in the morning

2 mai 2006 | mai 2006 | brouillonne de vie | , , |

// 2 mai 2006, 8 heures 22

/ j’aurai commencé la journée avec des harengs sauce moutarde de chez Ikéa / j’aurai également commencé la journée avec une douche prise / j’aurai commencé la journée comme une vraie travailleuse — aujourd’hui, c’est 5 heures que je dois faire. j’ai dimanche fait mon planning du mois, c’est presque enthousiasmant : si ça marchait / je n’ai pas casé, nulle part, l’écriture. travail, uniquement travail, 5 heures par jour, week-end non-compris.

hier encore une fois, j’ai regardé la télévision. qu’on veuille tenir cet aveu pour un mea culpa. il y a eu alexandre le bienheureux, dont j’avais gardé un souvenir d’enfance assez joyeux, qui a été déçu – légèrement.  on voit quelques minutes du film et du haut de toute son expérience, on sait à quoi on a affaire, on n’est pas libre de continuer à regarder ou pas ;  en ce qui me concerne : contrainte je suis de continuer à regarder des conneries. surtout des conneries. ensuite, un film de mocky, avec bourvil, un drôle de paroissien, c’est ça? je ne sais plus.

maintenant, je dois travailler. (en vérité, je n’ai que 4 heures à faire, parce que hier, j’en ai fait 6, 6h 14, plus précisément).

symptôme et sinthome // désir et jouissance

2 mai 2006 | mai 2006 | jacques-alain miller, psychanalyse | , , , , , , , |

je suis payée pour lire :

« Cette différence, propre à Lacan, du symptôme et du sinthome, nous montre bien pourquoi nous avons aussi besoin de deux termes comme ceux de désir et de pulsion. Le désir a ses intermittences tandis que la pulsion a sa constance. Il y a du côté du désir tout un jeu de masques et il est incessamment travaillé par une négativité interne, si je puis m’exprimer ainsi, alors que, du côté de la pulsion, nous avons une positivité plus ou moins grande.

Du côté symptôme et vérité, tout repose sur le manque. Du côté sinthome et jouissance, il n’y a pas de manque.

Du côté du symptôme, c’est la répétition de la rencontre manquée, une répétition de l’évitement, tandis que du côté du sinthome, c’est la répétition de ce qui soutient le sujet dans l’être, et pourquoi tout lui est bon. Ce n’est qu’en termes économiques qu’on pourra ici parler de plus et de moins. »

Conclusion des Leçons du sinthome, Journées ECF 2005, Jacques-Alain Miller

symptôme
désir
négativité interne
manque

sinthome
pulsion
positivité
pas de manque

ça m’suffit

4 mai 2006 | mai 2006 | my life as a blog | |

/ hello hello / ( je travaille beaucoup plus que 5 heures par jour/ après, je m’écroule /)

(du coup, le besoin la tentation du tout écrire, coucher sur ne se fait plus sentir

( je pourrais presque dire / je dirais / de ce que je fais : ça m’suffit / rester dans la bribe : au moins ça : la bribe. la bribe et le vent. / ou garder le cap sur la prairie. la pairie. probablement, vaudrait-il la peine que je re-jette des_coups_d’œil_en_arrière. me relise.

or ça, il faut que j’ajoute également : mon corps.
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il y a eu ce moment où je n’ai plus voulu pour lui – où ça s’est insinué en moi –  qu’il passe des heures devant un écran. et je cherche en ce moment, le moyen, ma façon, qui me permette de travailler autrement.
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je parle de ce travail que je fais « pour moi » – les trucs que j’essaie ici, en écrivant. je voudrais / chercherais / qu’il se construise ailleurs que dans du virtuel – c’est peut-être juste une question d’état d’esprit, à modifier. oui, c’est important, ça, ce refus qui s’est fait, en moi. comme si l’écran n’y suffisait pas. non pas comme si : parce que l’écran ne me suffit plus. (d’où, ce que j’y fais en ce moment : le minimum, me suffit).

