Leopardi, Baudelaire et Pessoa accordent beaucoup d’importance aux impressions acoustiques, Leopardi et Pessoa plus encore que Baudelaire, qui est un « voyeur- voyant » et un poète proche de la peinture. Mais ses impressions auditives sont fondamentales, en ce qu’elles se réfèrent, comme pour les autres, à des sons particuliers, à une musique souvent populaire, à une musique chantée, et à des souvenirs musicaux le plus souvent revécus sous le signe de la perte. De plus, les effets de ces musiques et de l’émotion qu’elles suscitent sont voisins, comme on le verra. Le vers de Baudelaire « Valse mélancolique et langoureux vertige ! », dans Harmonie du soir, associe quatre éléments que l’on voudrait étudier chez les « poètes du spleen ».
Mois : janvier 2023
Les poètes du spleen, Élisabeth Rallo-Ditche
Lundi 2 janvier 2023
réveil
6h50 CBD, 4 hier soir. Quand j’en prends plus, c’est que je crains quelque chose. Prévenir que guérir.
Vais me recoucher bientôt.
Prends café et porridge. Bu eau (vichy célestins). Avec les excès, pourtant légers, champagne, chips, chocolats, problèmes estomac. Que soigne avec eau bicarbonatée. prescrite par médecin pour calculs que soigne mal, c’est-à-dire ne bois pas.
hier, 1er jan
Hier, 1er janvier, anniv Jules! Rien écrit, mais fait la vaisselle au lever puis sortie chercher tarte rue des Martyrs. A midi, bu soupe cause estomac. Après-midi, relu article sur poésie et sons, et impressions sonores, chez Beaudelaire, Leopardi et Pessoa (incroyable, suis arrivée à me souvenir des 3 noms). Relu pour en parler à D et G. Écrit brouillon mais pas encore envoyé. On a donné les cadeaux aussi à J. A midi et au soir ! Il était content, très. La veille, avec F, avions été acheté à APC les sneakers qu’il nous avait signalées. La balade avait été amusante. Il ne s’y attendait pas tout à fait, je crois, à les recevoir. Je ne sais pas si quelque chose l’a mis de très bonne humeur. Il ne nous dit pas-tout. Son réveillon aussi, avec ses amis s’était bien passé. Après le RV raté avec J2. Au soir a demandé à lire (!). C’est le monde à l’envers. L’enfant qui encourage ses parents à lire. S’est installé au salon pour ça. J’ai repris, du coup, mon livre sur Broodthaers et Mallarmé. Et le renoncement à la chanson, à la rime.( F dit que tout le monde dit tout le temps « du coup ».)
mallarmé-broo
L’article sur les impressions sonores s’achevait sur la chanson dans la poésie. Et le livre démarre sur Mallarmé et la perte du chant. C’est le point qui m’intéresse. La cheville. Broodthaers dit que Mallarmé a alors ouvert le poème à l’espace. Dans la perte de la rime et de ses calculs, l’ouverture à l’espace (de la page) et au hasard. Fallait-il comme l’a fait Broodthaers alors renoncer au livre. Je ne conteste évidemment pas ce choix. Sa motivation m’intéresse. Broodthaers est un lecteur sérieux.

Le livre ? Je ne me souviens plus du titre… Il est fait d’une suite de 3 mots, je crois, séparés par des virgules. Le premier, c’est Muse. Quels peuvent être les 2 autres… J’ai pris le livre dans la chambre hier soir. Sa jolie couverture noire et blanche. Comme un ruban de dentelle dessiné, qui évoque aussi le circuit de train, la traverse. Muse et moule. Et quoi d’autre? Méduse. Marcel Broodthaers – Moule, Muse, Méduse, par Jean-Philippe Antoine aux Presses du réel.
Je vais retourner me coucher.
Je ne pensais pas écrire.
J’écris pour travailler ma mémoire. La mémoire des mots, de l’utilisation du langage. Dont je commence à perdre aussi la grammaire, l’orthographe.
Demain analyste.
La voix de ma tante
La voix de ma tante
Aujourd’hui, j’ai compris combien c’est ta voix qui me manque
Ce dont vois-tu je ne me doutais même pas
C’était tous les ans la même chose, à cette époque de l’année, de la grande fête
Je me trouvais soudain plus seule encore qu’à l’habitude
Des jours durant, agitée, abattue
Malgré moi plongée et replongée dans un passé
Dont l’éclat me revenait par bribes
Celui des papiers brillants
Surtout celui de ta voix riant
Qui s’élançait dans l’escalier traversait la maison envoyait ses ordres s’adressait aux uns et autres et lançait un maelstrom d’activités pour préparer la fête
Des jours et des jours durant, année après année, les mêmes gestes répétés
Et je pouvais te suivre, en silence, partout avec toi accomplir. J’avais ma place dans le monde. Il m’était demandé et je pouvais répondre et je riais aussi sous tes regards discrètement tendres
Est-ce qu’aujourd’hui encore dans l’amour j’attends cette voix sans peur qui prend si largement l’espace et me l’ouvre
On pourrait bien le croire quand l’angoisse referme sur moi son couvercle, à force de silences prolongés
Il est rude de ne plus t’entendre. Ma tante. Et depuis que j’ai compris cela, c’est moi qui donne de la voix, je la donne, tu vois, comme toi, vaillamment, je la lance, j’y mets comme toi autant de gaieté possible. Et je repense à toi.
C’est comme de retrouver jambes, corps, vie.
A cette époque de l’année.
Liens : Titi
Mardi 3 janvier 23
— fâchée
4 gouttes hier. Réveillée vers 6 h, OK. Avais pris aussi psylo, parce que m’étais énervée stupidement contre moi-même. Avais travaillé longtemps au calendrier des divers évènements liés à l’inscription de J dans une école d’art, pour finalement m’apercevoir que m’étais trompée dans les dates. Je me suis mise à râler exagérément, F était dans le canapé, mais je crains que J également ne m’aie entendue… Le problème c’est que dès que je râle, je m’en veux de râler, je m’en veux de me mettre en colère et de l’exprimer, et à la colère s’ajoute une angoisse sourde. C’est de F que je tenais à être entendue. Ce n’est qu’après que je me suis dit que J aussi m’avait peut-être entendue. Il faisait de la peinture. Est-ce que sa porte était ouverte ? Quelle idiote! Je suis sortie finalement, faire des courses pour le dîner et acheter une cigarette.
