tout du moins

// ici, tout le monde dort encore. (d’ici, non plus, je ne supporte plus le so-called « template », modèle, j’en avais pris un tout fait, dark-cash, pour être sûre de ne plus passer mon temps à y travailler, je pensais que c’était bien, j’avais renommé le blog « format standard » ; et voilà, voilà que je ne le supporte plus non plus ce template. bon tant pis.)

(en tout cas moi je fais vraiment un blog).//

l’horreur, le chiffre : 64.4 (kg). (pour 1m76). alors quoi vais-je recommencer à fumer – je le voudrais bien. mais. si les yeux ne m’étaient pas si gonflés au réveil le matin, je recommencerais. diète donc, à la diète. (oh ce courage que j’ai eu de monter sur la balance, oh ce courage). (maintenant, il faut maigrir, et tout le monde sait bien que c’est impossible). (quand je mets des parenthèse, en ce qui me concerne, je m’en rends compte, c’est comme de parler un ton plus bas, écrire un ton plus bas.) (j’ai lu chez d’autres ces parenthèses, chez un autre en particulier, je m’en suis inspirée, oh c’était il y a fort longtemps maintenant, mais chez lui, c’était un homme, ça l’est toujours, ses parenthèses me donnait l’idée de rendre compte de « l’esprit d’escalier », c’est tout à fait à tort, l’ « l’esprit d’escalier » ça n’est pas du tout ça, « l’esprit d’escalier », je connais bien ça, ou tout du moins, l’ai-je très bien connu, aujourd’hui de parler, je ne rêve même plus; c’est bien ça, non, l’esprit d’escalier, après-coup, se dire, oh j’aurais pu dire telle ou telle chose – et d’é-lucubrer/chafauder. ses parenthèses, plutôt, ça rend certainement compte, très bien compte, d’un certain fonctionnement de la pensée, qui ne relève pas de l’esprit d’escalier, mais qui donne bien le sens d’un dédale, d’1 labyrinthe, de quelque chose dans quoi on s’est engagé et dont on ne sait pas comment on va sortir, dont il n’est pas sûr d’ailleurs qu’on veuille sortir; il est à mon sens, le premier, et le meilleur, à l’avoir fait, donc, cet homme qui accumulait des parenthèses, même s’il eut de nombreux imitateurs, de nombreux suiveurs – c’est qu’il y s’agit, à mon sens, d’1 procédé qui traduit un mode de pensée proprement moderne – enfin, non pas la pensée, mais sa traduction. de pensée, le mode probablement n’a pas tant changé, tout du moins de ce point de vue là, du point de vue de ses possibilités de dérivations, auxquelles aujourd’hui l’écriture colle, colle au mouvement, au flux, enfin tout ça est connu, au flux plutôt qu’à la recherche, la croyance, la foi, la visée, d’1 sens qui soit arrêté, qui s’arrête. c’est pourquoi, dans le cas de ses parenthèses, des miennes aussi d’ailleurs, je crois qu’on peut parler de « dérivation métonymique », même si j’hésite un peu à le faire, parce que je pense que quand on parle, tout du moins quand on écrit, il faut essayer de ne pas se soutenir seulement d’un savoir su un jour, qu’il y faut un savoir su encore, c’est-à-dire qu’il faut le re-savoir, le savoir à nouveau, qu’on ne peut pas se contenter d’ânonner; je sais maintenant que je ne suis pas la seule à oublier, oublier ce que je sais, je l’ai compris, je pensais qu’il n’y avait que moi, moi, certainement j’oublie remarquablement vite, les choses, on les sait un temps, le plus souvent, essentiellement, ou peut-être uniquement, au moment où on les apprend, dans le moment où on les comprend. après, c’est l’oubli. surnagent éventuellement certains mots, mais ce n’est pas sûr qu’on sache encore ce qu’ils désignent malgré qu’on s’autorise encore à les utiliser. « dérivation métonymique », j’ai retenu ça. le « peu-de-sens » de la métonymie, disait lacan, le « pas-de-sens » de la métaphore. le « pas » en dehors. Jules se réveille.

enfermée dans la chambre (venue aux faits)

samedi 12 mai 12:57

rêve de cette nuit. ma mère à la clinique. on découvre qu’elle est très malade. qu’elle a un cancer, je ne sais plus de quoi, des poumons peut-être, enfin, ça reste vague. on lui dit qu’elle doit se reposer. on lui dit qu’elle doit se faire aider. je suis là, on me fait comprendre que je dois l’aider, absolument. je vais de mon côté à un hôpital. je suis malade aussi. on me met des pansements. beaucoup. je vais voir ma mère, je lui dis que je suis très malade. moi aussi, très malade. je lui dis « mais tu sais, c’est vrai, je suis très malade. » elle n’a pas l’air de me prendre au sérieux. nous sommes à l’hôpital. je crois qu’elle est en soins intensifs. on la traite comme si elle était très malade. qu’elle pourrait mourir. je me retrouve à l’école des dames de marie, où j’ai fait mes humanités. je crois que je suis sur une sorte de chaise roulante. j’explique que je suis très malade, je découvre mes plaies. ma chair est à vif.

