mercredi 31 mai 2006 · 12h11

des suites (et son double)
— (d'1 double qui ne sera pas du semblant)

« Je cherche une double lettre. Je ne sais plus très bien pourquoi, comment, je me dis, il faut chercher la double lettre. A cause du double L de mon nom. Ma mère disait ” Double L, E, R.” Double L. Il faut chercher 2 N. »

double L, double meurtre

vendredi 24 novembre 2006 · 09h49

séance 3,

Aujourd’hui, c’est le lendemain de la séance.

(Bon sang combien de temps, je vais tenir le coup, dans ce template, du template de ce blog, je parle. essayer de tenir, le plus longtemps possible.)

J’étais arrivée disant : « J’ai rêvé que je vous donnais deux lettres d’1 mot, mais je ne sais plus lequel. Déjà dans le rêve, je ne savais plus lequel. 2 lettres : 2 L. Double L, j’ajoute, comme disait ma mère quand elle épelait son nom, son nom de femme mariée. Je vous donne ses ces lettres, dans le rêve, et je crois qu’elle sortent de son nom à elle. Mais pas du tout. Elles proviennent du nom de mon père. De mon nom. »

(Fin de journée. je pense que votre nom à vous commence par 1 L et termine par 1 L.)

La veille je m’étais dit, entre moi et moi, il n’y a rien de pire que mon nom. Je ne dis pas que je n’éprouve pas quelques doutes à ce genre de pensées. Mon nom qui me sépare de moi-même.

J’arrive donc, je dis, je vous donne 2 L. Plus tard, je dis, Lui et moi, nous sommes pareils, et à le dire, à ce dire, à devoir dire ce dire, à le dire, vraiment, je ne saurais dire ce qui se produit alors en moi. ce qui se creuse s’étrangle s’étreint, le hoquet le puits la chute qui s’ouvre; comment c’est possible des choses pareilles.

Je veux dire : nous sommes pareils, dans le même manque. (ce manque que je chéris). (double L dans la voix de ma mère).

mardi 22 mai 2007 · 17h01

le lendemain, dimanche, 14 :18, sur le lit. fenêtre ouverte, vent dans les arbres, ravie.

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revenir sur ce que j’ai écrit hier, à propos des 2 rêves : c’est non, c’est non, c’est idiot, ça n’est pas ça, faut laisser tomber, ces interprétation bidons.

x2, double, reflet, paire
ma mère et moi, 2 maladies, 2 maladies mortelles, 2 mères, 2 frères, 2 amies, 2 amis, grand appartement, 2 blondes, jumelles, reflet,

les contraires
ancien/moderne, 1 brun/1blond

les méchants, les gentils = l’explication du monde
méchants/méchante, faire travailler/travailler

les mères et leur maladies de mère, qui sont en réalité, 1 maladie de femme, 1 maladie mortelle. 1 maladie de jouissance – cancer / brûlée vive.

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dimanche 27 mai 2007 · 13h42

quand l’histoire, la scène, devient un rêve (et retour sur la paire)

Deux séances non racontées.

Une Anna est venue loger ici
– amie de F.

Il y a deux séances donc
– y suis allée avec des pieds de plomb – rien, me semblait-il, à dire. Fatiguée de ce que j’avais commencé à développer ici autour des rêves et de la scène (l’histoire) (des 2 hommes). En séance, lapsus: au lieu d’en parler d’« histoire », je parle de « rêve ». Il, l’analyste, tape du pied. Me dit quelque chose, quoi, je ne sais plus. Puis me parle du fait que c’est quand on ne sait plus quoi dire que ça commence, l’analyse, la psychanalyse. C’était lors donc de l’avant-dernière séance. Et c’est depuis que je n’écris plus ici, à propos des séances. Cours de Miller aussi, troublant. J’ai fait aussi beaucoup de rêves dont je ne me souvenais plus. Dans l’un, je ne retrouvais d’une paire qu’une seule chaussure. Dans un autre, apparaissait à un moment donné, en bas à gauche dans l’image du rêve, un sceau. J’ai retrouvé le mot hier, après l’avoir cherché. Un sceau en cire, de forme ronde et dont le motif était effrayant, m’a réveillée.

Cours de Miller sur le tout dernier enseignement de Lacan (TDE)
, remise à plat, en cause par Lacan lui-même, à la fin de sa vie, de toute son œuvre :
– le sujet supposé savoir
– l’inconscient structuré comme un langage
– la définition du sujet
– la primauté du signifiant sur les registres de l’imaginaire et du réel.
Et son idée d’approcher le réel via l’imaginaire. Ça, c’est pour moi, ce qu’il y a de plus mystérieux.


Et puis, mais non, mais non
, tu le vois bien, qu’il ne faut pas laisser tomber :

2 frères, 2 amies, 2 amis, grand appartement, ancien/moderne, 1 brun/1blond, 2 blondes, jumelles, reflet, méchants/méchante, faire travailler/travailler

Alors qu’ici-même je peux aujourd’hui écrire que d’une paire (de chaussures) en rêve, je n’en retrouve plus qu’une : (c’est que jamais les 2 ne font la paire).

vendredi 14 novembre 2008 · 11h42

quant à la correspondance

je peux hélas affirmer aujourd’hui que je n’ai, jusqu’à présent, cherché d’autre correspondant que celui qui pût m’offrir, en miroir une image – dont le corps fût de lettres.

ce qui m’est apparu à la lecture du texte de la sagna sur l’inhibition publié dans la cause freudienne dont j’ai récemment repris ici un extrait.

(ma jambe n’en devient pas belle pour autant.)

vendredi 21 août 2009 · 09h51

dans l’embrasure

vendredi 21 août 2009 – matin, heure digitale : 9:51.

Cette nuit, rêve encore des Dames de Marie – cours de Chimie/Bio avec prof. contre laquelle NOUS NOUS révoltons.
Entre 2 cours, nous nous réunissons, nous plaignons. sommes dans l’encoignure1 l’embrasement2 l’embrasure3 d’une porte (sortie).

moi + les filles contre prof
révolte

Je dis :  » Et tu te rends compte, ce livre, d’Annie Ernaux, qui se passe pendant ses études secondaires, j’en ai lu seulement quelques lignes : insupportable ! insupportable! cette angoisse des examens ! n’ai pas pu continuer. »

angoisse, insupportable de l’école (racontée dans un livre)

Finalement, nous retournons en classe, c’est la fin de l’année, les examens sont finis mais nous avons encore cours (et je me demande pourquoi).
Nous attendons l’annonce des résultats.
C’est la dernière année. 6ème. Après, fini les Dames de Marie.

angoisse, insupportable c’est fini mais ça continue.
angoisse des résultats.
c’est la dernière année, l’année que j’aurai redoublée pour n’avoir pas voulu passer certains examens.

Il y a Nathalie F.

Nathalie n’était déjà plus aux Dames de Marie. Nous avions fait de la danse ensemble. Plus tard, elle a été danseuse chez Béjart.

Elle est très triste, amoureuse. Je crois que je suis moi amoureuse d’elle. Je suis près d’elle, c’est agréable, elle est triste, je triste aussi. Elle s’approche de l’homme dont elle est amoureuse, il est avec deux autres hommes. Elle lui saute dessus, il est furieux, il s’en va.

je l’aime, elle une femme, elle aime, elle, un homme, qui lui en éprouve de la fureur contre elle

Mais l’un de ses amis revient et prend emporte deux books de Nathalie (books de présentation de travaux graphiques. Nathalie pas graphiste : Mireille, l’était.) Nathalie reviendra ensuite, radieuse, parce qu’elle a trouvé du travail grâce aux books. L’homme est maintenant amoureux d’elle et moi je suis très très triste.

si BOOK/livre/présentation –> alors travail –> alors amour possible
amour d’un homme dont je suis en fait moi amoureuse

Entre-temps, comme voulons retourner au cours, sommes arrêtées dans la cour, parce que très en retard. On nous dit : « C’est pas possible ! On va toutes vous faire redoubler!  » PANIQUE   REDOUBLER
il y a un bus qui est cassé. il faut le faire remplacer. nous disons qu’on ne peut pas nous demander ça maintenant, sinon on va se faire encore plus remarquer (comme étant celles qui cassent le matériel même si de ce crime nous sommes innocentes), et sommes encore plus sûres d’avoir à redoubler.   BUS CASSE
Finalement, pouvons retourner en classe. Mais la prof avec qui nous avions eu des problèmes (et qui en fait un prof qui ME détestait) est partie. Elle en a eu assez. Elle est remplacée par un petit homme.   femme (qui me détestait) remplacée par un homme (insignifiant).

( un homme vient à la place d’une femme)

(et c’est ici que dans le rêve ça passe de NOUS à JE)

Je ne trouve pas de place pour m’asseoir. Je n’arrive pas à prendre de notes. Je me demande à qui je vais pouvoir emprunter des notes ( beaucoup par le passé rêvé de ça, il est vrai que j’avais en réalité beaucoup à le faire, compléter mes notes: je n’allais jamais au cours. les filles au fond n’étaient pas très sympa avec ça. ça devait les énerver que je n’aille pas au cours et que je cherche à ne ne pas en payer les conséquences. d’habitude, je demandais à nathalie, mais je n’étais jamais sûre d’en avoir de complètes. je veux dire que nathalie non plus, ma meilleure amie, ne se montrait pas très « volontaire ». et je n’osais pas trop insister.
le schéma était toujours le même:  » dis, tu me prêterais tes notes? tu peux me les apporter ? – oui oui bien sûr ». et puis, les notes ne venaient jamais. )
  pas de place parmi les filles, plus de place, à cause de mes absences ; pas de place, pas de notes.
demande de notes qui n’aboutit pas. comme le début d’une parano
sentiment d’exclusion.
filles et moi nous séparons.
J’essaie de suivre le cours sans prendre note. Debout.
C’est là que je trouve une place auprès de Nathalie. Il y a toutes ces inquiétudes à propos du redoublement. Une fille revient en disant qu’elle a trouvé une place. Je ne sais pas exactement de quoi. C’est lié à l’école et à l’école de Régentes. (ma mère, « régente »). Je me dis mais enfin, nous ne sommes « qu’assistantes-psycho » (!!!)
  L’autre trouve du travail. Régente ! comme ma mère = ma mère a du travail
avoir du travail = avoir une place

moi exclue du travail

les filles sont un peu jalouses. une sœur (là, c’est de la vraie romantisation de la part du rêve, parce que des sœurs, aux Dames de Marie, des nonnes, il n’y en avait plus, ou plus qu’une, qui d’ailleurs n’enseignait pas. circulait vieille sans rien faire dans l’école, souriante.) elle lui dit qu’elle a gagné, réussi son année, qu’elle aura donc le travail. Il s’agit de nouveau peut-être de cette Anne-Marie ou Annamaria, celle qui me proposait de se marier avec moi dans le rêve les filles l’école lacan.   que dire de cette anne-marie annamaria, c’est une fille très très loin de moi, dont je ne suis pas l’amie. pour qui j’éprouve du respect, sans plus. qui est très « moyenne », sans éclat, sans rien qui ne dépasse, extrêmement sage, en apparence. qui fait tout ce qu’il faut faire. et à qui finalement, les choses réussissent, même si ce n’est pas de façon brillante. elle est gentille.
Puis, il y a l’histoire de Nathalie et de ce type dont elle est amoureuse.    
Le rêve finit donc assez tristement pour moi. Je suis seule.   JE SUIS SEULE ( barrée des autres filles,
du travail,
d’une place,
de l’amour.)
Et je ne sais pas si je vais redoubler à cause de ce prof qui me déteste, dont je raconte même qu’elle m’a exclue du cours ( et d’ailleurs, c’est même pas sûr qu’elle ne m’ait pas, viré du cours. non, ce n’est pas elle, c’est cette autre prof, qui elle m’aimait. qui m’a exclue de son cours. ha ha. le prof. qui ressemblait à marguerite duras, quand j’y pense.)   prof qui ne m’aime pas = prof qui m’aime
prof = celle qui sait
prof m’exclut
celle qui m’aime/me déteste.
prof femme remplacée ensuite par prof homme, insignifiant.
~

Est-ce que tous ces rêves c’est là pour indiquer que le plus dur du mois d’août, c’est ça: septembre qui vient. La rentrée?

les examens de passage. en septembre. celui que je n’ai pas voulu passer sous prétexte que je ne connaissais pas tout.

celui de math où je disais à la prof qu’il ne fallait pas me faire passer, parce que si j’avais tiré au sort l’autre question, je n’aurais pas su répondre, parce que cette démonstration-là je ne savais pas la faire, ou si je la savais, très bien, je n’aurais pas voulu la faire, parce que je ne la comprenais pas.

  j’aurais voulu tout (savoir) or pas-tout –> donc, pas digne de passer examens, de réussir

