vendredi 23 septembre 2005 · 14h55

Histoire de temps ( celui qui peut projeter le passé dans le futur)

Quand je me réveille, toutes les difficultés afférant* au travail dans lequel je suis, toutes sortes d’idées inquiètes m’engorgent la tête
le cerveau.

Ce matin il me sera apparu** comment le blog oblige à  faire des choses qui puissent accrocher « le visiteur de hasard».*** Que tout y soit sur une seule page, celle de garde, l’index. Chaque note, chaque article devant constituer une petite entité qui puisse être indépendante des autres.

Sans doute m’aura-t-il paru difficile de poursuivre une réflexion – une réflexion qui en passe par l’écriture, de la mener à  son terme, peut-être lointain, à coups d’autant de moments de réflexion qui contiennent ou évoquent suffisamment leur propre terme qu’on puisse les séparer de ceux qui les précèdent et des possibles de ceux qui les suivront. Que je ne puisse m’appuyer sur ce que j’aurais déjà  écrit dans la mesure où ça n’aura pas déjà  été lu.****

Si tout doit se trouver sur l’index, c’est que n’est plus attendu que ce qui est daté d’aujourd’hui. Tout, c’est aujourd’hui. Les archives, c’est accessoire. Ça ne fait plaisir, ça ne rassure ou ça n’inquiète que celui qui les nourrit. Est-ce qu’il y a du nouveau ?

Nous sommes des millions de blogs. Nous disposons des outils de
production. Qu’est-ce qu’on en fait ? Est-ce qu’on surproduit, on
surconsomme ? Que nous soyons des millions me donne un sentiment de communauté,  fût-ce de symptôme. Et je trouve ça bien. On a vu pire qu’écrire. C’est pour ça que je vais voir les autres. Comment est-ce qu’ils s’en sortent. Je les sais les vois différents, mais je m’en fous. On est issu du même moule. Ça crée des liens. Ces liens mêmes que je suis toujours tentée de rompre, pour travailler totalement en autiste, y échapper.*****

Alors pourquoi passer par les blogs, le blog, moi qui connais si bien
l’html et même pire. A cause des liens. Les liens et le moule. Le blog, le temps, fait le lien pour moi. Ce qui tente de se saisir dans le blog, la tentation la force l’impulsion, c’est celle de saisir cette matière impalpable de ce qui s’échappe dans le temps, ce qui se perd.****** Comme si, d’y coller, ça le retiendrait. ça en dirait quelque chose. Et ça en dit quelque chose. C’est même ça qui ressort, qui en ressort le plus magistralement, le vide de tout ça. C’est ici je crois que peut s’entendre que le blog surmoitise. Ce que je cherche à  formuler depuis que je suis là-dedans. Le croisement du blog et du surmoi. Le surmoi se forme à  partir de la parole, à  partir de ce que la parole ne dit pas. Ce qu’elle lève de lièvre absent. Que la voix, sa chair, trahit et que les mots ne disent. Le surmoi entend ce qui ne se dit pas. Pas seulement parce qu’on a manqué de les dire, mais parce qu’ils n’y sont
pas, aurait-on voulu, on n’aurait pas pu. La pensée, quand elle
tourne fou comme la mienne, essaie de combler ce vide, de le nier. Le paradoxe c’est qu’à  force de chercher à  produire du sens, d’en produire, elle rejoigne elle retrouve, de l’insensé (cet insensé du manque) qu’elle tente de recouvrir, la jouissance. La pensée recouvre et recouvre. De son grand manteau recouvre et dans son grand manteau retrouve. La jouissance, c’est ce qui a échappé à  la H de l’histoire, qui nage encore dans le liquide amniotique (Jules ne me démentira pas).

Le choix, dont il m’est arrivé de parler ici, c’est le choix
fait en connaissance de cause : « pas-tout » passe au dit. Le choix donc, en matière de blog, pour moi, c’est de renoncer à un certain « tout dire » qui ne reviendrait jamais qu’à  un amoncellement une accumulation de dits (qui à  l’instar de ma pensée tenteraient derecouvrir le manque du dire). C’est de renoncer à  vivre ma vie comme un livre.
Renoncer à  l’établissement de mes «Oeuvres complètes» (petits papiers compris).

Le surmoi tente de faire passer le « dire » au« dit» à  force des «dits» et en se passant du «dire». Tente d’imposer ça. C’est pour ça que sa force d’impulsion, sa manoeuvre, se fait constante.
Devient constante. Est de l’ordre d’une parole qui ne s’arrêterait pas – murmure incessant. Brouhaha insensé.********

J’ai été trop longue. J’en reste là . Même moi je ne me lirais
jamais si je devais tomber sur moi sur le net. Et je doute que j’arrive jamais à  me relire. Quelque chose cloche.

Aussi, je vous embrasse.

* « afférant » me vient de ce que je lisais Christian Oster hier soir, qui utilise à l’abord de son histoire d’amour un certain type de langage, d’ordinaire réservée aux bureaux. Donnant une idée du décalage entre ce que le narrateur vit et les mots par lesquels il en passe pour le décrire, de la distance entre ce qu’il vit et le langage même. Et donnant une idée d’où le narrateur se tient face à ça, pour supporter ça, cette distance, ce décalage, usant du
langage comme d’une rambarde à laquelle il peut finalement devenir comique de s’accrocher et malgré qu’on en soit là : à devoir s’accrocher.
L’effet n’en n’est pas directement comique, d’abord plutôt doucement étrange. Étrangeté douce plutôt qu’inquiétante, révélée par l’usage même de ce langage bureaucratique. On sent quelque chose de l’ordre d’un acquiescement à la condition humaine, langagière. Acquiescement qui n’est pas résignation dépit : il va vers le plus difficile, on dirait « en marchant sur des œufs», aussi silencieusement que possible, vers l’amour.

** Qu’il me soit « apparu »¦
aussi convenue que soit l’expression, j’aimerais cependant me permettre de préciser que s’il s’agit bien de quelque chose de l’ordre de l’irruption, oui – ça serait comme une révélation, ça
aurait cette force-là , de conviction, c’est pour ça que c’est pénible,
je ne peux rien faire d’autre que d’y croire, sur le moment – à strictement parler, rien ne m’apparait, c’est le noir, j’entends : je m’entends me dire. Et l’usage, auquel je me vois obligée de recourir, du futur antérieur, ce drôle de temps de l’incertitude, d’après la mort, qui anticipe ce moment où il ne restera que des mots, « Words, words, words… » vient de que dès que je me lève, la certitude de mon angoisse se dissipe. Le doute prend.

*** Je pense ici au texte de Marcel Broodthaers qu’on peut lire sur l’index de 2balles : « Je voudrais rompre cette solitude, mais ça ne marche pas, car il n’y a pas foule ici. Et il m’est difficile de donner au pied levé une réponse théorique à votre question sur le visiteur. Disons ceci: je suis toujours heureux de voir arriver ici des amis ou des visiteurs que je connais, car il naît toujours un contact direct. Mais j’aime aussi le visiteur de hasard, bien qu’il viennne le plus souvent sur le conseil d’un ami ou d’une
connaissance. Mon rapport au visiteur est un rapport personnel, mais je me demande si ce n’est pas grâce à ces contacts personnels que ce Musée peut continuer à exister, grâce à la bonne volonté des visiteurs qui acceptent tout simplement ma fiction. Et ce qui m’inquiète, c’est la réaction possible de quelqu’un qui se trouve entièrement en dehors de ce réseau personnel. »

**** Or, c’est aussi ce que je cherchais au départ : « en finir (avec les faux impossibles) ». Apprendre à finir. A quoi, le blog, et son visiteur éclair, obligent.

