant que le désespoir. 

(C’était déjà G. C’était encore la guerre. Racine. Ne dis pas ça. Le père meurt dans les caves, ouvre un œil, glisse à Laure son secret, le secret de la mère, de son étrangeté.)

Si elle s’est parfois trouvée belle, Lol, elle s’est souvent haïe. Haïe la chair. (Non pas celle du péché, celle de la matière, de l’épaisseur. Et de l’image.) Longtemps le regard des hommes la renseigne sur un degré de séduction dont elle ne sait rien, qui l’excède. L’image lui manque. C’est une danse intérieure qui la tient, la guide, un mouvement. La sensation des jambes quand elle arpente, la hauteur du menton, le bruit des pas. Ou un vêtement neuf qui n’a pas encore eu le temps de la désillusion. Lol aime les vêtements neufs. Lola aiment ceux empruntés. 

Jusqu’à ce que l’âge. Et qu’elle puisse s’en moquer. De ce qu’elle fait comme trou dans l’image. Sa mère perdant lentement la langue qu’elle n’a jamais eue, qu’elles n’ont jamais eue, elles se parlent enfin, elles se parlent en langue. Douceur atteinte. 

tant de choses non-dites qu’un rosier en hiver soudain se prend à énoncer clairement. les yeux se baissent. le même nombre de rides aux coins.

Sa mère prend le livre qu’elle ne sait plus lire,  dit  : une vie.  Tend son doigt vers toi. Dans l’ivresse d’un nom dont elle se souvient dit : Laura, une vie. Tourne le doigt vers sa poitrine : Vie. 

Ô mère. 

dimanche 3 novembre 2024 · 09h35

Bruxelles

Premier croissant de lune. J’ai dormi très tard, jusqu’à 9 heures, peut-être suite à anxyolitique de la nuit d’avant. sinon, je ne sais pas. quelque chose de reposant dans la journée d’hier ? je ne sais pas. Le voyage vers ici. qui n’est d’ordinaire pas supporté par moi. 

me suis levée parce que pensé au fait que si je ne travaillais pas un peu au blog, ne fût-ce que mentalement, j’oublierais tout le travail pendant le séjour ici et tout serait à refaire.

Je pense surtout au fait que non repris dans la suite des jours, ça ne tient pas, à moins de suivre au fur et à mesure, ce qui n’est plus possible puisque je ne publie pas au fur et à mesure. certains arrivent à publier au mois mais je manque de discipline. avant j’arrivais à publier dans l’urgence tous les jours, maintenant…. maintenant je suis tout le temps dans la réflexion sur ce qui a déjà été fait et sur quoi en faire….

donc je suis en 2012………

je me refais une Ricoré.

samedi 2 novembre 2024 · 15h45

“Un livre ne commence ni ne finit, écrivait Mallarmé, tout au plus fait-il semblant”

blog
donc rien fait hier de ce que prévu
mais remontée dans le temps
espérant trouver par où commencer (le texte extrait du blog) pour aller vers cette « crise de fin d’analyse »
remontée jusqu’à 2011, plus précisément jusqu’à décembre 2010 (!) , avec ce texte de Mallarmé (ça m’a paru un particulièrement bon début) :

“Un livre ne commence ni ne finit, écrivait Mallarmé, tout au plus fait-il semblant”

il ne me reste plus qu’à trouver comment faire semblant (de faire semblant).

là, je relis et sélectionne les posts qui pourraient faire partie d’une catégorie nouvellement créée que j’ai appelée, au moins provisoirement, Une fin d’a,
pour aller donc vers cette crise de fin.
peux pas remonter avant parce que trop riche en rêves et en rêves analysés
voilà

départ pour B
  faut lâcher le clavier
  faire la valise
  le lit
  J fait la vaisselle
  s’occuper de la clé à déposer en Keynest
  c’est St qui s’occupe du chat pendant notre absence
  se laver
  s’habiller

samedi 2 novembre 2024 · 11h28

kafka, continuer, finir

ce chapitre du 1er tome du Kafka de Reiner Stach : « Le disparu : perfection et déchéance », extraits : 

