samedi 9 décembre 2006 · 13h25

séance 5 – en partie privé

En souriant je lui avais dit que faire l’amour me mettait de bonne humeur.

Rattrapée en ce moment par l’angoisse, appelons-ça ainsi, qui à nouveau me réveille le matin.

Je parle du plaisir que je ne supporte plus. Du plaisir sexuel. De ce que j’appelle moi le plaisir sexuel. J’essaie de parler de la distinction que je fais entre plaisir et jouissance. Je parle de celle à laquelle il me faudrait absolument dire non, la phallique, de jouissance, et de celle qu’il me faudrait défendre à tout prix, à mon coeur corps défendant, l’Autre – l’Autre jouissance. Je lui précise que je dis ça comme ça pour le dire vite, pour le dire de façon ramassée, que j’utilise ces concepts lacaniens, sans savoir si c’est de la bonne façon.

Il me vient alors à l’esprit que probablement ce problème disparaîtrait si je pouvais le vouloir,

Il me demande si je m’explique cela que je lui apprends.

Je reste silencieuse, je cherche. Je lui dis que non.

Mais je vois maintenant, en écrivant, que ce dont je lui ai ensuite parlé, cette demande dont je lui ai alors dit qu’elle me «rendait haineuse » – La demande vous rend haineuse ? – pourrait servir d’explication.

Il me demande pourquoi, pourquoi elle me rendrait haineuse, la demande. Je lui dis que je ne sais pas. Je n’arrive pas à lui dire ce qu’il me vient à l’esprit, qu’alors j’exposerais mon manque. Qu’au moment de la demande, j’expose mon manque, ce qui me rend très susceptible.

En sortant, je pense qu’à cette demande, je crois toujours qu’il ne sera pas consenti. Que ce que je veux, l’Autre ne le voudra pas, et que c’est ça, qui me met en fureur.

Comme je l’écris, je réalise que ça, c’est moi qui l’imagine, c’est moi qui le mets en place. Toujours. Rarement dans la réalité l’Autre s’y est-il opposé, à ce que je voulais. (Ici aussi, il s’agit du gardien, du gardien de la prisonnière, celui qui me protège de mes désirs en les interdisant. Ces désirs que je n’assumerais pas, dont j’ai besoin qu’il me soient interdits. Ca vous a un petit air dramatique comme ça, ça ne l’est que jusqu’à un certain point – de plus en plus je crois que le désir toujours arrive à « faire son chemin » – comme on dirait « faire son trou ». Il est seulement obligé à d’impossibles détours – les défenses en quoi consiste le fantasme l’y obligeant, mais ces défenses étant elles-mêmes toutes empreintes de lui, parce que, je le crois, le désir est le plus fort, et que, quoi qu’il arrive, c’est masqué qu’il s’avance. Du symptôme, il ferait son masque et du fantasme, son scénario.)

Et qu’éventuellement ceci peut-être rapproché de ce que j’avais exposé lors de la séance précédente : cette haine qui m’empêche d’écrire, cette haine que je voudrais écrire – l’inavouable secret. Ces pensées abominables, dont toi tu me dis que nous sommes « tous victimes », dont nous pâtissons tous, et dont je serais la seule à vouloir faire un fromage – Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée.

Au moment de cette séance-là, j’avais pu expliquer la nécessité pour moi de ce que je n’appelais alors pas encore « la haine» – ce mot que je n’ai d’ailleurs pas prononcé, j’avais dit : «haineuse ». Mais je n’arrive pas à en m’en souvenir. Il m’est nécessaire d’être entourée de personnes qui s’opposent à mon désir, nécessaire au point que je doive m’en inventer. L’aveu de l’amour est impossible.

L’aveu de l’amour et l’impossibilité de dire à l’autre « Tu m’as satisfaite petit homme » – c’est la phrase qui me vient à l’esprit, dont je ne sais d’où je la tire, de Lacan je crois, la réponse de la Sphinge à Oedipe, mais où est-ce que ça se trouve? L’impossibilité de reconnaitre à l’autre qu’il a pu apporter satisfaction. A l’époque j’écrivais « Cette insatisfaction supportable, satisfaite. » L’insatisfaction satisfait mon besoin de faire supporter par l’autre mon propre manque. Il est celui qui ne m’apporte pas ce que je lui demande et il s’agit qu’il le reste : ma demande alors n’a plus lieu d’être, il ne me reste rien à lui demander puisqu’il ne saurait y répondre.