vous savez, les gens disent : « perfectionniste ».

~~~~

Annick vient tout à l’heure, pour le week-end. Je veux auparavant acheter un, des cadeaux pour F, son anniversaire dimanche. J’ai l’impression que je n’aurai pas le temps de travailler, ennuyant.

L’école des Dames de Marie de la Chaussée de Haecht à Schaerbeek (Bruxelles)

Notes:
  1. encoignure

    n.f. encoignure [ɑkɔɲyr] (de coin)

    Angle intérieur formé par deux murs qui se rencontrent: Placer un meuble dans une encoignure (coin).Remarque Dans ce mot, -coi- se prononce [kɔ], comme dans cogner.
    On peut aussi prononcer [ɑkwaɲyr] où -coi- se prononce normalement. []

  2. embrasementn.m. embrasement LITT.1. Action d’embraser; grand incendie: L’embrasement d’une forêt. 2. Grande clarté rougeoyante: L’embrasement du ciel au soleil couchant. 3. Agitation qui conduit à de violents troubles sociaux: Cette loi a engendré de nombreux embrasements dans le pays (effervescence).

    []

  3. embrasuren.f.embrasure Ouverture pratiquée dans un mur pour recevoir une porte ou une fenêtre: Le chat se tient dans l’embrasure de la fenêtre (encadrement).

    []

dimanche 13 septembre 2009 · 19h30

treize

 

 

 

c’est aussi aujourd’hui l’anniversaire du (double) meurtre de mon oncle.

               un treize septembre.

jusqu’à ce que j’apprenne cette date, très tardivement, pendant la maladie de mon père, un peu avant sa mort, date que j’ignorais donc avant cela, ce jour était souvent un jour où je tombais amoureuse. j’écrivais des textes, aussi, éclairs, que fièrement je signais.

ceci s’inscrit encore dans la catégorie du mois d’août.

 

 

 

 

mardi 15 février 2011 · 22h05

“La sensation”
— à la place de ma mère

La sensation. Souvenir m’en est revenu dimanche soir. J’avais passé le week-end à la retranscription du cours de Jacques-Alain Miller. J’étais un peu vidée. Contente, mais dans le doute, comme je peux l’être à chaque fois que j’ai passé « trop » de temps à quelque chose. Je voulais me remettre à la séance psy du lendemain, retourner, réinvestir ça, l’analyse.

Comme je pensais aux derniers mots du dernier cours de Miller, sur la jouissance féminine, je me suis souvenue de la sensation que j’avais décrite à G (l’analyste rencontré au moment de mon arrivée à Paris). Il  m’avait répondu :  « C’est un très bel exemple, une très belle description de jouissance féminine, ce dont vous me parlez là ». Je n’avais pas été vraiment convaincue, pensant que la jouissance féminine, c’était ce dont, justement,  on ne pouvait pas parler.

Ce dont il s’agit.

Enfant, j’ai beaucoup manqué l’école. Je simulais la maladie en faisant augmenter artificiellement la température du thermomètre. Des otites m’étaient à chaque fois diagnostiquées et, maintenant que j’y pense, des angines (blanches). Je devais alors rester à la maison – en général une semaine. J’étais autorisée à m’installer, à m’aliter,  dans le lit de mes parents, à la place de ma mère.

Parfois, tout d’un coup, ça venait. Ça s’annonçait par une sorte de sensation de ralentissement du temps. Il me semblait que j’entendais le temps ralentir. Tout me semblait aller plus lentement. Rien ne bougeait dans la chambre, mais le temps -même des objets inertes- m’apparaissait. Je l’entendais, ralenti. Le son de la présence des choses m’apparaissait, lent. Alors, couchée sur le dos, les yeux fermés ou ouverts, des parties de mon corps s’allongeaient, s’éloignaient de moi, allaient loin, très loin, et gonflaient. La sensation était si curieuse que je me suis souvent risquée à la vérifier, à la tester – me disant qu’elle disparaîtrait alors, mais non, je pouvais, presque à volonté, en faire l’épreuve, sur une partie au choix de mon corps. Mes pensées se poursuivaient, au ralenti, j’observais, j’étais dans l’infini, calme, dans un espace noir et infini.

J’avais demandé à ma mère si elle connaissait ça, elle m’avait répondu que c’était probablement dû à la fièvre. Comme je savais que je n’en n’avais pas, j’en avais conclu qu’elle ne connaissait pas.

Lors de la dernière séance, lundi, quand je raconte ça, je me souviens, je me rends compte, que j’étais alors dans la chambre de mes parents  chambre sous les combles, au même niveau donc que celui de la chambre blanche dont il était question dans un précédent rêve – la chambre vidée et devant être maintenue vide… 

Comme je racontais cette sensation au docteur G, le psychiatre qui me fait mes prescriptions d’antidépresseurs et que je vois une fois par mois, il me lança :  « C’est ça, vous êtes une usurpatrice ». Oui, cela fait partie du rapport à ma mère, ce sentiment d’avoir été trop aimée par mon père. Mais, dis-je à l’analyste, ce n’est pas de ça dont je voulais parler. Ce dont je voulais parler c’est de cette identification, ce collage, cette répétition d’elle. Par ailleurs, le mot du docteur G était juste. Je ne trouve pas ma place, de penser que je l’usurpe. C’est l’histoire de ma vie. Mais ça n’explique pas l’angoisse qui m’étreint aujourd’hui dès que je suis en sa présence.

Une autre chose m’est revenue – mon père était toujours en vie -, je parlais avec ma mère en voiture, j’étais seule avec elle, elle conduisait, j’étais à ladite place du mort et j’ai pensé  « ça devrait toujours être comme ça » (seule avec ma mère).

 

mardi 22 novembre 2011 · 03h54

muller & muller

image

rêve, j’entends :
« muller & muller . S1 S2.  l’holophrase!  mais comment séparer ce qui est le même?  »
au réveil  :
  muller et muller
  14 . 18 et 40 . 45
  la guerre et la guerre
  M . U . double L . E .  R
  L . L
comment séparer ce qui est le même
je ne sais pas compter je n’ai pas d’accès à l’histoire
la preuve est là
1 .2 c’est facile
c’est à  trois que les difficultés commencent
l ‘ordinal!

du père le nom est le même, double
le corps non

joie du drame

pour sortir du même il faut et il suffit du zéro : « la place du sujet »
vous le saviez déjà. désir et jouissance s’articulent comme s’articulent ordinal et cardinal.

(pq a-t’il fallu qu’au moment où je dis vouloir m’occuper de mon père _ je me remette me mette à vouloir m’occuper de moi, à écrire?)
22 novembre 3h54
lundi 23 janvier 2012 · 10h45

double cabine crochetant par l’Alaska

Le rêve

« Au sortir d’un voyage en train, nous arrivons ma tante et moi, Titi et moi, à un bateau, à un paquebot, mais pas aux mêmes heures. Donc, nous ne nous retrouvons pas tout de suite et passons la première nuit dans des cabines séparées, des cabines de luxe. Je suis avec Jules, 7 ans.
Le lendemain matin1, Jules veut que je lui prépare de la soupe.
Assise devant la cuisinière, je manipule plusieurs casseroles, sur plusieurs feux.
La recette s’avère très simple, surtout très rapide, et je me retrouve avec une quantité de soupe telle que je crains que nous ne puissions jamais la boire). 
D’ailleurs, voilà qu’on vient nous chercher pour nous faire changer de cabine.
Cette première cabine était une cabine transitoire, d’accueil.

Notre vraie cabine s’avère être une double cabine gigantesque, composée de deux appartements. Je pense que je suis alors avec ma tante. Nous traversons les multiples pièces, arrivons à l’avant du bateau. Sur le côté, j’aperçois une piscine.
Nous choisissons nos chambres.
Revenant sur mes pas, je m’aperçois qu’une partie de la chambre est en fait déjà occupée par une famille nombreuse dormant à même le sol – « palleas par terre » aurait dit ma tante, ce qui dans sa bouche voulait dire dormir à même le sol, quelque chose comme « paillasse par terre ». Notre chambre s’avère donc moins luxueuse que ce nous aurions pu croire.

Le voyage s’annonce magnifique, si ce n’est qu’il semble que nous devions faire un crochet. Nous passons sous une banderole marquée ALASKA. »

Je me réveille et pense qu’il doit s’agit d’une identification, méconnue de moi, à ma tante, identification ignorée, oubliée.

Titi

A Louvain, l’exposition Charles Burns…

Titi est une tante, une sœur de ma mère, que j’aimais beaucoup. Pour l’évoquer, le mot qui me vient d’abord à l’esprit est celui de dolce vita. Plage, position allongée, nourriture, soleil, vacances, bavardages. Et son chat. « Ordre et beauté, luxe, calme et volupté »
Charmante, enjouée, drôle, gourmande. Elle fumait avec un fume-cigarette, nous fumions ensemble. Avec des fume-cigarettes.

Je pense qu’elle a été celle qui m’a initiée à la douceur de vivre, à une  jouissance sans culpabilité, tempérant le coté janséniste de mes parents.

Il se trouve qu’elle vivait aux gentils « crochets »2 d’un homme plus âgé qu’elle, lesquels consistaient principalement en vacances, en vêtements et en restaurants – soit tout le luxe et le superflu  dont je suis privée en ce moment et à quoi j’ai décidé de ne plus renoncer, en m’installant, en ouvrant un cabinet de psychanalyste. L’homme s’appelait Michaux, Ernest de son prénom, mais familièrement curieusement toujours appelé par son nom.  Ils n’étaient pas mariés, parce qu’il ne s’y était jamais résolu, toujours repris par la crainte de n’être aimé que pour son argent. Disait-on. Leur relation fut platonique.

Ergothérapeuthe, Titi travaillait dans un dans hôpital psychiatrique à Lovenjoel, près de Louvain où elle dirigeait un atelier d’activités manuelles. Dans mon souvenir, les malades étaient très nombreux, très calmes. Ils fabriquaient toutes sortes d’objets en osier, ils fabriquaient des tapis dont elle avait créé les motifs, certains à l’effigie de son chat, Zwartje, « Petit noir », qu’elle emmenait à son travail tous les vendredis et que les malades connaissaient bien. Zwartje circulaient sur les grandes tables des malades et passait de l’un à l’autre, patiemment, présentant à chacun son front où ils venaient apposer un baiser, plutôt contents.

Elle vivait à Louvain, où nous étions la semaine dernière pour l’exposition Charles Burns, et passait tous les week-ends chez sa mère, qui habitait plus au nord de la Belgique, à Poperinge.

En guise de  hobby, elle faisait du jardinage et de la peinture qu’elle avait apprise à un cours donné par mon père. Elle savait coudre aussi, et tricoter, et nous offrait régulièrement de jolis vêtements fabriqués de ses mains. A nous, et à nos cousins.

Je m’entendais parfaitement avec elle.

Pour compléter cette ébauche de portrait, j’ajouterais que lorsqu’elle avait vingt ans, elle perdit son fiancé, cheminot, qui mourut écrasé par un train la veille de leur mariage. Elle ne m’en parla pas beaucoup, j’ai seulement retenu qu’ils s’aimaient tellement qu’ils pouvaient communiquer par télépathie. Plus jeune, il lui était également arrivé d’être gravement malade, des mois passés entre la vie et la mort avait-on dit, à la suite d’un empoisonnement dans un étang où elle n’aurait pas dû nager. Elle me disait qu’elle en avait tellement maigri, que deux mains posées autour de sa taille se rejoignaient, ce qui étaient alors fort à la mode. C’est elle qui nous avait appris à nager, à mes frères et à moi, en venant tous les mercredi soirs à Bruxelles pour nous amener à la piscine. Ma mère  ne savait pas nager. Et le mercredi soir, selon ses lois, c’était américain/frites/salade de blé.

Il m’est arrivé de  penser que j’offrais moi-même à Jules à la fois la jouissance tranquille et hors culpabilité (de ma tante), bête, et le désir inquiet, ardent, épuisé de culpabilité (de mes parents).

Un peu comme dans pour la double cabine. D’un côté, grand luxe et seule avec mon fils, de l’autre la famille nombreuse, dormant à même le sol, pauvre. Peut-on dire Janus du désir et de la jouissance? Il y avait chez mes parents une sorte d’installation dans le manque, dont je ne suis pas sans avoir hérité.  

Train

Juste une petite note sur le train. Puisque nous arrivons ma tante et moi au paquebot après « un long voyage en train ». J’ai beaucoup voyagé avec ma tante en train. De ces voyages, j’ai retenu que les trains étaient verts (le vert foncé administratif des trains de la SNCB). Des wagons étaient fumeurs. Les compartiments composés de 2 banquettes face à face où pouvaient s’asseoir 2 ou 3 personnes. Les banquettes de velours (en première classe, en deuxième classe, elles sont en skaï), vertes en wagons fumeurs, bleues non-fumeurs, des filets en hauteur où poser ses bagages. Les places à la fenêtre, ma tante face à moi, elle dans le sens de la marche, ses pieds déchaussés posés sur la banquette à côté de moi. La tablette rabattue contre la cloison du train, sous la fenêtre, qu’elle sortait en s’asseyant. Son petit cendrier portatif. Un sentiment de rituel. La fenêtre, à briser en cas de nécessité. Avec ma tante nous voyagions en première classe.

Cabine, Cabinet, Cas, K, Alaska, Casseroles

Cabine. Ça fait presque « cabinet», cabinet de toilettes, voire cabinet d’analyste. Du coup, double cabine, ça ferait un peu « double cabinet », ça ferait un peu «WC»,  « double V – C », «  Double,  V(éronique), sait »…

Et je peux voir dans ma tante la femme venue doubler ma mère, là où ma mère, peut-être aurait été trop effacée. Elle dont, je viendrais en double, j’emprunterais le moule.

L’escabeau psychanalytique, c’est « ce sur quoi le parlêtre se hisse, monte pour se faire beau. C’est son piédestal qui lui permet de s’élever lui-même à la dignité de la Chose. […] L’escabeau, c’est un concept transversal. Cela traduit d’une façon imagée la sublimation freudienne, mais à son croisement avec le narcissisme. […] L’escabeau est la sublimation, mais en tant qu’elle se fonde sur le je ne pense pas premier du parlêtre. Qu’est-ce que c’est que ce je ne pense pas ? C’est la négation de l’inconscient par quoi le parlêtre se croit maître de son être. Et avec son escabeau, il ajoute à cela qu’il se croit un
maître beau. Ce qu’on appelle la culture n’est pas autre chose que la réserve des escabeaux
dans laquelle on va puiser de quoi se pousser du col et faire le glorieux. »

Miller J.-A., «L’inconscient et le corps parlant», Le réel mis à jour, au XXIe siècle, Collection Huysmans, Paris, 2014, p. 313.

Or, le détour ? Le crochet, le passage par l’ALASKA ? La grande banderole sous laquelle nous nous apprêtons à passer avant que je ne me réveille ?

Je ne sais que dire. Le « K » ou le « Ka » est très souvent présent dans mes rêves. Ici, en double K, ça fait bien sûr « caca ». Et les crochets de ma tante, dont je dis qu’ils furent suspendus à ceux de celui qui n’était pas mon oncle, mais que nous appelions Nonkel, Michaux, ma foi, ces crochets, j’en abuse, aussi, même s’il n’y a pas d’abus à proprement parler, mettons que j’en use aussi vis-à-vis de F, qui gagne bien plus plus que moi. Je veux dire que de ces crochets, de cette dépendance, je n’en suis pas fière.

Cela dit, même si je me réveille, la banderole ALASKA aperçue n’est pas menaçante.

Dans le « K », j’ai souvent entendu aussi « le cas ». Ma façon de me construire comme cas, de m’y maintenir. Mon cas qui fait S.K. Beau (escabeau). Selon Lacan, par où le sujet se voit beau. Le S.K. Beau par où passe le pas-que-beau. Sublimation = Escabeau, pour reprendre l’équation de Jacques-Alain Miller.3

Remonter dans le rêve : beaucoup de casseroles sur le feu : c’est un peu vrai en ce moment. Et trop de soupe. Alors, l’angoisse. (Alors, je coule).

Récemment, il y a dix jours (le 13 janvier), un paquebot a coulé (faisant 32 morts) que son commandant avait abandonné.

Le Concordia…
Notes:
  1. Je songe à ma tante et je pense qu’elle ne se sera pas inquiétée, qu’elle se sera renseignée auprès du commandant de bord, pour savoir si nous avons embarqués. []