***** ça a été un soulagement, un coup de panique d’abord puis un soulagement, que de me dire que vraiment ça n’avait pas d’importance qui venait sur mon site, combien ils venaient (les logs, les stat.), et de me débarrasser de l’outil qui me permettait de le savoir.

******* « Si le signifiant est ainsi un creux, c’est en tant qu’il témoigne d’une présence passée. Inversement, dans ce qui est signifiant, dans le signifiant pleinement développé qu’est la parole, il y a toujours un passage, c’est-à -dire quelque chose qui est au-delà de chacun des éléments qui sont articulés, et qui sont de leur nature fugaces, évanouissants. C’est ce passage de l’un à l’autre qui constitue l’essentiel de ce que nous appelons la chaîne signifiante.

Ce passage en tant qu’évanescent, c’est cela même qui se fait
voix – je ne dis même pas articulation signifiante, car il se peut que l’articulation reste énigmatique, mais ce qui soutient le passage est voix. C’est aussi à ce niveau qu’émerge ce qui répond à ce que nous avons d’abord désigné du signifiant comme témoignant d’une présence passée. Inversement dans un passage qui est actuel, il se manifeste quelque chose qui l’approfondit, qui est au-delà , et qui en fait une voix.

Ce que nous retrouvons là encore, c’est que, s’il y a un texte, si le
signifiant s’inscrit parmi d’autres signifiants, ce qui reste après
effacement, c’est la place où l’on a effacé, et c’est cette place aussi
qui soutient la transmission. La transmission est là quelque chose
d’essentiel, puisque c’est grâce à elle que ce qui se succède dans le passage prend consistance de voix. »

Jacques Lacan, Le séminaire, Livre V, Les formations de l’inconscient (1956-1957), p. 343.

******* Oster, qui a du talent,
en usant du langage du moule le plus convenu, le plus éloigné de ce qui le travaille, parvient, dans le sourire, à franchir l’écart, à faire franchir l’écart, celui du dit au dire, à faire entendre sa voix.

 
mardi 2 janvier 2007 · 11h46

cailloux choux, genoux (607)

que je me réveille la nuit continue de me désespérer. surtout quand il s’agit alors de n’éprouver rien d’autre qu’un sentiment de fin du monde.

sommes de retour à paris. n’ai pas osé rester seule à bruxelles avec jules – d’un peu de tristesse seulement peux m’en trouver affectée, que j’observe profonde et menue – ce dernier trait faisant sa force, aussi la mienne, ce pourquoi même ma colère de cette nuit n’aurait pas dû naître; or et en quoi franchement ces insomnies ne se justifient pas, il me semble, sont à combattre (aussi hardiment que possible) (et je pourrais devrais également vous donner des chevaliers tracés à l’encre noire sur blanc papier, d’une blancheur qui évoquerait celle de mon sein, point final).

*

nouvel an par moi promu promis à l’art de la conversation à quoi je le contraire que j’excelle, à quoi je suis très piètre, ce d’autant plus que ces dernières années m’y ont vu de moins en moins m’exercer, que les mots semblent n’avoir plus d’autre motif que celui de me quitter, je veux dire que je les perds et qu’ils vivent de plus en plus nombreux sur le bout de ma langue où le confort ne prime pas (banlieue).

il s’agira d’anlayser ce que.

grand A : l’art de la conversation requiert des partenaires, à tout le moins à ça on ne peut.

mon art de la conversation requerra, soit que je trouve le moyen de faire passer dans la parole la matière première de mes pensées et surabondante, soit que que je trouve le moyen de m’intéresser aux choses, et de partager ce nouvel intérêt, qui a priori ne m’intéressent pas. et a foritiori intéressent d’autant moins mon surmoi. – ce dont la pensée m’est venue au fil de l’écriture de l’avant-précédent post (le recouvrement du surmoi et de la parole pensée, dont la voix ne s’entend que dans la tête).

il pourrait donc s’agir de reprendre sur mon surmoi le pouvoir (voeu 3° donc) – s’il se trouve avère que c’est bien de ce vilain que je suis la victime accablée.

si ça se trouve, je poursuivrai ici la liste de mes bonnes intentions, plus tard.

bas, je vous salue,

nous voilà quittant l’hiver, la couleur pourpre et les épices, les reflets et les soupes,

kiss kiss,

dimanche 23 novembre 2008 · 14h09

Il exprime tout ce qu’il pense, et jamais ce qu’il sent.

« Il exprime tout ce qu’il pense, et jamais ce qu’il sent ». Cette remarque qui concerne aussi bien la vie du sujet que le déroulement de la cure démontre la valeur de défense des symptômes obsessionnels : il s’agit de pensées faites pour se défendre de ce que l’on pourrait sentir.

[…]

La défense fonctionne à la fois par rétention et par contrainte. On saisit là l’importance du rapport au surmoi dans la névrose obsessionnelle. La pulsion et le surmoi sont deux concepts clés de la névrose obsessionnelle. Mais il y a des échecs de la pensée qui se marquent par le retour du refoulé, ainsi : ce bout de réel de la toux qui vient par le corps. La défense échoue nécessairement, car tout ne peut être traité par la pensée, tout n’est pas maîtrisable.

[…]

Ceci nous donne une indication quant à la voie à suivre dans la cure pour que le sujet s’approprie sa vérité : il ne s’agit pas de rester obnubilé par les remparts qu’il dresse. A propos du sujet obsessionnel, Lacan parle de fortifications à la Vauban. Le sujet se remparde, se pétrifie ; sa stratégie de défense c’est de ne pas être là où l’Autre l’attend. Les demandes de l’Autre sont vécues comme autant de menaces devant lesquelles le sujet fait le mort pour préserver son avoir, pour ne pas risquer sa puissance en l’exposant. Dans le Séminaire V, Lacan dit que la névrose obsessionnelle est une place forte du désir. On s’y défend contre la menace imaginaire de l’autre, et on s’ennuie.

« Une pensée dont l’âme s’embarrasse », Conférence de Philippe de Georges, 25 janvier 2007

jeudi 16 septembre 2010 · 14h28

addiction

réponses (rapides) à MHB :

 1 quelles sont les conséquences symptomatiques de cette montée au zénith du surmoi et de cette chute de l’Idéal  dans le traitement du Réel? –> les addictions diverses et variées

2 quelles modifications entraînent-elles dans la cure et la théorie analytiques sur le statut de l’inconscient par exemple? –> heureusement l’inconscient aussi est addictif

3 quelles forces mobiliser dans ce nouvel ordre symbolique contre les forces obscures du surmoi?
–> repartir à zéro (et s’en trouver soulagé), témoigner de la présence réelle de l’inconscient, pointer son goût du jeu, écouter, travailler à la formalisation du symptôme, dénoncer tant que possible les dénis scientifiques

lundi 6 octobre 2014 · 14h51

addict est le nom de symptôme de la jouissance

Lacan annonçait en 1946 une montée en force du surmoi, que plus tard dans son enseignement il définira, en le différenciant de l’Idéal du moi, par l’impératif de jouissance : «Jouis». La généralisation du terme «addiction» est le symptôme qui réalise l’accomplissement de cette montée. Addict est donc le nom de symptôme de la jouissance, et le succès du terme rend manifeste le triomphe de cette dernière sur le désir, enraciné qu’il est dans une division du sujet que, précisément, l’addiction à quelque substance que ce soit fait s’évanouir. Ledit «manque» est, lui, d’un tout autre ordre que le désir. Il relève de la volonté, entendez la volonté de jouissance que Sade mit en scène.