Rêve d’il y a plusieurs nuits. Irène me propose que nous vivions ensemble. Elle me fait visiter un appartement qui doit lui appartenir, très grand, très beau, mais tout y est très ancien, vieux, poussiéreux, sombre. L’appartement est si grand que je lui demande ce que nous ferions si nous entrions en froid, avions un petit problème, parce qu’il serait facile que nous vivions chacune dans un coin de l’appartement, sans nous rencontrer jamais, et que je redoute cela, de longues bouderies. Je lui reparle de cela par deux fois. Elle ne me répond pas. Elle a l’air désireuse de vivre avec moi. Me fait ensuite visiter un autre appartement, moins grand, plus vide, plus ancien encore, me semble-t-il, avec une sorte d’odeur de moisi. Je l’interroge sur les chambres. elle me montre la sienne, puis apparaît la mienne. Je lui parle de Jules, je lui dis que je ne peux pas me séparer de lui. Je lui demande si elle me fera payer plus cher parce que je suis avec Jules, parce qu’il y a une personne en plus. Je m’aperçois qu’il y a un petit lit pour Jules dans ma chambre. Je lui dis que je ne veux pas ça, que Jules dorme ma chambre. Une petite chambre pour lui apparaît.

A quoi sert de raconter des rêves, si on a aucune idée de la façon dont les interpréter. J’ai dû faire ce dernier rêve mercredi, juste avant la séance de jeudi. J’ai la nausée, une terrible nausée, il faut que j’arrête d’écrire.

13 :21. Nausée. Je préfère écrire à la main plutôt qu’à l’ordinateur. Je me suis enfermée dans la chambre, couchée sur le lit. Je passe beaucoup de temps sur le lit en ce moment, peut-être cela correspond-il aux heures que je passais devant la télé quand nous en avions une, avant qu’elle ne cesse de fonctionner en décembre de cette année. A la place, je rêve ou je lis – ou je dors. Et je préfère le lit, la chambre au salon. J’aime beaucoup cet endroit – qui n’est pourtant pas très bien aménagé. J’aime la lumière et les arbres devant la fenêtre. Jules ne s’apercevra pas de mon absence, Stan, son frère, son grand frère, son demi-frère, le fils de Frédéric, est là – et Jules l’aime énormément. Ce que je voudrais, c’est poser ma tête sur l’oreiller et fermer les yeux. Je suis ici à écrire pour dire que lors de la dernière séance, j’ai raconté ce qui m’était arrivé. Je ne suis d’ailleurs ici, à écrire, que pour raconter ce qui s’est passé en séance. Je vais fermer les yeux deux minutes.
Fermer les yeux, c’est proprement délicieux.
Heureusement qu’il fait plus froid ces jours-ci, c’est moins confortable, à moins que je ne me glisse sous la couette. C’est que je suis un peu inquiète d’être si encline à me coucher. (Les maisons du rêve avec Irène sont des maisons de « grand-mère », abandonnées. Je préfère la première, malgré sa taille, sa grande taille, à la deuxième, vraiment trop vieille.) Je m’émerveille de ces phrases qui me viennent, de leur déroulement, de leurs virgules, du mot qui suit. Finalement, le point, et je ferme les yeux. tout ça pour. tout ça pour ne pas. Ne pas. Je lève les yeux, le vert de l’arbre, le soleil qui joue dans ses feuilles, ce vert dont Walser R. s’émerveille dans le livre que je lis en ce moment. Ce n’est pas que du vert que je m’émerveille – l’arbre devant la fenêtre est jeune encore et sa taille s’ajuste parfaitement dans l’encadrement de la fenêtre, le vent faisant jouer son corps mince. Il ne me semble pas avoir jamais été d’humeur aussi « contemplative » que ces jours-ci. enfin, je rêve beaucoup aussi, je rêvasse. D’une incroyable paresse. Tout de même, je m’étonne (tout ça pour ne pas), je m’étonnais hier, regardant l’arbre bouger, couchée sur ce même lit, sur le dos plutôt, face à lui, et ressentant ses mouvements dans mon corps-même, immobile, versée, déversée.

