vendredi 29 janvier 2021 · 07h48

29 janvier 2021 7h48

Hélène Parker, 
 
Je pensais à diverses choses, en me réveillant. 
Je n’ai jamais compris l’imaginaire de Lacan. Je n’ai jamais compris ce que pouvait être une relation dite imaginaire. Quand un ami intéressé aux choses de la psychanalyse me disait C’est imaginaire ! Je ne comprenais pas. Autant j’ai le sentiment d’avoir perçu ce que c’était le symbolique ou le réel, autant l’imaginaire me paraissait flou. 
Lorsque j’ai appelé, en séance, F du nom de F..réronic, quelque chose de ma colère contre lui est tombé. J’ai pensé : Si me fâcher sur lui, c’est me fâcher sur moi… ça n’en vaut même plus la peine. S’il est le représentant de ce que je déteste en moi… 
Je le lui ai rapporté, ce lapsus. Il m’a remerciée. 
Quelque chose se révélait de ma relation à lui. Est-ce que c’est cela la relation imaginaire? La relation en double. A laquelle manque le manque, où 2 = 1.

Or, me réveillant ce matin je pensais aux hommes que j’ai connus. Ceux qui m’ont le plus touchée, affolée, il a toujours fallu qu’il soient me soient perdus. Ca se passait dans la séparation où j’étais d’eux, dans la coupure. Je ne sais plus comment je suis arrivée à penser ça. 
Concernant F, j’ai pensé au moment où  l’un d’entre nous tomberait malade, mourrait. 
Comme s’il fallait qu’une coupure réelle vienne à suppléer au manque de coupure de la relation imaginaire, en double. Cette coupure (cette séparation, cette perte), et la fête lorsque les peaux se touchent, comme si la peau même devenait le lieu de de cette perte, le gouffre, pendant des années ça m’a interrogée. 
Je ne dis pas que j’en aie trouvé le fin mot ce matin. 
Cette séparation encore se célèbre dans les lettres.
Mais, ça se conjugue aussi, et j’en suis triste, un peu, avec ce que je vous disais de l’extraction. Qu’il aurait fallu, qu’il faudrait, pour que je fasse un livre, que je puisse, du corpus de ce que j’ai écrit, extraire quelques pages. Que cela m’avait toujours paru impossible. 
De même, lorsque j’écrivais le blog, qui a été au plus proche de ce que je pourrais produire, comme œuvre d’art, je me disais : Il ne faut pas coucher sur le temps. Car c’est dont ce qu’il s’agissait pour moi, avec le blog, de « se coucher sur le temps », de faire bloc, blog avec lui. Faire corps. Et ça me paraissait d’une nature contraire à celle de l’œuvre d’art. (L’oeuvre d’art est un objet séparé pas un objet qu’on tient au fond de sa poche, pas un chapelet sur les granins duquel court la main.) Si j’avais pu alors, au temps du blog, au début, supporter la reconnaissance, si j’avais pu le faire en mon nom, peut-être serais-je devenue artiste. 
 
F a acheté deux belles gerbes de fleurs pour sa mère. 
La jeune femme des Pompes funèbres a demandé ce que nous voulions écrire dessus. J’ai parlé de sa « gentillesse infinie » et de remerciements. F a bredouillé Oui, mais non, ce n’est pas ce que… J’ai compris qu’il voudrait inscrire quelque chose de lui… La jeune femme a dit, vous pouvez vous partager les couronnes. On a dit Oui. 
F a décidé d’écrire sur la grande gerbe rouge À ma mère. Et nous a demandé, par WhatsApp, ce qu’on voulait sur la petite (gerbe jaune). Et Stan a dit : À notre grand-mère ? Et F a dit OK. 
Rêve Il y a deux nuits, j’ai rêvé que j’avais la maladie de ma belle mère et que j’allais mourir, rapidement. Je demandais à ma mère d’appeler les urgences mais elle me disait qu’elle ne pourrait pas. J’essayais d’appeler moi-même, mais lorsque je les ai eus en ligne, ma voix sortait très bizarrement, sortait de moi, j’entendais les mots que je m’arrachais péniblement (des mots de papier chiffonné, je crois que j’ai dû tenter de les dire dans mon sommeil, les dire réellement, et entendre cette voix de rien du tout), et je n’arrivais pas à dire ce qui m’arrivait, qui justifiait l’urgence. Je me suis réveillée.
La professeur de français de J nous dit qu’il extraordinairement talentueux dans le maniement de la langue. J’ai dit à F que c’était sans doute nous qui ne le reconnaissions pas suffisamment, là. Il a dit que oui probablement. 
Enterrement demain matin. 
 
