ce qui ne cesse (pas de s’écrire) et cyberculture

1 juillet 2005 | juillet 2005 | ... et société, ce qui ne cesse pas de s'écrire | , , , , , , , |

la « cyberculture » fonctionne sur un mode pulsionnel, où « ça ne cesse pas de s’écrire », à l’instar de l’inconscient qui ne calcule ni ne juge et qui ignore le temps. « ça jouit et ça sait rien », cette démultiplication de sens perdus, qui vont à la dérive, ne saurait recouvrir l’absence de sens du sens.

ce qui se trouve nié, dans cette éternisation, c’est le réel. la prolifération des écrits sur internet, témoigne de cette volonté de croire que le symbolique recouvrira, à force d’approximations, totalement le réel. alors que de celui du corps, de la mort et du sexe, elle ne veut rien savoir. ce réel-là exige le passage à la limite, exige qu’un saut par-dessus le vide soit fait. le symptôme ne cesse de refaire ce saut. et s’il ne cesse, de parler à l’encan, c’est qu’il lui faudrait, pour cesser, que sa cause soit entendue. que vienne à se savoir sa cause, sa raison d’être. ce à quoi il a affaire. il lui faudrait la présence de l’autre (« ce mystère de la présence »). il lui faut la rencontre.

or, si la « cyberculture » croit au copier-coller, à la répétition du même, à l’interprétation, elle ne veut pas de la coupure, de l’arrêt. il faut que ça soit fluide, que les connexions soient permanentes. l’amour pourtant, celui qu’il faut pour que « la jouissance condescende au désir », exige le nom, et même le nom propre. enfin, c’est ce qu’il me semble et ce qui s’entend dans les écrits de duras par exemple. le nom, la folie du nom dit, est au plus proche, dans l’étrangeté, de celle de symptôme.

symptôme femme, symptôme d’un autre corps

17 janvier 2006 | janvier 2006 | préliminaires, psychanalyse | , |

ça continue:

Le symptôme femme par contraste, c’est d’être symptôme d’un autre corps.  […] C’est par ce tour de s’accomplir comme symptôme et de s’offrir que Lacan peut dire de Joyce qu’il se tient pour femme à l’occasion, tout en sachant bien qu’il ne choisit pas la voie du “pousse à la femme” comme “Le président Schreber”, il n’est pas femme de Dieu. Il choisit “le dire à la pointe de l’inintelligible”.
La morale de l’histoire, de Joyce avec Lacan, c’est de savoir le poids du corps propre, une jouissance de la langue à exclure le sens.
« LOM du XXI siècle », Marie-Hélène Roch, Onicar? digital

symptôme et sinthome // désir et jouissance

2 mai 2006 | mai 2006 | jacques-alain miller, psychanalyse | , , , , , , , |

je suis payée pour lire :

« Cette différence, propre à Lacan, du symptôme et du sinthome, nous montre bien pourquoi nous avons aussi besoin de deux termes comme ceux de désir et de pulsion. Le désir a ses intermittences tandis que la pulsion a sa constance. Il y a du côté du désir tout un jeu de masques et il est incessamment travaillé par une négativité interne, si je puis m’exprimer ainsi, alors que, du côté de la pulsion, nous avons une positivité plus ou moins grande.

Du côté symptôme et vérité, tout repose sur le manque. Du côté sinthome et jouissance, il n’y a pas de manque.

Du côté du symptôme, c’est la répétition de la rencontre manquée, une répétition de l’évitement, tandis que du côté du sinthome, c’est la répétition de ce qui soutient le sujet dans l’être, et pourquoi tout lui est bon. Ce n’est qu’en termes économiques qu’on pourra ici parler de plus et de moins. »

Conclusion des Leçons du sinthome, Journées ECF 2005, Jacques-Alain Miller

symptôme
désir
négativité interne
manque

sinthome
pulsion
positivité
pas de manque

a scheme is not a vision / verossity / Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa raison.

