The paternal function is tied to an existence that supposes sexuated articulation.“He (a father) can be a model for the function only by realising in it a type of paternal perversion, that is to say, that the cause is a woman whom he acquired in order to give her children, of whom, whether he wants to or not, he takes paternal care”. This surprising recourse to the “perversion” in order to save the subject from psychosis is the fecund way, (a very appropriate way of saying it in this case), for the Name-of-the-Father to be recomposed in a world where the exception is no longer transcendent. It is tangled everywhere. This recourse definitely implies that we renounce the myth of the father of the horde. The “useful” Name-of-the-Father is not the father of the “all”. He needs a regulating fiction in order to exist. The “a la carte” recomposition in the bric-a-brac of tradition, or any other “formalist” conception, requires flesh to subsist. Concerning this, I refer to the developments of J.-A, Miller in Le Neveu de Lacan. There is no need to find its foundation in a hypothetical psychosomatic basis, or to wager everything on the experience of parenting, strictly pragmatic.
Lacan gives a precise foundation to this flesh along a double principle. In the existence of a cause of desire ; and in the love which it may authorize. The consequence is to be read in the following logical sense: he who leads from the drive to love and not the reverse.Extract from » How to recompose the Names-of-the-Father » (Eric Laurent) http://2doc.net/591oy // Translated from: “Comment recomposer les Noms-du-Père?” Élucidation nº 8/9, Paris, Verdier, 2004.
Mois : novembre 2010
le symbolique est de soi impératif (Jean-Luc Nancy)
9 Ce qui spécifie l’impératif catégorique, en revanche, c’est qu’il ordonne sans conditions. Le caractère de commandement n’est pas dans la dépendance d’une fin donnée par ailleurs : il est intrinsèque. De soi, c’est un commandement. Autrement dit, ce qui est commandé et le fait du commandement sont une même chose, ou plus exactement s’entr’appartiennent de manière nécessaire. Il n’y a pas ici le concept d’une fin, d’une part, et d’autre part une volonté qui peut vouloir ou ne pas vouloir cette fin, et qui doit si elle la veut se plier à une contrainte. Il y a au contraire le concept d’une fin qui enveloppe en elle-même la volonté de cette fin et la soumission de cette volonté à l’impératif de cette fin. Le caractère impératif est impliqué dans le concept ou dans la catégorie de la fin.
13 Il s’en suit, par corollaire, que l’impératif hypothétique relève d’un jugement analytique – si ceci est donné, alors cela s’en déduit – tandis que l’impératif catégorique suppose un jugement synthétique : à la raison pure – ou à la catégorie – s’ajoute a priori la motion impérative.
14 La « catégorie », c’est ici l’ordre entier des concepts ou des catégories. C’est la table complète de celles-ci qui s’adjoint l’impératif de sa propre intégralité pratique. Pratiquement, et non formellement, le système de cette fameuse table se prescrit lui-même comme devoir. On fera ici l’économie de l’analyse détaillée des douze catégories : il suffira de dire que leur système présente en effet la totalité des existences déterminées, dans la communauté de leurs rapports – totalité qui en tant que fin pratique serait identique à l’effectuation de la liberté.
15 L’impératif catégorique signifie que le concept d’un monde est indissociable de celui d’un impératif – un monde, cela doit être – et que le concept d’un impératif pur (non relatif à une fin donnée) est indissociable du concept d’un monde : ce qui doit être, c’est un monde, et rien d’autre qu’un monde ne doit, absolument, être mis en œuvre.
16 L’impératif catégorique de Kant inaugure ainsi de manière péremptoire et sans doute irréversible l’âge contemporain de l’éthique : il ne s’agit plus de répondre à une ordonnance donnée, ni dans le monde ni hors du monde dans la représentation d’un autre monde, mais il s’agit d’instaurer un monde là où n’est disponible et discernable qu’un agrégat confus. Il faut faire en ce monde et malgré lui advenir le monde de la raison, ou bien la raison comme monde.
25… et s’il reste exclu que l’être suprême passe de l’être au devoir-être, alors il s’en suit bien plutôt que le « suprême » n’est plus un prédicat de l’être mais que l’impératif devient sa consistance propre, si l’on peut dire. Rien n’est plus haut que le commandement : non pas le « commander », mais l’« être-commandé ». Non pas le sujet-maître, mais le sujet assujetti à cette réceptivité de l’ordre.
