rêve, le cargo demi-tour

8 mai 2006 | mai 2006 | le cargo demi-tour, RÊVES | , , , , , , , , , , , , |

10h20

il y a urgence, il y a mercredi, bientôt, la séance. peu de souvenirs, pas un cauchemar en tous cas. un truc affairé, ce que j’en écris déjà ré-inventé:

immense bateau immense peut-être cargo
il avance, il doit faire demi-tour (il le doit vraiment, c’est probablement une question de vie ou de mort, une question cruciale)
il fait demi-tour une première fois, manœuvres gigantesques
en fait, état de guerre, désordre total, insurrections, je ne trouve pas le mot. guerre n’est pas le mot. guerre civile, guerilla, guérilla urbaine. feux, saccages, rues,
demi-tour avorté, repart sur route première
des jeunes, comment est-ce qu’on les a appelés, pendant les « événements récents en france », canaille? racaille? non, je ne sais plus. canaille, c’est une terme pour moi devenu lacanien, qui ne peut pas du tout désigner ces personnes. enfin, eux dont j’oublie le mot qui les a désignés, essaient de me fourguer, vendre, sommes dans salle de machine
– avez-vous vu récemment à la télévision le film, c’est ça, un bateau coulait, nombreuses personnes enfermées, allaient essayer de s’en sortir, circulaient dans le bateau, rencontraient partout où ils allaient mort et désolation, le bateau était renversé -,
les jeunes donc essaient de me vendre des fringues de magasins qu’ils en ont profité pour pille. je leur réponds vêtement par vêtement, très calmement, décide de prendre leurs offres au sérieux, fais comme si aurais pu être intéressé,e si ça m’avait convenu et rejette un à un tous les vêtements. à la fin, leur explique, à ceux qui sont restés avec moi, le dramatique de la situation, mais, je ne me souviens plus de quoi il s’agit, de quelque chose de vraiment grave, qu’ils ne savaient pas. s’en vont, savent. je remonte. tout est désert.
le bateau fait demi-tour, demi-tour immense, manœuvre immense. je suis furieuse. folle furieuse. seule et folle furieuse. je ne sais pas qui comment quoi a décidé de ça, comment ça s’est fait. je veux arrêter ça. ce n’est pas du tout que je sois contre le demi-tour, mais pas de cette façon. pas que ça se fasse et que ça soit décidé par d’obscurs dirigeants que je décide de débusquer. je devine où ils se cachent probablement. ils sont dans les machines, et les machines sont disposées en profondeur, cachées, en demi-cercle autour de moi. je suis au centre d’une immense plate-forme ronde, déserte, au bord de laquelle, dans un demi-cercle, accrochés au bord, dans des cabines (blanches et bleues), sont  cachés « les maîtres » (c’est-à-dire ceux qui ont ordonnés en secret, secrètement, sans en rien dire à personne), que je dois débusquer.

l’image en fait c’est celle de « l’agrafe du nom-du-père » ou bien plutôt « l’agrafe du sinthome » (ce truc greffé, qui fait tenir les bords ensemble).

voilà, c’est tout.

 

12h08

bon, je n’ai pas encore trouvé sur internet d’image de l’agrafe par le sinthome
mais:

L’œuvre (de Joyce) avait-elle besoin d’être publiée ? Pas nécessairement. Le sinthome oui, le nécessitait. Que Joyce ait voulu sa publication, c’est une question qui a pu rendre perplexe Lacan. Dès lors, elle est une agrafe (elle fait le quatrième) qui épingle le symptôme comme social, lui laissant enfin une entrée. C’est ce que Joyce appelle son tour de farce. Son dire magistral est plutôt pour Lacan tour d’écrou qui libère et serre en ses tours la réserve, montrant ainsi qu’un nouage est possible sans père, à cette condition bien sûr de s’en être chargé. A la force du dénouage et renouage, le sinthome (écrivons-le de sa dernière écriture), élève la condition d’artiste à ce paradigme: se faire fils nécessaire.

« LOM du XXI siècle », Marie-Hélène Roch

et de marie-hélène roch, encore :

L’intérêt maintenant est d’examiner ce qui lui a permis de rabouter en place de cette fêlure, de réduire et tasser le glissement de l’imaginaire, c’est-a-dire du rapport au corps. Il n’est pas Joyce qui, lui, produit une écriture comme sinthome pour réparer le détachement de l’ego, mais il pourra prendre congé du lien à l’analyste sans que cela se dénoue pour autant, avec une agrafe (pur produit de l’analyse).

Du fait même qu’il m’en propose le plastron, parmi les autres, au cours de sa dérive, et que je m’en saisisse rapidement, le lui désignant comme un enjeu, il va se dire et se faire maverick. Ce mot anglais désigne, au sens propre, un animal non marqué au fer, c’est-a-dire détaché du troupeau, comme pourrait l’être un veau ou un cheval ; au sens figuré, il signifie anticonformiste. Maverick, c’est l’homme libre. Ce plastron est un peu plus souple que les autres, et présente l’avantage (je l’apprendrai dans le recueil de ses effets) de rassembler une série métonymique et de nommer sa jouissance avec un mot de la langue anglaise (langue de la branche paternelle de sa famille). Il marque sa position de sujet libre. Il va même s’en tatouer. Une façon, dira-t-il, de tatouer la mort et de trouver le mors, le frein dans la langue. Il s’en fait un blason sur une chevalière qu’il porte au doigt, de sorte que lorsqu’il la tourne d’un certain côté, c’est le signe pour les jeunes femmes qu’il est à prendre (il est ainsi chevalier de la dame) ; retournée de l’autre côté, principe de mesure, cela signifie qu’il est déjà pris. Ce blason dont il invente lui-même le dessin, fait contrepoids entre un père déclassé et une famille maternelle d’origine noble. C’est un S1 qui agrafe réel et symbolique, liant l’imaginaire. C’est un capiton dans le texte de lalangue. Il va se dire, se faire maverick, et il ne sera plus fou.

