double L, double meurtre
Étiquette : double
des suites (et son double)
séance 3,
Aujourd’hui, c’est le lendemain de la séance.
(Bon sang combien de temps, je vais tenir le coup, dans ce template, du template de ce blog, je parle. essayer de tenir, le plus longtemps possible.)
J’étais arrivée disant : « J’ai rêvé que je vous donnais deux lettres d’1 mot, mais je ne sais plus lequel. Déjà dans le rêve, je ne savais plus lequel. 2 lettres : 2 L. Double L, j’ajoute, comme disait ma mère quand elle épelait son nom, son nom de femme mariée. Je vous donne ses ces lettres, dans le rêve, et je crois qu’elle sortent de son nom à elle. Mais pas du tout. Elles proviennent du nom de mon père. De mon nom. »
(Fin de journée. je pense que votre nom à vous commence par 1 L et termine par 1 L.)
La veille je m’étais dit, entre moi et moi, il n’y a rien de pire que mon nom. Je ne dis pas que je n’éprouve pas quelques doutes à ce genre de pensées. Mon nom qui me sépare de moi-même.
J’arrive donc, je dis, je vous donne 2 L. Plus tard, je dis, Lui et moi, nous sommes pareils, et à le dire, à ce dire, à devoir dire ce dire, à le dire, vraiment, je ne saurais dire ce qui se produit alors en moi. ce qui se creuse s’étrangle s’étreint, le hoquet le puits la chute qui s’ouvre; comment c’est possible des choses pareilles.
Je veux dire : nous sommes pareils, dans le même manque. (ce manque que je chéris). (double L dans la voix de ma mère).
le lendemain, dimanche, 14 :18, sur le lit. fenêtre ouverte, vent dans les arbres, ravie.
revenir sur ce que j’ai écrit hier, à propos des 2 rêves : c’est non, c’est non, c’est idiot, ça n’est pas ça, faut laisser tomber, ces interprétation bidons.
x2, double, reflet, paire
ma mère et moi, 2 maladies, 2 maladies mortelles, 2 mères, 2 frères, 2 amies, 2 amis, grand appartement, 2 blondes, jumelles, reflet,
les contraires
ancien/moderne, 1 brun/1blond
les méchants, les gentils = l’explication du monde
méchants/méchante, faire travailler/travailler
les mères et leur maladies de mère, qui sont en réalité, 1 maladie de femme, 1 maladie mortelle. 1 maladie de jouissance – cancer / brûlée vive.
quand l’histoire, la scène, devient un rêve (et retour sur la paire)
Deux séances non racontées.
Une Anna est venue loger ici – amie de F.
Il y a deux séances donc – y suis allée avec des pieds de plomb – rien, me semblait-il, à dire. Fatiguée de ce que j’avais commencé à développer ici autour des rêves et de la scène (l’histoire) (des 2 hommes). En séance, lapsus: au lieu d’en parler d’« histoire », je parle de « rêve ». Il, l’analyste, tape du pied. Me dit quelque chose, quoi, je ne sais plus. Puis me parle du fait que c’est quand on ne sait plus quoi dire que ça commence, l’analyse, la psychanalyse. C’était lors donc de l’avant-dernière séance. Et c’est depuis que je n’écris plus ici, à propos des séances. Cours de Miller aussi, troublant. J’ai fait aussi beaucoup de rêves dont je ne me souvenais plus. Dans l’un, je ne retrouvais d’une paire qu’une seule chaussure. Dans un autre, apparaissait à un moment donné, en bas à gauche dans l’image du rêve, un sceau. J’ai retrouvé le mot hier, après l’avoir cherché. Un sceau en cire, de forme ronde et dont le motif était effrayant, m’a réveillée.
Cours de Miller sur le tout dernier enseignement de Lacan (TDE), remise à plat, en cause par Lacan lui-même, à la fin de sa vie, de toute son œuvre :
– le sujet supposé savoir
– l’inconscient structuré comme un langage
– la définition du sujet
– la primauté du signifiant sur les registres de l’imaginaire et du réel.
Et son idée d’approcher le réel via l’imaginaire. Ça, c’est pour moi, ce qu’il y a de plus mystérieux.
Et puis, mais non, mais non, tu le vois bien, qu’il ne faut pas laisser tomber :
2 frères, 2 amies, 2 amis, grand appartement, ancien/moderne, 1 brun/1blond, 2 blondes, jumelles, reflet, méchants/méchante, faire travailler/travailler
Alors qu’ici-même je peux aujourd’hui écrire que d’une paire (de chaussures) en rêve, je n’en retrouve plus qu’une : (c’est que jamais les 2 ne font la paire).
quant à la correspondance
je peux hélas affirmer aujourd’hui que je n’ai, jusqu’à présent, cherché d’autre correspondant que celui qui pût m’offrir, en miroir une image – dont le corps fût de lettres.
ce qui m’est apparu à la lecture du texte de la sagna sur l’inhibition publié dans la cause freudienne dont j’ai récemment repris ici un extrait.
(ma jambe n’en devient pas belle pour autant.)
dans l’embrasure
Cette nuit, rêve encore des Dames de Marie – cours de Chimie/Bio avec prof. contre laquelle NOUS NOUS révoltons.
Entre 2 cours, nous réunissons, nous plaignons. sommes dans l’encoignure1 l’embrasement2 l’embrasure3 d’une porte (sortie).
moi + les filles contre prof
révolte
entre 2
j’écris embrasure, mais est-ce vraiment le mot que je cherche?