  2. pour reprendre un terme du rêve : « le crochet par l’Alaska », mais dont je doute qu’il s’y rapporte []
  3. Lacan J., « Notice de fil en aiguille par Jacques-Alain Miller », Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, Paris, Le
    Seuil, 2005, p. 208 []
mercredi 1 février 2012 · 01h37

rêve : il faut faire une quadruple passe

rêve 1er fév, night
dans le rêve, me réveille, interprète un texte crypté, lacanien : il faut faire une quadruple passe (4 passes comme 4 pattes, comme quadripode, comme 4×4), « réussir » 1 une quadruple passe, 2 premières, 2 suivantes (double double).
l’une n’ayant rien à voir avec l’autre, chacune exploitant à sa façon quelque chose qui ne saurait être exploité d’aucune autre, l’une passe ne pouvant donc intégrer l’autre passe, chacune des passes étant indispensable. aucune ne venant compléter l’autre, chacune traitant de choses qu’aucun rapport ne peut lier, séparées donc. deux premières passes étant suivies, je crois, par deux autres. deux premières passes débutantes, 2 dernières passes concluantes… 
afin comprends-je, dis-je, à l’école (ECF) de s’assurer que l’analyste puisse aussi bien y faire avec … qu’avec…. de l’analysant qui vient vers lui.
s’agit-il d’un savoir y faire de l’analyste avec la jouissance aussi bien qu’avec le désir ? je ne sais pas, ça y ressemble, un trop et un trop peu. rencontrer un trop et le faire passer au peigne, à la brosse d’un trop peu.
me couche, dans le rêve, et rêve, rêve éveillé, pour m’endormir, que je l’ai fait, que j’ai fait ces 4 passes, que j’explique à l’école comment je les ai passées ces 4 passes. il y est question de la rencontre du style, et de l’apprentissage d’une sorte de polissage de ce style pour qu’il passe, ce que je prouve.
je me réveille pour de vrai en me répétant des prières en litanie pour faire barrage à quelque chose, à des phrases, des mots très désagréables, je cherche d’autres litanies, d’autres mots que ceux-là, me rends compte que ne dispose d’aucun texte que je connaisse par cœur, de cette façon. le rêve me revient, avec quelque chose de l’ordre d’un « kat, kat, k » qui ne cesse de se répéter, que je ne cesse d’entendre, de faire tourner dans ma tête. je ne sais pas si je dois prendre un anxiolytique, je me lève pour écrire le rêve ici.

Notes:
  1. je mets les guillemets à « réussir » parce qu’hier géraldine m’expliquait comme … avait montré qu’une passe « ratée » était une passe réussie.  et au fond, ça résonne un peu avec la façon dont j’ai pu dire mon analyse ratée, et donc… « réussie ». enfin, dans ce cas-ci, c’est réussi (donc raté?) []
lundi 1 octobre 2012 · 12h17

aléas et nécessités de la jouissance // jouissance, trop, peu, demi, double, Un, un par un, infinitisation, tortue

en faire peu, pour moi, en passe par en faire trop.
(le peu que je dois et le trop que je ne dois pas.)
(c’est une question de jouissance, et donc à respecter. une fois qu’on le sait, on en profite. )

//

pour y revenir : espace de la jouissance féminine et égrenage du un ( infinitude, achille et la tortue)

L’espace de la jouissance féminine dans Encore (Jacques Lacan). L’avancée, la progression de demi en demi, l ‘ infinitisation creusée dans l’ espace, l’ouvert (limité ? borné? Relire) entre deux entiers ( ?)/nombres naturels (?) , l’impossible passage alors à la limite, le saut exigé. La jouissance (phallique) de ce saut, du passage à la limite (et l’angoisse liée à ce saut) opposée à la jouissance non-teintée, elle, d’angoisse tant que ce saut n’est pas fait, et que l’on reste à l’intérieur de l’ouverture, dans l’espace du un par un, du demi en demi, dans cet infini.

[Ici recopier passage de Encore.]

Passage à la limite, saut : jouissance masculine, phallique–> angoisse (pour moi), impossible (pour moi)- métaphore (création d’un sens nouveau)

A l’intérieur de l’ouvert, simple répétition du Un (demi), « trop » – puisque destiné à n’aboutir jamais, ou sur/dans un terme suffisamment long que pour ne pas le sentir passer–> pas d’angoisse- métonymie (glissement) //
Affinités avec psychanalyse et jouissance dans monde contemporain

lundi 5 novembre 2012 · 09h48

Ma mère veut se suicider

Lundi 5 novembre 2012

Bruxelles.

Rêvé que mère voulait se suicider.

Père rentrait à la maison, tard le soir, allait se coucher.  Mère vient alors me voir, voulait me donner moitié d’une certaine somme d’argent très importante qu’elle avait été retirer à la banque,  une fortune.  Je ne comprenais pas qu’elle me donne cet argent que je refuse, dont j’aurais pourtant bien eu besoin.  J’insiste pour savoir ce qui se passe, elle me dit les larmes aux yeux qu’elle voulait le faire avant que Jean-François ne revienne, qu’elle voulait se tuer.

Filiation maternelle

Avant ça, m’avait été apporté article d’une femme, d’aspect très bizarre, dont il y avait des photos à la fin de l’article, qui racontait comment la psychanalyse ou la lecture d’un article d’Éric Laurent avait changé sa vie.  Et comment elle allait dorénavant publier avec le nom de sa mère, psychanalyste, sans chercher à camoufler cette filiation.

Ma mère devient une amie, qui veut se suicider. Ce n’est donc plus à ma mère que je parle, mais à cette amie. Je lui dis : « Es-tu prête à…  faire un très gros travail, une très grosse dépense »… Je lui parle de la psychanalyse.  Je lui parle de mon expérience de la psychanalyse.  Je suis justement à ce moment là très sceptique sur la psychanalyse.  Dans un lettre, je viens d’ailleurs de parler de mes doutes à Miller.  Mais en même temps, j’hésite à lui proposer de la prendre moi, elle, en analyse.  Elle est interloquée.

Or je partais justement voir Miller.  Rue « d’Arras ».   Pour lui déposer une lettre.

Arrivées là, au pied d’une porte, une jeune fille voit un sac portant le nom de Miller qu’elle prend en main pour y trouver le numéro de sa rue.  Miller arrive justement les bras plein de livres.  Je lui dis qu’elle ne voulait pas voler le sac, mais trouver son numéro de rue, à cause de la lettre que je venais lui porter.  Il remplit le sac de livres et emporte beaucoup d’autres affaires (lampes, objets).  Il a l’air d’avoir des ennuis. Comme s’il s’en allait, quittait, cet endroit. Je l’aide à porter. Il me sourit.

N’arrive pas à lui parler pour lui dire: « Veux vous voir ne fût-ce qu’une seule fois pour discuter du suicide que veut faire cette jeune femme.« 

Le conduis à arrêt bus ou de tram, qu’il prend.  Là, finis par arriver à  obtenir un rendez-vous,  » lundi à 14h ». Le premier de sa journée vois-je dans son agenda.

Reviens vers la jeune fille,  lui dis.  Elle s’est commandé à manger maintenant.

dimanche 2 décembre 2012 · 23h20

J’aurais tué Nathalie F.

On découvre que Nathalie F. a été tuée. On découvre le cadavre de Nathalie F. dans une cave (la cave de la maison familiale rue Waelhem à Bruxelles). Je sais alors que l’on va tôt ou tard découvrir que c’est moi, que je suis l’auteur de ce crime. Je ne m’en souvenais plus. Je l’avais oublié. C’est arrivé malgré moi. Je me souviens que j’avais alors pensé que je serais un jour découverte et que j’irais en prison, mais que je l’avais oublié.
La police fait des recherches. Elle fouille toutes les maisons à la recherche d’indices. Elle finit par trouver quelque chose. Je ne sais plus quoi. Mais quelque chose qui la mènera immanquablement à moi. Je vais aller en prison. Il va m’arriver ce dont j’étais sûre qu’il m’arriverait un jour. J’irai en prison pour meurtre.
J’habite avec mes parents. Ils disparaissent à l’annonce du crime. Mes parents et mes frères. Je crois qu’ils ne veulent plus me voir.
Mais ma mère vient. Elle me dit quelque chose comme « Mais c’est bien normal, vu la façon dont elle t’a traitée. Ce qu’elle t’a fait. » Je lui dis que je ne m’en souviens pas. Elle dit « Quoi, tu ne t’en souviens pas?! » Je lui dis que non, que j’ai un vague souvenir de la scène. Elle allongée. Moi…
Je lui dis: « Tu crois vraiment que c’est moi, qui l’ai tuée ?» Elle en est sûre. Mais comment expliques-tu alors que Nathalie F. soit toujours en vie? Que je l’ai retrouvée (dans un rêve précédent) même si nous n’étions pas particulièrement amies. (Note de relecture en janvier 2025 : Je ne comprends pas du tout ce que j’écris ici. Je dis dans ce rêve à ma mère que Nathalie F est toujours en vie parce que je l’ai vue dans un rêve récent? )
Elle ne répond pas. Nous passons devant l’atelier de mon père. Je vois d’abord Marc, puis mon père, très jeune. Je passe. Continue à monter les escaliers. Je pensais qu’il n’était pas là et qu’il ne voulait pas me voir, mais il m’appelle, me rejoint. M’exprime sa sympathie. Je me demande si ne vais pas appeler un psy pour lui dire que je ne me souviens de rien du tout et pour me faire conseiller un avocat qui soit sensible à la cause analytique, qui en sache un bout.
Je suis conduite en prison, c’est la fin de la liberté. Je savais que ça arriverait un jour mais j’avais oublié. Je l’avais toujours craint, je le crains encore. Mais je me demande si je ne dois pas le prendre à la Nietzche – « Vouloir ce qui vous arrive » ou Spinoza – Joie.
Je crains tout de même que ce ne soit très douloureux, la prison.

Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ce rêve. J’en ai été très étonnée. Je n’imaginais pas que je puisse me vivre comme quelqu’un qui aurait tué quelqu’un et qui devrait en être punie, qui en serait punie de prison.

Je me vis assurément en prison, et je suis mon seul gardien (ou presque).

Mais.

Nathalie F., ma meilleure amie, mon amie d’enfance. Qui revient régulièrement dans mes rêves. En particulier ceux de « Doutes d’août », dont je ne pense pas qu’il soient sur ce blog, mais sur un autre. Sur Delta, probable. L’heure de nulle part. Ah, le voilà, je l’avais renommé « Août adouci« . (On le trouve maintenant ici aussi : Doutes d’août (août adouci))

Oui, j’aurais pu être amenée à repenser à elle, récemment. Vendredi soir, plus exactement, lorsque j’ai rencontré un jeune homme parlant de Duras et qui se nommait N. Granger1NOTE DE RELECTURE (2025) : Nicolas G, Nicolas Granger ? L’acteur ? Mais comment ai-je pu le rencontrer ? Je n’en n’ai aucun souvenir… C’est incroyable. .  Ce qui m’a fait repenser au fait que j’avais autrefois pris le pseudo de Nathalie Granger, ayant alors oublié le film de Duras, du même nom. Je ne me souviens plus de ce film, en réalité. Et peut-être y a t-il également eu un livre. Je ne m’en souviens que très peu pour la bonne raison que je ne l’ai pas vu, ou pas entièrement. C’était encore à Bruxelles, mais déjà avec F. Nous le regardions un après-midi me semble-t-il, au lit, et nous nous sommes endormis. Ou autre chose.  J’ai retenu qu’il y était question d’une meurtrière. Mais, je peux me tromper.

Ce qui donne Nicolas Granger –> Nathalie Granger (meurtrière de Duras) –> Nathalie F

Et le grand G (de GrandGer), il en a déjà beaucoup été question ici, et ailleurs d’ailleurs, le grand G de l’impossible point G.

Je pourrais prendre Nathalie du côté de double. D’abord parce que  j’ai moi-même un moment utilisé le pseudo de « Nathalie Granger », ensuite parce que j’ai probablement vécu cette amitié avec Nathalie entre mes douze et quatorze ans je dirais, dans cette modalité inconsciente-là. Ce thème du double, il en a également été pas mal question dans mes lectures récentes, celles d’Iris Murdoch dont peu parlé ici,  et celle de Miller, à propos de Lacan, puisqu’il m’a pris de commencer à publier sur le net son cours Vie de Lacan, où il est question de la « paranoïa » de Lacan, sa « paranoïa renoncée », ce qui m’avait autrefois, à l’époque où c’était prononcé, beaucoup impressionnée, et m’impressionne encore.

Paranoïa renoncée, en tant que renoncement, via son enseignement, à la passion d’être seul. Plus tard, cette année-là, Miller parlera de la « paranoïa inversée » de Lacan : en effet, pour lui, Lacan, c’est l’Autre, le grand Autre qui est bon et lui… qui est méchant : « Lui, il assume d’être le méchant de l’affaire, il assume si je puis dire un « je suis méchant » ». 

[Sur la « paranoïa renoncée » de Lacan – cours de Jacques-Alain Miller du 17 février 2010: https://viedelacan.wordpress.com/2010/02/17/iv-lacan-contre-tous-et-contre-lacan/
Sur sa « paranoïa inversée »  – cours du 24 mars :
https://viedelacan.wordpress.com/2010/03/24/vi-lacan-mechant/ ]

Enfin, c’est une parenthèse et je m’égare puisque cette « paranoïa » de Lacan, il ne me semble pas qu’elle m’avance aucunement dans l’analyse de ce rêve. (Si ce n’est que pour ma part je ne renoncerais pas à ma « passion d’être seule » en enseignant, ou je ne le ferais pas jusqu’au bout… Et qu’il faut donc continuer d’analyser ses rêves et de tenir ce blog…)

Alors, ce matin, je repensais à tout ça, à l’appel d’un psychanalyste pour un avocat, à l’analyse que j’ai vécue comme un procès sans en avoir la moindre idée du crime commis (voir Kafka aussi), à mon oncle parano, à son procès à lui, etc.

Ce que je n’ai pas noté du rêve ce matin, c’est que le meurtre se serait passé dans une cave de mon enfance, dont j’ai déjà beaucoup rêvé. Ce que je suis mal arrivée à noter parce que je n’arrivais pas à m’en souvenir dans le rêve non plus, ce sont les circonstances, les raisons de ce meurtre, et le fait que je ne le voulais pas. Je « réfléchis » beaucoup à ce que l’on fait malgré soi en ce moment.  De même, n’ai-je pas noté, parce que ça m’embêtait trop, que ma mère m’avait parlé de la honte que m’avait fait Nathalie, la trop grande honte.

Enfin, Nathalie toujours en vie puisque vue dans un rêve récent (dis-je à ma mère), Nathalie peut-être tuée par moi et moi en prison, mais toujours en vie puisque je rêve toujours d’elle.

Pourquoi est-ce que je rêve de Nathalie? 

Nathalie a été une des seules amies que j’ai quelquefois eues.

J’ai donc noté ce rêve parce qu’il me semblait trop différent de tous les autres. Mais est-ce qu’il n’en n’est pas toujours ainsi.

Jusqu’à présent je me rêvais plutôt tuée que tuant(e).

Notes en bas de page

  • 1
    NOTE DE RELECTURE (2025) : Nicolas G, Nicolas Granger ? L’acteur ? Mais comment ai-je pu le rencontrer ? Je n’en n’ai aucun souvenir… C’est incroyable.
vendredi 15 novembre 2013 · 13h26

Les points sur le U

Je m’étais couchée raisonnablement tôt, après une journée particulièrement banale –  j’avais dû regarder quelques épisodes de série ( la finale d’Enlightened), je n’avais pas eu envie de lire, cela je m’en souviens, et je m’apprêtais à m’endormir dans un sentiment inhabituel de satisfaction. Soudain, couchée sur le côté – c’est autre chose. Une sensation dont j’aurais probablement tout oublié si je n’avais rapidement jeté ces quelques notes le lendemain matin– des mots que la nuit-même je m’étais répétés, anxieuse de les retenir, même si je les notai ensuite un peu à contrecœur, consciente encore de tout ce qui s’y perdait  :

« Nuit
Corps sous couette, souffrance vide
corps & mots
Certain souvenir
Des mots
S’en viennent, s’en vont

— L’idée d’un livre, l’intituler « Trauma » et qu’il n’y soit jamais raconté. –

Trauma. Tréma. Umlaut.1
Trauma. Tréma. Umlaut.
Ces points sur le u que je restituai à mon nom au sortir de l’analyse.
Müller, l’ü en double i. »

