Hadewijch et Lacan – ce réel qui est la solitude

« Ce réel qui est manque et jouissance en même temps, substance et absence, sans nom et sans attributs mais réclamé comme un dû et revendiqué comme une créance, tout tissé de contraires comme un souhait dans un rêve, ce réel n’est-ce pas tout simplement la solitude, « la solitude qui découle du rapport qui ne peut s’écrire ? Car la solitude s’écrit, elle est même ce qui s’écrit par excellence, elle est ce qui d’une rupture de l’être laisse trace.« 

Anne Dunand, « Commentaire de Hadewijch  (poème XVIII) », Ornicar ? 47
(citation, Jacques Lacan, Séminaire XX, Encore, p. 109).

Catherine Millot – L’appel du vide… (extrait d’Abîmes ordinaires)

ici, les photos de ces pages d’Abîmes intérieurs ordinaires de Catherine Millot, qui m’ont tenue en haleine, que je n’ai cessé de me remémorer, de vouloir retrouver, qu’il me faut interroger encore, aimer encore, vouloir encore ; les photos faute d’avoir le temps de les recopier, ce que je ferai plus tard…

il était venu à mon secours en répondant que je pratiquais l’otium cum dignitate
Le refus du travail relevait du défi
mon étrangeté légitime… s’efforcer de se tenir prêt, mais pour qu’elle venue ?
Que mon existence pût se résoudre à cette oscillation aussi dérisoire qu’énigmatique, que cette vaine entreprise en constituât peut-être le sens ultime me remplissait parfois de stupeur.
être la place en attente du

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Éric Laurent, « Mélancolie, douleur d’exister, lâcheté morale », Ornicar? 47

(p. 8) Le sujet et sa cause dans la mélancolie

Éric Laurent, "Mélancolie, douleur d'exister, lâcheté morale", Ornicar? 47, p. 8.
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(p.9) (…) « Voici donc liés le moi primordial comme essentiellement aliéné et le sacrifice primitif comme essentiellement suicidaire. » 13 D’une phrase, (…) Lacan donne sa forme au sacrifice primitif dans le fort/da et les jeux d’occultation, qui sont les premiers jeux de l’enfant : « Nous pouvons les concevoir comme exprimant les premières vibrations de cette onde stationnaire de renoncements qui va scander l’histoire du développement psychique ».14 (…) Le sacrifice primitif est sacrifice du sujet, c’est le rapport à l’Autre qui est paranoïaque. A cet égard, le suicide mélancolique est le pendant du meurtre immotivé sur le versant paranoïde ; c’est
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Un exercice de lecture

par Esthela Solano*

source: https://www.psychaanalyse.com/pdf/lacan_LECTURES.pdf

Le Séminaire « R.S.I »1, d’une grande complexité, inaugure le passage de l’enseignement de Jacques Lacan à ce que Jacques-Alain Miller a nommé « le tout dernier enseignement».

Quel est l’intérêt de Lacan au moment de ce Séminaire?

Celui de toujours, celui de la pratique analytique, au sens de l’opération analytique. Dans ce Séminaire il se pose à plusieurs reprises la question qui l’a occupé tout au long de son enseignement et qu’il reformule dans la leçon du 14 janvier 1975, de la façon suivante : « Qu’est-ce qu’implique que la psychanalyse opère ? »2.

Cette question, qui concerne l’opération du discours analytique, ne va pas sans comporter un questionnement …
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DSM, industrie pharmaceutique et bipolarité

j’ai parlé un peu vite et ne retrouve pas ce à quoi je pensais : l’invention d’un trouble par son inscription dans le DSM qui permette la mise sur le marché d’un médicament.

s’agissant de la bipolarité à tout le moins, je n’ai pas retrouvé ce que je pensais avoir retenu et je tombe sur cette interview d’un psychiatre qui a travaillé au DSM-4, avant de prendre sa retraite et qui en dit ceci :

Le « DSM-IV » a-t-il vraiment stoppé l’inflation diagnostique ?

Oui. Nous avons analysé 93 suggestions de changement et n’en avons retenu que trois. Cependant, ces modifications que nous pensions mineures ont eu des conséquences inattendues. Ainsi le trouble bipolaire de type 2, que nous avons introduit,


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«Une telle âme ne peut rien désirer, ni rien craindre, elle ne soucie ni d’honneur, ni de bien, ni de vie, ainsi n’a-t-elle plus rien à ménager.»

Plus rien à ménager, c’est dire sa liberté.

Mais elle n’est pas sans désir puisque Dieu désire en elle et à travers elle. La manière dont le désir de Dieu la meut, n’est pas sans évoquer la manière dont le désir inconscient se manifeste, court-circuitant la réflexion, voire même la conscience. Il faut se laisser aller à ce qui vous pousse, ou vous meut. Le premier mouvement de l’âme transformée est de Dieu, c’est le bon. On a pu parler, à son propos, de somnambulisme divin, par exemple dans son rapport à l’écriture, où c’est Dieu qui écrit à travers elle.

