Les poètes du spleen, Élisabeth Rallo-Ditche
— Valse mélancolique et langoureux vertige

1 janvier 2023 | janvier 2023 | Cut&Paste | , , , |

Leopardi, Baudelaire et Pessoa accordent beaucoup d’importance aux impressions acoustiques, Leopardi et Pessoa plus encore que Baudelaire, qui est un « voyeur- voyant » et un poète proche de la peinture. Mais ses impressions auditives sont fondamentales, en ce qu’elles se réfèrent, comme pour les autres, à des sons particuliers, à une musique souvent populaire, à une musique chantée, et à des souvenirs musicaux le plus souvent revécus sous le signe de la perte. De plus, les effets de ces musiques et de l’émotion qu’elles suscitent sont voisins, comme on le verra. Le vers de Baudelaire « Valse mélancolique et langoureux vertige ! », dans Harmonie du soir, associe quatre éléments que l’on voudrait étudier chez les « poètes du spleen ».

Lundi 2 janvier 2023

2 janvier 2023 | janvier 2023 | brouillonne de vie | , |

réveil

6h50 CBD, 4 hier soir. Quand j’en prends plus, c’est que je crains quelque chose. Prévenir que guérir.

Vais me recoucher bientôt.

Prends café et porridge. Bu eau (vichy célestins). Avec les excès, pourtant légers, champagne, chips, chocolats, problèmes estomac. Que soigne avec eau bicarbonatée. prescrite par médecin pour calculs que soigne mal, c’est-à-dire ne bois pas.

hier, 1er jan

Hier, 1er janvier, anniv Jules! Rien écrit, mais fait la vaisselle au lever puis sortie chercher tarte rue des Martyrs. A midi, bu soupe cause estomac. Après-midi, relu article sur poésie et sons, et impressions sonores, chez Beaudelaire, Leopardi et Pessoa (incroyable, suis arrivée à me souvenir des 3 noms). Relu pour en parler à D et G. Écrit brouillon mais pas encore envoyé. On a donné les cadeaux aussi à J. A midi et au soir ! Il était content, très. La veille, avec F, avions été acheté à APC les sneakers qu’il nous avait signalées. La balade avait été amusante. Il ne s’y attendait pas tout à fait, je crois, à les recevoir. Je ne sais pas si quelque chose l’a mis de très bonne humeur. Il ne nous dit pas-tout. Son réveillon aussi, avec ses amis s’était bien passé. Après le RV raté avec J2. Au soir a demandé à lire (!). C’est le monde à l’envers. L’enfant qui encourage ses parents à lire. S’est installé au salon pour ça. J’ai repris, du coup, mon livre sur Broodthaers et Mallarmé. Et le renoncement à la chanson, à la rime.( F dit que tout le monde dit tout le temps « du coup ».)

mallarmé-broo

L’article sur les impressions sonores s’achevait sur la chanson dans la poésie. Et le livre démarre sur Mallarmé et la perte du chant. C’est le point qui m’intéresse. La cheville. Broodthaers dit que Mallarmé a alors ouvert le poème à l’espace. Dans la perte de la rime et de ses calculs, l’ouverture à l’espace (de la page) et au hasard. Fallait-il comme l’a fait Broodthaers alors renoncer au livre. Je ne conteste évidemment pas ce choix. Sa motivation m’intéresse. Broodthaers est un lecteur sérieux.

Le livre ? Je ne me souviens plus du titre… Il est fait d’une suite de 3 mots, je crois, séparés par des virgules. Le premier, c’est Muse. Quels peuvent être les 2 autres… J’ai pris le livre dans la chambre hier soir. Sa jolie couverture noire et blanche. Comme un ruban de dentelle dessiné, qui évoque aussi le circuit de train, la traverse. Muse et moule. Et quoi d’autre? Méduse. Marcel Broodthaers – Moule, Muse, Méduse, par Jean-Philippe Antoine aux Presses du réel.

Je vais retourner me coucher.

Je ne pensais pas écrire.

J’écris pour travailler ma mémoire. La mémoire des mots, de l’utilisation du langage. Dont je commence à perdre aussi la grammaire, l’orthographe.

Demain analyste.

