ce qui ne cesse (pas de s’écrire) et cyberculture

la « cyberculture » fonctionne sur un mode pulsionnel, où « ça ne cesse pas de s’écrire », à l’instar de l’inconscient qui ne calcule ni ne juge et qui ignore le temps. « ça jouit et ça sait rien », cette démultiplication de sens perdus, qui vont à la dérive, ne saurait recouvrir l’absence de sens du sens.

ce qui se trouve nié, dans cette éternisation, c’est le réel. la prolifération des écrits sur internet, témoigne de cette volonté de croire que le symbolique recouvrira, à force d’approximations, totalement le réel. alors que de celui du corps, de la mort et du sexe, elle ne veut rien savoir. ce réel-là exige le passage à la limite, exige qu’un saut par-dessus le vide soit fait. le symptôme ne cesse de refaire ce saut. et s’il ne cesse, de parler à l’encan, c’est qu’il lui faudrait, pour cesser, que sa cause soit entendue. que vienne à se savoir sa cause, sa raison d’être. ce à quoi il a affaire. il lui faudrait la présence de l’autre (« ce mystère de la présence »). il lui faut la rencontre.

or, si la « cyberculture » croit au copier-coller, à la répétition du même, à l’interprétation, elle ne veut pas de la coupure, de l’arrêt. il faut que ça soit fluide, que les connexions soient permanentes. l’amour pourtant, celui qu’il faut pour que « la jouissance condescende au désir », exige le nom, et même le nom propre. enfin, c’est ce qu’il me semble et ce qui s’entend dans les écrits de duras par exemple. le nom, la folie du nom dit, est au plus proche, dans l’étrangeté, de celle de symptôme.

se faire honte

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luterminédanslavoiture
la
note de miller sur la honte

(je ne dis pas que ce n’est pas pénible d’écrire tout ça, ça l’est)

à l’analyste mardi je dis :
« le problème, ça a toujours été de signer. comme si…»
là, j’hésite presque longuement.
je crois que je lui ai dit « …comme si rien n’était à la hauteur, ne pourrait être à la hauteur de ce nom».

surprise, pas convaincue, j’ajoute que non, ce n’est pas ça.

je parle de la note de miller, sur la honte. je n’en dis pas vraiment grand chose. mais ça me mène tout de même à dire que je crois que maintenant je pourrais signer de mon nom.
il se lève, se dirige vers la porte, me demande comment va mon fils. je lui dis qu’il dit « maman. mam… maman».

c’est comme ça.


souvenir de la note de miller

un jour lacan dit: « je veux vous faire honte» (certains s’en seraient scandalisés).

lisant, je me dis, est-ce que c’est ça que je me fais, quand j’écris, quand je me fais lire :
est-ce que je me fais honte ? est-ce que c’est ça ? et pourquoi ça serait bien, ça serait mieux, vaudrait mieux ? se faire honte, plutôt que pas.

lacan dit (moi, je dis toujours ce que dit lacan), ça ne sont pas ses mots, exacts, il dit
« … ça n’est pas si courant que ça mourir de honte ».

il lacan dit, « ça s’est perdu, la honte». est-ce qu’il dit que ça s’est perdu avec le capitalisme, je ne sais plus – pour le coup j’ai peur d’avoir mal retenu : passons.

la honte, l’honneur – ça s’est perdu.

tout cela qui vous vient de ce que vous êtes liés à un S1, explique miller. je lis un « S1 », je pense « nom du père ». je pense « nom de mon père ». je pense « mon nom».
le S1, le nom propre. c’est une lecture, il y en a d’autres. (un S1, pas un autre, d’aucun autre.)

s’est perdu. la honte, l’honneur. ce qui fait qu’il y a quelque chose dans le nom, votre nom, le nom propre, qui serait au-delà de vous. dont il faille se montrer digne. pour quoi, à l’occasion, on doive mourir. miller dit, dans le S1, c’est l’être-pour-la-mort.

pour tout vous dire, jusqu’à là, jusqu’à cette lecture, je pensais que le S1, il fallait le laisser tomber. que du S1 identificatoire, s’agissait de se désidentifier.