Je ne me fâche alors, comme hier, j’en suis sûre, que pour passer un mauvais moment. Que pour m’enfoncer dans cette fâcherie. Dans cette haine de moi, et faire peser ça sur le monde, et m’en vouloir. C’est ça qui me prend. Vouloir m’en vouloir. A quoi, je cède.
Ah oui, aussi : pendant toute la journée, j’avais pensé à un mail que je voulais finir et envoyer à D et G, le mail sur la poésie, et je ne l’avais pas fait. Aussi marmonnais-je que j’aurais eu autre chose à faire. Je m’en voulais de n’avoir pas fait ce qui me paraît fondamentalement important et je m’en voulais de faire état de ce « sacrifice » aux autres, de le faire retomber sur eux. Le sacrifice de mon temps consacré aux études de J plutôt que la lettre. Quelle injustice! Alors que le « sacrifice » est beaucoup plus facile à faire. Mais j’étais si inquiète par la lettre non-écrite.
9h23
J, je ne sais pas si tu m’as entendue hier râler parce que je m’étais trompée dans le calendrier, j’avais mis des dates de l’an dernier. Je n’aurais pas dû m’énerver autant. Mais tout va parfois trop vite. Je m’en voulais surtout de n’avoir pas terminé d’écrire un mail à D et G. Ce que j’ai fait alors. On remet parfois de faire des trucs….
Donc, pour les classes préparatoires, jusqu’à présent on n’a que les dates de l’ABA (Ateliers BA de Paris). Pour le reste faut continuer à surveiller…
Bisous
Donc, je viens d’envoyer ça. Est-ce que ça suffit ?
J’avais alors fumé un peu. Ce qui avait entraîné un étourdissement incroyable. Et m’étais calmée.
Pas envoyé le mail à D et G. Envie pourtant de les voir. Mais.
15:27
Lost
Le seul moment où j’arrive à démarrer quelque chose : le matin au réveil. Après…
Mercredi 4 janvier
— rêve : la mémoire s'efface sous le capot de l'ordinateur
CBD, 4 gouttes hier; quand j’ai regardé l’heure au réveil, il était 08h01. Ce soir, j’essaie de passer à 3 gouttes.
F est toujours au lit, dort. Cela veut dire qu’il n’ira pas au travail aujourd’hui, contrairement à ce qu’il avait dit hier et avant-hier. Ce n’est pas aujourd’hui que j’aurai ma journée seule, ce sera demain, où je ne serai pas seule puisque vient la femme de ménage, M.
Cette nuit, rêve, peu de souvenirs.
D’abord, au premier jour d’un week-end des Journées de l’École de la Cause freudienne.
Quelqu’un, je crois, est amoureux de moi. Pas d’autre souvenir. Si ce n’est peut-être celui d’être habillée.Au deuxième jour, au matin, avant d’y aller, dans un grand espace clair, une maison à étages (maison de mon frère, JP ?) .
Un homme va être amoureux de moi, on me le dit, va m’aimer, je vais le rencontrer.
Il y a mes frères, enfants, il y a Jean-Claude, on s’apprête. Ma mère aussi. Je crois qu’elle dit qu’elle va m’accompagner. On se dispute, une dispute terrible, qui fait un trou, au moins dans mon souvenir. Je continue à m’apprêter, vêtements, maquillage, ça traîne, c’est difficile. Il y a des contraintes au niveau des vêtements. Je crains qu’on arrive en retard. A un moment, je suis prête, mais J-C dit qu’il n’est pas pressé. Il dit qu’il pourrait travailler encore avant de partir à quelque chose auquel il devra sinon travailler au soir, en revenant, alors que ça lui prendra trop de temps, parce qu’il a des problèmes avec les titres, en Word, le traitement de texte, avec la hiérarchisation des titres. Il n’y arrive pas. Je dis que je pourrais lui montrer. Il y a un doute sur la possibilité qu’il comprenne ce que je lui montre et que ça lui facilite le travail.Je crois que nous partons.
Nous arrivons aux Journées.
Grand espace clair, hall.
Ma mère arrive.
Mais elle ne vient que pour dire qu’elle ne viendra pas, qu’elle ne m’accompagnera pas. Il y a quelque chose de très triste (à mourir).
Je disparais. Non : elle disparaît. Je me réveille.
08:50, décidément, tout le monde dort.
Je vais me faire encore un café.
Je suis dans la grande salle rideaux rouges encore tirés couchée sur le canapé avec la couverture.
Hier soir, pensais à J-C, me disais que devais lui envoyer ce que hier finalement envoyé à D et G. Et me disais que n’aurais jamais dû quitter l’ECF ou que je n’aurais pas dû renoncer à être psychanalyste. Ou jemesurais ce que j’avais alors perdu. Qu’il y avait un avant et après ce moment là. Après qui avait mené à la conscience d’être folle, d’être psychotique. À cet « être avec ma mère ». « Être en ma mère. »
Au réveil, je pensais à sa mort, je crois. À la façon qu’elle avait eu de faire tout ce qu’il fallait, de tellement bien s’occuper de tout. La mère exemplaire qu’elle avait été.
Maintenant qu’elle va mourir, sa présence ne m’angoisse plus. Pas parce qu’elle va mourir, mais parce qu’elle a tellement changé. Elle n’est plus du tout capable de faire pour nous ce qu’elle faisait et donc elle ne déplore plus du tout de mal le faire. A un moment dans l’analyse, je suis arrivée à ce point d’intraitable : l’angoisse d’elle. Enfin, je dis ça. Mais qu’est-ce que j’en sais.
C’est sa parole qui m’a manquée. Celle de ma tante est venue soulager cela.
J’ai ce sentiment que ce serait ça, que ça pourrait être ça, de ce côté-là, l’objet perdu dans la mélancolie, la parole de ma mère, sa parole manquante. Son silence.
14:16
Fait une soupe au (non pas potimarron, c’est pas si rond, c’est plus oblong, avec un petit cul, il est vrai, plus rond, ça a une jolie couleur d’œuf, ça se pèle, la chair est orangée, il y a des (autre mot qui manque) (pépins ? Non) dans le petit cul rond, que certains sèchent et mangent). Et une salade de chicons (endive) + pomme + huile de noix +
(je passe à la ligne pour mettre un blanc, à cause du temps d’hésitation) vinaigre de cidre +cumin + pincée de sel + poivre + grains de fenouil.