A partir de ce nom qui fixe sa jouissance et sa position de sujet libre, il va pouvoir rassembler les faits de son histoire, sa dispersion ; ce nouveau nom va borner l’instabilité du signifiant. Il va se maintenir dans un lien social, non plus en chassant les reflets, mais en devenant surveillant dans un lycée privé. Ce nouveau nom a l’avantage de l’inclure tout en le laissant libre puisque c’est son choix insondable. Il lui permet de désamorcer la pulsion de mort, la jouissance qui insiste jusque dans son patronyme (il est composé de deux syllabes paradoxales, l’une évoquant la mort, l’autre (anglaise), la fuite, la liberté) qui restera toujours son nom social, mais débarrassé du réel de l’impératif. Avec maverick, il trouve le jeu de pouvoir continuer à être cheval sans identification rigide, sans licou puisque c’est le sujet libre, mais il n’est plus sans mors, sans principe d’arrêt. D’un sans marque, il a fait sa marque. C’est pourquoi je dis que maverick est une invention, un pur produit de l’analyse qui l’a amène à se passer du lien a l’analyste, au bout de sept ans d’efforts.

Se briser à la pratique des nœuds, Marie-Hélène Roch

maintenant, chercher l’image.

14h37

en voilà une d’image  – dans mon rêve, les « dirigeants », ceux à l’a-ttaque/ssaut – desquels je vais partir, ceux qui sont à l’origine du mouvement de retour, mais qu’ils ont lancé de façon absolument anti-démocratique, à tout le moins sans s’en être concertés avec moi, sont dissimulés dans les cabines (bleues et blanches) du sinthome.

du temps gelé, de la guerre, du point g
— (de la lecture, de ma mère)

5 avril 2011 | avril 2011 | le caddie, un treillis sur la mer | , , , , , , , , , , , , |

Il y a deux jours, je rêve d’un amoncellement, d’un empilement vertical de « caddies » au dessus duquel je vais me percher, me réfugier, extrême précarité, je tente de diriger les mouvements des caddies, qui sont vifs, accélérés, imprévisibles, avec mon corps.

Cet empilement de « cas »  (les « cas » de « caddies ») désignant pour moi le « K » du « K-rante » (40) du 40-45 / date de la guerre / à laquelle je dis, à la suite de ma lecture de R. Warshasky,  que « mon temps s’est figé« .

Date à laquelle, depuis laquelle, l’histoire ne peut pas se faire. Qui ne s’intègre pas à la suite des nombres à laquelle pourtant elle appartient. 1Cela, je l’avais autrefois dit à mon analyste, le premier, qui l’avait balayé: « Mais non, … »

En sixième latine, sixième latine A, je dessine à la professeur d’histoire et de latin, Mme Chapeau, qui le demande, une ligne de temps où j’inscris 4 dates:

40-45 ; 0 ; 33 (âge de la mort du christ).

J’ajoute ensuite 14-18 parce qu’effectivement je connais cette date (qui vient doubler 40-45).

Dessous cette ligne,  j’explique que l’histoire ne peut être prise, considérée, comme une suite de dates, que l’histoire c’est passionnant, mais que cette passion ne tient pas dans les dates.

Aujourd’hui, aurais-je à dessiner une ligne du temps, elle serait la même.

Identifiée, passionnément… crucifiée… à la guerre (40).
Promise, dans le prénom de ma mère, à la lecture du point G.

LUTGARDE 
« art du G lu, art de lire le point G » 

G qui est de guerre, dit de guerre par mon père, de jouissance silencieuse en ma mère.

On voit qu’il y a là comme un lien entre le G de quarante et celui du prénom de ma mère. C’est un  lien, fait il y a bien longtemps, inoublié, en analyse, au départ d’un rêve où il était question d’un G (le GSM, le téléphone), et du point G (à propos duquel j’avais entendu un émission radiophonique).

Ce raccord, ce raccourci, je l’ai refait récemment, au sortir d’un cours de Miller, comme il avait évoqué la fixation et la jouissance féminine 2Les notes du cours concerné:
I Avant : désir interdit –> jouissance
II Ensuite : la jouissance est pensée au-delà – positivée comme celle d’un corps qui se jouit. C’est un événement de corps – ça s’oppose à l’interdiction, ça n’est pas articulé à la loi du désir.
Le choc, la contingence, le pur hasard, ça n’est pas dialectique, mais objet de fixation, non pris dans la loi du désir.
C’est comme ça, par ce biais, que Lacan a pu rencontrer la jouissance féminine – la part qui existe sans subir l’interdiction, qui n’est plus centrée sur le Penisneid, fonction négative, qui n’est pas prise du côté dialectique, de l’Aufhebung ça efface le « perdre pour retrouver » (un enfant, c’est encore mieux que l’organe qui manque). Ça ne se transmute pas en maternel.
Faut voir comment ça fonctionne du côté homme.
Au 2 mars…
  quand je me suis souvenue d’une sensation d’enfant. Lorsque, soi-disant malade, feignant la maladie, diagnostiquée cependant par une médecin d’angine blanche, je pouvais passer la journée dans le lit de mes parents, à la place de ma mère. Quelquefois alors je me mettais à entendre le temps ralentir, s’allonger. Mon corps lui-même s’allongeant, par différentes parties, élastique, s’étirant à volonté et à l’infini – et tout cela, dans cette lenteur entendue. J’étais à la place de ma mère. Dont je pourrais dire qu’elle est pourrait être ma place de sinthome aujourd’hui – c’est ce que j’entends au cours de Miller, l’inertie du sinthome.

Ah oui, le lien du G de la guerre de quarante, au G, comme point de jouissance ?

Je passe sur un rêve que j’ai fait qui me désigne explicitement dans la répétition du quarante, comme double même d’elle, de ma mère double dont j’ai coutume, auquel il ne faudrait pas que je me tienne, dont la culpabilité cependant m’a enfin quittée, ce qui explique que je puisse enfin avancer, sortir de la seule répétition du double, du double du double, pour répéter, réitérer seulement l’Un (sans double) -, dans la répétition d’un 40 d’abord, d’un 4 ensuite, au cours d’rêve qui se passe, pour partie au moins,  au moyen-âge, dans une moyenne d’âge (40).

Mais, le temps gelé : est-ce qu’on l’entend déjà dans ce que j’ai écrit jusqu’à présent? Ou cela doit-il être davantage précisé?

Dire : l’angoisse ne me saisit plus qu’en présence de ma mère. La pétrification. J’ai été vers ça, dans les derniers temps de mon analyse, l’envie, le désir, de lever ça, pour pouvoir rétablir un contact avec elle, un contact qui rende mieux justice à l’amour que j’ai pour elle. L’angoisse vis-à-vis de l’école (ECF) s’étant quant à elle atténuée. Au point que je puisse me demander même si elle n’a pas complètement disparu, c’est à tester, et si elle n’a pas trouvé à être remplacé par un désir, devenu tactique, ou qui se voudrait tel (je me découvrirais des ambitions sans nom, inavouables…), l’école n’étant pas de l’approche la plus facile. Et puis elle demanderait à ce que je quitte mon lit – où, heureusement, je peux encore réfléchir fortement, et établir mes plans d’action (hé hé hé).

