que le désir d ’écrire puisse contenir ce qui de moi déborde quand _
parce que souvent ça me le fait trop
( « envoyée en l’air », je – ce que ça veut
_et que le désir
_d’écrire
_contienne
_fasse contenant
_à ce qui
_
s’en va (s’envoie)
_
accueille fasse accueil
(voix).
les mots, incriminés, qui t’ont choquée, sous ma plume,
je ne dis pas qu’ils veuillent
dire
grand chose (ce qu’ils veulent voudraient dire je ne le sais pas , le monde mon monde ne serait pas le même s’il n’y étaient pas, si je ne les avais eus (on me disait hier l’âme, ça ne veut plus rien dire, ça n’est pas moderne, je me suis dit, je ne sais, ce que ça veut dire, pour moi, je ne, l’âme, mais, sûre je suis que rien ne pourra faire que ce mot ne joue dans sur ma vie alors que (un de ces mots qui pour moi contient (ce dont il me rassure qu’il soit ( contenu, malgré qu’il en déborde, et probablement seulement pour partie, et évidemment, seulement pour partie (au point que je puisse me dire qu’il vaut mieux, que je ne le sache pas, ce que ça veut dire, pour moi, l’âme, que cela même, fait partie d’elle ( et que je me la laisse seulement tressaillir quand je lis : l’âme, c’est le corps
ces mots-donc, sont un moment,
acquiescement. ils ne sont pas le dire mais ils disent, pour moi, à lui, à qui je sais qu’ils parlent, ce qui chez moi, autrement (autrement sombrerait) (autrement sombre) (fais-moi cette chose où nous nous rejoignons depuis que je sais que nous mourrons ensemble
et quand et si je (lui) demande tiens-
moi
prends-
moi
la fesse ( tiens-moi là bien en main petite ici
le sein (du mien de mon
simplement tu vois, ça aussi, ça me
relocalise, ramène
ce qui autrement s’illimite et me
chère laurette,
malgré mes mots, devenus si laids, j’espère que tu
continueras
de me lire
à toi,
v
chère laurette,
que le désir d ’écrire puisse contenir ce qui de moi déborde quand
(alors que mes mots tous devenus trop
ou encore trop peu )
parce que souvent ça me le fait
trop (
« envoyée en l’air », je – ce que ça veut
et que le désir
d’écrire
contienne
fasse contenant
à ce qui
s’en va (s’envoie)
accueille fasse accueil
(voix).
les mots, incriminés, qui t’ont choquée, sous ma plume,
je ne dis pas qu’ils veuillent
dire
grand chose (ce qu’ils veulent voudraient dire je ne le sais pas , le monde mon monde ne serait pas le même s’il n’y étaient pas, si je ne les avais eus (on me disait hier l’âme, ça ne veut plus rien dire, ça n’est pas moderne, je me suis dit, je ne sais, ce que ça veut dire, pour moi, je ne, l’âme, mais, sûre je suis que rien ne pourra faire que ce mot ne joue dans sur ma vie alors que (un de ces mots qui pour moi contient (ce dont il me rassure qu’il soit ( contenu, malgré qu’il en déborde, et probablement seulement pour partie, et évidemment, seulement pour partie ( au point que je puisse me dire qu’il vaut mieux, que je ne le sache pas, ce que ça veut dire, pour moi, l’âme, que cela même, fait partie d’elle ( et que je me la laisse seulement tressaillir quand je lis : l’âme, c’est le corps
ces mots-donc, sont un moment,
d’acquièscement. ils ne sont pas le dire mais ils disent, pour moi, à lui, à qui je sais qu’ils parlent, ce qui chez moi, autrement (autrement sombrerait) (autrement sombre) (fais-moi cette chose où nous nous rejoignons depuis que je sais que nous mourrons ensemble
et quand et si je (lui) demande tiens-
moi
prends-
moi
la fesse ( tiens-moi là bien en main petite ici
le sein (du mien de mon
simplement tu vois, ça aussi, ça me
relocalise, ramène
ce qui autrement s’illimite et me
chère laurette,
malgré mes mots, devenus si laids, j’espère que tu _
continueras
de me lire
traiter l’abondance / traiter a mano le machinique.
que faire face à l’abondance?* y aller au hasard?** / au hasard, faute de mieux . évidemment ça manque totalement d’efficacité / évidemment ça n’a rien de / parce que nous sommes
confrontés à des machines nous pensons que / aux productions des machines nous aimerions
/ leur efficacité est-elle pour autant – ENVIABLE? // alors au hasard si le hasard existe, au hasard / alors au hasard et tant que le hasard convient peut faire méthode / a de quoi faire concurrence / à celle des machines
laisser le choix au hasard
/ je l’espère. j’espère le hasard, sa possibilité. (la possibilité de ce qui viendrait faire rupture.)
ne peux qu’y aller au hasard les yeux fermés BLIND un objet prendre convient-il à l’instant oui OKAY!
* exemple: l’abondance de photos que vous auriez prises, que faire, face à cette abondance, qu’en faire?
** vous en prendriez une au hasard, par exemple, de photo, de ces abondantes photos, une au hasard, lui appliqueriez un traitement, ce serait la part de travail vrai (voudrions-nous du travail qu’il soit vrai? récemment je lisais dans lacan, que le vrai est une catégorie du symbolique. directement je vérifie, dans le livre, le sinthome, page 116: « N’est vrai que ce qui y a un sens ». Alors vouloir du travail vrai ça serait vouloir du vrai qui fasse grain de sable dans l’océan du réel que produit le machinique. le réel, parce qu’on ne s’y retrouve pas. une chatte n’y retrouverait pas ses petits, c’est dire. les choses y sont toujours à leur place, dans le réel, parce que dans le réel tout a toujours sa place, soi, on n’y retrouverait pas sa place, parce que soi n’est pas tout réel, pas tout réel ni plus que symbolique. pas tout réel ni plus que symbolique.)