Abécédaire. À O, l’oubli des mots.
G nous écrit qu’elle ne souhaite plus faire le cartel, quel dommage. Écrire à J-C.
Je ne sais plus ce que j’étais venue écrire ici.
F joue. Il a fait les lessives.
Jeudi 5 janvier 2023
— (le numéraire)
3 gouttes hier, et dormi plutôt tard, sans interruption.
G écrit hier qu’elle n’a plus envie de faire le cartel. Il faut que j’appelle. Mais. Il faut que je trouve le moyen de travailler malgré tout sur ce sujet, de la poésie.
Écrire à J-C ? Blog ? Commencer par pure et simple (re-) lecture du livre de Jean-Philippe Antoine ? Marcel Broodthaers- Moule, Muse, Méduse?
Il est difficile, mais passionnant.
Qu’est-ce que Mallarmé appelle « le numéraire »? Quel dictionnaire consulter ? De l’époque peut-être ? Quelle est son époque ? 1842-1898.
Littré
numéraire (nu-mé-rê-r’) adj.
- 1 Qui sert à compter. C’est le seul moyen de fixer quelques points dans l’immensité de l’espace, et de placer un certain nombre de pierres numéraires sur la route éternelle du temps, Buffon, Époq. nat. Œuv. t. XII, p. 2.
Terme de marine. Se dit des signaux qui indiquent un chiffre, un numéro d’ordre.- 2 Particulièrement. Ayant valeur légale, en parlant des espèces qui ont cours. 800 livres, ce qui revenait à près de 146 000 livres numéraires de nos jours, Voltaire, Mœurs, 58. La paye du soldat est restée au même taux qu’elle était il y a deux cents ans : on donne cinq sous numéraires au fantassin, comme on les donnait du temps de Henri IV, Voltaire, Louis XIV, 30.
- 3 S. m. Argent monnayé. Il m’a payé moitié en numéraire, moitié en billets de banque.
Le numéraire fictif, les billets, le papier. L’expérience nous montre partout la nécessité du numéraire réel pour soutenir le numéraire fictif, Mirabeau, Collection, t. II, p. 399.- 4 Terme d’antiquité romaine. Le numéraire, officier chargé de tenir les comptes, comptable.
ÉTYMOLOGIE Lat. numerarius, de numerus, nombre.
« Le papier-monnaie est signe d’or ou signe de monnaie. Le rapport qui existe entre lui et les marchandises consiste tout simplement en ceci, que les mêmes quantités d’or qui sont exprimées idéalement dans leurs prix sont représentées symboliquement par lui. Le papier-monnaie n’est donc signe de valeur qu’autant qu’il représente des quantités d’or qui, comme toutes les autres quantités de marchandises, sont aussi des quantités de valeur.
On demandera peut-être pourquoi l’or peut être remplacé par des choses sans valeur, par de simples signes. Mais il n’est ainsi remplaçable qu’autant qu’il fonctionne exclusivement comme numéraire ou instrument de circulation. Le caractère exclusif de cette fonction ne se réalise pas, il est vrai, pour les monnaies d’or ou d’argent prises à part, quoiqu’il se manifeste dans le fait que des espèces usées continuent néanmoins à circuler. Chaque pièce d’or n’est simplement instrument de circulation qu’autant qu’elle circule. » (Marx, [1867] 1985, p. 105)« Dès lors, l’argent est lui-même marchandise, une chose qui peut tomber sous les mains de qui que ce soit. La puissance sociale devient ainsi puissance privée des particuliers. Ainsi la société antique le dénonce-t-elle comme l’argent subversif, comme le dissolvant le plus actif de son organisation économique et de ses mœurs populaires. » (Marx, [1867] 1985, p. 106 et 107)
Marx Karl, Le Capital, livre I, Sections 1 à 4 (1867), trad. J. Roy, Paris, Flammarion, coll. » Champs », 1985.
Voir aussi Mallarmé entre les arts de Jean-Nicolas Illouz
18:21 Fume à la fenêtre
19:32 Je deviens désagréable quand je ne sais plus quoi faire.
Vendredi 6 janvier
8:15
Couchée tête qui tourne. J’avais fumé donc pris hier 5 ou 6 gouttes de CBD + HTC, mal m’en a pris parce qu à 4 heures quand je me suis levée (pour faire pipi) j’avais la tête qui tournait, j’ai dû m’accrocher aux murs. Et quand je me suis plus tard réveillée vers 8, je ressentais vraiment une immense lourdeur. Qui m’a poussée à prendre 2 immenses bols de Ricoré et 2 petits pains, un avec de la confiture et un avec du choco.
9:41
L’addiction au téléphone.
Samedi 7 janvier
15h43
3 gouttes hier.
Mauvaise nuit.
Je ne sais quel découragement me tombe dessus.
Pourquoi se lever, s’habiller
Pourquoi, comment ?
Et pour quoi faire ?
Lu toute la matinée, un livre que JP m’avait offert. Pas drôle. Je ne sais pas ce qu’il aime chez cette auteure. Ou je sais. Et suis un peu effrayée. Mais il n’y a pas de quoi. Je sais que nous sommes différents.
Et encore une psychanalyste psychotique, une.
16h19
Je vois des psychotiques partout
Suis dans même état qu’il y a 30 ans. J’étais jeune alors. Mais déjà j’avais ces moments où je n’arrivais plus à m’habiller me laver me coiffer
J’ai dit à F que je n’allais pas bien mais je n’obtiens pas le résultat escompté
Mardi dix janvier 2023
Peut-être ne suis-je jamais sortie du giron familial. Peut-être ne suis-je jamais sortie dans le monde faute de trouver comment m’y représenter. Je n’y suis jamais allée seule. Il m’a toujours fallu un autre, pour me représenter, derrière qui m’abriter. Un homme, une femme, un enfant… Je vis dans le régime du « pas sans ». « Pas sans ma mère », « Pas sans un homme ». Ça n’est pas une question de… (mot qui manque)
Quels sont les signifiants du féminisme? Je me pose la question là, à l’instant, parce que le mot qui me manque appartient à la sphère du féminisme, que je ne connais pas du tout…
Ce n’est pas une question de…
Jours derniers, les plus grandes difficultés, j’ai pendant 2 jours maté des séries, une série, ses deux saisons.
