Re: comédies américaines

6 août 2014 | août 2014 | brouillonne de vie | , , , |

Ah,  c’est très intéressant tout ça. C’est marrant, on (dulce + jujujuman) a vu tous1 ces films récemment, et je ne me souviens de rien du tout, ou presque. Je crois que je devrais les revoir. Je vous parle de ma mémoire ici, pas des films. Je perds totalement la mémoire, c’est ça qui m’occupe le plus pour le moment. 

 

Curb your enthousiasm, oui, je m’en souviens bien. Peut-être pour ça que j’aime tellement les séries, parce que ça dure longtemps et qu’on a vraiment le temps de s’imprégner de l’histoire, des personnages. Je me souviens du moment où j’ ai découvert Lost, ma première série. Tous les jours, je devais attendre dulce, le soir, pour mater la suite. Et pendant toute la journée, j’y pensais, ça me manquait. Les voix en particulier, certaines voix me manquaient. Ça a été surtout vrai pour Lost.

 Curb your enthousiasm, y a eu des moments où c’est devenu super grinçant, limite insupportable. On n’était plus très sûr d’avoir envie de le voir. Puis, ça s’est rétabli (même si moi, j’ai continué à me méfier), c’est ressorti du désespoir, je crois, réémergé. 

Pour ce qui est de la mémoire, y a l’âge bien sûr,  y a un symptôme, de je sais pas encore dire de quoi, puis y a aussi que c’est pas du tout ma culture. J’ai beau vivre avec D. depuis 10 ans,  c’est toujours pas ma culture.  Et chaque fois qu’il me propose ce genre de truc, je me dis OK, bon,  voyons voir ce qu’il a encore à me proposer. Et je regarde, je ris,  je trouve ça bien ou pas, mais ça reste très vague, je crois que je n’ai pas encore intégré ça comme étant à retenir, ça glisse. Je rigole et ça glisse. Ça s’en va.

Je demande peut être des œuvres qu’elles me bouleversent. Et rire ne fait pas partie, n’est pas programmé chez moi comme étant bouleversant. Tout de moins ce rire là, un peu gras. J’attends probablement plus classiquement d’être dramatiquement bouleversée. Il faudrait que je trouve le moyen de re-programmer ça. Et la drôlerie a quelque chose qui va ou qui vient d’au-delà du bouleversement. 

J’ai dit aussi que je perdais la mémoire parce que je ne parlais pas assez. Je n’ai jamais beaucoup parlé – sauf avec certaines femmes, et là j’étais devenue vraiment bavarde, pipelette -, parce que je suis seule. Je ne me plains pas. Je constate. Solitude entraîne perte de l’usage de la parole, perte des mots. Je ne me plains pas : tout ça m’est beaucoup trop proche pour que je m’en plaigne. J’ai un attachement à moi.

Je perds les mots et je dois trouver comment les retenir. Ou comment les laisser partir. Qu’est-ce qui dans les mots qui partent ne me retient pas ? Et qu’est-ce qui reste ? Qu’est-ce qui me retient dans ce qui reste ? Que faire de ce reste ? J’ai parfois eu le pressentiment que c’était de cet ordre là. Quelque chose de cet ordre-là. Que je tenais  au manque des mots (hystérie). Mais ce manque qui s’impose à moi, que je défends par devers moi, que restera-t-il de lui. Qu’est-ce qui reste quand ce qui reste n’est pas des mots. Et. Comment ce reste fait-il lien avec le reste du monde, et avec ce qui reste du monde au monde qui n’est pas des mots.  

C’est la question du lien qui est importante. Pour moi, la seule. Et comment abandonner ou au contraire prendre très au sérieux la question de ce qui reste après (la deuxième seule, importante question), après la vie. 

Mais là, je suis encore pleinement en vie. Et je peux très bien rigoler à un film qui n’est au départ  « pas de ma culture » et l’intégrer à ma culture. En modifier le fonctionnement. Parce que le rire, finalement, comme le disait déjà Freud, le rire fonctionne avec au départ de ce qui manque aux mots. Bon,  enough.

