mardi 31 janvier 2006 · 12h12

mot d’ordre : travail

Obéisseuse

 

cela dit, si j’en crois ce qui me réveille la nuit, je ne ferais fondamentalement pas la différence entre écrire et n’importe quoi d’autre. et ce qui me réveille la nuit, ça n’est pas tant le désir d’écrire que le travail, que mon travail, celui auquel je travaille trop, qui n’a d’autre raison que de me nourrir et dont je ne suis pas particulièrement fière. celui que je fais à défaut d’arriver à en faire un autre (inhibition). pourtant, c’est lui, qui me réveille. lui, bien plutôt que l’écriture qui sur une échelle de valeur de l’idéal vaudrait pourtant mieux. pourquoi donc ce travail auquel je ne tiens pas, me réveille-t-il, la nuit. ce travail, et aussi, la colère, la rancœur.

pulsion = n’importe quoi. penser à n’importe quoi, à n’importe quel travail (sans la moindre égard à la moindre échelle de valeur ) – donc pas tout à fait n’importe quoi.

exclavagée !

mot d’ordre, “travaille”. (elles m’en libéreraient, plutôt, de ce mot d’ordre, ces pensées qui si bien m’occupent mais m’y mettent rarement. m’y ramènent, au travail, et m’en empêchent.)

dira-t-on S1 = travail? dira-t-on S1, limite au n’importe quoi? posons, S1, signifiant-premier, signifiant identificatoire, entrave à la pulsion. ou/et qui lui creuse une voie nouvelle, par là, vas-y vas-y, jouis!, souterraine souveraine, boyau par où l’écouler?

pulsion à l’œuvre au cœur de ce qui devient devoir de travail (jouis!). elle y est venue pour que le travail se fasse jouissance. l’alléger de son poids de désir. jouissance de désir à l’intérieur du désir même. 

rester sous l’ordre du S1, rester dans l’a-matière de la parole de la pensée.

gênée ration travailleurs !

or, à certains égards, je revendique ce n’importe quoi. d’où le saurais-je qu’écrire vaudrait mieux que de faire la vaisselle? qu’un travail aie plus ou moins de valeur qu’un autre? d’où je le sais, comment je le saurais, ça je ne peux m’empêcher de le remettre en question.

mes pensées, elles, le savent, qui m’orientent vers n’importe quel travail (m’obligent à y penser, me réveillent, et m’en empêchent).

(aveugle pulsion, sans queue ni tête.) (mes pensées elles, elles le savent, elles savent jouir. avec quoi il faut compter – qu’on ne saurait éliminer – qui jouent sur un autre terrain que celui de la valeur (d’usage).) [ compter avec ce qui ne conte pas]

il y a la mort. elle fait la différence. mais la vaisselle, c’est la vie. il y a la mort, il y a le posthume. bien sûr que non, je ne me réveille pas la nuit à cause des vaisselles que j’ai à faire, encore que. je peux, pourrais, me réveiller et enrager, je l’ai dit, le redis. elles sont deux choses à me réveiller : le travail et la rage.

l’ennui, de ces vaisselles, c’est qu’à les faire, m’y employer, je risque encore de jouer à l’esclave due aux basses besognes – là où les autres, les autres eux sont appelés aux hautes sphères. c’est pourquoi la tâche m’incombe de rendre à la vaisselle sa dignité, si tant est qu’elle en ait jamais eu, et la faire valoir.

à quoi je m’attache mais c’est très difficile.

 

 

 crucifiée au travail pour la gloire d’aucun père (ou d’un père à ressusciter, re-susciter).