La guerre, Le point g, Ma mère.

« 40 », c’est le dit, disais-je, de mon père: pas un jour où il ne nous parlait de la guerre et des juifs. Pas un jour. Pas une personne qu’il ne rencontrait, qu’il n’abordait, en ne lui parlant de la guerre. L’extraordinaire, c’est qu’il aurait eu toujours quelque chose de nouveau à raconter. C’était toujours autre chose. L’extraordinaire, c’est que ça faisait lien, que ça le faisait vraiment parler avec la personne qu’il rencontrait, que ça faisait point de rencontre, et que mon père était considéré comme très sympathique. Mes frères également, mes 2 frères, parlaient avec lui, de la guerre, nous, ma mère et moi, nous nous taisions. Et bablabli et blabla bla, je n’y arriverai pas, pas aujourd’hui, et c’est BASTA.

Questions diverses

1/

Quid de la relation :

désir de l’analyste – (jouissance du) sinthome

Cette jouissance du sinthome, n’est-ce pas quelque chose qui s’atteint se rejoint au-delà de la possibilité « d’être analyste »? il existe du sinthome là où il n’y a pas nécessairement d’analyste?

Ce que je voudrais interroger également : un point où désir et jouissance se rejoignent, trouvent à s’accorder.

2/

« Mais si on tient que le sujet ne se réduit pas, dans sa fonction la plus essentielle, au psychologique, son exclusion hors du champ du nombre s’identifie à la répétition, ce qu’il s’agit de montrer. »

(Jacques-Alain Miller, « La suture »)

Exclusion hors du champ du nombre –> répétition –> sinthome?

ou prise en dehors de la suite du nombre –> répétition –> sinthome ?

3/

« De même, l’existence d’un objet ne lui vient que de tomber sous un concept, aucune autre détermination ne concourt à son existence, si bien que l’objet prend son sens de sa différence d’avec la chose intégrée, par sa localisation spatio-temporelle, au réel. » (Ibid., « La suture »)

4/

« Par où vous voyez la disparition qui doit s’effectuer de la chose pour qu’elle apparaisse comme objet – qui est la chose en tant qu’elle est une. »    (Ibid. )

 concept –> disparition de la chose / apparition de l’objet = la chose en tant que Une = cet objet donc qui vient à exister

Nota bene:

A/ sur le « plus un », la réitération, et l’addiction : dirait-on (j’ai oublié ce à quoi j’avais pensé ce matin)

« une cigarette encore, donne-m’en une, la dernière » (ferré) – un verre de plus, le dernier, un tweet de plus, un clic de plus, un chips de plus

un en plus, le même, je réitère donc j’addicte

les accointances du sinthome et de l’addiction – difficile d’admettre le n’importe quoi du sinthome, le n’importe quel Un, du moment qu’il est Un, du sinthome – surtout si l’on pense à la « racine du refoulé » – qui n’est pas n’importe quoi, qui ferait la différence. relire à propos de l’addiction le cours de Miller, le dernier (9), et l’avant dernier (8).

B/ cet Un de la fixation bloque la pulsion (dit Miller) – dans mon cas, bloque au redoublement, ça double, ça se bloque, et ça redouble  – ma mère, encore, épelant le nom (du père)  disait : « M – U – double L – E – R »  (où l’on voit que le double n’est pas la répétition, la réitération.)

que me pardonnent tous ceux que j’ai doublés, mais je continuerai dorénavant de la faire,  et probablement pas sans jouissance, parce qu’il ne s’agit plus seulement de doubler. il y a de L tout seul, ou du G tout seul ou du cas tout seul soit de l’un, tout seul. sans Autre.

Notes en bas de page

  • 1
    Cela, je l’avais autrefois dit à mon analyste, le premier, qui l’avait balayé: « Mais non, … »
  • 2
    Les notes du cours concerné:
    I Avant : désir interdit –> jouissance
    II Ensuite : la jouissance est pensée au-delà – positivée comme celle d’un corps qui se jouit. C’est un événement de corps – ça s’oppose à l’interdiction, ça n’est pas articulé à la loi du désir.
    Le choc, la contingence, le pur hasard, ça n’est pas dialectique, mais objet de fixation, non pris dans la loi du désir.
    C’est comme ça, par ce biais, que Lacan a pu rencontrer la jouissance féminine – la part qui existe sans subir l’interdiction, qui n’est plus centrée sur le Penisneid, fonction négative, qui n’est pas prise du côté dialectique, de l’Aufhebung ça efface le « perdre pour retrouver » (un enfant, c’est encore mieux que l’organe qui manque). Ça ne se transmute pas en maternel.
    Faut voir comment ça fonctionne du côté homme.
    Au 2 mars…

Effets de réel, revenance du caddie, l’amour sans retour

6 avril 2011 | avril 2011 | le caddie, Ornelle, RÊVES | , , , , , , , , , , |

( Cela dit, je donnerais cher pour être débarrassée de mon inconscient et de toutes ces histoires qui trop me hantent, m’habitent en ce moment.)

I.

Réveillée cette nuit par une rêve dont je reste très longtemps persuadée qu’il est réel, auquel, une fois passé mon premier réflexe de réveiller F. pour lui dire que « je sais tout », je passe des heures à réfléchir dans un sentiment d’immense malheur, comme s’il venait de m’arriver, coup sur coup, les deux choses les plus abominables qui puissent m’arriver.

Je suis avec F chez mon frère JP et sa compagne Isabelle. Nous partons en promenade avec ma mère. Ils nous annoncent quelque chose (du style d’une naissance prochaine) – ma mère en profite de cette annonce pour… nous annoncer son propre (re-)mariage!