Des chercheurs ont réussi une expérience de télépathie, via ordinateur

Notes:
  1. Step Brothers, You Don’t Mess with the Zohan, Fun, Zoolander, Anchorman 1 et 2, Very Bad Trip, Bruno, Borat, Ron Burgundy, Pineapple Express. []

Re: Fémininisme

5 septembre 2014 | septembre 2014 | brouillonne de vie | , |
« Reply #10 on: September 05, 2014, 10:09:09 pm »
 

Laissons la parole aux femmes du forum, j’ai pas grand chose à dire non plus (pour moi le féminisme est une perte de temps dans la grande lutte contre le Capital)

suis pas très féministe, désolée. ne m’y suis jamais beaucoup intéressée (ma curiosité sur les rapports hommes/femmes s’étant très très vite vu happée par la psychanalyse). cependant le hasard veut que je lise simone de beauvoir en ce moment, Mémoires d’une jeune fille rangée, et l’affreuse histoire de son amie zaza, aussi talentueuse que l’est Simone de Beauvoir, un peu moins désirante probablement, mais qui n’aura pu affronter les interdits de ses parents, interdits liés principalement au fait qu’elle est une femme. elle interrompt des études qui la passionnent, renonce aux amitiés jugées trop intellectuelles, se plie aux mondanités auxquelles sa condition (féminine et de classe) la contraignent pour finir par mourir de chagrin quand ses parents refusent qu’elle épouse pradelle (merleau-ponty) (au prétexte qu’il est un enfant illégitime). à lire ça, on se rappelle que le féminisme a été une lutte nécessaire qui m’aura permis aujourd’hui de jouir des libertés qui sont les miennes. mais je n’ai jamais beaucoup frémi à l’idée de la liberté en général non plus.

Re: féminisme (2)

10 septembre 2014 | septembre 2014 | en lisant | , , , |

Simon Leys, dans ce merveilleux petit livre de lui que je lis en ce moment, Le studio de l’inutilité, rapporte que G. K. Chesterton attachait un prix particulier à la notion d’amateur qu’il comptait pour supérieure à celle du professionnel. « Aucune activité humaine vraiment importante ne saurait être poursuivie d’une manière simplement professionnelle.« 

Chesterton reporta ce contraste amateur/professionnel à la comparaison généraliste/spécialiste. A ses yeux, les activité habituellement dévolues aux femmes ont sur celles des hommes la supériorité de la connaissance généraliste sur le savoir du spécialiste.

« Le préjugé moderne qui consiste à dénoncer l’étroitesse des tâches domestiques suscite son indignation… il passe en revue tout l’éventail des besognes ménagères qui requièrent tour à tour, ou simultanément, les talents et l’initiative d’un homme d’État, d’un diplomate, d’un économiste, d’un éducateur et d’un philosophe, et il conclut : ‘Je conçois volontiers que toutes ces choses puissent épuiser l’esprit, je n’imagine pas comment elles pourraient jamais le rétrécir. La mission d’une femme est laborieuse, mais elle est telle parce qu’elle est gigantesque, et non parce qu’elle serait mesquine. Je plaindrai Mme Jones en raison de l’énormité de sa tâche, je ne la plaindrai jamais en raison de sa petitesse.' »

De mon côté, j’ai toujours eu envie de prendre la défense des tâches ménagères, jamais encore en ces termes mais plutôt partant  de ce « minimum mystique » que Chesterton attribue aux enfants et aux poètes –  » à savoir, la conscience de ce que les choses sont, point à la ligne. Si une chose n’est rien d’autre qu’elle-même, c’est bien : elle est, et c’est ça qui est bon.‘ »

 

Frédéric Lordon – La révolution n’est pas un pique-nique

8 octobre 2014 | octobre 2014 | brouillonne de vie | , , , , , , , , , |

[e t Frédéric Lordon1 de sous-titrer son exposé : »Analytique du dégrisement » — Or ça, je ne lui trouve rien de dégrisant à son analyse : que du contraire : pour ma part ça m’a bien COMPLÈTEMENT grisée…]

j’ai trouvé là, http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/la-revolution-n-est-pas-un-pique-153918 , le texte complet.

 Notes :

Notes:
  1. Frédéric Lordon est Directeur de recherche au CNRS, économiste passé chez les philosophes. Développe un programme de recherche spinoziste en économie politique et en sciences sociales. A récemment publié Capitalisme, désir et servitude (La Fabrique, 2010), D’un retournement l’autre, comédie sérieuse sur la crise financière (Seuil, 2011) et La société des affects (Seuil, 2013)   []

dans l’éclipse du croire

17 octobre 2014 | octobre 2014 | philosophie, psychanalyse | , , , |

L’ironie, que lui opposer sinon une forme du croire. Et la certitude. Or, la certitude n’est pas communicable. N’est pas un sentiment sur lequel on peut compter, est capricieuse. Les conditions de son apparition ne sont pas connues. En son absence, la croyance peut faire fonction. Emportant le doute avec elle.

La certitude ne se révèlera jamais plus longtemps qu’un moment (dans un déchirement). Elle fonde l’acte de l’artiste. A l’occasion, fond sur le regardeur.