L’Expérience des addicts ou le surmoi dans tous ses états, MARIE-HÉLÈNE BROUSSE

vendredi 12 décembre 2014 · 16h51

le silence de la mère

Vous apportez un éclairage nouveau sur le ravage maternel, lorsque vous indiquez, page 59, qu’une fille peut connaître une forme de laisser tomber de la part de sa mère. Il s’agit non pas d’une absence de soin, de paroles blessantes ou de rejet, mais d’une certaine forme de silence.
Il y a «tout ce que la mère ne peut dire et qui prend toute sa puissance» et «la fille se trouve alors aux prises avec cette jouissance muette». Comment, une cure analytique, qui est une expérience de parole, permet-elle de traiter cette modalité du ravage maternel très spécifique?*

Femmes lacaniennes - Une analyse de la question féminine dans le discours de Lacan sur la psychanalyse et de ses effets sur l'approche de la cure psychanalytique. L'auteure montre qu'en ouvrant des perspectives inédites, le psychiatre a permis un renouvellement de l'acte et de la position du psychanalyste. ©Electre 2014
Femmes lacaniennes, Rose-Paule Vinciguerra – Une analyse de la question féminine dans le discours de Lacan sur la psychanalyse et de ses effets sur l’approche de la cure psychanalytique. L’auteure montre qu’en ouvrant des perspectives inédites, le psychiatre a permis un renouvellement de l’acte et de la position du psychanalyste. ©Electre 2014

Rose-Paule Vinciguerra (à propos de son livre Femmes lacaniennes) : Ce ravage n’est pas celui qu’évoque Freud autour de la revendication phallique de la fille et qui est «insatisfaction pré-castrative» comme le dit Lacan.1 Il met en jeu la jouissance Autre et énigmatique de la femme qu’est la mère. C’est là sans doute que la mère est la plus puissante, elle en devient réelle. Et comment une fille y répondrait-elle si ce n’est par un surmoi dévastateur, une surmoitié2, dont les dits poussent à s’arracher à toute limite, sans appui, sans garantie. Mais il n’y a pas d’Autre de l’Autre pour répondre à l’exigence de cet appel – pas plus d’ailleurs qu’il n’y a de nomination de l’être d’une femme ni de référent substantiel à son corps. À cet égard, les analystes ont à éviter l’illusion de la réparation faite par le «bon parent» venant à la place du parent traumatique.

Une interprétation analytique peut cependant, en apportant le signifiant équivoque qui manque, contrer le réel, inscrire un bord, là où une expérience de jouissance se répète inlassablement.

La fin de l’analyse témoignerait donc de la façon particulière dont a pu se taire cette voix de la surmoitié, ce point de jouissance rebelle à quelque assomption de l’énonciation. La passe peut rendre compte de cela.

* SOURCE : Interview de Rose-Paule Vinciguerra pour son livre Femmes lacaniennes sur le site de l’ECF.

Notes:
  1. Lacan J., Le Séminaire, livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 233 []
  2. Lacan J.,«L’étourdit», Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p.468. []
mercredi 8 août 2018 · 11h46

L’objet voix, extrait (Rose-Paule Vinciguerra)

Comment enfin dans l’analyse, le sujet est-il confronté à la voix ? C’est sous la forme d’une voix venant de l’Autre de la façon la plus radicale, sous la forme d’un « Que veux-tu ? » qu’il la rencontre, en fin d’analyse notamment. À partir de là, pour le sujet, pourra s’opérer un retournement sur lui-même faisant apparaître le point où sa jouissance la plus têtue insiste. Ce Che vuoi ?, dit Lacan, est l’ouvre-bouteille d’un flacon dont le contenu est à découvrir [46]. Dans l’analyse, ce Che vuoi ? va confronter le sujet à la béance du désir de l’Autre concernant son être, à celle de son propre désir en tant qu’Autre. Il renvoie au sujet sa propre demande sur son désir. Comme le héros de Cazotte [47], habité par une volonté de savoir, le sujet en analyse voit s’ouvrir la fenêtre de son fantasme et un sonore Che Vuoi ? le renvoie à ses rapports éprouvants et dangereux avec la jouissance.
 
Il faudra donc, en fin d’analyse, que le sujet confronté à cette question, reconnaisse le manque de garantie de l’Autre, pour que l’objet cause du désir puisse surgir. Ce manque de l’Autre et donc du sujet va s’incarner dans le moins phi de la castration et il devient alors possible au sujet de se repérer avec l’objet a comme perdu mais valant comme symbole du manque.
 
Concernant la voix, objet séparé du corps, c’est comme franchissement du vide de l’Autre qu’elle s’élève en fin d’analyse, dans ce qui s’éprouve de risque vivant. Comme Orphée revenant des Enfers, la voix, s’arrachant sur ce vide de l’Autre, franchit l’Achéron.
 
Ajoutons une remarque latérale : lors de son élaboration ultérieure, dans « L’étourdit » notamment [48], Lacan a avancé qu’en fin d’analyse, c’est surtout à la voix du surmoi en tant que féminin, à une jouissance au-delà de l’Œdipe que le sujet a à s’affronter. Le dire de la sphinge dans la prosopopée que Lacan invente est celui d’un surmoi que Lacan nomme « surmoitié ». En disant « Tu m’as satisfaite » [49], la sphinge invite l’humain à la rejoindre… par la castration réelle ou la mort [50]. C’est, en un sens, à cette jouissance non symbolisée, dont on ne peut rien dire, qu’un sujet est confronté en fin d’analyse.
 
Comment y faire obstacle ? En faisant « se réfuter, s’inconsister, s’indémontrer, s’indécider » ces dits de la sphinge, dit Lacan. En faisant notamment qu’ils apparaissent inconsistants, c’est-à-dire tels qu’on ne puisse leur répondre par oui ou par non, car l’exigence de consistance consiste à fermer l’inconscient.
 
Ces dits doivent aussi « se compléter ». Il y a là une difficulté. De quoi doivent-ils « se compléter » ? Sans doute d’un signifiant manquant jusqu’alors et qui soit susceptible de les déplacer ! C’est la tâche de l’interprétation de fournir ce signifiant qui fera « se compléter » les dits du surmoi. Et cela, précise Lacan, « à partir de ce qui ex-siste des voies de son dire ». Au-delà de ses dits, en effet, et à travers la voix du surmoi, le dire de la sphinge est « satisfais-moi ». Il va donc falloir savoir déchiffrer et deviner d’où s’origine ce dire du « satisfais-moi » enjoignant au sujet de rejoindre cette jouissance illimitée. À cette Autre jouissance, on ne peut que répondre : « il n’y a pas d’Autre de l’Autre ». Le dernier mot qui conviendrait à l’exigence de cet appel, personne ne peut le donner. Au « Jouis » du surmoi, on ne peut répondre que par « j’ouis ».
 