24 mars 2009 | mars 2009 | RÊVES | , , , , , , , |
+ S Z U G Y I C Z K Y + (velocity) (férocity, verosity)

Mar 24th, 2009 11:17am

j’aime beaucoup vous montrer des images. les images qui sont qu’il est à ma portée de vous montrer. les images que je vous montre sont des images qui

je ne sais pas si elles sont à proprement parler n’importe qu’elles images, je ne le crois pas, en fait, mais dans ces images compte également, et indépendamment d’elles, de façon extrinsèque, cette qualité qu’elles acquièrent – du moins à mes yeux – du fait que je vous les montre. elles comportent également ceci : que j’aimerais également physiquement les faire, qu’à mon tour, ma façon, les fabriquer me plairait. (et qu’elles sortent de l’ordinateur) (l’ordinateur, la virtualité étant, restant suspecte).

(via modernitymuscler) quality toys papier colle et camionsMar 24th, 2009 12:13pm

des fois peut-être je veux dormir pour mettre de l’eau sur le feu. mais parfois ça fait comme si c’était de l’huile.

à propos de ce rêve,
l’ayant raconté à celui que dorénavant je ferai l’effort d’appeler mon analyste, ce rêve où je suis seule contre la bande de cons du monde, il me dit :  » aaah ! aaah ! aaah ! » (en trois quatre fois, de façon très appuyée, comme si ça faisait longtemps qu’on l’attendait, celui-là, ce rêve-là). et après, quand j’ai eu fini de parler, il dit plusieurs fois « très très très très très bien… « 

mon analyste donc, c’est aussi celui à qui quand je dis que je veux quitter f me dit le quitter mais pourquoi ce qui me suffit pour que je veuille plus le quitter du tout en effet pourquoi

Ben Schumacher (Symbolic Registration n° 2)

Le bonheur est une monstruosité ! punis sont ceux qui le cherchent.

G. Flaubert

voyager, c’est compliqué, c’est trop compliqué. développez.

accident

il faut que j’aille à bruxelles voir mon petit frère hospitalisé

grave

 

velocity
veros,sity
verocity verosity

C’est que l’objet est mouvement malgré qu’il n’y paraisse.

20 octobre 2009 | octobre 2009 | le n'importe quoi | , , , , , , |

de duve manet courbet moi le monde et le n’importe quoi (suite), et de la perte de l’histoire

Le blog est un symptôme. Il n’y a pas lieu (donc) d’y échapper.

(Non plus mon père, je n’ai jamais compris, comment, dans la vie, il pouvait sembler à ce point hors de son époque tandis que sa peinture y était. Y allait, de son côté. (Il est vrai que lui pensait aller contre, son époque.))

Alors, le n’importe quoi des artistes. Manet, son asperge, Courbet, ses casseurs de pierre. Sont les exemples donnés par Thierry de Duve1 . Est-ce à dire que je pense que nous en soyons toujours là. Oui, à certains égards. La petite chose est sortie de, montée sur, s’est extraite. La petite chose, les petites gens. Démocratisation. Extraction. Objet. De la botte sort l’asperge, du jeu tire son épingle. Individualisation.

Je sais que si mon regard s’émerveille se laisse surprendre encore – quand parfois le monde me semble paraît partout beau -, c’est qu’il s’est passé ce qui s’est passé pour que Manet puisse veuille peindre son asperge (sur le bord d’une table). Qui évoque ce que Lacan désigne sous le terme “Y’a d’l’Un” tout seul. Qui allait contre un certain savoir établi, la grande peinture, les tableaux dits d’histoire.

Où nous en serions encore : un monde qui se dégage, s’extrait de l’histoire, de celle même éventuellement avec un grand H. La perd. (Un monde qui trouve cherche comment s’y renouer, à l’histoire. S’y renouer, y renouer sans renier ce qu’il vient de découvrir sans renouer avec ce qu’il vient de lâcher.)

de Duve encore : (Dieu est mort) montée sur la scène de l’objet – et puis pour les artistes en venir à quelque chose de l’ordre de la présentation de l’objet (son exposition Voici) .

de parenthèse en parenthèse, avancer par où se taisent les parents.

Lacan – L’objet est pulsionnel
Lacan – Qu’il s’agit de rejoindre la pulsion. De la dégager du fantasme.
Lacan – Ce qu’il y a d’éthique à la pulsion : c’est que justement elle agisse hors cadre, ne fonctionne pas à l’idéal, affine à la jouissance – le réel donc.

