l’abondance du machinique et le peu de la main

13 avril 2006 | avril 2006 | brouillonne de vie | , , , , , , , |

traiter l’abondance / traiter a mano le machinique.

que faire face à l’abondance?* y aller au hasard?** / au hasard, faute de mieux . évidemment ça manque totalement d’efficacité / évidemment ça n’a rien de / parce que nous sommes
confrontés à des machines nous pensons que / aux productions des machines nous aimerions
/ leur efficacité est-elle pour autant – ENVIABLE? // alors au hasard si le hasard existe, au hasard / alors au hasard et tant que le hasard convient peut faire méthode / a de quoi faire concurrence / à celle des machines

laisser le choix au hasard

/ je l’espère.  j’espère le hasard, sa possibilité. (la possibilité de ce qui viendrait faire rupture.)

ne peux qu’y aller au hasard les yeux fermés BLIND un objet prendre convient-il à l’instant oui OKAY!

* exemple: l’abondance de photos que vous auriez prises, que faire, face à cette abondance, qu’en faire?
** vous en prendriez une au hasard, par exemple, de photo, de ces abondantes photos, une au hasard, lui appliqueriez un traitement, ce serait la part de travail vrai (voudrions-nous du travail qu’il soit vrai? récemment je lisais dans lacan, que le vrai est une catégorie du symbolique. directement je vérifie, dans le livre, le sinthome, page 116: « N’est vrai que ce qui y a un sens ». Alors vouloir du travail vrai ça serait vouloir du vrai qui fasse grain de sable dans l’océan du réel que produit le machinique. le réel, parce qu’on ne s’y retrouve pas. une chatte n’y retrouverait pas ses petits, c’est dire. les choses y sont toujours à leur place, dans le réel, parce que dans le réel tout a toujours sa place, soi, on n’y retrouverait pas sa place, parce que soi n’est pas tout réel, pas tout réel ni plus que symbolique. pas tout réel ni plus que symbolique.)

la certitude du réel opposée au doute du symbolique

4 janvier 2013 | janvier 2013 | philosophie, psychanalyse | , , , , , |

J’essaie donc de lire Cédric Lagandré1. Curieusement facile et difficile à la fois. Ainsi, lorsqu’il cite Descartes  (p. 105),  attribue-t-il au semblant la certitude (« le fait de cette semblance est quant à lui une certitude inébranlable. La consistance du semblant est sans défaut, sans qu’il soit question d’attendre la sanction de l’existence divine« ) quand je l’aurais moi-même, et sans nul doute, attachée au réel de la lumière, du son, de la chaleur.

« … je vois la lumière, j’ouïs le bruit, je ressens la chaleur. Mais l’on me dira que ces apparences sont fausses et que je dors. Qu’il en soit ainsi ; toutefois, à tout le moins, il est très certain qu’il me semble que je  vois, que j’ouïs, et que je m’échauffe. »

« Lumière, son, chaleur » sont pour moi le lieu de l’ « il y a », de la pierre de plus en plus pierre de Nietzsche ou de la montagne de Hegel. Le réel est de leur côté, son épreuve une certitude. Le doute n’apparaît qu’avec le symbolique, en l’occurrence sous cette forme un peu drôle du « On me dira que… » (ah! ce que l’autre pourrait en dire…)

Donc, de mon point de vue,  « Je vois la lumière, j’ouïs le bruit, je ressens la chaleur« , ces épreuves physiques, situent le réel du corps, du corps organe qui ressent le réel de la lumière, du bruit, de la chaleur.

Tandis qu’avec le  « Mais l’on me dira… » commence le travail de sape du symbolique. Ici, on rentre dans le jeu du possible, de ce qui peut, pourrait être dit. C’est bien le verbe qui nous fait sujet, qui nous met au monde comme sujet, à la condition que nous nous en remettions à sa loi. Que nous acceptions de nous en faire la dupe. Et le sujet (du verbe) n’est qu’un semblant (une commodité pour faire monde) du réel de l’humain qu’il représente.

Le symbolique, le semblant, sont le lieu du doute, du possible, opposé à celui, silencieux, du réel, qui ne discute pas, qui existe. C’est le « je pense » qui entraîne le doute du « je suis ». C’est le « je pense » qui tire l’existence à l’être en la nommant, en la ratant – l’amenant à réessayer, à épuiser tantôt  tous les possibles du dit.