Je dis : » Et tu te rends compte, ce livre, d’Annie Ernaux, qui se passe pendant ses études secondaires, j’en ai lu seulement quelques lignes : insupportable ! insupportable! cette angoisse des examens ! n’ai pas pu continuer. »
angoisse, insupportable de l’école (racontée dans un livre)
Finalement, nous retournons en classe, c’est la fin de l’année, les examens sont finis mais nous avons encore cours (et je me demande pourquoi).
Nous attendons l’annonce des résultats.
C’est la dernière année. 6ème. Après, fini les Dames de Marie.
angoisse, insupportable c’est fini mais ça continue.
angoisse des résultats.
c’est la dernière année, l’année que j’aurai redoublée pour n’avoir pas voulu passer certains examens.
Il y a Nathalie F.
Nathalie n’était déjà plus aux Dames de Marie. Nous avions fait de la danse ensemble. Plus tard, elle a été danseuse chez Béjart.
Elle est très triste, amoureuse. Je crois que je suis moi amoureuse d’elle. Je suis près d’elle, c’est agréable, elle est triste, je triste aussi. Elle s’approche de l’homme dont elle est amoureuse, il est avec deux autres hommes. Elle lui saute dessus, il est furieux, il s’en va.
je l’aime, elle une femme, elle aime, elle, un homme, qui lui en éprouve de la fureur contre elle
Mais l’un de ses amis revient et prend emporte deux books de Nathalie (books de présentation de travaux graphiques. Nathalie pas graphiste : Mireille, l’était.) Nathalie reviendra ensuite, radieuse, parce qu’elle a trouvé du travail grâce aux books. L’homme est maintenant amoureux d’elle et moi je suis très très triste.
si BOOK/livre/présentation –> alors travail –> alors amour possible
amour d’un homme dont je suis en fait moi amoureuse
Entre-temps, comme voulons retourner au cours, sommes arrêtées dans la cour, parce que très en retard. On nous dit : « C’est pas possible ! On va toutes vous faire redoubler! » PANIQUE | REDOUBLER | |
il y a un bus qui est cassé. il faut le faire remplacer. nous disons qu’on ne peut pas nous demander ça maintenant, sinon on va se faire encore plus remarquer (comme étant celles qui cassent le matériel même si de ce crime nous sommes innocentes), et sommes encore plus sûres d’avoir à redoubler. | BUS CASSE | |
Finalement, pouvons retourner en classe. Mais la prof avec qui nous avions eu des problèmes (et qui en fait un prof qui ME détestait) est partie. Elle en a eu assez. Elle est remplacée par un petit homme. | femme (qui me détestait) remplacée par un homme (insignifiant).
( un homme vient à la place d’une femme) (et c’est ici que dans le rêve ça passe de NOUS à JE) |
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Je ne trouve pas de place pour m’asseoir. Je n’arrive pas à prendre de notes. Je me demande à qui je vais pouvoir emprunter des notes ( beaucoup par le passé rêvé de ça, il est vrai que j’avais en réalité beaucoup à le faire, compléter mes notes: je n’allais jamais au cours. les filles au fond n’étaient pas très sympa avec ça. ça devait les énerver que je n’aille pas au cours et que je cherche à ne ne pas en payer les conséquences. d’habitude, je demandais à nathalie, mais je n’étais jamais sûre d’en avoir de complètes. je veux dire que nathalie non plus, ma meilleure amie, ne se montrait pas très « volontaire ». et je n’osais pas trop insister. le schéma était toujours le même: » dis, tu me prêterais tes notes? tu peux me les apporter ? – oui oui bien sûr ». et puis, les notes ne venaient jamais. ) |
pas de place parmi les filles, plus de place, à cause de mes absences ; pas de place, pas de notes. demande de notes qui n’aboutit pas. comme le début d’une parano sentiment d’exclusion. filles et moi nous séparons. |
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J’essaie de suivre le cours sans prendre note. Debout. C’est là que je trouve une place auprès de Nathalie. Il y a toutes ces inquiétudes à propos du redoublement. Une fille revient en disant qu’elle a trouvé une place. Je ne sais pas exactement de quoi. C’est lié à l’école et à l’école de Régentes. (ma mère, « régente »). Je me dis mais enfin, nous ne sommes « qu’assistantes-psycho » (!!!) |
L’autre trouve du travail. Régente ! comme ma mère = ma mère a du travail avoir du travail = avoir une place
moi exclue du travail |
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les filles sont un peu jalouse. une sœur (là, c’est de la vraie romantisation de la part du rêve, parce que des sœurs, aux Dames de Marie, des nonnes, il n’y en avait plus, ou plus qu’une, qui d’ailleurs n’enseignait pas. circulait vieille sans rien faire dans l’école, souriante.) elle lui dit qu’elle a gagné, réussi son année, qu’elle aura donc le travail. Il s’agit de nouveau peut-être de cette Anne-Marie ou Annamaria, celle qui me proposait de se marier avec moi dans le rêve les filles l’école lacan. | que dire de cette anne-marie annamaria, c’est une fille très très loin de moi, dont je ne suis pas l’amie. pour qui j’éprouve du respect, sans plus. qui est très « moyenne », sans éclat, sans rien qui ne dépasse, extrêmement sage, en apparence. qui fait tout ce qu’il faut faire. et à qui finalement, les choses réussissent, même si ce n’est pas de façon brillante. elle est gentille. | |
Puis, il y a l’histoire de Nathalie et de ce type dont elle est amoureuse. | ||
Le rêve finit donc assez tristement pour moi. Je suis seule. | JE SUIS SEULE ( barrée des autres filles, du travail, d’une place, de l’amour.) |
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Et je ne sais pas si je vais redoubler à cause de ce prof qui me déteste, dont je raconte même qu’elle m’a exclue du cours ( et d’ailleurs, c’est même pas sûr qu’elle ne m’ait pas, viré du cours. non, ce n’est pas elle, c’est cette autre prof, qui elle m’aimait. qui m’a exclue de son cours. ha ha. le prof. qui ressemblait à marguerite duras, quand j’y pense.) | prof qui ne m’aime pas = prof qui m’aime prof = celle qui sait prof m’exclut celle qui m’aime/me déteste. prof femme remplacée ensuite par prof homme, insignifiant. |
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Est-ce que tous ces rêves c’est là pour indiquer que le plus dur du mois d’août, c’est ça: septembre qui vient. La rentrée? les examens de passage. en septembre. celui que je n’ai pas voulu passer sous prétexte que je ne connaissais pas tout. celui de math où je disais à la prof qu’il ne fallait pas me faire passer, parce que si j’avais tiré au sort l’autre question, je n’aurais pas su répondre, parce que cette démonstration-là je ne savais pas la faire, ou si je la savais, très bien, je n’aurais pas voulu la faire, parce que je ne la comprenais pas. |
j’aurais voulu tout (savoir) or pas-tout –> donc, pas digne de passer examens, de réussir
vous savez, les gens disent : « perfectionniste ». |
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Annick vient tout à l’heure, pour le week-end. Je veux auparavant acheter un, des cadeaux pour F, son anniversaire dimanche. J’ai l’impression que je n’aurai pas le temps de travailler, ennuyant.