je crois que ce à quoi j’ai pensé, en séance, et que je n’ai pas dit, c’est « le nom, mon nom, ça n’existe pas. »

« ça n’existe pas », ça n’ex-siste pas, ça indique bien, jusqu’à quel point j’ai maintenu ça comme un réel : ça n’ex-siste pas au symbolique. c’est un nom, c’est un signifiant, mais mon « ça n’existe pas » indique bien qu’il n’est pas pour moi un signifiant comme les autres. il ne rentre pas dans la danse, le  commerce, je l’ai installé en position d’exception, dont aucune signification n’est digne – ce qui pourrait même valoir comme définition du phallus. « je le suis », ou plutôt « il m’est ». il me « m’êtrise ». et se faire « m’êtriser » par « l’être-pour-la-mort », ça explique peut-être certaines de mes tendances. la honte, encore, dit lacan quelque part, c’est affaire d’« hontologie ».

le nom, il ne s’agit pas de l’être. et pourtant de le porter.

ça me rappelle un texte de cet allemand, écrivain allemand, dont j’oublie le nom (toujours j’oublie les noms propres, les nom d’auteurs) qui disait « faites gaffe à porter la croix si vous ne voulez finir porté par elle ». je crois, en ce moment, que c’est de ça dont il s’agit, le nom, aussi pénible que ça soit, il faut le porter, tout en faisant gaffe à ne pas finir mourir en croix sur lui.

il n’est pas allemand, l’écrivain, c’est tournier, michel, et le bouquin c’est « le roi des aulnes ». (toute une histoire d’ailleurs où il n’est question que de porter. de la passion du portage.)

il faut le porter et il faut s’en montrer digne. mon nom, ça a toujours été le nom de mon père. je n’ai jamais pu le faire mien.

l’« hontologie », comme toute affaire d’être, c’est affaire de jouissance. donc miller dit, le S1, il faut s’en séparer bien sûr, le « désêtre », mais il ne faut pas ignorer qu’il est là, faire comme s’il n’y était pas. le S1, c’est le signifiant de ce qui vous est le plus intime, de la jouissance la plus inconnue.

et puis, pour les autres, pris parmi les autres, il redevient un signifiant quelconque (même si, à coup de savoir-faire, il leur imprime sa signature). donc, si je signe… un texte, il parlera de ce que je suis, de mes limites, erreurs, errements, etcétéra. à mes yeux, il tombe de son piédestal, la statue bascule. ce que je n’ai pas dit non plus, en séance, je ne sais pas pourquoi ce n’est pas sorti, mais c’était l’idée que si je signais, on saurait, on allait savoir qq chose de mon désir. comme si le désir, à tout prix, devait rester le plus secret. et moi aussi.

j’ai fait ces recherches sur la honte, à cause de celle qui m’envahit quand j’écris. plus précisément, quand je signe. quand j’écris mon nom. quand j’assume la paternité d’un texte.

le supplice du nom
— prise dans la coulisse

Fort empêchée d’écrire en ce moment, à cause du travail1.

Il y a deux ou trois jours : rêve.

1. D’abord seule
Pendant longtemps, de plusieurs façons, je cherche à arriver à l’une ou l’autre piscine.

2. Plutôt à plusieurs
Finalement, il est décidé que nous y irons, à la piscine, à plusieurs. Nous partons du château (enfance).

3. Un nouveau chemin
Plutôt que d’aller vers l’une de celles que j’avais déjà repérées, il est décidé, par le groupe, que nous irons vers une autre, dont je n’ai pas souvent fait l’épreuve du trajet.

4. A droite, le connu, le château de l’enfance. A gauche, la ville de ma mère, l’inconnu
Celle que je connais, c’est plutôt vers la droite – le chemin qui descendait du château au village à travers les prairies, un chemin toujours le même, souvent re-parcouru en rêve. La direction que nous prenons, c’est plutôt vers le fond à gauche. Impression de Poperinge (ville de ma mère).

