l’infinie perturbation

peur d’être trop inconsciente vraiment trop inconsciente et alors quoi il n’y aurait pas moyen d’en savoir plus / ils aiment et ils ne savent pas qu’ils aiment ils détestent et ils ne savent pas qu’ils détestent ils désirent et ils ne savent pas qu’ils désirent ils jouissent et ils ne savent pas qu’ils jouissent.

croyez que je n’y crois plus, à ce que je fais, ici. ce blog. (ça ne me fait plusvibrer).

dans mes liens, j’ai rajouté un lien sur jiveziplak, parce qu’elle
c’est elle, ce site, qui m’avait fait reprendre un blog.

avant ça, l’autre qui m’avait fait rêver d’en prendre un, quelle perturbation, à ce moment-là, ç’avait été, comment s’appelle-t-elle déjà, virginie despentes. virgine despentes, écrivain, avait ouvert un blog. je m’attendais à ce qu’elle y parle de ce qui m’avait dérangée dans ses écrits. à cette époque-là, j’étais très sensible à ce que les femmes écrivaient pouvaient écrire de leur sexualité. à ce moment-là, ça me dérangeait terriblement, dans ma propre vie amoureuse, cette idée de n’être pas comme elles. j’aurais voulu  chercher tracer pointer ce qui d’elle_à elle_à elle aurait pu faire lien, j’aurais voulu qu’elles, qu’elles toutes m’en disent plus, et que je m’y retrouve. ne pas m’y retrouver alors que je croyais en ce qu’elles disaient, c’était l’infinie perturbation. je me souviens d’une image qu’elle avait publié sur son blog, v. despentes, qui est venue m’encombrer au moment des gestes les plus. ensuite, à force d’être perturbée,
le temps, l’écriture, les cris, les pleurs, les angoisses, les explications, l’analyse,
j’aurai compris que la norme qu’il m’aurait plu d’établir, la norme de la sexualité féminine, il n’y en n’avait pas. compris, renoncé. bah bah bah. (malgré que toujours je n’aime pas déteste continue de détester la pornographie, et probablement qu’au travers de cette détestation je continue d’aimer à ce que je crois, continue de croire, de la sexualité féminine. à cette époque, j’étais très grands chevaux sur ces choses, très bataille, guerroyère, avec la tête secouée et la main portée à la bouche puis sur le coeur.)

il y avait eu un grand croire à la jouissance féminine. eh bien, la jouissance féminine n’est pas ce qu’on croit.

Ca ne prévient pas, ça arrive, ça vient de loin

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Erik Dalzen - Coffee Maker, 2007

Donc, on peut dire qu’avec la question des identifications on découvre, dans un trajet analytique, le fait qu’on ne peut pas soutenir par une identification une position féminine. Que toute la dynamique des identifications passe nécessairement par le système signifiant, et passant par le système signifiant, réinscrit, on peut dire, le féminin du côté phallique, du côté emblème.

[…]

Le passage que Lacan va faire, on va dire la révolution lacanienne, c’est d’envisager donc de nouveau la question du féminin, mais cette fois à partir de la question de la jouissance; non pas à partir de la question de l’emblème, de l’insigne ; non pas à partir de la question du fétiche, de la mascarade ; non pas à partir de la question des identifications, mais à partir de la question de la jouissance.

[…]

Vous connaissez peut-être l’histoire de Médée dans la mythologie grecque. Médée est donc une femme, qui, – je simplifie l’histoire – par amour pour un homme, Jason, tue son père, peut-être même son frère aussi et s’en va avec lui, se met à son service, l’aide dans ses tâches diverses et variées et a deux enfants de lui. Dans leur pérégrination, à un moment donné, ils arrivent dans un royaume et là, Jason tombe amoureux de la fille du roi et entend l’épouser, et donc laisser Médée, abandonner Médée, considérant que, finalement, elle est un peu trop sorcière pour lui.

Alors, qu’elle va être la réponse de Médée ?

[…] Naturellement, Médée dit très clairement que elle ne va pas le tuer. Non, elle va faire autre chose. Elle va sacrifier, on va dire, tuer les deux enfants de Jason qu’elle a eu avec lui, donc ses deux propres enfants. Pourquoi ? Parce que les enfants d’un homme, les enfants qu’une femme a avec un homme, c’est-à-dire la mère en elle, situent cet homme à partir de sa descendance, et donc inscrivent, si vous voulez, cet homme dans la chaîne symbolique de filiation, dans la famille à partir du nom, à partir du nom du père. Donc, ce qu’elle va chercher, si je puis dire, à ébranler par vengeance c’est précisément le nom de Jason. Le nom de Jason, en tant que ce nom, est ce qui pourrait lui succéder et ce qui le représentera, si je puis dire, dans l’avenir, dans la filiation qui continuera à, en quelque sorte, le rendre existant. Donc, elle tue ses deux propres enfants pour taper, si je puis dire, dans l’ordre symbolique, pour ébranler l’ordre symbolique, et allant encore plus loin, alors que Jason lui demande les corps de ses enfants pour les enterrer, c’est-à-dire pour mettre un nom sur une tombe, elle lui refuse les deux corps des enfants qu’elle emmène avec elle – dans l’histoire mythique on dit qu’elle les emmène sur un char – pour aller rencontrer un nouvel amour, un nouveau partenaire. Donc, elle ne lui laisse même pas, si vous voulez, le nom de l’enfant qu’il a eu avec elle, et elle lui signifie que ce qu’elle fait là… – c’est évidemment sur le versant de la haine et de la haine symbolique, c’est-à-dire d’une haine qui vise le sujet et non pas qui vise la personne, puisque comme je vous l’ai dit elle lui laisse la vie sauve – Elle lui laisse la vie sauve pour, en quelque sorte, décompléter le fonctionnement symbolique dans lequel il est totalement inscrit.