l’infinie perturbation

5 mai 2006 | mai 2006 | my life as a blog, brouillonne de vie | , , |

peur d’être trop inconsciente vraiment trop inconsciente et alors quoi il n’y aurait pas moyen d’en savoir plus / ils aiment et ils ne savent pas qu’ils aiment ils détestent et ils ne savent pas qu’ils détestent ils désirent et ils ne savent pas qu’ils désirent ils jouissent et ils ne savent pas qu’ils jouissent.

croyez que je n’y crois plus, à ce que je fais, ici. ce blog. (ça ne me fait plusvibrer).

dans mes liens, j’ai rajouté un lien sur jiveziplak, parce qu’elle
c’est elle, ce site, qui m’avait fait reprendre un blog.

avant ça, l’autre qui m’avait fait rêver d’en prendre un, quelle perturbation, à ce moment-là, ç’avait été, comment s’appelle-t-elle déjà, virginie despentes. virgine despentes, écrivain, avait ouvert un blog. je m’attendais à ce qu’elle y parle de ce qui m’avait dérangée dans ses écrits. à cette époque-là, j’étais très sensible à ce que les femmes écrivaient pouvaient écrire de leur sexualité. à ce moment-là, ça me dérangeait terriblement, dans ma propre vie amoureuse, cette idée de n’être pas comme elles. j’aurais voulu  chercher tracer pointer ce qui d’elle_à elle_à elle aurait pu faire lien, j’aurais voulu qu’elles, qu’elles toutes m’en disent plus, et que je m’y retrouve. ne pas m’y retrouver alors que je croyais en ce qu’elles disaient, c’était l’infinie perturbation. je me souviens d’une image qu’elle avait publié sur son blog, v. despentes, qui est venue m’encombrer au moment des gestes les plus. ensuite, à force d’être perturbée,
le temps, l’écriture, les cris, les pleurs, les angoisses, les explications, l’analyse,
j’aurai compris que la norme qu’il m’aurait plu d’établir, la norme de la sexualité féminine, il n’y en n’avait pas. compris, renoncé. bah bah bah. (malgré que toujours je n’aime pas déteste continue de détester la pornographie, et probablement qu’au travers de cette détestation je continue d’aimer à ce que je crois, continue de croire, de la sexualité féminine. à cette époque, j’étais très grands chevaux sur ces choses, très bataille, guerroyère, avec la tête secouée et la main portée à la bouche puis sur le coeur.)

il y avait eu un grand croire à la jouissance féminine. eh bien, la jouissance féminine n’est pas ce qu’on croit.

Événement Lacan (1) – 2 rêves : les analystes blancs, le bouillon de jules

7 mai 2006 | mai 2006 | événement Lacan, RÊVES |

Dimanche, 7 mai 2006, 8h17

Trop de rêves ces jours-ci, alors que ce sera mercredi peut-être ma dernière séance, et cette nuit, quel cauchemar, au point que je ne sache si je peux le raconter ici.

L’événement Lacan

Le rêve : J’arrive quelque part pour un événement autour de Lacan, grand événement. Salle. Attente. Spectateurs, attendent. Je suis dans le fond de la salle, du côté des grandes portes en bois, blanches à moulure dorées. Je remarque que les premiers rangs sont occupés par des chemises blanches. Certaines pas si blanches que d’autres, mais blanches quand même. Je trouve ça un peu ridicule, étrange, qu’ils soient tous comme ça en uniforme, les psychanalystes. Je pense que je distingue mon propre ex-analyste, chemise blanche. Et puis aussi, comment s’appelait-il, ah oui, JC, Jean Claude, chemise blanche.