[Il y aurait eu traversée d’un certain fantasme : le père]

Or la pulsion, si on n’y prend garde, aura toujours tendance à faire son chemin toute seule. Parce que c’est sa nature à la jouissance : autiste – auto.
Tandis que le désir appelle à ce qui ne jouit pas.

De la difficulté de conclure.

Parler encore de l’accumulation (les enchaînements) des parenthèses, dans la droite ligne de l’asperge de Manet.

C’est que l’objet est mouvement malgré qu’il n’y paraisse.

9 février 2006 – 11:48 / le n’importe quoi /

Notes:
  1. dans, si mon souenir est bon, Résonances du readymade []

la politique du symptôme, la politique de l’autruche

17 novembre 2009 | novembre 2009 | psychanalyse | , , , , |

« Cet engagement-là relève d’une décision politique, non pas de la politique du symptôme qui est la politique de l’autruche : avoir pris acte d’un réel, mais en même temps refuser d’en tirer les conséquences. Et, en particulier, croire qu’il y en a un, au moins un, qui le fera pour nous. La politique du symptôme – politique du pire parce que c’est celle du père – comporte la croyance à l’Autre : qu’il soit gentil ou méchant, détesté, ignoré ou aimé, est secondaire au regard du fait de le faire consister. L’affect – colère, tristesse, etc., naît en ce point-là où l’Autre se remet à exister. Le trop dont on pâtit – le pathos -, c’est le moment où au lieu de consentir à lâcher sur la jouissance, le sujet préfère faire consister l’Autre et se faire croire qu’il existe. Un nouveau tour est alors nécessaire pour cesser d’y croire, et retrouver la voie du partenaire inhumain – partenaire symptôme des uns et partenaire ravage des autres – plutôt que la voix d’un Autre qui intime l’ordre de jouir du silence de la pulsion de mort. »
Agnès Afflalo, Journal des Journées n° 58

Beau, su, est – Le symptôme du père

15 avril 2011 | avril 2011 | Beau, su, est - Le symptôme du père | , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , |

vendredi 14 ou 15 avril 2011

Le rêve :

« Je travaille pour quelques jours à E.1  Il y fait sombre. Je m’y sens seule et parano, avec l’impression de travailler mal que je connais si bien. 

En fin de journée, j’erre dans mon ancien quartier, sur la place où j’habitais, qui ne lui ressemble pas.  J’ai rendez-vous avec D*, mon analyste d’alors.  J’attends l’heure du rendez-vous dans un café en face de chez lui, qui en fait en face de chez moi, le café se trouvant lui à l’emplacement… de son cabinet à lui… son cabinet se trouvant à l’endroit où j’habitais. Nous habitions l’un en face l’autre.  Il vient me chercher, m’a vue depuis sa fenêtre, me dit de venir tout de suite, sans attendre, qu’il a du temps. Traversons la place, nous rendons à son cabinet.

Montons des ESCaliers de marbre, cabinet à gauche.

D* me fait entrer, me fait asseoir, s’assoit lui-même, mais pas à son bureau. Me présente à une jeune femme. Il y a quelqu’un d’autre. Me dit :  ‘Allez-y, racontez à cette personne comment [… souvenir manque  Je dis que ce n’est pas ça, que ça ne s’est pas passé comme il le dit et je me mets à raconter.

Ce que je raconte, à propos de mon de mon analyse et de mon lien à l’École, l’École de la Cause freudienne, me réveille au milieu de la nuit. »

Du rêve, le lieu, la place, les escaliers de marbre me ramènent d’abord à une petite place de mon enfance, la place Bossuet. Il y avait là un magasin  de je ne sais quoi où nous n’avions pas à aller souvent, presque jamais. Des escaliers de marbre à grimper et, une fois la porte poussée, sur la gauche, nous nous trouvions dans un sombre magasin, aux volets tirés, face à un comptoir dont les parois surélevées jusqu’au plafond ne laissaient qu’un restreint encadrement à la figure de l’un ou l’autre vendeur  y paraissant dissimulé protégé camouflé par un amoncellement, un bric à brac, une barricade  d’objets hétéroclites.