VM 
 
NB : J’aimais ma belle-mère et elle-même m’aimait vraiment beaucoup. Je le sais bien.
 

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jeudi 28 mars 2024 · 08h45

Ce qui fera cas

28 mars 24 8h45

Hier donc au matin, cette idée pour le livre d’A, l’idée d’ajouter un personnage qui soit le garant, un personnage inventé qui aurait un diplôme et pourrait dire les chose sans la charge de doute que je suis toujours obligée d’ajouter (ma façon de tout passer au conditionnel). Ce personnage dirait les choses sans précaution. Il aurait mes opinions mais pas ma prudence, pas mon caractère, ma façon de m’effacer. Ce serait un caractère fort. L’introduire de façon un peu drôle. Virginie F. ai-je pensé.

Puis, j’ai repensé aux fracassemeurs et au livre de Gaëlle Obiégly. Je ne sais comment ça s’est mêlé. Mais je me demandais si au fond je ne pourrais pas avancer non plus en mettant en avant le cas, que je suis, en avançant sous sa pancarte, mais en mettant en avant le fonctionnement, la pensée, dans sa singularité.

J’ai pu comprendre ces derniers mois comment je m’étais construite comme cas, dans l’identification à un cas, alors que son livre, Gaëlle Obiégly, elle l’écrit dans la seule description de ce qui est, sans chercher à le caractériser dans une quelconque étiologie. Elle dit voilà les faits, mon intelligence, ma beauté. Je pensais à la façon dont j’avais cherché, depuis le début, depuis le début de mon analyse, depuis qu’avais commencé à lire de la psychanalyse, comment j’avais cherché à faire cas. et tout d’un coup, j’ai entendu comment le fracassemeur s’écrivait comme ça : le « Fera cas » se meurt.

Ce livre de GO a quelque chose d’exemplaire pour moi. Son ton. Ce qu’il s’autorise. De croire à son intelligence, d’y consentir. De consentir à sa nécessité. De n’avoir pas honte.

J’ai pensé alors que que Virginie F pourrait s’appeler Virginie Fracas.

Pour moi, le cas me fait fat tenir. Est-ce qu’i y a « identification imaginaire au cas »? Mais comment sortir de ça. De cet habillage là. Par quoi d’autre le remplacer une fois que je m’aperçois du handicap que cette identification comporte. Handicap par la restriction, handicap par la honte.

Autre chose : ce à quoi je tiens dans cette identification, c’est au livre.

Je lisais de la psychanalyse en me cherchant. En m’attendant à chaque instant à me lire, à tomber sur moi. Particulièrement à ce que Lacan parle de moi.

Le cas. Ce que j’ai fini par comprendre. Le cas est là, se présente à moi dans mes rêves depuis longtemps. C’est de longue date que je l’ai repéré. Mais pas tout de suite comme « cas », plutôt comme « K« . Dans le blog, K est un mot clé. je pourrais l’extraire et en faire un texte à part entière. Comme j’avais commencé à le faire pour « Titi« . Mais c’est un énorme boulot, cette relecture. Je n’ai pas tenu le coup pour Titi. Je n’ai pas terminé. C’est avec la maladie, le Covid, que ça s’est cristallisé pour moi, ce que j’étais comme malade, en quoi je me tenais, avais tenu, à cette identification. Il y a ausii ce désir, le désir que sa particularité, sa différence, ses difficultés soient, par d’autres, dans l’Autre, reconnues « scientifiquement », Et c’est alors aussi la recherche de l’absolution. Ce n’est pas de ma faute. C’est la maladie. Et ça s’explique par le cas, scientifique. C’est chercher/se creuser une place dans l’Autre.

Je pourrais m’appeler Véronique Malade.

Inquiète pour A. et ce qui arrive à R.

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