La voix de ma tante

3 janvier 2023 | janvier 2023 | brouillonne de vie | , , |

La voix de ma tante


Aujourd’hui, j’ai compris combien c’est ta voix qui me manque
Ce dont vois-tu je ne me doutais même pas
C’était tous les ans la même chose, à cette époque de l’année, de la grande fête
Je me trouvais soudain plus seule encore qu’à l’habitude
Des jours durant, agitée, abattue
Malgré moi plongée et replongée dans un passé
Dont l’éclat me revenait par bribes
Celui des papiers brillants
Surtout celui de ta voix riant
Qui s’élançait dans l’escalier traversait la maison envoyait ses ordres s’adressait aux uns et autres et lançait un maelstrom d’activités pour préparer la fête

Des jours et des jours durant, année après année, les mêmes gestes répétés

Et je pouvais te suivre, en silence, partout avec toi accomplir. J’avais ma place dans le monde. Il m’était demandé et je pouvais répondre et je riais aussi sous tes regards discrètement tendres 
Est-ce qu’aujourd’hui encore dans l’amour j’attends cette voix sans peur qui prend si largement l’espace et me l’ouvre
On pourrait bien le croire quand l’angoisse referme sur moi son couvercle, à force de silences prolongés
Il est rude de ne plus t’entendre. Ma tante. Et depuis que j’ai compris cela, c’est moi qui donne de la voix, je la donne, tu vois, comme toi, vaillamment, je la lance, j’y mets comme toi autant de gaieté possible. Et je repense à toi.
C’est comme de retrouver jambes, corps, vie.
A cette époque de l’année.

Liens : Titi

Mardi 3 janvier 23
— fâchée

3 janvier 2023 | janvier 2023 | brouillonne de vie | , |

4 gouttes hier. Réveillée vers 6 h, OK. Avais pris aussi psylo, parce que m’étais énervée stupidement contre moi-même. Avais travaillé longtemps au calendrier des  divers évènements liés à l’inscription de J dans une école d’art, pour finalement m’apercevoir que m’étais trompée dans les dates. Je me suis mise à râler exagérément, F était dans le canapé, mais je crains que J également ne m’aie entendue… Le problème c’est que dès que je râle, je m’en veux de râler, je m’en veux de me mettre en colère et de l’exprimer, et à la colère s’ajoute une angoisse sourde. C’est de F que je tenais à être entendue. Ce n’est qu’après que je me suis dit que J aussi m’avait peut-être entendue. Il faisait de la peinture. Est-ce que sa porte était ouverte ? Quelle idiote! Je suis sortie finalement, faire des courses pour le dîner et acheter une cigarette.

Je ne me fâche alors, comme hier, j’en suis sûre, que pour passer un mauvais moment. Que pour m’enfoncer dans cette fâcherie. Dans cette haine de moi, et faire peser ça sur le monde, et m’en vouloir. C’est ça qui me prend. Vouloir m’en vouloir. A quoi, je cède.

Ah oui, aussi : pendant toute la journée, j’avais pensé à un mail que je voulais finir et envoyer à D et G, le mail sur la poésie, et je ne l’avais pas fait. Aussi marmonnais-je que j’aurais eu autre chose à faire. Je m’en voulais de n’avoir pas fait ce qui me paraît fondamentalement important et je m’en voulais de faire état de ce « sacrifice » aux autres, de le faire retomber sur eux. Le sacrifice de mon temps consacré aux études de J plutôt que la lettre. Quelle injustice! Alors que le « sacrifice » est beaucoup plus facile à faire. Mais j’étais si inquiète par la lettre non-écrite.

9h23

J, je ne sais pas si tu m’as entendue hier râler parce que je m’étais trompée dans le calendrier, j’avais mis des dates de l’an dernier. Je n’aurais pas dû m’énerver autant. Mais tout va parfois trop vite. Je m’en voulais surtout de n’avoir pas terminé d’écrire un mail à D et G. Ce que j’ai fait alors. On remet parfois de faire des trucs….

Donc, pour les classes préparatoires,  jusqu’à présent on n’a que les dates de l’ABA (Ateliers BA de Paris). Pour le reste faut continuer à surveiller…

Bisous

Donc, je viens d’envoyer ça. Est-ce que ça suffit ?

J’avais alors fumé un peu. Ce qui avait entraîné un étourdissement incroyable. Et m’étais calmée.

Pas envoyé le mail à D et G. Envie pourtant de les voir. Mais.

15:27

Lost

Le seul moment où j’arrive à démarrer quelque chose : le matin au réveil. Après…

Mercredi 4 janvier
— rêve : la mémoire s'efface sous le capot de l'ordinateur

4 janvier 2023 | janvier 2023 | brouillonne de vie, RÊVES |

CBD, 4 gouttes hier; quand j’ai regardé l’heure au réveil, il était 08h01. Ce soir, j’essaie de passer à 3 gouttes.

F est toujours au lit, dort. Cela veut dire qu’il n’ira pas au travail aujourd’hui, contrairement à ce qu’il avait dit hier et avant-hier. Ce n’est pas aujourd’hui que j’aurai ma journée seule, ce sera demain, où je ne serai pas seule puisque vient la femme de ménage, M.

Cette nuit, rêve, peu de souvenirs.

D’abord, au premier jour d’un week-end des Journées de l’École de la Cause freudienne.
Quelqu’un, je crois, est amoureux de moi. Pas d’autre souvenir. Si ce n’est peut-être celui d’être habillée.

