le n’importe quoi selon chevillard ; mais lalangue

Je connais la tentation du n’importe quoi, le n’importe quoi comme violence ultime infligée à la langue, à la littérature, à la justification qu’elles (la langue et la littérature) s’efforcent de donner à toute chose, au sens qu’elles ne cessent de chercher et qu’elles inventent à défaut de le trouver, le n’importe quoi alors comme ravage, comme blasphème, comme attentat, comme suicide. J’y cède quelquefois.
495 – Le blog de Éric Chevillard

Mais si la littérature a cherché toujours
à donner ou inventer du sens, n’est-ce pas moins sûr pour la langue. Qu’elle veuille ou cherche à s’accommoder du moindre sens. Dites, si cela vous facilite la vie, la langue maternelle. Dites la-langue-de-la-mère. Si cela vous ouvre des voies. Les ouïes. Écrivez-la lalangue. Voilà comme ça (cela qui écrit ce qui s’entend). La littérature non plus
n’aura pas cessé
de chercher à intégrer la langue / eût-elle eu, eût-elle à
la nettoyer (rape), ou la tourner, 7x, voire davantage, dans son habitacle, ou celui d’un autre, propriétaire d’une autre bouche, langue (la langue parfois dans la bouche d’un autre, non). Quand elle y parvient, à rejoindre ce lieu où la langue désintègre le sens, elle en passerait bien par le n’importe quoi, qui à rien chevillé jouit.

Pour ma part, une maladie a envahi ma bouche. Quittons le savoir des maîtres. Je n’ai trouvé d’autre issue que de dormir. Et encore.

– Moi, moi moi moi, qui ne, cesse, de céder. qui ne cesse. Suicidée perpétuelle,

Quelle croyance pour l’inconscient?

la troupe d’un autre monde (rêve du 21 au 22 juin)

« A la piscine avec de nombreux amis, des hommes, que je trouve assez séduisants et c’est réciproque. Je nage sous l’eau. Beaucoup de monde. Arrivée d’une drôle de troupe, tribu, qui vit sous une large tente hexagonale, une yourte. Ils s’installent dans le fond de la piscine, ils sont à l’abri de l’eau et continuent de vivre normalement, interdisant l’accès de la tente aux nageurs. Ils prennent beaucoup de place.

– Au réveil, certains indices de la suite du rêve me donneront l’impression qu’il s’agit avec cette troupe de l’inconscient et de ses habitants. –

Panoramique ger

Ils ont un chef, cérémonieusement, servi par tous les autres. On ne sait d’où ils viennent. Tout signale que leurs coutumes sont très anciennes. Leurs vêtements ont un air folklorique. On ne comprend pas leur langue. Il est d’abord cru qu’ils sont juifs, des juifs venus d’une région du monde lointaine, inconnue, appartenant à un autre temps, ancestral.

Quand ils sortiront de la piscine, je m’approcherai d’eux. Par les bords d’abord puis de l’intérieur.

Leur gigantesque tente posée sur des roues, ils circulent dans la ville, leur extravagant attirail évoquant une parade de cirque ou de gitans. Je me mets à craindre pour eux quand ils s’approchent de quartiers à forte population maghrébine, ce qui pourrait leur attirer des ennuis s’ils sont juifs.

Je m’approche d’eux et interviens. Peut-être pour soigner un petit. À qui je fais peut-être manger quelque chose quand il refusait d’encore se nourrir. Je m’attire donc leur bienveillance. Je me suis servie pour l’aider de la psychanalyse ainsi que de manières de faire qui n’ont rien à voir avec leurs coutumes, dont ils ne savent rien.

Ils arrêtent leur périple et s’installent, un peu en catastrophe, probablement sous mon influence, dans une usine désaffectée d’un coin de la ville où je crains que leur présence ne leur attirent de graves ennuis, toujours en raison du fait que je les crois juifs. Je continue d’intervenir dans leurs coutumes, les initie au monde extérieur. De leur côté ils m’initient à leurs chants et à leurs danses.

C’est là que Frédéric intervient pour me dire que c’est bien moi ça, que c’est incroyable ce que j’arrive à faire, qu’il n’aurait jamais cru que quelque chose d’intéressant puisse sortir de coutumes religieuses (puisque nous pensons que ce sont des juifs, des « juifs anciens »).

Ils décident de vraiment s’adapter (au monde d’extérieur) et choisissent… de faire la vaisselle (je pense que jusque là, ils ne nettoyaient rien, vivaient et d’ailleurs survivaient très bien, sans rien nettoyer). Ensemble ils apportent donc leur vaisselle à l’évier1 où les attend une vaisselle qui n’est pas la leur, assez importante, débordante même, mais qu’ils semblent prêts à vouloir faire, même si je songe que ce n’est probablement pas à eux de faire ça.

Il se passe alors quelque chose qui les pousse à se montrer aux fenêtres2 . Au fond, je crois les avoir initiés au fait qu’ils étaient malvenus, qu’ils couraient du danger. Mais là, ils semblent curieusement vouloir affronter ce danger, soit dans une sorte de courage, soit pour le vérifier, dans un doute par rapport à ma croyance en ce danger. Ils se montrent donc tous aux fenêtres.

Je crains énormément pour eux. Je crains qu’ils ne soient abattus, qu’ils ne se fassent tirer dessus. Je crains une attaque, une invasion de leur hexagone. Et là, au fond, il ne se passe vraiment rien. Il se passe quelque chose de l’ordre d’un rien sidéral. Je crois qu’ils sont vus, regardés de l’extérieur, et que cela se passe dans un moment de sidération, de blanc, d’intervalle, de silence, d’arrêt.

Après ça, il est sûr que ce n’était pas des juifs, mais tout autre chose, d’une langue absolument inconnue. Je me réveille. »

quelle croyance pour l’inconscient?

Je pense qu’il s’agit avec ce rêve de la question de mon rapport à l’inconscient, la question que j’essaie de me poser de ce qu’il faut que j’en fasse, de ce qu’il en est. Et principalement de ce qu’il en est dans ce que j’en fais ici, dans ce blog, et de l’importance que j’y accorde dans ma vie.

S’agit-il d’une croyance que j’entretiens ? S’agit-il d’un croire à l’inconscient ? Faut-il que je me détache de cette croyance ? Que j’y renonce, et renonce à tout ce sens ? Est-ce au sens qu’ici je m’accroche ? Ne fais-je rien d’autre que cela ? Ce sens que comporte une religion, même quand il s’agit d’une religion maudite (qui n’en n’est pas moins mot-dite), religion du rebut, à quoi la religion juive peut s’apparenter de par sa (souvent) tragique histoire.

Que dire de ce que j’apparente dans le rêve l’inconscient au juif, voire la psychanalyse à la judaïté, que je les conçoive comme rejetés et en « dans-G »3 , en danger. Ce n’est pas sans raison, ni sans raison raisonnable. Le réel est jouissance, l’objet a est rebut. S’agit-il dans ce que je fais avec le récit de mes rêves,  d’actes de foi ou d’actes « tout court » ? Le rêve semble pencher pour l’acte de foi. Qu’il vient contredire. Réel, l’inconscient provoque la sidération. Sidération, arrêt, réveil.

J’ai fait ce rêve suite à deux lectures.