« Les faits. » Les suivants : l’âge ? 16, 17 ? Les nuits, une boîte de nuit, où j’allais seule, le Richard, depuis le jour de mes seize ans. Je dansais, je dansais, je ne buvais, pas d’alcool. « Les faits. » J’ai moi-même souvent dit que je couchais avec tout le monde, n’importe qui, un jour dans la rue, me suis-je souvenue hier, à cette époque. Assez souvent pour que je le croie je l’ai dit – parce que de souvenirs, je n’en ai pas tant. Assez joué. Silence jusqu’à ce que. Silence ! Deux hommes, 2 jeunes hommes, deux amis, un blond, un brun. toujours au bar. Jeunes et beaux. Leurs deux amies, blondes, très minces, leurs pantalons serrés, chaussures pointues, coiffures « lionnes » (tout ça, pas dit, en séance). Silence. Silence (mais le soleil dans l’arbre, c’est important). Je ne sais pas, plus du tout, comment je suis arrivée dans l’appartement de l’un d’entre eux, le blond. Un très grand appartement, « moderne », en banlieue me semble-t-il, car c’était loin de la ville, du centre-ville. Loin. dans la chambre, nous avons fait l’amour, je ne me souviens plus de son nom, puis il est parti, me laissant seule, là. J’étais au lit, dans le lit, quand le deuxième est arrivé, son copain, le brun. Il s’est couché dans le lit, c’était la nuit, m’a parlé, le lit était très grand, m’a demandé qui j’étais, si je connaissais son copain depuis longtemps. J’ai répondu que non, que cela datait du soir même. Son comportement a alors changé, comme sis ma réponse l’y autorisait. Il m’a fait l’amour. m’a retournée sur le ventre. M’a enculée. Ce que je n’ai pas pu raconter en séance. Est-ce que j’ai crié de douleur. J’ai eu mal. ensuite m’a fait lever. M’a dit de partir, de m’en aller. (C’est incroyable comme les mots se suivent, s’enchaînent). Dans le hall, comme il s’apprêtait à fermer la porte, je lui ai demandé de l’argent, pour prendre un taxi, je lui ai dit que je n’en avais pas. Je ne savais pas où j’étais. Il m’a ri au nez, m’a dit : « Quoi, moi, qui fais travailler des filles, alors qu’il y a en ce moment-même des filles qui travaillent pour moi, toi, tu me demandes de l’argent !!! » et il a fermé la porte. Je suis rentrée en stop. J’étais silencieuse, dans une voiture, la nuit. Je veux dire qu’une sorte d’énorme silence m’a prise, m’a entonnée.
Tiens, plus de papier.
Pourquoi est-ce que quelques jours plus tard, je suis retournée à cette boîte. Pourquoi est-ce que je me suis approchée du garçon au bar, comment, le blond, lui ai-je laissé me dire, d’un ton moquer que je lui avais filé je ne sais quelle maladie « honteuse ». « Tu veux la voir, ma bite, viens, viens voir, tu veux voir dans quel état tu l’as mise ? ». Je me suis éloignée, comment ai-je fait ? Qu’ai-je dit ? en montant les escaliers pour sortir, un jeune qui les connaissait m’a rejointe, m’a dit, mais vraiment gentiment, m’a demandé « pourquoi je faisais ça ». M’a dit que je ne devais plus le faire. Je l’ai écoutée. Les arbres. Il y a beaucoup de vent. Et là-bas, derrière, le ciel. Un bout de ciel.
Tu vois, je ne sais pas pourquoi pendant des nuits, et des nuits, j’ai repensé à ce qui s’était passé. Et c’est vrai, c’était comme de tomber dans un trou. Jamais je n’avais raconté cette histoire. Je n’aurais jamais cru que je le puisse. l’écrire non plus.

Le rêve aux grand appartement, avec Irène :
Irène est une amie dont je n’ai pas pris l’amitié au sérieux, que j’ai perdue à cause de ça, que j’ai aimée plus que ce que je ne croyais – et pas seulement à cause de sa liaison avec mon frère, comme j’ai pu le croire et si j’en crois les nombreuses fois où je repense à elle. J’ai deux frères, que j’aime beaucoup.
Dans le rêve, l’appartement était très grand, comme j’ai pu écrire que l’appartement des 2 garçons était très grand. Et il est aussi vieux que le leur était moderne, aussi poussiéreux que mon souvenir.
Je ne sais pas pourquoi je m’inquiète que nous puissions y vivre séparés. Amies, mais séparées, vivant ensemble mais séparées, nous boudant. J’ai beaucoup boudé dans mon enfance, trop longuement, et il est arrivé avec Anne, une amie homosexuelle, que nous nous soyons boudées plusieurs mois, alors que nous travaillions l’une à côté de l’autre, que nous soyons parties en vacances ensemble, et que nous nous aimions beaucoup.
Maintenant que j’y pense, les deux amies des deux garçons, toujours habillées, coiffées de la même façon, étaient peut-être jumelles. Je me suis demandée, après, si elles « travaillaient » pour ces hommes.
Ces 4 jeunes gens détonnaient fort dans la boîte de nuit. Ils étaient beaux, différents, arrogants, méprisants. Fascinants.

Le rêve avec ma mère cette nuit :
Je ne vois pas le rapport de ce rêve avec tout ceci. Nous étions malades, ma mère ne faisait pas attention à moi, nous étions malades, elle était malade comme la Desperate Housewive vue la veille à la télévision, malade de trop de travail, malade d’être mère. Dans le rêve, je suis écorchée vive sous les pansements. Peut-être cela a-t-il à voir avec ce que j’ai dit de la façon dont je n’ai plus su comment m’habiller après cet événement, comment je n’ai plus pu sortir, comment j’ai totalement perdu mon image. Mais quel rapport avec ma mère ? Elle y a un cancer des poumons, je crois. C’est son torse qui est atteint, tandis que moi, ça se passe plutôt dans la partie inférieure de mon corps. Mon père est mort des poumons. Ma mère est si malade qu’un médecin ferme la porte de sa chambre. Parce qu’elle va peut-être mourir. L’école où je retourne dans mon rêve date de l’époque visée par le souvenir aux deux garçons. Ma mère m’avait dit que quand elle était jeune, elle avait rêvé d’être torturée, pour l’épreuve de sa foi, et qu’elle était brûlée à petit feu, sur des charbons ardents.