Notes:
  1. La plaine des Asphodèles, je le lis très mal, maintenant par bribes, au hasard []

Le niveau de l’usage est pour le dernier Lacan un niveau essentiel

10 février 2013 | février 2013 | Cut&Paste, psychanalyse | , , , , , , , , |

Le savoir-y-faire n’est pas un savoir, au sens du savoir articulé. C’est un connaître, au sens de savoir se débrouiller avec. C’est une notion qui, dans son flou et son approximation, me paraît essentielle de l’ultime Lacan – savoir se débrouiller avec.

Nous sommes là au niveau de l’usage, de l’us – vieux mot français que vous retrouvez dans l’expression « les us et coutumes », qui vient directement du latin usus et de uti, se servir de.

Le niveau de l’usage est, pour le dernier Lacan, un niveau essentiel. Nous l’avons déjà abordé, ne serait ce que par la disjonction du signifiant et du signifié. Le dernier enseignement de Lacan met en effet l’accent, contrairement à « L’instance de la lettre », sur le fait qu’il n’y a aucune espèce de lien entre signifiant et signifié, et qu’il y a seulement, entre signifiant et signifié, un dépôt, une cristallisation, qui vient de l’usage que l’on fait des mots. La seule chose qui est nécessaire pour qu’il y ait une langue, c’est que le mot ait un usage, dit-il, cristallisé par le brassage.

Cet usage, c’est qu’un certain nombre de gens s’en servent, « on ne sait pas trop pourquoi», dit Lacan. Ils s’en servent et, petit à petit, le mot se détermine par l’usage qu’on en fait.

de l’usage à l’Un

6 avril 2013 | avril 2013 | Non classé | , , , , |

Étrange mutisme que celui du réel « mondialisé »; autrefois le mutisme de la matière intriguait, semblait un commencement de parole, faisait énigme: d’être ainsi et pas autrement donnait aux choses un air louche qui regardait les hommes, leur imposait des conduites, des pratiques, des rituels. [….] Mais maintenant que le verrou divin a sauté, que le mot de l’énigme n’est plus qu’un mot, faute d’énigme, la bizarrerie du réel nous est devenue indifférente. La domination technique paraît démystifier à l’avance ce qui reste de mystère (ce qui n’est pas dominé le sera un jour), et l’objectivation de l’existence humaine annule la singularité des destins. […] Comment le panthéisme a-t-il pu se dissoudre sans reste dans l’athéisme? […} Quoi donc empêche l’absurdum du réel – qui rend un son sourd, littéralement:  qui ne répond pas, notamment à la question du sens – d’être vécu comme tel? Quoi donc sature l’être comme problème, sinon peut-être la sur vie de de Dieu, dans l’anonymat de son immanence? Ou encore : comment un tel verrouillage ontologique serait-il possible sans Dieu, ou du moins sans ce dont Dieu était le nom?1

« Ce qui sature l’être, écrivais-je dans une note en marge du livre, non pas une subsistance de Dieu, mais la jouissance. Une jouissance probablement liée à ce qui par Lagandré, est appelé l’usage, le fonctionnement. Et fonctionnement, usage, ici réduit à l’Un. »

Cela est bel et bon, mais enfin, c’est vite dit. Ai-je vraiment aperçu là quelque chose. Car du fonctionnement à l’Un, de l’usage à l’Un, tout de même, il y a un saut. Même si ce saut il m’est déjà arrivé de l’opérer.

Pourquoi me fais-je autant confiance et pourquoi est-ce que je reprends ici quelque chose de si peu étayé. Comment puis-je avoir autant confiance en la moindre de mes petites notes. Ne puis-je admettre que j’aurais pu avoir écrit une bêtise ? Pourquoi faudrait-il que j’aille au bout de cette bêtise ? Il n’est d’ailleurs pas question dans ces extraits de l’usage, mais de la mort de Dieu et des avancées de la science. Ce qu’il y a à savoir remis aux mains de l’Autre de la science.2

Toujours est-il que Dieu peut bien être en effet un nom du réel, un nom mis sur le réel. Sur ce que la jouissance a de réel.