Ainsi, la fin de l’analyse témoignerait de la façon particulière dont chacun a su « faire taire » la voix inarticulée, ce point de jouissance « inassumable » au cœur de l’énonciation, d’une façon autre que par la voie du fantasme qui croit seulement qu’il s’en échappe.
 
La voix dont parle la psychanalyse n’est donc pas la voix modulée que l’on entend. Elle n’est pas en rapport à la musique mais en rapport à la parole, distincte des sonorités, articulée. Lorsqu’elle résonne dans le vide de l’Autre, c’est celle d’un sujet qui a su faire taire un « Viens » envoûtant et menaçant et prendre appui sur son propre dire en acte pour advenir. Ainsi, la voix peut-elle s’isoler comme « noyau de ce qui, du dire, fait parole » [51].
 
 
[46] Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir »,…
[47] Cf., Cazotte, Le diable amoureux, Paris, Gallimard,…
[48] Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, Paris, Le…
[49] Ibid.
[50] Laurent É, « Positions féminines de l’être », cours…
[51] Lacan J., D’un Autre à l’autre, op. cit., p. 351.
 
https://www.cairn.info/revue-la-cause-freudienne-2009-1-page-134.htm
 
mercredi 8 août 2018 · 12h30

Le Surmoi partenaire de l’Amour
— Vicente Palomera

 Amour et culpabilité  

La clinique psychanalytique permet de constater que  les liens de l’amour avec ce qui le conditionne sont  loin d’être aussi puissants que ceux qu’il a avec cet  Autre, obscur, derrière lequel pointe le surmoi.  Jekels et Bergler ont souligné cette évidence sur le plan clinique dans un article :  « Übertragung und  Liebe » 1 .  Dans son  Séminaire VIII, Le transfert,  Jacques Lacan, tout en en conseillant la lecture, le  résume par une thèse et une anecdote.  

La thèse est la suivante : «Ce n’est pas simplement  que l’amour est souvent coupable, c’est qu’on aime  pour échapper à la culpabilité»  2 , ce qui revient à  dire que si l’amour est coupable, c’est parce qu’il  implique  la  demande  d’être  aimé  (Geliebtwerdenwollen)  par celui qui pourrait nous  rendre coupable. Il s’agit alors de voir comment  cette thèse s’articule avec le fait que la demande  d’être aimé est demande que l’Autre dévoile son  manque  3 .  

L’anecdote, maintenant : «Si on aime, en somme,  c’est parce qu’il y a encore quelque part l’ombre de  celui qu’une femme tordante avec laquelle nous  voyagions en Italie appelait  Il vecchio con la barba,  celui qu’on voit partout chez les primitifs»  4 .  

La thèse centrale de Jekels et Bergler qui met en  relation l’amour et le surmoi implique donc  qu’existe une connexion entre le surmoi et le  partenaire de l’amour : nous aimons sous la pression  du surmoi, lequel incarne une manifestation de la  pulsion de mort.  

Si Lacan, avec ce qu’il a appelé son «retour à Freud»  a conçu la psychanalyse comme une entreprise qui  tend à ébranler le sujet dans son rapport à la pulsion  de mort, on comprend qu’il s’intéresse à cet article  de Jekels et Bergler, dans la mesure où il porte sur  ce qui peut permettre d’atteindre cet objectif, c’est-à-dire l’amour de transfert.  

Pour Freud la signification de l’idéal du moi  implique sa dépendance par rapport au narcissisme :  on aime ce qui manque éminemment au moi pour  atteindre l’idéal aimé. Lorsque le silence s’installe  entre le moi idéal fantasmé et l’idéal du moi réalisé,  le moi sombre dans l’abîme de la culpabilité, qui  exprime une nostalgie foncière. C’est ainsi que  Jekels et Bergler justifient cette particularité  surprenante qu’a l’aimé de se dévaloriser lui-même.  Cela rendrait raison du fait que, pour se libérer de la  douleur, le sujet doive trouver un autre qui sache le  rendre coupable.

Pourquoi cela ? Nous le  comprenons mieux en partant de la définition que  ces auteurs nous proposent du sentiment de  culpabilité et qui tient dans ces quelques mots : «ne  pas être aimé par le surmoi». C’est la raison pour  laquelle, dans la genèse même de l’idéal du moi et  du moi idéal il y aurait lieu de supposer une pulsion  de mort. Les auteurs nomment cela le «miracle de  l’investissement d’objet»  (Das Mirakel der  Objektsbesetzung).  

Où se trouve la double nécessité d’abandonner le  narcissisme original et d’investir, au lieu d’un objet  propre, un objet extérieur ?  (Warum gibt das Ich  zugunsten eines fremden Ichs von seiner Libido  ab?)  Il existe incontestablement pour eux une continuité  au niveau de Thanatos.  La création d’un objet par  l’enveloppement de la pulsion de mort implique une  dialectique dans laquelle ce qui est requis ou  sollicité est le réel. Dans cette perspective, le choix  de l’objet d’amour tend à s’effectuer dans une  discordance, dans la mesure où l’amour tend à être  un amour «authentique» tout en coïncidant avec le  réel du partenaire qui ne trompe pas. L’idéal n’aurait  pas d’autre fonction que celle de cacher la réalité de  ce qui manque, ce que Lacan démontre  magistralement avec le cas de «la femme qui avait  les plus jolis seins».  

«Parce que je t’aime, je te mutile»  

Lacan commence par souligner la distinction  nécessaire entre le lieu où se produit le bénéfice  narcissique, où l’idéal du moi fonctionne, et sa  fonction dans l’amour. Il aborde alors un autre  versant classique de la «clinique de l’amour», celle  que Karl Abraham a introduite sous le concept  «amour partiel de l’objet»  5 .  

L’«amour partiel de l’objet» n’est autre que l’amour  de l’autre – aussi complet que possible –, à  l’exception des génitoires ou  pudenda.  Lacan  remarque que tous les exemples d’Abraham sont  fondés sur la séparation imaginaire du phallus. Le  phallus, dans cette perspective, est ce dont la  fonction se révèle quand il se différencie de l’objet  a. Abraham se demande d’où vient la rage qui surgit  au niveau imaginaire de châtrer l’autre dans ce point  vif, et Lacan cite sa réponse : « Wir müssen  ausserdem in Betracht ziehen, dass bei jedem  Menschen das eigene Genitale stärker ais irgendein  anderer Körperteil mit narzissischer Liebe besetzt  ist».  «Nous devons donc prendre en considération le  fait que, chez tout homme, ce qui est proprement les  génitoires est plus fortement investi que toute autre  partie du corps dans le champ narcissique.»  6  Plus  loin, Lacan signale encore : «La phrase que j’ai  extraite d’Abraham le comporte – c’est pour autant  que le phallus réel reste, à l’insu du sujet, ce autour  de quoi l’investissement maximum est conservé –  que l’objet partiel se trouve être élidé ; laissé en  blanc dans l’image de l’autre en tant qu’investie.»  7