Beau, su, est – Le symptôme du père

vendredi 14 ou 15 avril 2011

Le rêve :

« Je travaille pour quelques jours à E.1  Il y fait sombre. Je m’y sens seule et parano, avec l’impression de travailler mal que je connais si bien. 

En fin de journée, j’erre dans mon ancien quartier, sur la place où j’habitais, qui ne lui ressemble pas.  J’ai rendez-vous avec D*, mon analyste d’alors.  J’attends l’heure du rendez-vous dans un café en face de chez lui, qui en fait en face de chez moi, le café se trouvant lui à l’emplacement… de son cabinet à lui… son cabinet se trouvant à l’endroit où j’habitais. Nous habitions l’un en face l’autre.  Il vient me chercher, m’a vue depuis sa fenêtre, me dit de venir tout de suite, sans attendre, qu’il a du temps. Traversons la place, nous rendons à son cabinet.

Montons des ESCaliers de marbre, cabinet à gauche.

D* me fait entrer, me fait asseoir, s’assoit lui-même, mais pas à son bureau. Me présente à une jeune femme. Il y a quelqu’un d’autre. Me dit :  ‘Allez-y, racontez à cette personne comment [… souvenir manque  Je dis que ce n’est pas ça, que ça ne s’est pas passé comme il le dit et je me mets à raconter.

Ce que je raconte, à propos de mon de mon analyse et de mon lien à l’École, l’École de la Cause freudienne, me réveille au milieu de la nuit. »

Du rêve, le lieu, la place, les escaliers de marbre me ramènent d’abord à une petite place de mon enfance, la place Bossuet. Il y avait là un magasin  de je ne sais quoi où nous n’avions pas à aller souvent, presque jamais. Des escaliers de marbre à grimper et, une fois la porte poussée, sur la gauche, nous nous trouvions dans un sombre magasin, aux volets tirés, face à un comptoir dont les parois surélevées jusqu’au plafond ne laissaient qu’un restreint encadrement à la figure de l’un ou l’autre vendeur  y paraissant dissimulé protégé camouflé par un amoncellement, un bric à brac, une barricade  d’objets hétéroclites.

Aujourd’hui, l’école de Jules se trouve rue Bossuet. A l’école, des Dames,  j’avais étudié des extraits des Sermons sur la mort.

« Beau su est« . J’entends : « Le beau, su, est. »  J’y entends une ontologie  du beau. Cette ontonlogie au cœur du cours de Jacques-Alain Miller de cette année.

Je repense alors à ce moment où LG (mon analyste actuel) m’avait dit qu’il trouvait beau ce que mon père faisait, sa peinture. Je me souviens avoir pensé que ce moment avait été crucial. Parce que…  si l’œuvre de mon père était belle, si elle était reconnue comme telle,  je n’avais plus alors à l’incarner moi-même, je n’avais plus à être désirée en tant que l’œuvre de mon père… et  cette œuvre pouvait se détacher de moi. Me permettant de la désirer à mon tour. 

J’ai songé alors à l’œuvre en tant que symptôme, comme symptôme de mon père. Comme si j’avais eu à incarner ce symptôme-là. Et comme si tout d’un coup, je pouvais me mettre à avoir mon propre symptôme.

C’est quelque chose que j’avais déjà ressenti, écrivant  à propos d’autres rêves, le sentiment de découvrir le symptôme de mon père. Et qui s’était ravivé la veille, lisant Miller parler du père comme symptôme et de la nécessité de ce symptôme :

Eh bien, dans cette symptomatisation générale des catégories analytiques, Lacan esquisse que le père, l’essentiel de sa fonction, c’est d’être un symptôme. C’est le sens de ce développement que Lacan a pu faire sur l’exception que doit représenter le père. Il parle pour lui de caractère d’exception, parce qu’il veut lui donner le caractère d’ex-centré, que le père a le caractère d’ex-sistence, de subsistance « hors de ». Et donc, il lui faut donc à ce moment-là caractériser le père non pas par l’universel, mais au contraire par la particularité de son symptôme. Et c’est en ce sens que Lacan a pu dire le père est un pervers. Ça veut dire un père, le père freudien même, n’est pas le père de l’universel, il est au contraire au niveau de la particularité du symptôme. Il y a qu’il est essentiel qu’il ne soit pas Dieu, précisément. Freud avait montré la racine de l’illusion religieuse dans la fonction du père et Lacan au contraire marque que le mirage divin est à proprement parler mortifère ou psychotisant quand il est supporté par le père. Il faut que le père soit pervers au sens où il doit être marqué par la particularité d’un symptôme.
Jacques-Alain Miller, L’être et l’un, « X. Itinéraire et itération de Lacan // imaginaire → symbolique → réel », cours du 6 avril 2011.