« angoisse constituée, angoisse constituante »

L’une de Jacques-Alain Miller sur l’angoisse, un texte autrefois publié ici intitulé « Angoisse constituée, angoisse constituante« . Où il est question de déloger le réel de son habitacle d’angoisse et de le reloger dans l’acte.

La certitude du réel de l’angoisse devenue celle de l’acte, s’extrayant de la place où elle s’était figée dans le fantasme, où elle entretenait une angoisse infinie, une angoisse en désir d’infini, notée aleph, qui est inhibition et refus de la certitude qu’implique le réel auquel elle touche.

Passage de la croyance d’une angoisse dite constituée à la certitude de l’angoisse dite constituante, constituante de l’acte.

La croyance, située donc du côté de l’angoisse constituée, est croyance au fantasme où est venu se réfugier le réel lié à l’angoisse, où il s’est trouvé une petite histoire qui permet de le soutenir comme appartenant au sens, ici opposée à la certitude à laquelle consent l’angoisse constituante. Cette certitude étant folle, c’est-à-dire non liée au symbolique ou à l’imaginaire, d’une langue étrangère qui ne peut entraîner que sidération et dont un acte peut seulement procéder. Ce que les membres de la troupe de mon rêve semble pouvoir seulement démontrer… en se montrant.

Quelle conséquence pour moi ? Je dois dire que je n’y trouve aucun éclaircissement, moi qui me retrouve à nouveau à noter ce rêve, pouvant seulement constater qu’il me semble avoir raison de « croire » à l’inconscient, de « croire » aux interprétations qu’il a la générosité de me livrer la nuit. De « croire » qu’il sait. Que la certitude est de son côté. Cette certitude pour autant me pousse-t-elle à l’acte ? Ou me maintiens-je au contraire dans l’inhibition, cette inhibition « frontière du réel ». Faut-il que je cesse tout cela ?

L’inhibition a un double versant : dépendante du corps, de ses fonctions et de son image, elle semble liée à l’imaginaire. En tant qu’elle indique une limite et un arrêt dans la symbolisation, elle touche au réel. Elle résonne donc avec tout ce qui chez le sujet ne peut trouver un appui dans la représentation. […] Elle est donc ce qui produit de nouvelles représentations à partir de l’imaginaire du corps. L’arrêt même du sujet, dans l’inhibition, lui sert à se « faufiler » sous forme d’image pour figurer, prendre place là où il ne devrait pas être parmi les signifiants.
Dès le début des années soixante, Lacan situe l’inhibition et le désir à la même place.
La Sagna P., Revue la cause freudienne n° 68,   « L’inhibition à savoir »

J’ai toujours « cru » à l’inhibition, toujours cru qu’il devait y avoir quelque chose à en tirer, je me suis sue inhibée, complètement, et j’ai compris que je n’avais pour le moment d’autre chemin que de suivre, me tenir à cette lisière, cette rampe de l’inhibition. Le blog est ce moyen. Le blog, ce blog, est écriture de l’inhibition. Rien ne s’y conclut jamais. Le prisonnier ne quitte jamais la pièce. Mais il témoigne tant qu’il peut de l’existence de l’inconscient, dont je ne peux cesser de chercher à me faire apôtre.

« le croyant et la dupe »

L’autre texte que j’ai lu hier, est celui sur lequel je suis tombée par hasard dans mon ordinateur, dont je ne peux que recommander la lecture, de Marie-Françoise De Munck, intitulé « Le croyant et la dupe »4 :

Ce qui constitue le symptôme, dit Lacan dans RSI, c’est qu’on y croit… Et qu’est-ce que croire, sinon croire à des êtres en tant qu’ils peuvent dire quelque chose…

Le texte de Marie-Françoise, je l’ai parcouru un peu rapidement, puisque ce n’était pas celui que je recherchais, mais j’y suis bien tombée en arrêt sur le paragraphe suivant :

Nous mettrons ici le même écart entre « être dupe » et « se faire la dupe » qu’il y a entre être l’objet du fantasme d’un homme et accepter de s’en faire l’objet cause du désir. Cet écart est celui de l’accès à une place de semblant.
Se faire l’objet du fantasme masculin conduit une femme à cette relation de «ravage» qui caractérise aussi bien la relation mère-fille quand, enfant, elle se fait objet du désir « pervers » de la mère. Tandis qu’accepter de se faire l’objet cause du désir pour un homme, accepter de se prêter à la perversion masculine, souligne l’accès à une place de semblant. Adopter cette place est une façon pour une femme de se faire la dupe du choix de l’inconscient.

C’est sur cette phrase que j’étais allée me coucher, et s’il ne me semble pas que le rêve qui a suivi aie voulu m’en reparler, il me paraissait important d’en faire état. Se maintenir dans une situation de ravage par rapport à la psychanalyse, ou par rapport à l’école qui la représente, se faire objet de la psychanalyse, ou « se faire l’objet cause du désir », se faire « semblant d’objet » pour un analysant ou pour un lecteur… 

Éventuellement donc on aurait:

  • angoisse constituée, loge le réel dans le fantasme : vouloir/croire être l’objet qui manque à l’autre (maternel) + ravage
  • angoisse constituante : ne loger le réel nulle part (sinon en marchepied de l’acte) et accepter (côté femme) de se faire l’objet cause du désir du fantasme d’un homme, accepter de jouer son jeu, accepter cette place de semblant. façon de se faire la dupe de l’inconscient.

Quoiqu’il en soit, ces deux textes me paraissent essentiels.

 

Notes:
  1. qui occupe toute « l’avant-scène », au premier plan de la scène du rêve, juste « devant mes yeux » []
  2. les fenêtres sont sur la droite, occupent le mur de droite []
  3. entendre dans ce G, le point G de la jouissance []
  4. Je ne sais pas du tout comment ce texte est arrivé sur mon ordinateur. Il est possible qu’il aie été publié par la revue Quarto à l’époque où j’y travaillais, ou que Marie-Françoise me l’ait passé, puisque nous étions amies (je ne suis plus en contact avec elle depuis que j’ai quitté Bruxelles. []

L’hypothèse de l’inconscient est à vérifier dans chaque cure

Le croyant et la dupe

Marie-Françoise De Munck

Le thème de cet atelier sur les manifestations résiduelles n’est pas un thème facile à traiter car le matériel clinique se rassemble essentiellement par ce qui est recueilli dans les travaux sur la clinique de la passe. Face à cette difficulté, j’ai choisi de l’aborder par la question du destin de la «croyance » dans la cure. Je vous propose ce binôme « le croyant et la dupe » en écho à celui qui nous rassemble « le curable et l’incurable ».

La croyance, elle est au départ, elle s’établit à l’entrée en analyse et elle est exigible même.

Il s’agit bien sûr de la croyance dans l’inconscient, la croyance au symptôme. Croire à son symptôme, c’est supposer au symptôme un sens, le symptôme veut dire quelque chose qu’il appartient au dispositif de la cure de mettre au jour.1

 » Ce qui constitue le symptôme, dit Lacan dans RSI, c’est qu’on y croit… Et qu’est-ce que croire, sinon croire à des êtres en tant qu’ils peuvent dire quelque chose… »

Dans ce remarquable resserrement de ce qui fait le mouvement de toute croyance, se loge la fonction du message à déchiffrer et donc aussi de tous les déchiffreurs, interprètes de ces messages : les pythies, devins, exégètes, conteurs et autres… Une série dont dans ce cas, l’analyste fait partie.