Patriarcat, ce n’est pas une question de patriarcat. Ce n’est pas le patriarcat qui a fait que je…
Et je ne suis pas artiste, parce que je ne peux renoncer à rien, je ne supporte de mettre de filtre à rien, nulle part je ne vois rien qui pourrait venir représenter quelque chose de ce que je vis
L’écriture ne pourrait avoir pour moi d’autre sens que celui de me sauver.
(Je ne fais que me répéter.)
mercredi 11 janvier 2023
— « Il y a deux façons chez nous de devenir chamane : soit par la lignée, soit en ayant traversé des maladies ou des accidents »
Sept heures du mat, ou par là. Hier quatre gouttes. Levée à cause de trop de mots dans la tête, difficile à décrire, pas vraiment angoissant, mais ennuyant. Ça a commencé par « fracassemeurs » (mauvaises pensées, mots qui se répètent tel que « haine » ou « meurs » ou « tu es morte ») auxquelles j’opposais pensées « bonnes », puis ça s’est mélangé à des phrases ou des mots interrompus ou par des mots inexistants, des syllabes sans sens, le tout répété, martelé. Encore une fois sans angoisse, sans sentiment de malheur, mais j’ai préféré me lever.
Rêve cette nuit : rêvé de Vlady ! de Vlady et de sa femme, Michèle.
Ils venaient, ils devaient donner un stage. Il fallait tendre ses mains, Vlady passaient entre les participants et il s’est arrêté à moi, j’étais étonnée, il me disait que mes mains étaient pleines de chi et j’étais choisie.
C’est le premier jour, c’est une séance de chi, en fait nous sommes couchés sur le dos, nous dormons je crois, mais nous ne dormons pas, et je sens des choses dans mon ventre, et je sens la lumière environnante, nous devons être à l’extérieur, il y a du soleil, nous sommes dans la nature, couchés sur l’herbe, à l’ombre d’arbres, et je m’étonne, mais nous traversons une sorte de nuit, dont nous sortons, c’est la fin du premier jour, Quelque chose s’est transvasé de Vlady à moi. Vlady est très fatigué.
Soit on fait du tai chi tout de suite, soit on attend le lendemain.
Il y a quelque chose qui empêche d’arriver au lendemain. Quelque chose chez Vlady, sa fatigue.
Hier, vu encore un épisode avec F de cette série coréenne sur Netflix, Somebody, où l’un des personnages est une chamane. Après l’épisode j’ai fait une recherche Google sur le chamanisme en Corée, je ne sais pas vraiment pourquoi, parce que j’avais envie d’en savoir plus, j’ai d’abord surtout regardé les résultats images, et j’ai bien vu des photos avec des chamanes dont les costumes, blancs, ressemblaient à ceux de la série. J’ai appris qu’en Corée c’était surtout des chamanes femmes. Ensuite, j’ai lu un article du Monde, « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les chamanes« , dans lequel il est question du chamanisme dans les différentes parties du monde. Il est un endroit, je ne sais plus où, où l’on devient chamane après être passé par des épreuves, maladie ou autres. Et j’avais pensé que peut-être, si j’avais vécu dans ce pays, je serais devenue chamane. Le chamane est celui qui fait la liaison avec les esprits de la nature ou des morts. Dans la série, c’est un « colonel » qui communique avec la chamane. Qui lui communique ses pouvoirs. Avant de m’endormir, j’avais essayé d’imaginer m’ouvrir à ce qu’il pourrait y avoir d' »autre » en moi et autour de moi et au-delà, de me rendre disponible au plus étranger, peut-être d’ouvrir mes perceptions à la maladie comme à ce qui me serait de plus étranger, m’ouvrir à ce qui vivrait selon de toutes autres lois. Tenter d’ouvrir mes perceptions à ce que je ne saurais absolument pas. Je n’ai rien senti, je crois, mais je me suis vraiment endormie en réfléchissant à cela, en me demandant comment penser ce qui vous serait à la fois le plus personnel et le plus absolument étranger. Et voilà que je fais ce rêve-là !
A la fin du premier jour, Vlady est comme bloqué. Et je me souviens que dans l’article, il est expliqué que lorsqu’une maladie ou une douleur se manifeste, il peut s’agir d’un pouvoir qui est bloqué, et qui lorsqu’il est débloqué, lorsqu’il n’est plus empêché, devient le pouvoir du chamane. C’est comme si à cet endroit-là du rêve, Vlady était atteint par « ma propre maladie »… Enfin, c’est ce que j’avais pensé, que ma maladie pourrait être l’expression d’un pouvoir contraint. Ce n’est pas que j’y croie, à ce pouvoir, mais je pensais que dans d’autres civilisations, d’autres cultures, cette maladie pourrait être perçue autrement. C’est tout de même bien ce que je veux chercher à montrer, démontrer, dire. Jusqu’à quel point notre monde ne tolère absolument pas la folie (que par ailleurs il ne cesse de provoquer (et comment) ) et jusqu’à quel point cette folie n’est pas « calculée », ne peut absolument pas s’inscrire dans l’actuel projet de société du monde contemporain, celui du travail obligatoire, du progrès, de la science, et de la morale. Comment faire place à la contradiction, à l’antinomique, à l’anti-dialectique, à « l’en même temps » m’étais-je demandée dans la journée, sans arriver à le formuler. Que faire de ce qui « ne calcule ni ne juge », comment faire place dans la conscience à ce qui s’oppose à la conscience, à ce qui fonctionne selon d’autres lois ? Le tai chi, tel que je l’ai pratiqué y pense, va vers ça.
Je retrouverai l’article.
Extraits :
« Il y a deux façons chez nous de devenir chamane : soit par la lignée, soit en ayant traversé des maladies ou des accidents », explique Eirik Myraugh, lui-même noaidi, terme qui désigne la fonction de chamane chez les Samis. Ce dernier peuple autochtone d’Europe du Nord est encore en partie nomade éleveur de rennes, mais bien ancré aussi dans la modernité scandinave.
