dimanche 28 août 2005

[ comme si – le surmoi , la parole même

Le surmoi a un rapport avec la loi, et en même temps c’est une loi insensée, qui va jusqu’à  être la méconnaissance de la loi. C’est toujours ainsi que nous voyons agir chez le névrosé le surmoi. N’est-ce pas parce que la morale du névrosé est une morale insensée, destructive, purement opprimante, presque toujours anti-légale, qu’il a fallu élaborer dans l’analyse la fonction du surmoi?

Le surmoi est à  la fois la loi et sa destruction. En cela, il est la parole même, le commandement de la loi, pour autant qu’il n’en reste plus que la racine. La loi se réduit tout entière à  quelque chose qu’on ne peut même pas exprimer, comme le Tu dois, qui est une parole privée de tous ses sens. C’est dans ce sens que le surmoi finit par s’identifier à  ce qu’il y a seulement de plus ravageant, de plus fascinant, dans les expériences primitives du sujet. Il finit par s’identifier à  ce que j’appelle la figure féroce, aux figures que nous pouvons lier aux traumatismes primitifs, quels qu’ils soient, que l’enfant a subis.

J. Lacan, Le Séminaire, Livre I, p. 118
lundi 29 août 2005

[ comme si – ici , les hors

je voulais dire comme si la parole . je voulais dire ici ,        ces lieux qui n’en sont pas ( hors-lieux de, les blogs , internet , etcaetera) , comme si lieux de parole , la voix en moins .       je parle de la voix débarrassée de sa chair , voix : viande en moins . son seul os , comme qu idirait .   –       où la chair serait le réel la présence réelle physique ( : péché (de chair mon père)   –       l’os , ce qu’il en reste , subsiste , pendant qq temps ( le signifiant aux allures clean sèches      ( pense à  l’amaigrie .

[ comme si – ici , les hors

je voulais dire comme si la parole . je voulais dire ici ,        ces lieux qui n’en sont pas ( hors-lieux de, les blogs , internet , etcaetera) , comme si lieux de parole , la voix en moins .       je parle de la voix débarrassée de sa chair , voix : viande en moins . son seul os , comme qu idirait .   –       où la chair serait le réel la présence réelle physique ( : péché (de chair mon père)   –       l’os , ce qu’il en reste , subsiste , pendant qq temps ( le signifiant aux allures clean sèches      ( pense à  l’amaigrie .

mardi 30 août 2005

surmoi, coeur net

		si je m’intéresse au surmoi                  si je m’y suis intéressée                         c’est que c’est qu’il
    m’est arrivé de me dire                     que je devais en avoir un de solide        ,           de
surmoi        .                                                       .                                           

                                                                                                        en avoir le coeur net .
		
j’ai pensé à  ça comme ça
effleurée ça m’est venu à  force ça
pourrait se dire aussi :
EST-CE
QUE
je n’en tiendrais pas une
sacrée
tranche , moi, de surmoi.
EST-CE
QUE
ça ne serait pas ça, la
cause de de tous mes

troublestroublestroubles
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jeudi 1 septembre 2005

[comme si – la voix séparée

de jouir inconscient avant tout qu’il s’agit.

je te dis d’écrire : écris !
puis je te dis de n’écrire pas : n’écris pas !
de quoi jouis-tu? tu jouis de devoir écrire et de ne pas écrire
tu jouis de ce que
tu n’écrives pas, de ce que ce soit l’Autre qui écrive
(cet Autre non-barré, que dès lors tu constitues)
de ce que l’écriture t’existe.

le surmoi s’origine de la voix, il est entendu, c’est la voix entendue.
celle séparée de ce qu’elle dit.
le surmoi entend l’autre, surtout ce qu’il ne dit pas.
entend la chair de la parole.
celle qui manque aux mots et que les mots manquent.