Peu de monde. Trouve facilement à m’asseoir, mais décidément, il est trop tôt. Me relève, vais faire un tour. Le monde commence à affluer. On me pique ma place (!) Je me dis qu’il faut que je m’en retrouve une. J’en repère une entre deux psychanalystes. J’hésite un peu, j’y vais. Celui à ma gauche tient un bébé dans les bras, très petit. 4 mois, me dit-il quand je l’interroge. Je lui dis « Ah ! 4 mois, c’est drôle, à ce moment-là, le temps paraît infini, on ne sait pas du tout ce qu’il y a devant, dans quoi on est« . Je dis ça en pensant à Jules, aux sentiments que j’éprouvais quand il est arrivé, au début, y a pas si longtemps et dont je me rends compte que je n’arrive plus à dire grand chose. C’était relativement dur, par certains côtés, et oui, j’aurais bien aimé qu’on me dise combien de temps ça allait durer, comme ça. Ces trucs si compliqués avec le sein à donner – le lait qui venait, se tarissait – , plus tard tout le travail avec les biberons. La proximité constante dans laquelle il fallait rester avec lui, qui ne dormait jamais le jour, dont le trop petit poids alarmait les soignants. Vraiment, à ce moment-là, on ne sait pas dans quoi on est. M’aurait-on dit, ça va se clarifier à partir du neuvième, dixième mois, j’en aurais été rassurée. Lui, le psychanalyste, me répond de façon très antipathique. Genre « Ah oui. » Genre, je n’en ai rien à foutre. Ça m’est insupportable, je me lève, m’en vais. Ça n’a toujours pas commencé. Découvre ce qui retarde. Dans la salle, sur la droite, espace s’agrandit, devient énorme, quelque chose n’a pas été démonté, je crois. C’est la foire, en fait, on est dans quelque chose de l’ordre de la foire commerciale.

Au réveil, je me dis qu’est-ce que c’est que ce rêve. Je pense que je dois le noter, l’analyser. Puisqu’il a été question, lors de mon dernier rendez-vous que le prochain pourrait être le dernier. Je me dis, alors c’est comme ça que je les vois/voyais les psychanalystes. C’est l’uniforme surtout, les chemises blanches, l’identification, à Lacan, qui me frappe. Ou est-ce que j’en suis par rapport à ça ? Et puis, la foire, le commerce, ça m’est très étranger, me semble-t-il, cette éventuelle façon de voir le monde analytique, le monde des écoles analytiques.

Jules ébouillanté

Voilà, entre-temps j’ai oublié le cauchemar de cette nuit. Je crois que Jules est plongé, vivant, dans une casserole d’un liquide bouillant. Comme c’est trop atroce, « ça » essaye de faire croire qu’il ne s’agit pas de Jules, mais d’un légume. Or, le légume crie. S’agit-il d’un fagot de haricots? Je dis, mais il crie. Oui, oui, il crie, me répond son père. Ses peaux tombent, des feuilles se détachent, s’envolent. J’étais là avec son père, et c’était nous qui le faisions. Et c’était trop tard, pour revenir en arrière.

Evénement Lacan (2) – l’événement là-camp
— (et le rêve du Sang N)

7 mai 2006 | mai 2006 | événement Lacan, RÊVES | , , , , , , , , |

Je reviens aux rêves de L’événement Lacan.

Je veux noter maintenant tout ce qui me vient à l’esprit à propos de ces rêves.

Dans le premier rêve, il s’agit donc d’un « Événement Lacan », d’une réunion, d’une conférence, d’une table ronde autour de « L’événement Lacan. » Dans le second rêve, il s’agit d’un enfant ébouillanté.

D’abord, je ne peux m’empêcher de penser que  l’arrivée d’un enfant, auquel le premier rêve se réfère également, avec le bébé de 4 mois dans l’assemblée,  constitue un événement autrement plus événementiel que n’importe quel « Evénement Lacan ».

A la naissance de Jules, j’avais dit ça, que la naissance, le moment de la naissance, quand il est sorti de moi, avait constitué le plus gros événement que mon corps ait connu. Le plus important événement de corps.

Après, je m’étais trouvée embêtée d’avoir dit ça, repensant à la définition du symptôme par Lacan comme « d’un événement de corps ».

Dans le rêve de « L’événement Lacan », il y a les éléments blancs. Les chemises blanches des analystes aux premiers rangs et les grandes portes blanches. On peut y voir d’une part les chemises de l’identification, les chemises du signifiant ;  d’autre part, la porte, est par excellence « représentante » du signifiant, d’un dedans et d’un dehors, d’une ouverture et d’une fermeture, d’une entrée, d’une sortie, elle clôt une entité, la détermine. Avec les chemises blanches, je vois aussi les chemises de l’identification de masse aussi (ex: les chemises brunes), les chemises de guerre.