Le chamane est un intermédiaire entre le monde visible et les mondes invisibles, décrits différemment selon les cultures, mais avec de nombreux points communs. Ces espaces sont accessibles par un élargissement de l’état de conscience, plus ou moins profond selon les régions du monde et les pratiques, qui permet de percevoir à travers un ou plusieurs sens ce que nous traduisons par « esprits » ou par « énergie », et d’entretenir une relation privilégiée avec ces dimensions.
jeudi 12 janvier 2023
— fracassemeurs + N
Il est 6h51, j’ai pris une Ricoré et un bout de… (mot qui manque)
J’ai regardé des trucs sur Instagram. Quelques beaux trucs, de jeunes, des jeunes qui se connaissent, qui sont amis, qui font des trucs ensemble, qui se dessinent, se photographient… Il y a quelqu’un qui raconte ses rêves en dessin, c’est vraiment joli. Ça donne envie de savoir dessiner. Je crois que j’aurais pu avoir des amis comme ça. Ça me rend un peu aigrie, ou triste, un peu, en même temps ça me réconforte, le spectacle de ces amis, de savoir que ça existe.
Réveil avant 6h. Pensées… Inquiète à cause de ce dont on parle trop, la retraite. Hier, J : toi tu ne travailles pas, tu n’auras pas de retraite, tu n’auras rien. Chaque fois, quand je pense à ce genre de choses, je pense suicide, le moment venu. Je ne vois pas comment faire face à ça.
Cellequina Pasdenom
Selkina Padenon
Alors, les pensées étaient particulièrement violentes. Au réveil, les fracassemeurs. Il y avait la pensée de la chute aussi. Et puis les pensées à N, les pensées de vengeance, que je n’appliquerai jamais. La dénonciation ou le mail collectif. Raconter ce qui s’est passé. Tout ce que j’ai perdu. La possibilité aussi d’avoir un métier. Puisque c’est ce à quoi je travaillais. Est-ce que ça s’apparente à de la parano ? Je ne sais pas. Je n’invente rien, ça a eu lieu. Non, mais, l’entretien de l’aigreur, de la revanche, la personnification de l’ennemi. Pourquoi, quand est-ce que je retourne à ça ? Elle a abusé. Mais elle était folle, elle est devenue folle. C’est ce que je crois, qu’elle allait très mal. C’est pour ça que je n’ai pas dénoncé. Et puis, je songe à tout ce qu’elle m’a appris. Puis à tout ce qu’elle s’est retenue d’enseigner. Au manque de reconnaissance. À sa jalousie même. À ses abus de pouvoir. À ce qu’elle a pu raconter aux autres. Au désespoir où elle m’a mise. Je n’ai rien dénoncé. J’ai dû abandonner la formation d’enseignante. Tout ça pour quoi ? Pour avoir raconté un souvenir d’enfance. Un terrible souvenir d’enfance. Alors en vrai, je lui souhaite du mal. Et à tous les élèves qui n’ont pas pris contact avec moi. Qui ne ce sont pas souciées de moi. Ni d’A.
8h4
Devrais pas, mais vais me recoucher 1 heure.
J se lève.
8h10
Au lit
« Je me hais Je me hais Je me hais »
Tentative de noter
vendredi 13 janvier
7h41 Réveillée par J, qui commence tôt. Il fait encore noir. Hier 2 gouttes + hhc, + 1 goutte. Profond sommeil. Au réveil, effondrements de sol, dans rêve, sous voiture, une personne aspirée, la sauver, mais comment j’ai fait ?
Hier, quand recouchée après avoir écrit « dénonciation » prof de tai chi, curieusement de tendre humeur. Depuis avant-hier, envie de faire l’amour. C’est rare. Ne veux pas l’exprimer d’ordinaire, et hier n’ai pas cherché à l’exprimer, mais. Me suis rapprochée de F, ai posé ma main, mes mains sur son dos, son ventre, l’ai caressé et serré contre moi. De bonne humeur. Dans le noir de la chambre. Il réagissait doucement, juste ce qu’il faut. Je ne pourrais pas supporter des baisers, je ne suis pas prête. Sommes restés longtemps comme ça. Puis il s’est levé.
Je suis restée encore au lit. J’ai dû faire de l’internet. Il y a des choses intéressantes sur internet, c’est pas le problème. Non, le problème c’est qu’il y en a trop, le zapping. Je vois beaucoup de choses qui me plaisent sur Instagram, des gens, des artistes qui font des choses qui me plaisent. Et beaucoup d’annonces d’expositions que j’ai envie de voir, ou de livres que j’ai envie de lire. Mais ce n’est jamais suivi d’action, je ne m’arrête pas pour prendre note dans un calendrier. Janvier. Ce serait encore le temps d’acheter un calendrier pour ça ? Mais noter les choses comment?
Il fait noir, j’écris dans le noir, j’adore, sur le coin du canapé, mon coin, les rideaux sont tirés, on dirait qu’il ne fait pas beau, j’écris sur mon téléphone, mon « smartphone ». Et j’écoute les bruits de la rue.
Ensuite, hier matin, entendu J revenir déjà de ses premiers cours, bondi hors du lit. Je suis honteuse qu’il me trouve comme ça, au lit. Si je pouvais finir par produire un écrit, ça irait, un travail quelconque, ça justifierait, mais je n’y arriverai jamais, à produire quelque chose de lisible par lui ou F. Ou alors sous un autre nom.
J’ai alors décidé de prendre un bain. De me laver les cheveux. Ils deviennent trop longs, je ne parviens pas à aller chez le coiffeur. Je ne parviens pas à prendre RV. De quoi ai-je peur. Principalement, je repousse toute interruption dans le long continuum de mes jours. Mais aussi, je ne vais pas savoir comment m’habiller, m’apprêter pour aller dehors. Est-ce que c’est ça ? Et puis, il y aura le tête à tête désagréable avec mon image, désagréable et forcé. C’est à chaque fois une surprise. Je ne reconnais pas la personne que je vois.
Je me suis lavé les cheveux, j’ai mis de l’après-shampoing, et ensuite seulement j’ai pris le risque de me doucher. Je n’ose plus faire les 2 en même temps, la douche ne fonctionne plus bien, soit l’eau n’est pas suffisamment chaude soit elle l’est trop. Si je me lave les cheveux agenouillée devant la baignoire sans me mouiller le corps, je peux supporter d’utiliser de l’eau un peu trop froide.