Un cas analysé par Lacan élucide ce point8 . Il s’agit  de l’analyse d’une femme qui, au niveau de ses  désirs, s’organisait assez bien : «disons qu’elle prend  plus que des libertés avec les droits, sinon les  devoirs du lien conjugal et que, mon Dieu, quand  elle a une liaison, elle sait en pousser les  conséquences jusqu’au point le plus extrême de ce  qu’une certaine limite sociale, celle du respect offert  par le front de son mari, lui commande de respecter.  Disons que c’est quelqu’un qui sait admirablement  tenir et déployer les positions de son désir […] elle a  su, à l’intérieur de sa famille, […] maintenir tout à  fait intact un champ de force d’exigences strictement  centré sur ses besoins libidinaux à elle».  Lacan nous indique, ensuite, quelle place il occupait  pour elle dans le transfert : il incarnait son idéal du  moi, c’est-à-dire le point idéal où l’ordre se  maintenait, d’autant plus exigeant puisque c’est à  partir de là que tout désordre était possible. Lacan  nous dit qu’il était mis par elle juste en ce point où il  ne devait pas être permissif, ni approuver ses  histoires amoureuses. En définitive, placé en I (A) il  devait être le témoin de ses histoires mais sans  montrer aucun signe de complicité : il incarnait son  idéal du moi, c’est-à-dire le point idéal où l’ordre se  maintenait, d’autant plus exigeant puisque c’est à  partir de là que tout désordre était possible. «Mais je  crois, conclut-il, que la chose qui devait être  maintenue en tous les cas à l’abri de tout thème de  contestation, c’est qu’elle avait les plus jolis seins de  la ville»  9 . Disons, en d’autres termes, que c’est à  I(A) que manquent «les seins les plus jolis de la  ville». La fonction imaginaire de l’idéal se soutient  de ceci que, à ce niveau, le phallus réel est préservé.  

Si l’amoureux se définit de ne pas savoir ce qui, de  l’objet d’amour, le rend amoureux, il n’est donc pas  rare que la culpabilité s’infiltre dans la relation  amoureuse, car elle est en elle-même une réponse au  non  savoir.  L’amour,  en  effet,  consiste  fondamentalement en la non coïncidence du manque  du sujet et de ce qui reste caché dans l’autre.  Peut-être Lacan a-t-il été poussé à définir l’amour  comme un «don de ce qu’on n’a pas» parce que,  nulle part ailleurs que dans l’amour, le sujet ne se  trouve confronté à la question : «Qui suis-je pour  lui ?» ou bien : «Peut-il me perdre ?»

Cet aphorisme  paradoxal démontre excellemment que le sujet est  intéressé, non pas à l’autre comme partenaire, mais à  l’objet  a.  Lorsque la culpabilité se présente, c’est  que le sujet recule dans l’horizon de l’objet du désir,  c’est-à-dire, identifie le partenaire avec ce qui lui  manque.  Chaque fois que l’amour se montre impuissant à  cacher, soit l’énigme du désir de l’Autre, soit  l’aspiration de la jouissance de l’autre, pointe le  surmoi. Le conjoint peut alors devenir pour un sujet  le surmoi le plus inconfortable. C’est pour cette  raison que, comme le signale Lacan : «si la  culpabilité n’est pas toujours, et immédiatement,  intéressée dans le déclenchement d’un amour, dans  l’éclair de l’énamoration, dans le coup de foudre, il  n’en est pas moins certain que, même dans des  unions inaugurées sous des auspices aussi poétiques,  il arrive avec le temps que viennent se centrer sur  l’objet aimé tous les effets d’une censure active.»  10

Le surmoi le plus inconfortable  

En ce sens, un fragment de cure nous a permis de  concevoir le répertoire de la confrontation du sujet  avec le manque de l’Autre.

Dans ce cas, c’étaient la  peur et l’angoisse qui faisaient le signe de la  culpabilité d’une femme, lors des premiers  entretiens. Elles se manifestèrent un an après qu’elle  elle fût sortie d’une longue analyse, sortie qui avait  eu lieu après sa séparation d’avec son mari, et à la  suite du coup de foudre pour l’homme qui passait  pour être son surmoi le plus inconfortable.  

Le surgissement de cet amour sur le mode du «coup  de foudre», que je distinguerai ici de ce que la  langue espagnole nomme un amour «à première  vue» était un «amour au premier contact». Elle le  signale après avoir observé qu’elle veut aborder ce  dont il s’agit «avec tact»  11  et avec un analyste avec  lequel elle n’aurait pas eu à faire précédemment (à  cause de sa profession, elle fréquente le milieu  «psy»). Que l’amour soit aveugle ne lui est en rien  étranger, à elle qui se rappelle que le premier cadeau  qu’elle lui a fait était un livre dont la couverture  montrait une femme aux yeux bandés. Elle se  demandait : «Qu’ai-je fait ? Pourquoi l’ai-je laissé  entrer si vite dans ma vie ?» Maintenant que «le  voile est tombé», elle se demande pourquoi elle a si  facilement accordé foi à la construction que son  partenaire lui avait présentée de lui-même.  

Elle se présente donc comme sujette à une grande  inquiétude ou, plus précisément, comme prise de  peur, d’une peur qui, selon elle, serait le corrélat  d’une rétorsion de la part de l’autre qu’elle sollicite  avec des pensées mauvaises. On voit comment, dans  ce cas, l’inquiétude est un des noms de l’angoisse  quand l’objet de cette rétorsion est lui-même produit  par le retrait de l’amour.  Pour la première fois, dans sa vie professionnelle  elle se trouve si malade qu’elle demande un arrêt de  maladie. Un rêve d’angoisse la réveille au milieu de  la nuit, en proie à la panique : «Je suis dans une fête,  je sors dans la rue. J’ai lu la nouvelle d’un violeur  qui a tué sa femme. Il y a une grille métallique près  d’un square où il y a du monde. De la grille sort un  bras d’homme qui touche les fesses d’une fille. Je  prends ce bras et commence à tirer avec force pour  qu’il ne s’échappe pas. Plusieurs personnes m’aident  et finalement nous réussissons à faire apparaître  l’homme. C’est un monsieur énorme, brutal et de  haute taille. À ses côtés je vois le corps d’une fille  avec un vase cassé, cloué dans ses parties génitales,  maintenant ensanglantées».  

Nous ne dirons pas que le rêve met en scène le vase  avec le bouquet de fleurs du tableau de Jacopo  Zucchi intitulé  Psyché surprend Amour.  Nulle masse  de fleurs, ici, ne dissimule le phallus d’Éros. Au  contraire, le rêve résume bien le refrain populaire  espagnol «Se  rompio el cantaro»  12 , interprétant en  même temps la série d’infections vaginales surgies  depuis qu’elle a fait la connaissance de son amant.  Celui-ci avait toujours nié qu’un eczéma de son  pénis pourrait être à l’origine de ses infections à  elle. Après plusieurs années d’insistance, elle a  vérifié ses soupçons. C’est là que, pleine de colère,  elle veut se séparer de lui.  Ce rêve est accompagné d’une série inusitée de  rêves ayant la merde pour thème central. Dans l’un,  où il y a des toilettes recouvertes de merde, avec des  étagères mal rangées et remplies des parfums et  maquillages, elle finit par se dire à elle-même : «Je  dois vider tout ça !» Dans un autre, la merde sort par  la cuvette des toilettes et dans un autre, finalement,  elle marche et écrase une crotte dont elle a du mal à  se débarrasser.  