Notes:
- encoignure
n.f. encoignure [ɑkɔɲyr] (de coin)
Angle intérieur formé par deux murs qui se rencontrent: Placer un meuble dans une encoignure (coin).Remarque Dans ce mot, -coi- se prononce [kɔ], comme dans cogner.
On peut aussi prononcer [ɑkwaɲyr] où -coi- se prononce normalement. [↩] - embrasementn.m. embrasement LITT.1. Action d’embraser; grand incendie: L’embrasement d’une forêt. 2. Grande clarté rougeoyante: L’embrasement du ciel au soleil couchant. 3. Agitation qui conduit à de violents troubles sociaux: Cette loi a engendré de nombreux embrasements dans le pays (effervescence).
[↩]
- embrasuren.f.embrasure Ouverture pratiquée dans un mur pour recevoir une porte ou une fenêtre: Le chat se tient dans l’embrasure de la fenêtre (encadrement).
[↩]
treize
c’est aussi aujourd’hui l’anniversaire du (double) meurtre de mon oncle.
un treize septembre.
jusqu’à ce que j’apprenne cette date, très tardivement, pendant la maladie de mon père, un peu avant sa mort, date que j’ignorais donc avant cela, ce jour était souvent un jour où je tombais amoureuse. j’écrivais des textes, aussi, éclairs, que fièrement je signais.
ceci s’inscrit encore dans la catégorie du mois d’août.
“La sensation”
— à la place de ma mère
La sensation. Souvenir m’en est revenu dimanche soir. J’avais passé le week-end à la retranscription du cours de Jacques-Alain Miller. J’étais un peu vidée. Contente, mais dans le doute, comme je peux l’être à chaque fois que j’ai passé « trop » de temps à quelque chose. Je voulais me remettre à la séance psy du lendemain, retourner, réinvestir ça, l’analyse.
Comme je pensais aux derniers mots du dernier cours de Miller, sur la jouissance féminine, je me suis souvenue de la sensation que j’avais décrite à G (l’analyste rencontré au moment de mon arrivée à Paris). Il m’avait répondu : « C’est un très bel exemple, une très belle description de jouissance féminine, ce dont vous me parlez là ». Je n’avais pas été vraiment convaincue, pensant que la jouissance féminine, c’était ce dont, justement, on ne pouvait pas parler.
Ce dont il s’agit.
Enfant, j’ai beaucoup manqué l’école. Je simulais la maladie en faisant augmenter artificiellement la température du thermomètre. Des otites m’étaient à chaque fois diagnostiquées et, maintenant que j’y pense, des angines (blanches). Je devais alors rester à la maison – en général une semaine. J’étais autorisée à m’installer, à m’aliter, dans le lit de mes parents, à la place de ma mère.
Parfois, tout d’un coup, ça venait. Ça s’annonçait par une sorte de sensation de ralentissement du temps. Il me semblait que j’entendais le temps ralentir. Tout me semblait aller plus lentement. Rien ne bougeait dans la chambre, mais le temps -même des objets inertes- m’apparaissait. Je l’entendais, ralenti. Le son de la présence des choses m’apparaissait, lent. Alors, couchée sur le dos, les yeux fermés ou ouverts, des parties de mon corps s’allongeaient, s’éloignaient de moi, allaient loin, très loin, et gonflaient. La sensation était si curieuse que je me suis souvent risquée à la vérifier, à la tester – me disant qu’elle disparaîtrait alors, mais non, je pouvais, presque à volonté, en faire l’épreuve, sur une partie au choix de mon corps. Mes pensées se poursuivaient, au ralenti, j’observais, j’étais dans l’infini, calme, dans un espace noir et infini.
J’avais demandé à ma mère si elle connaissait ça, elle m’avait répondu que c’était probablement dû à la fièvre. Comme je savais que je n’en n’avais pas, j’en avais conclu qu’elle ne connaissait pas.