Ce qui se rapproche des termes dans lesquels se trouve prise la Belle bouchère de Freud : « Je te demande de ne pas me donner de saumon (que j’adore) ». A quoi il faut ajouter : Mais de le donner à l’autre femme (sa jolie copine maigre).

Alors quoi tout se tient. Tout se tient et on tourne en rond.

mercredi 23 janvier 2013 · 17h43

Me réveille, vois film qui est en fait une émission radio, où je vois la lecture d’un livre,

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Avant ça rêve avec analyste YD.
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I. Je vois ce que j’entends

Me réveille,  vois film qui est en fait émission radio, où je vois la lecture d’un livre,  qui est un classique, un chef d’œuvre, dont j’ai retenu que c’était « Don Quichotte » mais ce n’est pas ça,  quelque chose comme ça,  je suis émerveillée, au-delà du dicible,  transportée,  cela apparaît devant mes yeux,  le personnage bouge,  évolue,  jusqu’à ce que je me rende compte que le personnage  évolue dans mon propre appartement !  Le truc est le suivant : dans le film,  l’image du film,  seul le corps du héros est opaque,  le reste de l’image est transparente ! j’ai donc l’impression que le film,  le personnage du film évolue dans mon appartement qu’il peut voir et dont il prend connaissance, circulant partout.  Cela me rend si extraordinairement heureuse que je stoppe l’émission pensant la reprendre plus tard,  désireuse de jouir un moment tranquillement de l’état dans lequel je suis. 

II. Je lèche ce que je vois et qui est beau

Ensuite.  C’est assez difficile à décrire, ça rebute plutôt à l’être. Je vois,  je vois un détail de quelque chose et cela me met dans dans un état de félicité absolue  qui, pour le traduire, m’amène à lécher ce que je vois,  qui est un tout petit objet, un mini meuble,  avec un tiroir,  rouge,  dont la beauté, j’en suis consciente, ne tient qu’à ce moment précis de lever du jour,  de lumière qui vient.

Je suis physiquement très excitée, j’épile d’une main rapide les derniers poils qui me restent au niveau du sexe sur lequel je pose ma main-coquillage.  Cette idée de lécher ce que je vois me paraît si adéquate que je me mets à lécher d’autres endroits,  commençant à voir les poussières, me découvrant  capable de les aspirer,  découvrant une nouvelle manière de faire le ménage,  plus naturelle,  jusqu’à ce que j’aspire de petits insectes,  ce qui ne me convient au fond pas,  je cesse alors et passe à une activité de nettoyage à proprement parler. 

Je ne sais plus alors vraiment comment ça se passe.  L’activité se transforme en danse et je sais que cette danse je vais pouvoir la reproduire,  même si cette quasi certitude s’assortit de la pensée fugace que je ferais tout de même mieux de l’écrire – or je sais, je sens, que je connais son départ,  son motif,  que je ne pourrai donc pas oublier  – mais,  tout en en formant l’idée,  cela à lieu,  je commence à  montrer,  à faire une démonstration de ma danse à un metteur en scène,  sachant que dubitatif d’abord il finira par accepter,  par se rendre à l’exceptionnelle beauté de ce qu’il voit,  et acceptera de le produire en spectacle sur plusieurs représentations,  dont je décide de ne rien dire à F., quitte à  prétexter d’un voyage à Bruxelles pour voir ma mère que j’aurai mise dans le coup pour couvrir mon secret.  Je poursuis ma danse,  nue,  dans un état de grand bonheur. 

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 Écrit au réveil,  très tardif,   dans le noir, sur mon Galaxy Note II. 