« Cet engagement-là relève d’une décision politique, non pas de la politique du symptôme qui est la politique de l’autruche : avoir pris acte d’un réel, mais en même temps refuser d’en tirer les conséquences. Et, en particulier, croire qu’il y en a un, au moins un, qui le fera pour nous.La politique du symptôme – politique du pire parce que c’est celle du père – comporte la croyance à l’Autre : qu’il soit gentil ou méchant, détesté, ignoré ou aimé, est secondaire au regard du fait de le faire consister. L’affect – colère, tristesse, etc., naît en ce point-là où l’Autre se remet à exister. Le trop dont on pâtit – le pathos -, c’est le moment où au lieu de consentir à lâcher sur la jouissance, le sujet préfère faire consister l’Autre et se faire croire qu’il existe. Un nouveau tour est alors nécessaire pour cesser d’y croire, et retrouver la voie du partenaire inhumain – partenaire symptôme des uns et partenaire ravage des autres – plutôt que la voix d’un Autre qui intime l’ordre de jouir du silence de la pulsion de mort. » Agnès Afflalo, Journal des Journées n° 58
en faire peu, pour moi, en passe par en faire trop. (le peu que je dois et le trop que je ne dois pas.) (c’est une question de jouissance, et donc à respecter. une fois qu’on le sait, on en profite. )
//
pour y revenir : espace de la jouissance féminine et égrenage du un ( infinitude, achille et la tortue)
L’espace de la jouissance féminine dans Encore (Jacques Lacan). L’avancée, la progression de demi en demi, l ‘ infinitisation creusée dans l’ espace, l’ouvert (limité ? borné? Relire) entre deux entiers ( ?)/nombres naturels (?) , l’impossible passage alors à la limite, le saut exigé. La jouissance (phallique) de ce saut, du passage à la limite (et l’angoisse liée à ce saut) opposée à la jouissance non-teintée, elle, d’angoisse tant que ce saut n’est pas fait, et que l’on reste à l’intérieur de l’ouverture, dans l’espace du un par un, du demi en demi, dans cet infini.
[Ici recopier passage de Encore.]
Passage à la limite, saut : jouissance masculine, phallique–> angoisse (pour moi), impossible (pour moi)- métaphore (création d’un sens nouveau)
A l’intérieur de l’ouvert, simple répétition du Un (demi), « trop » – puisque destiné à n’aboutir jamais, ou sur/dans un terme suffisamment long que pour ne pas le sentir passer–> pas d’angoisse- métonymie (glissement) // Affinités avec psychanalyse et jouissance dans monde contemporain
Réveil, petit samedi matin, au lit. Dans le noir, à côté de F.
Je ne parviens pas à croire que je vivrai encore cela, le moment où Jules aura grandi et où il sera confronté aux difficultés que lui vaudra d’avoir trop aimé les jeux vidéo.
Quelles seraient ces difficultés que j’imagine et comment se fait-il que je n’arrive dès lors pas à les prévenir, à les empêcher ?
Il me semble que se sacrifie dans le jeu vidéo, que se voit sacrifié dans le jeu vidéo, ce que la psychanalyse m’a appris à considérer sous le vocable1 de désir« .
Or, si le désir est en son fond désir de rien, le désir ne se trouverait dans le jeu vidéo non pas sacrifié, mais au contraire trop vite découvert et trop vite comblé. (Trop vite découvert puisque c’est quelque chose dont il vaudrait mieux ne s’apercevoir qu’au terme d’une longue analyse; trop vite comblé, et donc l’éteignant, puisqu’il serait également de la nature du désir de n’être pas satisfait. Un désir satisfait est un désir mort.)
Mais ce qui caractérise d’abord le désir n’est pas qu’il doive rester insatisfait ou qu’il soit désir de rien – cela, c’est « en son fond » , in fine, cela ne fait pas un début dans la vie. C’est qu’il trouve sa condition – qui ensuite déterminera sa nature – dans le manque. Le jeu vidéo manque de manque. Le jeu vidéo me paraît manquer de manque. Trop satisfaisant.
En temps normal (la normalité désignant ici le discours qui me conditionne, conditionnement qui n’est pas celui de Jules), le manque de manque provoque l’angoisse. (Ici, citation Lacan) Ici, le manque de manque est jouissance. (De mon côté j’ai, à force, pu distinguer un lien, une accointance, entre l’angoisse et la jouissance. Mais cela est encore très théorique et ne m’a encore guère servi à les supporter (sinon que j’ai survécu). )
Quel manque donc manque, qui probablement me manque, aujourd’hui, pour que je ne puisse le donner à Jules ? « L’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à celui qui n’en veut pas. «
Quel manque me manque, quel trop l’a effacé ?
Ce manque serait au moins d’une sorte. Symbolique, il est manque de mot, il est le manque du manque des mots (qu’il me semble que nous éprouvons cependant, mais sans que cela ne nous manque suffisamment que pour nous mener à les chercher, les désirer.)
Et peut-être pourrais-je le dire également manque de corps (mais j’y manque et ce serait comme un manque de trop, un manque en forme de trop. Théorique.)
Jules vient dans le lit, me lire par dessus mon épaule. Coucou Jules. BISOU.
Plus tard, dans le canapé.
Ce n’est pas tellement que je ne puisse supposer à Jules suffisamment de ressources que pour arriver à vivre, et vivre bien, au départ de ce qui fait son plaisir aujourd’hui, les jeux vidéo, c’est que le monde n’y est pas adapté ; et aura-t-il l’a force, l’intelligence, les ressources d’adapter le monde.
Il n’est pas du tout forcé qu’il doive passer par mes difficultés, puisque son début dans la vie est tellement différent du mien, mais – je ne sais plus ce que j’allais dire et je dois aller manger….
