Sept heures du mat, ou par là. Hier quatre gouttes. Levée à cause de trop de mots dans la tête, difficile à décrire, pas vraiment angoissant, mais ennuyant. Ça a commencé par « fracassemeurs » (mauvaises pensées, mots qui se répètent tel que « haine » ou « meurs » ou « tu es morte ») auxquelles j’opposais pensées « bonnes », puis ça s’est mélangé à des phrases ou des mots interrompus ou par des mots inexistants, des syllabes sans sens, le tout répété, martelé. Encore une fois sans angoisse, sans sentiment de malheur, mais j’ai préféré me lever.
Rêve cette nuit : rêvé de Vlady ! de Vlady et de sa femme, Michèle.
Ils venaient, ils devaient donner un stage. Il fallait tendre ses mains, Vlady passaient entre les participants et il s’est arrêté à moi, j’étais étonnée, il me disait que mes mains étaient pleines de chi et j’étais choisie.
C’est le premier jour, c’est une séance de chi, en fait nous sommes couchés sur le dos, nous dormons je crois, mais nous ne dormons pas, et je sens des choses dans mon ventre, et je sens la lumière environnante, nous devons être à l’extérieur, il y a du soleil, nous sommes dans la nature, couchés sur l’herbe, à l’ombre d’arbres, et je m’étonne, mais nous traversons une sorte de nuit, dont nous sortons, c’est la fin du premier jour, Quelque chose s’est transvasé de Vlady à moi. Vlady est très fatigué.
Soit on fait du tai chi tout de suite, soit on attend le lendemain.
Il y a quelque chose qui empêche d’arriver au lendemain. Quelque chose chez Vlady, sa fatigue.
Hier, vu encore un épisode avec F de cette série coréenne sur Netflix, Somebody, où l’un des personnages est une chamane. Après l’épisode j’ai fait une recherche Google sur le chamanisme en Corée, je ne sais pas vraiment pourquoi, parce que j’avais envie d’en savoir plus, j’ai d’abord surtout regardé les résultats images, et j’ai bien vu des photos avec des chamanes dont les costumes, blancs, ressemblaient à ceux de la série. J’ai appris qu’en Corée c’était surtout des chamanes femmes. Ensuite, j’ai lu un article du Monde, « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les chamanes« , dans lequel il est question du chamanisme dans les différentes parties du monde. Il est un endroit, je ne sais plus où, où l’on devient chamane après être passé par des épreuves, maladie ou autres. Et j’avais pensé que peut-être, si j’avais vécu dans ce pays, je serais devenue chamane. Le chamane est celui qui fait la liaison avec les esprits de la nature ou des morts. Dans la série, c’est un « colonel » qui communique avec la chamane. Qui lui communique ses pouvoirs. Avant de m’endormir, j’avais essayé d’imaginer m’ouvrir à ce qu’il pourrait y avoir d' »autre » en moi et autour de moi et au-delà, de me rendre disponible au plus étranger, peut-être d’ouvrir mes perceptions à la maladie comme à ce qui me serait de plus étranger, m’ouvrir à ce qui vivrait selon de toutes autres lois. Tenter d’ouvrir mes perceptions à ce que je ne saurais absolument pas. Je n’ai rien senti, je crois, mais je me suis vraiment endormie en réfléchissant à cela, en me demandant comment penser ce qui vous serait à la fois le plus personnel et le plus absolument étranger. Et voilà que je fais ce rêve-là !
A la fin du premier jour, Vlady est comme bloqué. Et je me souviens que dans l’article, il est expliqué que lorsqu’une maladie ou une douleur se manifeste, il peut s’agir d’un pouvoir qui est bloqué, et qui lorsqu’il est débloqué, lorsqu’il n’est plus empêché, devient le pouvoir du chamane. C’est comme si à cet endroit-là du rêve, Vlady était atteint par « ma propre maladie »… Enfin, c’est ce que j’avais pensé, que ma maladie pourrait être l’expression d’un pouvoir contraint. Ce n’est pas que j’y croie, à ce pouvoir, mais je pensais que dans d’autres civilisations, d’autres cultures, cette maladie pourrait être perçue autrement. C’est tout de même bien ce que je veux chercher à montrer, démontrer, dire. Jusqu’à quel point notre monde ne tolère absolument pas la folie (que par ailleurs il ne cesse de provoquer (et comment) ) et jusqu’à quel point cette folie n’est pas « calculée », ne peut absolument pas s’inscrire dans l’actuel projet de société du monde contemporain, celui du travail obligatoire, du progrès, de la science, et de la morale. Comment faire place à la contradiction, à l’antinomique, à l’anti-dialectique, à « l’en même temps » m’étais-je demandée dans la journée, sans arriver à le formuler. Que faire de ce qui « ne calcule ni ne juge », comment faire place dans la conscience à ce qui s’oppose à la conscience, à ce qui fonctionne selon d’autres lois ? Le tai chi, tel que je l’ai pratiqué y pense, va vers ça.
Je retrouverai l’article.
Extraits :
« Il y a deux façons chez nous de devenir chamane : soit par la lignée, soit en ayant traversé des maladies ou des accidents », explique Eirik Myraugh, lui-même noaidi, terme qui désigne la fonction de chamane chez les Samis. Ce dernier peuple autochtone d’Europe du Nord est encore en partie nomade éleveur de rennes, mais bien ancré aussi dans la modernité scandinave.
Le chamane est un intermédiaire entre le monde visible et les mondes invisibles, décrits différemment selon les cultures, mais avec de nombreux points communs. Ces espaces sont accessibles par un élargissement de l’état de conscience, plus ou moins profond selon les régions du monde et les pratiques, qui permet de percevoir à travers un ou plusieurs sens ce que nous traduisons par « esprits » ou par « énergie », et d’entretenir une relation privilégiée avec ces dimensions.