(j’ai beau faire, je ressasse.
et c’est pourquoi
j’ai opté pour
le n’importe quoi. n’importe quoi plutôt qu’une chose si sanctifiée, plutôt qu’une cause si sanctifiée, qu’elle en devienne impossible. or, il n’est de cause, réellement, qu’impossible,

 

 

(ha ha aussi parce que je suis bien incapable de rien d’autre que de n’importe quoi, alors quoi? n’importe fillette, le n’importe quoi est une initiation. tu pars de (presque) rien.)

samedi 11 février 2006 · 13h21

de duve, la présentation de l’objet

l’impossibilité du ferde Duve encore. je ne me souviens plus bien. l’exposition en 2000 aux Palais des Beaux-Arts de Bruxelles,  dont il a été le commissaire, Voici – 100 d’art contemporain,  que  j’ai tant aimée. dont j’ai offert à droite et à gauche le catalogue.

que dans l’œuvre d’art contemporain il s’agisse plutôt d’une présentation de l’objet – plutôt que de l’œuvre d’art comme lieu d’une énonciation1 .

(serions passés d’un savoir dans le fantasme à un « ça voir » de la pulsion).

s’agirait alors d’un montrer, ce qui au cadre du discours échappe.

impossibilité du fer l’art contemporain se soustrait au discours fantasmatique de la science lequel a phagocyté tous les autres, pour pointer l’objet qui lui échappe fondamentalement. Là : il y a. cet objet qui échappe de façon absolue au commerce, à l’égalisation, la démocratisation des valeurs.

Jacques Muller,  4 figures, 1996, acrylique sur toile 86*74
Jacques Muller, 4 figures, 1996, acrylique sur toile
86*74

Thierry de Duve : l’artiste contemporain nous montre, nous met en présence de l’objet (puisque le dire n’a plus de lieu). C’est un objet dont il s’est détaché, comme sujet, et qu’il nous montre. Vois-là.

devant la télévision pas beaucoup de cet objet ne fait entendre sa voix. (sinon, de ce qu’il en est de lui comme rien qui vaille // sinon, de ce qu’il en est de lui quand, captif du fantasme, puisque c’est le fantasme qui recouvre le manque fondamental de l’objet rien, il fait valoir son rien qui vaille //

la pulsion est cela qui relativise.

(il y a – y-a t’il  ? – un objet –  de base – comme LOM – de base – ka un corps – –  qui ne serait pas n’importe lequel mais qui pourrait se faire représenter par n’importe quoi. dont n’importe quoi pourrait tenir lieu.)

impossibilité du ferIl y a jouissance de la pulsion,  jouissance de l’affinité du réel et du signifiant, de leurs accointances.

« S barré poinçon grand D » écrit d’abord Lacan parlant d’elle. sujet barré poinçonné à la demande. la demande c’est le signifiant. sujet barré poinçonné au signifiant.

il n’y aurait eu jouissance de la pulsion s’il n’y avait eu le signifiant. elle est celle qui se récupère après la perte de la jouissance initiale, après la perte de la Chose, quand le signifiant s’en est venu poinçonner la chose.

c’est le plus-de-jouir.

la jouissance de la pulsion est jouissance du plus-de-jouir, jouissance de la perte. elle-même n’en sait rien. elle ne sait de rien. (là où ça sait, où ça sait l’arrachement, là, ça souffre.)( c’est ça le plus-de-jouir : plus positif côté pulsion, plus négatif, côté désir, côté sujet). (c’est très simple).

le plus-de-jouir c’est l’objet même.

il y a plus-de-jouir tant qu’existe la possibilité du dire.

la possibilité du dire existe tant que dure la vie, lettrumain.

comme possible le dire peut-être infime : 1.

c’est l’in-dit. 1-dit.

c’est l’un sans dit.

1, le dit Un, de la marque, du coup. la barre, le cri. le grand incendie. le nourrisson est le crit qui sort de lui. tu crois qu’il pleure, il naît. il naît trumain.