Au départ donc, « quiconque vient nous présenter un symptôme y croit ». Il y croit et  par-là se fonde le transfert comme adresse au sujet supposé savoir.

La croyance dans l’inconscient est aussi ce qui sensé fonder le lien des analystes entre eux. Lacan ne dénonçait-il pas chez les analystes de l’IPA le refus de croire en l’inconscient pour se recruter ? Cette nécessité pourtant est aussi ce qui entraîne dans l’opinion commune, une suspicion à l’égard de la psychanalyse. Si les communautés analytiques peuvent apparaître comme des sectes, c’est en raison de ce qu’elles partagent seulement des croyances. Dans la psychanalyse, comme dans la science, la foi précède la preuve. L’hypothèse de l’inconscient est à vérifier dans chaque cure.

Que devient cette croyance qui est à l’entrée en analyse ? Que devient-elle si le trajet d’une cure se résume ainsi : de la croyance au symptôme à l’identification au symptôme ? Voilà sans doute une formule rapide mais qui nous permet de mettre l’accent sur une modification essentielle dans le rapport du sujet à son symptôme. Nous entendrons ici dans l’identification au symptôme que le sujet cesse d’y croire, cesse d’attendre qu’il dise quelque chose. On ne peut évidemment cesser d’attendre qu’il dise quelque chose qu’à partir du moment où ce symptôme a dit ce qu’il avait à dire, qu’il a épuisé le sens qu’il portait. Le temps de la cure a réduit l’inconscient à quelques jalons, quelques traces dont la jouissance (j’ouie-sens) se déprend. C. Soler va jusqu’à parler de fermeture de l’inconscient, désabonnement de l’inconscient, silence de l’inconscient… Autrement dit encore, à suivre A. N’Gyen, cette identification au symptôme fait ex-ister l’inconscient en le situant hors de soi. Il ne s’agit plus alors de croyance mais bien d’une certitude qui se dépose au terme de la cure. Désormais l’inconscient ex-iste et c’est cette certitude qui se vérifie dans la passe. C’est même, pour reprendre ici un mot de Patricia Seunier au cours de nos rencontres préparatoires, ce qu’il y a d’incroyable au terme de la cure ! La vérification des effets de l’inconscient aboutit à un effet de surprise dont les passants sont déroutés. Il y a un effet de rupture.

Ils sont déroutés, ils quittent la route, la voie, ce qui ne veut pas dire qu’ils errent car, précisément, à suivre Lacan, ceux qui errent sont ceux qui croient au voyage. « Les non-dupes errent » sont ceux qui se refusent à la capture du langage et il y a un imaginaire qui soutient l’existence des non-dupes, c’est que la vie est un voyage, un voyage qui va de la naissance à la mort. Ceux qui ne sont pas dupes de l’inconscient croient dans la voie, dans le sens du voyage. Les non-dupes du coup n’en sont pas moins des croyants.

Nous pouvons maintenant faire avec Lacan un pas supplémentaire, celui qu’il fait dans le séminaire de 1973-74  sur « les non-dupes-errent ».  Lacan nous y propose « une toute autre éthique, une éthique qui se fonderait sur le refus d’être non-dupe, sur la façon d’être toujours plus fortement dupe de ce savoir, de cet inconscient, qui en fin de compte est notre seul lot de savoir … il faut être dupe c’est-à-dire coller à la structure ». (13/11/73). Être dupe de l’inconscient désigne la discipline du déchiffrage, la fidélité à la lettre, à la sériation, au pas-à-pas de la lecture. Le trajet de la cure est donc un parcours qui place au départ la croyance et qui ne mène pas à l’incroyance, mais à une certitude, à un consentement à la structure qui est aussi ce qui peut mener au « pur Réel » selon le mot de la fin de ce séminaire : « en se faisant la dupe, nous pouvons nous apercevoir que l’inconscient est sans doute dysharmonique, mais que peut-être il nous mène à un peu plus de ce Réel qu’à ce très peu de réalité qui est la notre, celle du fantasme, qu’il nous mène au-delà : au pur Réel ».2

De la croyance à un message à la rencontre d’un réel silencieux, cause de toute parole.

Le croyant et la dupe alors ?

Ce titre n’emporte pas seulement une clinique du trajet de la cure du croyant à la dupe, mais aussi une clinique de la différence sexuelle.

Je ne vais pas revenir ici sur ce que la croyance religieuse doit à la névrose obsessionnelle, point que Freud a largement développé. Mais, avec Lacan, dans le même temps où il articule la croyance dans le symptôme, il fait d’une femme un symptôme pour l’homme. Si la femme est un symptôme pour l’homme, c’est assurément un symptôme auquel il croit. Qu’il y croie ou qu’il la croie n’aura pourtant pas la même portée.

Il y croit dans la mesure ou elle présentifie, donne corps à l’inconscient qui a orienté son choix. Il y croit dans la mesure où elle peut dire quelque chose de cet inconscient dont il jouit dans le rapport avec elle. Il y croit en tant que symptôme et c’est là que la croire, croire ce qu’elle dit peut faire bouchon…le bouchon même de l’amour.

Toute une clinique de la relation amoureuse peut se développer à partir de là.. Car à partir du moment où une femme en vient par trop à incarner la voix surmoique de l’inconscient pour un homme, différentes réponses sont possibles :

Soit elle devient une obsession qui le harcèle, soit il lui faudra la faire taire (et les dispositifs dont peuvent user les hommes pour ne pas entendre leur femme(s) sont variés), soit il lui faudra la contrôler, surveiller ses moindres propos, tous ses faits et gestes…Nous sommes en plein dans la dimension paranoïsante de l’amour. « Qu’il la croie ramène l’amour à sa dimension comique, le comique même de la psychose » (21/1/75).. car le psychotique, ses voix, non seulement il y croit mais surtout il les croit ! Cette croyance de l’homme lui fait croire qu’il y a La, qu’il y a La femme. Et pourtant, interroge Lacan, il faut se demander si pour y croire, il n’est pas nécessaire de la croire.

On y croit tellement donc, que si d’un côté des hommes s’acharnent à faire taire leur partenaire, d’autres s’escriment au contraire à les faire parler, par la force si on pense aux méthodes dont a usé l’Eglise… ou de manière plus douce, par la supplication : « …depuis le temps qu’on les supplie, qu’on les supplie à genoux – je parle des analystes femmes – d’essayer de nous le dire, eh bien motus ! On n’a jamais rien pu en tirer. » (Encore p. 69) Dans ce séminaire Encore, Lacan ouvre de nouvelles voies par une véritable profession de foi. Après avoir fait l’éloge des écrits des mystiques, il dit ceci : « Vous allez tous être convaincus que je crois en Dieu. Je crois à la jouissance supplémentaire de la femme en tant qu’elle est en plus… »

Ici se dégagent d’autres perspectives pour les manifestations résiduelles dans le champ de la croyance !

