de nombreuses choses je vis qui débarrassées sont de leur « charge affective ».
une histoire triste,
Ernst retrouve alors le souvenir suivant : très petit, au moment de la mort de sa sœur, il a commis une chose grave pour laquelle le père l’a battu. Il a alors fait une terrible colère et injurié son père, mais ne connaissant pas d’injures il lui a donné tous les noms d’objets qui lui passaient par la tête : « Toi lampe ! toi serviette ! toi assiette ! » Le père déclare : « Ce petit là deviendra ou un grand homme ou un grand criminel. » A partir de ce moment, son caractère se modifie : il était coléreux, il devient lâche.
de l’imaginaire,
Toute pensée obsessionnelle, qui donne lieu à quelque construction, si loufoque soit-elle, sera toujours liée à la sexualité. La névrose obsessionnelle comporte un érotisation de la pensée.
La formule chez l’obsessionnel comporte toujours une équivalence qui introduit une valeur phallique. Le phallus imaginaire est la véritable unité de mesure. (cfr. le rêve, « mais oui, on peut tout à fait dire que c’est imaginaire »- mais l’ai-je raconté ici?)
L’obsessionnel démontre que la pensée est un parasite, un placage, un cancer dont l’humain est affligé ; la parole parasite le corps à titre de pensée, la pensée affecte le corps. C’est ce que dit Lacan dans le Séminaire XVII, l’Envers de la psychanalyse, p. 176 : « La pensée n’est pas une catégorie. Je dirai presque que c’est un affect. Encore ne serait-ce pas pour dire que c’est le plus fondamental sous l’angle de l’affect. »
de la pensée,
la pensée est privée.
la danse,
la danse est un plaisir et doit le rester.
moi,
je ne sais pas ce que c’est le phallus imaginaire.
j’aime beaucoup vous montrer des images. les images qui sont qu’il est à ma portée de vous montrer. les images que je vous montre sont des images qui
je ne sais pas si elles sont à proprement parler n’importe qu’elles images, je ne le crois pas, en fait, mais dans ces images compte également, et indépendamment d’elles, de façon extrinsèque, cette qualité qu’elles acquièrent – du moins à mes yeux – du fait que je vous les montre. elles comportent également ceci : que j’aimerais également physiquement les faire, qu’à mon tour, ma façon, les fabriquer me plairait. (et qu’elles sortent de l’ordinateur) (l’ordinateur, la virtualité étant, restant suspecte).
Mar 24th, 2009 12:13pm
des fois peut-être je veux dormir pour mettre de l’eau sur le feu. mais parfois ça fait comme si c’était de l’huile.
à propos de ce rêve, l’ayant raconté à celui que dorénavant je ferai l’effort d’appeler mon analyste, ce rêve où je suis seule contre la bande de cons du monde, il me dit : » aaah ! aaah ! aaah ! » (en trois quatre fois, de façon très appuyée, comme si ça faisait longtemps qu’on l’attendait, celui-là, ce rêve-là). et après, quand j’ai eu fini de parler, il dit plusieurs fois « très très très très très bien… « mon analyste donc, c’est aussi celui à qui quand je dis que je veux quitter f me dit le quitter mais pourquoi ce qui me suffit pour que je veuille plus le quitter du tout en effet pourquoi
Le bonheur est une monstruosité ! punis sont ceux qui le cherchent.
Le terme d’immixtion des sujets m’étant revenu lors de l‘analyse de mon dernier rêve (Edouard devient fou), sans que je ne sache plus vraiment ce qu’il recouvrait, j’ai fait une recherche sur internet portant sur « immixtion des sujets dans le rêve Freud » et suis tombée sur cet article.
Pour décrire les désastres que provoque au niveau de l’imaginaire la forclusion du nom du père dans la psychose, Lacan utilise ce terme énigmatique de « l’immixtion des sujets ».