(ainsi, la pensée procède-t-elle du plus-de-jouir dans la mesure où elle procède de la possibilité du dire.)

le dire sort de la potentialité et introduit à l’impossible.

lacan : faire entendre qu’il s’agit d’impossible et non pas d’impuissance

le dire est un faire. qui se fait dans l’écriture, qui se fait dans l’art, qui se fait sur le divan, qui se fait dans la vie. et le faire est impossible (ce qui fait parler Duchamp  de «L’impossibilité du fer» : le faire est impossible depuis que ce sont les machines qui le font et que Dieu n’est plus là pour dire ce qui est bien, ce qui est mal. plus personne ne sait. le faire est passé à l’impossibilité, à l’impassiblité, depuis qu’on a réduit le faire à la science, à li’mpuissance fondamentale du signifiant : il s’offre comme universel ce qu’il n’est fondamentalement pas. religieuse, la science croit à l’univocité du signifiant. )

Lacan : il n’est d’éthique que du bien-dire. Un dire qui vise en même temps qu’il touche à l’impossible. (un compte-rendu de jouissance, un moment, une passe).

Notes:
  1. avec le tableau comme  «ouverture, fenêtre » sur le monde et  déploiement de l’istoria. []
jeudi 21 décembre 2006 · 23h13

la charge affective en moins

de l’allègement de la charge affective,

de nombreuses choses je vis
qui débarrassées sont
de leur
« charge affective ».

une histoire triste,

Ernst retrouve alors le souvenir suivant : très petit, au moment de la mort de sa sœur, il a commis une chose grave pour laquelle le père l’a battu. Il a alors fait une terrible colère et injurié son père, mais ne connaissant pas d’injures il lui a donné tous les noms d’objets qui lui passaient par la tête : « Toi lampe ! toi serviette ! toi assiette ! » Le père déclare : « Ce petit là deviendra ou un grand homme ou un grand criminel. » A partir de ce moment, son caractère se modifie : il était coléreux, il devient lâche.

de l’imaginaire,

Toute pensée obsessionnelle, qui donne lieu à quelque construction, si loufoque soit-elle, sera toujours liée à la sexualité. La névrose obsessionnelle comporte un érotisation de la pensée.

La formule chez l’obsessionnel comporte toujours une équivalence qui introduit une valeur phallique. Le phallus imaginaire est la véritable unité de mesure. (cfr. le rêve, « mais oui, on peut tout à fait dire que c’est imaginaire »- mais l’ai-je raconté ici?)

L’obsessionnel démontre que la pensée est un parasite, un placage, un cancer dont l’humain est affligé ; la parole parasite le corps à titre de pensée, la pensée affecte le corps. C’est ce que dit Lacan dans le Séminaire XVII, l’Envers de la psychanalyse, p. 176 : « La pensée n’est pas une catégorie. Je dirai presque que c’est un affect. Encore ne serait-ce pas pour dire que c’est le plus fondamental sous l’angle de l’affect. »

de la pensée,

la pensée est privée.

la danse,

la danse est un plaisir et doit le rester.

moi,

je ne sais pas ce que c’est le phallus imaginaire.

vendredi 23 février 2007 · 11h31

dernière séance (sur l’oeuvre d’une vie)

sur « l’œuvre ». le mot n’est pas de moi, de l’a.

parfois, quand je veux écrire, tout se ferme. concernant ce qui se dit en séance, de plus en plus, ça se ferme. ça ne veut pas.

« Mais est-ce que vous ne me parlez pas de l’oeuvre? Est-ce qu’il ne s’agit pas d’une définition de l’oeuvre, exactement ? » Je dis « oui ». Je dis « oui, oui… » Je suis étonnée. En pensée, j’ajoute que probablement s’il fallait mettre un mot sur ce que je viens de dire, ce serait celui-là. Fin de séance, il ajoute encore, l’a., enfin, je ne me souviens plus des termes exacts : « Il ne faut pas renoncer à l’œuvre, jamais ». « Il ne faut pas en rabattre sur l’œuvre. »

(Ce mot!)