Ce qu’il dit bien sûr n’engage que lui, mais tout de même, la fin de l’analyse ne se corrèle-t-elle pas à un aperçu sur le « pas-tout » de la structure ? Ce champ là, où se situe la jouissance féminine ne va pas sans dire. Sans la croire tout à fait, ou plutôt  toute « a » faite  peut-être la fin de la cure pour un homme peut-elle l’amener à « y entendre » quelque chose. Ceci dans la mesure où Lacan met en évidence une affinité entre le pas-tout de la structure, son réel et la position féminine.

 Et du côté femme ?

Là où l’obsessionnel se porte caution de l’Autre, c’est le Sans-Foi qui caractérise l’intrigue de l’hystérique, c’est-à-dire un « ne pas y croire ». A faire d’elle-même le point de référence, le lieu de la Vérité, elle déstabilise toute croyance dans la parole du Maître.

Mais si Lacan a pu insister sur le côté sans-Foi de la position hystérique, il a aussi souligné que la dupe est bien du féminin, même si cet accent s’efface quand il passe au pluriel des « non dupes errent ». De quel genre est non-dupe ? Ce mot, la dupe, renvoie à la stupidité de l’oiseau appelé « huppe » quand il, ou plutôt elle, se laisse prendre au piège. Le dictionnaire (le Littré) fait en tout cas valoir cet accent sur le féminin en corrigeant un M. La Fontaine qui fait un usage erroné du mot en le mettant au masculin !

Pour accentuer encore le paradoxe, Lacan retire de sa consultation des dictionnaires une citation de Chamfort : « Une des meilleures raisons qu’on puisse avoir de ne se marier jamais c’est qu’on n’est pas tout à fait la dupe d’une femme tant qu’elle n’est pas la votre »… Tant qu’elle n’est pas votre femme, ou votre dupe ? Dans le mariage, la duperie est réciproque !

Si ceci s’inscrit dans le fil de l’homme croyant jusqu’à la duperie, qu’en est-il côté femme ? De quoi les femmes sont-elles dupes ?

Ici, le Petit Robert que j’ai consulté, nous apporte une réponse en forme de citation, de Balzac celle-ci : « Les femmes sont constamment les dupes et les victimes de leur excessive sensibilité ».

Alors, les femmes sont-elles dupes d’elles-mêmes ?
Sont-elles dupes de rester pour elles-mêmes leur seule vérité ?
Sont-elles dupes de cette jouissance qu’elles éprouvent mais dont elles ne savent rien et ne peuvent rien dire ?
Sont-elles dupes de l’amour dont le discours et la lettre les entraînent au-delà de l’aimé ?
Sont-elles dupes de l’homme par l’inconscient duquel elles sont choisies ? Là, c’est ce que donnerait à penser le ravage que peut à l’occasion devenir la relation avec un homme.

 Nous mettrons ici le même écart entre « être dupe » et « se faire la dupe » qu’il y a entre être l’objet du fantasme d’un homme et accepter de s’en faire l’objet cause du désir. Cet écart est celui de l’accès à une place de semblant

Se faire l’objet du fantasme masculin conduit une femme à cette relation de « ravage » qui caractérise aussi bien la relation mère-fille quand, enfant, elle se fait objet du désir « pervers » de la mère. Tandis qu’accepter de se faire l’objet cause du désir pour un homme, accepter de se prêter à la perversion masculine, souligne l’accès à une place de semblant.  Adopter cette place est une façon pour une femme de se faire la dupe du choix de l’inconscient.

L’issue donc, de la cure pour une femme ne lui impose-t-elle pas de situer diversement les orientations de son désir dans le partage, le clivage qui est le sien ?

S’il lui faut consentir à se faire l’objet cause du désir de son partenaire, n’a-t-elle pas à se faire la dupe de la « père-version » masculine ? Ce qui laisse d’un côté son rapport à l’objet se réaliser dans sa propre père-version maternelle et de l’autre, la solitude de son absence à elle-même quand elle devient pour elle-même cet Autre qui n’existe pas.

Se faire la dupe de l’inconscient en fin d’analyse, n’est-ce pas aussi un nouveau nom du destin pulsionnel en fin de cure, une forme de manifestation résiduelle de la pulsion : « se faire duper »… se faire du père…pour pouvoir s’en passer…

Sans être non-dupe, celui qui se fait la dupe, l’est-il – ou l’est-elle – encore vraiment ? La duplicité de la pulsion est irréductible.

Notes:
  1. Je vais me référer ici et pour l’ensemble de ce travail au cours de Colette Soler de l’année 92-93 sur « Les variables de la fin de la cure ». []
  2. 11/6/74 []

La vie sexuelle contemporaine

La sexualité contemporaine, accords trouvés

par Patrick Monribot

Introduction

Frédérie Castan: Bienvenue à tous et particulièrement à notre invité, Patrick Monribot, que je remercie d’être ici, pour nous parler des ressorts de la sexualité contemporaine.

Je vous le présente : psychanalyste à Bordeaux, psychiatre, Patrick Monribot est membre de l’Association Mondiale de Psychanalyse (AMP), de l’École de la Cause Freudienne (ECF) et de la New Lacanian School (NLS) ; il est aussi chargé de cours pour l’une des branches de la Section Clinique (SC) de Bordeaux et a publié de nombreux articles dans plusieurs revues : QuartoLa Cause freudienne, dans la revue Mediodicho de Cordoba en Argentine. Il a aussi publié des séminaires en Colombie, au Venezuela et au Pérou. Cette liste est loin d’être exhaustive.

« La sexualité contemporaine, accords trouvés », titre de cette conférence, soulève de nombreuses questions.

À l’heure où la culture de consommation dans laquelle nous baignons favorise la consommation instantanée où les objets qui sont proposés à la jouissance sont de plus en plus virtuels, qu’en est-il du désir ? Et de quelle façon s’articule-t-il à la jouissance ?
Est-ce l’apanage de notre société contemporaine si dans la rencontre sexuée, quelque chose du sexe se perd et demeure irreprésentable pour tout sujet ?

Alors que chez les animaux, l’accouplement est fait de codes, de parades où ils savent ce qu’ils ont à faire, chez l’humain il faut inventer, trouver quelques voies pour s’adresser à l’autre.
Qu’est-ce qui organise cette rencontre sexuée chez l’humain ?
Conduit-elle toujours à une impasse ou y a-t-il des possibilités de moins s’embrouiller avec le réel en jeu dans la sexualité ?

C’est sur ces interrogations que je laisse la parole à notre conférencier Patrick Monribot.

Patrick Monribot : Nous allons parler de sexualité contemporaine et interroger celle annoncée dans un proche futur par la science. Petit paradoxe : pour parler de demain, je vous livrerai une histoire d’hier. La sexualité contemporaine m’incite à partir d’une fable vieille de 18 siècles !

Anne Lysy : Lʼanorexie : Je mange rien (extrait 2)

[…]

3. Un rien pas toujours dialectique ( Deuxième extrait de Lʼanorexie : Je mange rien de Anne Lysy sur le site du Pont Freudien))

Jusqu’ici, j’ai déployé cette dimension, qui est celle qui est déployée par Lacan, du rien dialectique. Eh bien, il y a aussi des riens qui ne sont pas dialectiques. Si ce passage de Lacan renvoie, dans ce contexte, à ce rien qui a une fonction dialectique, force est de constater, dans la clinique, que cette dialectique n’est pas toujours présente, et que la position de l’anorexique ne se laisse pas du tout entamer. L’extrémité où la mène à incarner ce refus dans son corps semble parfois le but poursuivi pour lui-même, et la mène irréversiblement à la mort. Elle semble se faire le déchet, le corps monstrueux. Non pas pour aveugler l’autre, mais parce qu’une logique implacable la mène là. Une logique qui ne semble plus relever du tout de l’appel à l’Autre.