Notes:
vocable (Définition du Littré) vo-ka-bl’s. m. Terme de grammaire. Mot, partie intégrante d’un langage. Patronage, en parlant d’un saint. Il existe à Vienne, sous le vocable de saint Pierre, une église élevée sur la place d’une basilique des premiers siècles, LEBLANT, Inscript. chrét. de la Gaule, t. II, p. 113. HISTORIQUE XVe s. : Le vocable [proverbe] que on dit, que : à celui à qui il meschiet, chascun lui mesoffre, FROISS., II, II, 159. XVIe s.: Vous dictes en vostre monde que sac est vocable commun en toute langue, RAB., v, 45. Ignorant des frases et vocables qui servent aux choses plus communes, MONT., I, 103. Dieu par nature a constituez les vocables pour les choses, non les choses pour les vocables, BONIVARD, Advis et devis des lengues, p. 55. ÉTYMOLOGIE Provenç. vocable ; espagn. vocablo ; ital. vocabolo ; du latin vocabulum, de vocare, appeler (voy. VOIX). [↩]
8h40, je ne vais sans doute pas tarder à me recoucher.
Rêve cette nuit.
Avec Roger (à la place de Frédéric) dans sous-sol rue Waelhem. Roger s’enferme dans pièce avant (qui ressemble aussi à cave rue Tiberghien) . Ne me quitte pas mais ne veut pas de moi tout le temps près de lui. Fait des choses, est très actif. Moi, j’attends dans pièce à côté. Lui, de temps en temps vient près de moi, puis retourne dans sa pièce. Sommes avec Francis, ami de JP, homosexuel, très joli garçon. Reste parfois près de moi, parfois près de Roger. Ma famille et Jules ne sont pas loin de moi, mais sont entre-eux, comme si je n’étais pas là. Sont comme assis sur une dune. Je regarde Jule, comme si je ne le connaissais pas, dans cette terrible séparation qui est la mienne quand je suis (très) en colère. Je ne comprends pas le comportement de Roger. C’est probablement ce qui me met en colère. Il n’a pas dit qu’on se quittait, mais. Je voudrais partir et le rendre jaloux. J’imagine partir et aller au cinéma. Qu’il ait le temps de s’inquiéter.
//
Ce que je ne comprends pas, c’est que cela m’apparaisse en rêve et en ce moment et comme si je ne le savais pas, comme pour me l’apprendre que la cause de ma grande colère, c’est la séparation, que la séparation me sépare. Mais quelle séparation, et pourquoi au sous-sol, et pourquoi avec Roger, et pourquoi ce souvenir de la cave de la rue Tiberghien. Que la séparation me précipite dans un détachement mortifère, létal. Où tout paraît juste. Où les sentiments sont ce qu’il sont, sans atours, sans apprêts. Où tout paraît si juste, que c’est d’une force implacable : je – ne tiens – à rien. Comme si le rêve me racontait cette histoire-là, inconsciente, me faisait la leçon. Comme si donc, c’était ce qui se rejouait en ce moment.
//
Je trouve des bottes qui étaient à Annick et qui sont à moi maintenant. Je les mets. Ce sont des cuissardes. Je les fais remonter jusqu’aux genoux puis les rabaisse. Je marche devant Roger.
//
Et pourquoi ces bottes d’Annick, Annick dont j’ai pensé (un jour, à la lecture d’un séminaire de lacan, de pages sur la névrose idéale obsessionnelle) que c’était elle, mon idéal, mon idéal, inatteignable. Ces bottes qu’elle a et que je n’aurai jamais. De même que je ne trouverai pas, jamais, chaussure à mon pied. Mais pourquoi des cuissardes ? Rien ne pourra jamais détrôner Annick de cette place. Et, je serai toujours toujours celle qui ne sera pas ça. Je ne vois pas d’autre possibilité de me définir qu’en non-ça. En non-elle. Secrètement au monde non-elle. Je suis non-Annick. Annick a une définition, je n’ai que celle de son négatif. Et j’ai la chance qu’elle soit mon amie. Je suis en complète humilité par rapport à ça. Et je sais qu’elle l’a parfois ressenti, que ça l’a parfois agacée.
//
Quelque chose me dit que Roger ne me quitte pas, mais je n’arrive pas à accepter les distances, la liberté qu’il prend.
/;/’*
Me fait penser au fait qu’hier cuiller suis allée à premiers tests d’inscription à un cours de secrétariat qui, si je les réussissais, auraient pour conséquence que je ne pourrai plus aller chercher Jules à l’école et que je ne pourrai plus l’aider à faire ses devoirs. Je ne pourrai plus non plus le conduire à l’école le matin.
Je m’inquiétais donc. De la distance que je prenais. Me demandais si c’était bien. Si je ne l’abandonnais pas. Trouvais que ce n’était pas bien. Mais pourquoi la présence de Francis (ami homosexuel), dans le rêve. Poser la question c’est y répondre. Ne plus vivre cet amour de double, d’homosexuel. (pourtant, il m’est arrivé de penser que ma colère, était ce qu’il y avait de plus juste, chez moi (quand bien même)).
Mais en fait, je ne saurai jamais si c’est bien ou pas, pour Jules, puisque je ne serai plus là. C’est une séparation. Et tout ce qu’ elle comporte de perte.
Éventuellement ça dirait : tu vois ça comme une séparation. C’en est une. Mais, ça n’est pas la fin de l’amour. C’est pour que chacun puisse faire ce qu’il a à faire. / mais si il n’y arrivait pas, pas sans moi, et comment puis-je faire pour être sûre de ne pas l’empêcher d’y arriver, sans moi. Comment lui dire tu peux le faire sans moi, et l’accepter.