Il y avait eu les Journées d’étude de l’ECF2 sur le trauma.  Je n’y étais pas allée mais j’en avais lu de nombreux textes préparatoires sur un blog publié par les directrices de ces Journées3. Je m’étais alors dit que je n’avais aucun souvenir de trauma, que je n’avais rien repéré comme tel au cours de mon analyse. Je ne manque pas bien sûr de mauvais souvenirs,  et c’est d’ailleurs l’un d’entre-eux qui m’était revenu cette nuit-là,  ses mots. Mais je ne leur ai jamais accordé de « valeur » traumatique. Ce sont de mauvais souvenirs. Point. Ils ne me semblent pas rattachés à grand chose de ce que je suis devenue — j’irais jusqu’à dire qu’ils ne me paraissent pas faire partie de mon histoire ( ou alors aux endroits qui s’arrêtent sur un gouffre, dont les chemins ne sont plus repris,  bords oubliés d’un monde sinon rond). A moins qu’ils n’appartiennent à l’histoire honteuse  ( ne pas raconter non pas à cause de l’indicible mais à cause de la honte). J’ai cherché à les oublier, cela oui, et ce n’est pas eux que j’ai oubliés, mais la souffrance qui se liait à eux. Ils sont vidés. Autant que l’était mon corps cette nuit-là. Lourd, recourbé en virgule sur rien, seul. Absolument, fondamentalement. Devenu seul et les mots, vides, sont juste là – satellites, mouches.  le corps est la souffrance et la souffrance est vide. C’est une impression unique qui vient ( subrepticement) en suite de ce travail de l’École de la Cause freudienne sur le traumatisme. En réponse inattendue.

Il n’y a pas, il n’existe pas, me dis-je, d’interprétation de ces mauvais souvenirs, de possibilité d’interprétation.  Je ne sais pas ce qu’ils m’ont fait. De son côté, mon corps, lui, a-t-il pu « arrêter une interprétation » ? Qu’il ait noué des liens spéciaux à certains mots de ces souvenirs, certains signifiants, sans m’inclure dans la partie, est possible. C’est bien ce que donne à penser ma transcription de cette nuit-là. La juxtaposition des mots et le corps, le vide de leur relation, la souffrance de ce lien en souffrance. Les mots étant la souffrance même, du corps seul, vides de sens,  en un endroit d’étrangeté.

C’était comme ça. Comme je le dis, là.

Il y aura eu une façon d’interprétation de mon corps, de la part de mon corps, de mon corps en cet endroit inédit de solitude ; mais rien qui aie pu, aurait dû être interprété par moi et rejoué dans un scénario fantasmatique quelconque, destiné à être répété. Plutôt s’agirait-il d’une inscription.

ü

De pür douleur, dont l’un des noms s’est donné, aperçu alors, dans l’Umlaut de mon nom, le tréma, les points sur le « u »…

Oui, c’est drôle, tout d’un coup j’ai vu ça, que dans tréma, il y avait trauma.

Au départ, il y avait un tréma sur le u de mon nom et sur celui des autres membres de ma famille. Or ce tréma, au gré des passages par les guichets de l’administration belge, s’est vu disparaître. Moi-même, ni d’ailleurs mes parents, je ne l’apposais pas à mon nom, puisque ce n’était pas français. C’était un petit en-trop.  Mais quand mon analyse s’est interrompue, brusquement interrompue et que je suis venue m’installer à Paris, j’ai voulu restituer ce tréma à mon nom, et je l’ai, à partir de là, retracé sur le « u ».  J’ai fait cela sans réfléchir,  je l’ai fait et je m’y suis tenue. Me séparant d’ailleurs sur ce point et avec plaisir du reste de ma famille, qui continue d’écrire ce nom sans ses points dus.

… que « le désir de l’analyste n’est pas un désir pur » et que « c’est un désir d’obtenir la différence absolue ». Il précise alors que la différence dont il s’agit est celle qui « intervient» quand le sujet, « confronté au signifiant primordial», « vient», pour la première fois, « en position de s’y assujettir». –Pierre Naveau, Désir de l’analyste

Donc, la proximité inhabituelle où j’étais de mon corps, d’une certaine vie de mon corps, non liée à ma conscience, mais à des signifiants vides de sens, sans pathos, me permettait de relever dans  le tréma de mon nom sa résonance avec le terme trauma ; pointait ce  « u», ce  « u » aussi de l’avoir « eu »,  du corps « eu ».  J’assistais à sa solitude, elle d’ordinaire inaperçue, et percevais les mots qui la hantent. Et même si mon corps est aujourd’hui couvert de mille petits points (mini tumeurs bénignes qu’une dermatologue patiente et blonde m’enlève à l’électricité depuis peu), en devint-il, au moment de ces événements, de cet éventuel trauma, pour autant plus sexuellement malade qu’il ne l’était déjà ? N’étais-je pas sans savoir déjà ce qu’il y avait à (ne pas) savoir du sexuel ? Non, non non, non.  Dénégation, pourquoi niai-je mon ignorance d’alors ?  Mais ce que je savais surtout ne pas savoir, qui couvrait tout le reste,  c’était la possible méchanceté des hommes. Ce que je ne savais pas. C’est. Je ne savais pas qu’il pouvait m’arriver des malheurs. Je me croyais protégée. De Dieu. Je pensais que mon innocence me protégeait. Je ne perdais pas mon innocence, mais elle rencontrait dans le monde des réponses auxquelles elle ne s’attendait pas. Et ces mauvaises réponses étaient sexuelles. Et ces mauvaises réponses furent recouvertes par la méchanceté – qu’il était à ma portée, alors, de connaître déjà. Que sus-je alors de plus? Que je n’étais pas la princesse charmante – et que me restait-il alors à être?  Que le monde résiste à la sainteté. Que le monde résiste à Dieu. Qu’un corps n’appelle pas que l’amour.  Cependant, je restai püre. Alors que le sexe se séparait de l’amour.

C’est quoi la pureté?

Dieu, le sexe, l’amour, Un.

Conviendrait-il aujourd’hui que je ramène à ces souvenirs leurs tristes affects? Même tristes, malencontreuses, horribles éventuellement, ces histoires racontées, le pathos qu’elles appellent, dont elles relèvent en surface, n’est pas ce qui compte.  C’est pourquoi je ne les ai jamais considérées comme des traumas, et que j’ai accepté que mon analyste ne les traitât pas comme tel.

 

*
*    *

 

Notes:
  1. Umlaut (Wikipedia) : En phonétique, le processus d’ Umlaut (de l’allemand um-, « autour, transformation » + Laut, «son »), ou métaphonie (terme grec de même sens ; ne pas confondre avec le paronyme métatonie) ou encore inflexion, désigne le changement de timbre d’une voyelle à la suite de l’amuïssement d’une autre voyelle dans une syllabe suivante. La voyelle altérée garde pour ainsi dire une trace de la voyelle disparue en récupérant une de ses caractéristiques. C’est un type complexe de dilation. []
  2. l’École de la Cause freudienne []
  3. Mmes Marie-Hélène Brousse et Christiane Alberti, toutes deux psychanalystes et membres de l’ECF []
vendredi 23 mai 2014 · 12h31

l’oublié 2

Donc, c’est curieux.

Parce que c’était réel, parce que c’était peut-être sexuel, parce que ça m’aurait  donné du plaisir, je l’ai oublié.

Et parce que je l’ai oublié – la pose, le mouvement, le geste, la posture – , je ne peux plus rien faire, je n’ai plus de jugement, je suis obligée de me greffer à une autre (homosexuelle), je dois passer à l’arrière plan, je dois faire la doublure.

Après quoi?

Une psychanalyste raconte une fable (Christiane??) en passant par des loges (loges de coulisses? maçonniques?), des loges où elle se loge, qui ont chacune leur décor. La fable se termine sur moi et Laure Naveau.

J’avais lu un texte récemment de Laure Naveau (que je ne suis pa sarrivée à retrouver), où elle parlait de textes, de thèmes qui avaient également été importants pour moi (péché de la tristesse, Spinoza, Nietzche…) Je m’étais demander si ce n’était pas plutôt chez elle, comme analyste, que je devais aller?

Christiane Alberti? Comme Alberti? Qui écrivit Vies de peintres? Vies des meilleurs peintres… Ah non, ça n’est pas Alberti, c’est Vasari. Alberti, c’est la perspective. La vie d’Alberti est racontée dans le livre de Vasari.  Il a inventé la perspective géométrique et a  écrit un traité sur la peinture ( Della pittura).

Bon.

vendredi 26 septembre 2014 · 12h56

ne me quitte pas mais

8h40, je ne vais sans doute pas tarder à me recoucher.

Rêve cette nuit.

Avec Roger (à la place de Frédéric) dans sous-sol rue Waelhem. Roger s’enferme dans pièce avant (qui ressemble aussi à cave rue Tiberghien) . Ne me quitte pas mais ne veut pas de moi tout le temps près de lui. Fait des choses, est très actif. Moi, j’attends dans pièce à côté. Lui, de temps en temps vient près de moi, puis retourne dans sa pièce. Sommes avec Francis, ami de JP, homosexuel, très joli garçon. Reste parfois près de moi, parfois près de Roger. Ma famille et Jules ne sont pas loin de moi, mais sont entre-eux, comme si je n’étais pas là. Sont comme assis sur une dune. Je regarde Jule, comme si je ne le connaissais pas, dans cette terrible séparation qui est la mienne quand je suis (très) en colère. Je ne comprends pas le comportement de Roger. C’est probablement ce qui me met en colère. Il n’a pas dit qu’on se quittait, mais. Je voudrais partir et le rendre jaloux. J’imagine partir et aller au cinéma. Qu’il ait le temps de s’inquiéter.

//

Ce que je ne comprends pas, c’est que cela m’apparaisse en rêve et en ce moment et comme si je ne le savais pas, comme pour me l’apprendre que la cause de ma grande colère, c’est la séparation, que la séparation me sépare. Mais quelle séparation, et pourquoi au sous-sol, et pourquoi avec Roger, et pourquoi ce souvenir de la cave de la rue Tiberghien. Que la séparation me précipite dans un détachement mortifère, létal. Où tout paraît juste. Où les sentiments sont ce qu’il sont, sans atours, sans apprêts.  Où tout paraît si juste, que c’est d’une force implacable : je – ne tiens – à rien.  Comme si le rêve me racontait cette histoire-là, inconsciente, me faisait la leçon. Comme si donc, c’était ce qui se rejouait en ce moment.

//

Je trouve des bottes qui étaient à Annick et qui sont à moi maintenant. Je les mets. Ce sont des cuissardes. Je les fais remonter jusqu’aux genoux puis les rabaisse. Je marche devant Roger.

//

Et pourquoi ces bottes d’Annick, Annick dont j’ai pensé (un jour, à la lecture d’un séminaire de lacan, de pages sur la névrose idéale obsessionnelle) que c’était elle, mon idéal, mon idéal, inatteignable.  Ces bottes qu’elle a et que je n’aurai jamais. De même que je ne trouverai pas, jamais, chaussure à mon pied. Mais pourquoi des cuissardes ?  Rien ne pourra jamais détrôner Annick de cette place. Et, je serai toujours toujours celle qui ne sera pas ça. Je ne vois pas d’autre possibilité de me définir qu’en non-ça. En non-elle. Secrètement au monde non-elle. Je suis non-Annick. Annick a une définition, je n’ai que celle de son négatif.  Et j’ai la chance qu’elle soit mon amie. Je suis en complète humilité par rapport à ça. Et je sais qu’elle l’a parfois ressenti, que ça l’a parfois agacée.

//

Quelque chose me dit que Roger ne me quitte pas, mais je n’arrive pas à accepter les distances, la liberté qu’il prend.

/;/’*

Me fait penser au fait qu’hier cuiller suis allée à premiers tests d’inscription à un cours de secrétariat qui, si je les réussissais, auraient pour conséquence que je ne pourrai plus aller chercher Jules à l’école et que je ne pourrai plus l’aider à faire ses devoirs. Je ne pourrai plus non plus le conduire à l’école le matin.

Je m’inquiétais donc. De la distance que je prenais.
Me demandais si c’était bien. Si je ne l’abandonnais pas. Trouvais que ce n’était pas bien. Mais pourquoi la présence de Francis (ami homosexuel), dans le rêve. Poser la question c’est y répondre. Ne plus vivre cet amour de double, d’homosexuel. (pourtant, il m’est arrivé de penser que ma colère, était ce qu’il y avait de plus juste, chez moi (quand bien même)).

Mais en fait, je ne saurai jamais si c’est bien ou pas, pour Jules, puisque je ne serai plus là. C’est une séparation. Et tout ce qu’ elle comporte de perte.

Éventuellement ça dirait : tu vois ça comme une séparation. C’en est une. Mais, ça n’est pas la fin de l’amour. C’est pour que chacun puisse faire ce qu’il a à faire. / mais si il n’y arrivait pas, pas sans moi, et comment puis-je faire pour être sûre de ne pas l’empêcher d’y arriver, sans moi. Comment lui dire tu peux le faire sans moi, et l’accepter.

//ň

Aussi, Jules hier exprimait le sentiment d’avoir trop à faire, alors que ce n’était sans doute pas trop. J’en étais étonnée. Il était profondément dégoûté d’avoir autant de devoirs. Alors qu’il n’y en avait pas beaucoup. C’est ce que je ressens moi aussi, souvent. Ce trop. Alors que je n’ai sans doute probablement pas trop à faire, j’éprouve le sentiment épuisant d’avoir beaucoup infiniment trop à faire. Et ce trop n’ est sans doute jamais que l’opposé de rien. Plus que rien = trop. > rien = trop. Autre que rien = trop. Et autre que rien = voulu par l’Autre. Et rien = voulu par soi. Mais pourquoi un tel besoin de vacance, d’absence. De rien à faire. Un besoin hors du commun.

Et rien = voulu par soi ou = non-voulu par l’Autre. L’insupportable de la demande de l’Autre.

//

Pourquoi est-ce qu’il faut maintenant que je me recouche ? Alors que je ferais mieux de me lever, laver.

Bon, tant pis. Je peux me l’accorder. Mais pourquoi me sens-je si vite débordée ?

dimanche 29 juillet 2018 · 10h56

la toute petite bébée

Donn, 29 juillet 2018

Nous sommes près d’une piscine extérieure. Un tout petit bébé s’en approche, il est dans l’herbe, c’est une petite fille. Je m’en inquiète. Je fais signe à d’autres enfants, au loin, que j’aperçois, de sa présence, là, qu’ils viennent le chercher. Pas de réaction, je la prends en main, elle est toute petite, tient dans une main ( comme Mélusine, une petite chatte, quand je l’ai eue). Je n’ai pas de réelle affection, attirance pour elle, elle me répugne un tout petit peu. Je la mets dans une sorte d’œuf fermé en plastique transparent, comme les Kinder Surprise ou plutot les cadeaux surprise qu’on peut gagner dans des distributeurs à l’ancienne, qui n’existent plus beaucoup.

Je vais vers les enfants que j’ai vus, puis les dépasse, ils ne sont pas vraiment concernés, ce sont des enfants, je vais voir leur mère. Elle sort de sa maison, vient vers moi, elle est furieuse, je me suis mêlée de ce qui ne me regardait pas, elle ne veut pas du tout s’occuper de cette enfant, elle veut que je la ramène où je l’ai trouvée, près de la piscine (eau très bleue, herbe très verte). Je retourne là. Je la mets là. Puis, je la reprends, et fais différentes choses avec elle, elle devient un peu plus un bébé, un enfant, elle peut même parler, je crois. Il y a des choses qu’elle veut, d’autres qu’elle ne veut pas. Je la laisse un petit moment.

Elle est prise en charge par mon frère Jean Pierre et un ami à lui, qui travaillent à la/une/sa maison. Je m’en vais, pas loin, je ne sais pas si je dois continuer à m’en occuper, la laisser à Jean Pierre qui le fait peut-être mieux que moi. S’en occupe avec ses deux filles, plus grandes. Mais plus particulièrement d’elle, comme il convient puis qu’elle est toute petite et abandonnée. Je reviens.

La maison s’est comme agrandie. Je ne sais où est l’enfant. S’est comme agrandie parce que JP a construit des toilettes dans la pièce d’entrée dont l’usage du coup semble perdu. Mais, il ne pouvait pas se passer de ces toilettes (pour garder un usage privatif des autres toilettes, les premières, qui se trouvent peut-être dans son atelier, pour n’être pas dérangé).  Enfant quelque part là. Le copain de Jean Pierre, c’est peut-être Lumer (dont j’ai oublié le prénom, dont JP disait que c’était son double.). L’enfant réapparaît. Ils ont préparé, à trois, un petit numéro, un petit spectacle chanté et dansé, court, drôle, comme une petite pub. Je pense qu’ils s’occupent bien d’elle, je n’aurais pas pu faire ça. L’enfant toute petite parle bien, chante, roule d’une épaule de l’un à l’épaule de l’autre. Évoque un peu image de Saint Christophe, transportant enfant Jésus  (le géant christophore et sa joie de porter dans un livre de Tournier, Le roi des Aulnes).