Qu’avais-je dit? J’avais posé la question de ma mort, de ce qui se passerait. Non, j’avais évoqué la possibilité que la mort survienne prochainement, et alors, j’aurais pu en penser quoi, de ma vie, à cet instant-là? Ce n’étaient pas les mots, les miens étaient plein de points de suspension. Bien plus pleins de trous. J’avais évoqué la possibilité d’une autre mort, d’un autre moment, où, oui, j’aurais pu me dire, c’est bien, c’est bon, c’est ok.

Je lui avais parlé de ce qu’il m’est arrivé de ressentir au cours des périodes où j’écrivais. Ces moment-là où je me rapproche probablement le plus de ce que j’attends idéalement de moi. Il y a eu des périodes de ma vie, des périodes d’écriture dans ma vie, où j’avais le sentiment, très exceptionnel, unique, de faire ce que je devais. Que c’était cette chose-là, aucune autre. (Ce que ça procure comme sensation, comme sentiment. La différence est absolue, avec tout ce que j’ai pu connaiître).

(tout à l’heure dans la rue, j’ai pensé que le plus difficile à admettre, c’était la solitude, la solitude avec tout ce qu’on vit. la solitude complète. le blog m’a donné l’illusion de croire à la possibilité que cette solitude soit rompue. à une transmission intégrale de ce que je vivais.)

et puis, lui, qui vient avec ce presque gros mot-là, de l’œuvre.

malgré la difficulté, je veux écrire sur ce qui se dit en séance, parce que c’est important. c’est très important.

j’ai des difficultés avec les valeurs. les mots pleins de ces valeurs.

il m’est arrivé cette semaine de penser qu’il ne fallait plus perpétuellement les interroger. qu’il ne fallait plus perpétuellement penser devoir les remettre en cause. il y a des choses qui sont comme elles sont et c’est comme ça. qui sont comme ça pour moi, et c’est comme ça. je pense que f. et moi vivons trop dans la remise en question.

je ne sais pas si ça a un rapport, mais pendant toute la séance, je pensais à cette expression de Lacan : « céder sur son désir ». est-ce que je suis quelqu’un qui pourrait céder sur son désir ? (est-ce que ça a à voir avec le fait que je ne « croie plus en rien ». est-ce que « ne plus croire en rien » ou se croire devoir toujours réinterroger tout ce qui pourrait m’apparaître comme « grand mot », est-ce que ça a à voir avec le fait de « céder sur son désir » ?)

on ne saurait tout le temps interroger tout, puisque simplement on ne sait, ne saurait tout le temps tout. (parfois ne reste que le reste de ce que l’on a su, et c’est suffisant.) il y a, y aurait un temps pour le savoir d’une chose. une chose a son moment de savoir (moins son temps pour comprendre, quoique, que son instant de voir).

pendant la séance je parle de cette chanson de je-ne-sais-plus-qui qui dit « … au fond, je voudrais être juste quelqu’un de bien, quelqu’un de bien, sans grand destin, une amie à qui l’on tient… » comment cette petite chanson m’a émue aux larmes. et comment, à certains égards, cette chanson ne voudrait-elle pas dire : « je voudrais pouvoir céder sur mon désir à mon aise, vivre sans faire de vague, « dire bonjour à la boulangère ». et que ça soit suffisant. »

c’est difficile pour moi de penser qu’il pourrait y avoir des choses qui auraient moins de valeur. c’est très difficile. (je crois que j’ai un analyste qui pourrait donner une définition du mot « valeur ». je pense que j’ai un analyste qui n’a renoncé à la définition d’aucun mot.)

phrase facile : on pourrait faire des petites choses, sa grande œuvre. exactement, phrase facile. le genre de facilité que je m’accorde difficilement.

nous vivons une époque sans majuscule. où les phrases ont perdu leurs majuscules. comme je l’ai dit des milliards de fois, une époque de la pulsion, où tout se vaut, une époque du n’importe quoi, du spectacle, de l’objet. je l’ai dit des milliards de fois. (tiens, je me demande si les Allemands, eux, cessent de mettre des majuscule à chaque substantif…) Les majuscules d’entrée de jeu, d’annonce. d’annonce, de rupture. (la parenthèse, ça serait le contraire de la rupture, c’est la continuité, l’ajout, l’accumulation, le petit truc en plus. je n’ai rien contre. c’est l’ajout d’une voix aussi. d’une différence de ton.)