26…
Il reçoit l’ordre – il se reçoit en tant que l’ordre – de faire un monde. Mais il ne s’agit pas (et c’est ce que doit comprendre le sujet) de venir occuper la place de l’étant démiurgique, puisque c’est précisément cette place qui vient d’être vidée. Il s’agit de se tenir en ce vide et à lui – c’est-à-dire de rejouer à nouveaux frais ce que « ex nihilo » veut dire. Que rien ouvre un monde et s’ouvre dans le monde, que le sens du monde écarte toute vérité donnée et délie toute signification liée. Que je reçoive, que nous recevions l’ordre de nous tenir dans cette ouverture. C’est impératif, en effet.
Jean-Luc Nancy, « Préface à l’édition italienne de L’Impératif catégorique », Le Portique [En ligne], 18 | 2006, mis en ligne le 15 juin 2009, Consulté le 05 novembre 2010.
URL : http://leportique.revues.org/index831.html
stigma
L’image – le distinct
L’image est toujours sacrée, si l’on tient à employer ce terme qui prête à confusion (mais que j’emploierai tout d’abord, provisoirement, comme un terme régulateur pour mettre la pensée en marche). Le sens de « sacré » ne cesse en effet d’être confondu avec celui de « religieux ». Mais la religion est l’observance d’un rite qui forme et qui maintient un lien (avec les autres ou avec soi-même, avec la nature ou avec une surnature). La religion n’est pas, de soi, ordonnée au sacré. (Elle ne l’est pas non plus à la foi, qui est encore une autre catégorie.)
Le sacré, quant à lui, signifie le séparé, le mis à l’écart, le retranché. En un sens, religion et sacré s’opposent donc comme le lien s’oppose à la coupure. En un autre sens, sans doute, la religion peut être représentée comme faisant lien avec le sacré séparé. Mais en un autre sens encore, le sacré n’est ce qu’il est que par sa séparation, et il n’y a pas de lien avec lui. Il n’y a donc pas, strictement, de religion du sacré. Il est ce qui de soi, reste à l’écart, dans l’éloignement, et avec quoi on ne fait pas de lien (ou seulement un lien très paradoxal). Il est ce qu’on ne peut pas toucher (ou seulement d’un toucher sans contact). Pour sortir des confusions, je le nommerai le distinct.
[…]
Le distinct, selon l’étymologie, c’est cela qui est séparé par des marques (le mot renvoie à stigma, marqué au fer, piqûre, incision, tatouage): cela qu’un trait retire et tient à l’écart en le marquant aussi de ce retrait. On ne peut pas le toucher […] Mais cet impalpable se donne sous le trait et par le trait de son écart, par cette distraction qui l’écarte.
[…]
[où l’on voit que la pulsion trouve sa source dans la marque. et que le pulsionnel est lié au « sacré ».]
L’image est une chose qui n’est pas la chose: essentiellement, elle s’en distingue. Mais ce qui se distingue essentiellement de la chose, c’est aussi bien la force ou l’énergie, la poussée, l’intensité. Toujours le « sacré » fut une force, voire une violence. Ce qui est à saisir, c’est comment la force et l’image appartiennent l’un à l’autre dans la même distinction. Comment l’image se donne par un trait distinctif (toute image se déclare ou s’indique « image » de quelque façon), et comment ce qu’elle donne ainsi est d’abord une force, une intensité, la force même de sa distinction.
[…]
[ et qu’une certaine marque, signifiante, mais sans sens, S1, constitue du sujet sa singularité – sa distinction.]