Face à quelque chose, une image ou un objet exposé au mur,  apparaît une femme, venue pour cet objet, qui intervient auprès de l’enfant, la prend près d’elle, lui dit toutes sortes de choses que je n’entends pas, l’enfant est toujours toute petite. Lui dit de se masturber. L’enfant commence à se toucher, au travers de ses vêtements, puis les ouvre, ses boutons, par le haut, pour se déshabiller. Je suis fascinée, étranglée, horrifiée. J’essaie de deviner ce qu’elle ressent, elle me paraît aussi détachée d’elle-même, de ses actes, que je ne le suis d’elle. Elle n’a pas vraiment l’air vivante. Il est discuté de cette femme, qui pense faire le bien, qui appartient à une sorte de secte, que l’enfant connaît. Il est question de lui enlever l’enfant, de maltraitance, de choses que j’ai oubliées. Je me réveille. 

Je pense à ces choses, et aux choses que j’ai oubliées. Me demande si j’ai vécu ça. Me dis que non, car aucun souvenir, donc, ne sais pas pourquoi c’est là.

éléments d’interprétation

La femme ressemble à une femme de la campagne ou de la province. Elle pourrait porter un fichu, être un peu voûtée, arrondie, épaissie par l’âge, la cinquantaine. Elle est très sûre d’elle, de son rôle. Paisible. Une sorte de « nanny« , froide, sans sentiment, qui fait son devoir,  qui y trouve sa raison d’être, inébranlable, qui applique les prescriptions qu’un discours bien ficelé soutient.

J’ai aperçu hier, quelque part, un tel corps de femme, dont je m’étais dit qu’il n’était peut-être pas plus âgé que le mien, et m’étais demandé si mon corps aussi, un jour, s’épaissirait autant. Et j’avais pensé que beaucoup de corps de nos jours ne s’épaississaient plus de cette façon et m’étais demandé pourquoi. (Et je m’étais stupidement interrogée sur ce qui remplissait ces corps, s’il s’agissait de nourriture ?)

J’avais alors pensé à la façon dont ma tante préférée, Titi, s’était arrondie au fil du temps, aux pralines (les manons de Leonidas) qu’elle mangeait tous les jours, à ses cigarettes (Darcy), à ce choix qu’ elle avait fait, de ne pas cesser de manger, de ne pas cesser de fumer, jusqu’à sa mort, une nuit, d’un AVC au cerveau.

Enfin, je songe qu’au fond, j’étais arrivée en analyse avec ça, la masturbation, sorte de suprême péché, dont j’avais cru que je n’oserais jamais en parler, ce que j’avais fait néanmoins assez vite, m’étonnant que le divan ne s’en soit pas enfoncé dans le sol, sous moi, ne m’ait pas emportée jusqu’au centre de la terre. Ou que l’analyste ne m’aie pas mise dehors avec un doigt accusateur, définitivement indigné, outré. (Ce doigt accusateur? quel doigt dont m’avait mon père parlé? un Rembrandt?)

30 juillet

Je revois aujourd’hui la femme qui peut-être m’a inspiré celle du rêve, sur son panier, ce mot : Nanny. Panier comme celui de ma tante, Titi, comme celui que je viens d’acheter, à Saintes Marie de la Mer, en souvenir d’elle. Un panier en osier (comme dans le rêve de la valise en osier des femmes/chaussettes sans père/pair ; comme celui du gros chat balancé dans le vide).

Titi. Je lui avais dit aussi que R, ma cousine, m’avait approchée, la nuit, sous les couvertures, avait voulu jouer au médecin. Je pensais que c’était très grave, elle avait ri. Dit que tout le monde… que c’était normal… Je pensais que je lui racontais quelque chose de dramatique. Je n’aurais certainement pas osé raconter ça à mes parents.

Récemment, je pensais aux femmes que j’ai connues. Celles que j’ai aimées. Celles qui m’ont aimée. L’idée que je quitterais bien F pour une femme. Que ce serait plus amusant. Souvenir des conversations avec A. Cela dit, ce que je ne lui disais pas, à A, c’est que j’ai le sexe féminin beaucoup trop en horreur que pour…

Il y a quelque chose de ce mépris, horreur, dégout, dans mon sentiment pour le tout petit bébé du rêve, la toute petite bébée. Et dans le sentiment de la mère.

Après, j’essaie, d’y faire, avec elle.

Mais, avec JP et Lumer, je pense qu’elle est mieux.

Je pense qu’elle est mieux avec ces deux, qu’elle ne le serait avec moi. Mauvaise mère. Un peu comme ma mère, pouvait penser que j’aurais été mieux avec ma tante.

Mais qui est la petite bébée ? Elle est ce qui n’est pas aimé au monde.

JP, et Lumer : son double disait-il. Même stature, brillance, intelligence. Goût des mêmes femmes.

Moi et ce nom, Lumer. Je ne veux pas qu’on me retrouve sur internet, ni sur FB, ni ailleurs. Alors, Lumer, j’ai utilisé ça comme pseudo quelquefois (écrit Llumer). Muller à l’envers. On y entend Lumière. On y entend Lue mère. J’ai la merlue.

Le géant Christophore  (le double géant christophore : la bébée passe d’une épaule à l’autre) : cette histoire de Tournier m’avait fascinée. Le père porteur.

Les doubles frères. Moi, et mes deux frères. J’ai beaucoup été entre deux frères/amis. Je ne me suis jamais pensée aimée pour moi.

le premier rêve

Avant ce rêve de la toute petite bébée, avais fait un premier rêve. Rêvé qu’on allait devoir partir en voyage, en famille. Mais là, nous étions toujours au travail, F et moi, dans des bureaux différents. Et J est autre part (école probablement). Puis, j’apprends des choses sur les billets, sur mes papiers. Ils ne concordent pas. Il faudrait passer un coup de fil. L’heure de départ de mon avion approche. Il faudrait changer, faire changer, modifier mon billet. Je ne le fais pas. Je suis angoissée.

Je vais voir F à son bureau. Il ne s’en fait pas, il dit que ça va s’arranger.

Je lui dis :  Mais est-ce que tu te rends compte que vous allez devoir partir sans moi. Il n’écoute pas vraiment. Il n’a pas l’air d’y croire. C’est un avion pour New York.

Quelqu’un appelle pour me demander si je suis inscrite à… (nom manque), je réponds que non. Puis le nom est répété, dont je me souviens alors vaguement, je dis que peut-être,  que c’est une erreur, que je ne devais plus être inscrite là, que je le suis toujours, à une ancienne adresse, avec un vieux code dont je ne me souviens plus (hier, j’ai subitement oublié le code de mon téléphone que j’utilise plusieurs fois par jour, pourtant; et mon téléphone a été bloqué). F se souvient lui aussi, dit que c’est déjà arrivé, que ça s’était arrangé. On a oublié de changer l’adresse, les billets ont été envoyés là. Je pense que l’avion est déjà parti. L’employé au téléphone ne dit rien.

samedi 9 janvier 2021 · 09h31

Fr…éronique

Chère Hélène Parker,

Je vous demande de ne plus attendre de moi que j’écrive. De me laisser libre de ça. Je n’arrive pas à le formuler, mais autant cela m’a surprise, cela m’a fait plaisir, cela a été important que vous appréciez ce que j’écrivais, autant, ça ne peut pas devenir impératif (je veux dire que j’ai alors pensé que vous attendriez que j’écrive, que vous seriez déçue si je ne le faisais pas).

Je n’osais pas vous le dire, car j’ai aimé votre appréciation. Vous êtes devenue celle qui a aimé ce que j’écrivais. Ce qui me lie à vous d’une façon très spéciale, car vous avez pu reconnaître quelque chose qui ne l’espérait pas, modifiant l’estime que j’ai de moi, l’améliorant.

Or, et j’ai encore vécu cela durant ces vacances : Il me faut rater. Je dois me décevoir. Je ne peux être satisfaite de moi, fière. Et c’est la déception qui est ensuite très difficile à supporter et que j’entretiens.

Cela rejoint ce que F a appelé l’entretien de ma frustration. Frustrée par lui, déçue par moi. Et alors, quelque chose qui s’apparente au dégoût, à la détestation de moi-même, à la haine de F .

C’est comme ça que j’ai fermé des blogs, dès qu’ils commençaient à avoir du succès. Que j’ai cessé d’écrire, dès que l’on m’a dit combien c’était important que je l’écrive. 

Nous en parlions. Il est une reconnaissance qui ne peut m’être adressée, et que je recueillerais pourtant comme une terre assoiffée la pluie. 

Je ne sais pas si j’arriverai à déjouer cela.

Il m’arrive à nouveau d’avoir des idées, de bonnes idées de travail. Elles se succèdent généreusement et  je n’arrive à en réaliser aucune. Tout se met dans mon chemin. Il ne s’agit pas là de procrastination ordinaire.

Ainsi, ces lettres que je n’arrive plus maintenant à finir, ni à envoyer. Je les oublie, je m’en détache, je les abandonne. Ces lettres à vous.

Peut-être que je dois trouver le moyen de travailler sans en avoir eu l’idée auparavant. Dans la seule nécessité ou urgence. Peut-être que je dois trouver un travail qui puisse se situer en dehors de la valeur. Qui soit d’un lien au réel sûr, sans équivoque.

Me dire que je n’écris que pour survivre. Que pour échapper au pire. Rien d’autre. Prise en compte d’aucun idéal. Juste ça : la menace de la maladie devenant trop grande, alors écrire. Le réel de la maladie. Ne tenir qu’à ça.

Peut-être que ça s’écrirait même entre 2 rôles tout simplement, cet empêchement. Celui de mon père, celui de ma mère. Ou, ou. Entre les 2 : rien, moi. Et dès que je suis dans le rôle du père, du créateur, la jouissance de ma mère me rappelle à l’ordre. 

Ainsi, dès que je veux faire une chose qui soit digne de mon idéal, je suis envahie par tout ce qu’il y a faire du point de vue du ménage. Le ménage me sauve de ce que j’attends de moi, de ce que je veux faire. Que je sacrifie alors tout en m’en faisant l’amer reproche. Et là, la colère et la haine de moi-même me rejoignent.

Je peux, dans certaines circonstances, combattre cette colère. 

C’est ce que j’ai fait ces vacances. 

C’est le fruit d’une longue expérience. 

Il s’agit, aussi, de restituer la dignité à l’indigne. Cela ne peut se passer qu’au niveau du réel. Il s’agit d’un dénudement. Ne garder que le geste, sa sensation corporelle, et la lumière entre des yeux presque clos.

Ça serait un pari possible. 

À la vaisselle, au ménage, à ma mère, restituer la dignité. Dignité de vivre tout aussi bien. 

Freud aura voulu sauver le Père, moi c’est la Mère que je ne lâche pas. 

Ce dont je vous ai parlé, Noël. Je ne suis pas arrivée à l’élucider. Je pensais que ça se ferait en séance. 

J’ai choisi pendant ces vacances d’accomplir Noël, plutôt que le travail. 

Et le souvenir me revenait des Noëls de l’enfance et de ce que j’y donnais. De la grande organisation de Noël à Poperinge, ville de ma mère, dans la maison de ma grand-mère. Je vous ai parlé de ma tante. De Titi. Tante Jo, Jozefa, Jefa. Qui à cette grande organisation présidait. J’adorais sa présence, sa façon de faire. Comment elle transformait tout ça en événement auquel chacun était amené à participer. Elle n’avait aucun problème pour se faire aider. Tellement pas comme ma mère. Qui faisait tout, qui ne demandait rien. C’est là, que j’ai reçu un peu de vie, par cette tante qui me demandait des choses en riant, qui tournait tout en organisation joyeuse, festive. Qui m’incluait. Pour Noël, nous travaillions ensemble, elle et moi, plusieurs jours entiers. Des jours pour moi de grande douceur, d’existence. Où nous fumions nous parlions nous fumions nous parlions nous faisions les courses à  bicyclette allions voir la rebouteuse de la ville le curé décorions la cathédrale. Nous parlions, nous rions.

Ici, F demande peu. Voire rien. Et J lui ressemble assez là-dessus.

Il y a beaucoup de silence. 

Chacun dans son ordinateur ou son téléphone ou son jeu vidéo. 

On s’écrit dans WhatsApp. 

Alors, J et moi, on a fait Noël ensemble. 

Il a voulu cuisiner seul, mais il m’a appelée pour que je l’aide et nous avons travaillé ensemble, côte à côte, tranquillement. Pareil pour le grand ménage. 

De son côté, il m’a quelquefois accompagnée dans les courses cadeaux, m’a aidée à choisir. 

Lui, ce qu’il voulait offrir, c’était ça, le repas, le dessert, et le grand ménage du salon. 

Ce qu’il a préparé était très bon. 

Je voulais vous le dire.

Il faut maintenant que je le libère d’avoir à prévenir mes angoisses. Mais, peut-être aussi que les choses se sont montrées, révélées, modifiées, expliquées au fur et à mesure des années. Car c’est d’années qu’il s’agit. Et qu’il apprenne à cuisiner un peu n’est pas une mauvaise chose. Ou de prendre un peu la poussière.

C’est à moi, de me libérer de mes angoisses.

Je vous ai dit que l’angoisse avait tenu à ce que pour moi, la magie de Noël ne pouvait par moi être reproduite, retrouvée. Et que je ne parviendrais pas à donner quoi que ce soit qui soit à la hauteur de ce qui voulait se donner, de ce que je voulais donner, aux autres. Cette année, l’angoisse est en grande partie tombée. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne se soit pas tous donné du mal. 

Je suis parvenue à donner autre chose que rien, les cadeaux, et j’ai dit à F, affirmé l’importance pour moi de ce moment, dit qu’il s’agissait pour moi de la manifestation, même inadéquate, de quelque chose d’inexprimable. Que Noël permettait d’exprimer de façon symbolique et légère. Dans le semblant, le brillant, la répétition, la reprise, la convention, la fête. Le paquet cadeau. Pas loin du potlach. 

Comment j’ai pourtant craqué avec F.

Est-ce qu’il fallait faire rater ce qui avait réussi?

Ce soir du 25 où j’ai voulu lui faire la lecture. 

Et où il m’a répondu : Je fais du Japonais. 

Je me suis mise à le haïr, quand il m’a dit ça, F.

Et quand je vous l’air raconté hier, voulant dire son nom, à lui, Frédéric, voulant dire ma colère contre lui, j’ai dit Fr…éronique.

J’ai voulu dire Frédéric, et c’est mon prénom qui est sorti. 

« Freud dit que dans la mélancolie, le moi est séparé en deux parties, dont l’une vocifère contre l’autre. Cette deuxième partie est celle qui a été altérée par l’introjection, et qui contient l’objet perdu. La partie qui se comporte cruellement renferme aussi la conscience , une instance critique dans le moi. »

C’est comme si, j’avais voulu faire un pas plus loin dans ce qui est l’amour pour moi, du côté de l’Idéal du moi, et qu’en un coup, j’étais rattrapée par tout ce qui n’en veut pas, de l’idéal, et que F incarne assez bien. F fait ce qui lui plaît.

C’est comme si… ma colère contre F, mes colères contre lui n’avaient jamais été que des colères contre moi.

Cela m’est tombé dessus. Je ne suis jamais fâchée que sur moi. Ce n’est jamais que la haine de moi qui s’exprime. Et c’est devenu comme si c’était plus la peine du tout de se fâcher sur lui. Que ça ne voulait plus rien dire. Que ce n’était jamais que le retour de cette étrange, étrangère haine de moi, étrange et intime, qui tout juste profite d’une occasion pour enfin se manifester à l’extérieur, pour enfin se montrer, s’exprimer, trouver ses mots et surtout déployer sa terrible hargne, s’exprimer physiquement, enfin se hurler.

D’apercevoir cela a comme défait ce lien de dédoublement à Frédéric, un étrange sentiment de la vanité de ça, de cette colère, m’est tombé dessus, pour ne plus me quitter.

Ça a été très douloureux et j’ai été rattrapée par les voix qui disent… Je ne sais pas trop ce qu’elles disent.. Ce qu’elles disent, ce qu’elles répètent, ce qu’elles scandent … « Tu t’es tuée, tu es morte, tue-toi, meurs, tu vas te tuer, et les coups que j’imagine fondre sur la tête… « 

Sinon, F vient juste de faire des manips sur mon ordi, qui a cessé de fonctionner, et tous les mails à P et de P ont disparu.

mardi 27 juillet 2021 · 12h00

mar. 27 juillet :: rêve -affublée d’un double

À ce que j’écrivais ce matin, je voudrais rapidement ajouter que je m’étais d’abord réveillée fort prise dans un rêve où j’ai aussi longtemps que possible continuer d’errer, que j’aimais alors qu’il s’agissait d’un cauchemar, dont je ne me souviens d’aucun terme, si ce n’est, peut-être, celui exagéré des silhouettes de ce sculpteur dont le nom me revient : Giacometti.