à propos des blogs, à propos de ce qui m’est arrivé pendant que j’essayais de faire un blog, la subversion de mon rapport à l’écriture, je dis : « c’est la faute à la psychanalyse». c’est faux. (la psychanalyse qui a décrété, qui aurait mis ça en place : « quoique tu diras sur le divan, c’est de l’or. Quoique tu dises, n’importe quoi, il en ressortira toujours quelque chose.) c’est faux, ce n’est pas la faute à la psychanalyse. la psychanalyse a tiré bénéfice de la montée sur scène du n’importe quoi. la psychanalyse, historiquement, ça se situe dans le prolongement de ce que le « Dieu (majuscule) est mort » nietzschéen résume parfaitement.

vendredi 23 février 2007 · 23h03

Notre interprétation, c’est le processus de fabrication même…

« Nous ne détournons pas les objets, en assénant un point de vue, ou en les interprétant d’une manière supposée artistique, nous ne faisons que reproduire l’objet, comme de l’artisanat, poursuit Fischli. Notre interprétation, c’est le processus de fabrication même ; nous prenons notre temps, ou plutôt perdons notre temps, à imiter ces objets manufacturés. Et nous rendons un peu de valeur à quelque chose qui n’en aurait pas normalement. Notre idée est de restituer sa dignité au gobelet en plastique. »
Libération, « Fischli et Weiss – Le parti pris des choses », Jeudi 22 février 2007 (Autour de l’exposition « Fleurs et question », au musée d’Art moderne de la Ville de Paris)

ça me touche, oui. est-ce que je n’ai pas écrit, ici-même, que je voulais lui rendre sa dignité, à la vaisselle?

vendredi 11 septembre 2009 · 10h04

et voilà qu’arrive Bentham et son « jouer à la punaise vaut bien lire de la poésie si la quantité de plaisir est la même

eva hesse contingence
eva hesse : contingence

« et voilà qu’arrive Bentham et son ‘jouer à la punaise vaut bien lire de la poésie si la quantité de plaisir est la même’

qu’est-ce qui dans cette phrase de Bentham choque Freud ?

ce n’est pas qu’il soit question de plaisir, de jouissance qui pose problème, c’est
l’élision de la qualité.

peut-on faire l’économie de la qualité?

qu’est-ce que la qualité?

quel est le rapport de
la jouissance et
de la quantité,
du nombre,
du chiffre.

// dira-t-on
la jouissance est chiffrage
le désir
déchiffrage. //

(quand Jules
fait son
« exposition » dans
mon
bureau.
s’assoit à côté de son « œuvre » qu’il nous a invitées à regarder, contempler.
il nous interroge:
alors, quel est le chiffre
où est le chiffre
vous le voyez? c’est quoi
le chiffre?
(ici, c’est probablement une interprétation qui est demandée. au moins, cette demande, je l’ai entendue.))

à s’en tenir au chiffre, toutes les équivalences
sont permises. toutes comparaisons équivalentes.

(est-ce que quand il demande quel est le chiffre
Jules déjà déchiffre
ou plutôt nous demande
de déchiffrer.
serions-nous ceux-là, celles-là en l’occurrence, puisqu’il s’agissait de ma mère et moi, qui
connaissons le chiffre.

et le chiffre ici, n’est déjà plus n’importe quel chiffre. c’est le chiffre.

et lui, le sait-il le chiffre?
(son chiffre)

chiffre/déchiffrer
défricher.)

et à quoi tient-elle la qualité. elle est en tout cas ce qui fait obstacle à l’équivalence universelle.