Éléments de la veille 

mardi 2 avril 2013 · 09h15

comme une sorte d’atelier à ciel ouvert

Comme une sorte d’atelier à ciel ouvert.* Aucun lecteur ne peut suivre ce travail en transformation perpétuelle. C’est un objet mouvant dont il faudrait que j’arrive à extraire certains morceaux  pour les publier sous une forme qui devienne définitive,  que je ne puisse plus modifier. Soit sous forme de livre, soit ailleurs sur l’internet,  mais plus chez moi,  de façon à ce que je ne puisse plus intervenir,  modifier encore.  Que je m’en sépare donc, quitte l’état de gestation… 

* Atelier, oui,  je me suis rendu compte que c’était ça que je reproduisais : l’atelier de mon père. L’atelier où il travaillait,  où nous ne pouvions pas rentrer… Ce lieu secret,  interdit,  de son désir. 

jeudi 4 septembre 2014 · 11h38

j’aurai décidément manqué d’effronterie

De : vrm
Envoyé : 4 septembre 2014 11:38
À : D
Objet : RE:

_ Dear D, Dear D, Dear D, Dear D, Dear D, Dear D, Dear D,
_ _________ Enfin seule, – seule seule – seule – seule peux donc t’écrire. Absolument incapable de faire quoi que ce soit quand ne suis pas seule. Présence d’un autre me mobilise et m’immobilise complètement.

_ En a toujours été ainsi, analyse n’y a rien fait.

_ Mon désir doit rester secret. Désir, vie-même, secret, interdite.

– Cela part-il de l’interdit sexuel et du désir que je ne peux me reconnaitre et cela s’étend-il à toutes choses.

– Quand je lisais encore de la psychanalyse, j’avais cru reconnaître là la structure du désir de l’obsessionnel : il faut qu’un Autre l’interdise, interdiction même qui le fait exister cet Autre – sans lequel Il n’existerait pas !  (peut-être n’y aurait-il eu que dans l’analyse que j’aurai, que j’aurais pu donner à mon désir une couleur présentable ; ►¿ or, l’est-il, peut-il l’être? le désir ? présentable ? )

_ aurai décidément manqué d’effronterie (et quiconque se montre timide est décidément honteux, honteux, honteux, honteux, honteux, honteux
du réel)saga03cover-1336680245

_

oui, nous étions à donn,

j’avance encore dans l’oubli.

mais oublier quoi ?

_

gros bisous,

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♦ à toi,

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véronique

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dimanche 7 avril 2024 · 07h57

Obiégly, les carnets // pas-à-lire

ce qui me paraît important avec ces carnets, ce qu’elle en dit Obiégly, c’est l’idée qu’il y ait des choses écrites qui ne soient pas destinées à être lues. que l’on se prenne la peine de les écrire sans qu’on ne cherche à leur trouver de lecteurs. c’est une part du sujet du livre, Sans valeur. ça restitue pour moi une valeur à ça.

c’est parce qu’elle écrit des choses qui ne sont pas destinées à être lues, parce qu’il y a un endroit où ça existe, que son écriture a cette liberté.

ça ne veut pas dire que ça ne la travaille pas, ça ne l’interroge pas. faut-il jeter, faut-il archiver. Faut il que ça soit exhumé après sa mort.

je m’aperçois que c’est très important qu’il puisse y avoir un endroit où l’on écrive pour soi. que l’on puisse se passer de lecteur. que cela n’est pas vain. pour quelqu’un comme moi, toujours travaillée par le secret.

après tout ce temps passé à bloguer, je m’en rends compte…. tout ce que je n’ai pas osé écrire, tout ce que je n’ai pas écrit…….

et alors, dit Obiégly, alors vient la fiction: les carnets nettoyés, désodorisés je cois qu’elle dit.

avoir pu écrire pour soi.

faut dire que  je n’ai pas eu de chance avec les carnets écrits pour moi, puisqu’il m’est arrivé que de semblables carnets aient été saisis par la police et que l’intimité qu’ils recelaient ait été complètement ruinée, trahie, violée.

il y a toujours cette peur chez moi, après. l’idée que l’on peut toujours venir chez vous, fouiller et exhumer des secrets que vous pensiez à l’abri. rien de ce qui est écrit n’est à l’abri. 

https://www.en-attendant-nadeau.fr/2024/02/20/le-marche-de-l-ordure-sans-valeur/

 

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