Lors de la dernière séance, lundi, quand je raconte ça, je me souviens, je me rends compte, que j’étais alors dans la chambre de mes parents chambre sous les combles, au même niveau donc que celui de la chambre blanche dont il était question dans un précédent rêve – la chambre vidée et devant être maintenue vide…
Comme je racontais cette sensation au docteur G, le psychiatre qui me fait mes prescriptions d’antidépresseurs et que je vois une fois par mois, il me lança : « C’est ça, vous êtes une usurpatrice ». Oui, cela fait partie du rapport à ma mère, ce sentiment d’avoir été trop aimée par mon père. Mais, dis-je à l’analyste, ce n’est pas de ça dont je voulais parler. Ce dont je voulais parler c’est de cette identification, ce collage, cette répétition d’elle. Par ailleurs, le mot du docteur G était juste. Je ne trouve pas ma place, de penser que je l’usurpe. C’est l’histoire de ma vie. Mais ça n’explique pas l’angoisse qui m’étreint aujourd’hui dès que je suis en sa présence.
Une autre chose m’est revenue – mon père était toujours en vie -, je parlais avec ma mère en voiture, j’étais seule avec elle, elle conduisait, j’étais à ladite place du mort et j’ai pensé « ça devrait toujours être comme ça » (seule avec ma mère).
muller & muller
rêve de l’autre jour:
« muller & muller . S1 S2. l’holophrase! mais comment séparer ce qui est le même? »
réveil ce matin :
muller et muller
14 . 18 et 40 . 45
la guerre et la guerre
M . U . double L . E . R
L . L
comment séparer ce qui est le même
je ne sais pas compter je n’ai pas d’accès à l’histoire
la preuve est là
1 .2 c’est facile
c’est à trois que les difficultés commencent
l ‘ordinal!
du père le nom est le même, double
le corps non
joie du drame
pour sortir du même il faut et il suffit du zéro : « la place du sujet »
vous le saviez déjà. désir et jouissance s’articulent comme s’articulent ordinal et cardinal.
double cabine crochetant par l’Alaska
Le rêve
« Au sortir d’un voyage en train, nous arrivons ma tante et moi, Titi et moi, à un bateau, à un paquebot, mais pas aux mêmes heures. Donc, nous ne nous retrouvons pas tout de suite et passons la première nuit dans des cabines séparées, des cabines de luxe. Je suis avec Jules, 7 ans.
Le lendemain matin1, Jules veut que je lui prépare de la soupe.
Assise devant la cuisinière, je manipule plusieurs casseroles, sur plusieurs feux.
La recette s’avère très simple, surtout très rapide, et je me retrouve avec une quantité de soupe telle que je crains que nous ne puissions jamais la boire).
D’ailleurs, voilà qu’on vient nous chercher pour nous faire changer de cabine.
Cette première cabine était une cabine transitoire, d’accueil.
Notre vraie cabine s’avère être une double cabine gigantesque, composée de deux appartements. Je pense que je suis alors avec ma tante. Nous traversons les multiples pièces, arrivons à l’avant du bateau. Sur le côté, j’aperçois une piscine.
Nous choisissons nos chambres.
Revenant sur mes pas, je m’aperçois qu’une partie de la chambre est en fait déjà occupée par une famille nombreuse dormant à même le sol – « palleas par terre » aurait dit ma tante, ce qui dans sa bouche voulait dire dormir à même le sol, quelque chose comme « paillasse par terre ». Notre chambre s’avère donc moins luxueuse que ce nous aurions pu croire.
Le voyage s’annonce magnifique, si ce n’est qu’il semble que nous devions faire un crochet. Nous passons sous une banderole marquée ALASKA. »
Je me réveille et pense qu’il doit s’agit d’une identification, méconnue de moi, à ma tante, identification ignorée, oubliée.
Titi

Titi est une tante, une sœur de ma mère, que j’aimais beaucoup. Pour l’évoquer, le mot qui me vient d’abord à l’esprit est celui de dolce vita. Plage, position allongée, nourriture, soleil, vacances, bavardages. Et son chat. « Ordre et beauté, luxe, calme et volupté »
Charmante, enjouée, drôle, gourmande. Elle fumait avec un fume-cigarette, nous fumions ensemble. Avec des fume-cigarettes.
Je pense qu’elle a été celle qui m’a initiée à la douceur de vivre, à une jouissance sans culpabilité, tempérant le coté janséniste de mes parents.
Il se trouve qu’elle vivait aux gentils « crochets »2 d’un homme plus âgé qu’elle, lesquels consistaient principalement en vacances, en vêtements et en restaurants – soit tout le luxe et le superflu dont je suis privée en ce moment et à quoi j’ai décidé de ne plus renoncer, en m’installant, en ouvrant un cabinet de psychanalyste. L’homme s’appelait Michaux, Ernest de son prénom, mais familièrement curieusement toujours appelé par son nom. Ils n’étaient pas mariés, parce qu’il ne s’y était jamais résolu, toujours repris par la crainte de n’être aimé que pour son argent. Disait-on. Leur relation fut platonique.
Ergothérapeuthe, Titi travaillait dans un dans hôpital psychiatrique à Lovenjoel, près de Louvain où elle dirigeait un atelier d’activités manuelles. Dans mon souvenir, les malades étaient très nombreux, très calmes. Ils fabriquaient toutes sortes d’objets en osier, ils fabriquaient des tapis dont elle avait créé les motifs, certains à l’effigie de son chat, Zwartje, « Petit noir », qu’elle emmenait à son travail tous les vendredis et que les malades connaissaient bien. Zwartje circulaient sur les grandes tables des malades et passait de l’un à l’autre, patiemment, présentant à chacun son front où ils venaient apposer un baiser, plutôt contents.
Elle vivait à Louvain, où nous étions la semaine dernière pour l’exposition Charles Burns, et passait tous les week-ends chez sa mère, qui habitait plus au nord de la Belgique, à Poperinge.