1 = 1
1 pomme ≠ 1 poire
1 pomme a le prix d’une poire
1 euro = 1 euro
mais 1 pomme n’est pas 1 poire

la pulsion est acéphale – l’obsession – l’obsessionnalisation du monde contemporain – l’addiction

la différence, la différentiation

qu’apporte la notion de qualité. devenue si difficile à saisir, retenir. par quelle voie? quel moyen?

/ la qualité tient au trauma. /

vendredi 8 octobre 2010 · 15h37

moi aussi, moi non plus

Contrairement à la loi qui veut que le meilleur livre soit celui qu’on est en train d’écrire, le texte au présent le déçoit. Sachs estime qu’il sera bon au futur antérieur. En effet, il sera bon une fois mort.
Maurice Sachs le désoeuvré, Thomas Clerc, p. 36.

Son obsession pour la valeur – Suis-je bon? Suis-je mauvais?…
Ibid., p. 37.



jeudi 18 novembre 2010 · 15h15

perdre

Si l’objet anal est corrélé au narcissisme, c’est aussi que la tendance à détruire, corrélée à sa défense, produit la tendance à retenir, à garder, à conserver. Et c’est là une fonction du narcissisme : ça conserve. L’objet anal, c’est aussi pour Freud qui le tient des obsédés : les enfants, le pénis, l’argent. Toute chose à garder ou à détruire, à perdre plutôt.
Ici, le texte complet : Les objets de l’obsessionnel, conférence de Philippe La Sagna

// un objet anal, trois objets anaux ? // mon sac,
des feuilles de brouillon, un  cours de miller

samedi 9 janvier 2021 · 09h31

Fr…éronique

Chère Hélène Parker,

Je vous demande de ne plus attendre de moi que j’écrive. De me laisser libre de ça. Je n’arrive pas à le formuler, mais autant cela m’a surprise, cela m’a fait plaisir, cela a été important que vous appréciez ce que j’écrivais, autant, ça ne peut pas devenir impératif (je veux dire que j’ai alors pensé que vous attendriez que j’écrive, que vous seriez déçue si je ne le faisais pas).

Je n’osais pas vous le dire, car j’ai aimé votre appréciation. Vous êtes devenue celle qui a aimé ce que j’écrivais. Ce qui me lie à vous d’une façon très spéciale, car vous avez pu reconnaître quelque chose qui ne l’espérait pas, modifiant l’estime que j’ai de moi, l’améliorant.

Or, et j’ai encore vécu cela durant ces vacances : Il me faut rater. Je dois me décevoir. Je ne peux être satisfaite de moi, fière. Et c’est la déception qui est ensuite très difficile à supporter et que j’entretiens.

Cela rejoint ce que F a appelé l’entretien de ma frustration. Frustrée par lui, déçue par moi. Et alors, quelque chose qui s’apparente au dégoût, à la détestation de moi-même, à la haine de F .

C’est comme ça que j’ai fermé des blogs, dès qu’ils commençaient à avoir du succès. Que j’ai cessé d’écrire, dès que l’on m’a dit combien c’était important que je l’écrive. 

Nous en parlions. Il est une reconnaissance qui ne peut m’être adressée, et que je recueillerais pourtant comme une terre assoiffée la pluie. 

Je ne sais pas si j’arriverai à déjouer cela.

Il m’arrive à nouveau d’avoir des idées, de bonnes idées de travail. Elles se succèdent généreusement et  je n’arrive à en réaliser aucune. Tout se met dans mon chemin. Il ne s’agit pas là de procrastination ordinaire.

Ainsi, ces lettres que je n’arrive plus maintenant à finir, ni à envoyer. Je les oublie, je m’en détache, je les abandonne. Ces lettres à vous.