(erreur sur le symptôme)

seig
neur
il y aura eu
e
rreur
sur-le-symptôme

BLIND BLIND BLIND
ha ha

ha

love

(sans œuvre pas sans art)

Ces réflexions m’ont amenée à une autre chose que LG m’avait dite, au téléphone, quand je lui avais dit que que si j’avais pu à un moment donné penser à moi comme à une artiste sans œuvre, au fond, j’étais à ce moment-là comme une analyste sans analysant. A quoi il m’avait répondu que c’était un rapprochement très intéressant (dont nous reparlerions (ce qui n’est s’est pas à proprement parler fait)) – mais que si j’étais sans œuvre, je n’étais pas sans art.

Avant que de lui parler, j’avais tenter d’interroger le rapprochement entre le travail d’un analyste et celui d’un artiste, entre  une œuvre et un analysant, et je n’y étais absolument pas parvenue. Cette réflexion me donnait l’impression de me trouver face à un problème de logique aporétique, quelque chose d’au-dessus de mes forces, de mon entendement, faisant paniquer mon esprit, le freezant, me laissant juste le sentiment d’être un peu idiote, déficiente, et n’ayant d’autre recours que l’espoir d’un éclair, d’une illumination. De cette aporie, LG par son compliment, m’a au fond délivrée comme il me disait que je n’étais « pas sans art »…

« Mais il y a un autre régime de l’interprétation qui porte non sur le désir mais sur la cause du désir, et ça, c’est une interprétation qui traite le désir comme une défense. Qui traite le manque-à-être comme une défense contre ce qui existe.
Et ce qui existe, au contraire du désir qui est manque-à-être, ce qui existe, c’est ce que Freud a abordé par les pulsions et à quoi Lacan a donné le nom de jouissance. »
https://disparates.org/lun/2011/05/jacques-alain-miller-cours-du-11-mai/

C’était alors à un moment où il me semblait découvrir mon goût du « sans », mon goût pour le « rien »  (à moi tendrement révélé au cours de vacances en Suisse, où il y avait eu le rêve des trois rondelles après le délice de la salade, les bénéfices cependant de cette « révélation » s’étant vu exploser, partir en terribles éclats, quand au retour de Suisse, j’avais trouvé ma mère ici).

Beau, su, est. Qui situe le beau uniquement du côté du savoir et de l’être. Ce que cette ontologisation dénonce.  Le beau  considéré dans sa matière signifiante, idéale et identificatoire. Symptôme de mon père qu’il me faut incarner. Sermon plaqué sur la mort. 

S’esquisse dans ces réflexions le passage d’un être à un avoir, via l’acquisition d’un certain savoir-faire. Le commun dénominateur à ces 4 termes, analyste, artiste, œuvre, analysant, c’est le symptôme. L’être, l’être signifiant, identificatoire, ne se supporte que d’avoir rien, or la pratique de l’analyse n’est sans tirer vers  ce nouvel avoir : un symptôme qui fût le sien. Artiste sans œuvre, analyste sans analysant : pas sans art. Au moins ça : il y a, de la jouissance, de l’art. De la manière. Du savoir-faire, un symptôme.

(Commission)

Je me rendors,  le rêve reprend.

« Je suis maintenant seule avec D*. Il voudrait que je reste, il a encore des rendez-vous. Mais je dois rentrer dîner, dormir chez mes parents, je travaille le lendemain. D* a l’air de penser, de trouver, de tenir, à ce que nous passions la nuit ensemble. Je me dis que si je fais ça, je n’aurai jamais le courage de retourner travailler à E* le lendemain, que déjà, j’en perds le courage. Je veux partir.

D* me dit qu’il a invité le Conseil ou la Commission (de la passe) de l’École. Que d’autres gens viendront également qui ne sont pas de l’École.

Ils arrivent.

Il y a quelqu’un que je connais parmi eux. Une jeune femme dont j’ai oublié le prénom, le curieux prénom, dont l’une des lettres devait soit être prononcé soit ne pas l’être (un « s », je crois), d’une façon inverse à la coutumière, avec qui j’ai travaillé à la Commission européenne. Dans le rêve, elle habite maintenant dans mon quartier. Nous nous entendions bien. Elle était de grade B (moi, C). Très gentille. Portait cependant un parfum que je détestais (Opium, d’YSL (!)). Vive, mariée, de province, française, elle écrivait, rédigeait, extrêmement bien – c’est-à-dire qu’elle faisait un travail que je me sentirais bien incapable de faire, où l’art de l’exposé et du résumé ne tenaient pas la moindre place. De même que le sens de la formule et la connaissance des formulations ad hoc. ) Elle parle des millions qu’elle gagne aujourd’hui.

J’étais arrivé chez D* avec deux livres ou classeurs. Sur la tranche de l’un d’eux il était écrit soit « Conseil« , soit « Commission« . Il n’y s’agissait pas d’un organe de l’École, mais j’avais crains qu’on ne le croie, et qu’on ne croie que je m’y connaisse, quand je n’y connais rien. Ce qui m’embarrasse.