C’est ce qui ne se montre pas mais qui se rassemble en soi, la force bandée en deçà ou au-delà des formes, mais non pas comme une autre forme obscure : comme l’autre des formes. C’est l’intime et sa passion, distinct de toute représentation. Il s’agit de saisir la passion de l’image, la puissance de son stigmate ou bien celle de sa distraction…
Jean-Luc Nancy, Au fond des images, « L’image – le distinct », Galillée, p. 10 -13
aller n’y aller pas aller n’y aller pas n’y aller pas aller
aller n’y aller pas aller n’y aller pas n’y aller pas aller
n’y aller pas
pas allée
pas été
dormir,
rêver
peut-être.
aller n’y aller pas aller n’y aller pas aller
pas allée
rêvé
pas à rêver.
je n’y suis pas
arrêvée.
rêtée.
tu es a rêtée.
pas bête ça.
shall rêve.
le sens de la vue
« Le sens de la vue » de Breughel l’ancien, 1618, huile sur bois, 65×109, Madrid, Padro
C’est dans « Le sens de la vue » que s’offrent aux regards des tableaux, des sculptures, des objets de mesure (compas, sextants, longue-vue), des bouquets, des architectures et des objets précieux (tapis, orfèvrerie, colliers de perles et pièces d’or et d’argent), un véritable cabinet des merveilles. L’accroissement de l’offre des produits de consommation produisit à cette époque une restructuration de la sensualité qu’illustrent ces scènes sur le thème des cinq sens. Les mises en scène de Brueghel divisent la personne en parties sensorielles correspondant aux domaines de la réalité définis par des biens de luxe. Un personnage allégorique féminin, assez dénudé, souligne un lien entre la consommation de luxe et la libido. La peinture elle-même est convoquée dans son lien ambigu avec le luxe et l’argent
source : art-argent.
un objet de l’art
La religion de l’art pour l’art qui est au cœur du modernisme fut une tentative ultime pour sauver l’aura en sacralisant les œuvres et en les autonomisant. Mais comme Benjamin le voyait dès 1936, le combat était perdu d’avance dès lors que le culte se trouvait condamné à se prendre lui-même pour objet.
Michaud Yves, L’art à l’état gazeux, p. 121
il a construit une littérature qui est d’un purisme extrême, c’est-à-dire qu’il n’a plus jamais permis à quiconque de lui dire : non, non on ne dit pas « reusement », on dit « heureusement », il n’a plus jamais permis ça.
Venons-en, maintenant, à la quatrième figure, qui s’ordonne des rapports du semblant et du sens. Elle surgit à partir du discours psychanalytique où l’écriture est saisie dans les effets de lecture qu’elle permet d’un signifiant. C’est ce qu’illustre l’exemple de Michel Leiris et de sa jaculation « reusement ». Elle est ce qui vient là marquer son premier souvenir, le souvenir-écran de sa vie, et qui marque son rapport au bonheur, ou, plus exactement, son rapport au malheur et son rapport à la femme qui le corrige : il choisit le soldat qu’il aime, un soldat va tomber, il le rattrape juste, il dit « reusement » et sa mère lui dit « non, on ne dit pas « reusement » on dit « heureusement ». Il y a donc ce souvenir qu’il met en tête de ses écrits, en tête de son livre, et à partir de là on sait qu’il a vécu un malheur, point. Il a fait une analyse après une tentative de suicide extrêmement sévère, au cours d’une nuit avec Bataille, ils avaient poussé le bouchon un peu loin, sur le malheur de vivre, etc. Par ailleurs, il a construit une littérature qui est d’un purisme extrême, c’est-à-dire qu’il n’a plus jamais permis à quiconque de lui dire : non, non on ne dit pas « reusement », on dit « heureusement », il n’a plus jamais permis ça. C’est lui qui distribuait les déformations, qui pouvait inventer des codes, déformer les usages, et ça c’est merveilleux, « on ne fait pas des choses comme ça », « mais si voyons on fait comme ça, mais si mon vieux ! »
le vide-médian
La Voie qui peut s’énoncer
N’est pas la Voie pour toujours
Le nom qui peut se nommer
N’est pas le nom pour toujours
Sans nom : Ciel-et-Terre en procède
Le nom : Mère-de-toutes-choses
La Voie/voix, en tant qu’elle est avant tout nomination puis l’effet de nomination, qui fait venir quelque chose, mais quoi ?, car c’est là où ça n’est pas grec : il ne s’agit plus de faire venir à l’être, mais à un certain usage. Le chinois n’est pas une langue indo-européenne, il ne connaît pas le verbe être, à la place de la copule il y a cette invention propre au chinois qui est que le mot Tao veut dire tout à la fois faire et dire, énoncer.