p. 409
… Kafka voulait finir ses grands projets… ce qui comptait pour lui n’était pas le travail, mais bien le résultat. Le cheminement n’était pas une fin en soi, pas du tout..
p. 410
Ce que Kafka admirait le plus, et qu’il chercha avec obstination – on est tenté de dire avec une obstination incorrigible – jusque dans ses ultimes tentatives, était un absolu parachèvement formel, dans le détail comme dans l’ensemble. Cela signifiait avant tout qu’un texte littéraire devait se déployer de façon parfaitement organique à partir de son  germe fictionnel et imaginaire, sans revirement arbitraire, sans schématisme, sans hasard provoqué, sans détail superflu ou importun, ni autre impureté du même genre. 
p. 411
il voulait la « conclusion innée », celle qui s’anime déjà tel un foetus sous la surface de la toute première phrase et qui affirme peu à peu ses contours.
p. 412
Kafka savait que l’inspiration n’était pas suffisante et qu’il fallait ni plus ni moins que de l’énergie psychique, voire une sorte d’obsession délibérée, pour puiser une passion et une concentration toujours nouvelles dans un travail de plusieurs mois. Or l’état d’esprit à la fois supérieurement lucide et exalté qu’il avait défini comme son idéal créateur depuis la nuit du Verdict était forcément limité et générait de nouvelles inhibitions : le fait même d’écrire diminuait la tension; la circonstance qui avait soudain ouvert les profondeurs de sa psyché, pour sa plus grande jouissance et son plus grand tourment, était peu à peu recouverte par des expériences nouvelles, d’un autre genre; pour finir, l’oeuvre en cours générait son propre champ de forces, dictait des exigences étrangères, et le jeu se muait en devoir
p. 413-414
… Kafka ne maîtrisait donc pas son art?
Il n’en fut jamais vraiment sûr.

… il crut découvrir que seul le premier chapitre, Le Chauffeur, provenait d’une « vérité intérieure », tandis que tout le reste, soit tout de même 350 pages manuscrites, avait été « écrit comme en souvenir d’un sentiment grand mais absent de bout en bout, et donc bon à jeter » – bilan irréfutable…
Que se reprochait Kafka? D’avoir été guidé non par un « sentiment », mais par le souvenir de ce sentiment – en d’autres termes une interposition de sa conscience.
p. 416
C’est pourquoi le fait de « continuer » s’accompagne inévitablement d’un deuil, celui de la liberté et de la jouissance d’un engendrement pur.
Kafka ne manquait pas d’idées, il manquait de « continuations ». 
p. 417-418
Il n’y a pas chez Kafka de rebut narratif, ni de motif sans suite, ni de détail purement illustratif – qu’il s’agisse de la couleur d’un habit, d’un geste caractéristique ou seulement de l’indication de l’heure. Tout signifie quelque chose; tout renvoie à quelque chose; tout revient. 
….
Cette densification si radicale, qui confine aux limites du langage… 
Et plus cette trame est dense, plus la poursuite du roman devient une tâche artisanale dont la réussite exige à la fois des trouvailles sans cesse plus précises et, de la part de la conscience, un contrôle objectif sans cesse plus inflexible. Car plus le récit progresse, moins il est vraisemblable q’une trouvaille spontanée « s’insère » à l’endroit même où elle survient.
Tout cela jette une lumière décisive non pas sur la raison dernière, mais peut-être sur le moment de l’échec: c’est le moment où l’effort technique menace d’étouffer la création; la crise créative par excellence. 

samedi 2 novembre 2024 · 06h24

le mauvais interrupteur sur lequel on appuie malencontreusement

insomnies

pas pu m’endormir hier soir, tout allait bien, j’avais lu, manqué plusieurs fois de m’endormir, éteint la lumière, fermé les yeux, quand tout d’un coup, j’ai senti que non, que c’était trop tard, je ne m’endormirais pas, plus. c’est très étrange ce moment où quelque chose me signale que c’est fini, que j’ai quitté la zone d’endormissement que j’entre dans l’insomnie. lisant, j’avais peut-être attendu trop longtemps. c’est comme avoir malencontreusement appuyé sur le mauvais interrupteur. il devait être aux alentours de minuit. Frédéric a éteint sa lumière. vers une heure trente, je me suis levée et j’ai pris unanxyolitique, 1/4.
agacée par ces insomnies.
depuis combien de temps ça dure, maintenant ? je crois depuis dernier séjour à Bruxelles environ, à ce moment là que ça s’est de nouveau complètement déréglé. je ne sais plus. peut-être depuis que Jules est à Bruxelles. enfin peu importe. c’est de nouveau là et pour la première fois depuis longtemps, hors de contrôle.

Kafka

hier soir, comme je ne m’endormais pas, je pensais à tout ce qu’on s’était écrit H et moi, durant toute la journée… je pensais aussi à ce que je venais de lire de Kafka sur ses difficultés à écrire, sur ses moments d’arrêt, ses renoncements, sur le fait qu’il croyait à la possibilité de réussir à écrire sur le ratage, sur son désir de continuité, de tout le temps rester dans la force du sentiment de départ en opposition à son exigence de ne rien laisser dans son écriture au hasard, qu’il n’y ait rien de superflu, que tout corresponde à quelque chose. il avait une profonde intuition de ce que c’était écrire, bien écrire. une connaissance dont je suis totalement dépourvue. il faudrait que je reprenne ici les passages. ça y est, mal de tête. sa volonté de finir. Le fait qu’il ne croie pas au trajet pour y arriver mais à l’objet fini (à l’opposé de ce que j’écrivais moi-même il y a quelque jour…) je vais retourner me coucher.

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