Mais quel intérêt d’écrire tout ça ? Tout devient compliqué à expliquer, je renonce de plus en plus. Le jour se lève, la lumière arrive. Alors, à ce titre, d’exercice, et d’exercice pour la mémoire. Chester sur mes genoux, puis Chester parti. Enfin, on ne sait jamais qu’on tombe sur quelque chose. Là, je visais le grand désagrément où j’étais. Je n’aime pas tout ça, le temps passé à la salle de bain, ces difficultés avec l’eau, l’inconfort, le débit de l’eau qui n’est pas assez fort. Me brûler. Tout ça. Je tempête alors. Est-ce que ce sont ces petits embêtements qui m’ont mise de si mauvaise humeur. S’agissait-il de mauvaise humeur. D’angoisse.? Le jour se lève et je n’aime pas. Je commence à avoir mal aux mains. J’avais dû décider de mettre de l’ordre et mon œil devait déjà y être et ce qu’il voyait ne me plaisait pas. Qui plus est, il fallait que je m’habille et je ne savais pas comment. Je m’habille toujours de la même façon, mais ce n’est pas sans une envie de faire autrement. Je me sentais grosse. Quelque chose était physiquement désagréable, je me le disais. J’ai eu l’idée de mettre la grande robe et les collants. J’ai pensé que ce serait une bonne idée, que je deviendrais jolie, que mon ventre ne m’embêterait plus, mais l’image que le miroir m’a renvoyée était vraiment mauvaise, sans que j’aie besoin de m’y attarder, je l’ai vu, c’était affreux. J’ai attaché mes cheveux qui frisottaient malgré ou à cause du nouveau duo shampoing /après-shampoing utilisé. J’ai mis mes lunettes et j’ai enlevé les chaussettes blanches mises sur les collants noirs, les babouches en cuir roses plutôt que les chaussons en velours noir, ça devenait un plus supportable.
Que s’est-il alors passé. Un temps pour la nourriture, I suppose.
J’ai mis de l’ordre, autant que j’ai pu.
Ce qu’il y a de désagréable, c’est que s’ouvre alors, comme déjà dit plus haut, l’œil qui s’occupe de ça, qui voit alors ça, et ne voit plus que ça, le désordre, et ne trouve pas le moyen de le traiter. Ça n’arrête pas. Je le fais en général sans méthode, je prends le premier objet déplacé (c’est-à-dire non à sa place) qui me tombe sous les yeux en main et je le déplace vers sa place en général l’autre bout de l’appartement, arrivée là, rebelote, je prends, je reprends le premier objet qui sous les yeux déplacé et je le déplace vers sa place, un autre coin de l’appartement. Il y a des tas d’endroits dont je n’ai aucune idée comment les ranger, où les objets dispersés n’ont en fait pas leur place assignée, et où c’est ce travail, d’assignation (symbolique) qui reste encore à faire, je suis confrontée à quelque chose de réel, dans lequel j’ai appris en temps normal à circuler sans le voir, sans mettre en fonction mon œil critique. Le réel est toujours à sa place, dit Lacan. C’est une fois qu’on lui a assigné une place qu’il peut venir à y manquer. Quand je me mets en état de rangement, je me mets en état de voir tout ce qui manque à sa place. Je me plie à un certain ordre du monde que je réfère à une certaine convention qui se fait exigence et qui ne me paraît absolument pas à portée. Je voudrais habiter dès lieux qui ressemblent à un hôtel (de luxe!!). Mais comment font les gens comment font les gens. Cela occupe beaucoup internet, les photos de beaux intérieurs.
Il fait de plus en plus clair. L’effet que ça a sur mes yeux,qui s’élargissent, pour accueillir, c’est agréable.
F dort encore. Où en étais-je ?
Douleur aux mains, pourquoi perdre son temps à l’écrire.
8h57.
Je n’aime pas écrire quand il fait clair, au fond.
Hier, parvenue donc à ranger quelques objets, ensuite mangé à 3. Là, je me suis enfuie de la maison, ce dont j’ai rarement le réflexe. Allée à la bibliothèque, ramené des livres en retard, que je n’avais pas lu. Lu au RDC de la bibliothèque.

[12/01 à 16:38] Eoik: Je suis à la bibliothèque où je lis et il n’y a que des hommes !
[12/01 à 16:38] Eoik: 11 hommes et une femme, moi
[12/01 à 16:39] Frédéric : Zut
[12/01 à 16:39] Eoik: Incroyable, non ?
[12/01 à 16:40] Eoik: Je crois que c’est parce que c’est le coin journaux et revues. Ces hommes viennent lire le journal.
Moi, je lis un bouquin….
[12/01 à 16:43] Eoik: Peut-être qu’ils voudront me chasser.
[12/01 à 16:44] Frédéric: Tu me tiens au courant si ça arrivait
[12/01 à 16:45] Eoik: OK.
[12/01 à 16:59] Eoik: A bunch of white men over 60. Il y a tout de même un jeune homme avec un béret.
Un béret et une fausse écharpe Burberry.
J’ai fait une recherche sur Burberry et extrême droite. Je lisais un livre de Mondzain, il était question d’extrême-droite.
C’est bien de lire à la bibliothèque. Les choses se passait d’une façon telle que j’ai pu sentir que j’avais mal au ventre. Qu’il se passait de mauvaises choses dans mon ventre. Sortie de ma routine, je sortais de l’anesthésie physique qu’elle me procure /provoque. Ce n’était pas désagréable, intéressant. Mais douloureux. Je pensais qu’il fallait que je fasse attention et boive plus, ainsi qu’il m’a été prescrit (calculs). Je me suis promise de boire en rentrant.
Clair, F levé.
Ches, sa tête sur mon pied !
Mais il n’y a pas de soleil.
C’est l’intérêt d’écrire. Passer un peu plus de temps avec l’une ou l’autre pensée, prolonger un fil, un peu plus longtemps.
Je ne suis pas arrivée à lire tout le chapitre que je m’étais proposée de lire., intitulé « Radicalisation », du livre Confiscation, de MJ Mondzain.
Je lis, j’essaie de lire plus, d’arriver au moment où mon attention sera vraiment captée, et je sais que je vais tout oublier.
Pris des photos de certains passages pourtant mémorables.
Quelle femme ! Marie José Mondzain. Il y a marie, il y a j’ose, il y a monde, il y a mondain, il y a haine. Il y a mond, de bouche,en flamand. Il y a zin de zinzin. De saint-saint. Quelle femme !
Je cherche, j’attends ce qu’elle pourrait dire de l’addiction aux images. Elle utilise le terme. Pour elle aujourd’hui (ne pas me croire, je retiens toujours mal), la radicalisation passe par l’addiction aux images.
J’attends qu’elle m’apprenne quelque chose là dessus.