5. Bloquée côté spectateur. Impossibilité de se déshabiller. Noir
Arrivons à la piscine. Diverses tentatives pour arriver jusqu’à la piscine même, l’eau. Cela paraît impossible (en fait, ça le restera pour moi, jusqu’à la fin). Le genre d’obstacle que nous rencontrons, c’est par exemple que les vestiaires sont plongés dans le noir ou introuvables ou ressemblent plutôt à une salle de spectacle, côté spectateurs. Nous sommes dans les fauteuils des spectateurs, la salle est plongée dans le noir, il n’est pas facile, ou plutôt il ne m’est pas facile de trouver ma place, une fois que j’en trouve une, comment me déshabiller en présence de tous ces gens. Comment font les autres? Ils le font.

D’autres donc, les autres, parviennent à l’eau. J’ai à un moment un aperçu de la piscine, du bain, de haut.

6. Coulisse, courant, mécanisme – au cœur de pulsion… Moulin à eau de Vanneau
Je m’engage finalement dans quelque chose qui devrait me mener vers la piscine. J’ai un doute. Je me demande si je ne suis pas embarquée sur le côté, sur le bord du chemin. En effet, je suis plutôt dans la coulisse. Je suis très exactement dans la, les coulisse(s). Couchée à plat ventre, encagée, sans aucune possibilité de me dégager. Je suis dans l’eau d’une roue qui entraîne l’eau de la piscine, qui entraîne le mécanisme de la piscine. Le courant est fort, inéluctable.

7. Le tour, la roue, la chute
Pour le moment, je suis dans le mouvement ascendant. Mais à un moment, je passerai forcément dans le mouvement descendant – la chute. Je suis dans le premier demi-tour de la roue. Dans son deuxième demi-tour, je ne pourrai que tomber, et la chose paraît aussi dangereuse que de tomber, par exemple, du haut du Niagara.

8. L’angoisse
Quelqu’un m’aperçoit prise dans ce mécanisme. La question c’est : est-ce qu’on arrivera à l’arrêter, le bloquer à temps? L’angoisse me réveille.

Difficile de ne pas retrouver trace ici de mes élucubrations autour de la pulsion. Trace en forme de confirmation. La pulsion est un mécanisme, duquel on se dégage difficilement, dans lequel on est pris comme dans le tour d’un supplice, dont le mouvement est celui d’un aller-retour, et dont le retour, le deuxième demi-tour, est difficile, angoissant.

Piscine, mettons la jouissance :

1. D’abord seule

2. Ensuite, plutôt à plusieurs (contingence, rencontre)

3. Du coup, n’est plus la même, de jouissance.

4. Plus vraiment du côté de l’enfance, du connu, mais de la mère (sans chemin).

5. Bloquée un temps dans le fantasme (corrélé à l’objet du père) : l’impossible objet regard. Qui rend impossible le déshabillage.
A ce point devoir être l’objet du regard, mais l’objet d’un regard impossible, objet qui incarnerait le regard même, un objet dont la beauté puisse définitivement faire voile sur l’au-delà du regard, impossible  : ce n’est jamais ça – histoire de ma vie, jusqu’à un certain moment de mon analyse. L’incarnation de cet objet empêche certainement tout rapport amoureux (le déshabillage) puisqu’il cherche à incarner le point d’impossibilité même de ce rapport. Devoir être belle au point que ce voile, en quoi consiste la beauté, puisse occulter tout de qu’il en est du désir, de l’angoisse donc, que cette beauté même, sa vue, le regard, provoque. La beauté est re-présentation du regard. Mais si le regard est pris au sérieux, c’est-à-dire pris dans ce qu’il comporte de réel, c’est-à-dire de jouissance et de désir, de trou à la re-présentation justement, il s’avère impossible. D’où, mon impossibilité, pendant des années, à me montrer. Voir, oui, du haut de ma tour – être vu – impossible – quels que soient les compliments que je reçoive quand j’étais forcée à sortir. Quand j’acceptais de faire illusion. (On en est encore là, du côté du point 1, du D’abord seule, en arrêt sur le bord du désir)

6. Prise dans la coulisse… les coulisses de l’inconscient ou la glissière de la pulsion. C’est l’eau de la piscine, mais une eau sur laquelle je n’ai aucun contrôle, qui s’avère même mortifère.

Ce tour, cette roue, je l’ai déjà rêvée, presque sous cette forme. C’est la roue attachée à mon nom. La roue de mon nom.