En guise de hobby, elle faisait du jardinage et de la peinture qu’elle avait apprise à un cours donné par mon père. Elle savait coudre aussi, et tricoter, et nous offrait régulièrement de jolis vêtements fabriqués de ses mains. A nous, et à nos cousins.
Je m’entendais parfaitement avec elle.
Pour compléter cette ébauche de portrait, j’ajouterais que lorsqu’elle avait vingt ans, elle perdit son fiancé, cheminot, qui mourut écrasé par un train la veille de leur mariage. Elle ne m’en parla pas beaucoup, j’ai seulement retenu qu’ils s’aimaient tellement qu’ils pouvaient communiquer par télépathie. Plus jeune, il lui était également arrivé d’être gravement malade, des mois passés entre la vie et la mort avait-on dit, à la suite d’un empoisonnement dans un étang où elle n’aurait pas dû nager. Elle me disait qu’elle en avait tellement maigri, que deux mains posées autour de sa taille se rejoignaient, ce qui étaient alors fort à la mode. C’est elle qui nous avait appris à nager, à mes frères et à moi, en venant tous les mercredi soirs à Bruxelles pour nous amener à la piscine. Ma mère ne savait pas nager. Et le mercredi soir, selon ses lois, c’était américain/frites/salade de blé.
Il m’est arrivé de penser que j’offrais moi-même à Jules à la fois la jouissance tranquille et hors culpabilité (de ma tante), bête, et le désir inquiet, ardent, épuisé de culpabilité (de mes parents).
Un peu comme dans pour la double cabine. D’un côté, grand luxe et seule avec mon fils, de l’autre la famille nombreuse, dormant à même le sol, pauvre. Peut-on dire Janus du désir et de la jouissance? Il y avait chez mes parents une sorte d’installation dans le manque, dont je ne suis pas sans avoir hérité.
Train



Juste une petite note sur le train. Puisque nous arrivons ma tante et moi au paquebot après « un long voyage en train ». J’ai beaucoup voyagé avec ma tante en train. De ces voyages, j’ai retenu que les trains étaient verts (le vert foncé administratif des trains de la SNCB). Des wagons étaient fumeurs. Les compartiments composés de 2 banquettes face à face où pouvaient s’asseoir 2 ou 3 personnes. Les banquettes de velours (en première classe, en deuxième classe, elles sont en skaï), vertes en wagons fumeurs, bleues non-fumeurs, des filets en hauteur où poser ses bagages. Les places à la fenêtre, ma tante face à moi, elle dans le sens de la marche, ses pieds déchaussés posés sur la banquette à côté de moi. La tablette rabattue contre la cloison du train, sous la fenêtre, qu’elle sortait en s’asseyant. Son petit cendrier portatif. Un sentiment de rituel. La fenêtre, à briser en cas de nécessité. Avec ma tante nous voyagions en première classe.
Cabine, Cabinet, Cas, K, Alaska, Casseroles
Cabine. Ça fait presque « cabinet», cabinet de toilettes, voire cabinet d’analyste. Du coup, double cabine, ça ferait un peu « double cabinet », ça ferait un peu «WC», « double V – C », « Double, V(éronique), sait »…
Et je peux voir dans ma tante la femme venue doubler ma mère, là où ma mère, peut-être aurait été trop effacée. Elle dont, je viendrais en double, j’emprunterais le moule.
L’escabeau psychanalytique, c’est « ce sur quoi le parlêtre se hisse, monte pour se faire beau. C’est son piédestal qui lui permet de s’élever lui-même à la dignité de la Chose. […] L’escabeau, c’est un concept transversal. Cela traduit d’une façon imagée la sublimation freudienne, mais à son croisement avec le narcissisme. […] L’escabeau est la sublimation, mais en tant qu’elle se fonde sur le je ne pense pas premier du parlêtre. Qu’est-ce que c’est que ce je ne pense pas ? C’est la négation de l’inconscient par quoi le parlêtre se croit maître de son être. Et avec son escabeau, il ajoute à cela qu’il se croit un
Miller J.-A., «L’inconscient et le corps parlant», Le réel mis à jour, au XXIe siècle, Collection Huysmans, Paris, 2014, p. 313.
maître beau. Ce qu’on appelle la culture n’est pas autre chose que la réserve des escabeaux
dans laquelle on va puiser de quoi se pousser du col et faire le glorieux. »
Or, le détour ? Le crochet, le passage par l’ALASKA ? La grande banderole sous laquelle nous nous apprêtons à passer avant que je ne me réveille ?
Je ne sais que dire. Le « K » ou le « Ka » est très souvent présent dans mes rêves. Ici, en double K, ça fait bien sûr « caca ». Et les crochets de ma tante, dont je dis qu’ils furent suspendus à ceux de celui qui n’était pas mon oncle, mais que nous appelions Nonkel, Michaux, ma foi, ces crochets, j’en abuse, aussi, même s’il n’y a pas d’abus à proprement parler, mettons que j’en use aussi vis-à-vis de F, qui gagne bien plus plus que moi. Je veux dire que de ces crochets, de cette dépendance, je n’en suis pas fière.
Cela dit, même si je me réveille, la banderole ALASKA aperçue n’est pas menaçante.
Dans le « K », j’ai souvent entendu aussi « le cas ». Ma façon de me construire comme cas, de m’y maintenir. Mon cas qui fait S.K. Beau (escabeau). Selon Lacan, par où le sujet se voit beau. Le S.K. Beau par où passe le pas-que-beau. Sublimation = Escabeau, pour reprendre l’équation de Jacques-Alain Miller.3
Remonter dans le rêve : beaucoup de casseroles sur le feu : c’est un peu vrai en ce moment. Et trop de soupe. Alors, l’angoisse. (Alors, je coule).