Au deuxième jour, au matin, avant d’y aller, dans un grand espace clair, une maison à étages (maison de mon frère, JP ?) .
Un homme va être amoureux de moi, on  me le dit, va m’aimer, je vais le rencontrer.
Il y a mes frères, enfants, il y a Jean-Claude, on s’apprête. Ma mère aussi. Je crois qu’elle dit qu’elle va m’accompagner. On se dispute, une dispute terrible, qui fait un trou, au moins dans mon souvenir. Je continue à m’apprêter, vêtements, maquillage, ça traîne, c’est difficile. Il y a des contraintes au niveau des vêtements. Je crains qu’on arrive en retard.  A un moment, je suis prête,  mais J-C dit qu’il n’est pas pressé. Il dit qu’il pourrait travailler encore avant de partir à quelque chose auquel il devra sinon travailler au soir, en revenant, alors que ça lui prendra trop de temps, parce qu’il a des problèmes avec les titres, en Word, le traitement de texte, avec la hiérarchisation des titres. Il n’y arrive pas. Je dis que je pourrais lui montrer. Il y a un doute sur la possibilité qu’il comprenne ce que je lui montre et que ça lui facilite le travail.

Je crois que nous partons. 

Nous arrivons aux Journées.

Grand espace clair, hall. 

Ma mère arrive.

Mais elle ne vient que pour dire qu’elle ne viendra pas, qu’elle ne m’accompagnera pas. Il y a quelque chose de très triste (à mourir).

Je disparais. Non : elle disparaît. Je me réveille.

08:50, décidément, tout le monde dort.
Je vais me faire encore un café.
Je suis dans la grande salle rideaux rouges encore tirés couchée sur le canapé avec la couverture.

Hier soir, pensais à J-C, me disais que devais lui envoyer ce que hier finalement envoyé à D et G. Et me disais que n’aurais jamais dû quitter l’ECF ou que je n’aurais pas dû renoncer à être psychanalyste. Ou jemesurais ce que j’avais alors perdu. Qu’il y avait un avant et après ce moment là. Après qui avait mené à la conscience d’être folle, d’être psychotique. À cet « être avec ma mère ». « Être en ma mère. »

Au réveil, je pensais à sa mort, je crois. À la façon qu’elle avait eu de faire tout ce qu’il fallait, de tellement bien s’occuper de tout. La mère exemplaire qu’elle avait été.
Maintenant qu’elle va mourir, sa présence ne m’angoisse plus. Pas parce qu’elle va mourir, mais parce qu’elle a tellement changé. Elle n’est plus du tout capable de faire pour nous ce qu’elle faisait et donc elle ne déplore plus du tout de mal le faire. A un moment dans l’analyse, je suis arrivée à ce point d’intraitable : l’angoisse d’elle. Enfin, je dis ça. Mais qu’est-ce que j’en sais.

C’est sa parole qui m’a manquée. Celle de ma tante est venue soulager cela. 

J’ai ce sentiment que ce serait ça, que ça pourrait être ça, de ce côté-là, l’objet perdu dans la mélancolie, la parole de ma mère, sa parole manquante. Son silence.

14:16

Fait une soupe au (non pas potimarron, c’est pas si rond, c’est plus oblong, avec un petit cul, il est vrai, plus rond, ça a une jolie couleur d’œuf, ça se pèle, la chair est orangée, il y a des (autre mot qui manque) (pépins ? Non) dans le petit cul rond, que certains sèchent et mangent). Et une salade de chicons (endive) + pomme + huile de noix +
(je passe à la ligne pour mettre un blanc, à cause du temps d’hésitation) vinaigre de cidre +cumin + pincée de sel + poivre + grains de fenouil.
Abécédaire. À O, l’oubli des mots.

G nous écrit qu’elle ne souhaite plus faire le cartel, quel dommage. Écrire à J-C.

Je ne sais plus ce que j’étais venue écrire ici.

F joue. Il a fait les lessives.

Jeudi 5 janvier 2023
— (le numéraire)

5 janvier 2023 | janvier 2023 | brouillonne de vie | |

3 gouttes hier, et dormi plutôt tard, sans interruption. 

G écrit hier qu’elle n’a plus envie de faire le cartel. Il faut que j’appelle. Mais. Il faut que je trouve le moyen de travailler malgré tout sur ce sujet, de la poésie. 

Écrire à J-C ? Blog ? Commencer par pure et simple (re-) lecture du livre de Jean-Philippe Antoine ? Marcel Broodthaers- Moule, Muse, Méduse? 

Il est difficile, mais passionnant. 

Qu’est-ce que Mallarmé appelle « le numéraire »? Quel dictionnaire consulter ? De l’époque peut-être ? Quelle est son époque ? 1842-1898.