J’étais dans le rêve affublée d’un double, crois-je. Un double masculin dont l’allure évoquait l’un de ses longs marcheurs au corps de terre adoigtement rapprochée (je le dis comme ça me vient). Ce double avait une fonction déterminée liée à ce qu’il ne soit pas sans sens qu’il soit, lui, de sexe masculin. Cette fonction s’exerçait sur moi, consistait à me faire faire quelque chose. D’autres personnes étaient ainsi affublées de doubles. De doubles comme d’ombres.

(Dans une revue, j’avais vu hier une sculpture de Giacometti constituée, je crois, de 4 de ces longs marcheurs (pris dans une sorte de carré, de plaque carrée, à distance respectable les uns des autres), chacun solitaire*. Il y a de ça dans le rêve. Ainsi qu’une petite céramique de mon père.)

Eveillée, songeant à ce rêve, l’oubliant tout en même temps, constatant ma fatigue, j’entendis l’une de ces voix dont j’oublie toujours les paroles, qui me disait, mais de façon fort neutre, de mourir. Je l’ai observé, le phénomène, j’ai vu qu’il pouvait s’amplifier (les phrases étaient prêtes à faire chorus). Je n’avais pas du tout peur, n’étais pas mal à l’aise, restais dans les traces du rêve où j’aurais aimé retourner, dans l’observation de mon ample fatigue, très remarquable, très agréable. J’ai envoyé tout de même l’une de ces phrases un peu stupides que j’utilise parfois pour contrer le phénomène, où je m’enjoins à vivre plutôt (que de mourir). Phrases un peu stupides, inspirées par le tai chi, mais qui ont certainement largement contribué à dédramatiser le phénomène, qui fut autrefois douloureux, qui l’est de moins en moins. Qui n’est plus qu’un signe mystérieux de je-ne-sais-quoi, d’une réalité de mon fonctionnement, d’une vérité même. Il y a en moi quelque chose qui ne tient pas tellement à ce que je vive.

Or, c’est la neutralité ce matin qui était le sentiment dominant. Rien n’était désagréable. Alors même qu’il y avait le cauchemar et les phrases. Je préfère le préciser, cette indéniable amélioration. Car j’ai écrit ici par le passé, le mois dernier, des choses qui moi-même m’ont effrayée.

Je ne dis pas qu’il n’y ait pas d’autres choses à écrire ici, qui aient trait à ce phénomène (des ordres de mourir que j’entends, ou des injures), dont, si je puis dire, la charge virale semble s’être considérablement amoindrie. Je le ferai. Je crois bien que je le ferai.

C’est ce phénomène, dont je ne retiens jamais comment les psys l’appelle, ce que j’ignorais jusqu’à peu, qu’ils l’appelaient, le nommaient, jusqu’à ce que je commence à lire sur la bipolarité, qui a signé pour moi ma mélancolie, dont j’ai même lu qu’elle était considérée « déclenchée » une fois que ces voix apparaissaient. personnellement, j’aurais préféré la case « psychose ordinaire ». Mais bon, ça change.

* Illustration : La sculpture était plus grande que celle de l’illustration que j’ai utilisée, sans être surélevée. Les personnages au moins 4, et plus distants.

mardi 7 septembre 2021 · 18h10

L’immixtion des sujets, Liliane Fainsilber

Le terme d’immixtion des sujets m’étant revenu lors de l‘analyse de mon dernier rêve (Edouard devient fou), sans que je ne sache plus vraiment ce qu’il recouvrait, j’ai fait une recherche sur internet portant sur « immixtion des sujets dans le rêve Freud » et suis tombée sur cet article.

 Article de la psychanalyste Liliane Fainsilber, publié sur son blog, Le goût de la psychanalyse, le 31 octobre 2010

L’immixtion des sujets (une difficulté théorique)

Pour décrire les désastres que provoque au niveau de l’imaginaire la forclusion du nom du père dans la psychose, Lacan utilise ce terme énigmatique de « l’immixtion des sujets ».

L’ancien mot latin, immixtio, donc l’ancêtre de l’immixtion, peut se traduire par le mot mélange. Si nous choisissons sa version hostile, cette immixtion évoque d’emblée une intervention extérieure musclée, une invasion, une intrusion forcée, mais elle peut aussi, retrouvant son ancien sens de mélange, évoquer ce joli terme de métissage. L’ambiguité de ce terme d’immixtion nous permettra donc de distinguer d’une ingérence vite persécutive, ce métissage symbolique qui comporte apaisement des conflits, reconnaissance mutuelle de la différence.

De l’ingérence au métissage,
de l’imaginaire au symbolique

Ce terme d’immixtion apparaît donc pour la première fois dans les très long commentaire du « rêve de l’injection faite à Irma » auquel que Lacan a effectué pas à pas dans le séminaire « Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique analytique ». Il avance en effet ce terme à propos des trois praticiens que Freud à appelé à la rescousse et qui se penchent tous très doctement pour examiner la gorge d’Irma. Ce sont eux qui font immixtion dans le rêve de Freud.

Dans le Séminaire II : une équivalence : immixtion des sujets / foule

A ce propos donc Lacan nous dit qu’il préfère de beaucoup ce terme d’immixtion à celui de « foule au sens freudien ». En rapprochant de façon, me semble-t-il surprenante, ces deux termes d’immixtion des sujets et de foule structurée, autant dire que nous entrons de plein pied dans le problème des identifications du sujet et notamment des trois formes d’identification décrites par Freud, celle de l’identification primaire narcissique, celle de l’identification à un petit trait de l’autre – identification au trait unaire – celle qui caractérise la fin de l’Oedipe, et enfin la troisième forme d’identification, celle de l’identification hystérique.

Dans la lettre volée : les détenteurs de la lettre s’y assujettissent

La deuxième occurence de ce terme d’immixtion se trouve dans « La lettre volée » qui inaugure les Ecrits. Ce texte est une reprise de la toute dernière partie du séminaire de 1954-1955, celui du moi dans la théorie de Freud et dans la technique analytique, séminaire où il commente donc ce rêve de l’injection fait à Irma. Il l’utilise pour démontrer comment ce que Freud appelle instinct de mort est en fait pour lui une manifestation de l’autonomie du symbolique. C’est dans ce cadre que prend sens ce terme d’immixtion des sujets. Les détenteurs de la lettre s’y assujettissent.

Dans le séminaire des psychoses

C’est là en effet que se trouve cette troisième occurence de l’immixtion à un moment décisif où Lacan va définir ce qu’il en est de l’intersubjectivité délirante en prenant appui sur le texte des Mémoires de Schreber et décrire ainsi les liens de Schreber avec ses nombreux objets persécuteurs qui appartiennent tous à la même série, série qui commence avec le Professeur Fleschig et qui se termine en apothéose par les liens privilégiés qu’il entretient avec son Dieu. Ce séminaire est daté du 11 avril 1956.

Avant d’entreprendre sa lecture, je voudrais éclairer les trois occurrences de cette immixtion des sujets avec l’aide des deux axes du schéma L, son axe symbolique et son axe imaginaire que Lacan modifiera plus tard pour rendre compte du délire de Schreber sous le nom de schéma I qui se trouve lui aussi dans les Ecrits.

Mais déjà rien qu’avec ce schéma L, nous pouvons mettre en évidence aisément le double sens de cette immixtion, celui de l’ingérence et celui de du métissage.

Le schéma L

Le schéma apparaît pour la première fois dans le séminaire du 2 février 1955 du « moi dans la théorie de Freud et dans la technique analytique ». il est dessiné ainsi sous le titre « la fonction imaginaire du moi et l’inconscient ».

Il convient de le représenter sous sa forme première, initiale, avec ses orientations, ses traits pleins et ses pointillés.

Le schéma L

Tout d’abord sur ce schéma nous pouvons repérer deux axes. Le premier est un axe symbolique qui part du grand Autre pour rejoindre le sujet. C’est l’axe de ce que Lacan appelle le pacte, de l’engagement, celui où on dit : « tu es mon maître » ou « tu es ma femme ».

Mais c’est aussi celui de la tromperie toujours possible tel cet exemple que Lacan cite souvent et qu’il a emprunté à Freud :   « Pourquoi me dis-tu que tu vas à Cracovie pour que je crois que tu vas à Lemberg alors que tu vas à Cracovie? »

Le second axe est l’axe imaginaire qui part du petit autre pour arriver au moi. C’est l’axe de la relation d’objet, de la constitution des objets du désir et des identifications multiples y compris bien sûr celles des identifications oedipiennes.

C’est donc sur ce schéma que nous pouvons maintenant inscrire les deux types d’immixtion des sujets, celle qui s’inscrit sur l’axe imaginaire et l’autre sur l’axe symbolique, sous le nom d’ingérence et de métissage.

Je reprends donc chacune de ces occurrences dans leur contexte avec tout d’abord le rêve de l’injection faite à Irma.

Il y a ce soir là grande réception chez les Freud : « Il y a foule ».

C’est ce que nous raconte Freud dans le texte de son rêve. Je le cite : « Un grand hall – beaucoup d’invités, nous recevons. Parmi ces invités, Irma que je prends tout de suite à part pour lui reprocher, en réponse à sa lettre, de ne pas avoir encore accepté ma solution. Je lui dis : « Si tu as encore des douleurs c’est réellement de ta faute  » et elle répond : « Si tu savais comme j’ai mal à la gorge, à l’estomac et au ventre, cela m’étrangle ». Je l’amène près de la fenêtre et j’examine sa gorge… j’aperçois d’extraordinaires formations contournées qui ont l’apparence des cornets du nez et sur elles de larges escarres blanc grisâtre – j’appelle aussitôt le docteur M… Mon ami Otto est également là , à côté d’elle, et mon ami Léopold la percute par dessus le corset ; Il dit : « Elle a une matité à la base gauche »…. M dit il n’y pas de doute c’est une infection mais ça ne fait rien ; il va s’y ajouter de la dysenterie et le poison va s’éliminer ».

A la fin de ce rêve Freud réussit à trouver le vrai coupable : C’est la faute d’Otto qui a fait à Irma une piqure de triméthylamine avec une seringue qui n’était pas très propre. Cette formule qui dans son rêve s’inscrit devant ses yeux en caractères gras.

Analyse

Comme le souligne Lacan ce rêve se divise en deux parties, dans la première, Freud décrit ses démêlés avec trois femmes, Irma, sa femme et une de leurs amies. C’est plus une relation d’identification imaginaire à ces trois femmes qu’une relation d’amour. Elle se termine par une vision d’horreur, le fond de la gorge d’Irma. Freud l’appelle l’ombilic du rêve, Lacan rencontre avec le réel.

Cette première partie correspond à ce que nous pouvons appeler le chiffrage du rêve, son élaboration.

Au-delà de ce point franchi, quand les trois confrères de Freud se penchent ensemble sur le cas d’Irma, nous pouvons dire que Freud commence au cours même de ce rêve à le déchiffrer, à l’interpréter.

C’est à ce moment là que Lacan avance pour la première fois ce terme d’immixtion des sujets à propos de ces trois confrères qui dans ce rêve se mêlent à, la conversation qui se poursuit entre Freud et Irma. Ils sont les petits autres de Freud, ses objets rivaux, mais ils sont comme Irma, des personnages de substitution. Ils représentent les personnages oedipiens de Freud à savoir ses demi-frères, Philip et Emmanuel et sans nul doute aussi, même si Lacan ne le cite pas, son petit neveu John qui était son objet rival par excellence.

Il indique qu’il s’agit là d’une véritable décomposition spectrale du moi et c’est donc ce qu’il définit comme étant une immixtion des sujets.

Voici comment il la décrit : Après la vision de la gorge d’Irma… « Un franchissement s’accomplit… il entre à la fin du rêve, une foule, mais c’est une foule structurée, comme la foule freudienne. C’est pourquoi j’aimerais mieux introduire un autre terme que je laisserai à votre méditation avec les doubles sens qu’il comporte : l’immixtion des sujets.
Les sujets entrent et se mêlent des choses, cela peut être le premier sens. L’autre est celui-ci – un phénomène inconscient qui se déroule sur un plan symbolique, comme tel décentré par rapport à l’ego, se passe entre deux sujets. Dès que la parole vraie émerge, médiatrice, elle en fait deux sujets très différents de ce qu’ils étaient avant la parole. Cela veut dire qu’ils ne commencent à être constitués comme sujets de la parole qu’à partir du moment où la parole existe, et il n’y a pas d’avant ».

Si nous essayons maintenant d’utiliser le schéma L pour décrire les différents temps de ce rêve dit de l’injection faite à Irma, nous pourrions inscrire sur l’axe imaginaire a a’, dans la première partie du rêve, en a, le moi de Freud et en face, en a’, au niveau de ses petits autres, tout d’abord les trois femmes qui sont pour lui plus des objets d’identification que des objets d’amour : sa femme, Irma et l’amie d’Irma.

Intersubjectivité imaginaire

Dans la deuxième partie du rêve, Breuer Otto et Léopold viennent à leur tour jouer ce rôle des petits autres imaginaires de Freud. Eux-mêmes représentent ses objets rivaux oedipiens. Puisqu’il s’agit d’une intersubjectivité imaginaire nous pouvons les inscrire aussi bien en a qu’en a’ : ils appartiennent tous au moi de Freud, ils comptent comme la somme des identifications du sujet, ce moi « en pelure d’oignon ».

L’intersubjectivité symbolique

Mais ce n’est pas tout, si nous définissons l’intersubjectivité symbolique comme parole qui passe entre deux sujets. En l’occurrence, avec cette formule de la triméthylamine, ce qui est révélé c’est le transfert passionné de Freud pour Fliess qui lui a permis de découvrir le sens du rêve et de la névrose. Comme le souligne Lacan, c’est « au milieu de ce chaos, du brouhaha de cette foule, que se révèle à Freud le sens du rêve, qu’il n’y pas d’autre mot du rêve que la nature même du symbolique » (1)

Intersubjectivité symbolique

Mais au delà de cette formule, quel pouvait être le désir de Freud, le désir structurant de ce rêve? C’est une remarque d’Otto sur l’état de santé d’Irma qui a éveillé la culpabilité de Freud à l’égard de son analysante. Il l’avait en effet confiée à Fliess pour une intervention sur l’ethmoïde et celui-ci avait oublié une compresse dans la plaie. Elle ne va effectivement pas bien du tout.  « Le sens de ce rêve, ce qui l’anime, nous dit Lacan, est le désir de Freud de se libérer de sa culpabilité. C’est en effet à cela qu’aboutit ce rêve. L’entrée en fonction du système symbolique dans son usage le plus radical, le plus absolu, vient à abolir si complètement l’action de l’individu qu’il élimine son rapport tragique au monde… le sujet se trouve d’entrée de jeu n’être qu’un pion poussé à l’intérieur de ce système et exclu de toute participation qui soit proprement dramatique et par conséquent tragique à la rélisation de la vérité. »

Mais bien que Lacan ne le relève pas, comme cette triméthylamine est un produit de décomposition des substances sexuelles nous pouvons nous demander si elle n’indique pas aussi une première remise en question des fumeuses élaborations théoriques de Fliess sur les périodes masculines et féminines de 23 et de 28 jours ? Beaucoup plus tard Freud avouera en effet à Jung, que tout ce qu’il avait appris sur la paranoïa, il le tenait avant tout de Fliess. Il pensait, pour tout dire que Fliess était paranoïaque.

Trois par trois, les personnages de la lettre volée

Cette métaphore du sujet poussé comme un pion à l’intérieur du système symbolique et entièrement soumis aux lettres de son destin, c’est ce que Lacan reprendra avec la fiction littéraire de Poe sous le titre de La lettre volée.