D* pose une question que chacun note, moi également. Il s’agit d’art. Mais je n’ai pas envie de répondre à cette question. Je me lève pour m’en aller. D* me rejoint, sur le pallier, me retient. Me dit qu’il n’en a pas pour longtemps. Me serre dans ses bras, nous nous serrons, c’est bon. Nous nous embrassons. Je me demande si ça peut être agréable alors que je ne le désire, ne l’aime plus. Je constate que oui, c’est très agréable. Je retourne à l’intérieur avec lui. Les gens de l’École sont partis, il en ont eu assez d’attendre. Il restent quelques personne. Je me rends compte que D* donne en fait un cours d’histoire de l’art. Tous les gens s’en vont.

Nous sortons D* et moi, errons sur la place, en nous embrassant. »

Notes:
  1. E = société où travaillais autrefois, à Bruxelles, dont j’ai démissionné pour venir vivre à Paris, avec l’homme que j’avais rencontré, F. []

Mâchoire tenue en laisse
— ma mère en fils de fer

« Sortant de chez un médecin, je descends, je descends dans la rue, ça descend. Ça descend. Autour de moi, avec moi, une foule éparse descend. Cela pourrait m’évoquer un pèlerinage, une procession. À un tournant, un embranchement, venant d’un chemin sur la droite d’autres personnes passent devant moi. Une dame qui me suit en profite pour passer me dépasser. Fâchée, je m’arrange pour m’interposer entre elle et son mari, les séparant. Descendant des escaliers de pierre, je sens une mâchoire qui me saisit les mollets, me tient, tenue en laisse par le monsieur.
Je dis des choses au monsieur, lui parle de son argent, de son arrogance et d’autres choses plus terribles encore.
Je raconte tout ça à ma mère. Elle remplace ses yeux avec d’autres yeux ridicules, avec lesquels elle ne peut rien voir, qu’elle place sur ses yeux, en protection. Elle les fait tenir par dessus ses yeux avec du fil de fer. Ces gros yeux jaunes en caoutchouc ressemblent à des jouets pour chien.
Elle a toutes sortes de manteaux, de vêtements truqués, fil de ferrés. C’est son « vice », que je lui interdis.
Elle a un endroit à elle, un appartement en sous-sol où elle conserve toutes sortes de vieilles choses à nous, brinquebalantes, parsemées de choses en fil de fer.
Je lui détruis plein de choses. 
Elle invite des amies pour raconter ça dans son appartement secret. Elles sont très nombreuses, je crois qu’elle les initie au fil de fer.
Je détruis tout ce sur quoi je trouve d’objets en fil de fer, des mâchoires, des appendices. »

Mère venait d’avoir un accident au genou, tombant dans les escaliers d’une salle de spectacle, à l’entracte d’un concert organisé par mon frère où elle était avec mon autre frère qu’elle cherchait.  Sa rotule en trois morceaux allait être réparée avec du fil de fer.

Y a bien longtemps, j’ai moi-même eu accident au genou me rendant à une répétition de théâtre. On avait également dû m’opérer en urgence, on ne m’avait pas mis du fil de fer, mais une vis, une longue vis . C’est pendant ma convalescence que j’avais fait la connaissance de Lacan et écrit mon premier roman, « Eugène Traktacus ». Je n’avais pas pu marcher pendant trois mois. Le spectacle avait été annulé. C’est au sortir de ma convalescence que j’ai quitté le domicile de mes parents et  trouvé l’appartement de l’avenue Paul Deschanel.

Fil de fer : Mais quoi donc? Je me souviens que rêvais enfant, jeune fille ou plutôt fillette, d’avoir un appareil dentaire, je rêvais d’avoir les dents trop en avant ou écartées que je doive porter un appareil dentaire en fil de fer. J’essayais d’écarter mes dents, bien en vain. quand je songe qu’aujourd’hui, il m’en faudrait bien, porter, d’appareil dentaire, avec cette maladie que j’ai, aux  gencives, à cause de laquelle mes dents ont bougé. D’où me venait ce désir, ma mère a-t-elle porté un appareil? Avais-je vu je vu ses fausses dents? Ses dents de devant qu’elle avait perdues enfant, une porte lui ayant été claqué au visage pas sa sœur, dans un jeu. ses 4 dents de devant? Ses dents, qui tenaient dans sa bouche, par du fil de fer. lui enviais-je cela? Cet appareil? Venait-il ce râtelier en « métaphore » d’une autre chose que nous aurions elle et moi en commun, de perdu. Il y a une sorte de souvenir-écran où devant la porte d’entrée virée de la rue Tiberghien, ma mère se penche sur moi, m’embrasse, et je ressens cette envie d’avoir comme elle « un appareil ». Être appareillée.

Ai-je travaillé à séparer mes parents? Oedipe ? S’agit-il de mon père et de ma mère dans ce couple du rêve? Au monsieur, je parle d’argent (!!!)

Et cette mâchoire tenue en laisse, par mon père cet homme, me mord elle de rage? mon père cet homme retient-il la pulsion orale de ma mère sa femme?

De quel objet (le jouet à mordre pour chien) ma mère use-t-elle pour s’aveugler? Mixte de pulsion orale et de pulsion de voir.