Avec l’événement naissance  – on se trouve dans quelque chose à quoi ne convient, auquel n’accoler aucune chemise blanche aucun uniforme, ni uniforme ni porte – c’est hors identification, hors signifiant (sauf qu’il doit certainement être là pour soutenir, sinon, ça serait insupportable).

l’événement naissance, si c’est une entrée, si c’est un avènement, c’est l’avènement d’avant la chemise, ça vous arrive, c’est sans comparaison, et ça arrive au corps, au corps d’abord.

Quand les chemises et les portes sont blanches du sang blanc, du semblant.

 

Dans le rêve de Jules ébouillanté, il est question d’un fagot. De Jules en fagot, passé à l’eau bouillante :

« Jules est plongé, vivant, dans une casserole d’un liquide bouillant. Comme c’est trop atroce, « ça » essaye de faire croire qu’il ne s’agit pas de Jules, mais d’un légume. Or, le légume crie. S’agit-il d’un fagot de haricots? « 

La dernière fois que j’ai rêvé d’un « fagot », c’était il y a longtemps. Mon père était toujours vivant, je le lui avais raconté. C’était au moment des dits événements de Timisoara, en 1989, des charniers qui auraient été découverts à Timisoara.

« Timisoara libéré découvre un charnier. Des milliers de corps nus tout juste exhumés, terreux et mutilés, prix insupportable de son insurrection. »

Plus tard, on découvrira  que ça avait été des inventions de journalistes. Sur le moment même, j’avais été particulièrement impressionnée.

Avec ça, « Timisiora », on tient l’un des « souvenirs latents » du rêve. En effet, vendredi, M est passée ici, à Paris, a logé chez nous. M est roumaine, nous a parlé de la Roumanie. Ça, s’était donc avant-hier.

Ensuite, hier, allongée, fatiguée, je lis le magazine PATATE. Dont la couverture rose, avec son enfant qui porte un uniforme des camps dits de la mort, m’impressionne, me poursuit en pensée-image, me revient en pensée-image, tout au long de ma lecture.

Vers la fin du magazine, il y a deux trois pages qui m’enthousiasment, des photos des murs couverts d’images de l’appartement de Pascal Doury.  Je ne pense pas grand chose : « Papier peint« . Papier peint, l’image de la couverture, les couleurs, et puis ce sentiment d’un possible.

Dans le magazine, il y a aussi, tellement étrange, poignant, le journal tenu d’un vieil homme de ce qu’il a mangé ou pas, ses argents, toilettes, par une/les aide(s)-soignante(s), et sa/ses enfant(s).

Bon, je repars sur le « fagot« , le fagot de haricots.  Je ne me souviens plus exactement du rêve autrefois fait au moment des événements de Timisoara.

Je lance une recherche sur mon ordinateur pour retrouver le texte du rêve. Mais je ne suis pas sûre que le terme était bien « fagot ».  Je repars à partir de « fascisme ». « Fascisme », le terme, ça vient de où, encore?

Pour  « fascisme », je trouve :

Emprunté de l’italien fascismo, de même sens, dérivé de fascio, « faisceau », du latin fascis, «fagot, faisceau ».

et puis aussi:

pompéi, villa des mystères, l’initiation au culte de Dionysos

Le mot fascisme vient des groupes appelés fasci (faisceaux) qui eux mêmes désignaient les faisceaux des licteurs dans l’ancienne Rome. Ces insignes étaient formés de baguettes autour d’une hache.

et encore:

« Fascisme » vient de l’italien fascio « faisceau de licteurs romains ». Les licteurs romains dans l’Antiquité étaient des officiers publics qui marchaient devant les grands magistrats en portant une hache placée dans un faisceau de verges

enfin :