C’est ainsi que nous retrouvons la deuxième occurrence de l’immixtion des sujets qui est décrite dans le texte des Écrits. Je vous rappelle le sujet de cette fiction clinique: Une lettre compromettante pour la Reine a été volée par le ministre au nez et à la barbe du roi qui ne s’est aperçu de rien. La police cherche à reprendre possession de cette lettre chez le ministre mais en vain. Elle reste introuvable Seul Dupin, en s’identifiant au ministre, en se mettant à sa place, a réussi à savoir comment il l’avait cachée, justement en la laissant bien en évidence, visible aux yeux de tous, posée sur le manteau de la cheminée, mais en changeant simplement son adresse.

Les personnages sont au cours des deux scènes du vol puis de la récupération de la lettre toujours regroupés par trois, comme dans le rêve de l’injection faite à Irma : Le roi, la reine et le ministre, puis dans la deuxième scène, la police, le ministre et Dupin.

C’est à propos de ces personnages que Lacan écrit: « Le module intersubjectif étant ainsi donné de l’action qui se répète, il reste à y reconnaître un automatisme de répétition, au sens qui nous intéresse dans le texte de Freud. La pluralité des sujets bien entendu ne peut être une objection pour tous ceux qui sont rompus depuis longtemps aux perspectives que résume notre formule: l’inconscient c’est le discours de l’Autre. Et nous ne rappellerons pas maintenant ce qu’y ajoute la notion de l’immixtion des sujets, naguère introduite par nous en reprenant l’analyse du rêve de l’injection d’ Irma. Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est la façon dont les sujets se relaient dans leur déplacement au cours de la répétition intersubjective »

Ces deux premières occurrences de l’immixtion des sujets méritent d’être comparées parce que la démarche de Lacan est inversée dans ces deux approches : dans la première, celle du rêve, il part de l’imaginaire, de la signification du rêve, pour retrouver la lettre du rêve, la formule de la triméthylamine.

Dans la seconde occurrence, il part du symbolique, de la lettre, pour décrire ses effets imaginaires sur le sujet Lacan écrit : « ce que Freud nous enseigne … c’est que le sujet suit la filière du symbolique, mais ce dont vous avez ici l’illustration est plus saisissant encore. Ce n’est pas seulement le sujet, mais les sujets pris dans leur intersubjectivité, qui prennent la file, qui prennent la file… et qui plus dociles que des moutons, modèlent leur être-même sur le moment qui les parcourt de la chaîne signifiante »

L’intersubjectivité délirante

Par rapport à ce que Lacan décrit de cette immixtion des sujets, comment va-t-il définir ce qu’il appelle l’intersubjctivité intersubjectivité délirante? Nous revenons donc à ce séminaires des psychoses celui daté du 11 avril 1956.

Mais avant de le relire je voudrais d’abord vous rappeler un petit passage du texte de Freud sur Schreber où il décrit à sa façon cette intersubjectivité :  « Si nous envisageons l’ensemble de ce délire, écrit Freud, nous voyons que le persécuteur se divise en deux personnes : Fleschig et Dieu ; de même, Fleschig se divise lui même plus tard en deux personnes, le Fleschig « supérieur » et le Fleschig « du milieu », comme Dieu en Dieu « inférieur » et en Dieu « supérieur »… Une telle division est tout à fait caractéristique des psychoses paranoïaques. Celles-ci divisent tandis que l’hystérie condense, ou plutôt ces psychoses résolvent à nouveau en leurs éléments les condensations et les identifications réalisées dans l’imagination inconsciente » (2) .

Dans ce séminaire du 11 avri1 1956, Lacan définit une fois de plus ce qu’est la structure en tant qu’elle est liée au signifiant et qu’il souligne que la psychose ne peut être abordée qu’à partir de là. En effet si on aborde le champ de la psychose à partir de la signification – ce que font la plupart du temps les analystes – rien ne nous permet de distinguer la névrose de la psychose.

Lacan repart donc de la structure, du signifiant et ce qu’il a déjà dit de l’intersubjectivité pour décrire ce qu’il en est de l’intersubjectivité délirante. En effet dit-il « Nous entrons dès qu’il y a délire à pleines voiles dans le domaine d’une intersubjectivité dont tout le problème est de savoir pourquoi elle est fantasmatique ».

Il reprend donc par rapport à la psychose et au délire ce mécanisme dit de l’immixtion des sujets : il rappelle que « le propre de la dimension intersubjective est défini par le fait qu’il y a dans le réel un sujet capable de se servir du signifiant comme tel, c’est à dire non pas pour vous informer comme on dit mais pour vous leurrer (3) que cette possibilité est là essentielle, c’est cela qui distingue l’existence du signifiant. Mais ce n’est pas tout, dès qu’il y a sujet et usage du signifiant il y a un usage possible de l’entre-je, c’est à dire du sujet interposé.

Cette immixtion des sujets dont vous savez que c’est l’un des éléments les plus manifestes du rêve de l’injection d’Irma, à savoir les trois praticiens appelés à la queue-leu-leu par Freud, qui veut savoir ce qu’il y a dans la gorge d’Irma. Ceci n’est qu’une indication. L’immixtion des sujets est-ce que ce n’est pas précisément là ce quelque chose qui nous parait à portée de main dans le délire. L’immixtion des sujets, cette chose qui est tellement essentielle à toute relation intersubjective qu’on peut dire je crois qu’il n’y pas de langue qui ne comporte des tournures grammaticales tout à fait spéciales pour l’indiquer. Pour vous faire comprendre ce que je veux dire, je vais prendre un exemple. C’est toute la différence qu’il y a entre le médecin chef qui a fait opérer un malade par son assistant et un médecin qui devait opérer un malade et qui l’a fait opérer par son interne. Le résultat est le même mais vous devez bien sentir, encore que ça aboutisse à la même action, ça veut dire deux choses complètement différentes. Dans le délire c’est de cela qu’il s’agit tout le temps. On leur fait faire ceci. C’est là qu’est le problème ».

Si nous reprenons la structure grammaticale des deux premières phrases. La seconde est la plus simple, « le médecin a fait opérer son malade par son interne ». Il y interposition imaginaire d’un autre sujet, à savoir l’interne, entre le médecin et son malade, c’est un entre-je imaginaire. Par contre la première phrase est plus complexe en tant qu’il faut distinguer deux points de vue, celui du malade et celui de l’interne. Si le chirurgien a promis à son malade de l’opérer et qu’il le fait opérer par son interne, il y a rupture de promesse, trahison Tandis que vue du côté de l’interne, cette phrase témoigne plutôt d’une transmission, d’un transfert de compétence, c’est donc un geste de reconnaissance. Nous pouvons inscrire cette phrase dans l’axe symbolique des rapports du sujet à L’Autre, soit dans le registre du pacte, soit dans le registre de la tromperie.

Au contraire pour le psychotique, dans l’ordre de l’intersubjectivité délirante, sur l’axe imaginaire du schéma L, On lui fait ou on lui fait faire ceci ou cela, soit directement soit par l’intermédiaire de cet interne, ce n’est plus une rupture de promesse pour le patient ni une autorisation, un encouragement pour l’interne mais une pure injonction qui est du registre de la persécution, de la puissance. Il n’y a pas pour chacun des deux, soit l’interne, soit le patient, possibilité de choix. Ils sont aux ordres, soit comme persécuteur de seconde main soit comme persécuté.

(Est-ce qu’on reconnaît ici mon Edouard, Persécuteur de seconde main, et mon Anton, Persécuté?

Tandis que le « On lui fait faire » m’évoque le rêve où je suis affublée d’un double, comme d’une ombre, « qui me fait faire quelque chose ».

Ces phénomènes sont souvent décrits dans les mémoires de Schreber notamment dans la façon dont Dieu l’empêche, entre autres choses, d’aller déféquer tranquillement (4).

En attendant le schéma I

En attendant le schéma I qui a été inventé par Lacan pour décrire les lignes de force du délire de Schreber nous pouvons déjà repérer sur le schéma L ce qui différentie cette intersujectivité délirante

C’est tout d’abord l’axe symbolique qui est effacé dans la psychose, celui qui va du grand A à S, du grand Autre au sujet. Ce qui ne tient pas en effet pour le psychotique, c’est la subjectivité de l’Autre. L’Autre n’est pas construit pareil que le sujet. L’Autre n’est pas castré. L’Autre n’est pas désirant et donc rien ne permet au sujet de s’identifier en un premier temps à l’objet du désir de l’Autre, puis de s’en dégager par l’intervention de la métaphore paternelle.

Mais cette disparition de l’axe symbolique retentit aussi sur l’axe imaginaire dans les relations du moi au petit autre. Lacan souligne le fait que le psychotique « réagit à l’absence d’un signifiant par une affirmation d’autant plus appuyée d’un autre qui lui, comme autre, est essentiellement énigmatique. L’Autre avec un grand A je vous ai dit qu’il était exclu, exclu en tant que porteur du signifiant. Il est d’autant plus puissamment affirmé entre lui et le sujet au niveau du petit autre. Au niveau de l’imaginaire se passent tous les phénomènes d’entre-je qui eux vont constituer ce qui est apparent dans la symptomatologie de la psychose ».

Ainsi pour l’exemplifier nous pourrions inscrire sur le schéma L, outre son premier persécuteur, Le docteur Fleschig, son successeur le docteur Weber, sans compter les infirmiers de la clinique mais surtout le dieu de Schreber avec toutes ses subdivisions, Dieu antérieur et postérieur, inférieur et supérieur mais aussi avec ses vestibules du ciel et ses oiseaux miraculés. Il y aurait donc beaucoup de monde en a’ mais aussi en a.

Mais Lacan revient aussi sur cette question de l’intersubjectivité délirante exclusivement imaginaire, pour en dire ceci :

« La question est sensiblement éclairée par la nature des phénomènes de l’entre-je, au niveau de l’autre du sujet, de celui qui a l’initiative dans le délire, du Professeur Fleschig, dans le cas de Schreber, du Dieu qu’il est tellement capable de séduire qu’il met en danger l’ordre du monde : entre Schreber et Fleschig un autre est interposé, Dieu mais un dieu lui-même décomposé en de nombreuses instances. Mais l’important, le révélateur, le significatif, c’est le cas de le dire, est de voir apparaître au niveau de l’entre-je, c’est à dire au niveau du petit autre, du double du sujet… une sorte d’usage en quelque sorte taquinant du signifiant comme tel… Ce qui au fond du rêve de l’injection faite à Irma apparaît comme la formule en caractère gras… de même, dans le délire, nous trouvons là l’indication… que ce dont il s’agit c’est de la question du signifiant ».

Et donc au fond, c’est lorsque je me suis aperçue qu’Edouard n’était qu’un double, un petit autre imaginaire, dans mon lapsus fait en séance, que ma colère contre lui est tombée : je n’étais fâchée que contre moi. Je n’étais jamais en colère, que fâchée contre moi. Ce qui est étonnant, c’est que cet aperçu, en un éclair, ait à ce point transformé la situation, modifiée. Il ne m’a plus été possible de rester en colère longtemps sur Edouard. Il ne valait plus rien comme autre persécutant. Dans la réalité tout du moins, dans le rêve, ça fonctionne encore.

Dans le séminaire suivant, du 18 avril 1956, Lacan précise à nouveau les modifications que subissent les liens imaginaires du moi au petit autre en tant que conséquence d’un manque essentiel, celui d’un signifiant, du signifiant du père.

« Supposons justement ceci qui comporte pour le sujet l’impossibilité d’assumer la réalisation du signifiant père au niveau symbolique, qu’est-ce qu’il reste ? Il reste évidemment tout de même la relation imaginaire, c’est à dire que justement c’est une image, que c’est quelque chose qui ne s’inscrit pas dans une relation triangulaire quelconque mais que la relation sera réduite à cette image, sa fonction essentielle d’aliénation spéculaire, de modèle, quelque chose à quoi le sujet peut s’accrocher, s’appréhender sur le plan imaginaire existera quand même. Elle existera justement dans le rapport tout à fait démesuré d’un personnage ou d’un type qui se manifeste purement et simplement dans l’ordre de la puissance et non pas de l’ordre du pacte ».

Le Dieu de Schreber en est l’exemple.

Et ici, reconnaît-on l’horrible personnage de ce cauchemar, qui me met à genoux?

octobre 2001

Notes

1 – p.191 du Moi dans la théorie de Freud et…

2 – Schreber dans les Cinq psychanalyses : voir ce que Freud décrit du fractionnement d’âme : p. 274 et aussi p. 297. Cela donne en effet une bonne idée de ce qu’est cette immixtion des sujets.

3- A propos du leurre voici une devinette qui l’illustre: « Vincent mis l’âne dans un pré et s’en vint dans l’autre ». Combien y a-t-il d’ânes?

4 – p. 276, 277. Mémoires de Schreber

vendredi 17 septembre 2021 · 11h07

jeudi 16 sept. – rêve :: 2 + 1 chiens

…rêve du jeudi 16

j’ai deux chiens identiques, je les reçois. deux jeunes chiens noirs et maigres, au poil ras. ils courent dans tous les sens.
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j’ai un grand chien, plutôt grand et blanc, au poil long. je le promène, je fais des activités avec lui.
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à un moment, des laisses sont mises.
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je me souviens avec effroi des jeunes chiens noirs, oubliés, disparus. ils doivent être attachés quelque part. je les retrouve, debout, immobiles, côte à côte dans un  carton que j’ouvre, ils sont liés, j’ôte leur laisse, leurs liens, qui sont des sortes de bandages sur les yeux,  fermés, que je détache. ils gardent les yeux fermés, collés. c’est affreux en fait, ils sont dans un sale état. je suis très triste.
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le gros chien blanc est toujours là. ils sont trois chiens. je crois que j’ai le sentiment que je ne dois plus l’oublier.

associations…

quel chien?

#dependance
Il y avait eu la veille du rêve une pensée aux chiens et aux chats, à ce qui les sépare. J’avais pensé à cette sorte de malchance des chiens, à leur ultra-dépendance aux humains. J’avoue me trouver moi-même extrêmement dépendante….

#masochisme (et place vide du sujet)
Avant ça, peut-être y a-t-il eu cet extrait du livre d’Eric Laurent, L’envers de la biopolitique1, publié ici le 7 septembre, où il est question du fantasme du masochisme d’être traité comme une chose qui « à la limite, se marchande, se vend, se maltraite, est annulé dans toute espèce ce possibilité votive (au sens de vœu) de se saisir comme autonome. Il est traité comme un chien, dirons-nous, et non pas pas n’importe quel chien – un chien qu’on maltraite, et, précisément, comme un chien déjà maltraité.2 » Dans le Séminaire VI, ajoute Eric Laurent, Lacan élabore « le masochisme en tant qu’il est articulé à la place vide du sujet qui, réduit à un chien maltraité n’ayant rien à dire sur son sort, n’ayant plus droit à la parole – c’est la donnée essentielle – est voué à disparaître.« 

« La mélancolie, sacrifice suicide, s’identifie à cette mort du sujet qui se nomme dans le même temps où il s’éternise. »

Eric Laurent, Ornicar? 47, « Mélancolie, douleur d’exister, lâcheté morale », p. 10.

le lien a-a’ de la relation imaginaire

Le lendemain du rêve, ce matin me réveillant, m’est venue cette idée pour une interprétation en 3 points:

  1. Etre partie de a – a’, l’identification imaginaire au double, au petit autre.
  2. Avoir rencontré le chien blanc, le grand chien blanc. Celui aussi du semblant. Je pense à Lacan.