C’est la question que je me pose quand je lis le destin de Simone Weil tel qu’il est présenté dans Les indomptables. Mais c’est aussi ce que des collègues, déjà évoqués, ne manquent pas de souligner. Recalcati distingue, par exemple, « les deux riens de l’anorexique ». Il interroge le statut du rien dans des structures subjectives différentes. Il différencie le rien dans l’hystérie, la névrose, qui est le rien dialectique dans le rapport au désir, et le rien dans la psychose. Ce deuxième rien n’est pas utilisé comme dialectique. Il n’est pas en rapport avec le désir de l’autre, mais il est refus radical de l’autre, pur anéantissement de soi. Il est poussée du corps, dit-il, vers sa propre destruction. On peut y voir une sorte d’identification à la chose. Et donc il insiste, tout à fait avec raison, sur la nécessité de faire une clinique différentielle de l’anorexie. D’autres auteurs vont tout à fait dans ce sens. Et il faut noter donc, il y a des anorexies psychotiques, qui ont une logique qu’il s’agit à chaque fois de déceler, par exemple, elles peuvent relever d’un délire d’empoisonnement aussi bien. Ou d’une certitude psychotique rigide, par exemple. Je pense que c’est un cas d’Augustin Ménard, André, qui affirme : « Je ne mange pas parce que je veux être en bonne santé ». Et qui construit tout son système sur des lectures d’ailleurs très sérieuses et très documentées pour ça.

Je vais aussi faire état ici d’un cas rapporté par Recalcati (( M. RECALCATI, « La passion anorexique et le miroir », La petite girafe, n° 14, 2001, pp. 69-75. )) , Giulia, elle s’appelle, pour vous donner une petite idée, justement, de la fonction que peut avoir l’anorexie dans la psychose. Il s’agit de bien déceler à quoi l’on a affaire avant de penser qu’il faudrait faire prendre du poids à quelqu’un, par exemple. Giulia déclenche des phénomènes psychotiques à l’adolescence. Elle est devenue anorexique après ça. Elle se voulait maigre, mais ça avait une fonction très particulière. Elle grandit dans une famille très religieuse, presque fanatique sous la férule d’une père sévère, un éducateur à la Schreber, qui l’obligeait à embrasser les pieds ensanglantés du Christ en croix. Il disait : « La vie est une longue expiation. » Pour elle, les transformations de son corps à la puberté étaient une grave menace à l’intérieur d’elle-même. Il fallait, disait-elle, devenir maigre comme un clou, être une enfant sans péché. On voit ici qu’« être maigre », c’était une tentative de solution, se protéger de la menace qu’elle sentait en elle-même. Elle voulait se délivrer de ce corps, elle ne voulait pas grandir, elle voulait rester une fille sans péché. Mais en même temps, c’était aussi un ravage, puisqu’elle se faisait là l’objet du père : être l’enfant crucifiée. Elle avait trouvé, néanmoins, dans cette identification imaginaire à la fille sans péché quelque chose qui la soutenait. Mais cela a été tout à fait détruit par une rencontre avec un garçon, à seize ans, qui lui fait la cour de façon prononcée. Ce garçon avait un blouson avec des aigles dessus. Et dès le lendemain de cette rencontre, Giulia a des hallucinations. Les aigles envahissent la maison, ils viennent picorer son visage et ils apparaissent dans le miroir de la salle de bains à la place de son image. Elle doit le recouvrir de serviettes, n’a jamais fini, elle doit se protéger de sa propre image dans le miroir. Ils reviennent, d’ailleurs – c’est arrivé quelquefois – et ils reviennent quand elle remarque dans son image des formes sexuelles. C’est ce qu’elle devait rejeter ; elle doit être une fille sans péché, donc l’assomption de la sexualité est, pour elle, impossible. Et donc on voit là comment être maigre devait empêcher l’apparition pour elle des formes sexuelles dans son image, qui la renvoyaient à ce qui devait absolument être rejeté. On a donc un retour dans le réel de l’image, de ce réel non symbolisé, pour elle, de la sexualité. Cela donne une idée, enfin, c’est un exemple, je trouve, très éclairant ; on en trouve d’autres dans la littérature, on entendra aussi demain, d’ailleurs, Anne Béraud qui fera un exposé sur un cas d’anorexie psychotique.

Dans ses travaux les plus récents, Recalcati fait remarquer que la conception qu’il appelle «romantique » de l’anorexie comme maladie d’amour a fait place de plus en plus, dans son expérience, à une conception qui accentue le caractère nihiliste de l’anorexie. Ce qu’il appelle son accent mélancolico-toxicomaniaque, et non pas hystérique. Le côté anorexie comme toxicomanie du rien, versant où la jouissance, la dimension de la jouissance mortifère, vient à l’avant-plan. Ce changement d’accent, dirais-je, n’est pas le simple fait de sa clinique. Il dépend aussi de comment on la lit. Et à cet égard, les modifications et les bougés dans la théorie de Lacan sont tout à fait importants et déterminants. Chez Lacan aussi il y a une prise en compte beaucoup plus importante de la dimension pulsionnelle dès les années 62-63 avec son séminaire sur L’angoisse, et surtout le Séminaire XI, où il formalise et remet à l’honneur la pulsion freudienne tout en y inventant un objet nouveau, l’objet a. À ce moment-là, le pivot de sa conception de l’anorexie, c’est l’objet a et la jouissance.

4. Le Séminaire XI et la pulsion : «couleur de vide » ou déchaînée dans le réel ?

J’arrive à la deuxième sous-partie de mon chapitre. Lacan reformule maintenant la pulsion non plus en termes de signifiant, comme il le faisait dans le Séminaire IV sans utiliser le mot pulsion, mais comme activité érotique autour d’un objet perdu. Ce n’est pas simple d’expliquer ce qu’est l’objet petit a. J’essaie d’en donner une idée.

L’objet a, ce n’est pas un objet de la réalité. C’est un objet tombé du corps, perdu, de par la prise du signifiant sur le corps. C’est, dit Lacan dans le séminaire L’Angoisse (( J. LACAN, Le Séminaire, livre X, L’angoisse, 1962-1963. Paris, Seuil, 2004. )) , « la livre de chair » nécessairement perdue par l’engagement de l’être parlant dans le signifiant. Il réinvente les objets de la pulsion partielle freudiens en allongeant leur liste. On a donc l’objet oral, anal, le phallus, le regard et la voix. Ce qu’il est important de comprendre, c’est que c’est un objet qui n’est pas représentable. Ce n’est pas un objet représentable dans le miroir ni dans le signifiant, on ne peut pas mettre le doigt dessus. C’est un aspect de l’objet qui était souligné aussi dans le Séminaire IV, mais d’une autre façon, et on le retrouve ici dans cette conceptualisation de l’objet a.