Aujourd’hui, l’école de Jules se trouve rue Bossuet. A l’école, des Dames,  j’avais étudié des extraits des Sermons sur la mort.

« Beau su est« . J’entends : « Le beau, su, est. »  J’y entends une ontologie  du beau. Cette ontonlogie au cœur du cours de Jacques-Alain Miller de cette année.

Je repense alors à ce moment où LG (mon analyste actuel) m’avait dit qu’il trouvait beau ce que mon père faisait, sa peinture. Je me souviens avoir pensé que ce moment avait été crucial. Parce que…  si l’œuvre de mon père était belle, si elle était reconnue comme telle,  je n’avais plus alors à l’incarner moi-même, je n’avais plus à être désirée en tant que l’œuvre de mon père… et  cette œuvre pouvait se détacher de moi. Me permettant de la désirer à mon tour. 

J’ai songé alors à l’œuvre en tant que symptôme, comme symptôme de mon père. Comme si j’avais eu à incarner ce symptôme-là. Et comme si tout d’un coup, je pouvais me mettre à avoir mon propre symptôme.

C’est quelque chose que j’avais déjà ressenti, écrivant  à propos d’autres rêves, le sentiment de découvrir le symptôme de mon père. Et qui s’était ravivé la veille, lisant Miller parler du père comme symptôme et de la nécessité de ce symptôme :

Eh bien, dans cette symptomatisation générale des catégories analytiques, Lacan esquisse que le père, l’essentiel de sa fonction, c’est d’être un symptôme. C’est le sens de ce développement que Lacan a pu faire sur l’exception que doit représenter le père. Il parle pour lui de caractère d’exception, parce qu’il veut lui donner le caractère d’ex-centré, que le père a le caractère d’ex-sistence, de subsistance « hors de ». Et donc, il lui faut donc à ce moment-là caractériser le père non pas par l’universel, mais au contraire par la particularité de son symptôme. Et c’est en ce sens que Lacan a pu dire le père est un pervers. Ça veut dire un père, le père freudien même, n’est pas le père de l’universel, il est au contraire au niveau de la particularité du symptôme. Il y a qu’il est essentiel qu’il ne soit pas Dieu, précisément. Freud avait montré la racine de l’illusion religieuse dans la fonction du père et Lacan au contraire marque que le mirage divin est à proprement parler mortifère ou psychotisant quand il est supporté par le père. Il faut que le père soit pervers au sens où il doit être marqué par la particularité d’un symptôme.
Jacques-Alain Miller, L’être et l’un, « X. Itinéraire et itération de Lacan // imaginaire → symbolique → réel », cours du 6 avril 2011.

(erreur sur le symptôme)

seig
neur
il y aura eu
e
rreur
sur-le-symptôme

BLIND BLIND BLIND
ha ha

ha

love

(sans œuvre pas sans art)

Ces réflexions m’ont amenée à une autre chose que LG m’avait dite, au téléphone, quand je lui avais dit que que si j’avais pu à un moment donné penser à moi comme à une artiste sans œuvre, au fond, j’étais à ce moment-là comme une analyste sans analysant. A quoi il m’avait répondu que c’était un rapprochement très intéressant (dont nous reparlerions (ce qui n’est s’est pas à proprement parler fait)) – mais que si j’étais sans œuvre, je n’étais pas sans art.

Avant que de lui parler, j’avais tenter d’interroger le rapprochement entre le travail d’un analyste et celui d’un artiste, entre  une œuvre et un analysant, et je n’y étais absolument pas parvenue. Cette réflexion me donnait l’impression de me trouver face à un problème de logique aporétique, quelque chose d’au-dessus de mes forces, de mon entendement, faisant paniquer mon esprit, le freezant, me laissant juste le sentiment d’être un peu idiote, déficiente, et n’ayant d’autre recours que l’espoir d’un éclair, d’une illumination. De cette aporie, LG par son compliment, m’a au fond délivrée comme il me disait que je n’étais « pas sans art »…