Je suis effondrée. J’ai rencontré par le passé l’homme dont il est question, c’est une brute épaisse, idiote et acculturée. Je crains qu’il ne fasse du mal à ma mère. Comme il est plus jeune qu’elle, je me demande si son « amour » n’est pas intéressé. Comme elle n’est vraiment pas riche, limite pauvre, et ne dispose que de l’œuvre de mon père, je me demande ce qu’il peut lui vouloir. Je crains qu’il ne cherche à lui faire du mal pour lui faire du mal; j’élimine l’idée qu’il en veuille à l’œuvre de mon père. Je touche de mes doutes un mot à mon frère. Ma mère conteste mes dires, affirme qu’ils s’aiment et s’aiment depuis… 7 ans (!)1. Ensuite, me dit  qu’elle est prête à tous les sacrifices pour lui, ce qui, la connaissant, est très effrayant. Finalement me lache qu’elle l’aime mais que lui ne l’aime pas. Qu’il lui fait déjà du mal. J’en fais part à mon frère, qui s’effondre à son tour. Nous devons partir, Frédéric et moi, rentrer à Paris. Il semble maintenant trouver que notre départ est urgent. (histoire… voiture… ma tante).

Je monte voir Frédéric. Il est ivre-mort, effondré, me tend un papier, sans un mot, c’est un questionnaire auquel il a répondu. Je le parcours, lis les questions, ne lis qu’une seule de ses réponses. « Comment s’appelle la femme avec qui vous la trompez? » Il a écrit : ORNELLE. Les autres questions tournent autour de cette relation, quels avantages / désavantages, offre l’une, l’autre, etc. Je ne sais absolument plus quoi faire. Rien de pire n’aurait pu m’arriver. Je ne peux pas compter sur F. pour rassembler nos affaires, faire nos bagages, il est complètement hors de course. Je veux expliquer ça à mon frère, mais lui s’énerve, veut qu’on parte. Je ne me sens pas moi-même capable de faire les bagages. Je dis à F. ce qui se passe, le re-mariage de ma mère. Il ne peut réagir. Il serait prêt à conduire.

Autre étage, étage supérieur. Isabelle, ma mère et moi. Des choses que j’ai oubliées. Debout, discutons. Isabelle a une idée. Plus tard. Eau, bassin, nage, nue, moi nue, nage dans bassin intérieur, immense (comme la baignoire d’Irène). Je montre à Jules, ce bassin, baignoire ronde, dans espace sombre, entouré de fauteuils, de fauteuils de cinéma. Des hommes, 3, des hommes du type les mauvais dans les films, costard-cravate, genre Tarentino, en vraiment méchant. L’homme de ma mère, peut-être l’un d’eux. Des choses se passent. Ma nudité me gêne, je nage sous l’eau.

Plus tard, me réveille. Veux d’abord réveiller Frédéric, me retiens, heureusement, la réalité du désagrément et de la mauvaise humeur qu’il en éprouverait arrivent à me retenir. Je suis convaincue de la réalité de ce que je viens d’apprendre dans le rêve. J’arrive à me dire que même si ce n’est pas vrai, ça recouvre une vérité, une réalité, un  certain – je pense « effet de réel ».

II.

Je finis par me rendormir.

Je suis en cours de mathématiques, j’arrive en retard. J’aime ce cours, je suis heureuse qu’il n’ait pas vraiment commencé. Il semblerait qu’ils se soient contentés jusque là de parler de … ??? Au tableau, des mots que j’ai peine à distinguer, dont j’ai peine à croire, que je  les trouve, lise là. Plus tard, le professeur, une femme, me dira qu’il s’agit de   » Ics  & réel » (!!!).

Ce professeur a découvert Lacan. Veut partager ça avec ses élèves. Sommes dans  période de l’année après les examens. Donc plus vraiment tenue par un programme. Elle attribue un séminaire à chaque élève, pour en faire un exercice de lecture. Moi, c’est le Séminaire IV. Elle nous invite à raconter le rêve que nous avons fait la nuit précédente. M’indique que j’aurais dû lui dire que je m’intéressais à la psychanalyse. Une fois venu mon tour, je raconte l’effet de réel du rêve, mon copain qui me trompe.  Mais, je ne me souviens plus de la première partie du rêve, dont  je dis qu’il est tout aussi catastrophique et l’effet de réel tout aussi poignant.

Sortie du cours. Nathalie…

Direction passage aux caisses. Croise un homme. Caddie plein me tombe dessus, se renverse sur moi.  J’arrive à me redresser, à le  redresser, ramasse les objets tombés, éparpillés. En vérité, personne ne m’aide (ce qui m’étonne un peu). J’arrive en caisse. Je paie avec une carte bleue. Quelqu’un a laissé à la caisse un livre de Lacan et des billets (j’hésite à m’en emparer, voler). Je repars, dans la rue, avec le caddie (dont je crains qu’on ne pense que je le vole, mais que j’ai l’intention d’ensuite restituer, que je ne fais qu’emprunter). Il commence à pleuvoir. Je m’abrite je ne sais où. La pluie me réveille, il fait soleil.

III.

Pas eu de réponse à ma lettre (demande de passe !!) de la semaine dernière. Cela me convient. Me permet de réfléchir. Il n’empêche que quelque chose est engagé. Et que j’aimerais sortir de cet actuel sentiment d’irréalité. M’assurer de donner la bonne réponse à cette absence de réponse, ne pas laisser passer cet instant, ni m’y installer, ne pas le laisser devenir rien. Tirer les conséquences.

Notes:
  1. 2011 – 7 = 2004, année de la conception de Jules, mon enfant []

Donn

22 avril 2011 | avril 2011 | la bonne en saigne | , , , , , , , |

« comme si je pouvais commencer à avoir un corps, recommencer à avoir un corps », je me répétais tout le temps ces mots.

j’aime le dehors – le dehors de Donn, j’aime le vent – ou l’air – j’aime ce que j’y vois – je ne sais pas que j’y aime, j’aime les arbres la distance la lumière l’espace l’air – je ne sais pas ce que j’aime à donn mais j’y suis ravie, vérit…

donn, c’est un ravissement pour moi

peut-être parce qu’échappe au regard, alors plus besoin d’être (bonne image) mais possibilité d’avoir (un corps) – l’isolement de donn – clôture – ouvert et clos. entre-soi et dehors – le délice de pouvoir passer de dehors à dedans de dedans à dehors sans (autre formalité)  – sortir par la fenêtre, être sous les arbres – au soleil, dans l’ombre – les odeurs – l’air – l’espace

voir

à perte de vue

pas un endroit où je ne sois bien à Donn, pas un moment – je

cette impression d’avoir ce que je n’aurais jamais rêvé d’avoir – que je n’ai jamais eu.

 

ouvrir les yeux, l’enchantement, devenu visible l’espace pris dans la lumière. la j. même du regard – où qu’il se pose dans l’espace, surprise et enchantement.