Récemment, il y a dix jours (le 13 janvier), un paquebot a coulé (faisant 32 morts) que son commandant avait abandonné.

Notes:
- Je songe à ma tante et je pense qu’elle ne se sera pas inquiétée, qu’elle se sera renseignée auprès du commandant de bord, pour savoir si nous avons embarqués. [↩]
- pour reprendre un terme du rêve : « le crochet par l’Alaska », mais dont je doute qu’il s’y rapporte [↩]
- Lacan J., « Notice de fil en aiguille par Jacques-Alain Miller », Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, Paris, Le
Seuil, 2005, p. 208 [↩]
rêve : il faut faire une quadruple passe
rêve 1er fév, night
dans le rêve, me réveille, interprète un texte crypté, lacanien : il faut faire une quadruple passe (4 passes comme 4 pattes, comme quadripode, comme 4×4), « réussir » 1 une quadruple passe, 2 premières, 2 suivantes (double double).
l’une n’ayant rien à voir avec l’autre, chacune exploitant à sa façon quelque chose qui ne saurait être exploité d’aucune autre, l’une passe ne pouvant donc intégrer l’autre passe, chacune des passes étant indispensable. aucune ne venant compléter l’autre, chacune traitant de choses qu’aucun rapport ne peut lier, séparées donc. deux premières passes étant suivies, je crois, par deux autres. deux premières passes débutantes, 2 dernières passes concluantes…
afin comprends-je, dis-je, à l’école (ECF) de s’assurer que l’analyste puisse aussi bien y faire avec … qu’avec…. de l’analysant qui vient vers lui.
s’agit-il d’un savoir y faire de l’analyste avec la jouissance aussi bien qu’avec le désir ? je ne sais pas, ça y ressemble, un trop et un trop peu. rencontrer un trop et le faire passer au peigne, à la brosse d’un trop peu.
me couche, dans le rêve, et rêve, rêve éveillé, pour m’endormir, que je l’ai fait, que j’ai fait ces 4 passes, que j’explique à l’école comment je les ai passées ces 4 passes. il y est question de la rencontre du style, et de l’apprentissage d’une sorte de polissage de ce style pour qu’il passe, ce que je prouve.
je me réveille pour de vrai en me répétant des prières en litanie pour faire barrage à quelque chose, à des phrases, des mots très désagréables, je cherche d’autres litanies, d’autres mots que ceux-là, me rends compte que ne dispose d’aucun texte que je connaisse par cœur, de cette façon. le rêve me revient, avec quelque chose de l’ordre d’un « kat, kat, k » qui ne cesse de se répéter, que je ne cesse d’entendre, de faire tourner dans ma tête. je ne sais pas si je dois prendre un anxiolytique, je me lève pour écrire le rêve ici.
Notes:
- je mets les guillemets à « réussir » parce qu’hier géraldine m’expliquait comme … avait montré qu’une passe « ratée » était une passe réussie. et au fond, ça résonne un peu avec la façon dont j’ai pu dire mon analyse ratée, et donc… « réussie ». enfin, dans ce cas-ci, c’est réussi (donc raté?) [↩]
aléas et nécessités de la jouissance // jouissance, trop, peu, demi, double, Un, un par un, infinitisation, tortue
en faire peu, pour moi, en passe par en faire trop.
(le peu que je dois et le trop que je ne dois pas.)
(c’est une question de jouissance, et donc à respecter. une fois qu’on le sait, on en profite. )
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pour y revenir : espace de la jouissance féminine et égrenage du un ( infinitude, achille et la tortue)
L’espace de la jouissance féminine dans Encore (Jacques Lacan). L’avancée, la progression de demi en demi, l ‘ infinitisation creusée dans l’ espace, l’ouvert (limité ? borné? Relire) entre deux entiers ( ?)/nombres naturels (?) , l’impossible passage alors à la limite, le saut exigé. La jouissance (phallique) de ce saut, du passage à la limite (et l’angoisse liée à ce saut) opposée à la jouissance non-teintée, elle, d’angoisse tant que ce saut n’est pas fait, et que l’on reste à l’intérieur de l’ouverture, dans l’espace du un par un, du demi en demi, dans cet infini.
[Ici recopier passage de Encore.]
Passage à la limite, saut : jouissance masculine, phallique–> angoisse (pour moi), impossible (pour moi)- métaphore (création d’un sens nouveau)
A l’intérieur de l’ouvert, simple répétition du Un (demi), « trop » – puisque destiné à n’aboutir jamais, ou sur/dans un terme suffisamment long que pour ne pas le sentir passer–> pas d’angoisse- métonymie (glissement) //
Affinités avec psychanalyse et jouissance dans monde contemporain
Ma mère veut se suicider
Lundi 5 novembre 2012
Bruxelles.
Rêvé que mère voulait se suicider.
Père rentrait à la maison, tard le soir, allait se coucher. Mère vient alors me voir, voulait me donner moitié d’une certaine somme d’argent très importante qu’elle avait été retirer à la banque, une fortune. Je ne comprenais pas qu’elle me donne cet argent que je refuse, dont j’aurais pourtant bien eu besoin. J’insiste pour savoir ce qui se passe, elle me dit les larmes aux yeux qu’elle voulait le faire avant que Jean-François ne revienne, qu’elle voulait se tuer.
Filiation maternelle
Avant ça, m’avait été apporté article d’une femme, d’aspect très bizarre, dont il y avait des photos à la fin de l’article, qui racontait comment la psychanalyse ou la lecture d’un article d’Éric Laurent avait changé sa vie. Et comment elle allait dorénavant publier avec le nom de sa mère, psychanalyste, sans chercher à camoufler cette filiation.