alors à  l’origine, il n’y aura pas de parole qui ne fasse commandement, qui ne vienne à  m’instituer sujet du signifiant*"voilà  entends ça, ce que tu es",
"ce que tu es, sujet
jetus sujet du signifiant" – signifiant auquel justement la voix échappe, commandement auquel la voix échappe, où s’entend donc, que c’est bien elle, la voix, qui commande, puisqu’elle est celle, la voix, qui excepte à  la loi.

le surmoi peut donc commander de faire une chose et son contraire, puisqu’il s’occupe de ce qui ne rentre pas dans les catégories du signifiant, de ce qui n’obéit pas à  sa logique binaire.

vendredi 23 septembre 2005

Histoire de temps ( celui qui peut projeter le passé dans le futur)

Quand je me réveille, toutes les difficultés afférant* au travail dans lequel je suis, toutes sortes d’idées inquiètes m’engorgent la tête
le cerveau.

Ce matin il me sera apparu** comment le blog oblige à  faire des choses qui puissent accrocher « le visiteur de hasard».*** Que tout y soit sur une seule page, celle de garde, l’index. Chaque note, chaque article devant constituer une petite entité qui puisse être indépendante des autres.

Sans doute m’aura-t-il paru difficile de poursuivre une réflexion – une réflexion qui en passe par l’écriture, de la mener à  son terme, peut-être lointain, à coups d’autant de moments de réflexion qui contiennent ou évoquent suffisamment leur propre terme qu’on puisse les séparer de ceux qui les précèdent et des possibles de ceux qui les suivront. Que je ne puisse m’appuyer sur ce que j’aurais déjà  écrit dans la mesure où ça n’aura pas déjà  été lu.****

Si tout doit se trouver sur l’index, c’est que n’est plus attendu que ce qui est daté d’aujourd’hui. Tout, c’est aujourd’hui. Les archives, c’est accessoire. Ça ne fait plaisir, ça ne rassure ou ça n’inquiète que celui qui les nourrit. Est-ce qu’il y a du nouveau ?

Nous sommes des millions de blogs. Nous disposons des outils de
production. Qu’est-ce qu’on en fait ? Est-ce qu’on surproduit, on
surconsomme ? Que nous soyons des millions me donne un sentiment de communauté,  fût-ce de symptôme. Et je trouve ça bien. On a vu pire qu’écrire. C’est pour ça que je vais voir les autres. Comment est-ce qu’ils s’en sortent. Je les sais les vois différents, mais je m’en fous. On est issu du même moule. Ça crée des liens. Ces liens mêmes que je suis toujours tentée de rompre, pour travailler totalement en autiste, y échapper.*****

Alors pourquoi passer par les blogs, le blog, moi qui connais si bien
l’html et même pire. A cause des liens. Les liens et le moule. Le blog, le temps, fait le lien pour moi. Ce qui tente de se saisir dans le blog, la tentation la force l’impulsion, c’est celle de saisir cette matière impalpable de ce qui s’échappe dans le temps, ce qui se perd.****** Comme si, d’y coller, ça le retiendrait. ça en dirait quelque chose. Et ça en dit quelque chose. C’est même ça qui ressort, qui en ressort le plus magistralement, le vide de tout ça. C’est ici je crois que peut s’entendre que le blog surmoitise. Ce que je cherche à  formuler depuis que je suis là-dedans. Le croisement du blog et du surmoi. Le surmoi se forme à  partir de la parole, à  partir de ce que la parole ne dit pas. Ce qu’elle lève de lièvre absent. Que la voix, sa chair, trahit et que les mots ne disent. Le surmoi entend ce qui ne se dit pas. Pas seulement parce qu’on a manqué de les dire, mais parce qu’ils n’y sont
pas, aurait-on voulu, on n’aurait pas pu. La pensée, quand elle
tourne fou comme la mienne, essaie de combler ce vide, de le nier. Le paradoxe c’est qu’à  force de chercher à  produire du sens, d’en produire, elle rejoigne elle retrouve, de l’insensé (cet insensé du manque) qu’elle tente de recouvrir, la jouissance. La pensée recouvre et recouvre. De son grand manteau recouvre et dans son grand manteau retrouve. La jouissance, c’est ce qui a échappé à  la H de l’histoire, qui nage encore dans le liquide amniotique (Jules ne me démentira pas).