Donn juillet 2005 

vendredi

Jour anniversaire de la naissance de mon père. Ne m’en rends compte que maintenant, comme vérifie la date pour la noter. Suis au jardin. Près de la piscine, avec le chat. Revenons du cimetière, l’enfant et moi, où avons cherché la tombe de son oncle, du frère de son père, sans la trouver.

Chaud, beau.  L’homme est à Paris pour mes papiers, si gentiment parti à Paris pour s’occuper de mes papiers. L’enfant est à l’intérieur, permission de jouer à la Wii pendant une demi-heure, devais trouver moment pour écrire ( pas sûre que l’homme apprécierait que l’enfant soit laissé seul dans la maison).

Cette nuit rêve dont me souviens à peine, où il était question de mon premier psychanalyste et de l’École de psychanalyse.  Comme s’il fallait tout de même retourner à ça, ce premier transfert, cette première analyse. Et dans la foulée, dans le lever, comme malgré moi, une décision qui se prend, un décollement qui s’opère. De par le rêve, un détachement de ces personnes qui comptaient tellement pour moi. Elles tombent, retombent doucement. S’évanouissent. Dans la chaleur, la douceur de Donn.

Du rêve, quelques souvenirs.

Était-ce une fête, organisée par moi ? Je suis dans la salle de jeu de la rue Tiberghien (maison de l’enfance).

Quelqu’un meurt.

On ne sait pas qui. D’après ma réaction, je dois croire un moment qu’il s’agit de YNG. « Tout de même,  dis-je au grand psychanalyste, c’est le grand Dispariteur !  Un homme qui…  » Ceci,  cela… je ne sais plus de quels prodiges je le vante, mais je termine par ce mot : « Fou ».   « Ah bon! s’il est fou, alors là… – Mais vous savez, il a bien connu Duras,  je rétorque. – Ah! Alors, il n’était pas fou »,  en déduit, péremptoire, le grand psychanalyste.

Fête. Circulation dans les étages.

Je « tombe » sur la bouche du grand psychanalyste. Voudrais m’excuser, mais il m’embrasse. Ne sais pas si c’est agréable.  Un peu l’impression d’embrasser un cadavre.

Quelque part, le cadavre de Lacan.

Le grand psychanalyste va partir.

Dans l’entrebâillement d’une porte, il se modifie physiquement. Devient massif, ressemble à Dominique Strauss-Kahn ( DSK )!

Se met à saigner abondamment du nez, ou de la bouche, du nez plutôt, à flots, assez horrible. Doit s’allonger. Il faut que je trouve où l’allonger. Puis, faudrait également que nous sortions, mais ne veux pas sortir avec seule serviette de bain autour de corps. Le grand psychanalyste pense que je vais pouvoir rapidement (ha ha ha) me trouver un vêtement (beau, très beau) et m’habiller. Suis donc inquiète (non, je n’ai jamais été rapide pour m’habiller). Dois porter le grand psychanalyste,  trouver un endroit où l’allonger. Et puis trouver de quoi m’habiller. Les gens pensent, disent que je n’ai qu’à (y a qu’à) l’amener dans ma chambre (ancienne chambre d’enfant sous les combles), j’y trouverai à m’habiller, je pourrai l’allonger, et on pourra faire le genre de choses qu’éventuellement deux personnes de sexe opposés font dans un lit.

Cadavre vivant de Lacan, quelque part, vertical.

On finit par arriver à sortir. Sommes dans la rue. Ne sais pas comment me suis habillée.

*

 » […] deux dimensions qui ne sont raccordées que par un hiatus. Une dimension où le sujet, comme dit Lacan, dans son avant-dernier écrit, Joyce le Symptôme, où le sujet vit de l’être, et il équivoque avec « vide l’être » : il vit de l’être et en même temps il le vide, il est promis au vidage, et nous l’accompagnons dans ce vidage. Mais il y a une autre dimension.

Celle où il a un corps.

Et, il faut en passer par la différence de l’être et de l’existence pour donner sa valeur à la différence de l’être et de l’avoir. L’avoir, l’avoir un corps est du côté de l’existence. C’est un avoir qui ne se marque qu’à partir du vide du sujet. Et c’est pourquoi, quand il a au fond abandonné le terme de sujet, de sujet de la parole essentiellement, Lacan a forgé celui de parlêtre. Il a dégagé ici la racine de ce qu’il appelait le sujet comme manque-à-être : marquer par le terme de parlêtre que ce sujet n’a d’être que ce qui tient à la parole – mais qu’il ne peut se poser comme tel, au moins est-ce ce qu’il a impliqué , qu’à partir du corps, de son « A UN CORPS ».

Qu’est-ce qu’il fait de ce corps qu’il a? Ce corps est essentiellement marqué par le symptôme. Et c’est en cela que le symptôme peut être défini comme un événement de corps, ça suppose que ce corps est marqué par le signifiant. Par le signifiant, c’est-à-dire quoi? Par la parole en tant qu’elle s’est inscrite, en tant qu’elle peut être représentée par une lettre. Et c’est cette inscription qui mérite d’être qualifiée de l’inconscient freudien. Et tout ceci, je vous le ferais remarquer, procède précisément de la jaculation Y a d’l’Un.

Y a de l’Un, veut dire : il y a du symptôme.

Au-delà du désêtre, il reste l’événement de corps. »

Jacques-Alain Miller, cours du 3 mai 2011 (L’Un)

*

Éléments pour une interprétation

Bien. Noter d’abord qu’il y a trois lettres, même si on ne sait qu’en faire. 3 lettres, différentes à chaque fois, 3 acronymes ou sigles :  les trois lettres de DSK, celles du grand dispariteur, YNG, celles enfin du diminutif du grand psychanalyste. Je garde donc dans un coin de ma tête : 3 lettres.

Ensuite, « DSK ». Pourquoi faut-il que le grand psychanalyste se transforme en DSK ? Avant toute chose, je précise qu’au moment du rêve « l’affaire DSK » n’a pas éclaté. Il n’est encore que Directeur Général du FMI.

Je songe qu’il pourrait s’agir de la déesse K : la DS K, la « Madame K » de la Dora de Freud, celle à cause de qui elle gifle Monsieur K quand il lui dit, pensant la rassurer, que son épouse, Mme K, n’est rien pour lui. Alors qu’elle, Dora, c’est elle, qu’elle aime,  Madame K. Et si elle peut accepter quelques avances de Monsieur K, il ne s’agira pas qu’elle le laisse la diffamer, qu’il la dise « rien ». Le grand psychanalyste est-il ma déesse K? Ou la psychanalyse est-elle ma déesse K ?