Si j’essaie de retourner à l’usage et à l’un au départ de ce que j’ai déjà commis ici, et , qu’est-ce que ça donne ? Qu’est-ce que ça peut donner ? Lagandré parle d’un monde fonctionnalisé, mis en fonctions, où cela ne signifie plus rien que de passer d’un point A à un point B en empruntant l’autoroute,  laquelle autoroute en chaque point de son parcours actualise sa puissance, strictement réduite à sa fonction, et dont les points A et B s’avèrent in fine identiques. D’un mondes d’usagers,  motorisés, ne cherchant rien de plus que cela : user d’une fonction qui est là, mise à disposition, intégrer son fonctionnement, son fonctionnement de machine,  sans vouloir, accomplissant seulement son programme, son logiciel.

Qu’y a-t-il ici que je ne saisisse pas ?

 

Notes:
  1. Cédric Lagandré, La plaine des asphodèles, Le dieu captif, p. 16-17. []
  2.   Je ne sais pas bien pourquoi, j’en suis toujours à ce livre aujourd’hui, à l’interroger. Comme si je n’en n’avais pas fini avec sa traduction dans ma langue, comme si je n’en n’avais pas fini avec cette langue-là. Comme si je savais bien qu’il y avait des choses, là, que je ne sais pas. Qui m’ont échappé jusqu’à aujourd’hui. Qui utilise des mots proches des miens qui n’en recouvrent pourtant pas, et parfois pas du tout, le même sens. Comme s’il valait la peine d’en découdre. Comme si je râlais de n’y être pas arrivée. C’est qu’il ne s’agit pas seulement de traduction, il y a quelque chose en plus, dans le texte, que je ne connais pas, et qui m’intéresse. []

Un grand désordre dans le réel au xxie siècle

15 décembre 2013 | décembre 2013 | Cut&Paste, psychanalyse | , |

par Jacques-Alain Miller

Je ne vous ferai pas attendre très longtemps pour vous annoncer le thème du prochain Congrès[1]. Une nouvelle série de trois thèmes a commencé avec « L’ordre symbolique au XXIe siècle ». Ce sera une série particulièrement dédiée à l’aggiornamento, comme l’on dit en italien, à la mise à jour de notre pratique analytique, de son contexte, de ses conditions, de ses coordonnées inédites au xxie siècle, quand s’accroît ce que Freud appelait le « malaise dans la culture » et que Lacan déchiffrait comme les impasses de la civilisation.

Il s’agit de laisser derrière nous le xxe siècle ; de le laisser derrière nous pour renouveler notre pratique dans le monde, lui-même suffisamment restructuré par deux facteurs historiques, deux discours : le discours de la science et le discours du capitalisme. Ce sont les deux discours prévalents de la modernité qui, depuis le début, depuis l’apparition de chacun d’eux, ont commencé à détruire la structure traditionnelle de l’expérience humaine. La domination combinée des deux discours, chacun appuyant l’autre, a augmenté à un point tel qu’elle a réussi à détruire, et peut-être à rompre, jusqu’aux fondements les plus profonds de ladite tradition.

Vers un psychanalyste nouveau

15 décembre 2013 | décembre 2013 | Cut&Paste, psychanalyse | , , |

par Damasia Amadeo de Freda

Dans sa conférence de présentation du thème pour le prochain Congrès de l’AMP en 2014[1], Jacques-Alain Miller nous invite à repenser la clinique psychanalytique et la place du psychanalyste au XXIe siècle.

Cette conférence nous inspire plusieurs interrogations que nous allons exposer et auxquelles nous tenterons de donner quelques réponses.

Nous constatons tout d’abord – cela nous a frappés et a suscité notre première question – que la formulation du thème telle qu’elle nous est proposée, ne correspond pas au titre du Congrès.