//ň
Aussi, Jules hier exprimait le sentiment d’avoir trop à faire, alors que ce n’était sans doute pas trop. J’en étais étonnée. Il était profondément dégoûté d’avoir autant de devoirs. Alors qu’il n’y en avait pas beaucoup. C’est ce que je ressens moi aussi, souvent. Ce trop. Alors que je n’ai sans doute probablement pas trop à faire, j’éprouve le sentiment épuisant d’avoir beaucoup infiniment trop à faire. Et ce trop n’ est sans doute jamais que l’opposé de rien. Plus que rien = trop. > rien = trop. Autre que rien = trop. Et autre que rien = voulu par l’Autre. Et rien = voulu par soi. Mais pourquoi un tel besoin de vacance, d’absence. De rien à faire. Un besoin hors du commun.
Et rien = voulu par soi ou = non-voulu par l’Autre. L’insupportable de la demande de l’Autre.
//
Pourquoi est-ce qu’il faut maintenant que je me recouche ? Alors que je ferais mieux de me lever, laver.
Bon, tant pis. Je peux me l’accorder. Mais pourquoi me sens-je si vite débordée ?
7h41Réveillée par J, qui commence tôt.Il fait encore noir. Hier 2 gouttes + hhc, + 1 goutte. Profond sommeil. Au réveil, effondrements de sol, dans rêve, sous voiture, une personne aspirée, la sauver, mais comment j’ai fait ?
Hier, quand recouchée après avoir écrit « dénonciation » prof de tai chi, curieusement de tendre humeur. Depuis avant-hier, envie de faire l’amour. C’est rare. Ne veux pas l’exprimer d’ordinaire, et hier n’ai pas cherché à l’exprimer, mais. Me suis rapprochée de F, ai posé ma main, mes mains sur son dos, son ventre, l’ai caressé et serré contre moi. De bonne humeur. Dans le noir de la chambre. Il réagissait doucement, juste ce qu’il faut. Je ne pourrais pas supporter des baisers, je ne suis pas prête. Sommes restés longtemps comme ça. Puis il s’est levé.
Je suis restée encore au lit. J’ai dû faire de l’internet. Il y a des choses intéressantes sur internet, c’est pas le problème. Non, le problème c’est qu’il y en a trop, le zapping. Je vois beaucoup de choses qui me plaisent sur Instagram, des gens, des artistes qui font des choses qui me plaisent. Et beaucoup d’annonces d’expositions que j’ai envie de voir, ou de livres que j’ai envie de lire. Mais ce n’est jamais suivi d’action, je ne m’arrête pas pour prendre note dans un calendrier. Janvier. Ce serait encore le temps d’acheter un calendrier pour ça ? Mais noter les choses comment?
Il fait noir, j’écris dans le noir, j’adore, sur le coin du canapé, mon coin, les rideaux sont tirés, on dirait qu’il ne fait pas beau, j’écris sur mon téléphone, mon « smartphone ». Et j’écoute les bruits de la rue.
Ensuite, hier matin, entendu J revenir déjà de ses premiers cours, bondi hors du lit. Je suis honteuse qu’il me trouve comme ça, au lit. Si je pouvais finir par produire un écrit, ça irait, un travail quelconque, ça justifierait, mais je n’y arriverai jamais, à produire quelque chose de lisible par lui ou F. Ou alors sous un autre nom.
J’ai alors décidé de prendre un bain. De me laver les cheveux. Ils deviennent trop longs, je ne parviens pas à aller chez le coiffeur. Je ne parviens pas à prendre RV. De quoi ai-je peur. Principalement, je repousse toute interruption dans le long continuum de mes jours. Mais aussi, je ne vais pas savoir comment m’habiller, m’apprêter pour aller dehors. Est-ce que c’est ça ? Et puis, il y aura le tête à tête désagréable avec mon image, désagréable et forcé. C’est à chaque fois une surprise. Je ne reconnais pas la personne que je vois.
Je me suis lavé les cheveux, j’ai mis de l’après-shampoing, et ensuite seulement j’ai pris le risque de me doucher. Je n’ose plus faire les 2 en même temps, la douche ne fonctionne plus bien, soit l’eau n’est pas suffisamment chaude soit elle l’est trop. Si je me lave les cheveux agenouillée devant la baignoire sans me mouiller le corps, je peux supporter d’utiliser de l’eau un peu trop froide.
Mais quel intérêt d’écrire tout ça ?Tout devient compliqué à expliquer, je renonce de plus en plus. Le jour se lève, la lumière arrive. Alors, à ce titre, d’exercice, et d’exercice pour la mémoire. Chester sur mes genoux, puis Chester parti. Enfin, on ne sait jamais qu’on tombe sur quelque chose. Là, je visais le grand désagrément où j’étais. Je n’aime pas tout ça, le temps passé à la salle de bain, ces difficultés avec l’eau, l’inconfort, le débit de l’eau qui n’est pas assez fort. Me brûler. Tout ça. Je tempête alors. Est-ce que ce sont ces petits embêtements qui m’ont mise de si mauvaise humeur. S’agissait-il de mauvaise humeur. D’angoisse.? Le jour se lève et je n’aime pas. Je commence à avoir mal aux mains. J’avais dû décider de mettre de l’ordre et mon œil devait déjà y être et ce qu’il voyait ne me plaisait pas. Qui plus est, il fallait que je m’habille et je ne savais pas comment. Je m’habille toujours de la même façon, mais ce n’est pas sans une envie de faire autrement. Je me sentais grosse. Quelque chose était physiquement désagréable, je me le disais. J’ai eu l’idée de mettre la grande robe et les collants. J’ai pensé que ce serait une bonne idée, que je deviendrais jolie, que mon ventre ne m’embêterait plus, mais l’image que le miroir m’a renvoyée était vraiment mauvaise, sans que j’aie besoin de m’y attarder, je l’ai vu, c’était affreux. J’ai attaché mes cheveux qui frisottaient malgré ou à cause du nouveau duo shampoing /après-shampoing utilisé. J’ai mis mes lunettes et j’ai enlevé les chaussettes blanches mises sur les collants noirs, les babouches en cuir roses plutôt que les chaussons en velours noir, ça devenait un plus supportable.