Dans DSK, j’entends « ESK ». J’entends ESK, parce que depuis longtemps cet ESK me poursuit. Comment le dire ? Cet ESK, je l’entends quelquefois résonner, toquer et retoquer doucement dans ma tête, sans que j’aie encore pu déterminer à quel moment cela arrive, pour finir par se coupler à « lié » et faire « ESC à lier ».  Est-ce K lié? Est-ce lié à Mme K ? Est-ce cas lié? Est-ce lié au cas, au cas analytique ? Est-ce lié au « fou à lier » ? Je ne le sais pas et ne le saurai peut-être jamais.  Je note ici qu’il m’arrive également d’avoir le vertige dans les escaliers, à quoi également, je repense à chaque fois que « ESK » vient résonner dans ma tête. Et puis, last but not least, il y a aussi l’escabeau de mon seigneur Lacan, celui du saint homme Joyce :

Ce que fait le f…toir dit épistémique quand il se met à bousculer le monde, c’est de faire passer l’être avant l’avoir, alors que le vrai, c’est que LOM a, au principe. Pourquoi ? ça se sent, et une fois senti, ça se démontre.

Il a (même son corps) du fait qu’il appartient en même temps à trois… appelons ça, ordres. En témoigne le fait qu’il jaspine pour s’affairer de la sphère dont se faire un escabeau.

Je dis ça pour m’en faire un, et justement d’y faire déchoir la sphère, jusqu’ici indétrônable dans son suprême d’escabeau. Ce pourquoi je démontre que l’S.K.beau est premier parce qu’il préside à la production de sphère. L’S.K.beau c’est ce que conditionne chez l’homme le fait qu’il vit de l’être (= qu’il vide l’être) autant qu’il a – son corps : il ne l’a d’ailleurs qu’à partir de là.

Lire Lacan, avoir lu Lacan. Par endroits n’y rien comprendre, n’y avoir rien compris. Pourtant retenir, n’oublier pas, ce qui m’est arrivé avec cet « S.K.beau ». L’avoir lu quinze ans plus tôt et c’est resté. Mon « esc à lier » lui est antérieur.  Il vient d’avant, d’une sorte de nuit des temps. Mais bien sûr, il se peut que ce soit lui qui ait capté, retenu l’S.K.beau de Lacan, par association d’énigmes consonantes.

*

Et qui meurt? Est-ce le grand dispariteur, est-ce le grand psychanalyste, est-ce le grand Lacan? Qui meurt et quel mort aimai-je? Aimai-je encore aujourd’hui? J’aimais que Lacan fût mort. Je l’ai aimé plus que tout. Jusqu’à ce que je puisse aimer le grand psychanalyste vivant. Et d’une façon plus globale, je ne suis pas sans avoir aimé des psychanalystes.

Mon dernier, en amour, le grand, dans le rêve donc, se met à saigner du nez, à flot. Il est vrai qu’il est un grand enseignant. Que je ne le connais qu’au travers de son enseignement. Depuis, c’est moi qui saigne du nez. Pas du tout à flots, maigrement, mais quotidiennement, jusqu’à l’anémie, tout de même, finalement. Ce désir, d’enseigner.

Mais là, c’est lui qui saigne. Il est DSK, il saigne, je dois le porter. Nous devons nous coucher. Dans ma chambre d’enfante, de jeunette tout là haut. Il me dit de m’habiller, car je ne porte qu’une seule serviette autour du corps, ne se doutant pas des plus grandes difficultés auxquelles il me confronte. Car je n’ai jamais su, comment m’habiller.

Alors qui est-il ce grand psychanalyste qui ressemble à DSK et qui se met à saigner ? Est-il ma madame K ? Ma madone à moi ? Ma « La femme » qui n’existe pas ? Ma psychanalyse ? Il est celui auquel mon transfert s’est fixé. Est-il mon Roméo, mon Don Juan, mon homme à femmes ?

Je peux toujours continuer à poser la question. C’est tout ça qui s’est évaporé avec le rêve. Cela que le rêve a soufflé, magiquement. Me réveillai avec l’impression de m’être trompée. Comment le rêve l’a fait, je ne le sais pas. Ce n’est même pas l’élaboration autour du rêve qui l’a fait, c’est bien le rêve lui-même. Je me suis réveillée différente, et j’ai cherché à me souvenir du rêve…

*

avec une seule serviette autour du corps : alix, sdb, enfance

. comment m’habiller … « N’en restant pas moins que LOM (écrit L.O.M.) ait son corps, à revêtir entre autres soins. »

 

Le premier enseignement repose sur le manque-à-être et sur le désir d’être, et prescrit un certain régime de l’interprétation, disons l’interprétation de reconnaissance. C’est l’interprétation qui reconnaît le désir sous-entendu (…) et il faut dire que chaque fois qu’on s’emploie à interpréter un rêve, en effet on pratique l’interprétation de reconnaissance.

Mais il y a un autre régime de l’interprétation qui porte non sur le désir mais sur la cause du désir, et ça, c’est une interprétation qui traite le désir comme une défense. Qui traite le manque-à-être comme une défense contre ce qui existe.

Et ce qui existe, au contraire du désir qui est manque-à-être, ce qui existe, c’est ce que Freud a abordé par les pulsions et à quoi Lacan a donné le nom de jouissance.

 

le nom de cette femme, Ornelle

8 juin 2011 | juin 2011 | Ornelle, RÊVES | , , , , |

avec qui Fred me trompe.