Littré 

numéraire (nu-mé-rê-r’) adj. 

  • 1 Qui sert à compter. C’est le seul moyen de fixer quelques points dans l’immensité de l’espace, et de placer un certain nombre de pierres numéraires sur la route éternelle du temps, Buffon, Époq. nat. Œuv. t. XII, p. 2. 
    Terme de marine. Se dit des signaux qui indiquent un chiffre, un numéro d’ordre. 
  • 2Particulièrement.Ayant valeur légale, en parlant des espèces qui ont cours. 800 livres, ce qui revenait à près de 146 000 livres numéraires de nos jours, Voltaire, Mœurs, 58. La paye du soldat est restée au même taux qu’elle était il y a deux cents ans : on donne cinq sous numéraires au fantassin, comme on les donnait du temps de Henri IV, Voltaire, Louis XIV, 30. 
  • 3 S. m. Argent monnayé. Il m’a payé moitié en numéraire, moitié en billets de banque. 
    Le numéraire fictif, les billets, le papier. L’expérience nous montre partout la nécessité du numéraire réel pour soutenir le numéraire fictif, Mirabeau, Collection, t. II, p. 399. 
  • 4Terme d’antiquité romaine. Le numéraire, officier chargé de tenir les comptes, comptable. 

ÉTYMOLOGIE Lat. numerarius, de numerus, nombre.

« Le papier-monnaie est signe d’or ou signe de monnaie. Le rapport qui existe entre lui et les marchandises consiste tout simplement en ceci, que les mêmes quantités d’or qui sont exprimées idéalement dans leurs prix sont représentées symboliquement par lui. Le papier-monnaie n’est donc signe de valeur qu’autant qu’il représente des quantités d’or qui, comme toutes les autres quantités de marchandises, sont aussi des quantités de valeur. 
On demandera peut-être pourquoi l’or peut être remplacé par des choses sans valeur, par de simples signes. Mais il n’est ainsi remplaçable qu’autant qu’il fonctionne exclusivement comme numéraire ou instrument de circulation. Le caractère exclusif de cette fonction ne se réalise pas, il est vrai, pour les monnaies d’or ou d’argent prises à part, quoiqu’il se manifeste dans le fait que des espèces usées continuent néanmoins à circuler. Chaque pièce d’or n’est simplement instrument de circulation qu’autant qu’elle circule. » (Marx, [1867] 1985, p. 105) 

« Dès lors, l’argent est lui-même marchandise, une chose qui peut tomber sous les mains de qui que ce soit. La puissance sociale devient ainsi puissance privée des particuliers. Ainsi la société antique le dénonce-t-elle comme l’argent subversif, comme le dissolvant le plus actif de son organisation économique et de ses mœurs populaires. » (Marx, [1867] 1985, p. 106 et 107) 

Marx Karl, Le Capital, livre I, Sections 1 à 4 (1867), trad. J. Roy, Paris, Flammarion, coll. » Champs », 1985. 

Voir aussi Mallarmé entre les arts de Jean-Nicolas Illouz 

 

18:21 Fume à la fenêtre  

19:32 Je deviens désagréable quand je ne sais plus quoi faire. 

Vendredi 6 janvier

6 janvier 2023 | janvier 2023 | brouillonne de vie | |

 8:15 

Couchée tête qui tourne. J’avais fumé donc pris hier 5 ou 6 gouttes de CBD + HTC, mal m’en a pris parce qu à 4 heures  quand je me suis levée (pour faire pipi) j’avais la tête qui tournait, j’ai dû m’accrocher aux murs. Et quand je me suis plus tard réveillée vers 8, je ressentais vraiment une immense lourdeur. Qui m’a poussée à prendre 2 immenses bols de Ricoré et 2 petits pains, un avec de la confiture et un avec du choco. 

9:41 

L’addiction au téléphone.  

Samedi 7 janvier

7 janvier 2023 | janvier 2023 | brouillonne de vie |

15h43 

3 gouttes hier. 

Mauvaise nuit.  

Je ne sais quel découragement me tombe dessus. 

Pourquoi se lever, s’habiller 

Pourquoi, comment ?  

Et pour quoi faire ? 

Lu toute la matinée, un livre que JP m’avait offert. Pas drôle. Je ne sais pas ce qu’il aime chez cette auteure. Ou je sais. Et suis un peu effrayée. Mais il n’y a pas de quoi. Je sais que nous sommes différents. 

Et encore une psychanalyste psychotique, une. 

16h19 

Je vois des psychotiques partout 

Suis dans même état qu’il y a 30 ans. J’étais jeune alors. Mais déjà j’avais ces moments où je n’arrivais plus à m’habiller me laver me coiffer  

J’ai dit à F que je n’allais pas bien mais je n’obtiens pas le résultat escompté  

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