Que s’est-il alors passé. Un temps pour la nourriture, I suppose.
J’ai mis de l’ordre, autant que j’ai pu.
Ce qu’il y a de désagréable, c’est que s’ouvre alors, comme déjà dit plus haut, l’œil qui s’occupe de ça, qui voit alors ça, et ne voit plus que ça, le désordre, et ne trouve pas le moyen de le traiter. Ça n’arrête pas. Je le fais en général sans méthode, je prends le premier objet déplacé (c’est-à-dire non à sa place) qui me tombe sous les yeux en main et je le déplace vers sa place en général l’autre bout de l’appartement, arrivée là, rebelote, je prends, je reprends le premier objet qui sous les yeux déplacé et je le déplace vers sa place, un autre coin de l’appartement. Il y a des tas d’endroits dont je n’ai aucune idée comment les ranger, où les objets dispersés n’ont en fait pas leur place assignée, et où c’est ce travail, d’assignation (symbolique) qui reste encore à faire, je suis confrontée à quelque chose de réel, dans lequel j’ai appris en temps normal à circuler sans le voir, sans mettre en fonction mon œil critique. Le réel est toujours à sa place, dit Lacan. C’est une fois qu’on lui a assigné une place qu’il peut venir à y manquer. Quand je me mets en état de rangement, je me mets en état de voir tout ce qui manque à sa place. Je me plie à un certain ordre du monde que je réfère à une certaine convention qui se fait exigence et qui ne me paraît absolument pas à portée. Je voudrais habiter dès lieux qui ressemblent à un hôtel (de luxe!!). Mais comment font les gens comment font les gens. Cela occupe beaucoup internet, les photos de beaux intérieurs.
Il fait de plus en plus clair. L’effet que ça a sur mes yeux,qui s’élargissent, pour accueillir, c’est agréable.
F dort encore. Où en étais-je ?
Douleur aux mains, pourquoi perdre son temps à l’écrire.
8h57.
Je n’aime pas écrire quand il fait clair, au fond.
Hier, parvenue donc à ranger quelques objets, ensuite mangé à 3. Là, je me suis enfuie de la maison, ce dont j’ai rarement le réflexe. Allée à la bibliothèque, ramené des livres en retard, que je n’avais pas lu. Lu au RDC de la bibliothèque.
[12/01 à 16:38] Eoik: Je suis à la bibliothèque où je lis et il n’y a que des hommes !
[12/01 à 16:38] Eoik: 11 hommes et une femme, moi
[12/01 à 16:39] Frédéric : Zut
[12/01 à 16:39] Eoik: Incroyable, non ?
[12/01 à 16:40] Eoik: Je crois que c’est parce que c’est le coin journaux et revues. Ces hommes viennent lire le journal.
Moi, je lis un bouquin….
[12/01 à 16:43] Eoik: Peut-être qu’ils voudront me chasser.
[12/01 à 16:44] Frédéric: Tu me tiens au courant si ça arrivait
[12/01 à 16:45] Eoik: OK.
[12/01 à 16:59] Eoik: A bunch of white men over 60. Il y a tout de même un jeune homme avec un béret.
Un béret et une fausse écharpe Burberry.
J’ai fait une recherche sur Burberry et extrême droite. Je lisais un livre de Mondzain, il était question d’extrême-droite.
C’est bien de lire à la bibliothèque.Les choses se passait d’une façon telle que j’ai pu sentir que j’avais mal au ventre.Qu’il se passait de mauvaises choses dans mon ventre.Sortie de ma routine, je sortais de l’anesthésie physique qu’elle me procure /provoque. Ce n’était pas désagréable, intéressant. Mais douloureux. Je pensais qu’il fallait que je fasse attention et boive plus, ainsi qu’il m’a été prescrit (calculs). Je me suis promise de boire en rentrant.
Clair, F levé.
Ches, sa tête sur mon pied !
Mais il n’y a pas de soleil.
C’est l’intérêt d’écrire. Passer un peu plus de temps avec l’une ou l’autre pensée, prolonger un fil, un peu plus longtemps.
Je ne suis pas arrivée à lire tout le chapitre que je m’étais proposée de lire., intitulé « Radicalisation », du livre Confiscation, de MJ Mondzain.
Je lis, j’essaie de lire plus, d’arriver au moment où mon attention sera vraiment captée, et je sais que je vais tout oublier.
Pris des photos de certains passages pourtant mémorables.
Quelle femme ! Marie José Mondzain.Il y a marie, il y a j’ose, il y a monde, il y a mondain, il y a haine. Il y a mond, de bouche,en flamand. Il y a zin de zinzin. De saint-saint. Quelle femme !
Je cherche, j’attends ce qu’elle pourrait dire de l’addiction aux images. Elle utilise le terme. Pour elle aujourd’hui (ne pas me croire, je retiens toujours mal), la radicalisation passe par l’addiction aux images.
J’attends qu’elle m’apprenne quelque chose là dessus.
Je l’avais par hasard entendue dans un live de l’école des Beaux-arts sur Instagram, une conférence qu’elle donnait. J’essaie de donner un prolongement à ce qui parfois m’arrête sur internet.