  • être trompée
  • ornelle, or not (le premier nom de ce blog : to be or)
  • ornelle, orner
  • corneille, corps né lien (choix)
  • cornelia – deuxième prénom de ma mère ANNA IDA CORNELIA
  • je disais autrefois n’aimer pas les corneilles

seul l’éléphant trompe énor

en réalité, je ne déteste pas taquiner l’idée qu’il me trompe. Qu’existe la déesse K.
ou encore
qu’il me trompe et que je m’expulse
que tout s’ex pulse
la grande ex pul sion
le tralali lala

  • oreille

double cabine crochetant par l’Alaska

23 janvier 2012 | janvier 2012 | RÊVES | , , , , , , , , , , , , |

Le rêve

« Au sortir d’un voyage en train, nous arrivons ma tante et moi, Titi et moi, à un bateau, à un paquebot, mais pas aux mêmes heures. Donc, nous ne nous retrouvons pas tout de suite et passons la première nuit dans des cabines séparées, des cabines de luxe. Je suis avec Jules, 7 ans.
Le lendemain matin1, Jules veut que je lui prépare de la soupe.
Assise devant la cuisinière, je manipule plusieurs casseroles, sur plusieurs feux.
La recette s’avère très simple, surtout très rapide, et je me retrouve avec une quantité de soupe telle que je crains que nous ne puissions jamais la boire). 
D’ailleurs, voilà qu’on vient nous chercher pour nous faire changer de cabine.
Cette première cabine était une cabine transitoire, d’accueil.

Notre vraie cabine s’avère être une double cabine gigantesque, composée de deux appartements. Je pense que je suis alors avec ma tante. Nous traversons les multiples pièces, arrivons à l’avant du bateau. Sur le côté, j’aperçois une piscine.
Nous choisissons nos chambres.
Revenant sur mes pas, je m’aperçois qu’une partie de la chambre est en fait déjà occupée par une famille nombreuse dormant à même le sol – « palleas par terre » aurait dit ma tante, ce qui dans sa bouche voulait dire dormir à même le sol, quelque chose comme « paillasse par terre ». Notre chambre s’avère donc moins luxueuse que ce nous aurions pu croire.

Le voyage s’annonce magnifique, si ce n’est qu’il semble que nous devions faire un crochet. Nous passons sous une banderole marquée ALASKA. »

Je me réveille et pense qu’il doit s’agit d’une identification, méconnue de moi, à ma tante, identification ignorée, oubliée.

Titi

A Louvain, l’exposition Charles Burns…

Titi est une tante, une sœur de ma mère, que j’aimais beaucoup. Pour l’évoquer, le mot qui me vient d’abord à l’esprit est celui de dolce vita. Plage, position allongée, nourriture, soleil, vacances, bavardages. Et son chat. « Ordre et beauté, luxe, calme et volupté »
Charmante, enjouée, drôle, gourmande. Elle fumait avec un fume-cigarette, nous fumions ensemble. Avec des fume-cigarettes.

Je pense qu’elle a été celle qui m’a initiée à la douceur de vivre, à une  jouissance sans culpabilité, tempérant le coté janséniste de mes parents.

Il se trouve qu’elle vivait aux gentils « crochets »2 d’un homme plus âgé qu’elle, lesquels consistaient principalement en vacances, en vêtements et en restaurants – soit tout le luxe et le superflu  dont je suis privée en ce moment et à quoi j’ai décidé de ne plus renoncer, en m’installant, en ouvrant un cabinet de psychanalyste. L’homme s’appelait Michaux, Ernest de son prénom, mais familièrement curieusement toujours appelé par son nom.  Ils n’étaient pas mariés, parce qu’il ne s’y était jamais résolu, toujours repris par la crainte de n’être aimé que pour son argent. Disait-on. Leur relation fut platonique.

Ergothérapeuthe, Titi travaillait dans un dans hôpital psychiatrique à Lovenjoel, près de Louvain où elle dirigeait un atelier d’activités manuelles. Dans mon souvenir, les malades étaient très nombreux, très calmes. Ils fabriquaient toutes sortes d’objets en osier, ils fabriquaient des tapis dont elle avait créé les motifs, certains à l’effigie de son chat, Zwartje, « Petit noir », qu’elle emmenait à son travail tous les vendredis et que les malades connaissaient bien. Zwartje circulaient sur les grandes tables des malades et passait de l’un à l’autre, patiemment, présentant à chacun son front où ils venaient apposer un baiser, plutôt contents.

Elle vivait à Louvain, où nous étions la semaine dernière pour l’exposition Charles Burns, et passait tous les week-ends chez sa mère, qui habitait plus au nord de la Belgique, à Poperinge.

En guise de  hobby, elle faisait du jardinage et de la peinture qu’elle avait apprise à un cours donné par mon père. Elle savait coudre aussi, et tricoter, et nous offrait régulièrement de jolis vêtements fabriqués de ses mains. A nous, et à nos cousins.

Je m’entendais parfaitement avec elle.

Pour compléter cette ébauche de portrait, j’ajouterais que lorsqu’elle avait vingt ans, elle perdit son fiancé, cheminot, qui mourut écrasé par un train la veille de leur mariage. Elle ne m’en parla pas beaucoup, j’ai seulement retenu qu’ils s’aimaient tellement qu’ils pouvaient communiquer par télépathie. Plus jeune, il lui était également arrivé d’être gravement malade, des mois passés entre la vie et la mort avait-on dit, à la suite d’un empoisonnement dans un étang où elle n’aurait pas dû nager. Elle me disait qu’elle en avait tellement maigri, que deux mains posées autour de sa taille se rejoignaient, ce qui étaient alors fort à la mode. C’est elle qui nous avait appris à nager, à mes frères et à moi, en venant tous les mercredi soirs à Bruxelles pour nous amener à la piscine. Ma mère  ne savait pas nager. Et le mercredi soir, selon ses lois, c’était américain/frites/salade de blé.

Il m’est arrivé de  penser que j’offrais moi-même à Jules à la fois la jouissance tranquille et hors culpabilité (de ma tante), bête, et le désir inquiet, ardent, épuisé de culpabilité (de mes parents).

Un peu comme dans pour la double cabine. D’un côté, grand luxe et seule avec mon fils, de l’autre la famille nombreuse, dormant à même le sol, pauvre. Peut-on dire Janus du désir et de la jouissance? Il y avait chez mes parents une sorte d’installation dans le manque, dont je ne suis pas sans avoir hérité.  

Train

Juste une petite note sur le train. Puisque nous arrivons ma tante et moi au paquebot après « un long voyage en train ». J’ai beaucoup voyagé avec ma tante en train. De ces voyages, j’ai retenu que les trains étaient verts (le vert foncé administratif des trains de la SNCB). Des wagons étaient fumeurs. Les compartiments composés de 2 banquettes face à face où pouvaient s’asseoir 2 ou 3 personnes. Les banquettes de velours (en première classe, en deuxième classe, elles sont en skaï), vertes en wagons fumeurs, bleues non-fumeurs, des filets en hauteur où poser ses bagages. Les places à la fenêtre, ma tante face à moi, elle dans le sens de la marche, ses pieds déchaussés posés sur la banquette à côté de moi. La tablette rabattue contre la cloison du train, sous la fenêtre, qu’elle sortait en s’asseyant. Son petit cendrier portatif. Un sentiment de rituel. La fenêtre, à briser en cas de nécessité. Avec ma tante nous voyagions en première classe.