Peut-être que je dois trouver le moyen de travailler sans en avoir eu l’idée auparavant. Dans la seule nécessité ou urgence. Peut-être que je dois trouver un travail qui puisse se situer en dehors de la valeur. Qui soit d’un lien au réel sûr, sans équivoque.

Me dire que je n’écris que pour survivre. Que pour échapper au pire. Rien d’autre. Prise en compte d’aucun idéal. Juste ça : la menace de la maladie devenant trop grande, alors écrire. Le réel de la maladie. Ne tenir qu’à ça.

Peut-être que ça s’écrirait même entre 2 rôles tout simplement, cet empêchement. Celui de mon père, celui de ma mère. Ou, ou. Entre les 2 : rien, moi. Et dès que je suis dans le rôle du père, du créateur, la jouissance de ma mère me rappelle à l’ordre. 

Ainsi, dès que je veux faire une chose qui soit digne de mon idéal, je suis envahie par tout ce qu’il y a faire du point de vue du ménage. Le ménage me sauve de ce que j’attends de moi, de ce que je veux faire. Que je sacrifie alors tout en m’en faisant l’amer reproche. Et là, la colère et la haine de moi-même me rejoignent.

Je peux, dans certaines circonstances, combattre cette colère. 

C’est ce que j’ai fait ces vacances. 

C’est le fruit d’une longue expérience. 

Il s’agit, aussi, de restituer la dignité à l’indigne. Cela ne peut se passer qu’au niveau du réel. Il s’agit d’un dénudement. Ne garder que le geste, sa sensation corporelle, et la lumière entre des yeux presque clos.

Ça serait un pari possible. 

À la vaisselle, au ménage, à ma mère, restituer la dignité. Dignité de vivre tout aussi bien. 

Freud aura voulu sauver le Père, moi c’est la Mère que je ne lâche pas. 

Ce dont je vous ai parlé, Noël. Je ne suis pas arrivée à l’élucider. Je pensais que ça se ferait en séance. 

J’ai choisi pendant ces vacances d’accomplir Noël, plutôt que le travail. 

Et le souvenir me revenait des Noëls de l’enfance et de ce que j’y donnais. De la grande organisation de Noël à Poperinge, ville de ma mère, dans la maison de ma grand-mère. Je vous ai parlé de ma tante. De Titi. Tante Jo, Jozefa, Jefa. Qui à cette grande organisation présidait. J’adorais sa présence, sa façon de faire. Comment elle transformait tout ça en événement auquel chacun était amené à participer. Elle n’avait aucun problème pour se faire aider. Tellement pas comme ma mère. Qui faisait tout, qui ne demandait rien. C’est là, que j’ai reçu un peu de vie, par cette tante qui me demandait des choses en riant, qui tournait tout en organisation joyeuse, festive. Qui m’incluait. Pour Noël, nous travaillions ensemble, elle et moi, plusieurs jours entiers. Des jours pour moi de grande douceur, d’existence. Où nous fumions nous parlions nous fumions nous parlions nous faisions les courses à  bicyclette allions voir la rebouteuse de la ville le curé décorions la cathédrale. Nous parlions, nous rions.

Ici, F demande peu. Voire rien. Et J lui ressemble assez là-dessus.

Il y a beaucoup de silence. 

Chacun dans son ordinateur ou son téléphone ou son jeu vidéo. 

On s’écrit dans WhatsApp. 

Alors, J et moi, on a fait Noël ensemble. 

Il a voulu cuisiner seul, mais il m’a appelée pour que je l’aide et nous avons travaillé ensemble, côte à côte, tranquillement. Pareil pour le grand ménage. 

De son côté, il m’a quelquefois accompagnée dans les courses cadeaux, m’a aidée à choisir. 

Lui, ce qu’il voulait offrir, c’était ça, le repas, le dessert, et le grand ménage du salon. 

