dimanche 7 avril 2024

Obiégly, les carnets // pas-à-lire

ce qui me paraît important avec ces carnets, ce qu’elle en dit Obiégly, c’est l’idée qu’il y ait des choses écrites qui ne soient pas destinées à être lues. que l’on se prenne la peine de les écrire sans qu’on ne cherche à leur trouver de lecteurs. c’est une part du sujet du livre, Sans valeur. ça restitue pour moi une valeur à ça.

c’est parce qu’elle écrit des choses qui ne sont pas destinées à être lues, parce qu’il y a un endroit où ça existe, que son écriture a cette liberté.

ça ne veut pas dire que ça ne la travaille pas, ça ne l’interroge pas. faut-il jeter, faut-il archiver. Faut il que ça soit exhumé après sa mort.

je m’aperçois que c’est très important qu’il puisse y avoir un endroit où l’on écrive pour soi. que l’on puisse se passer de lecteur. que cela n’est pas vain. pour quelqu’un comme moi, toujours travaillée par le secret.

après tout ce temps passé à bloguer, je m’en rends compte…. tout ce que je n’ai pas osé écrire, tout ce que je n’ai pas écrit…….

et alors, dit Obiégly, alors vient la fiction: les carnets nettoyés, désodorisés je cois qu’elle dit.

avoir pu écrire pour soi.

faut dire que  je n’ai pas eu de chance avec les carnets écrits pour moi, puisqu’il m’est arrivé que de semblables carnets aient été saisis par la police et que l’intimité qu’ils recelaient ait été complètement ruinée, trahie, violée.

il y a toujours cette peur chez moi, après. l’idée que l’on peut toujours venir chez vous, fouiller et exhumer des secrets que vous pensiez à l’abri. rien de ce qui est écrit n’est à l’abri. 

https://www.en-attendant-nadeau.fr/2024/02/20/le-marche-de-l-ordure-sans-valeur/

 

dimanche 22 septembre 2024

désespoir industry instagram palestine gym danse recettes cuisine amis sociabilité

De nouveau réveillée la nuit, à 4 heures. Il est 4h 45. Me suis levée pour écrire et  comme d’hab au lieu de ça tout de suite captée par Instagram.

Hier, coup de fil avec J. Il est bien, il va bien, il est content, être seul, vivre seul lui plaît. Il fait face. Dit-il et je le crois et j’en suis heureuse. À nous de respecter ça, d’apprendre à nous passer de lui, à ne plus nous occuper de lui. Ça fait un vide. À construire une nouvelle relation. À nous occuper de nous.

Je dis ça et ça fait 2 jours que je regarde une série. Industry. Saison 1, avant-hier et seulement la moitié de la saison 2 hier.

Israël. En lisant cette Eve Barlow sur Instagram, j’ai compris qu’il n’y avait rien à faire. Leur conviction est ancrée dans ce qu’ils se racontent, s’inventent, depuis qu’ils sont en Palestine. Ce n’est pas d’eux que viendra le salut. Il n’y a aucun moyen de leur faire entendre autre chose. Leur discours est enraciné dans ce péché originel qu’ils cherchent à justifier. Ils doivent s’autoriser au crime.

On parle d’une prochaine guerre au Liban, Gideon Lévy annonce que ce sera pire que ce qui se passe aujourd’hui à Gaza. J’ai peine à le croire. Je ne vois pas comment c’est possible. Mais ils parlent d’annihiler le Liban. Et proclament qu’il ne faut pas faire de différence entre le Hezbollah et la population. Comme ce qui s’est passé pour le Hamas. Curieusement (ou non ?), Macron est intervenu en faveur du Liban.

Je n’ai presque plus de batterie, mon téléphone va s’éteindre.

[22/09 à 05:46] Je continue sur le Mac.

Tout cela je l’apprends sur Instagram, sur les réseaux sociaux.  Et ça se mélange à des vidéos de femmes qui font de la gym et qui maigrissent, qui me donnent vraiment envie d’en faire, de la gym,  ou à des vidéos de danse qui me donnent plus encore envie de danser. Ou à des vidéos de femmes, ou d’hommes d’ailleurs, qui cuisinent des plats vegans en balançant curieusement brutalement (et n’importe comment) leurs ingrédients dans leur récipients, sans que ça n’éveille d’ailleurs la plus petite once d’espoir en moi de me mettre jamais à cuisiner avec leur nonchalance et leur rapidité, si ce n’est que peut-être finalement j’y crois, peut-être que je me dis que je le ferai, que c’est faisable, la preuve en serait que je bookmarke ces vidéos ou que j’en fais des copies d’écran, ça me fait alors sur mon téléphone des répertoires étranges où alternent images de la Palestine et recettes de cuisine, ce qui ne va pas, n’importe qui sait ça, ce qui ne va pas du tout. mais derrière les recettes y a l’idée que je me fais parfois, que je me dis, je me dis Véro tu devrais, Véro, petite Véro, Véronique, ce que tu devrais faire, c’est te mettre à cuisine, et alors inviter des amis, plein d’amis, qui seraient heureux de venir, de manger ton manger, car c’est ça fondamentalement que tu veux dans la vie, avoir des amis qui soient contents de venir chez toi. Non? Vie sociale, sociabilité. Ou alors encore je regarde avec  grand plaisir des vidéos de chiens marrants et de petits chats adorables. Je me demande si je trouverai un jour, retrouverai le moyen d’écrire.