L’ironiste, lui, connaît bien la certitude mais ne supporte pas les semblants du croire.

La certitude n’est pas loin d’offrir les caractères de l’hallucination.

Du croire, aujourd’hui, Dieu ne s’offre plus comme garant de la certitude.

Mehdi Belhaj Kacem et la théorie du complot

25 octobre 2014 | octobre 2014 | philosophie | , , , , , , , , , , , |

extraits:

que la thématique du complot se confond peut-être bien avec la littérature elle-même… identité du littéraire moderne et de la persécution… théorie oblique du complot

la question de la phrase… je suis obsédé par cette question de la phrase. et plus exactement à ce qu’à mes risques et périls j »appellerais les phrases héroïques… questionnement sur l’héroïsme venu à la lecture de Philippe Lacoue-Labarthe… espèce d’antonin artaud de l’université  … héroïsme qui est celui de baudelaire ou de benjamin … « qu’on peut soutenir que la littérature moderne ne naît non pas avec le roman mais avec l’auto-biographie…  » la question autobiographique s’est mêlée à un délire du complot … héroïsme moderne … lien entre héroïsme autobiographique et thématique du complot … Benjamin : la modernité doit se placer sous le signe du suicide ; suicide n’est pas un renoncement mais une passion héroïque … c’est la conquête de la modernité dans le domaine des passions et c’est vers cette époque que l’idée du suicide a pu pénétrer les masses laborieuses … on se dispute une gravure qui représente le suicide d’un ouvrier anglais par désespoir de ne pouvoir gagner sa vie… 

tous ces littérateurs ont été pauvres…

« DES PHRASES QUI SAUVENT LA PEAU » : ENTRETIEN AVEC MEHDI BELHAJ KACEM

Re: livres du moment / Artistes sans oeuvres et Rien ne s’oppose à la nuit

26 octobre 2014 | octobre 2014 | en lisant | , , , , , , |

j’ai terminé, il y a quelques temps, la lecture de jean-yves jouannais, Artistes sans œuvres, aussitôt reprise pour ne pas le perdre de suite, ce livre que j’avais aimé. je l’ai perdu quand même, je suis faite de sable.

cette nuit j’ai pensé, parce que je pense à n’importe quoi, pendant que dorine faisait voyage en ritaline, que le livre aurait aussi bien pu s’appeler Artistes sans noms, puisque c’est d’eux aussi bien qu’il est question dans ce livre, des noms que ne se font pas toujours les artistes. livre qui m’a soutenue le temps de sa lecture, car il absout, ou le tente, tant de l’œuvre que du nom. c’est-à-dire de l’absence d’œuvre que de l’absence de nom.

« L’homme parfait est sans moi, l’homme inspiré est sans œuvre, l’homme saint ne laisse pas de nom. »

jouannais rêve d’une histoire de l’art qui s’attacherait à des « immatériaux« , dit-il, a l’idée, au geste, à l’énergie (mais comment l’écrire sans l’écrire une idée qui n’est encore qu’idée et qui deviendra autre chose dès lors qu’elle sera écrite? parce que c’est ça son idée, enfin l’une de ses idées, tenir compte de toutes les idées non-écrites, désigner comme artiste celui qui encore n’a que l’idée, seulement n’aura jamais que l’idée.)

« Combien de songes, de systèmes de pensée, d’intuitions et de phrases véritablement neuves ont échappé à l’écrit? Combien d’intelligences sont-elles demeurées libres, simplement attachées à nourrir et embellir une vie, sans fréquenter jamais le projet de l’asservissement à une stratégie de reconnaissance, de publicité et de production? »

« … Simplement pour vitales qu’elles soient, ces sommes immatérielles, ces idées inécrites, ces poésies vécues ne peuvent parier que sur la mémoire, le mythe, pour traverser les époques, ayant refusé, avec violence, ironie ou innocence, la logique industrielle et mortifère du musée comme de la bibliothèque. »

ce que je voudrais c’est renoncer, renoncer tranquille à la mémoire et au mythe, à la traversée des époques; ne plus souffrir de ce désir; de la mort et de l’oubli. mais j’ai eu beau lire ce livre, eu beau le lire et relire, ce qu’il tente de soulager, l’espoir dont il dit si bien qu’il gonfle, retombe aussitôt le livre refermé.

j’ai eu la chance d’ouvrir alors un autre livre, si beau, si terrible, si triste. dont je dois déjà rechercher le titre et le nom de l’auteur. [un temps assez long] . Delphine de Vigan : Rien ne s’oppose à la nuit. un ravage. une écriture où l’auteur va à la rencontre de la descente en folie de sa mère, de son suicide inéluctable.