Le choix, dont il m’est arrivé de parler ici, c’est le choix
fait en connaissance de cause : « pas-tout » passe au dit. Le choix donc, en matière de blog, pour moi, c’est de renoncer à un certain « tout dire » qui ne reviendrait jamais qu’à  un amoncellement une accumulation de dits (qui à  l’instar de ma pensée tenteraient derecouvrir le manque du dire). C’est de renoncer à  vivre ma vie comme un livre.
Renoncer à  l’établissement de mes «Oeuvres complètes» (petits papiers compris).

Le surmoi tente de faire passer le « dire » au« dit» à  force des «dits» et en se passant du «dire». Tente d’imposer ça. C’est pour ça que sa force d’impulsion, sa manoeuvre, se fait constante.
Devient constante. Est de l’ordre d’une parole qui ne s’arrêterait pas – murmure incessant. Brouhaha insensé.********

J’ai été trop longue. J’en reste là . Même moi je ne me lirais
jamais si je devais tomber sur moi sur le net. Et je doute que j’arrive jamais à  me relire. Quelque chose cloche.

Aussi, je vous embrasse.

* « afférant » me vient de ce que je lisais Christian Oster hier soir, qui utilise à l’abord de son histoire d’amour un certain type de langage, d’ordinaire réservée aux bureaux. Donnant une idée du décalage entre ce que le narrateur vit et les mots par lesquels il en passe pour le décrire, de la distance entre ce qu’il vit et le langage même. Et donnant une idée d’où le narrateur se tient face à ça, pour supporter ça, cette distance, ce décalage, usant du
langage comme d’une rambarde à laquelle il peut finalement devenir comique de s’accrocher et malgré qu’on en soit là : à devoir s’accrocher.
L’effet n’en n’est pas directement comique, d’abord plutôt doucement étrange. Étrangeté douce plutôt qu’inquiétante, révélée par l’usage même de ce langage bureaucratique. On sent quelque chose de l’ordre d’un acquiescement à la condition humaine, langagière. Acquiescement qui n’est pas résignation dépit : il va vers le plus difficile, on dirait « en marchant sur des œufs», aussi silencieusement que possible, vers l’amour.

** Qu’il me soit « apparu »¦
aussi convenue que soit l’expression, j’aimerais cependant me permettre de préciser que s’il s’agit bien de quelque chose de l’ordre de l’irruption, oui – ça serait comme une révélation, ça
aurait cette force-là , de conviction, c’est pour ça que c’est pénible,
je ne peux rien faire d’autre que d’y croire, sur le moment – à strictement parler, rien ne m’apparait, c’est le noir, j’entends : je m’entends me dire. Et l’usage, auquel je me vois obligée de recourir, du futur antérieur, ce drôle de temps de l’incertitude, d’après la mort, qui anticipe ce moment où il ne restera que des mots, « Words, words, words… » vient de que dès que je me lève, la certitude de mon angoisse se dissipe. Le doute prend.

*** Je pense ici au texte de Marcel Broodthaers qu’on peut lire sur l’index de 2balles : « Je voudrais rompre cette solitude, mais ça ne marche pas, car il n’y a pas foule ici. Et il m’est difficile de donner au pied levé une réponse théorique à votre question sur le visiteur. Disons ceci: je suis toujours heureux de voir arriver ici des amis ou des visiteurs que je connais, car il naît toujours un contact direct. Mais j’aime aussi le visiteur de hasard, bien qu’il viennne le plus souvent sur le conseil d’un ami ou d’une
connaissance. Mon rapport au visiteur est un rapport personnel, mais je me demande si ce n’est pas grâce à ces contacts personnels que ce Musée peut continuer à exister, grâce à la bonne volonté des visiteurs qui acceptent tout simplement ma fiction. Et ce qui m’inquiète, c’est la réaction possible de quelqu’un qui se trouve entièrement en dehors de ce réseau personnel. »

**** Or, c’est aussi ce que je cherchais au départ : « en finir (avec les faux impossibles) ». Apprendre à finir. A quoi, le blog, et son visiteur éclair, obligent.