La sémantique de la couleur et de la merde nous  renvoie sans doute à la méchanceté, mais, plus  profondément, elle dévoile plutôt la couleur du  A  en  tant qu’énigme et comme figure obscène et féroce  qui exige que soit cédé un plus-de-jouir  13 .  Le souvenir de ses nombreuses maladies infantiles a  permis de situer ce moment d’angoisse. En effet,  petite, à chaque fois qu’elle était souffrante, la mère  l’envoyait au lit pour des bricoles et lui faisait  manquer l’école. Il s’agissait toujours de maladies  de la bouche et la gorge. L’interprétation du  déplacement «de haut en bas», lui permet de mettre  en continuité ses symptômes «génitaux» avec sa  symptomatologie infantile, amène le souvenir de la  grave dépression subie par sa mère quand elle quitte,  à dix-huit ans, le domicile parental et fait se  déployer les labyrinthes au long desquels  l’analysante cherche, de façon répétitive, l’amour  d’un homme, en fuyant le surmoi maternel.  

Qu’a de particulier le choix de l’homme dont les  demandes d’amour la pressent autant actuellement ?  Jusqu’alors, quand elle avait un rapport avec un  homme, dans sa tête il y en avait toujours un autre  possible. La nouveauté de cette rencontre a été de  découvrir qu’avec celui-ci, cela ne lui arrivait plus,  elle a découvert qu’elle n’avait pas à penser à un  autre homme. Cela dit bien comment l’homme  qu’elle avait trouvé s’accouplait à son fantasme. La  seule idée de le quitter fait surgir en elle la question :  qu’est ce qui se passerait s’il me perdait ?, question  qui va de pair avec la peur qu’il pourrait faire une  folie. Ainsi elle ne peut donc pas éviter ce point où  se pose la question de «faire de sa vie un enjeu pour  lui», où elle fait le lien avec la crise endurée par sa  mère au moment de son départ.  Si on peut, en guise de conclusion, parler d’une  «clinique» de l’amour  14  c’est du fait que l’amour ne  se déploie pas exclusivement sous la bannière  d’Éros, dans la  «douce moitié»  où le partenaire  pourrait combler les aspirations narcissiques du  sujet, mais, et plus fondamentalement, comme  «surmoitié», – ainsi que Lacan le signale dans  L’Étourdit : «C’est là surmoitié qui ne se surmoite  pas si facilement que la conscience universelle».  15

* Traduit de l’espagnol par Susana Elkin.  

  1. JEKELS L. et BERGLER E., «Übertragung und Liebe», Imago, Bd. XX,  1934, pp. 5-31.
  2. LACAN J., Le Séminaire, livre VIII, Le transfert,  Paris, Seuil, p. 394.  
  3. MILLER J.-A., «Les labyrinthes de l’amour», La lettre mensuelle, n°109,  mai 1992, p. 18.  
  4. LACAN J., op. cit.
  5. ABRAHAM K., «Esquisse d’une histoire du développement de la libido basée sur la psychanalyse des troubles mentaux», 1924, Oeuvres complètes,  volume II, Paris, Payot, 1965, p. 305.  
  6. LACAN op. cit., p. 441.  
  7. Ibid., p. 449.  
  8. Ibid., p. 399.  
  9. Ibid, p. 400.  
  10. Ibid, p. 395.  
  11. Le jeu de mots est moins sensible en français qu’en espagnol entre «contact» (con facto)  et «avec tact».  
  12. Le refrain est « Tanta va el cantaro a la fitent e que al final se quiebra»,  dont la traduction fut donnée  par François Villon dans  La ballade des  proverbes : « tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise».  
  13.  Je fais référence ici au commentaire  de Colette Soler sur le surmoi à partir  du cas  The Piggle de Winnicott in Clinica del  superyo en la infancia, «Actas de  la VIII jornadas de Forum»,  Barcelona, 1996.  
  14. J’emploie l’expression introduite par François Leguil dans un conférence à  Nantes, le 3 octobre 1987 : «La « clinique » de l’amour et la folie»,  Travaux 3,  Groupe d’études de Nantes, 1988.
  15. LACAN, J. «L’Étourdit»,  Scilicet  n°4, Paris, 1973, p. 25   
mercredi 8 août 2018 · 18h25

les deux surmois

L’explication fait suite : le discours de la sphynge est celui du surmoi féminin. Lacan a posé, nous l’avons vu, l’inexistence du rapport sexuel entre deux moities qui seraient homme et femme; il pose ici l’existence de deux surmois, qu’il dénomme « surmoitiés » : d’une part, le surmoi homme, bien connu comme étant le surmoi paternel de Totem et Tabou, d’autre part le surmoi féminin décrit par la bouche de la sphynge. Celle-ci ordonne au « petit-homme » de la satisfaire, de la comprendre, puis de devenir Tirésias ; autrement dit, de devenir un ami, puis une femme, et de faire l’Autre. Tirésias, transformé en femme, est invité à cette place de l’Autre. L’invitation de la sphynge est celle du semblant, à savoir feindre d’être au-delà de la mesure phallique, et cela pour une jouissance supplémentaire, qui n’a rien à faire avec l’Autre barré. Cette jouissance-là est une jouissance sans représentation, en dehors du symbole phallique, une jouissance non symbolisée, non signifiantisée, non inscriptible en S (Abarré). Telle est ici présentée la jouissance dite féminine, totale et pure : c’est la jouissance de l’Autre, J(A). Voici ce qui est nouveau dans « L’Etourdit » : il existe une jouissance hors graphe. On peut constater que cette jouissance correspond à celle du père primitif. [Ilexistex.nonphix] est équivalent à [pastoutx.phi de x]. Notons que dans Encore, la jouissance féminine sera décrite comme jouissance supplémentaire, et la jouissance de l’Autre deviendra la jouissance de l’Autre sexe.
A cet endroit du texte de « L’étourdit », Lacan fait intervenir le psychanalyste. « Ces dits (du surmoi féminin) ne sauraient se compléter, se réfuter, s’inconsister, s’indémontrer, s’indécider qu’à partir de ce qui ex-siste des voies de son dire » : c’est-à-dire que ces dits soient marqué de la barre de la castration, ramené à S(Abarré). Eric Laurent en fait le commentaire suivant : par rapport à la demande de jouissance féminine, la fonction du psychanalyste est de restaurer le rapport au S(Abarré), au « il n’y pas d’Autre de l’Autre »; la place du psychanalyste est de répondre au surmoi féminin en le renvoyant « à la vraie logique de la position féminine qui est de dénoncer les semblants qui visent à toute consistance de l’Autre ». Notons que cette réponse permet la « patoutisation »…
 

La jouissance au fil de l’enseignement de Lacan, Jean-marie JADIN, Marcel RITTER

 
dimanche 19 août 2018 · 18h15

Le caprice féminin, Frank Rollier (extrait)