 

 

malade de pensée / l’impression est toujours forte

27 octobre 2014 | octobre 2014 | brouillonne de vie | , , , , , , |

Malade de pensée.
Cherche en ce moment à quoi me raccrocher. L’impression que me font mes lectures1  est toujours forte. Mais je ne sais que faire de cette force ni ce qu’elle signifie.
De quoi s’agit-il de quoi s’agit-il ? Que fais-je ? Peut-être cherchai-je seulement à me raccrocher au monde.
S’il me fallait parler / témoigner de ce qui
M’affecte
Torture
Le plus
Il s’agirait probablement de mes pensées
Elles qui me sont le plus familières
Elles qui sont la matière de mon malheur
Lequel ne doit pas être si grand dira-t-on dès lors
C’est que j’y suis enfermée
Et un peu plus de jour en jour
De jouir en jouir
Une forêt de pensées forêt vierge dont j’espère probablement pouvoir extraire l’une ou l’autre liane que je puisse alors tendre à un autre, autre être humain
AUTRE ÊTRE HUMAIN
Et que ferions nous alors une fois que nous serions à deux voire plus la main sur ma liane
Et la liane trahit la pensée trahit la forêt vierge

« Combien de songes, de systèmes de pensée, d’intuitions et de phrases véritablement neuves ont échappé à l’écrit? « 

C’est ce à quoi je pensais ce matin. Les pensées, elle s’abattent sur moi comme des boules de neige
Aucune ne se laisse entendre tout à fait
Toutes sont incomplètes
Me. Bombardent
Alors, cette pensée-là, en particulier, le hasard veut, ou autre chose que le hasard, le fait qu’elle se sustente de la pensée d’un autre, du résidu de la pensée d’un autre, aura voulu que je la saisisse mieux qu’une autre, à cause de son sentiment d’étrangeté ; l’étrangeté me sauve de ma mêmeté, j’aurai pu la saisir, ses mots me seront apparus plus distinctement parce qu’ils étaient d’un autre,
non totalement encore recouverts par la boue des miens, non assimilés, ces mots donc de Jouannais, que je reprenais hier ici, je m’ en suis saisie, j’ai pensé
À cela, que l’écrit est une liane, et ma pensée une forêt vierge, en 3D
Et ce passage de la 3D à la linéarité, c’est le travail justement où un artiste un auteur se distingue.

Évidemment, quiconque rendrait compte de la forêt vierge

Or, il ne s’agit pas non plus uniquement de 3D et de couches successives se superposant
Mais de bombardement de boules de neige et peut-être cette image-là me vient-elle à l’esprit à cause de ce titre d’un film Le bombardement de boulettes géantes, que je n’ai pas vu.

Et j’ai pensé que j’étais malade. Et que s’il y avait quelque chose dont je devais témoigner, peut-être, c’était de cette ma maladie.

Songeant à la 3D et aux couches successives
Me demandant comment
M’est revenu en mémoire cette installation de Bill Viola, regardée au Grand Palais l’année dernière

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Et revoyant ces photos sur Google Images, à Bill Viola, j’ai pensé que celles-ci disaient bien la sensation physique de ces pensées dans ma tête, et de ce qu’elles font à tout mon corps (dont je pourrais aussi bien ne pas sortir) (mais l’écrire vous l’écrire à un TRUMAIN est la luette est la lucarne d’où la lueur touche dans ma cellule) :

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Et celles-ci, pouvaient rendre compte de leur bombardement

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Or ici on voit que pour rendre compte de la pensée, de ma pensée, j’use d’images qui en élimine la matière tout en la lui accordant, car elle est de matière justement défaite, inconnue, cette matière des mots, où les couches seraient constituées de phrases ou de bribes de phrases, non point prises dans la linéarité qui pourtant les caractérise mais dans la planéité d’un voile léger qui en recouvrirait d’autres et seraient recouverts par d’autres, voilà l’image que celle de Viola inventait dans mon esprit pour rendre compte justement de mon état d’esprit, de ces pensées mouvantes, logeant toujours au bord du sens comme au bord du gouffre.

Et au travers de tout cela l’appel de la mort, comme la voix des loups. Mais pourquoi. C’est l’appel, comme celui des sirènes. C’est que le chant est si beau des loups, si terrible. Et que j’aime les choses terribles. Ici, se situe l’aveu. Les choses terribles et terriblement aimables n’ont pas leur place dans le monde extérieur. La pensée seule leur offre logis.
Mais cela ne suffit pas. Il faut connaître l’origine et la matière de ces chants des loups.

Notes:
  1. aussi bien que les conférences que j’écoute, dont je poste les vidéos ici. []
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