09:28
Le soleil est légèrement sorti, j’écarte mon pied de la tête de Ches. Je me lève de mon canapé.
encore une autre nuit, encore le noir et la chaleur agréable des draps les fenêtres ouvertes malgré la mi-septembre des disputes dans la rue et qu’est-ce qui dans ce moment est extraordinaire tout en ne l’étant absolument pas qu’y a t il qu’elle voudrait retenir encore empêcher la nuit d’avancer de passer de s’en aller la vie de reprendre quelle vie le monde et son travail alors que dans sa tête rien qui ne trouve à s’élaborer rien elle le sait qui ne trouvera à s’écrire jusqu’à satisfaction à s’écrire jusqu’à avoir apporté satisfaction.
l’auteure ne s’en sort pas.
l’auteure s’est maintenant levée, elle est dans la pièce où il fait orange la nuit, elle tapote sur son téléphone, elle écrit.
(depuis qu’elle écrit « l’auteure », c’était il y a peu, pour ce récit qu’actuellement elle tente, elle ne dit plus roman, dans le cadre donc de cet atelier, en reprenant le vocabulaire, l’auteure s’est mise, parlant, à prononcer les e muets d’un peu toutes sortes de mots, les e muets en fin de mot. ça fait « de bonne heurE », par exemple. il faut maintenant mettre ça entre parenthèse.) l’auteure est bien décidée à ne pas se prononcer sur l’écriture inclusive bien décidée à laisser les choses lui venir à la bouche, à la plume, ou pas, à ce débat elle refuse de prendre le temps de participer, elle attend que ça passe que ça passe dans les pratiques dans la sienne idem elle fera avec ce qu’il en restera, dans les usages, de la déchirure de l’écriture, c’est aussi de sa nature à l’écriture de se faire déchiqueter, déchiqueter les terminaisons, ça la déséquilibre bien sûr encore un peu plus, l’autrice, mais ça inscrit son déséquilibre dans un déséquilibrage mondial; tiens comment ça se passe dans les autres langues elle ne le sait même pas est-ce une spécificité française elle a honte de n’en rien savoir en même temps qu’elle s’en fout. quelque chose dans l’écriture perd de sa superbe, perd de son indifférence, accueille le doute du sexe les embrouilles – après tout. elle elle se tient à l’écart de ces débats, cela lui parvient de loin en loin. ça il faudra non pas le mettre entre parenthèse non mais le barrer. il y a que l’autrice a beaucoup d’autres chats à fouetter. comme celui de sa sanité mentale à préserver ayant surtout en tête la sanité mentale de l’être qu’elle a mis au monde et qui est maintenant dans ces âges qui ont été si difficiles pour elle, car qu’aura-t-il à hériter d’elle sinon la façon dont elle sera arrivée à faire face à ses monstres. lui bien sûr est jusqu’au cou dans ces histoires d’inclusion et de genre. c’est très bien. l’inconsistance, est-ce le mot qu’elle cherchait. quelque chose de sa perception de l’inconsistance du langage, qui fait sa folie à elle, va s’inscrire dans l’écriture, dans l’alphabet, cherche à s’y inscrire. est-ce que ça va aller jusqu’à de nouvelles règles de grammaire. l’auteure donc écrit l’auteure et parfois écrit elle l’autrice. et ça l’amuse.
il est maintenant sept heures vingt du matin cela fait bien une heure que je n’écris rien de ce que j’aurais pu vouloir écrire et le jour s’est levé, n’augurant rien de bon, voyant mes pensées s’envoler. il faut alors retourner au lit.
il faut alors retourner au lit.
j’écrirai maintenant dans la soie odorante le lin chiffonné les rideaux tirés sur le jour la prolongation adorable de la nuit, j’écrirai dans l’épaisseur ravie de la chair enfoncée dans le matelas au niveau du pubis le souvenir halluciné de ton sexe de son sexe puis se retourner se relever fermer la fenêtre se recoucher un bras alors passé par dessus tête le chat aussi veut sa part le chat vient le chat s’allonge sur mon ventre c’est son heure à lui aussi s’avance sur ma poitrine me regarde de haut je lui souris la douceur est générale sonne le réveil du co-dormeur le chat s’éclipse
la douceur est générale.
c’est quelle heure déjà.
devoir numéro 12, le nomologue : je ne m’en sors plus du tout, pas de lit à oreilles pour moi (pas d’oreilles tendues vers les absents présents de l’atelier en ligne). il y aura eu trop à un moment, trop à faire, à vouloir faire, c’est devenu trop soudain c’est devenu trop et trop a toujours été un marqueur un signal du danger qui se traduira tôt ou tard par la transformation du vouloir en devoir, en douloir, et par la nécessité vite fait de s’y dérober. trop de douloirs de tous côtés, à ne plus savoir par quoi commencer à ne plus commencer; à vouloir retourner en arrière, tout reprendre du début, retrouver le fil, et sempiternellement reprendre vouloir reprendre sans plus y arriver. je parle voyons de l’actuel récit, du roman raté de l’atelier. s’égarer perdre du temps renoncer dormir tomber malade. le retrait s’organise tout naturellement la retraite se met en place tâcher d’écrire les tambours les trompettes dans la tête, maintes fois leur partition recommencée abandonnée. à un moment se dire : abandon, à un moment se dire : échec. elle monte les escaliers, les marches de bois, et ces mots lui viennent, qui lui font un peu mal, qui lui pincent un peu le coeur, et d’autres endroits sans qu’elle sache trop lesquels, beaucoup d’indiciprécisions l’ont prise ces temps-ci, elle se voit, je me souviens je montais ou est-ce que je les descendais, ces marches qu’il me fait toujours du bien au corps d’emprunter, est-ce leur hauteur, la hauteur des marches, je les remonte, je vais vers la chambre et ces mots qui se présentent : abandon, échec. ratage. je ne sais si je les chasse. les chasse-t-elle? elle ne s’attendait pas à les voir venir. je ne vous avais pas vu venir (murmure). elle ne s’y attendait pas, dans sa folie. titube-t-elle, le corps penche un peu sur la droite, contre le mur qu’elle frôle de l’épaule, se redresse, monte la dernière marche, la chambre. et alors, ça lui vient. une fois le choc passé, le mini choc, elle pincée dans le corps, par ces mots, ces mots qui reviennent, de quelque part, de pas très loin, ces mots qu’elle connaît, au fond, lui permettraient de s’y retrouver. car là, il ne reste plus grand chose d’elle au fond, là, elle très fortement embuée, la vois-tu évaporée, non? tandis que ces mots, elle les connaît, tu vois, chérie, elle les connaît pas mal, ces mots-là. pénétrant la chambre, elle entrevoit l’idée, la tentation alors de l’écrire, justement, cet abandon, cet échec, tant il est vrai qu’ils ont pris le pas sur tout autre sentiment, je veux dire tout autre sentiment disparu, elle l’écrirait dans une forme d’indifférence qui riait rejoindre la susdite inconsistance, constante inconsistance, dans la mesure où il aurait tellement fallu s’y attendre. décrire l’échec et l’abandon devenant une façon de continuer, de persévérer, de crânement transformer l’échec, l’exposer, tenir son ironique chronique, as-tu jamais voulu, petite chatte sonia, rien d’autre, qui est l’échec de l’écriture et de soi comme auteureuse. à l’écriture de l’échec échoueras-tu aussi. top.