***** ça a été un soulagement, un coup de panique d’abord puis un soulagement, que de me dire que vraiment ça n’avait pas d’importance qui venait sur mon site, combien ils venaient (les logs, les stat.), et de me débarrasser de l’outil qui me permettait de le savoir.

******* « Si le signifiant est ainsi un creux, c’est en tant qu’il témoigne d’une présence passée. Inversement, dans ce qui est signifiant, dans le signifiant pleinement développé qu’est la parole, il y a toujours un passage, c’est-à -dire quelque chose qui est au-delà de chacun des éléments qui sont articulés, et qui sont de leur nature fugaces, évanouissants. C’est ce passage de l’un à l’autre qui constitue l’essentiel de ce que nous appelons la chaîne signifiante.

Ce passage en tant qu’évanescent, c’est cela même qui se fait
voix – je ne dis même pas articulation signifiante, car il se peut que l’articulation reste énigmatique, mais ce qui soutient le passage est voix. C’est aussi à ce niveau qu’émerge ce qui répond à ce que nous avons d’abord désigné du signifiant comme témoignant d’une présence passée. Inversement dans un passage qui est actuel, il se manifeste quelque chose qui l’approfondit, qui est au-delà , et qui en fait une voix.

Ce que nous retrouvons là encore, c’est que, s’il y a un texte, si le
signifiant s’inscrit parmi d’autres signifiants, ce qui reste après
effacement, c’est la place où l’on a effacé, et c’est cette place aussi
qui soutient la transmission. La transmission est là quelque chose
d’essentiel, puisque c’est grâce à elle que ce qui se succède dans le passage prend consistance de voix. »

Jacques Lacan, Le séminaire, Livre V, Les formations de l’inconscient (1956-1957), p. 343.

******* Oster, qui a du talent,
en usant du langage du moule le plus convenu, le plus éloigné de ce qui le travaille, parvient, dans le sourire, à franchir l’écart, à faire franchir l’écart, celui du dit au dire, à faire entendre sa voix.

 
mardi 22 novembre 2005

dans la série les écrits volent les paroles restent

Dans le De bello gallico (VI, 13), décrivant la société gauloise du Ier siècle, Jules César
rapporte ceci des druides celtes : « Un grand nombre de jeunes gens viennent s’instruire chez [eux], beaucoup viennent de leur propre chef se confier à  leur enseignement, beaucoup sont envoyés par leurs parents et leurs proches. On dit qu’ils apprennent là  par coeur un très grand nombre de vers : certains restent donc vingt ans à  leur école. Ils sont d’avis que la religion interdit de confier cela à  l’écriture ».
[…]
Les études, en Irlande, duraient douze ans, vingt ans en Gaule d’après César, et la matière de l’étude, uniquement orale et versifiée, comportait, outre la récitation des scéla («récits»), le droit, la généalogie, la poésie et tout ce qui concernait la spécialisation. Pourtant les Celtes n’ignoraient pas l’écriture […] Mais l’écriture était interdite en tant qu’archive ou moyen de transmission du savoir traditionnel parce que, par rapport à  la parole, elle est morte et fixe éternellement ce qu’elle exprime. Tous ses emplois ne peuvent être que magiques ou incantatoires. Le gaulois, langue sacrée et savante, a disparu avec toute sa littérature parce qu’il
n’a jamais été une langue écrite et, sans la christianisation qui a propagé l’étude des écritures, l’irlandais aurait subi le même sort ou au moins n’aurait presque rien laissé de sa littérature mythologique. Le droit irlandais considère encore comme seule preuve concluante «la mémoire concordante » de plusieurs personnes.
[…]
Le livre EST donc le problème ; le livre est même tout le problème ou plutôt
l’industrialisation du livre
avec tout ce que, dès son origine, elle implique et qui, peu à  peu, s’enchaîne dans un ensemble de dispositifs de plus en plus contraignants : la standardisation, le formatage, les conventions, les collections, le marketing, les publics, les critiques, les auteurs, les autorités, les genres, les éditions critiques, originales, princeps, etc. C’est le livre et ses principes de « fixation », de figement temporel, qui rendent intéressants la recherche des antécédents aux écrits qu’il enferme.
[…]
Or, la littérature, comme nous le savons tous, même si nous ne voulons pas toujours
accepter toutes les conséquences de ce savoir, existait bien avant le livre et, dans beaucoup de régions du monde encore – mais là  encore notre ethnocentrisme culturel occidental nous aveugle souvent – existe sans aucun recours au livre.

