opinion-double, culture (I) – manque de culture à partager

18 avril 2006 | avril 2006 | brouillonne de vie, préliminaires | , , , , |

je n’avais pas ce matin le courage de me remettre au boulot / alors plutôt j’ai nettoyé sans cesse jusqu’à maintenant /

hier, j’ai reçu un très beau bureau / si je dis « reçu », c’est que je ne me le serais jamais acheté / il le faut, ça, que je reçoive / il sera payé avec l’argent que je gagne à (trop) travailler / remarquez, de sans gain (caractère) je passe au gai gain / oh le sourire quand je l’ai découvert, comment j’ai été contente / exactement ce dont, je n’aurais pas osé rêver / et comme il est grand / joli / astucieux, avec tous ses petits tiroirs, ses pochettes

/ TOI / tu n’aimes pas arte tu ne lis pas les textes d’explication dans les musées moi non plus ton père dit que tu fais des petits mickeys il le dit de ta fille aussi. ton œuvre, tes vignettes, ont été sélectionnées à ce festival et ton blog est de ROCK / TOI /

nous n’avons pas toi et moi les mêmes définitions de la culture / je pense le plus souvent à celle qui fait dire, par exemple, d’un tel : « il a une immense culture », et qui me fait penser que cette culture-là, je ne l’aurai jamais, cette culture qui ne me manque plus* // manque de culture à partager // cependant que restent ceux qui n’en manquent pas / je pense à arasse, daniel, que j’entendais l’autre jour à la radio, comment je l’aime / dont le mode de savoir, comme on dirait mode de jouissance, ne sera simplement jamais le mien / / et je cherche ici où nous nous rejoignons toi et moi par rapport à cette culture, au sens où je l’entends, un sens assez restreint** / le sentiment de ce qu’elle a d’opprimant / non? – qui me fait repenser à cette phrase : « quand j’entends le mot Kultur je sors mon revolver » / opprimante en tant que ceux-là qui la possèdent, la possèdent au titre même qu’ils appartiennent à la classe dominante / et je me souviens de ce qu’il me semble a pu dire jacques-alain miller : que le discours est avant tout un instrument de pouvoir, de puissance / bon, retrouver la référence*** / maintenant, jules pleure.

* culture dont le manque ne me peine plus, que je cherche à mettre en lumière, dont je voudrais faire la promotion

** il m’est arrivé de la définir plus largement, comme prenant son départ du moindre fait de discours – à la base.

*** pas retrouvée aussi vite que je ne l’espérais, la référence, citation exacte. pensais que ça se trouverait dans numéro de la Cause freudienne sur l’Angoisse, mais.

Oublis de certains noms communs et littérature

2 mai 2012 | mai 2012 | brouillonne de vie | , , , , , , , |

J’oublie toujours le sens des mots hérésiarque et démiurge.  Également celui de solipsisme et d’idiosyncrasie. ( Jamais aimé interrompre une lecture par fastidieuse consultation du dictionnaire / toujours compté sur ce que le contexte  pourrait me dire de la signification du mot sur lequel j’hésitais / or, certains mots, résistent  / et de découvrir leur sens via le dictionnaire ne suffit pas du tout à ce que je les intègre.)

Lis Fictions, de Borges. Un peu à cause de Toussaint Jean-Philippe ( L’urgence et la patience) – ce sentiment de n’être pas assez proche de la littérature, de n’être pas suffisamment consciente de son existence ( un peu comme si elle n’existait pas) ( tandis que si) ( je venais à la rencontrer) ( alors, plus si affinités…)

Je ne la rencontrerai pas. Il aurait fallu en faire un métier, peut-être. Pourtant, j’ai aimé les livres. Je les ai aimés sans aimer la littérature, sans avoir besoin de la littérature. Je ne me fais pas de reproche par rapport à ça. Je cherche ma place. Cela ne m’empêche pas d’avoir envie d’écrire un livre…

Tiens,  j’ai rêvé de mon oncle, je pense, cette nuit / quelqu’un sur la liste Escapades qui signe « Loncle » /  j’ai bien cru hier que c’était lui qui m’écrivait d’outre-tombe, lui qui pareillement signait ses missives / lui qui a écrit un livre (mais ça n’a rien à voir).

La présence et la voix, ce qui me sépare de la culture. Du désir peut-être aussi. (Mon oncle qui lui, entendait des voix – mais ça n’a pas de rapport.) Je deviens une très bonne femme de ménage.