« Mais il y a un autre régime de l’interprétation qui porte non sur le désir mais sur la cause du désir, et ça, c’est une interprétation qui traite le désir comme une défense. Qui traite le manque-à-être comme une défense contre ce qui existe.
Et ce qui existe, au contraire du désir qui est manque-à-être, ce qui existe, c’est ce que Freud a abordé par les pulsions et à quoi Lacan a donné le nom de jouissance. »
https://disparates.org/lun/2011/05/jacques-alain-miller-cours-du-11-mai/

C’était alors à un moment où il me semblait découvrir mon goût du « sans », mon goût pour le « rien »  (à moi tendrement révélé au cours de vacances en Suisse, où il y avait eu le rêve des trois rondelles après le délice de la salade, les bénéfices cependant de cette « révélation » s’étant vu exploser, partir en terribles éclats, quand au retour de Suisse, j’avais trouvé ma mère ici).

Beau, su, est. Qui situe le beau uniquement du côté du savoir et de l’être. Ce que cette ontologisation dénonce.  Le beau  considéré dans sa matière signifiante, idéale et identificatoire. Symptôme de mon père qu’il me faut incarner. Sermon plaqué sur la mort. 

S’esquisse dans ces réflexions le passage d’un être à un avoir, via l’acquisition d’un certain savoir-faire. Le commun dénominateur à ces 4 termes, analyste, artiste, œuvre, analysant, c’est le symptôme. L’être, l’être signifiant, identificatoire, ne se supporte que d’avoir rien, or la pratique de l’analyse n’est sans tirer vers  ce nouvel avoir : un symptôme qui fût le sien. Artiste sans œuvre, analyste sans analysant : pas sans art. Au moins ça : il y a, de la jouissance, de l’art. De la manière. Du savoir-faire, un symptôme.

(Commission)

Je me rendors,  le rêve reprend.

« Je suis maintenant seule avec D*. Il voudrait que je reste, il a encore des rendez-vous. Mais je dois rentrer dîner, dormir chez mes parents, je travaille le lendemain. D* a l’air de penser, de trouver, de tenir, à ce que nous passions la nuit ensemble. Je me dis que si je fais ça, je n’aurai jamais le courage de retourner travailler à E* le lendemain, que déjà, j’en perds le courage. Je veux partir.

D* me dit qu’il a invité le Conseil ou la Commission (de la passe) de l’École. Que d’autres gens viendront également qui ne sont pas de l’École.

Ils arrivent.

Il y a quelqu’un que je connais parmi eux. Une jeune femme dont j’ai oublié le prénom, le curieux prénom, dont l’une des lettres devait soit être prononcé soit ne pas l’être (un « s », je crois), d’une façon inverse à la coutumière, avec qui j’ai travaillé à la Commission européenne. Dans le rêve, elle habite maintenant dans mon quartier. Nous nous entendions bien. Elle était de grade B (moi, C). Très gentille. Portait cependant un parfum que je détestais (Opium, d’YSL (!)). Vive, mariée, de province, française, elle écrivait, rédigeait, extrêmement bien – c’est-à-dire qu’elle faisait un travail que je me sentirais bien incapable de faire, où l’art de l’exposé et du résumé ne tenaient pas la moindre place. De même que le sens de la formule et la connaissance des formulations ad hoc. ) Elle parle des millions qu’elle gagne aujourd’hui.

J’étais arrivé chez D* avec deux livres ou classeurs. Sur la tranche de l’un d’eux il était écrit soit « Conseil« , soit « Commission« . Il n’y s’agissait pas d’un organe de l’École, mais j’avais crains qu’on ne le croie, et qu’on ne croie que je m’y connaisse, quand je n’y connais rien. Ce qui m’embarrasse.

D* pose une question que chacun note, moi également. Il s’agit d’art. Mais je n’ai pas envie de répondre à cette question. Je me lève pour m’en aller. D* me rejoint, sur le pallier, me retient. Me dit qu’il n’en a pas pour longtemps. Me serre dans ses bras, nous nous serrons, c’est bon. Nous nous embrassons. Je me demande si ça peut être agréable alors que je ne le désire, ne l’aime plus. Je constate que oui, c’est très agréable. Je retourne à l’intérieur avec lui. Les gens de l’École sont partis, il en ont eu assez d’attendre. Il restent quelques personne. Je me rends compte que D* donne en fait un cours d’histoire de l’art. Tous les gens s’en vont.