Cabine, Cabinet, Cas, K, Alaska, Casseroles

Cabine. Ça fait presque « cabinet», cabinet de toilettes, voire cabinet d’analyste. Du coup, double cabine, ça ferait un peu « double cabinet », ça ferait un peu «WC»,  « double V – C », «  Double,  V(éronique), sait »…

Et je peux voir dans ma tante la femme venue doubler ma mère, là où ma mère, peut-être aurait été trop effacée. Elle dont, je viendrais en double, j’emprunterais le moule.

L’escabeau psychanalytique, c’est « ce sur quoi le parlêtre se hisse, monte pour se faire beau. C’est son piédestal qui lui permet de s’élever lui-même à la dignité de la Chose. […] L’escabeau, c’est un concept transversal. Cela traduit d’une façon imagée la sublimation freudienne, mais à son croisement avec le narcissisme. […] L’escabeau est la sublimation, mais en tant qu’elle se fonde sur le je ne pense pas premier du parlêtre. Qu’est-ce que c’est que ce je ne pense pas ? C’est la négation de l’inconscient par quoi le parlêtre se croit maître de son être. Et avec son escabeau, il ajoute à cela qu’il se croit un
maître beau. Ce qu’on appelle la culture n’est pas autre chose que la réserve des escabeaux
dans laquelle on va puiser de quoi se pousser du col et faire le glorieux. »

Miller J.-A., «L’inconscient et le corps parlant», Le réel mis à jour, au XXIe siècle, Collection Huysmans, Paris, 2014, p. 313.

Or, le détour ? Le crochet, le passage par l’ALASKA ? La grande banderole sous laquelle nous nous apprêtons à passer avant que je ne me réveille ?

Je ne sais que dire. Le « K » ou le « Ka » est très souvent présent dans mes rêves. Ici, en double K, ça fait bien sûr « caca ». Et les crochets de ma tante, dont je dis qu’ils furent suspendus à ceux de celui qui n’était pas mon oncle, mais que nous appelions Nonkel, Michaux, ma foi, ces crochets, j’en abuse, aussi, même s’il n’y a pas d’abus à proprement parler, mettons que j’en use aussi vis-à-vis de F, qui gagne bien plus plus que moi. Je veux dire que de ces crochets, de cette dépendance, je n’en suis pas fière.

Cela dit, même si je me réveille, la banderole ALASKA aperçue n’est pas menaçante.

Dans le « K », j’ai souvent entendu aussi « le cas ». Ma façon de me construire comme cas, de m’y maintenir. Mon cas qui fait S.K. Beau (escabeau). Selon Lacan, par où le sujet se voit beau. Le S.K. Beau par où passe le pas-que-beau. Sublimation = Escabeau, pour reprendre l’équation de Jacques-Alain Miller.3

Remonter dans le rêve : beaucoup de casseroles sur le feu : c’est un peu vrai en ce moment. Et trop de soupe. Alors, l’angoisse. (Alors, je coule).

Récemment, il y a dix jours (le 13 janvier), un paquebot a coulé (faisant 32 morts) que son commandant avait abandonné.

Le Concordia…
Notes:
  1. Je songe à ma tante et je pense qu’elle ne se sera pas inquiétée, qu’elle se sera renseignée auprès du commandant de bord, pour savoir si nous avons embarqués. []
  2. pour reprendre un terme du rêve : « le crochet par l’Alaska », mais dont je doute qu’il s’y rapporte []
  3. Lacan J., « Notice de fil en aiguille par Jacques-Alain Miller », Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, Paris, Le
    Seuil, 2005, p. 208 []

rêve : il faut faire une quadruple passe

1 février 2012 | février 2012 | RÊVES | , , , , |

rêve 1er fév, night
dans le rêve, me réveille, interprète un texte crypté, lacanien : il faut faire une quadruple passe (4 passes comme 4 pattes, comme quadripode, comme 4×4), « réussir » 1 une quadruple passe, 2 premières, 2 suivantes (double double).
l’une n’ayant rien à voir avec l’autre, chacune exploitant à sa façon quelque chose qui ne saurait être exploité d’aucune autre, l’une passe ne pouvant donc intégrer l’autre passe, chacune des passes étant indispensable. aucune ne venant compléter l’autre, chacune traitant de choses qu’aucun rapport ne peut lier, séparées donc. deux premières passes étant suivies, je crois, par deux autres. deux premières passes débutantes, 2 dernières passes concluantes… 
afin comprends-je, dis-je, à l’école (ECF) de s’assurer que l’analyste puisse aussi bien y faire avec … qu’avec…. de l’analysant qui vient vers lui.
s’agit-il d’un savoir y faire de l’analyste avec la jouissance aussi bien qu’avec le désir ? je ne sais pas, ça y ressemble, un trop et un trop peu. rencontrer un trop et le faire passer au peigne, à la brosse d’un trop peu.
me couche, dans le rêve, et rêve, rêve éveillé, pour m’endormir, que je l’ai fait, que j’ai fait ces 4 passes, que j’explique à l’école comment je les ai passées ces 4 passes. il y est question de la rencontre du style, et de l’apprentissage d’une sorte de polissage de ce style pour qu’il passe, ce que je prouve.
je me réveille pour de vrai en me répétant des prières en litanie pour faire barrage à quelque chose, à des phrases, des mots très désagréables, je cherche d’autres litanies, d’autres mots que ceux-là, me rends compte que ne dispose d’aucun texte que je connaisse par cœur, de cette façon. le rêve me revient, avec quelque chose de l’ordre d’un « kat, kat, k » qui ne cesse de se répéter, que je ne cesse d’entendre, de faire tourner dans ma tête. je ne sais pas si je dois prendre un anxiolytique, je me lève pour écrire le rêve ici.

Notes:
  1. je mets les guillemets à « réussir » parce qu’hier géraldine m’expliquait comme … avait montré qu’une passe « ratée » était une passe réussie.  et au fond, ça résonne un peu avec la façon dont j’ai pu dire mon analyse ratée, et donc… « réussie ». enfin, dans ce cas-ci, c’est réussi (donc raté?) []
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