L’ancien mot latin, immixtio, donc l’ancêtre de l’immixtion, peut se traduire par le mot mélange. Si nous choisissons sa version hostile, cette immixtion évoque d’emblée une intervention extérieure musclée, une invasion, une intrusion forcée, mais elle peut aussi, retrouvant son ancien sens de mélange, évoquer ce joli terme de métissage. L’ambiguité de ce terme d’immixtion nous permettra donc de distinguer d’une ingérence vite persécutive, ce métissage symbolique qui comporte apaisement des conflits, reconnaissance mutuelle de la différence.
De l’ingérence au métissage, de l’imaginaire au symbolique
Ce terme d’immixtion apparaît donc pour la première fois dans les très long commentaire du « rêve de l’injection faite à Irma » auquel que Lacan a effectué pas à pas dans le séminaire « Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique analytique ». Il avance en effet ce terme à propos des trois praticiens que Freud à appelé à la rescousse et qui se penchent tous très doctement pour examiner la gorge d’Irma. Ce sont eux qui font immixtion dans le rêve de Freud.
Dans le Séminaire II : une équivalence : immixtion des sujets / foule
A ce propos donc Lacan nous dit qu’il préfère de beaucoup ce terme d’immixtion à celui de « foule au sens freudien ». En rapprochant de façon, me semble-t-il surprenante, ces deux termes d’immixtion des sujets et de foule structurée, autant dire que nous entrons de plein pied dans le problème des identifications du sujet et notamment des trois formes d’identification décrites par Freud, celle de l’identification primaire narcissique, celle de l’identification à un petit trait de l’autre – identification au trait unaire – celle qui caractérise la fin de l’Oedipe, et enfin la troisième forme d’identification, celle de l’identification hystérique.
Dans la lettre volée : les détenteurs de la lettre s’y assujettissent
La deuxième occurence de ce terme d’immixtion se trouve dans « La lettre volée » qui inaugure les Ecrits. Ce texte est une reprise de la toute dernière partie du séminaire de 1954-1955, celui du moi dans la théorie de Freud et dans la technique analytique, séminaire où il commente donc ce rêve de l’injection fait à Irma. Il l’utilise pour démontrer comment ce que Freud appelle instinct de mort est en fait pour lui une manifestation de l’autonomie du symbolique. C’est dans ce cadre que prend sens ce terme d’immixtion des sujets. Les détenteurs de la lettre s’y assujettissent.
Dans le séminaire des psychoses
C’est là en effet que se trouve cette troisième occurence de l’immixtion à un moment décisif où Lacan va définir ce qu’il en est de l’intersubjectivité délirante en prenant appui sur le texte des Mémoires de Schreber et décrire ainsi les liens de Schreber avec ses nombreux objets persécuteurs qui appartiennent tous à la même série, série qui commence avec le Professeur Fleschig et qui se termine en apothéose par les liens privilégiés qu’il entretient avec son Dieu. Ce séminaire est daté du 11 avril 1956.
Avant d’entreprendre sa lecture, je voudrais éclairer les trois occurrences de cette immixtion des sujets avec l’aide des deux axes du schéma L, son axe symbolique et son axe imaginaire que Lacan modifiera plus tard pour rendre compte du délire de Schreber sous le nom de schéma I qui se trouve lui aussi dans les Ecrits.
Mais déjà rien qu’avec ce schéma L, nous pouvons mettre en évidence aisément le double sens de cette immixtion, celui de l’ingérence et celui de du métissage.
Le schéma L
Le schéma apparaît pour la première fois dans le séminaire du 2 février 1955 du « moi dans la théorie de Freud et dans la technique analytique ». il est dessiné ainsi sous le titre « la fonction imaginaire du moi et l’inconscient ».
Il convient de le représenter sous sa forme première, initiale, avec ses orientations, ses traits pleins et ses pointillés.
Le schéma L
Tout d’abord sur ce schéma nous pouvons repérer deux axes. Le premier est un axe symbolique qui part du grand Autre pour rejoindre le sujet. C’est l’axe de ce que Lacan appelle le pacte, de l’engagement, celui où on dit : « tu es mon maître » ou « tu es ma femme ».