Je ne sais pas comment articuler tout ça. Il y faudrait du fil de fer. Et ce fer, ce goût de fer dans ma bouche. Le fer qui me manquait (anémie)…

Ma mère n’a jamais montré de rage, de ressentiment, c’est moi. Sauf peut-être quand mon père mourait, puis après, quand mon père était mort.

Je suis un râtelier. Là où le lié rate. Pourquoi je perds l’équilibre dans les ESCaliers.

Ma mère fait tout tenir par des fils de fer. Mais pourquoi pas, pourquoi ma rage? De ce que ça ne tienne pas, de qu’il en faille, du fil de fer, de ce qu’il en ait fallu, de ce fil de fer que je lui ai pourtant envié petite.

Et puis, c’est moi, qui ait habité des années dans un sous-sol… Et qui ait tendance à conserver des souvenirs inutiles que je bricole… Et qui ai ce désir d’enseigner ça aux autres, de le faire passer, ça, mon goût du fil de fer, ce fil qui me manque. Que je suis obligée d’ajouter partout.

j’abricole.

Peut-être pourquoi j’ai été si sensible à Duchamp et à ce qu’il développe de l’impossibilité du fer…

Et mon goût pour cette gravure de Goya, où une fil-de-fériste est au centre d’une arène de regards…

Donn, 6 août 2012.

comme une sorte d’atelier à ciel ouvert

Comme une sorte d’atelier à ciel ouvert.* Aucun lecteur ne peut suivre ce travail en transformation perpétuelle. C’est un objet mouvant dont il faudrait que j’arrive à extraire certains morceaux  pour les publier sous une forme qui devienne définitive,  que je ne puisse plus modifier. Soit sous forme de livre, soit ailleurs sur l’internet,  mais plus chez moi,  de façon à ce que je ne puisse plus intervenir,  modifier encore.  Que je m’en sépare donc, quitte l’état de gestation… 

* Atelier, oui,  je me suis rendu compte que c’était ça que je reproduisais : l’atelier de mon père. L’atelier où il travaillait,  où nous ne pouvions pas rentrer… Ce lieu secret,  interdit,  de son désir. 

Les points sur le U

Je m’étais couchée raisonnablement tôt, après une journée particulièrement banale –  j’avais dû regarder quelques épisodes de série ( la finale d’Enlightened), je n’avais pas eu envie de lire, cela je m’en souviens, et je m’apprêtais à m’endormir dans un sentiment inhabituel de satisfaction. Soudain, couchée sur le côté – c’est autre chose. Une sensation dont j’aurais probablement tout oublié si je n’avais rapidement jeté ces quelques notes le lendemain matin– des mots que la nuit-même je m’étais répétés, anxieuse de les retenir, même si je les notai ensuite un peu à contrecœur, consciente encore de tout ce qui s’y perdait  :

« Nuit
Corps sous couette, souffrance vide
corps & mots
Certain souvenir
Des mots
S’en viennent, s’en vont

— L’idée d’un livre, l’intituler « Trauma » et qu’il n’y soit jamais raconté. –

Trauma. Tréma. Umlaut.1
Trauma. Tréma. Umlaut.
Ces points sur le u que je restituai à mon nom au sortir de l’analyse.
Müller, l’ü en double i. »

Il y avait eu les Journées d’étude de l’ECF2 sur le trauma.  Je n’y étais pas allée mais j’en avais lu de nombreux textes préparatoires sur un blog publié par les directrices de ces Journées3. Je m’étais alors dit que je n’avais aucun souvenir de trauma, que je n’avais rien repéré comme tel au cours de mon analyse. Je ne manque pas bien sûr de mauvais souvenirs,  et c’est d’ailleurs l’un d’entre-eux qui m’était revenu cette nuit-là,  ses mots. Mais je ne leur ai jamais accordé de « valeur » traumatique. Ce sont de mauvais souvenirs. Point. Ils ne me semblent pas rattachés à grand chose de ce que je suis devenue — j’irais jusqu’à dire qu’ils ne me paraissent pas faire partie de mon histoire ( ou alors aux endroits qui s’arrêtent sur un gouffre, dont les chemins ne sont plus repris,  bords oubliés d’un monde sinon rond). A moins qu’ils n’appartiennent à l’histoire honteuse  ( ne pas raconter non pas à cause de l’indicible mais à cause de la honte). J’ai cherché à les oublier, cela oui, et ce n’est pas eux que j’ai oubliés, mais la souffrance qui se liait à eux. Ils sont vidés. Autant que l’était mon corps cette nuit-là. Lourd, recourbé en virgule sur rien, seul. Absolument, fondamentalement. Devenu seul et les mots, vides, sont juste là – satellites, mouches.  le corps est la souffrance et la souffrance est vide. C’est une impression unique qui vient ( subrepticement) en suite de ce travail de l’École de la Cause freudienne sur le traumatisme. En réponse inattendue.

Il n’y a pas, il n’existe pas, me dis-je, d’interprétation de ces mauvais souvenirs, de possibilité d’interprétation.  Je ne sais pas ce qu’ils m’ont fait. De son côté, mon corps, lui, a-t-il pu « arrêter une interprétation » ? Qu’il ait noué des liens spéciaux à certains mots de ces souvenirs, certains signifiants, sans m’inclure dans la partie, est possible. C’est bien ce que donne à penser ma transcription de cette nuit-là. La juxtaposition des mots et le corps, le vide de leur relation, la souffrance de ce lien en souffrance. Les mots étant la souffrance même, du corps seul, vides de sens,  en un endroit d’étrangeté.