Ma mère devient une amie, qui veut se suicider. Ce n’est donc plus à ma mère que je parle, mais à cette amie. Je lui dis : « Es-tu prête à… faire un très gros travail, une très grosse dépense »… Je lui parle de la psychanalyse. Je lui parle de mon expérience de la psychanalyse. Je suis justement à ce moment là très sceptique sur la psychanalyse. Dans un lettre, je viens d’ailleurs de parler de mes doutes à Miller. Mais en même temps, j’hésite à lui proposer de la prendre moi, elle, en analyse. Elle est interloquée.
Or je partais justement voir Miller. Rue « d’Arras ». Pour lui déposer une lettre.
Arrivées là, au pied d’une porte, une jeune fille voit un sac portant le nom de Miller qu’elle prend en main pour y trouver le numéro de sa rue. Miller arrive justement les bras plein de livres. Je lui dis qu’elle ne voulait pas voler le sac, mais trouver son numéro de rue, à cause de la lettre que je venais lui porter. Il remplit le sac de livres et emporte beaucoup d’autres affaires (lampes, objets). Il a l’air d’avoir des ennuis. Comme s’il s’en allait, quittait, cet endroit. Je l’aide à porter. Il me sourit.
N’arrive pas à lui parler pour lui dire: « Veux vous voir ne fût-ce qu’une seule fois pour discuter du suicide que veut faire cette jeune femme.«
Le conduis à arrêt bus ou de tram, qu’il prend. Là, finis par arriver à obtenir un rendez-vous, » lundi à 14h ». Le premier de sa journée vois-je dans son agenda.
Reviens vers la jeune fille, lui dis. Elle s’est commandé à manger maintenant.
Les points sur le U
Je m’étais couchée raisonnablement tôt, après une journée particulièrement banale – j’avais dû regarder quelques épisodes de série ( la finale d’Enlightened), je n’avais pas eu envie de lire, cela je m’en souviens, et je m’apprêtais à m’endormir dans un sentiment inhabituel de satisfaction. Soudain, couchée sur le côté – c’est autre chose. Une sensation dont j’aurais probablement tout oublié si je n’avais rapidement jeté ces quelques notes le lendemain matin– des mots que la nuit-même je m’étais répétés, anxieuse de les retenir, même si je les notai ensuite un peu à contrecœur, consciente encore de tout ce qui s’y perdait :
« Nuit
Corps sous couette, souffrance vide
corps & mots
Certain souvenir
Des mots
S’en viennent, s’en vont— L’idée d’un livre, l’intituler « Trauma » et qu’il n’y soit jamais raconté. –
Trauma. Tréma. Umlaut.1
Trauma. Tréma. Umlaut.
Ces points sur le u que je restituai à mon nom au sortir de l’analyse.
Müller, l’ü en double i. »
Il y avait eu les Journées d’étude de l’ECF2 sur le trauma. Je n’y étais pas allée mais j’en avais lu de nombreux textes préparatoires sur un blog publié par les directrices de ces Journées3. Je m’étais alors dit que je n’avais aucun souvenir de trauma, que je n’avais rien repéré comme tel au cours de mon analyse. Je ne manque pas bien sûr de mauvais souvenirs, et c’est d’ailleurs l’un d’entre-eux qui m’était revenu cette nuit-là, ses mots. Mais je ne leur ai jamais accordé de « valeur » traumatique. Ce sont de mauvais souvenirs. Point. Ils ne me semblent pas rattachés à grand chose de ce que je suis devenue — j’irais jusqu’à dire qu’ils ne me paraissent pas faire partie de mon histoire ( ou alors aux endroits qui s’arrêtent sur un gouffre, dont les chemins ne sont plus repris, bords oubliés d’un monde sinon rond). A moins qu’ils n’appartiennent à l’histoire honteuse ( ne pas raconter non pas à cause de l’indicible mais à cause de la honte). J’ai cherché à les oublier, cela oui, et ce n’est pas eux que j’ai oubliés, mais la souffrance qui se liait à eux. Ils sont vidés. Autant que l’était mon corps cette nuit-là. Lourd, recourbé en virgule sur rien, seul. Absolument, fondamentalement. Devenu seul et les mots, vides, sont juste là – satellites, mouches. le corps est la souffrance et la souffrance est vide. C’est une impression unique qui vient ( subrepticement) en suite de ce travail de l’École de la Cause freudienne sur le traumatisme. En réponse inattendue.
Il n’y a pas, il n’existe pas, me dis-je, d’interprétation de ces mauvais souvenirs, de possibilité d’interprétation. Je ne sais pas ce qu’ils m’ont fait. De son côté, mon corps, lui, a-t-il pu « arrêter une interprétation » ? Qu’il ait noué des liens spéciaux à certains mots de ces souvenirs, certains signifiants, sans m’inclure dans la partie, est possible. C’est bien ce que donne à penser ma transcription de cette nuit-là. La juxtaposition des mots et le corps, le vide de leur relation, la souffrance de ce lien en souffrance. Les mots étant la souffrance même, du corps seul, vides de sens, en un endroit d’étrangeté.
C’était comme ça. Comme je le dis, là.
Il y aura eu une façon d’interprétation de mon corps, de la part de mon corps, de mon corps en cet endroit inédit de solitude ; mais rien qui aie pu, aurait dû être interprété par moi et rejoué dans un scénario fantasmatique quelconque, destiné à être répété. Plutôt s’agirait-il d’une inscription.
ü
De pür douleur, dont l’un des noms s’est donné, aperçu alors, dans l’Umlaut de mon nom, le tréma, les points sur le « u »…
Oui, c’est drôle, tout d’un coup j’ai vu ça, que dans tréma, il y avait trauma.