Mais c’est aussi celui de la tromperie toujours possible tel cet exemple que Lacan cite souvent et qu’il a emprunté à Freud : « Pourquoi me dis-tu que tu vas à Cracovie pour que je crois que tu vas à Lemberg alors que tu vas à Cracovie? »
Le second axe est l’axe imaginaire qui part du petit autre pour arriver au moi. C’est l’axe de la relation d’objet, de la constitution des objets du désir et des identifications multiples y compris bien sûr celles des identifications oedipiennes.
C’est donc sur ce schéma que nous pouvons maintenant inscrire les deux types d’immixtion des sujets, celle qui s’inscrit sur l’axe imaginaire et l’autre sur l’axe symbolique, sous le nom d’ingérence et de métissage.
Je reprends donc chacune de ces occurrences dans leur contexte avec tout d’abord le rêve de l’injection faite à Irma.
Il y a ce soir là grande réception chez les Freud : « Il y a foule ».
C’est ce que nous raconte Freud dans le texte de son rêve. Je le cite : « Un grand hall – beaucoup d’invités, nous recevons. Parmi ces invités, Irma que je prends tout de suite à part pour lui reprocher, en réponse à sa lettre, de ne pas avoir encore accepté ma solution. Je lui dis : « Si tu as encore des douleurs c’est réellement de ta faute » et elle répond : « Si tu savais comme j’ai mal à la gorge, à l’estomac et au ventre, cela m’étrangle ». Je l’amène près de la fenêtre et j’examine sa gorge… j’aperçois d’extraordinaires formations contournées qui ont l’apparence des cornets du nez et sur elles de larges escarres blanc grisâtre – j’appelle aussitôt le docteur M… Mon ami Otto est également là , à côté d’elle, et mon ami Léopold la percute par dessus le corset ; Il dit : « Elle a une matité à la base gauche »…. M dit il n’y pas de doute c’est une infection mais ça ne fait rien ; il va s’y ajouter de la dysenterie et le poison va s’éliminer ».
A la fin de ce rêve Freud réussit à trouver le vrai coupable : C’est la faute d’Otto qui a fait à Irma une piqure de triméthylamine avec une seringue qui n’était pas très propre. Cette formule qui dans son rêve s’inscrit devant ses yeux en caractères gras.
Analyse
Comme le souligne Lacan ce rêve se divise en deux parties, dans la première, Freud décrit ses démêlés avec trois femmes, Irma, sa femme et une de leurs amies. C’est plus une relation d’identification imaginaire à ces trois femmes qu’une relation d’amour. Elle se termine par une vision d’horreur, le fond de la gorge d’Irma. Freud l’appelle l’ombilic du rêve, Lacan rencontre avec le réel.
Cette première partie correspond à ce que nous pouvons appeler le chiffrage du rêve, son élaboration.
Au-delà de ce point franchi, quand les trois confrères de Freud se penchent ensemble sur le cas d’Irma, nous pouvons dire que Freud commence au cours même de ce rêve à le déchiffrer, à l’interpréter.
C’est à ce moment là que Lacan avance pour la première fois ce terme d’immixtion des sujets à propos de ces trois confrères qui dans ce rêve se mêlent à, la conversation qui se poursuit entre Freud et Irma. Ils sont les petits autres de Freud, ses objets rivaux, mais ils sont comme Irma, des personnages de substitution. Ils représentent les personnages oedipiens de Freud à savoir ses demi-frères, Philip et Emmanuel et sans nul doute aussi, même si Lacan ne le cite pas, son petit neveu John qui était son objet rival par excellence.
Il indique qu’il s’agit là d’une véritable décomposition spectrale du moi et c’est donc ce qu’il définit comme étant une immixtion des sujets.
Voici comment il la décrit : Après la vision de la gorge d’Irma… « Un franchissement s’accomplit… il entre à la fin du rêve, une foule, mais c’est une foule structurée, comme la foule freudienne. C’est pourquoi j’aimerais mieux introduire un autre terme que je laisserai à votre méditation avec les doubles sens qu’il comporte : l’immixtion des sujets. Les sujets entrent et se mêlent des choses, cela peut être le premier sens. L’autre est celui-ci – un phénomène inconscient qui se déroule sur un plan symbolique, comme tel décentré par rapport à l’ego, se passe entre deux sujets. Dès que la parole vraie émerge, médiatrice, elle en fait deux sujets très différents de ce qu’ils étaient avant la parole. Cela veut dire qu’ils ne commencent à être constitués comme sujets de la parole qu’à partir du moment où la parole existe, et il n’y a pas d’avant ».