La pulsion, c’est quoi ? La pulsion, dit-il dans le Séminaire XI1 , cherche sa satisfaction. C’est une sorte d’activité de jouissance qui cherche sa satisfaction. Elle ne la trouve pas en se complétant d’un objet, mais en faisant un trajet autour d’un objet toujours manquant. Prenons la pulsion orale. Son objet n’est pas la nourriture, dit Lacan. Si on veut se la représenter, ce serait plutôt par l’image – qui vient de Freud – de la bouche qui se baiserait elle-même. C’est une bouche fléchée, dit-il. C’est à l’occasion, aussi, une bouche cousue. Comme on dit, « motus et bouche cousue ». On ne dit rien. Dans l’analyse, « nous voyons pointer au maximum dans certains silences l’instance pure de la pulsion orale, se refermant sur sa satisfaction »2 . On voit bien combien, effectivement ça n’a rien à voir avec la nourriture, dont on viendrait se satisfaire. C’est d’une toute autre satisfaction qu’il s’agit.

La pulsion, comme l’explique Jacques-Alain Miller dans son texte « Théorie du partenaire »3 , la pulsion tire sa satisfaction du corps propre. Elle part du corps et de ses zones érogènes pour y revenir et s’y satisfaire. Dans ce sens-là, c’est une jouissance auto-érotique. Mais pour réaliser cette autosatisfaction, la bouche doit, par exemple, passer par un objet dont la nature est tout à fait indifférente ; c’est pour cela qu’on a dans la pulsion orale aussi bien manger que fumer, par exemple. Il faut donc bien saisir que l’objet a n’est pas une substance, c’est un vide, dit Lacan dans son Séminaire XI, c’est un vide qui peut être occupé par n’importe quel objet. Et, à l’occasion, il est incarné, il trouve des « substances épisodiques », comme dit Lacan à un autre endroit.4

Comment cet objet très particulier se présente-t-il dans l’anorexie ? Dans le Séminaire XI, Lacan donne deux pistes par rapport à l’anorexie. L’une est toujours sur le versant dialectique. Cette fois, c’est une dialectique formulée en termes d’aliénation-séparation. C’est l’articulation de l’inconscient et de la pulsion propres au Séminaire XI, je ne vais pas détailler cela ici. Il cite l’anorexie mentale, pour en faire un exemple de cette articulation ; il dit que le sujet se fait lui-même objet pour répondre à l’énigme du désir de l’Autre. Tout enfant interroge le désir de l’Autre : « Tu me dis ça, mais qu’est-ce que tu veux me dire, là, entre les lignes ? Dans tout ce que tu me dis, mais qu’est-ce que tu me veux, finalement ? » Et, dit-il, le premier objet qu’il met en jeu, c’est le fantasme de sa propre mort, de sa propre disparition. « Veux-tu me perdre, c’est ça que tu voudrais ? » L’anorexie mentale donne ici un des exemples frappants de ça. Comment l’enfant met sa propre disparition en jeu. Ça, c’est une des pistes, c’est là qu’il cite, je dirais, explicitement l’anorexie mentale, dans le Séminaire XI.

Il me semble qu’il y a d’autres pistes, dans ces passages du Séminaire XI et dans la façon dont il formalise la pulsion, grâce auxquelles on peut lire toute une série de phénomènes qu’on observe chez l’anorexique et qui se situent plutôt sur le versant d’une jouissance pulsionnelle étrange, où le rien se positive. Dans le refus de nourriture, dans le mutisme, dans l’ascétisme extrême, il y a une sorte de satisfaction dans le rien, qui est positivé comme objet. « Le rien acquiert le statut d’objet substance de jouissance qui habite le corps de l’anorexique », dit Cosenza, qui se fixe dans sa bouche et qui produit une fermeture par rapport à l’Autre. Une jouissance autistique, autodestructrice, à l’instar de la toxicomanie5 .

De nouveau le rien, ici, n’est pas un objet qui nourrit le désir, c’est un objet qui le parasite et qui le désubjective sous la forme d’une jouissance totalisante qui ne laisse plus de place à rien d’autre. « C’est un objet qui parasite le corps, réduisant le sujet lui-même à être un objet condensateur de jouissance où la parole est désactivée. » C’est le versant, aussi, par où le sujet anorexique incarne en quelque sorte cet objet a, où il peut aller jusqu’à se laisser mourir, à se faire le déchet. Et d’ailleurs la jeune fille anorexique présentifie dans son image, dans l’image qu’elle donne, justement ce qui, d’ordinaire, est recouvert par l’image. Que l’image soit une image totale, sans faille et là apparaît quelque chose d’informe et une horreur qui normalement doit être masquée et couverte par l’image. Il y aurait tout un chapitre à ouvrir ici, sur les rapports de l’anorexique à l’image dans le miroir.

Dans un article passionnant, Recalcati montre que les rapports particuliers et surprenants que souvent le sujet anorexique entretient avec son image ne relèvent pas du tout d’une difficulté cognitive, mais témoignent de sa difficulté à subjectiver le réel, irreprésentable, du corps pulsionnel, ou encore le réel insignificantisable de la sexuation6. Normalement, donc, l’image spéculaire, qui donne forme à l’informe, habille le reste qui échappe à l’image. Chez les anorexiques, dans des formes différentes, dit-il, on voit bien que quelque chose qui n’est pas symbolisé fait retour dans l’image. Par exemple, se voir grosse alors qu’on est complètement maigre. Il décrit cela comme ça, c’est quelque chose, justement, qui réapparaît et qui relève de la dimension pulsionnelle du corps ; ce qui, dans le corps, ne se réduit pas à l’image que le sujet rejette et voudrait effacer. Elle se voit grosse.

C’est comme le cas de la psychotique Giulia dont je vous parlais tout à l’heure, ce qui ne peut pas apparaître fait retour pour elle dans l’image. C’est pour cela que dans le « Je suis grosse » qui est très étonnant, on se dit « C’est complètement perturbé ! » C’est intéressant, cette lecture, montrer que quelque chose qui ne se symbolise pas, fait retour sous cette forme-là. Il fait remarquer que ce n’est sans doute pas un hasard si l’anorexie se déclenche fréquemment au moment de l’adolescence. C’est le moment où le corps se transforme, où la question de la sexualité, du rapport à l’autre sexe se pose et où, donc, l’image narcissique doit être rectifiée et à nouveau assumée. Tout ce qui du sexuel était en latence revient, ravivé, et le sujet doit se repositionner. Recalcati donne l’exemple, aussi, d’une hystérique, névrosée donc, qui dit : « ce que je vois dans ma graisse, c’est toujours le regard de ma mère chargé de reproches ». Voyez le retour du reproche de la mère qui n’arrêtait pas, quand elle était plus petite, de lui dire : « T’es pas ma fille, tu n’as pas honte, tu grossis… » Je vais passer certains exemples qui formaient une troisième petite sous-partie : « Donner à voir l’irreprésentable, l’anorexique et le miroir. » On pourra en parler dans la discussion.