mais pourquoi auteureuse ? hein. dit-elle riant. me dis-je à un autre moment. passant de la chambre à la cuisine, ou tournant en rond sur elle-même dans la cuisine, qui ne s’est pas à un moment ou à un autre vu.e tourner sur soi-même dans sa cuisine, 270 degrés? elle se dit, je me dis, pourquoi pas juste vivre ? pourquoi pas juste vivre ? mieux vivre d’ailleurs. mieux s’occuper de la réalité, du principe de réalité, des besoins, mieux s’occuper des besoins, de tout ce qui n’est pas l’écriture. tu n’es tu pas foutue tu de t’o ccuper des be soins pourquoi ce confinement dans l’écriture. echo: pourquoi ce confinement dans l’écriture. alors que l’oubli s’en passe parfaitement, la vie. parce que quand il ne reste que la vie juste, nue, étrangement, ça serait la douleur. tu ne sais pas de quoi je parle? je ne m’étendrai pas là-dessus. parfois elle je le senst (beaucoup de choses peuvent encore s’inventer sur les terminaisons). elle je l’ai senti voyant de moi s’éloigner la possibilité du roman, la distraction dans les personnages, les voyages entre les temps et les lieux. la cruauté de la vie nue. pourquoi d’ailleurs elle n’aurait pas plusieurs visages, la cruauté, non la vie nue.
échec de l’atelier, que je voudrais reprendre et reprendre et reprendre encore.
et alors que ma plainte étrangement je ne suis pas sûre de la vouloir entendue par personne.
est-ce que tu ne crois pas que tu pourrais tout laisser là, je le crois, tout abandonner de ce que tu es, je le crois, et juste faire ce qu’il y a à faire. je le veux. oui, je le veux. peut-être sortir. je sors. je suis sortie. marcher. je marche. aller à la rencontre, je rencontre. ou encore faire bien les travaux, faire le ménage, faire la nourriture, grandeur de ces activités, tu le sais, grandeur, je le sais, faire les papiers. gagner l’argent. faire le sport. mettre des points où il en faut et cracher sur les fantaisies.
pourquoi l’écrire. pourquoi cet effort. tu te redis que tu n’as jamais écrit que pour te battre contre la maladie et contre cette implosion lente et certaine en toi de la parole de l’usage de la parole. « mental sanity ».
avoir de toute façon renoncé à l’amour. ce n’est pas le sujet. ça n’est pas l’actuel sujet.
cette idée : qu’arrivée au pied de l’échec elle arrive au pied de ce qu’elle a à faire : rater, rater mieux encore, et le dire.
Long monologue du fauteuil à oreilles, tiré de Des arbres à abattrede Thomas Bernhard. Réception dans grand appartement viennois. Narrateur assis dans un fauteuil à oreilles – des « oreilles comme des antennes, comme un appareil auditif ». Long monologue de 40 minutes. Le narrateur ressasse. Bribes de conversations qu’on entend mêlées à des souvenirs – 20 ans plus tôt le narrateur fréquentait ces gens.
Publié après-coup sur Facebook
Je pourrais dire que je regrette de n’avoir pas lu le monologue du fauteuil aux oreilles avant d’écrire ma 12, mais ce serait faux, je crois que le lire m’aurait rendu d’autant plus impossible d’écrire ce que j’ai finalement écrit et que je n’ai écrit que pour cesser d’avoir cessé d’écrire. Je l’ai écrit comme je peux, prise dans tout ce qui m’empêche en ce moment d’écrire, de continuer, toute la poix, et dans le souvenir du genre de monologue que je serais tout à fait capable de tenir à part moi, préférablement au fond de mon lit, enfin si je remonte le passé, également au milieu d’une foule, même si jamais au grand jamais je ne m’y montrerais, je ne m’y serais montrée aussi persifleuse que TB. Je dois dire que je suis en ce moment dans de telles difficultés par rapport à l’atelier que je suis tentée par l’idée de me contenter d’écrire cet échec, l’échec de l’écriture d’un roman, écrire atelier par atelier ce que je rencontre comme point d’impossible qu’il ne m’aurait jamais autrement été donné de rencontrer, et le moyen que je trouve, ou pas, de le contourner, à ma façon. Écrire cet échec serait évidemment une réussite à quoi je devrais donc échouer étant de façon certainement définitive abonnée à l’échec, ce qu’il m’arrive heureusement d’oublier et qui m’amène à me lancer dans des entreprises dont j’oublie la promesse d’échec, ainsi cet atelier d’été. Caramba encore raté, rater, rater mieux encore.