La formulation de J.-A. Miller, « Un grand désordre dans le réel au XXIe siècle »[2], ne correspond pas au titre : Un réel pour le XXIe siècle. Nous pouvons déjà dire que l’expression « Un grand désordre » n’est plus dans le titre, que l’article défini est devenu indéfini, et que le « pour », ajouté, vient comme indice – telle est mon hypothèse – de l’objectif visé pour être à la hauteur de l’époque. Cependant, le remplacement de la première formulation par le titre définitif conserve le concept de réel comme thème central.

ne calcule ni ne juge – la conscience et l’inconscient

13 décembre 2015 | décembre 2015 | brouillonne de vie | , , , , |

#sevrage #Paroxétine 5ème jour de diminution Paroxétine (=Deroxat). J’ai commencé à réduire le 9 décembre 2015. Je suis passée de 1 Deroxat à 1/2. Je ne m’attendais pas à ce que ça soit si difficile. Confusion. Tout ce que je puis dire.

#méditation Hier, ATELIER DE MÉDITATION. N. propose un petit exercice de non-interprétation qu’elle appelle également exercice de non-identification. Je ne peux m’empêcher de comprendre/d’interpréter : délaissement du symbolique, oubli des mots, donc interprétation rendue impossible et chute des identifications. (c’est bien au symbolique d’abord que l’on s’accroche, auquel on s’identifie – au symbolique, à un mot, à un signifiant  :  tel le Christ sur sa croix :: se souvenir de Michel Tournier :::   « Méfie-toi, dit-il dans le Roi des Aulnesqu’à force de porter ta croix, elle ne finisse par te porter! »   C’est bien ça, l’identification symbolique, de ça qu’il s’agit de décrocher). Quelqu’un dit « désapprendre« .    N. de raconter l’histoire d’un sage en méditation dont l’un des disciples, à son grand effroi, s’aperçoit qu’un serpent l’approche, lui grimpe dessus, le traverse, et,  à la fin de la méditation, lui rapporte : « Maître, maître, il y avait un serpent, il vous est passé dessus ! » Et le Maître de répondre : « C’était donc ça, cette chose gluante et glissante qui m’est passé dessus… » (le récit que j’en rapporte est approximatif, hélas). N. ajoute que la conscience, celle à laquelle elle voudrait qu’on atteigne par ces méditations, n’interprète ni ne juge. La formule (il est possible que je me trompe dans mon souvenir) est très proche de celle de Freud : l’inconscient ne calcule ni ne juge. Elle n’a donc donné aucune consigne pour la méditation, si ce n’est de garder ça à l’esprit.

#lettre je me suis gardée hier d’écrire à N. (me méfie du transfert, de l’amour, me méfie de moi-même, et peur de faire peur, peur de paraître vraiment trop en demande, que de trop laisser transparaître ma demande. du coup, j’écris plutôt ici.)

le monde

19 mai 2016 | mai 2016 | jacques-alain miller, le monde | , , |

Qu’est-ce qui est le réel ? Cette  question est devenue instante dans  la philosophie à partir de  Descartes. Celui qui a eu là-dessus l’aperçu le plus net, le plus  clair, le mieux centré, c’est le  nommé Heidegger, dans un article  de 1938 qui s’appelle  « L’époque des  conceptions du monde » et qui  souligne que c’est à partir  de Descartes qu’à proprement  parler le monde est devenu une  image conçue, une image conçue  par le sujet 1 , et que c’est à partir de Descartes que tout  ce qui est là, le discours  philosophique nous invite à  le rassembler.

Le discours  philosophique nous invite au rassemblement de tout ce qui  est, au rassemblement de ce qu’on appelle en terme  technique l’étant (pas avec un  g ,  avec un  t , les canards, c’est nous).  Tout ce qui est, à partir de  Descartes – au moins pour les  philosophes, mais c’est solidaire de  tout un ensemble – devient  dans et  par la représentation.

Pour en saisir la nouveauté, il  faut penser que l’idée de  se  représenter, l’idée du monde  comme  représentation au sujet était  tout à fait absente de la philosophie  scolastique et  de  l’idéologie médiévale, où si le  monde se soutenait, c’était en tant  que créé par le Créateur, avec un  grand  C . Ce n’était pas un monde  représenté  par et  pour le sujet,  c’était un monde créé  par et aussi  pour la divinité, et plaçant sous le  signifiant Dieu la cause suprême.  

Notes:
  1. Heidegger emploie le mot de  Bild, qui est à  proprement parler l’image spéculaire ; quand on parle de l’image  originaire, on dit  Urbild []
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