Roue des supplices/délices.
Mon nom, Müller, Meunier. Et son moulin, au pied duquel je ne dors pas.

Jacques Muller, Dans la rue, 1972
Jacques Muller, Dans la rue, 1972

Müller, mélangez-en les lettres, vous y trouverez la « rue« , cette rue où je ne sors pas, cette rue comme une roue de supplices, de délices.

On notera que la rue est à mon père, ne dit-on pas qu’il est le « peintre de la rue, de la ville », et  son supplice à ma mère – son vieux rêve, ce fantasme secret : être martyr, pour sa religion, brûlée sur des charbons ardents, fidèle à sa foi, à Jésus.

 

Martyr bound naked to a wheel, which is revolved over iron spikes Martyrs bound to the circumference of a great wheel, and rolled down a precipice

 

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La descente aux limbes, Bruegel. Gravure, peu après 1560-1500 Illustration de l’article : La descente aux limbes, Bruegel. Gravure, peu après 1560 (détail: le supplice de la « roue d’enfer » ou « supplice des orgueilleux », voir : http://lespierresdusonge.over-blog.com/page-1436963.html)

Lien : http://www.fromoldbooks.org/Gallonio-TorturesAndTorments/index2.html

Notes:
  1. Eh non,  le mot travail ne vient pas du latin tripalium, instrument de torture à trois pieux. Voir Tripalium: une étymologie écran : http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-luce-morlie/280911/tripalium-une-etymologie-ecran-archive []

des suites (et son double)
— (d'1 double qui ne sera pas du semblant)

« Je cherche une double lettre. Je ne sais plus très bien pourquoi, comment, je me dis, il faut chercher la double lettre. A cause du double L de mon nom. Ma mère disait ” Double L, E, R.” Double L. Il faut chercher 2 N. »

double L, double meurtre

séance 3,

Aujourd’hui, c’est le lendemain de la séance.

(Bon sang combien de temps, je vais tenir le coup, dans ce template, du template de ce blog, je parle. essayer de tenir, le plus longtemps possible.)

J’étais arrivée disant : « J’ai rêvé que je vous donnais deux lettres d’1 mot, mais je ne sais plus lequel. Déjà dans le rêve, je ne savais plus lequel. 2 lettres : 2 L. Double L, j’ajoute, comme disait ma mère quand elle épelait son nom, son nom de femme mariée. Je vous donne ses ces lettres, dans le rêve, et je crois qu’elle sortent de son nom à elle. Mais pas du tout. Elles proviennent du nom de mon père. De mon nom. »

(Fin de journée. je pense que votre nom à vous commence par 1 L et termine par 1 L.)

La veille je m’étais dit, entre moi et moi, il n’y a rien de pire que mon nom. Je ne dis pas que je n’éprouve pas quelques doutes à ce genre de pensées. Mon nom qui me sépare de moi-même.

J’arrive donc, je dis, je vous donne 2 L. Plus tard, je dis, Lui et moi, nous sommes pareils, et à le dire, à ce dire, à devoir dire ce dire, à le dire, vraiment, je ne saurais dire ce qui se produit alors en moi. ce qui se creuse s’étrangle s’étreint, le hoquet le puits la chute qui s’ouvre; comment c’est possible des choses pareilles.

Je veux dire : nous sommes pareils, dans le même manque. (ce manque que je chéris). (double L dans la voix de ma mère).

légende du lendemain (matin de la veille bouleversée)

Me réveillant je sus que l’air et le gaz, c’était la même chose. Que si j’avais été chambre à air j’étais aussi bien chambre à gaz. L’air, mon être peut-être, dont je n’avais jusqu’alors considéré que la neutralité, le rien, se révélait tant délétère que vital. L’air est le gaz, le risque d’explosion. Si j’en souris, j’en tremblai. Or l’air n’est rien d’autre que ce qui  bouge. Ce qui ne se sait pas assez (ni de moi).
(Lettre X du bel âne Mü)

Les mots seuls sont drôles. Et les petits chats. Les petits pois
sont rouges.