Si nous essayons maintenant d’utiliser le schéma L pour décrire les différents temps de ce rêve dit de l’injection faite à Irma, nous pourrions inscrire sur l’axe imaginaire a a’, dans la première partie du rêve, en a, le moi de Freud et en face, en a’, au niveau de ses petits autres, tout d’abord les trois femmes qui sont pour lui plus des objets d’identification que des objets d’amour : sa femme, Irma et l’amie d’Irma.
Intersubjectivité imaginaire
Dans la deuxième partie du rêve, Breuer Otto et Léopold viennent à leur tour jouer ce rôle des petits autres imaginaires de Freud. Eux-mêmes représentent ses objets rivaux oedipiens. Puisqu’il s’agit d’une intersubjectivité imaginaire nous pouvons les inscrire aussi bien en a qu’en a’ : ils appartiennent tous au moi de Freud, ils comptent comme la somme des identifications du sujet, ce moi « en pelure d’oignon ».
L’intersubjectivité symbolique
Mais ce n’est pas tout, si nous définissons l’intersubjectivité symbolique comme parole qui passe entre deux sujets. En l’occurrence, avec cette formule de la triméthylamine, ce qui est révélé c’est le transfert passionné de Freud pour Fliess qui lui a permis de découvrir le sens du rêve et de la névrose. Comme le souligne Lacan, c’est « au milieu de ce chaos, du brouhaha de cette foule, que se révèle à Freud le sens du rêve, qu’il n’y pas d’autre mot du rêve que la nature même du symbolique » (1)
Intersubjectivité symbolique
Mais au delà de cette formule, quel pouvait être le désir de Freud, le désir structurant de ce rêve? C’est une remarque d’Otto sur l’état de santé d’Irma qui a éveillé la culpabilité de Freud à l’égard de son analysante. Il l’avait en effet confiée à Fliess pour une intervention sur l’ethmoïde et celui-ci avait oublié une compresse dans la plaie. Elle ne va effectivement pas bien du tout. « Le sens de ce rêve, ce qui l’anime, nous dit Lacan, est le désir de Freud de se libérer de sa culpabilité. C’est en effet à cela qu’aboutit ce rêve. L’entrée en fonction du système symbolique dans son usage le plus radical, le plus absolu, vient à abolir si complètement l’action de l’individu qu’il élimine son rapport tragique au monde… le sujet se trouve d’entrée de jeu n’être qu’un pion poussé à l’intérieur de ce système et exclu de toute participation qui soit proprement dramatique et par conséquent tragique à la rélisation de la vérité. »
Mais bien que Lacan ne le relève pas, comme cette triméthylamine est un produit de décomposition des substances sexuelles nous pouvons nous demander si elle n’indique pas aussi une première remise en question des fumeuses élaborations théoriques de Fliess sur les périodes masculines et féminines de 23 et de 28 jours ? Beaucoup plus tard Freud avouera en effet à Jung, que tout ce qu’il avait appris sur la paranoïa, il le tenait avant tout de Fliess. Il pensait, pour tout dire que Fliess était paranoïaque.
Trois par trois,les personnages de la lettre volée
Cette métaphore du sujet poussé comme un pion à l’intérieur du système symbolique et entièrement soumis aux lettres de son destin, c’est ce que Lacan reprendra avec la fiction littéraire de Poe sous le titre de La lettre volée.
C’est ainsi que nous retrouvons la deuxième occurrence de l’immixtion des sujets qui est décrite dans le texte des Écrits. Je vous rappelle le sujet de cette fiction clinique: Une lettre compromettante pour la Reine a été volée par le ministre au nez et à la barbe du roi qui ne s’est aperçu de rien. La police cherche à reprendre possession de cette lettre chez le ministre mais en vain. Elle reste introuvable Seul Dupin, en s’identifiant au ministre, en se mettant à sa place, a réussi à savoir comment il l’avait cachée, justement en la laissant bien en évidence, visible aux yeux de tous, posée sur le manteau de la cheminée, mais en changeant simplement son adresse.