Je vais lire la bio de Kafka. J’en suis à ma troisième Ricoré. Je n’ai toujours pas repris le travail dans le blog (pas très étonnant). J’étais sur le point de le faire quand j’ai allumé la télé pour tester cette série, what’s its name again? Industry… Bon, Kafka. Kafka, sa grosse bio.

lundi 23 septembre 2024

23 septembre 24 à 02h 23 min

Deux heures du matin ! Et j’ai de nouveau passé la journée d’hier à regarder une série, la saison 2, la suite de la veille, alors que ça devient du grand n’importe quoi et pour apprendre finalement qu’il y aurait encore une saison 3! Olala, je n’en peux plus. Et puis mal aux dents. je n’ai plus d’huile de nigelle. Je ne sais pas pourquoi l’analyste continue de dire que j’écris bien. Je lis encore la bio de Kafka. F m’a sortie pour voir un film que j’ai trouvé bien, que nous avons trouvé superbe en vérité, de Kurosawa, d’Akira Kurosawa, Entre le ciel et l’enfer, le titre ne ressemble pas au film. Hélas, je n’ai plus de lait (je bois une Ricoré). Deux heures du matin ! Frédéric avait un peu de fièvre. Il n’entend plus de l’oreille droite. 

 

 

— 04:02 —

Et donc je prétends qu’un récit, n’importe lequel, est ce qui sustente une vie, lui apporte continuité dans l’interruption. Sustente, suspend. Palestine, Industry (la série).

Ce dont je ne parle pas à mon analyste (certainement pas de la sustentation par la Palestine (quelle horreur), est-ce que l’on pressent ce dont là je m’accuse, je m’accuserais, car après tout, je n’en sais rien, je sens que ça cloche), ce qui pourtant m’obsède : la perte de mon intelligence et de la mémoire. Tous les jours, toutes les nuits je me réveille et me dispose à lui parler de ça, à l’analyste, à Hélène P, à lui écrire… puis…. suis prise par autre chose… me laisse prendre par autre chose…

— 08:46 —

Rendormie puis relevée, remise à la lecture du Kafka de Reiner Stach (que peut bien vouloir dire Stach ? Comment retenir ce nom ?)  (Je me demande si cette autrice que j’aime tant, psychanalyste, amante de Lacan et dont j’oublie le nom mais que je lus beaucoup, qui écrivit Ô solitude, n’a pas elle aussi écrit sur Kafka (Catherine Millot, je crois), bien sûr je ne me souviens de rien.) Je reconnais chez lui nombre certains de mes traits, symptômes, si ce n’est qu’il est beaucoup plus jeune que moi, si ce n’est que ses difficultés sont beaucoup plus grandes (à moins qu’il n’eut beaucoup plus de talent pour en parler) si ce n’est qu’il trouva très rapidement à se raccrocher à l’écriture et qu’il eut rapidement les appuis qu’il faut (je pense à Max Brod). Si ce n’est qu’il crut à l’écriture. Si ce n’est qu’il crut à l’écriture. Si ce n’est qu’il me semble moins isolé que je ne l’ai été, que je ne le suis. On apprend avec qu’il lui fallut une quinzaine d’années avant que l’écriture romanesque ne s’enclenche véritablement, soudainement, en une nuit, au moment climax d’une crise suite à une rencontre qui le bouleverse, la rencontre de Felice Bauer. En une nuit, il écrit Le verdict (!) d’une traite, sous la dictée. Il en sort plein d’une certitude à laquelle il ne voudra plus jamais renoncer, qui était ce qu’il attendait, cherchait, et qu’il saura reprovoquer. On lit dans les semaines qui suivent cette nuit quelque chose d’une crise maniaque. Mais, avant ça,  il y aura eu l’appui rêvé cherché (trouvé) dans les lettres à la jeune femme rencontrée, dans leur correspondance, même si son absence de réponse, parfois, à elle, Félice Bauer, son absence ou un mot qu’elle lui lance sans penser, le font souffrir plus que de raison. Cet appui est ce qui m’intéresse. Cet appui dans la lettre, le mode de cette rencontre. Comme si assuré qu’il était par cette correspondance, assuré, ancré, il peut, même si c’est sur un fil au dessus du vide, user de la main restée libre pour se laisser glisser dans l’écriture. Elle lui sert d’assureur. 