La belle indifférence de Mme Guyon
Catherine Millot
Dans Insistance 2012/1 (n° 7), pages 89 à 97
https://www.cairn.info/revue-insistance-2012-1-page-89.htm

C’est de la sculpture, je crois, que m’est venue cette habitude de ne penser que sur le moment,

C’est de la sculpture, je crois, que m’est venue cette habitude de ne penser que sur le moment, car j’avais pris l’habitude de ne penser qu’avec les mains et qu’à l’instant d’en faire usage. De la pratique intermittente de la sculpture, j’ai conservé aussi l’habitude du plaisir auquel j’étais par nature predisposée : mes yeux avaient tellement manié la forme des choses que j’en avais appris de mieux en mieux le plaisir, en m’y enracinant. Je pouvais, sans recourir à plus que je n’étais, je pouvais profiter de tout. Exactement comme hier devant la table de mon petit-déjeuner, je n’avais besoin pour former des boulettes de pain, que de la surface de mes doigts et de la surface de la


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Je me levai enfin de ma table, cette femme.

Moi seule saurai si cette faille fut nécessaire.

Je me levai enfin de ma table, cette femme. Ne pas avoir ce jour-là de domestique allait m’autoriser à une occupation à mon goût : faire du rangement. J’ai toujours aimé ranger. Je suppose que c’est là mon unique vacation véritable. En mettant de l’ordre dans les choses, je crée et comprends en même temps. Mais comme je me suis peu à peu enrichie en plaçant assez bien mon argent, je m’en suis retrouvée empêchée d’exercer cette vocation : pour peu que je n’eusse pas appartenu par la culture et l’argent à la classe à laquelle j’appartiens, j’aurais normalement dû avoir un emploi de femme de ménage dans une grande maison de riches, où il y a beaucoup à ranger. Ranger, c’est trouver la meilleure forme. Pour peu que j’eusse été domestique-femme de ménage, je n’aurais pas même eu besoin de ma sculpture en amateure; si de mes mains j’avais pu ranger tout mon saoul. Mettre en forme rangée ?

Ce plaisir toujours interdit de ranger une maison était pour moi si grand que, encore assise à ma table, je m’étais déjà délecte de seulement dresser mon plan. J’avais regardé l’appartement : par où allais-je commencer ?

Et dans l’intention qu’ensuite à la septième heure comme au septième jour, je fusse libre de me reposer et de profiter d’une journée dans le calme. Calme presque sans joie, ce qui me ferait un bon équilibre : c’est à sculpter pendant des heures que j’avais appris ce calme presque sans joie. La semaine précédente je m’étais trop divertie, j’étais trop sortie, j’avais eu à l’excès tout ce que j’avais voulu, et je désirais à présent cette journée telle qu’elle s’annonçait : pesante et bonne et vide. Je la ferai la plus longue possible.

Clarice Lispector, La passion selon G. H.

Clarice Lispector, La passion selon G. H.

livre de toute beauté, qui vous annihile comme il se doit. sur la folie, qui en restitue la cruauté et la joie, l’aridité, la sueur, donne à en entr’apercevoir l’ universelle vérité, celle à laquelle il est tellement impossible de renoncer.

I write just one or two pages a day, yes, only in the morning, and I never add or take out anything.

« I write just one or two pages a day, yes, only in the morning, and I never add or take out anything. But what is important is that I never have a plan or a story in mind. Each page is revealed to me at the moment I start to write. This is the only way that I can write, for writing is not a job for me, nor an art, but a faith, a sort of a personal religion. To continue writing I don’t need to know where I’m headed, only that I can do it, that I’m the only one who can.

le cas Hélène Rytmann Legotien Althusser – les écrits

Amenée à m’intéresser à Althusser par l’article de J-C Encalado déjà cité ici, « Mélancolie d’Althusser » que l’on trouve sur sur son blog, je m’intéresse maintenant à sa femme, Hélène dont-joublie-lenom, peut-être parce qu’elle a été tuée mais beaucoup plus certainement parce qu’elle est dite atteinte du même mal que son Althusser de mari, et que c’est comme une maladie complètement différente. C’est ça qui m’intéresse. Ce que j’en ai lu, de ses difficultés à elle, sous la plume de Louis le mari, la croisée de leurs destins, leurs chemins si peu parallèles, je lis pour en savoir plus une biographie d’Althusser par Yann Moulier Boutang. J’en apprends en effet, mais j’apprends aussi qu’elle a écrit, beaucoup, dont un …
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