Extraits de écriture sans manuscrit, brouillon absent
Jean-Pierre BALPE
Université Paris VIII
avril 2002


livre, problème, lequel?

(hors livre, littérature, voix sans organe) I

L’apparition de l’informatique,de l’ordinateur, … médium, …
désormais un texte peut ne plus être cet objet fermé d’un tissage de langue voulu littérature se trouve soudain … libérée du livre

prééminence du processus sur le résultat
potentialités, la littérature redevient totalement contextuelle, c’est-à -dire dépendante du temps, du lieu et même de l’espace dans lequel elle se produit et à  la fois totalement procédurale. toutes ses productions sont à  la fois totalement brouillons ET résultats.

Dans un contexte de non-oralité, elle retrouve ainsi quelque chose comme une forme d’« oralité technicisée» : elle demande à  être sans cesse jouée car sa littérarité ne se manifeste plus principalement dans un texte, mais bien davantage dans des virtualités de textes.

aspect de la forme visible du texte qui n’était pas jusque là  fondamentale,
d’UN texte mais celle d’un espace de textes Or, paradoxalement, plus le texte envahira nos écrans, plus il imposera une écriture « d’affichage» et de « programme »…

 

Alors le brouillon sera devenu le manuscrit – ou même le tapuscrit – et le texte à  lire sera davantage l’écriture du texte qu’un texte particulier ne représentant plus qu’un moment donné d’un processus infini : paradoxalement – mais est-ce un vrai paradoxe ? -, lectures et analyses génétiques des textes se rejoindront dans une seule et même démarche.

Extraits de Ecriture sans manuscrit, brouillon absent
Jean-Pierre BALPE
Université Paris VIII
avril 2002

autour de l’écriture considérée dans son processus

à  propos de « la prééminence du processus sur le résultat » (dans le texte de jp balpe, Écriture sans manuscrit, brouillon absent)
que le processus est un procès. tant qu’il dure le procès dure. (et que là  où il y a procès, il y a juge.)

écriture-procès / et le blog / cet écran / surmoi — comme l’analyse
(en quoi aura, pour partie, consisté l’analyse pour moi : un procès)
l’Autre, juge (regard sur/moi (jouissance) de mes pensées sur/moi (jouissance) (regardez-les jouir) (c’est encore toujours l’esclave qui jouit, tant qu’il restera un maître pour le regarder))

– lien avec le surmoi

PROCES n.m. (lat. processus, progrès). 1. Instance en justice <> Faire le procès de: accuser, condamner. – Sans autre forme de procès: sans autre formalité. – Procès d’intention ou de tendance: accusation fondée non pas sur ce que qqn a fait ou dit, mais sur les intentions qu’on lui prête. 2. LING. Ce que le verbe exprime du sujet (action, état, etc.). 3. ANAT. Prolongement de certains organes.
PROCESSUS n.m. (mot lat., progression). 1. Enchaînement ordonné de faits ou de phénomènes, répondant à  un certain schéma et aboutissant à  un résultat déterminé; marche, développement. Le processus inflationniste. 2. Suite continue d’opérations constituant la manière de fabriquer, de faire qqch; procédé technique. Processus de fabrication.