 

Notes:
  1. J. LACAN, Le Séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, 1963-1964. Paris, Seuil, 1973. []
  2. J. LACAN, Ibid., p. 164. []
  3. J.-A. MILLER, « La théorie du partenaire », Quarto, n° 77, 2002, p. 6. []
  4. J. LACAN, « Lettre aux Italiens », 1974, in Lettre mensuelle de l’École de la Cause Freudienne, p. 9, avril 1982. Repris comme « Note italienne » in Autres écrits, Seuil, 2001, p. 309. []
  5. D. COSENZA, « Anorexie », Op. cit., pp. 30-31. []
  6. M. RECALCATI, «La passion anorexique et le miroir », Op. cit. []

Nue, Jean-Philippe Toussaint

Il y a la « disposition océanique » aussi, de Marie,  son goût pour la nudité. Sa facilité à faire une, nue, avec la nature, dont aurait répondu le défilé en robe de miel, révélant, pourtant, avérant, questionnant la possible face d’horreur (de la nue dans la nature). Comme s’il avait fallu, pour elle, Marie, que la haute couture repondît de la grandeur, de la beauté de ce « sentiment océanique » que le narrateur dit donc observer chez elle. Et que ce soit au départ de la faille, de la faillite, alors de cette correspondance, du recouvrement « nature/culture » pour le dire très grossièrement – peut-être on aurait pu dire aussi « femme /robe », « nue/non-nue, vêtue », « une nue/une vêtue »- que quelque chose se révèle de la raison du travail de la jeune femme, et de leur couple.

///

Moi, je déteste m’habiller. Je n’habille pas la nue. Je laisse nue la nue. Dois laisser nue la nue.

Comme si…. la nuée d’abeilles, la robe de miel, cherchaient à répondre de la nue Marie (semblant réel).

C’est le semblant qui m’est impossible.

Quelque chose n’est pas recouvert.

Pauvre F, qui déteste la nudité (dit-il).

 

Le croyant et la dupe alors ?

Là où l’obsessionnel se porte caution de l’Autre, c’est le Sans-Foi qui caractérise l’intrigue de l’hystérique, c’est-à-dire un « ne pas y croire ». A faire d’elle-même le point de référence, le lieu de la Vérité, elle déstabilise toute croyance dans la parole du Maître. …

Alors, les femmes sont-elles dupes d’elles-mêmes ? Sont-elles dupes de rester pour elles-mêmes leur seule vérité ? Sont-elles dupes de cette jouissance qu’elles éprouvent mais dont elles ne savent rien et ne peuvent rien dire ? Sont-elles dupes de l’amour dont le discours et la lettre les entraînent au-delà de l’aimé ? Sont-elles dupes de l’homme par l’inconscient duquel elles sont choisies ? Là, c’est ce que donnerait à penser le ravage que peut à l’occasion devenir la relation avec un homme.

 Nous mettrons ici le même écart entre « être dupe » et « se faire la dupe » qu’il y a entre être l’objet du fantasme d’un homme et accepter de s’en faire l’objet cause du désir. Cet écart est celui de l’accès à une place de semblant

Se faire l’objet du fantasme masculin conduit une femme à cette relation de « ravage » qui caractérise aussi bien la relation mère-fille quand, enfant, elle se fait objet du désir « pervers » de la mère. Tandis qu’accepter de se faire l’objet cause du désir pour un homme, accepter de se prêter à la perversion masculine, souligne l’accès à une place de semblant.  Adopter cette place est une façon pour une femme de se faire la dupe du choix de l’inconscient.

Le croyant et la dupe, Marie-Françoise De Munck

le silence de la mère

Vous apportez un éclairage nouveau sur le ravage maternel, lorsque vous indiquez, page 59, qu’une fille peut connaître une forme de laisser tomber de la part de sa mère. Il s’agit non pas d’une absence de soin, de paroles blessantes ou de rejet, mais d’une certaine forme de silence.
Il y a «tout ce que la mère ne peut dire et qui prend toute sa puissance» et «la fille se trouve alors aux prises avec cette jouissance muette». Comment, une cure analytique, qui est une expérience de parole, permet-elle de traiter cette modalité du ravage maternel très spécifique?*

Femmes lacaniennes - Une analyse de la question féminine dans le discours de Lacan sur la psychanalyse et de ses effets sur l'approche de la cure psychanalytique. L'auteure montre qu'en ouvrant des perspectives inédites, le psychiatre a permis un renouvellement de l'acte et de la position du psychanalyste. ©Electre 2014
Femmes lacaniennes, Rose-Paule Vinciguerra – Une analyse de la question féminine dans le discours de Lacan sur la psychanalyse et de ses effets sur l’approche de la cure psychanalytique. L’auteure montre qu’en ouvrant des perspectives inédites, le psychiatre a permis un renouvellement de l’acte et de la position du psychanalyste. ©Electre 2014

Rose-Paule Vinciguerra (à propos de son livre Femmes lacaniennes) : Ce ravage n’est pas celui qu’évoque Freud autour de la revendication phallique de la fille et qui est «insatisfaction pré-castrative» comme le dit Lacan.1 Il met en jeu la jouissance Autre et énigmatique de la femme qu’est la mère. C’est là sans doute que la mère est la plus puissante, elle en devient réelle. Et comment une fille y répondrait-elle si ce n’est par un surmoi dévastateur, une surmoitié2, dont les dits poussent à s’arracher à toute limite, sans appui, sans garantie. Mais il n’y a pas d’Autre de l’Autre pour répondre à l’exigence de cet appel – pas plus d’ailleurs qu’il n’y a de nomination de l’être d’une femme ni de référent substantiel à son corps. À cet égard, les analystes ont à éviter l’illusion de la réparation faite par le «bon parent» venant à la place du parent traumatique.

Une interprétation analytique peut cependant, en apportant le signifiant équivoque qui manque, contrer le réel, inscrire un bord, là où une expérience de jouissance se répète inlassablement.

La fin de l’analyse témoignerait donc de la façon particulière dont a pu se taire cette voix de la surmoitié, ce point de jouissance rebelle à quelque assomption de l’énonciation. La passe peut rendre compte de cela.

* SOURCE : Interview de Rose-Paule Vinciguerra pour son livre Femmes lacaniennes sur le site de l’ECF.

Notes:
  1. Lacan J., Le Séminaire, livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 233 []
  2. Lacan J.,«L’étourdit», Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p.468. []

La femme qui dit non

Résumé du deuxième chapitre de livre de Pierre Naveau Ce qui de la rencontre s’écrit, Etudes lacaniennes publié aux Editions Michèle. Mes commentaires sont en italiques.

cas d’une femme qui a peur de son père et pourtant s’identifie à lui. cette peur s’étend à tous les hommes, que toutefois elle aime « autoritaires, virils, puissants ».

dit d’elle-même qu’elle est « la femme qui dit non » et refuse tout rapport sexuel tant qu’elle n’est pas sûre d’être aimée.