[…]

A la fin du paragraphe, Kant note entre parenthèses quatre mots en latin : « Sic volo, sic jubeo », « Ainsi je le veux, ainsi je l’ordonne », dont J.-A. Miller retrouvera l’origine chez Juvénal. À Rome à partir du premier siècle (années 90), Juvénal écrit une série de satires dans lesquelles il dénonce l’hypocrisie des puissants, les mauvais exemples que donnent les parents à leurs enfants, la corruption et la luxure de la société impériale. Dans la satire VI, il s’en prend avec véhémence à la femme mariée, dépeinte comme étant toujours insupportable, sinon dépravée. Il tente de dissuader un ami qui songe à se marier et, entre autres exemples, rapporte cette saynète entre une femme et son mari, sans en préciser le contexte : « Cet esclave, en croix ! » ordonne la femme à son mari, lequel rechigne à obtempérer, pas tant par humanité que par souci de son patrimoine humain. Il essaie de discuter : « Mais quel crime a-t-il commis pour mériter un tel supplice ? Où sont les témoins, le dénonciateur ? On ne saurait prendre trop de temps quand il y va de la mort d’un homme ! ». Ce à quoi elle réplique : « oh le sot ! Un esclave, est-ce donc un homme ? Il n’a rien fait, soit ! Mais je le veux ! Je l’ordonne ! Hoc volo, sic jubeo – Comme raison, que ma volonté suffise ! »1

Le caprice mortifère de la matrone de Juvénal renvoie directement au surmoi dont Freud soulignait la parenté avec l’impératif kantien. Il s’agit donc d’un surmoi qui se situe dans une autre dimension que celle du surmoi qui interdit, dimension que Freud avait précédemment développée. Depuis Lacan nous concevons le surmoi comme une instance qui pousse à la jouissance, qui « pousse au crime » écrit Eric Laurent.  J.-A. Miller, dans sa « Théorie du caprice», pointe « l’affinité de la femme et du surmoi »2  que vérifie la saynète racontée par  Juvénal.  

Lacan fera de la Sphinge  (version féminine du Sphinx) une incarnation du surmoi féminin,  la  surmoitié d’Œdipe qui lance – dans la version du mythe créée par Lacan – un « tu m’as  satisfaite  petithomme »  (( 20 LACAN J., « L’étourdit »,  Autres Écrits, Seuil, 2001, p. 468. )) , qui apparaît comme un défi, « une exigence de jouissance distincte  de la jouissance phallique. » 3 Bien sûr, à travers Œdipe, chaque  petithomme  est interpellé par  cette exigence mortifère qui, selon la lecture qu’Eric Laurent fait de ce passage de  « L’étourdit », à la valeur d’un impératif lancé à  l’homme :  « Fais toi l’ami des femmes ». Pour  vraiment les comprendre,  fais-toi femme toi-même, essaye de t’approcher de l ’Autre  jouissance. C’est à ce propos que Lacan convoque le devin Tirésias : «…tu sauras même vers  le soir te faire l’égal de Tirésias… ».

Le point important, me semble-t-il, éclaire ce fait que «  la voix du surmoi féminin (…) s’origine (…) de son Autre jouissance qui lui est propre ». Eric Laurent démontre l’issue de ces appels de la  surmoitié  « à jouir davantage».  Loin d’y voir le  destin de chaque petithomme , « la psychanalyse consiste plutôt à soutenir que  la voix de la  surmoitié n’est mortifère que pour celui qui refuse d’affronter l’originalité de la position  féminine ».   

(…)

La thèse proposée par J.-A. Miller est que  « le principe de cette volonté», de ce  « je veux », « c’est  un  énoncé  qui  est  un  objet  détaché  et  qui  mérite  d’être  qualifié  d’objet petit a,  le caprice-cause  de  ce  qu’il  y  a  à  faire»,  « qui  en  l’Autre  divise  le  sujet».  La  matrone  de Juvénal demande la mort de l’esclave mais  « c’est son mari qu’elle veut diviser, elle veut lui faire  sacrifier  son  bien,  à  savoir  un  de  ses  esclaves,  pour  son  caprice  à  elle»  et,  de  fait,  il doute.  De  la  même  manière,  la  Reine  fait  tourner en bourrique  le  Roi  falot  du  pays  des Merveilles  et  Lucinde  veut  faire  plier  son  père,  cela  afin  qu’ils  sacrifient  leur  pouvoir  au caprice  de  chacune.  Cette  volonté  de  diviser  l’Autre,  Lacan  l’identifie  à  la  volonté  de  la pulsion, laquelle est acéphale et se manifeste « comme volonté-de-jouissance»4  , traduit J.-A. Miller.

Peut-on qualifier cette volonté de diviser le partenaire, de perversion ? De Kant à Sade5, il y a une  parenté  manifeste,  marquée  par  le  fait  que  Lacan  introduise  ce  concept  de  volonté-de-jouissance  lorsqu’il  écrit  le  schéma  du  fantasme  sadien  et  dégage  que  c’est  la  volonté  qui semble  dominer  toute  l’affaire.  Le  pervers  s’emploie  explicitement  à  angoisser  l’Autre  «en bouchant  le  trou  dans  l’Autre» ;  si  le  partenaire de  la  patiente  que  j’évoquais  semble  bien avoir  été  angoissé  par  la  «trituration »  de  sa  compagne,  il  ne  me  paraît  pas  certain  que l’époux  de  la  Matrone  de  Juvénal  soit  angoissé,  pas plus  que  le  Roi  d’Alice  ou  le  père  de Lucinde : ils sont simplement divisés, déroutés dans leur prétention à gouverner.  J.-A. Miller propose que «cette volonté-femme veut séparer le  sujet de son avoir […] de ses idéaux». Il tire  le  caprice  féminin  du  côté  de  la  maîtrise  du  signifiant-maître, sans  en  faire  une  position perverse, ni une posture hystérique pour occuper la place du S1. 

Le « hors la loi » ou le « sans limite »  de  cette  volonté-femme  est  différent  du  «être  contre»  de  l’hystérique,  dont « l’expérience  historique  est  faite ».  Aujourd’hui,  les  femmes  peuvent  tout  à  fait  légalement« commander  avec  le  signifiant-maître  en  main »  –  et  J.-A.  Miller  voit  là  une  nouveauté  à encourager. 

Pour  conclure,  avançons  qu’avec  J.  Lacan  et  J.-A.  Miller,  s’opère  une  réhabilitation,  ou  tout du  moins  une  revalorisation  du  surmoi  féminin.  Freud  situait  cette  instance  plutôt  du  côté masculin,  au  point  qu’il  apparaissait  « même  douteux  que  la  femme  soit  dotée  d’un surmoi»6.