ÉTYMOLOGIE :

    Provenç. proces, avancement et procès ; espagn. proceso ; ital. processo ; du lat. processus, action de s’avancer, apophyse, progrès, avancement, de processum, supin de procedere, procéder,

lundi 6 octobre 2014

addict est le nom de symptôme de la jouissance

Lacan annonçait en 1946 une montée en force du surmoi, que plus tard dans son enseignement il définira, en le différenciant de l’Idéal du moi, par l’impératif de jouissance : «Jouis». La généralisation du terme «addiction» est le symptôme qui réalise l’accomplissement de cette montée. Addict est donc le nom de symptôme de la jouissance, et le succès du terme rend manifeste le triomphe de cette dernière sur le désir, enraciné qu’il est dans une division du sujet que, précisément, l’addiction à quelque substance que ce soit fait s’évanouir. Ledit «manque» est, lui, d’un tout autre ordre que le désir. Il relève de la volonté, entendez la volonté de jouissance que Sade mit en scène.

L’Expérience des addicts ou le surmoi dans tous ses états, MARIE-HÉLÈNE BROUSSE

samedi 11 août 2018

De la sphinge grecque à la surmoitié (Joëlle Fabrega)
— ...lorsque le sujet féminin fait appel à l’homme à partir de sa jouissance

[…]

Lacan va régulièrement se saisir de la figure de la sphinge, notamment dans les Séminaires « La logique du fantasme », D’un Autre à l’autre et L’envers de la psychanalyse. Mais c’est dans « L’étourdit » qu’il lui donnera sa valeur finale de surmoi féminin qu’il appellera « la surmoitié »1.

Éric Laurent, dans son bel article « Positions féminines de l’être » 2, commente la prosopopée de la sphinge lacanienne. Il y montre comment Lacan associe dans « L’étourdit » la position féminine à une position surmoïque lorsque le sujet féminin fait appel à l’homme à partir de sa jouissance. « Tu m’as satisfaite, petit homme […]. Grâce à la main qui te répondra à ce qu’Antigone tu l’appelles, la même qui peut te déchirer de ce que j’en sphynge mon pastoute, tu sauras même vers le soir te faire l’égal de Tirésias et comme lui, d’avoir fait l’Autre, deviner ce que je t’ai dit. »3 Cet appel est une exigence de jouissance, mais c’est aussi la proposition d’accéder à un savoir4. À tenter l’homme d’en faire l’égal de Tirésias, la sphinge fait miroiter la possibilité de la comprendre, de la deviner. Mais croire la saisir peut revenir à se faire détruire. Lacan fait donc de cette exigence de jouissance une exigence surmoïque5.

« C’est là surmoitié qui ne se surmoite pas si facilement » 6 ajoute Lacan. On ne peut répondre à celle-ci avec légèreté. Il ne s’agit pas non plus d’y rajouter en cédant à son impératif mais plutôt d’y soustraire quelque chose. Il faut amener l’incomplétude de l’Autre sous les trois formes de l’inconsistance, l’indémontrable, l’indécidable. « Ses dits ne sauraient se compléter, se réfuter, s’inconsister, s’indémontrer, s’indécider qu’à partir de ce qui ex-siste des voies de son dire. »7 Quand se fait entendre cet appel de sirène, il s’agirait de ne pas faire la sourde oreille. Il faut l’affronter de la bonne façon qui serait ramener le rapport à S(Ⱥ) et ainsi, pour le partenaire, de servir « de relais pour que la femme devienne cet Autre pour elle-même comme elle l’est pour lui »8, soit lui faire entendre « qu’il n’y a pas d’Autre de l’Autre » 9. « [L]es dits de la Sphynge n’ont de pouvoirs mortels que si on ignore qu’il faut y faire face comme être sexué »10.