Les personnages sont au cours des deux scènes du vol puis de la récupération de la lettre toujours regroupés par trois, comme dans le rêve de l’injection faite à Irma : Le roi, la reine et le ministre, puis dans la deuxième scène, la police, le ministre et Dupin.
C’est à propos de ces personnages que Lacan écrit: « Le module intersubjectif étant ainsi donné de l’action qui se répète, il reste à y reconnaître un automatisme de répétition, au sens qui nous intéresse dans le texte de Freud. La pluralité des sujets bien entendu ne peut être une objection pour tous ceux qui sont rompus depuis longtemps aux perspectives que résume notre formule: l’inconscient c’est le discours de l’Autre. Et nous ne rappellerons pas maintenant ce qu’y ajoute la notion de l’immixtion des sujets, naguère introduite par nous en reprenant l’analyse du rêve de l’injection d’ Irma. Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est la façon dont les sujets se relaient dans leur déplacement au cours de la répétition intersubjective »
Ces deux premières occurrences de l’immixtion des sujets méritent d’être comparées parce que la démarche de Lacan est inversée dans ces deux approches : dans la première, celle du rêve, il part de l’imaginaire, de la signification du rêve, pour retrouver la lettre du rêve, la formule de la triméthylamine.
Dans la seconde occurrence, il part du symbolique, de la lettre, pour décrire ses effets imaginaires sur le sujet Lacan écrit : « ce que Freud nous enseigne … c’est que le sujet suit la filière du symbolique, mais ce dont vous avez ici l’illustration est plus saisissant encore. Ce n’est pas seulement le sujet, mais les sujets pris dans leur intersubjectivité, qui prennent la file, qui prennent la file… et qui plus dociles que des moutons, modèlent leur être-même sur le moment qui les parcourt de la chaîne signifiante »
L’intersubjectivité délirante
Par rapport à ce que Lacan décrit de cette immixtion des sujets, comment va-t-il définir ce qu’il appelle l’intersubjctivité intersubjectivité délirante? Nous revenons donc à ce séminaires des psychoses celui daté du 11 avril 1956.
Mais avant de le relire je voudrais d’abord vous rappeler un petit passage du texte de Freud sur Schreber où il décrit à sa façon cette intersubjectivité : « Si nous envisageons l’ensemble de ce délire, écrit Freud, nous voyons que le persécuteur se divise en deux personnes : Fleschig et Dieu ; de même, Fleschig se divise lui même plus tard en deux personnes, le Fleschig « supérieur » et le Fleschig « du milieu », comme Dieu en Dieu « inférieur » et en Dieu « supérieur »… Une telle division est tout à fait caractéristique des psychoses paranoïaques. Celles-ci divisent tandis que l’hystérie condense, ou plutôt ces psychoses résolvent à nouveau en leurs éléments les condensations et les identifications réalisées dans l’imagination inconsciente » (2) .
Dans ce séminaire du 11 avri1 1956, Lacan définit une fois de plus ce qu’est la structure en tant qu’elle est liée au signifiant et qu’il souligne que la psychose ne peut être abordée qu’à partir de là. En effet si on aborde le champ de la psychose à partir de la signification – ce que font la plupart du temps les analystes – rien ne nous permet de distinguer la névrose de la psychose.
Lacan repart donc de la structure, du signifiant et ce qu’il a déjà dit de l’intersubjectivité pour décrire ce qu’il en est de l’intersubjectivité délirante. En effet dit-il « Nous entrons dès qu’il y a délire à pleines voiles dans le domaine d’une intersubjectivité dont tout le problème est de savoir pourquoi elle est fantasmatique ».