Deux notes sur la féminité, extraits (Rose-Paul Vinceguerra)
— Surmoitié, ravage et rien

(…)

Où est donc la femme ? Elle est « entre », entre le centre de la fonction phallique et cette absence au centre d’elle-même, faute d’un signifiant qui la représenterait. C’est dans le rapport à cet irreprésentable qu’une femme peut éprouver ce que Lacan va nommer une « Autre jouissance ». Une jouissance Autre que la jouissance phallique limitée. Une jouissance, dont une femme ne dit rien, et par laquelle elle s’éprouve pourtant Autre à elle- même. Une jouis-absence, au cœur de soi mais étrangère à soi. C’est en effet dans un au-delà du terme phallique incarné par un homme que cette jouissance s’éprouve, en un lieu où l’interdit n’aurait plus cours. La jouissance sort là des limites de la représentation de l’Autre comme sexué et le phallus, s’il en est la condition, n’en est pas la cause. À cet égard, ni l’objet qu’une femme est pour un homme, ni le phallus comme jouissance sexuelle solidaire d’un semblant ne sont suffisants pour approcher le réel. Le phallus ne sature pas le rapport d’une femme au réel et si on considère comme réelle cette jouissance, alors il faut supposer que les femmes sont plus du côté du réel que du semblant. Ce qui accompagne ici une femme est ignorance, absence de signification, ou encore solitude. Si la symbolisation de la femme en effet manque, cette jouissance en défaut de paroles a à voir avec le point de manque où s’origine la privation réelle pour celle-ci. En cela, les femmes peuvent passionnément aimer le rien dans une passion mortifère qui peut tout engloutir et que Lacan nomme surmoitié.

(…)

Il ne s’agit plus dans ce ravage de ce que Freud appelle la mauvaise relation à la mère et pas non plus du reproche que la fille fait à celle-ci de l’avoir fait naître châtrée, ni du dommage que la fille pense avoir subi de la part de sa mère. La fille, dit Lacan, attend plus de substance de sa mère que de son père et c’est là qu’est le ravage. Sub-sister, c’est ce qui supporte une existence. Ainsi, la fille demande-t-elle à la mère de faire exister son corps, d’y faire support. Mais cette substance qu’elle en attend se fonde en fait sur un « ravissement », sur un rapt. Le corps de la fille est « ravi » car la féminité est impossible à partager (le signifiant de la féminité est un signifiant forclos). On ne peut donc pas dire avec Freud et même avec le premier Lacan qu’il suffise de se régler sur la fonction paternelle pour régler ce ravage. Ainsi le point de vue freudien est-il transformé.
Aussi bien, la liberté qu’a une femme de pouvoir se situer dans la jouissance non phallique, sa liberté à l’égard du semblant a-t-elle comme contrepartie le ravage qu’elle subit de la relation à sa mère, de la relation à la jouissance Autre qui a habité la femme qu’est sa mère. Ici, la mère ravageante est celle qui lâche l’enfant. Lâcher, laisser tomber, ça ne veut pas dire nécessairement priver l’enfant de soins mais c’est laisser prévaloir une forme de silence absolu dans le rapport à celui-ci. Ce silence va au-delà même de paroles meurtrissantes et de toute signification. La fille est alors aux prises avec cette jouissance muette qui n’a pas d’inscription symbolique.
Il faudra donc que la fille, quand elle est névrosée et en analyse, fasse le partage entre ce en quoi elle a été prise dans les filets de cette jouissance de la mère en tant que femme, jouissance impossible à symboliser et ce en quoi elle y a répondu comme elle a pu, par renforcement de l’identification phallique parfois mais souvent par la mise en jeu d’un circuit pulsionnel mortifiant, effet d’un surmoi, essentiellement féminin. À charge alors pour celle-ci de faire « se réfuter, s’inconsister, s’indécider, s’indémontrer »(20) les dits terribles de ce surmoi, de départager pour inventer le désir qui l’habite. C’est là sans doute une des difficultés les plus aigues de fin d’analyse pour une femme et l’analyste a à supporter ce que cet affrontement à la jouissance la plus sombre comporte parfois d’insoutenable pour le sujet.

« Tu m’as satisfaite  petit homme. Tu as compris, c’est ce qu’il fallait.  Va, d’étourdit il n’y en a pas de trop pour qu’il te revienne l’après  midit. Grâce à la main qui te répondra à ce qu’Antigone tu l’appelles, la  même qui peut te déchirer  de ce que j’en sphinge mon pas toute, tu  sauras même vers le soir te faire l’égal de Tiresias et comme lui, d’avoir fait l’Autre , deviner ce que je t’ai dit ».

C’est là surmoitié qui ne se surmoite pas si  facilement que la conscience universelle.

Ses dits ne sauraient se  compléter, se réfuter, s’inconsister,  s’indémontrer, s’indécider qu’à partir de ce qui ex-siste des voies de son dire.  

Dans sa conférence de 1932 sur la féminité, Freud conseillait : « si vous voulez en apprendre davantage sur la féminité, interrogez votre propre expérience, adressez-vous aux poètes ou attendez que la science soit en état de vous donner des renseignements plus approfondis et mieux coordonnés ». C’est dire sur quels bords aléatoires se situe la position féminine, jamais assurée de savoir faire avec une privation réelle de signifiant, privation qui est sa marque pourtant distinctive. Les femmes savent pourtant pallier cette difficulté en usant des ressources offertes par l’expérience millénaire, ou encore de la poésie faite par les hommes sur elles. Mais elles butent aujourd’hui sur la croyance que la science pourrait les aider à dire leur être et ne trouvent là qu’un être réduit à l’apparence ou à l’inverse elles espèrent, comme le font les petites filles, l’amour qui obvierait à la précarité du semblant. Peines (d’amour) perdues. Il revient à la psychanalyse de déjouer l’illusion de remèdes éphémères et de parier sur des accommodements aussi singuliers que le sont les femmes. Ceux-ci ne se cherchent, ne se forgent et ne se trouvent, au cas par cas, qu’à travers ce qui de la parole de celles-ci peut faire advenir un dire.

(1) Lacan J., « La science et la vérité », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 877.
(2) Lacan J., Le Séminaire, livre IV, La relation d’objet, Paris, Seuil, p. 153.
(3) Lacan J., « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose », Écrits, op.cit., p. 557.
(4) Lacan J., Le Séminaire, livre V, Les Formations de l’inconscient, Paris, Seuil, 1998, p. 185.
(5) Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », Écritsop.cit., p.822.
(6) Lacan J., « La signification du phallus », Écritsop.cit., p. 694.
(7) Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 465.
(8) Lacan J., « Propos directifs pour un Congrès sur la sexualité féminine », Écritsop.cit., p. 733.
(9) Lacan J., « La signification du phallus », op. cit., p 695.
(10) Ibid., p. 694.
(11) Lacan J., Le Séminaire, Livre XIV, « La logique du fantasme » [1966-1967], leçon du 1er mars 1967, inédit.
(12) Lacan J., « Jeunesse de Gide ou la lettre et le désir », Écritsop.cit., p. 750.
(13) Lacan J., « Note sur l’enfant », Autres écrits, op. cit., p. 374.
(14) Lacan J., « Propos directifs pour un Congrès sur la sexualité féminine », op.cit., p. 730.
(15) Lacan J., Ibid.
(16) Lacan J., « La lettre volée », Écrits, op.cit., p 31
(17) Laurent Eric, « Positions féminines de l’être », Quarto, n°90, juin 2007, p. 28-33.
(18) Lacan J., Le Séminaire, Livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 68.
(19) Lacan J., « L’étourdit », op.cit., p 465.
(20) Ibid., p. 468.

http://www.causefreudienne.net/deux-notes-sur-la-feminite/

 

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