« D’abord le corps. Non. D’abord le lieu. Non. D’abord les deux. Tantôt l’un ou l’autre. Tantôt l’autre ou l’un. Dégoûté de l’un essayer l’autre. Dégoûté de l’autre retour au dégoût de l’un. Encore et encore. Tant mal que pis encore. Jusqu’au dégoût des deux. Vomir et partir. Là où ni l’un ni l’autre. Jusqu’au dégoût de là. Vomir et revenir. Le corps encore. Où nul. Le lieu encore. Où nul. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux encore. Ou mieux plus mal. Rater plus mal encore. Encore plus mal encore. Jusqu’à être dégoûté pour de bon. Vomir pour de bon. Partir pour de bon. Là où ni l’un ni l’autre pour de bon. Une bonne fois pour toutes pour de bon. »
Samuel Beckett, Cap au pire
Réponse à un commentaire / il avait fallu mettre un mot, ça a été celui-là
Ah MT non, non ce n’est certainement pas un concours pour moi. et c’est beaucoup plus léger que l’écho que j’en trouve ici… je crois que c’est drôle même un peu. c’est de l’écriture quand même… une écriture qui m’est chère… et c’est une façon de dépasser la difficulté rencontrée. c’est vrai, j’ai poussé le mot d’échec, mais il ne correspondait pas tout à fait à ce que je ressentais, les difficultés. il fallait mettre un mot, ça a été celui-là, avec lequel j’ai déjà une histoire, ça m’a permis de rebondir. un mot comme marchepied. alors oui, j’aurais aimé que ça s’écrive, un roman, j’ai voulu croire à la magie (c’était à un moment par ailleurs très difficile que je me suis inscrite), ça allait m’aider, ça m’a aidée, ça m’a même amusée… bon, le roman, lui, résiste… or, c’est intéressant, ces points de résistance, ce que je rencontre de mes impossibles… mes solutions de contournement.. je n’en fais pas une maladie non plus (même s’il y a eu un petit covid)… et c’est vrai que je me suis sentie débordée par l’afflux de propositions mais c’était : débordée d’envies et le temps manquant… là encore, j’ai trouvé la solution : non pas tout plaquer, mais juste ne pas le faire, pas faire tout ce qu’on a envie. (et d’ailleurs, c’est à t’écrire que je m’en uis persuadée). chaque proposition, ça a été un travail incroyable. une difficulté incroyable. le livre ! l’auteur ! le lieu ! les personnages !! le temps ! la répétition ! le corps ! mais c’est aussi parce que je me confronte à ce que je découvre comme impossible que je suis obligée d’inventer, d’inventer avec l’écriture. il n’y a que les personnages, jusqu’à présent et à mon avis pour toujours et à jamais, qui sont véritablement manquants. eh bien ce n’est pas une mince affaire que d’être confrontée à ça. je veux dire que le travail ça s’est passé là. réaliser, digérer, ce que cela révèle sur soi. et alors, écrire encore. quant au ratage… I mean, this is the story of my life.. The intimate story of my life. The story or the cement. d’autres l’ont dit bien mieux que moi. J’ai d’extraordinaires prédécesseurs. mais ça s’ouvre aussi comme enjeu : le ratage, le dire bien.
Deuxième réponse / « c’est raté »
je voudrais écrire pour alléger (je crois) et des petits pas de petits rats, ma foi… de jolis petits pas, je ne détesterais pas. des petits pas pas ratés, des petits pas trébuchés, j’aimerais. des petits pas de rats cabriolés. leiris – n’ai lu que Biffures et une correspondance avec bacon, je crois – autant son ‘reusement fut déterminant quant à son devenir d’écrivain, autant peut-être le fut pour moi le fait que jour après jour repas après repas ma mère gentiment nous servait à manger nous disant c’est raté. ça n’est pas l’histoire de tout le monde. non, c’est l’histoire d’une petite fille dont la mère n’a jamais rien fait sans être persuadée que c’était raté, toute confondue de haine pour elle-même, et s’en excusant. après, on se débrouille. moi-même fort attachée à ma mère je ne la trahis pas et je tiens fort souvent je l’avoue à mon cœur défendant à ne pas réussir, or très attachée aussi à mon fils, c’est une donnée nouvelle même s’il a 18 ans, et je voudrais maintenant de ce ratage dire la face sublime, la face clownesque aussi, cependant il se trouve que le mot de ratage même est fort affecté par le manque de considération qu’il trouve dans nos civilisations, du ratage on entend d’abord le drame, il faut donc que je soigne mieux mes préliminaires afin que d’en révéler la face cachée, jusqu’à un certain point totalement jouissive, et n’en vienne à trahir personne surtout pas moi, qui entre-temps, à force d’en être usée, m’y suis attachée. car le ratage détient une vérité ultime indépassable dont on peut venir à vouloir s’en faire le hérault, la héraulte. (ce qui m’embête, c’est d’être toujours aussi longue et sérieuse, et puis, je vois bien, MT, que nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde ; or, le faut-il ? ne suffit-il de simplement résonner ?)
Alors, quel point d’échec
L’idée, je crois, d’avoir à écrire un monologue intérieur au milieu d’une foule, de devoir évoquer la présence de monde, je sais, ça n’était pas obligatoire, ça n’est jamais obligatoire, mais c’est ce que je ressentais comme impossible pour moi. L’exercice du monologue intérieur de 40 minutes, en soi, me paraissait facile. Enfin, surtout, je peinais beaucoup parce que je ne savais pas s’il fallait que je fasse ce #12 ou plutôt que je poursuive l’avancée des ateliers depuis le début, ou encore que je reprenne l’un ou l’autre atelier foiré. Mon esprit passait d’un atelier à l’autre sans parvenir à s’arrêter, se décider. Il y avait aussi les « Notes sur le confinement » et les mots du Livre d’un mot.