[…]

Pour résumer, je dirais donc que cette jouissance féminine à laquelle l’enseignement de Lacan aboutit vers la fin est une jouissance autre, c’est une jouissance, donc, qui n’est pas une jouissance liée à un organe, qui n’est pas liée aux représentations et à l’ordre signifiant, qui est donc au-delà du sens sexuel ou du sexe comme sens. C’est, par conséquent, la problématisation d’une position féminine au-delà de la fonction paternelle. C’est-à-dire le féminin quand il n’est pas pris totalement dans la fonction Nom-du-Père, fonction dont Lacan considère avec Freud, qui lui l’énonce en termes d’œdipe, qu’elle est le centre et le pivot du fonctionnement symbolique. Donc une jouissance pas totalement symbolisable qui échappe au processus de symbolisation.

[…]

Donc, on peut dire que pour Lacan, il y a un au-delà de l’Œdipe et que c’est à partir de l’au-delà de l’Œdipe – ce qui veut pas dire sans l’Oedipe, vous sentez bien – Il y a un au-delà de l’Œdipe qui permet de définir quelque chose de l’ordre du féminin, simplement cela ne se définit pas en termes de pouvoir, cela ne se définit pas en termes de groupe, cela ne se définit pas en termes d’emblèmes et d’identification. Cela ne se revendique pas non plus. Voilà… La jouissance féminine, ça ne se revendique pas, ça arrive. Ça arrive d’une part, et puis ça s’agit d’autre part, mais tout ce qui est du côté de la revendication fait immédiatement tomber du côté phallus.

Bien voilà…

Marie-Hélène Brousse,  » Qu’est-ce qu’une femme ? »

“La sensation”
— à la place de ma mère

La sensation. Souvenir m’en est revenu dimanche soir. J’avais passé le week-end à la retranscription du cours de Jacques-Alain Miller. J’étais un peu vidée. Contente, mais dans le doute, comme je peux l’être à chaque fois que j’ai passé « trop » de temps à quelque chose. Je voulais me remettre à la séance psy du lendemain, retourner, réinvestir ça, l’analyse.

Comme je pensais aux derniers mots du dernier cours de Miller, sur la jouissance féminine, je me suis souvenue de la sensation que j’avais décrite à G (l’analyste rencontré au moment de mon arrivée à Paris). Il  m’avait répondu :  « C’est un très bel exemple, une très belle description de jouissance féminine, ce dont vous me parlez là ». Je n’avais pas été vraiment convaincue, pensant que la jouissance féminine, c’était ce dont, justement,  on ne pouvait pas parler.

Ce dont il s’agit.

Enfant, j’ai beaucoup manqué l’école. Je simulais la maladie en faisant augmenter artificiellement la température du thermomètre. Des otites m’étaient à chaque fois diagnostiquées et, maintenant que j’y pense, des angines (blanches). Je devais alors rester à la maison – en général une semaine. J’étais autorisée à m’installer, à m’aliter,  dans le lit de mes parents, à la place de ma mère.

Parfois, tout d’un coup, ça venait. Ça s’annonçait par une sorte de sensation de ralentissement du temps. Il me semblait que j’entendais le temps ralentir. Tout me semblait aller plus lentement. Rien ne bougeait dans la chambre, mais le temps -même des objets inertes- m’apparaissait. Je l’entendais, ralenti. Le son de la présence des choses m’apparaissait, lent. Alors, couchée sur le dos, les yeux fermés ou ouverts, des parties de mon corps s’allongeaient, s’éloignaient de moi, allaient loin, très loin, et gonflaient. La sensation était si curieuse que je me suis souvent risquée à la vérifier, à la tester – me disant qu’elle disparaîtrait alors, mais non, je pouvais, presque à volonté, en faire l’épreuve, sur une partie au choix de mon corps. Mes pensées se poursuivaient, au ralenti, j’observais, j’étais dans l’infini, calme, dans un espace noir et infini.

J’avais demandé à ma mère si elle connaissait ça, elle m’avait répondu que c’était probablement dû à la fièvre. Comme je savais que je n’en n’avais pas, j’en avais conclu qu’elle ne connaissait pas.

Lors de la dernière séance, lundi, quand je raconte ça, je me souviens, je me rends compte, que j’étais alors dans la chambre de mes parents  chambre sous les combles, au même niveau donc que celui de la chambre blanche dont il était question dans un précédent rêve – la chambre vidée et devant être maintenue vide… 

Comme je racontais cette sensation au docteur G, le psychiatre qui me fait mes prescriptions d’antidépresseurs et que je vois une fois par mois, il me lança :  « C’est ça, vous êtes une usurpatrice ». Oui, cela fait partie du rapport à ma mère, ce sentiment d’avoir été trop aimée par mon père. Mais, dis-je à l’analyste, ce n’est pas de ça dont je voulais parler. Ce dont je voulais parler c’est de cette identification, ce collage, cette répétition d’elle. Par ailleurs, le mot du docteur G était juste. Je ne trouve pas ma place, de penser que je l’usurpe. C’est l’histoire de ma vie. Mais ça n’explique pas l’angoisse qui m’étreint aujourd’hui dès que je suis en sa présence.

Une autre chose m’est revenue – mon père était toujours en vie -, je parlais avec ma mère en voiture, j’étais seule avec elle, elle conduisait, j’étais à ladite place du mort et j’ai pensé  « ça devrait toujours être comme ça » (seule avec ma mère).

 

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