le n’importe quoi selon chevillard ; mais lalangue

Je connais la tentation du n’importe quoi, le n’importe quoi comme violence ultime infligée à la langue, à la littérature, à la justification qu’elles (la langue et la littérature) s’efforcent de donner à toute chose, au sens qu’elles ne cessent de chercher et qu’elles inventent à défaut de le trouver, le n’importe quoi alors comme ravage, comme blasphème, comme attentat, comme suicide. J’y cède quelquefois.
495 – Le blog de Éric Chevillard

Mais si la littérature a cherché toujours
à donner ou inventer du sens, n’est-ce pas moins sûr pour la langue. Qu’elle veuille ou cherche à s’accommoder du moindre sens. Dites, si cela vous facilite la vie, la langue maternelle. Dites la-langue-de-la-mère. Si cela vous ouvre des voies. Les ouïes. Écrivez-la lalangue. Voilà comme ça (cela qui écrit ce qui s’entend). La littérature non plus
n’aura pas cessé
de chercher à intégrer la langue / eût-elle eu, eût-elle à
la nettoyer (rape), ou la tourner, 7x, voire davantage, dans son habitacle, ou celui d’un autre, propriétaire d’une autre bouche, langue (la langue parfois dans la bouche d’un autre, non). Quand elle y parvient, à rejoindre ce lieu où la langue désintègre le sens, elle en passerait bien par le n’importe quoi, qui à rien chevillé jouit.

Pour ma part, une maladie a envahi ma bouche. Quittons le savoir des maîtres. Je n’ai trouvé d’autre issue que de dormir. Et encore.

– Moi, moi moi moi, qui ne, cesse, de céder. qui ne cesse. Suicidée perpétuelle,

Oublis de certains noms communs et littérature

J’oublie toujours le sens des mots hérésiarque et démiurge.  Également celui de solipsisme et d’idiosyncrasie. ( Jamais aimé interrompre une lecture par fastidieuse consultation du dictionnaire / toujours compté sur ce que le contexte  pourrait me dire de la signification du mot sur lequel j’hésitais / or, certains mots, résistent  / et de découvrir leur sens via le dictionnaire ne suffit pas du tout à ce que je les intègre.)

Lis Fictions, de Borges. Un peu à cause de Toussaint Jean-Philippe ( L’urgence et la patience) – ce sentiment de n’être pas assez proche de la littérature, de n’être pas suffisamment consciente de son existence ( un peu comme si elle n’existait pas) ( tandis que si) ( je venais à la rencontrer) ( alors, plus si affinités…)

Je ne la rencontrerai pas. Il aurait fallu en faire un métier, peut-être. Pourtant, j’ai aimé les livres. Je les ai aimés sans aimer la littérature, sans avoir besoin de la littérature. Je ne me fais pas de reproche par rapport à ça. Je cherche ma place. Cela ne m’empêche pas d’avoir envie d’écrire un livre…

Tiens,  j’ai rêvé de mon oncle, je pense, cette nuit / quelqu’un sur la liste Escapades qui signe « Loncle » /  j’ai bien cru hier que c’était lui qui m’écrivait d’outre-tombe, lui qui pareillement signait ses missives / lui qui a écrit un livre (mais ça n’a rien à voir).

La présence et la voix, ce qui me sépare de la culture. Du désir peut-être aussi. (Mon oncle qui lui, entendait des voix – mais ça n’a pas de rapport.) Je deviens une très bonne femme de ménage.

Écrit pendant que tout le monde dort. Il y a quelques jours j’ai cru que j’étais atteinte d’une maladie incurable. Nous avons fait l’amour. Aspirer la vie de son corps.

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