— 09:06 —

Essayer de ne plus faire de RS le matin.

mercredi 16 octobre 2024

les lieux et je ne sais pas ce qui est publié sur ce site

Je ne sais plus ce que j’ai fait hier. De nouveau prise dans la fièvre d’écriture/corrections/résolution de problèmes techniques. Ecrit des choses qui sur le moment m’ont parues importantes. J’ai commencé à parler de Bruxelles et curieusement en moi cela a résonné comme si c’était encore, déjà, aussi une façon de parler de la Palestine. Et du passé. De quelque chose qui est profondément moi. Moi et ma famille. A cause des quartiers où nous avons vécu. Comme de commencer à parler de quelque chose que je n’ai pas beaucoup dit, il me semble. Pas dit, pas écrit. Autour de mes derniers séjours dans cette ville, liés à ma mère, à mes frères. Ce nouvel amour qui a d’ailleurs subi quelques aléas. Comme tous les amours, I suppose. Amour pour ma mère, lui, inchangé, approfondi encore.

Il y a des lieux, dans ma vie, totalement séparés de l’écriture. Les lieux de vacances, tout simplement.

J’ai également recherché / retrouvé quelques-uns des nombreux blogs ouverts au cours de ces dernières années. Toutes tentatives avortées. Toujours dans l’idée de tout ramener ici, de tout rassembler.

Je sais que j’ai terminé la journée en mettant un lien sur le site dans Instagram, que j’ai retiré ce matin craignant une visite de J et que ça ne lui plaise ou bien plutôt qu’il n’y lise des choses qui ne le blessent. Toujours cet arrière-plan de #badmother, #mauvaisemere ? Ce fantasme ? Peut-être pas. Je ne sais pas vraiment ce qui est publié ici, puisque que pendant des années le blog a été fermé mais qu’il m’arrivait d’y déposer des choses sans me préoccuper des lecteurs, des choses au fond secrètes que je ne prenais pas la peine de travestir, camoufler. Il faut que je repère ces contenus et les passe en privé, non-ouvert à tous, ou les transforme. Ça m’est arrivé hier. Suis tombée sur quelque chose qui ne pouvait absolument pas être publié. Que j’avais complètement oublié. C’est étrange de retrouver ces choses écrites dans des moments de grande angoisse. J’ai effacé ce qui me paraissait le plus insupportable. Or c’est justement ça qui m’intéresse. Ça me fait penser aux réflexions de Gaëlle Obiégly sur son cahier noir. Cette autrice beaucoup lue l’an dernier. Qui m’a suivie un moment sur Instagram et puis plus. Plus je crois à partir du moment où j’ai commencé à publier du contenu sur la Palestine. Grande mon admiration pour elle. Grande l’impression que son travail a fait sur moi.

Mais, encore une fois, c’est quelqu’un qui a su faire le choix décidé de l’écriture. Elle, je veux dire comme Kafka. Il faut que je relise les notes que j’avais prises pendant mes lectures. Que je les importe dans le blog. A aucun moment chez moi, jamais, il n’y a eu de décision d’écrire.

Je commence à avoir mal à la main. J’écris allongée dans le canapé, sous couverture, sur téléphone. Couverture aux tons pastels.

samedi 2 novembre 2024

“Un livre ne commence ni ne finit, écrivait Mallarmé, tout au plus fait-il semblant”

blog
donc rien fait hier de ce que prévu
mais remontée dans le temps
espérant trouver par où commencer (le texte extrait du blog) pour aller vers cette « crise de fin d’analyse »
remontée jusqu’à 2011, plus précisément jusqu’à décembre 2010 (!) , avec ce texte de Mallarmé (ça m’a paru un particulièrement bon début) :

“Un livre ne commence ni ne finit, écrivait Mallarmé, tout au plus fait-il semblant”

il ne me reste plus qu’à trouver comment faire semblant (de faire semblant).

là, je relis et sélectionne les posts qui pourraient faire partie d’une catégorie nouvellement créée que j’ai appelée, au moins provisoirement, Une fin d’a,
pour aller donc vers cette crise de fin.
peux pas remonter avant parce que trop riche en rêves et en rêves analysés
voilà

départ pour B
  faut lâcher le clavier
  faire la valise
  le lit
  J fait la vaisselle
  s’occuper de la clé à déposer en Keynest
  c’est St qui s’occupe du chat pendant notre absence
  se laver
  s’habiller

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