Écrit pendant que tout le monde dort. Il y a quelques jours j’ai cru que j’étais atteinte d’une maladie incurable. Nous avons fait l’amour. Aspirer la vie de son corps.

Re: comédies américaines

6 août 2014 | août 2014 | brouillonne de vie | , , , |

Ah,  c’est très intéressant tout ça. C’est marrant, on (dulce + jujujuman) a vu tous1 ces films récemment, et je ne me souviens de rien du tout, ou presque. Je crois que je devrais les revoir. Je vous parle de ma mémoire ici, pas des films. Je perds totalement la mémoire, c’est ça qui m’occupe le plus pour le moment. 

 

Curb your enthousiasm, oui, je m’en souviens bien. Peut-être pour ça que j’aime tellement les séries, parce que ça dure longtemps et qu’on a vraiment le temps de s’imprégner de l’histoire, des personnages. Je me souviens du moment où j’ ai découvert Lost, ma première série. Tous les jours, je devais attendre dulce, le soir, pour mater la suite. Et pendant toute la journée, j’y pensais, ça me manquait. Les voix en particulier, certaines voix me manquaient. Ça a été surtout vrai pour Lost.

 Curb your enthousiasm, y a eu des moments où c’est devenu super grinçant, limite insupportable. On n’était plus très sûr d’avoir envie de le voir. Puis, ça s’est rétabli (même si moi, j’ai continué à me méfier), c’est ressorti du désespoir, je crois, réémergé. 

Pour ce qui est de la mémoire, y a l’âge bien sûr,  y a un symptôme, de je sais pas encore dire de quoi, puis y a aussi que c’est pas du tout ma culture. J’ai beau vivre avec D. depuis 10 ans,  c’est toujours pas ma culture.  Et chaque fois qu’il me propose ce genre de truc, je me dis OK, bon,  voyons voir ce qu’il a encore à me proposer. Et je regarde, je ris,  je trouve ça bien ou pas, mais ça reste très vague, je crois que je n’ai pas encore intégré ça comme étant à retenir, ça glisse. Je rigole et ça glisse. Ça s’en va.

Je demande peut être des œuvres qu’elles me bouleversent. Et rire ne fait pas partie, n’est pas programmé chez moi comme étant bouleversant. Tout de moins ce rire là, un peu gras. J’attends probablement plus classiquement d’être dramatiquement bouleversée. Il faudrait que je trouve le moyen de re-programmer ça. Et la drôlerie a quelque chose qui va ou qui vient d’au-delà du bouleversement. 

J’ai dit aussi que je perdais la mémoire parce que je ne parlais pas assez. Je n’ai jamais beaucoup parlé – sauf avec certaines femmes, et là j’étais devenue vraiment bavarde, pipelette -, parce que je suis seule. Je ne me plains pas. Je constate. Solitude entraîne perte de l’usage de la parole, perte des mots. Je ne me plains pas : tout ça m’est beaucoup trop proche pour que je m’en plaigne. J’ai un attachement à moi.

Je perds les mots et je dois trouver comment les retenir. Ou comment les laisser partir. Qu’est-ce qui dans les mots qui partent ne me retient pas ? Et qu’est-ce qui reste ? Qu’est-ce qui me retient dans ce qui reste ? Que faire de ce reste ? J’ai parfois eu le pressentiment que c’était de cet ordre là. Quelque chose de cet ordre-là. Que je tenais  au manque des mots (hystérie). Mais ce manque qui s’impose à moi, que je défends par devers moi, que restera-t-il de lui. Qu’est-ce qui reste quand ce qui reste n’est pas des mots. Et. Comment ce reste fait-il lien avec le reste du monde, et avec ce qui reste du monde au monde qui n’est pas des mots.  

C’est la question du lien qui est importante. Pour moi, la seule. Et comment abandonner ou au contraire prendre très au sérieux la question de ce qui reste après (la deuxième seule, importante question), après la vie. 

Mais là, je suis encore pleinement en vie. Et je peux très bien rigoler à un film qui n’est au départ  « pas de ma culture » et l’intégrer à ma culture. En modifier le fonctionnement. Parce que le rire, finalement, comme le disait déjà Freud, le rire fonctionne avec au départ de ce qui manque aux mots. Bon,  enough.

Des chercheurs ont réussi une expérience de télépathie, via ordinateur

Notes:
  1. Step Brothers, You Don’t Mess with the Zohan, Fun, Zoolander, Anchorman 1 et 2, Very Bad Trip, Bruno, Borat, Ron Burgundy, Pineapple Express. []
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