« Le fascisme dans son sens et sa racine se rapproche de la fascination. Le «fascies», le faisceau, était le symbole de la république romaine. Paquet de verges de bouleaux nouées ensemble il symbolise bien cet effet de rassemblement sans faille de la masse que le totalitarisme recherche. Plus d’espace entre le moi et l’autre. Dans une totale aliénation à l’autre, le poids de l’inconscient et de son inhérente culpabilité s’allège. Dans un lien inaltérable à l’Autre, celui qui pourrait infailliblement dicter ce qu’il faut désirer, le fasciste évite le doute, la faille, le manque dans l’Autre. Le fascisme comme projet politique prétend répondre à la diffcile question de la séparation des sexes, de leur rôle. » ( source : http://www.association-freudienne.be/pdf/bulletins/27-BF25-26.06.DE_BROUWER.pdf )
 

A me laisser dériver du fagot de haricots au faisceau de verges et au fascisme, je retombe curieusement sur ce qui se dénonçait d’effet identificatoire, et de fascination, avec les chemises blanches du premier rêve.

Que dit le deuxième rêve? Quelque chose de l’effroi à lié à la naissance, sans que j’arrive à en dire beaucoup plus. Lié à la naissance, à la mise en fagot.

Voici le rêve, « le rêve du sang N« , et un extrait des notes sur ce rêve de 1989 où il était déjà question de « fagot » :

On m’injecte du sang N. On me vide de mon sang et on me transfuse du sang N. Quand je suis pleine de sang N, je suis toute de N, je vais sur la terrasse, c’est la nuit, tout est N. Je suis aussi N que la nuit, puisque je suis aussi N que la nuit, je passe la balustrade, je vais me coucher dans le N. Mais je tombe. Je suis morte.

Après ma mort, on découvre un scandale, un scandale comme la découverte d’un charnier. Je vois, l’on découvre, dessus les armoires dont je m’amusais à sauter quand j’étais petite, des fagots, des liasses liées de chambres à air vides, mortes – ce sont des restes de N.« 

Pendant tout le rêve, je sais que le N est là pour Noir. C’est du sang Noir qu’on m’injecte; et les fagots de chambres à air, ce sont des restes de noirs, tués, génocidés.

Le sang noir opposé au sang blanc. Je le sais. Quelques jours auparavant, cette conversation. « Black and White » lui avais-je dit, à quoi il avait doucement souri. Et la veille, la nuit, Blanchot, L’ami qui ne m’accompagnait pas, endormie possédée par cet « ami qui ne m’accompagnait pas ».

Le sang noir opposé au semblant, je le sais. Il s’emplit le corps du chiffre de la jouissance, je meurs, si je le laisse, si je me laisse inonder, alors, je meurs, sang N dans le sang N. Il faut choisir. Il faut accepter le sang blanc. Ne pas mourir N.

Est-ce qu’il ne s’agit pas de l’effroi face au sang blanc. Le sang blanc des chemises blanches, des portes blanches avec leur cadre doré, imaginaire, par où cependant la sortie peut se prendre. Et le sang noir : sacrifié.

Comment le dire, sinon que vivre, rentrer dans la vie, c’est un peu rentrer dans le camp de la mort. Que naître c’est d’abord cet événement extraordinaire qui vous arrive au corps et ensuite, c’est cette prise dans le faisceau des identifications.

Durant ses derniers mois, mon père, entre deux comas, entre la vie et la mort, pensait que nous étions juifs, que nous étions tous juifs dans la famille.

Ces rêves me ramènent à ça, à ce  « tous juifs ».

Le paradoxe. Ce qui essaie de se penser dans ce « tous juifs », c’est à la fois la lachose, le reste, le déchet, cela qui ne rentre pas dans l’ordre du signifiant, le réel. Ce à quoi les nazis ont essayé de ramener les juifs. Les bouter hors du signifiant. Qu’ils n’aient jamais existé. Mais, enfin, cette chose, ce reste, lequel d’entre-nous n’en n’est ? Et que dans l’inconscient ce qui du corps pâtit du signifiant s’y identifie, à ces victimes-là, des camps de concentration ? Que le drame du « parlêtre »  trouve son conte là ? Et que l’on retrouve dans le faisceau du fascisme, le fagot des haricots, la concentration des camps.

l’événement naissance, l’événement là-camp.

suffit.

 

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