Je l’avais par hasard entendue dans un live de l’école des Beaux-arts sur Instagram, une conférence qu’elle donnait. J’essaie de donner un prolongement à ce qui parfois m’arrête sur internet.
09:28
Le soleil est légèrement sorti, j’écarte mon pied de la tête de Ches. Je me lève de mon canapé.
Samedi 14 janvier
— #localisation de la jouissance dans la psychose
7h42.
Au lit, réveillée à l’instant par J qui commence tôt. Ce courage, l’admiration que j’ai pour lui. Il prend son petit déjeuner seul. Je ne lui prépare rien. Attaque de fracassemeur, mais je ne sais déjà plus lequel. J’ai pris le téléphone uniquement pour noter ça et oups, envolé. Ils sont très difficiles à saisir.
7h48, J sort.
J’éteins la lumière, je ferme les yeux. Saut dans le vide.
8h42, levée, canapé. Dans la rue un camion lent (camion poubelle ?)
« Le parlêtre adore son corps, dit Lacan, parce qu’il croit qu’il l’a. En réalité, il ne l’a pas, mais son corps est sa seule consistance – consistance mentale, bien entendu, car son corps fout le camp à tout instant. Il est déjà assez miraculeux qu’il subsiste durant le temps de sa consumation. – Lacan J., Le Séminaire, livre xxiii, Le sinthome, Paris, Le Seuil, 2005, p. 66. »
L’énigme du corps, Anne Lisy-Stevens
« L’objet n’est pas extrait », « la jouissance n’est pas localisée », disons-nous souvent à propos de cas de psychose. Extraction de l’objet, localisation de la jouissance, retour de la pulsion dans le réel : autant de notions que nous utilisons fréquemment dans la construction des cas ; de même que d’autres, plus proches du dernier enseignement de Lacan : bricolage, invention, arrangements… Comme le fait J.-A. Miller dans le volume Psychose ordinaire, on peut généraliser la fonction « localisation » – elle vaut dans les deux axiomatiques :
« Le corps comme chair, substance jouissante, se trouve affecté par le langage, et il est par là vidé de libido. La libido doit se trouver localisée, sinon elle se déplace à la dérive. Là, on échappe au clivage qui sépare, d’un côté, les troubles du langage, et de l’autre côté, les troubles du corps. Cette thèse est la base même de la clinique borroméenne. »
(…)
Peut-être, parlons-nous plus fréquemment des « phénomènes corporels » à propos des psychoses. Et il est vrai que ces notions permettent de lire et de traiter les manifestations psychotiques, le mal et son remède, avec beaucoup de pertinence. Si la jouissance n’est pas localisée, il faut trouver des moyens de le faire. Il y a alors les modalités d’extraction « sauvage » de l’objet, par exemple dans la mutilation, dans le passage à l’acte. Ou les tentatives de créer un objet extrait, de localiser la jouissance : cela va des enfants qui se « branchent » sur des objets ou des machines, aux douleurs bizarres inexpliquées, les pps, les addictions, qui peuvent être – à voir au cas par cas – des modes de localisation. Ou bien sûr, l’usage ou la fabrication d’objets : l’objet lui-même (cahiers, tableaux, vêtement…) ou le fait de le fabriquer (coudre, peindre ou même chanter) peuvent servir à extraire l’objet. Mais, n’oublions pas que, comme le rappelle Éric Laurent dans le même volume, conformément à la clinique borroméenne, « la névrose n’est pas un rapport normal au corps » – ce qui est normal, c’est plutôt que le corps ne tient pas[20].
Anne Lisy-Stevens, L’énigme du corps
*
Sur l’angoisse et le fantasme (qu’il n’y a pas) dans la psychose
L’angoisse est donc du réel (au sens où comme toute angoisse et pour tout sujet, elle a partie liée avec le réel : « L’angoisse part du réel[41] ») et reste dans la psychose réel « brut », non encadré. J.-A. Miller précise que lorsqu’on a un fantasme, « même quand on est fou à lier, on arrive quand même à s’en tirer, voyez Schreber[42] ». Le sujet paranoïaque en effet parvient à élaborer un fantasme – délirant – avec toutefois cette dimension très spécifique de la certitude du sujet quant à son savoir, quant à sa place d’exception dans le monde, quant à la mission qu’il a à accomplir, etc. C’est ce que souligne encore J.-A. Miller : « La psychose démontre que la non-extraction de l’objet a va de pair avec l’émergence du tout-savoir[43]. »
(…)
La jouissance, qui n’a pas de nom, qui échappe au signifiant, se révèle dans la psychose dérégulée, débridée. Donner un nom aux choses innommables qui s’imposent au sujet, aux phénomènes qui le pénètrent, qui le rendent perplexes et l’angoissent, serait ainsi l’une des visées du traitement à opérer avec ces sujets. C’est ce que préconise par exemple E. Laurent lorsqu’il écrit que le traitement des psychoses est dans le fond « une entreprise de traduction constante de ce qui arrive, de ce qui excède la signification[58] ». Il faut, poursuit-il, « aider le sujet à nommer cette chose innommable. Ce n’est pas l’aider à délirer […]. C’est choisir dans le travail du délire […] ce qui va vers une nomination possible[59] ». C’est également dans ce sens qu’A. Zenoni proposait de « lier l’innommable ou l’insupportable à une dimension symbolique et imaginaire[60] ».
Nommer l’innommable
E. Laurent qu’il faut aider le psychotique à nommer cet innommable, à mettre du signifiant sur le réel qui a surgi. En ce sens, il faut rappeler les derniers mots du séminaire L’angoisse, de Lacan : « Il n’y a de surmontement de l’angoisse que quand l’Autre s’est nommé[65]. » C’est ce à quoi parvient le paranoïaque. G. Pommier, par exemple, indique : « En nommant, le sujet se retranche de ce réel, qu’il apprivoise ainsi. Dire un mot, c’est scarifier l’angoisse[66]. » Faire passer le réel de l’angoisse au signifiant, ou à la lettre, c’est ce à quoi s’est employé H.P. Lovecraft[67], dont il faut connaître l’œuvre, dans laquelle le terme même d’« innommable » revient avec une fréquence assez remarquable chez cet auteur qui, sans nul doute, pourrait être considéré aujourd’hui comme relevant d’une psychose non déclenchée.