Je  propose  que  le  caprice  puisse  être  envisagé  selon  deux  registres.  Le  premier  serait  de considérer  le  caprice  spécifiquement  féminin  comme un  fantasme  masculin,  tout  comme  le masochisme dit féminin et décrit par Freud.  L’autre registre, qui n’est pas antinomique au premier mais, me semble-t-il, supplémentaire – tout comme l’Autre Jouissance est supplémentaire à la jouissance phallique – serait de poser que  tout  ce  qui  se  manifeste  comme  volonté,  telle  que  définie  avec  J.-A.  Miller,  comme relevant d’une jouissance sans limite, hors la loi, puisse être rangé du côté droit du tableau de la  sexuation.  Cette  volonté-de-jouissance  se  réfère  donc  au  féminin,  même  si  elle  émane éventuellement  d’un  homme.  C’est  le  versant  pulsionnel  du  caprice,  qui  n’exclue  pas  sa dimension  mortifère,  sans  que  la  folie  d’une  Médée soit  en  jeu,  puisque  dans  le  fond,  toute pulsion  tend  vers  la  pulsion  de  mort. Fort  heureusement,  J.-A.  Miller  nous  rappelle  que  du côté du vivant, « le caprice est au principe des plus grandes choses ».

Franck Rollier

https://www.lacan-universite.fr/wp-content/uploads/2011/01/Carnet-de-route-9.pdf

Notes:
  1. JUVENAL., « Satires », p 67, Les belles lettres, Paris, 2002. []
  2. 19 MILLER J.-A., « Théorie du caprice », Quarto, n° 71, p. 6-12. , p. 11.   []
  3.  21 LAURENT E., « Positions féminines de l’être », Quarto, N° 90 « La femme et la pudeur », pp. 28-33. []
  4. 22. LACAN J., « Kant avec Sade », Écrits, Seuil, p. 775. []
  5. 23 MILLER J.-A., « Théorie du caprice», op. cit, p. 10. []
  6. 24 MILLER J.-A. : « Un répartitoire sexuel », La cause Freudienne, N° 40. []
samedi 12 octobre 2024 · 06h09

de 2012 le perdu mois de mai + je vis dans un bureau de police

Sam., 12 oct. 24 , 06:09,

D’hier la journée encore passée sur l’ordinateur.

J’ai importé sur le blog les notes Evernote de 2012 et me suis lancée dans la relecture du mois de mai1 qu’arrivée en fin de journée, j’ai trouvé très maigre. Avec l’impression de n’en n’avoir rien ramené qui tienne le coup jusqu’à aujourd’hui, interrogeant probablement encore cette pratique persistante du carnet chez moi. J’ai cherché de quoi le nourrir davantage, mais n’ai même pas retrouvé de photo de ce mois-là. Probablement perdues me suis-je dit à regret. Et donc ce matin encore, me lève pleine d’angoisse, me proposant de vérifier dans mes emails si je ne trouverais pas d’autres traces écrites, d’autres dépôts écrits de ce mois disparu.

Il y a dans ce mois un rêve (du 11 mai) dont je n’ai rien retenu si ce n’est qu’un crime a lieu dans un bureau de police et que la police tarde à intervenir et un moment où je parle du fait que j’essaie d’être gentille avec Frédéric et de la façon dont l’opposition gentil/méchant aura pour moi réglé ma vie. Peut-être constamment réglé ma vie.

Je vis dans un bureau de police.

Tu vois?

Je soupçonnais alors « méchant » de ne valoir que comme signifiant.

C’est-à-dire de ne valoir que pour le lien de ses sonorités, vides de toute signification, avec certains événements « traumatiques » de ma vie : entendre des événements pour lesquels je ne dispose alors, je ne dispose d’abord, et peut-être à jamais, de moyens de l’insérer dans la trame narrative, significative de ma vie, auxquels donc je ne me lie que par le son, vide de signification (si cela peut faire explication de ce qu’est un signifiant, j’en doute), de ce que j’entends alors, de ce que j’entends au moment de l’événement.

Je ne suis plus si sûre aujourd’hui qu’il ne s’agisse que d’un lien signifiant, meaning : il me semble que ça s’est au contraire tout de suite chargé de significations, chargé de grandes missions significatrices, significationnelles, chargé de porter sur ce qui arrive et sur ce que je fais et sur ce que le monde fait une grille (courte), binaire, de significations : gentil/méchant. ou ou. ni ni. ou/et. etc. je pense que ça a donc à voir avec la sorte de surveillance constante où je suis de moi-même. la surveillance de moi-même et du monde, le bureau de police où j’habite où la police trop souvent cependant tarde à intervenir. car le fait est que la police n’intervient jamais, si je ne prends pas les choses en main, si je ne prends pas sur moi, la police n’intervient pas, bref, c’est à moi, de la faire, la police. n’est-ce pas là ce qui cherche à me régler, n’est-ce pas là que j’habite, dans un regard sur moi, un regard qui présume du regard que l’autre porte sur moi et qui conclut négativement, qui me condamne toujours. Il arrive que ce regard se reporte sur le monde.

la fonction première du langage: le jugement.

J’ai fait hier une recherche dans le blog, sur ce « signifiant », « méchant« , et je suis tombée sur une étrange assertion : méchante == le point d’où je me verrais « aimable par ma mère »…..

ma mère qui nous aimait même méchants. inconditionnellement. de là, j’aurais glissé à l’idée qu’elle nous aurait spécialement aimés méchants. pas de plus grand amour que d’aimer les méchants. ceux que personne n’aime. les réprouvés. (quand tout montre que c’est faux que tout le monde aime les méchants, les méchants sont aimés, les méchants ont furieusement tendance à être aimés, le fait est qu’il s’y acharnent, à se faire aimer, hors-la-loi).

Je ne sais à quoi je pensais alors.

Est-ce que je pensais à l’oncle Jean?

Qu’est-ce qu’aimer l’Autre méchant ?

Parfois aimer l’Autre méchant n’est-ce vouloir s’aimer soi ?

Il n’y a probablement pas moyen d’écrire ça logiquement.

Ici, « méchant » dans le blog: https://www.disparates.org/iota/tag/mechant/

Il y est également question des vrais méchants auxquels j’ai eu affaire, mais ça, je n’ai pas pu relire.

Tout ceci me fait penser à ce que j’ai écrit récemment sur la Palestine. Sur ma passion pour ce qui se passe en ce moment en Palestine. Sur la façon dont je me sentais bloquée (texte du 23 août, que je pensais avoir envoyé à Mi et que j’avais envoyé à JC). Et sur le malaise même où je me trouve dans cette obsession et dans ma position accusatrice. Est-ce comme ça qu’il faut le dire? Je n’arrive pas à dire le méchant, c’est celui-là.

Le pardon……

Il faut peut-être que je le ramène dans le blog. Peut-être avec tout ce qui concerne la Palestine. Mais, ça, ça veut dire m’embarquer dans… Après tout, ça fait maintenant un an…

Hier soir, encore une fois, très mal à l’idée de n’avoir « rien foutu » de la journée….

(Tu vois, combien de points d’urgence dans ce texte… de points où retourner voir, à travailler, à rapatrier dans le blog, d’images à chercher, etc, etc. etc. Et comme il n’y a pas le temps, comme le temps ne compte pas, ou bizarrement, dirait-on, car de mai, même perdu, mais de mai 2012, le rêve ramené parle encore aujourd’hui, parle mêmement, ou ne parle jamais qu’aujourd’hui, onze ans plus tard. )

  1. Je me retrouve en mai 2012, alors que m’étais promise il y a deux jours d’attaquer, enthousiaste, 2021…. ↩︎
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