Une femme peut se trouver livrée à l’illimité de sa jouissance. C’est l’espace du pas tout11. Ainsi, pour certaines, la relation à l’homme peut confiner au ravage et amener à un état particulier d’affolement et de déréliction. Il revient à celui-ci de lui répondre sans s’esquiver. Le discours amoureux a en effet fonction de tempérance pour chiffrer sa jouissance. Mais la parole d’amour doit procéder du manque à être et non pas de l’avoir, pour donner à une femme un supplément d’être qui, dit joliment Dominique Laurent, « permet le chatoiement de tous les semblants »12, pour que le ravissement n’aille pas jusqu’à son terme qui est celui de la pulsion de mort.

Quand cet affolement, orchestré par la pulsion de mort, se présente sous sa face agressive, apparaît la femme fatale. Cette figure de la femme dangereuse se retrouve dans d’autres aires mythologiques : Lilith, Mélusine, la Vouivre pour n’en citer que quelques unes13. Là encore, il s’agit d’affronter, et comme le dit l’écrivain grec Nikos Kasantzaki : « sans nous faire attacher, par faiblesse, au mât d’une grande idée, ne nous perdons pas en écoutant et en embrassant les sirènes. Mais poursuivons notre voyage : enlevons les sirènes, […] et faisons le voyage avec elles »14.

Héra, la déesse voilée, fait figure de gardienne d’un savoir sur la jouissance féminine, elle qui punit Tirésias d’en vouloir divulguer quelque chose. La sphinge grecque est une figure de la pulsion de mort à l’état pur. La sphinge lacanienne est une figure du surmoi féminin, de l’appel de la jouissance féminine à l’état sauvage. Héra se sert de la sphinge pour faire la leçon à ceux qui transgressent « la voie juste »15. C’est au prix de sa castration assumée que l’homme peut braver la privation féminine. Il faut donc faire face à la sphinge comme être sexué. Elle se présente comme surmoitié à celui qui ne veut pas l’entendre et c’est cette face obscure de la déesse Héra que vient incarner, selon nous, la sphinge.

 

https://www.cairn.info/revue-la-cause-du-desir-2013-2-page-103.htm

 

 

Notes:
  1. Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, op. cit., p. 468. []
  2. Laurent É., « Positions féminines de l’être », Quarto, n° 90, juin 2007, p. 28. []
  3.   Lacan J., « L’étourdit », op. cit., p. 468. []
  4. Où l’on voit la parenté, que l’on retrouve dans les textes antiques, entre la sphinge et les sirènes. []
  5. Lacan introduit là un surmoi spécifiquement féminin à distinguer du surmoi paternel freudien et du surmoi maternel kleinien. []
  6. Lacan J., « L’étourdit », op. cit., p. 468. []
  7.  [26] Ibid. []
  8.  Lacan J., « Propos pour un congrès sur la sexualité féminine », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 732. []
  9. Lacan J., Le Séminaire, livre xxiii, Le sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 127. []
  10.  [29][29] Laurent É., « Positions féminines de l’être », op. cit., p. 30. []
  11.  [30] Laurent D., « Le répons du partenaire », La Cause freudienne, n° 48, mai 2001, p. 74 : « L’homme a un rapport structural à la limite, par le phallus. La femme ne l’a pas. Le rapport à la limite, pour elle, est contingent et relève de l’amour, de la certitude de l’amour qui vient fixer la dérive pulsionnelle. » []
  12. [31][31] Ibid., p. 76. []
  13.  [32]Cf. Bril J., Lilith ou la mère obscure, Paris, Payot, 1981. []
  14.  [33]Kasantzaki N., Ascèse, Cognac, Le temps qu’il fait, 1988, p. 99-100. []
  15. Lacan J., Le Séminaire, livre xvii, L’envers de la psychanalyse, op. cit., p. 141 : « si la castration est ce qui frappe le fils, n’est-ce pas aussi ce qui le fait accéder par la voie juste à ce qu’il en est de la fonction du père ? » []
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