De sorte qu’on peut dire que l’angoisse psychotique est une conséquence du phénomène élémentaire – signifiant passé dans le réel –, et que si le sujet ne parvient pas à nommer ce qui lui arrive il n’accédera pas à la dimension pacificatrice de la certitude. Car si la certitude peut amener le sujet psychotique à des actes fous ou à l’élaboration d’un délire, il n’en demeure pas moins que lui, le sujet, vit la réponse inébranlable au phénomène comme un allègement, comme un soulagement de son angoisse. Pour le dire autrement et peut-être plus rigoureusement, citons E. Laurent qui donne ici de façon ramassée sa conception de l’angoisse dans une perspective de diagnostic différentiel : « Ne pourrait-on pas dire que pour le sujet psychotique l’affect vient faire certitude comme humeur ? Contrairement à la névrose, il (l’affect) se produit hors du sujet dans un corps purement extériorisé ou dans un autre de pure extériorité. Le quantum d’affect, lorsque le sujet se trouve dans la position psychotique, renvoie aussi bien au quantum de certitude qui affecte le sujet. On croit, dans la psychose, pouvoir mesurer l’affect ; ce que l’on mesure bien plutôt, c’est le degré de certitude[72]. » Dans le débat qui a suivi cette intervention d’E. Laurent, F. Leguil ajoutait, avec pertinence que : « Dans la psychose, lorsque le degré de certitude est tout à fait avancé, et que le sujet peut vraiment témoigner d’un point dont il est sûr, il y a en général très peu d’affect. » L’on pourrait reformuler : dans la psychose, plus il y a certitude, moins il y a angoisse.
https://www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2013-2-page-185.htm
*
Hier, travaillé toute l’après-midi site de F, après-midi et soirée. Fallait que je résolve le prob. C’est le prob avec ce boulot. Je m’y adonne beaucoup trop totalement. A la fin, étais dans drôle d’état physique. Avec cette crispation à la mâchoire. Cette tension.
Pour ça que pris 2 gouttes de cbd + hhc.
16h55
Quand je suis comme ça, j’aurais besoin qu’on me prenne, qu’on me donne un bain qu’on me frotte frotte, frotte, avec un gant, le corps, qu’on me sèche, qu’on m’habille…
Encore travaillé das suite de F, ensuite impossible en sortir. Addictif. J’ai expliqué ce midi, à table, que ça devait être comme les jeux vidéos. J dit workoholic.
Dimanche 15 janvier
Déjà 07h04.
07h45. Donc plus d’une demi-heure passée sur les internets. Totalement éloignée de ce que j’aurais pu vouloir écrire.
Moments durs, hier.
De nouveau travaille sur site de F. Ça m’engloutit. Très difficile d’en sortir.
Alors sortie. Récupérer lentilles de contact chez l’opticien. Chez Gibert, acheté encres et cahier… Toujours ce rêve de…. Mettre sur papier ? Souvent l’idée l’envie de dessiner d’écrire sur papiers ou cartons destinés au rebut à la poubelle. Mais dessiner écrire quoi. L’envie aussi de reporter sur papier ce que j’ai écrit sur blogs. Mais en le transformant en chose graphique, en l’illibilisant, au mois en partie, en recherche de la matière lettre. En pourvoyant au manque de sens par l’aspect graphique. En offrant à la comprenure mais partiellement. Encres, écritures superposées. Et puis hier, cette nouvelle idée de recopier au propre des parties du blog, dans cahier à petits carreaux et marge rouge.
Acheté encres rouges.
Au retour, vidage avec F du dressing en vue des travaux de réfection de lundi et appart mis dans bordel pas possible. Ça m’a vraiment rendue malade.
Heureusement F parti soirée. Un instant j’ai eu l’impression que le vide s’ouvrait tout autour de moi. Effet boulot et bordel des cartons de F.
Retrouvé calme en faisant vaisselle monstre.
Après, eh bien encore un peu travaillé sur le site F(!)
Là, je retourne me coucher.
Lundi 16 janvier
7h20
Hier 2 gouttes et demi CBD 20 % Full Spectrum . Je veux repasser à 2 .
Je me sens mieux. Plus centrée. Je l’attribue au fait que je suis arrivée à écrire plusieurs jours de suite.
J’écris maintenant dans One Note, et plus dans Evernote. Dans One note sur téléphone.
Je commençais à avoir trop de problèmes avec Evernote.
Je regrette que tout ne soit plus rassemblé en un seul endroit. Tout, les moindres notes. Tout ce qui s’écrit.
Mais, je devrais m’en réjouir.
En effet, cela m’oblige à séparer les notes de journal du reste. Des notes de courses. Ou des notes techniques. Ou des copies d’articles… Pour moi,…, tout ça est de même valeur.
C’est ce avec quoi je me suis battue pour les blogs. J’y mettais tout, et je pensais que l’utilisation de catégories et de mots clés me permettrait d’extraire à un moment donné telle ou telle partie, et je n’y suis simplement pas arrivée. Idem, l’idée d’un livre, le livre serait extrait de ce tout du blog. Évidemment, en soi, le blog constitue déjà une forme d’extraction. Fait déjà office de « canalisation » non de « localisation de la jouissance » dont j’ai appris la notion samedi :
Si la jouissance n’est pas localisée, il faut trouver des moyens de le faire. Il y a alors les modalités d’extraction « sauvage » de l’objet, par exemple dans la mutilation, dans le passage à l’acte. Ou les tentatives de créer un objet extrait, de localiser la jouissance : cela va des enfants qui se « branchent » sur des objets ou des machines, aux douleurs bizarres inexpliquées, les pps, les addictions, qui peuvent être – à voir au cas par cas – des modes de localisation. Ou bien sûr, l’usage ou la fabrication d’objets : l’objet lui-même (cahiers, tableaux, vêtement…) ou le fait de le fabriquer (coudre, peindre ou même chanter) peuvent servir à extraire l’objet.
Pourquoi est-ce que j’écris dans One Note et pas dans un fichier Word. Parce que j’aime écrire sur téléphone. Parce que j’aime écrire dans le noir. Parce qu’un fichier Word trop long deviendrait impossible à utiliser sur téléphone. Parce que l’appli WordPress pour téléphone ne marche malheureusement pas. Sinon, je le ferais là, directement dans le blog et sur téléphone.
Je pourrais la retester . « Connexion impossible. Nous avons reçu une erreur 403 lors de notre tentative d’accès au point de terminaison xml-rpc du site. l’application en a besoin pour communiquer avec le site. Contactez votre hébergeur pour résoudre ce problème. «