lendemain, 9 heures – l’âtre éventuel

14.08.09

réveillée par Jules . « forcée » à me lever. sommes à table, cuisine, la petite table carrée, en pin, de la cuisine, j’écris yeux fermés, Jules prend (prend! comme s’il s’agissait de médicament!) mange ses céréales, yeux collés, j’ai oublié hier d’enlever mes lentilles. il fait clair. le babil de Jules, les sons du dehors, le verre qui se fracasse dans les poubelles.

que de rêves!

mon père revenu (de la mort). malade. croisé dans Bruxelles en pijama, plus petit que moi, mais mon père, reconnu, plus petit, senti au moment de nos embrassades. près de la grand-place. « Pourquoi n’as-tu rien dit ? Que fais-tu ici ? » « Je n’étais pas sûr ».

je dois acheter un disque pour mon frère jean-pierre. je  conduis mon père à l’hôpital où je peux rester avec lui. ll a un drôle de trop petit lit/relaxe, qui doit être déplié. ils sont très nombreux, les patients, âgés, allongés sur de semblables sièges, fauteuils de repos.

quand je repars rencontre homme couloir de l’hôpital sortons.

prend tram pour acheter disques. long. me perds. me trompe. trouve disquaire. achète disque. fais comme si je m’y connaissais en musique (ha ha)

dois rentrer prendre le tram, me perds, rencontre homme, puis voyons énorme accident de tram. tram, s’élève dans airs, se retourne, retombe , se fracasse

notre tram ne peut plus partir . allons chez lui, lui, peut-être fils d’africain ou revient d’Afrique. arrivent d’autres femmes. lui au téléphone. parle de sa petite amie qui habite « en bas ». etc. etc. etc.

hier avions terminé paquet de cigarettes mère et moi. quand fume ne bois pas. dès que ne fume plus, bois (soif). donc mangé, beaucoup, trop. mangé parce que plus de cigarette. ne pas me peser.

pas le courage de recopier ces notes sur ordi. et surtout dès que j’y suis, sur l’ordi, me mets à faire autre chose. (or je veux écrire écrire)

oreilles jules guéries.

est-ce que thème de « Détruire dit-elle » ,un des thèmes, n’est pas le même que celui de Lol V. Stein – où Lol regarde de l’extérieur par fenêtre amants. est-ce elle, est-Lol, qui? est-ce que le Stein de « Détruire » a un rapport avec Lol V. ?

Les phrasés, la musique de chacun des personnages, différents. personnage du mari, qui arrive en dernier, le plus proche de la réalité. personnage de Stein, le plus éloigné. si, éloigné, de la réalité, proche de quoi? nu – proche de la voix?

[ entendre la voix n’empêche pas d’entendre (le sens) ]

depuis que j’ai lu Thierry Defize, je n’écris plus, je ne lis plus.

toujours (un peu) peur de l’indécence de ma mère. la possibilité d’indécence.

je recopie ces notes ici le samedi 5 septembre. du rêve, en tout cas, impossible de dire quoi que ce soit. nul souvenir. nulles impressions. (sinon peut-être une impression d’Afrique, mon nom – MU-L-ÂTRE : mon premier petit ami, le garçon avec qui je fais l’amour pour la première fois) (sinon peut-être le disque//mon frère_Frédéric /// disc afric le fric frédéric véronic (n’a pas de fric)) (sinon, cette grande envie de le voir, mon père. sinon, ma tendresse pour lui.) Les fauteuils de repos.