C’était comme ça. Comme je le dis, là.

Il y aura eu une façon d’interprétation de mon corps, de la part de mon corps, de mon corps en cet endroit inédit de solitude ; mais rien qui aie pu, aurait dû être interprété par moi et rejoué dans un scénario fantasmatique quelconque, destiné à être répété. Plutôt s’agirait-il d’une inscription.

ü

De pür douleur, dont l’un des noms s’est donné, aperçu alors, dans l’Umlaut de mon nom, le tréma, les points sur le « u »…

Oui, c’est drôle, tout d’un coup j’ai vu ça, que dans tréma, il y avait trauma.

Au départ, il y avait un tréma sur le u de mon nom et sur celui des autres membres de ma famille. Or ce tréma, au gré des passages par les guichets de l’administration belge, s’est vu disparaître. Moi-même, ni d’ailleurs mes parents, je ne l’apposais pas à mon nom, puisque ce n’était pas français. C’était un petit en-trop.  Mais quand mon analyse s’est interrompue, brusquement interrompue et que je suis venue m’installer à Paris, j’ai voulu restituer ce tréma à mon nom, et je l’ai, à partir de là, retracé sur le « u ».  J’ai fait cela sans réfléchir,  je l’ai fait et je m’y suis tenue. Me séparant d’ailleurs sur ce point et avec plaisir du reste de ma famille, qui continue d’écrire ce nom sans ses points dus.

… que « le désir de l’analyste n’est pas un désir pur » et que « c’est un désir d’obtenir la différence absolue ». Il précise alors que la différence dont il s’agit est celle qui « intervient» quand le sujet, « confronté au signifiant primordial», « vient», pour la première fois, « en position de s’y assujettir». –Pierre Naveau, Désir de l’analyste

Donc, la proximité inhabituelle où j’étais de mon corps, d’une certaine vie de mon corps, non liée à ma conscience, mais à des signifiants vides de sens, sans pathos, me permettait de relever dans  le tréma de mon nom sa résonance avec le terme trauma ; pointait ce  « u», ce  « u » aussi de l’avoir « eu »,  du corps « eu ».  J’assistais à sa solitude, elle d’ordinaire inaperçue, et percevais les mots qui la hantent. Et même si mon corps est aujourd’hui couvert de mille petits points (mini tumeurs bénignes qu’une dermatologue patiente et blonde m’enlève à l’électricité depuis peu), en devint-il, au moment de ces événements, de cet éventuel trauma, pour autant plus sexuellement malade qu’il ne l’était déjà ? N’étais-je pas sans savoir déjà ce qu’il y avait à (ne pas) savoir du sexuel ? Non, non non, non.  Dénégation, pourquoi niai-je mon ignorance d’alors ?  Mais ce que je savais surtout ne pas savoir, qui couvrait tout le reste,  c’était la possible méchanceté des hommes. Ce que je ne savais pas. C’est. Je ne savais pas qu’il pouvait m’arriver des malheurs. Je me croyais protégée. De Dieu. Je pensais que mon innocence me protégeait. Je ne perdais pas mon innocence, mais elle rencontrait dans le monde des réponses auxquelles elle ne s’attendait pas. Et ces mauvaises réponses étaient sexuelles. Et ces mauvaises réponses furent recouvertes par la méchanceté – qu’il était à ma portée, alors, de connaître déjà. Que sus-je alors de plus? Que je n’étais pas la princesse charmante – et que me restait-il alors à être?  Que le monde résiste à la sainteté. Que le monde résiste à Dieu. Qu’un corps n’appelle pas que l’amour.  Cependant, je restai püre. Alors que le sexe se séparait de l’amour.

C’est quoi la pureté?

Dieu, le sexe, l’amour, Un.

Conviendrait-il aujourd’hui que je ramène à ces souvenirs leurs tristes affects? Même tristes, malencontreuses, horribles éventuellement, ces histoires racontées, le pathos qu’elles appellent, dont elles relèvent en surface, n’est pas ce qui compte.  C’est pourquoi je ne les ai jamais considérées comme des traumas, et que j’ai accepté que mon analyste ne les traitât pas comme tel.

 

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Notes:
  1. Umlaut (Wikipedia) : En phonétique, le processus d’ Umlaut (de l’allemand um-, « autour, transformation » + Laut, «son »), ou métaphonie (terme grec de même sens ; ne pas confondre avec le paronyme métatonie) ou encore inflexion, désigne le changement de timbre d’une voyelle à la suite de l’amuïssement d’une autre voyelle dans une syllabe suivante. La voyelle altérée garde pour ainsi dire une trace de la voyelle disparue en récupérant une de ses caractéristiques. C’est un type complexe de dilation. []
  2. l’École de la Cause freudienne []
  3. Mmes Marie-Hélène Brousse et Christiane Alberti, toutes deux psychanalystes et membres de l’ECF []
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