Nous sortons D* et moi, errons sur la place, en nous embrassant. »

Notes:
  1. E = société où travaillais autrefois, à Bruxelles, dont j’ai démissionné pour venir vivre à Paris, avec l’homme que j’avais rencontré, F. []

JOYCE LE SYMPTOME, I – extrait

17 mai 2011 | mai 2011 | psychanalyse | , , , |

« C’est bien ce qui se constate dans ce qui fait de Joyce le symptôme, le symptôme pur de ce qu’il en est du rapport au langage, en tant qu’on le réduit au symptôme – à savoir, à ce qu’il a pour effet, quand cet effet on ne l’analyse pas – je dirai plus, qu’on s’interdit de jouer d’aucune des équivoques qui émouvrait l’inconscient chez quiconque.

Si le lecteur est fasciné, c’est de ceci que, conformément à ce nom qui fait écho à celui de Freud, après tout, Joyce a un rapport à joy, la jouissance, s’il est écrit dans lalangue qui est l’anglaise – que cette jouasse, cette jouissance est la seule chose que de son texte nous puissions attraper. Là est le symptôme. Le symptôme en tant que rien ne le rattache à ce qui fait lalangue elle-même dont il supporte cette trame, ces stries, ce tressage de terre et d’air dont il ouvre Chamber music, son premier livre publié, livre de poèmes. Le symptôme est purement ce que conditionne lalangue, mais d’une certaine façon, Joyce le porte à la puissance du langage, sans que pour autant rien n’en soit analysable, c’est ce qui frappe, et littéralement interdit – au sens où l’on dit – je reste interdit.

Qu’on emploie le mot interdire pour dire stupéfaire a toute sa portée. C’est là ce qui fait la substance de ce que Joyce apporte, et par quoi d’une certaine façon, la littérature ne peut plus être après lui ce qu’elle était avant.

Ce n’est pas pour rien que Ulysse aspire, aspire un quelque chose d’homérique, bien qu’il n’y ait pas le moindre rapport, quoique Joyce ait lancé les commentateurs sur ce terrain, entre ce qui se passe dans Ulysse et ce qu’il en est de l’Odyssée. Assimiler Stephen Dedalus à Télémaque… On se casse la tête à porter le faisceau du commentaire sur l’Odyssée. Et comment dire que Bloom soit en quoi que ce soit, pour Stephen, qui n’a rien à faire avec lui, sauf de le croiser de temps en temps dans Dublin, son père ? – Si ce n’est que déjà Joyce pointe, et se trouve dénoter que toute la réalité psychique, c’est-à-dire le symptôme, dépende, au dernier terme, d’une structure où le Nom-du-Père est un élément inconditionné.

C’est en tant que l’inconscient se noue au sinthome, qui est ce qu’il y a de singulier chez chaque individu, qu’on peut dire que Joyce, comme il est écrit quelque part, s’identifie à l’individual. Il est celui qui se privilégie d’avoir été au point extrême pour incarner en lui le symptôme, ce par quoi il échappe à toute mort possible, de s’être réduit à une structure qui est celle même de lom, si vous me permettez de l’écrire tout simplement d’un l.o.m.

Ce faisant j’introduis quelque chose de nouveau, qui rend compte non seulement de la limitation du symptôme, mais de ce qui fait que c’est de se nouer au corps, c’est-à-dire à l’imaginaire, de se nouer aussi au réel, et comme tiers à l’inconscient, que le symptôme a ses limites. C’est parce qu’il rencontre ses limites qu’on peut parler du nœud, qui est quelque chose qui assurément se chiffonne, peut prendre la forme d’un peloton, mais qui, une fois déplié, garde sa forme – sa forme de nœud – et du même coup son ex-sistence. »

Conférence donnée par J. Lacan dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne le 16 juin 1975 à l’ouverture du 5e Symposium international James Joyce. Texte établi par Jacques-Alain Miller, à partir des notes d’Éric Laurent. L’âne, 1982, n° 6.  Joyce avec Lacan, Paris, Navarin, coll. « Bibliothèque des Analytica », 1987.

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