~

Sur Détruire, dit-elle

Maurice Blanchot, un extrait de L’Amitié – Gallimard

* Détruire – Détruire : il a appartenu à un livre (est-ce un  » livre  » ?, un  » film  » ? l’intervalle des deux ?) de nous donner ce mot comme inconnu, proposé par un tout autre langage dont il serait la promesse, langage qui n’a peut-être que ce seul mot à dire. Mais l’entendre est difficile, pour nous qui faisons toujours partie du vieux monde. Et l’entendant, c’est encore nous même que nous entendons, avec notre besoin de sécurité, nos certitudes possessives, nos petits dégoûts, nos longs ressentiments. Détruire est alors, au mieux, la consolation d’un désespoir, un mot d’ordre qui viendrait seulement apaiser en nous les menaces du temps.
Comment l’entendre, et sans nous servir des vocabulaires qu’un savoir au reste légitime, met à notre disposition ? Disons-le calmement : il faut aimer pour détruire, et celui qui pourrait détruire par un pur mouvement d’aimer, ne blesserait pas, ne détruirait pas, donnerait seulement, donnant l’immensité vide où détruire devient un mot non privatif, non positif, la parole neutre qui porte le désir neutre. Détruire. Ce n’est qu’un murmure. Non pas un terme unique, glorifié par son unité, mais un mot qui se multiplie dans un espace raréfié et que celle qui le prononce anonymement, jeune figure venue d’un lieu sans horizon, jeunesse sans âge, d’une jeunesse qui la rend très ancienne ou trop jeune pour paraître seulement jeune. Ainsi les Grecs saluaient en chaque adolescente l’attente d’une parole d’oracle.

muller & muller

image

rêve de l’autre jour:
« muller & muller . S1 S2.  l’holophrase!  mais comment séparer ce qui est le même?  »
réveil ce matin :
muller et muller
14 . 18 et 40 . 45
la guerre et la guerre
M . U . double L . E .  R
L . L
comment séparer ce qui est le même
je ne sais pas compter je n’ai pas d’accès à l’histoire
la preuve est là
1 .2 c’est facile
c’est à  trois que les difficultés commencent
l ‘ordinal!

du père le nom est le même, double
le corps non

joie du drame

pour sortir du même il faut et il suffit du zéro : « la place du sujet »
vous le saviez déjà. désir et jouissance s’articulent comme s’articulent ordinal et cardinal.

Ma guerre

  J’ai une assez longue analyse derrière moi, et elle se poursuit.
 
 J’ai eu la chance de trouver sur ma route récemment un groupe de l’ACF, Escapades, mis en place par G. C. J’ai été invitée à y participer, et ma foi, j’y trouve beaucoup de bonheur. Je connaissais un peu les personnes qui en forme le noyau de base pour les avoir rencontrées sur Twitter, l’année où Miller nous y a invités. Je me suis occupée de mettre en place un blog qui reprend quelques un de nos mails, puisque ce groupe est basé sur des rencontres, des visites, des spectacles, autour desquels des mails s’échangent. C’est moi également qui avais l’année dernière repris sur un blog, un autre blog, le cours de Jacques-Alain Miller.
 
Récemment également l’école s’est confrontée à des événements d’une actualité brûlante, Syrie, Libye, BHL, Rafah Nached, et cela ne peut se faire, on le voit, on l’a vu, sans qu’elle ne ne taise cette autre terrible guerre, Israël-Palestine, sans qu’elle ne se souvienne de 40-45 et de l’holocauste, sans qu’elle n’arrive à éviter la question de antisémitisme. Je le dis brièvement, de mon point de vue. je me suis dit : peut-être qu’il n’y a pas moyen de se faire une opinion sur l’actualité sans une remise à plat, sans une confrontation à ces questions-là.
 
 Un mot sur ma guerre.
 
 Elle a sa lettre dans le prénom de ma mère, lut gar de : Lutgarde : l’art de lire G. l’art de lire le point G.
 
 Une mémoire, celle de mon père, qu’il rappelait jour après jour. Sa façon a lui d’aller vers l’autre, de le rencontrer, de sympathiser : lui parler de la guerre. Les gens se rencontrent dans la guerre, dans la conversation autour de la guerre, c’est comme un feu, trouble. Très peu dans sa peinture. Un soldat, peut-être, un tank. Il était jeune. Ils ont caché une famille de juifs. Et c’est le père, Sterling, qui a initié mon père à la peinture. Au départ d’images que mon père lui ramenait. Notre nom était allemand. Mon oncle fou. Ma tante se coupe les tresses à l’entrée des troupes allemandes dans Bruxelles.
 
 Ma guerre pourtant manque absolument d’histoire, ou l’a arrêtée. 40. 14. Deux dates. Comme je m’en suis aperçue à la lecture d’un texte de R. Warschawsky, quand je l’ai traduite de l’anglais pour un numéro de la revue Quarto. 40-45, 14-18, les seules dates que je retienne. L’une, son double. L’une, sa répétition.
 