  3. Et puis… me souvenir qu’ils sont là, qu’ils sont là aussi, les petits autres de l’identification, toujours.

Je ne vois pas trop bien ce qu’il y a de satisfaisant dans cette interprétation, mais je l’ai tout de suite trouvée grosse d’une signification que je n’aperçois pas encore.

A propos du lien a-a’, de la relation imaginaire au petit autre, je commencerai par évoquer une sorte de souvenir-écran où je me vois debout dans un bus, ou un tram, me tenant du bras droit à une barre en hauteur, très près de la fenêtre, soudainement rappelée à une phrase de Lacan dans le séminaire que je lis alors, l’un des premiers, le premier peut-être, où il élaborait le schéma L et où, citant une jeune femme qui le lui avait commenté, il répliquait, en substance, « la pauvre, elle ne sait pas encore… que sa vie ne fera jamais rien d’autre qu’osciller entre a et a' ». Cela m’aura marquée. Est-ce que c’est à cause de cette remarque que j’ai toujours eu l’impression de quelque chose d’obscur quand il était question de cette relation imaginaire, a-a’, au petit autre?

Concernant cette relation, dont j’ai récemment entrepris la traque après l’avoir copieusement ignorée, j’ai récemment été frappée par une lecture sur l’immixtion des sujets dans la psychose par L. Fainsilber, que j’avais d’ailleurs également republiée ici.

Tandis qu’après avoir fait ce rêve, je relisais hier l’article de Jean-Claude Encalado sur la mélancolie d’Althusser. J’y ai trouvé des choses très simples, très clairement articulées sur l’identification imaginaire dans la psychose qui m’ont frappée et qui certainement auront entraîné cette interprétation du rêve.

Jean-Claude Encalado décrit la relation imaginaire d’Althusser à son grand-père, à son ami Paul, à d’autres encore, des professeurs, et finalement à Hélène Rytmann. Il en parle comme de la relation qui vient suppléer au défaut phallique :

Avec le grand père : « Et pendant toutes ces activités qu’il accomplit avec son grand père, il se sent là dans un corps d’homme.« 
Avec l’ami Paul : « Il trouve en Paul un appui imaginaire : « Il a ce que je n’ai pas : le courage. » Il est costaud, il est courageux, et dans leur détresse, dans leur solitude, ils vont trouver refuge dans leur association.« 
Avec Monsieur Richard : « professeur de français, un pur esprit, un être détaché de la chair. « Je m’identifiai complètement à lui (tout y prêtait), j’imitai aussitôt son écriture, […] adoptai ses goûts, ses jugements, imitai même sa voix et ses inflexions tendres. […] Manière de régler mon rapport à un père absent en me donnant un père imaginaire. » Comme il le dit clairement, à la forclusion paternelle, répond une figure imaginaire : un professeur de lettres. »
Ce qui se passera avec Hélène Rytman est plus subtil. Elle deviendra sa femme. Il ira d’abord vers elle tout à l’élan de la sauver – elle est dans un état lamentable -, puis il passera par un moment d’angoisse extrême provoqué par leur premier rapport sexuel, qui le conduit en hôpital psychiatrique, à Sainte Anne, où il est soigné pour démence précoce et dont il n’est pas sûr de pouvoir jamais sortir. Hélène le sauvera, parvenant à introduire un autre médecin à l’hôpital qui infirme le diagnostic, qui parle parle de mélancolie grave plutôt que de démence, il pourra sortir de l’hôpital, non sans être passé par les électrochocs. L’hospitalisation aura duré plusieurs mois. Au sortir de là, il va vers la femme qui l’a sauvée, la femme au courage et à l’intelligence d’exception, qui dit-il, fait de lui un homme. Il peut la sauver (comme il faut qu’il sauve sa mère), mais elle aussi, le sauve. Quelques années plus tard, il la tuera… dans un moment d’égarement.

Je ne suis pas sûre que cela éclaire vraiment ce qu’il en est dans ce rêve. Pour moi, ces deux petits chiens noirs, bâtards, m’évoquent cette relation imaginaire.

Une autre chose m’avait frappée : ils sont l’un et l’autre atteints de maniaco-dépression, et c’est comme s’il s’agissait d’une tout autre maladie. Ce qu’Althusser décrit des terribles difficultés d’Hélène est certainement plus proche de ce que je connais que de ses épisodes hypomaniaques à lui.

Althusser, L'avenir dure longtemps suivi de les faits
…la terreur fantasmatique d’Hélène de n’être qu’une mauvaise mère, une mère affreuse, une mégère à faire du mal et mal, et avant tout à qui l’aimait ou voulait l’aimer. A la volonté impuissante d’aimer, ne répondait alors que le refus (désir) farouche, obstiné et violent de ne pas être aimée parce qu’elle ne le méritait pas, parce qu’au font elle n’était qu’un affreux petit animal plein de griffes et de sang, d’épines de fureur.

le chien blanc

Pour ce qui est du chien blanc, ce chien unique, qui a toutes les qualités inverses de celles des deux chiens : il est Un, il est blanc, il est grand, il a le poil long (un peu chien de berger, quand les deux autres sont de très jolis petits bâtards noirs)…. Pourquoi me fait-il penser à Lacan ? Je parlais hier de ce que ça avait été pour moi, d’avoir pu croire en Lacan. Pendant des années, je me suis suis bâtie sur sa lecture, je me suis formée à son enseignement, il m’a apporté des choses que je n’ai trouvées nulle part ailleurs. Il est véritablement le seul qui ait donné du sens à ce qui jusque là n’en avait aucun, et qui m’ait apporté l’envie de savoir, de découvrir. Le goût de Lacan pour le réel, les instruments qu’il offre pour l’aborder… C’est un virus dont on ne veut pas être guéri… Tout dans son enseignement est ouvert au plus mystérieux, au plus étrange, au plus extime… Si j’ai appris à m’aimer, si je ne suis pas confondue de haine pour moi-même comme ce que je lisais sous la plume d’Althusser parlant de sa femme, c’est par lui, c’est grâce à lui… Même m’étant durant toutes ces années, plus de vingt, trompée quant à mon diagnostic: ce qui ne trompe pas c’est la jouissance, la jouissance dans son acception lacanienne, c’est d’elle j’apprenais quelque chose.

Cet amour Un pour Lacan, sans faille, dont j’ai cru qu’il finirait par m’apporter métier et communauté, ce qui n’a nullement été le cas, que je deviendrais analyste, que je travaillerais au sein de l’Ecole de la Cause freudienne, cet amour a fait de moi une névrosée modèle pendant des années. C’est le discours même de Lacan, son goût du réel, qui a suppléé au dit défaut phallique. La démarche analytique conduit à toujours chercher à traquer le réel, en développe le goût, la volonté. Et ce goût, ce respect même je dirais du réel, respect je crois natif chez moi, amplifié certainement par la jouissance intellectuelle qu’il y a à le traquer, à le débusquer, à toujours vouloir aller vers ce qui vous dépasse, ce dont on se sent à la fois le plus séparé et le plus proche, permet au moins de pointer certaines subtilités de la vie, dont in fine aucune loi déjà écrite ne répond. C’est un défi.

[ ici parler du rêve du N, du sang N, et du semblant + lien]

Il n’y a pas de relation entre l’amour de moi-même et la haine de moi-même. Ce n’est que récemment, avec le diagnostic, que j’ai pu commencer à composer avec quelque chose que je pourrais appeler haine, haine de soi. Que je ressens parfois comme une force venant du dedans, venant de moi, mais toujours totalement inconnue, absolument étrangère. M’agissant de l’intérieur. Je l’ai reconnue comme réelle. Un réel auquel je peux, de façon même fabriquée, opposer l’amour, l’amour de moi-même. Il se trouve qu’une bonne part de cet amour s’est vu augmenté au travers de la figure de Lacan, de l’action lacanienne, de la démarche analytique, qui conduit à accorder de la valeur au moindre déchet. De la valeur au déchet même.

Enfin, tout ceci est extrêmement difficile à écrire et très mal écrit.

Toute la maladie n’est pas la haine de soi. La haine de soi c’est le chien des enfers. Si je l’ai peu dite en analyse, si elle a manqué à apparaître, si elle ne s’est exprimée que dans une haine adressée à autrui (ce que j’ai tenté de cerner avec mon histoire d’immixtion des sujets), c’est que je savais ce qu’elle comporte de jouissance et que je me gardais d’en faire étalage. Cette jouissance, je ne voulais pas qu’elle soit repérée en tant que telle par un analyste. Elle s’est manifestée autrement. (C’est une chose, je me dis parfois, qu’on devrait apprendre à l’école, la part qu’on prend à son propre malheur, ça n’est plus très à la mode, et ça l’a parfois été trop, je me suis certes accusée de trop de torts, mais enfin, se défier davantage de soi ne ferait de tort à personne.) Je disais donc : la haine où je suis de moi, je suis arrivée à la faire payer cher aux autres, aux autres aussi (Freud le dit très bien), mais elle n’est pas tout. Mais, je ne sais plus ce que je voulais dire.

Alors, est-ce que tout ça nous mène loin du rêve aux chiens, du rêve aux 3 chiens. Dans ce rêve, ce qui compte, c’est l’oubli des petits chiens. Et l’état lamentable dans lequel je les retrouve, enfermés dans des cartons, les yeux tout collés. Ils sont un peu comme des chiens empaillés, mais toujours en vie. Ils ont cette sorte de raideur de certain jouet que j’aurais eu, de chien noir, petit chien noir à bascule : exactement, les voilà, le voilà. C’est un jouet qui ne m’a pas appartenu, mais qui se trouvait au château d’A, et qui avait bien pour moi quelque chose de dégoutant, tant il était réaliste (peut-on s’asseoir sur un chien empaillé, ce qu’il n’était pas, pas vraiment).

Je ne sais ce qui dans les jours précédents m’a conduite à repenser à ce qu’a été Lacan pour moi. Quel père il a été.

Enfin, il faudra que j’y revienne… Il reste quand même quelques choses possibles à en dire.


  1. Cela fait quelques temps que je tente d’éclaircir pour moi la part d’énigme du texte d’Eric Laurent sur la mélancolie où il situe ce qui se joue pour le mélancolique au moment du Fort/Da, lequel depuis oriente certaines de mes recherches et m’a amenée à retrouver et à publier ici une page de son Envers de la biopolitique, où il est question du fantasme masochiste d’être traité comme un chien. Eric Laurent écrit : « La mélancolie, sacrifice suicide, s’identifie à cette mort du sujet qui se nomme dans le même temps où il s’éternise. »
    Eric Laurent, Ornicar? 47, « Mélancolie, douleur d’exister, lâcheté morale », p. 10.
     . ↩︎
  2. Lacan J, Le Séminaire, livre VI, Le désir et son interprétation, p. 152-153. ↩︎
dimanche 24 juillet 2022 · 14h15

Dimanche 24 juillet

je suis furieuse contre lui et ne sais pourquoi. Il a joué aux jeux vidéo toute la journée. Je n’exprime rien de ma colère, ça ne sert à rien. Et puis, je crois que quand je suis fâchée sur lui, c’est toujours en fait sur moi que je suis fâchée. Qu’il ne s’agit que de la haine que je me voue reportée sur lui. Parfois cette haine est plus forte. Évidemment, s’il ne m’offrait pas en miroir une image de ce que je suis et de ce que je me reproche, ce serait plus facile. Non, que je me reproche de jouer aux jeux vidéos, je n’y joue pas… C’est…

En tout cas, je suis sûre de ne pas l’aimer.

vendredi 30 décembre 2022 · 18h09

Vendredi 30 déc 2022

7h54, hier soir 4 gouttes de CBD 20. Je suis rassurée, ça marche toujours. Suis à ma place habituelle dans le canapé, que je quitte très peu, dans le noir. Je vais relire ce que j’ai écrit hier.  Chester le chat lorgne sur mes genoux alors que je voudrais déjà me refaire une Ricoré.

Mes symptômes ont vraiment peu évolué depuis le temps que je fais une analyse.

Je ne sors pas. Je vois très peu de monde. J’ai toutes les difficultés du monde à aller chez le coiffeur, à m’acheter des vêtements.

Je ne parviens pas à « tenir mon ménage ». Je cuisine quand ça me chante, subitement, et alors pendant quelques jours à l’affilée, jusqu’à ce que ça retombe. Je ne parviens pas à garder l’ordre et la propreté que la femme de ménage, Maria, parvient à imposer en 3 heures seulement par semaine.

Je n’arrive à me tenir à aucune discipline. Même celle de me laver et de m’habiller.

 Je n’arrive pas à m’organiser, à organiser mon temps, mes activités.

Je n’arrive certainement pas à faire du tai chi.  

C’est aussi une question de solitude, j’aurais besoin pour ça d’un espace à moi. Idem pour l’écriture. Je ne sais pourquoi, je ne peux pas toujours faire ça au vu et au su de tous. Ceci, ce besoin de solitude, mériterait d’être mieux articulé.

Il est possible que je dessinerais si j’habitais seule. Que je ferais des choses qui prennent de la place dans l’espace.

Le faire en présence de F, je ne peux pas.

D’une part, F, est une sorte de double de moi. C’est une part de sa fonction, dans le cadre de ma maladie. Et pas le double aimable. Celui auquel j’en veux. Sur lequel je reporte une part de la haine et du mépris que je me voue. Le trop plein de haine et de mépris. Le mépris est le pire, non ?

Et la colère. C’est sur lui qu’elle retombe.

D’autre part, il est celui qui veille sur moi, qui prend soin de moi, et que j’ai tendance à inquiéter.

Il n’est pas toujours ce double non-aimable, ni l’inquiet pour moi. Il ne doit pas toujours l’être. C’est par périodes.

En ce moment, si c’est difficile, c’est contrôlable.

Ce sont les symptômes qui ont bougé, qui se sont fortement atténué.

Le double haï, je le sais, sa fonction, je la connais, je sais qu’il ne s’agit que d’un report sur lui de la haine de moi. D’un report de ce qui déborde et que je peux alors exprimer. Qui ne trouve d’ailleurs plus à s’exprimer. Qui plus est, j’ai mieux pris conscience de ses propres difficultés (euphémisme), à F. Et donc je contrôle beaucoup mieux. Je ne peux plus y croire comme avant, à ma haine contre lui. Malgré que son silence et son addiction aux jeux vidéos me renvoient une image de ce qui a moi à toujours été interdit.

C’est une question de surmoi, me dis-je. Comment trouver à s’arranger avec le surmoi.

Et en même temps, j’ai moins besoin d’inquiéter F. De l’inquiéter pour moi.

Mais je ne suis pas sûre qu’il n’ait pas lui besoin de cette inquiétude.

Cette part inquiète, c’est celle de ma mère.

C’est toujours dans l’inquiétude qu’elle a le mieux trouvé à s’adresser à nous, qu’elle justifiait son rôle maternel. J’essaie ça, cette explication-là.  C’est le seul moment où j’avais des choses à lui dire, qu’elle avait une oreille à me donner, quand il s’agissait de me plaindre. Cette plainte que j’ai longtemps pensée hystérique.

08:50, je vais retourner me coucher.

Je suis contente d’avoir écrit. Même si je n’ai pas fait ce que je voulais, relire ce que j’avais écrit hier, et compléter. Surtout s’agissant des articles que j’ai lus, sur les auto-reproches dans la mélancolie, et celui sur les poètes, et sur ce mangaka, qui ne se considère pas comme tel mais qui du manga apprécie le format. Et puis hier aussi, terrible, Malcom Lowry. Dont ma mère avait adoré son Au-dessous du volcan (retraduit : Sous le volcan).

10:15 F se levait, je l’ai retenu. Passé un moment dans ses bras. Ensuite pas rendormie et je me relève. Un bain coule.

10:18 j’allume la radio, première fois depuis longtemps, depuis le retour de B. Il pleut. Je vais me brosser les dents.

10:40 Je sors du bain.

Pendant que je traînais au lit, cette idée de « petits sacrifices ». Trouver le moyen de faire des petits sacrifices, des coupures dans la masse de ce que j’écris. J’y songeais pensant à ce que je pourrais écrire à FB, à ce qui pourrait être fait de mon blog.

Comment y faire quelques coupes. En retenir certains extraits.

L’idée de « petits sacrifices » opposée à celui du grand, celui de soi.

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