Ce qu’il a préparé était très bon. 

Je voulais vous le dire.

Il faut maintenant que je le libère d’avoir à prévenir mes angoisses. Mais, peut-être aussi que les choses se sont montrées, révélées, modifiées, expliquées au fur et à mesure des années. Car c’est d’années qu’il s’agit. Et qu’il apprenne à cuisiner un peu n’est pas une mauvaise chose. Ou de prendre un peu la poussière.

C’est à moi, de me libérer de mes angoisses.

Je vous ai dit que l’angoisse avait tenu à ce que pour moi, la magie de Noël ne pouvait par moi être reproduite, retrouvée. Et que je ne parviendrais pas à donner quoi que ce soit qui soit à la hauteur de ce qui voulait se donner, de ce que je voulais donner, aux autres. Cette année, l’angoisse est en grande partie tombée. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne se soit pas tous donné du mal. 

Je suis parvenue à donner autre chose que rien, les cadeaux, et j’ai dit à F, affirmé l’importance pour moi de ce moment, dit qu’il s’agissait pour moi de la manifestation, même inadéquate, de quelque chose d’inexprimable. Que Noël permettait d’exprimer de façon symbolique et légère. Dans le semblant, le brillant, la répétition, la reprise, la convention, la fête. Le paquet cadeau. Pas loin du potlach. 

Comment j’ai pourtant craqué avec F.

Est-ce qu’il fallait faire rater ce qui avait réussi?

Ce soir du 25 où j’ai voulu lui faire la lecture. 

Et où il m’a répondu : Je fais du Japonais. 

Je me suis mise à le haïr, quand il m’a dit ça, F.

Et quand je vous l’air raconté hier, voulant dire son nom, à lui, Frédéric, voulant dire ma colère contre lui, j’ai dit Fr…éronique.

J’ai voulu dire Frédéric, et c’est mon prénom qui est sorti. 

« Freud dit que dans la mélancolie, le moi est séparé en deux parties, dont l’une vocifère contre l’autre. Cette deuxième partie est celle qui a été altérée par l’introjection, et qui contient l’objet perdu. La partie qui se comporte cruellement renferme aussi la conscience , une instance critique dans le moi. »

C’est comme si, j’avais voulu faire un pas plus loin dans ce qui est l’amour pour moi, du côté de l’Idéal du moi, et qu’en un coup, j’étais rattrapée par tout ce qui n’en veut pas, de l’idéal, et que F incarne assez bien. F fait ce qui lui plaît.

C’est comme si… ma colère contre F, mes colères contre lui n’avaient jamais été que des colères contre moi.

Cela m’est tombé dessus. Je ne suis jamais fâchée que sur moi. Ce n’est jamais que la haine de moi qui s’exprime. Et c’est devenu comme si c’était plus la peine du tout de se fâcher sur lui. Que ça ne voulait plus rien dire. Que ce n’était jamais que le retour de cette étrange, étrangère haine de moi, étrange et intime, qui tout juste profite d’une occasion pour enfin se manifester à l’extérieur, pour enfin se montrer, s’exprimer, trouver ses mots et surtout déployer sa terrible hargne, s’exprimer physiquement, enfin se hurler.

D’apercevoir cela a comme défait ce lien de dédoublement à Frédéric, un étrange sentiment de la vanité de ça, de cette colère, m’est tombé dessus, pour ne plus me quitter.

Ça a été très douloureux et j’ai été rattrapée par les voix qui disent… Je ne sais pas trop ce qu’elles disent.. Ce qu’elles disent, ce qu’elles répètent, ce qu’elles scandent … « Tu t’es tuée, tu es morte, tue-toi, meurs, tu vas te tuer, et les coups que j’imagine fondre sur la tête… « 

Sinon, F vient juste de faire des manips sur mon ordi, qui a cessé de fonctionner, et tous les mails à P et de P ont disparu.

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