 Double L de mon nom. L-L. Plus tard, double i. Miller. Müller. à une lettre près, un i, un u, un point, deux points, un tréma.
 
 Un réveil, l’autre nuit : muller et muller. S1 et S2, l’holophrase. Son nom, de mon père. Le mien. Le même, mais comment séparer le même.
 
 J’ai le projet d’écrire un livre sur lui. Jacques Muller, une vie à l’œuvre. 
 
 Je me suis mise en tête de donner un nom à mon père. En manque-t-il. Sans quoi, je ne peux en avoir un. C’est assez logique, non.
 
 

cette absence de nom et la mienne

« Se trouver dans un trou, au fond d’un trou, dans une solitude quasi totale, et découvrir que seule l’écriture vous sauvera. Être sans sujet aucun de livre, sans aucune idée de livre, c’est se trouver, se retrouver devant un livre. Un immense vide. Un livre éventuel. Devant rien. Devant comme une écriture vivante et nue, comme terrible, terrible à surmonter.(…) Si je n’avais pas écrit, je serais devenue incurable de l’alcool. C’est un état pratique d’être perdu sans plus pouvoir écrire… (…) Je ne sais pas comment je me suis tirée de ce que l’on peut appeler une crise, comme on dirait crise de nerfs ou crise de lenteur, de dégradation. (…) Quand on sort de soi, tout un livre, on est forcément dans l’état particulier d’une certaine solitude qu’on ne peut partager avec personne. On ne peut rien faire partager. On doit lire seul le livre qu’on a écrit. (…) Écrire, c’est tenter de savoir ce qu’on écrirait si on écrivait. »

Duras, Écrire, Gall., p.24-27-42-65

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sortir d’une nuit légèrement insomniaque ou j’ai finalement pris un anxiolytique pour m’arrêter de penser et m’endormir, ce qui était peut-être une lâcheté morale.

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sur l’oubli du nom, moi, là : https://disparates.org/escapades/apres-coup-descapades-freund-et-benjamin/

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d. : tu fais de cet oubli un symptôme, tu construis un symptôme.

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jusqu’à ce qu’il me soit apparu que je n’ai pas de nom, que le nom est cela que j’attends encore qu’on me donne, qui toujours doit m’être donné, ultimement, comme ces noms de femmes dans les livres de duras leur sont donnés, tantôt par duras même, qui ne cesse de les écrire, et réécrire, prononcer et reprononcer, tant il est vrai que l’écriture de duras est une voix, de les mettre dans la bouche de leur amant qui alors le leur donne, à elles. et comment de ce don-là j’ai rêvé comme s’il pourrait alors atteindre le centre de mon être, de mon corps, comme une flèche. sont-ils, les autres, à ce point séparés de leur nom que je le suis. que faire de ce nom qui ne tient à rien que je n’aime pas que j’avouais autrefois volontiers échanger contre celui d’un homme d’un amour que je rencontrerais, un nouveau nom reçu alors dans le mariage d’un homme et par moi adopté. le nom contient-il une sagesse, ou le lien que je trouverais à nouer avec lui? ou peut-on simplement y renoncer ? quel est donc ce nom perdu comme je pensais hier cette perdue solitude. qu’il n’y a rien entre mon nom et moi, rien, une distance, un désamour, j’essaie seulement, maintenant qu’on est le matin, d’écrire ce qui m’envahissait cette nuit, qui m’apparait me revient maintenant sous des airs artificiels, la certitude, cette nuit était grande. le texte long. le texte dans ma tête pour tenter de dire cette absence de nom et la mienne.

l’enfant-loup des lefort

comme si de nom il ne m’avait pas été donné, de baptême il n’y avait pas eu. le souvenir de mon émoi à la lecture de cet auto-bapteme, dans lacan, séminaire 2, peut-être, un enfant des lefort, soigné par les lefort, l’enfant-loup, son cas rapporté par rosine lefort, au cours d’un séminaire de lacan, l’enfant-loup qui se baptise, moment pour moi d’émotion pure, passage que j’avais lu à mon père, tant il contenait pour moi l’émotion de la psychanalyse. et qui l’avait ému. au moins impressionné..

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