Au départ, il y avait un tréma sur le u de mon nom et sur celui des autres membres de ma famille. Or ce tréma, au gré des passages par les guichets de l’administration belge, s’est vu disparaître. Moi-même, ni d’ailleurs mes parents, je ne l’apposais pas à mon nom, puisque ce n’était pas français. C’était un petit en-trop. Mais quand mon analyse s’est interrompue, brusquement interrompue et que je suis venue m’installer à Paris, j’ai voulu restituer ce tréma à mon nom, et je l’ai, à partir de là, retracé sur le « u ». J’ai fait cela sans réfléchir, je l’ai fait et je m’y suis tenue. Me séparant d’ailleurs sur ce point et avec plaisir du reste de ma famille, qui continue d’écrire ce nom sans ses points dus.
… que « le désir de l’analyste n’est pas un désir pur » et que « c’est un désir d’obtenir la différence absolue ». Il précise alors que la différence dont il s’agit est celle qui « intervient» quand le sujet, « confronté au signifiant primordial», « vient», pour la première fois, « en position de s’y assujettir». –Pierre Naveau, Désir de l’analyste
Donc, la proximité inhabituelle où j’étais de mon corps, d’une certaine vie de mon corps, non liée à ma conscience, mais à des signifiants vides de sens, sans pathos, me permettait de relever dans le tréma de mon nom sa résonance avec le terme trauma ; pointait ce « u», ce « u » aussi de l’avoir « eu », du corps « eu ». J’assistais à sa solitude, elle d’ordinaire inaperçue, et percevais les mots qui la hantent. Et même si mon corps est aujourd’hui couvert de mille petits points (mini tumeurs bénignes qu’une dermatologue patiente et blonde m’enlève à l’électricité depuis peu), en devint-il, au moment de ces événements, de cet éventuel trauma, pour autant plus sexuellement malade qu’il ne l’était déjà ? N’étais-je pas sans savoir déjà ce qu’il y avait à (ne pas) savoir du sexuel ? Non, non non, non. Dénégation, pourquoi niai-je mon ignorance d’alors ? Mais ce que je savais surtout ne pas savoir, qui couvrait tout le reste, c’était la possible méchanceté des hommes. Ce que je ne savais pas. C’est. Je ne savais pas qu’il pouvait m’arriver des malheurs. Je me croyais protégée. De Dieu. Je pensais que mon innocence me protégeait. Je ne perdais pas mon innocence, mais elle rencontrait dans le monde des réponses auxquelles elle ne s’attendait pas. Et ces mauvaises réponses étaient sexuelles. Et ces mauvaises réponses furent recouvertes par la méchanceté – qu’il était à ma portée, alors, de connaître déjà. Que sus-je alors de plus? Que je n’étais pas la princesse charmante – et que me restait-il alors à être? Que le monde résiste à la sainteté. Que le monde résiste à Dieu. Qu’un corps n’appelle pas que l’amour. Cependant, je restai püre. Alors que le sexe se séparait de l’amour.
C’est quoi la pureté?
Dieu, le sexe, l’amour, Un.
Conviendrait-il aujourd’hui que je ramène à ces souvenirs leurs tristes affects? Même tristes, malencontreuses, horribles éventuellement, ces histoires racontées, le pathos qu’elles appellent, dont elles relèvent en surface, n’est pas ce qui compte. C’est pourquoi je ne les ai jamais considérées comme des traumas, et que j’ai accepté que mon analyste ne les traitât pas comme tel.
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Notes:
- Umlaut (Wikipedia) : En phonétique, le processus d’ Umlaut (de l’allemand um-, « autour, transformation » + Laut, «son »), ou métaphonie (terme grec de même sens ; ne pas confondre avec le paronyme métatonie) ou encore inflexion, désigne le changement de timbre d’une voyelle à la suite de l’amuïssement d’une autre voyelle dans une syllabe suivante. La voyelle altérée garde pour ainsi dire une trace de la voyelle disparue en récupérant une de ses caractéristiques. C’est un type complexe de dilation. [↩]
- l’École de la Cause freudienne [↩]
- Mmes Marie-Hélène Brousse et Christiane Alberti, toutes deux psychanalystes et membres de l’ECF [↩]
l’oublié 2
Parce que c’était réel, parce que c’était peut-être sexuel, parce que ça m’aurait donné du plaisir, je l’ai oublié.
Et parce que je l’ai oublié – la pose, le mouvement, le geste, la posture – , je ne peux plus rien faire, je n’ai plus de jugement, je suis obligée de me greffer à une autre (homosexuelle), je dois passer à l’arrière plan, je dois faire la doublure.
Après quoi?
Une psychanalyste raconte une fable (Christiane??) en passant par des loges (loges de coulisses? maçonniques?), des loges où elle se loge, qui ont chacune leur décor. La fable se termine sur moi et Laure Naveau.
J’avais lu un texte récemment de Laure Naveau (que je ne suis pa sarrivée à retrouver), où elle parlait de textes, de thèmes qui avaient également été importants pour moi (péché de la tristesse, Spinoza, Nietzche…) Je m’étais demander si ce n’était pas plutôt chez elle, comme analyste, que je devais aller?
Christiane Alberti? Comme Alberti? Qui écrivit Vies de peintres? Vies des meilleurs peintres… Ah non, ça n’est pas Alberti, c’est Vasari. Alberti, c’est la perspective. La vie d’Alberti est racontée dans le livre de Vasari. Il a inventé la perspective géométrique et a écrit un traité sur la peinture ( Della pittura).
Bon.