Il reprend donc par rapport à la psychose et au délire ce mécanisme dit de l’immixtion des sujets : il rappelle que « le propre de la dimension intersubjective est défini par le fait qu’il y a dans le réel un sujet capable de se servir du signifiant comme tel, c’est à dire non pas pour vous informer comme on dit mais pour vous leurrer (3) que cette possibilité est là essentielle, c’est cela qui distingue l’existence du signifiant. Mais ce n’est pas tout, dès qu’il y a sujet et usage du signifiant il y a un usage possible de l’entre-je, c’est à dire du sujet interposé.
Cette immixtion des sujets dont vous savez que c’est l’un des éléments les plus manifestes du rêve de l’injection d’Irma, à savoir les trois praticiens appelés à la queue-leu-leu par Freud, qui veut savoir ce qu’il y a dans la gorge d’Irma. Ceci n’est qu’une indication. L’immixtion des sujets est-ce que ce n’est pas précisément là ce quelque chose qui nous parait à portée de main dans le délire. L’immixtion des sujets, cette chose qui est tellement essentielle à toute relation intersubjective qu’on peut dire je crois qu’il n’y pas de langue qui ne comporte des tournures grammaticales tout à fait spéciales pour l’indiquer. Pour vous faire comprendre ce que je veux dire, je vais prendre un exemple. C’est toute la différence qu’il y a entre le médecin chef qui a fait opérer un malade par son assistant et un médecin qui devait opérer un malade et qui l’a fait opérer par son interne. Le résultat est le même mais vous devez bien sentir, encore que ça aboutisse à la même action, ça veut dire deux choses complètement différentes. Dans le délire c’est de cela qu’il s’agit tout le temps. On leur fait faire ceci. C’est là qu’est le problème ».
Si nous reprenons la structure grammaticale des deux premières phrases. La seconde est la plus simple, « le médecin a fait opérer son malade par son interne ». Il y interposition imaginaire d’un autre sujet, à savoir l’interne, entre le médecin et son malade, c’est un entre-je imaginaire. Par contre la première phrase est plus complexe en tant qu’il faut distinguer deux points de vue, celui du malade et celui de l’interne. Si le chirurgien a promis à son malade de l’opérer et qu’il le fait opérer par son interne, il y a rupture de promesse, trahison Tandis que vue du côté de l’interne, cette phrase témoigne plutôt d’une transmission, d’un transfert de compétence, c’est donc un geste de reconnaissance. Nous pouvons inscrire cette phrase dans l’axe symbolique des rapports du sujet à L’Autre, soit dans le registre du pacte, soit dans le registre de la tromperie.
Au contraire pour le psychotique, dans l’ordre de l’intersubjectivité délirante, sur l’axe imaginaire du schéma L, On lui fait ou onlui fait faire ceci ou cela, soit directement soit par l’intermédiaire de cet interne, ce n’est plus une rupture de promesse pour le patient ni une autorisation, un encouragement pour l’interne mais une pure injonction qui est du registre de la persécution, de la puissance. Il n’y a pas pour chacun des deux, soit l’interne, soit le patient, possibilité de choix. Ils sont aux ordres, soit comme persécuteur de seconde main soit comme persécuté.
Ces phénomènes sont souvent décrits dans les mémoires de Schreber notamment dans la façon dont Dieu l’empêche, entre autres choses, d’aller déféquer tranquillement (4).
En attendant le schéma I
En attendant le schéma I qui a été inventé par Lacan pour décrire les lignes de force du délire de Schreber nous pouvons déjà repérer sur le schéma L ce qui différentie cette intersujectivité délirante
C’est tout d’abord l’axe symbolique qui est effacé dans la psychose, celui qui va du grand A à S, du grand Autre au sujet. Ce qui ne tient pas en effet pour le psychotique, c’est la subjectivité de l’Autre. L’Autre n’est pas construit pareil que le sujet. L’Autre n’est pas castré. L’Autre n’est pas désirant et donc rien ne permet au sujet de s’identifier en un premier temps à l’objet du désir de l’Autre, puis de s’en dégager par l’intervention de la métaphore paternelle.
Mais cette disparition de l’axe symbolique retentit aussi sur l’axe imaginaire dans les relations du moi au petit autre. Lacan souligne le fait que le psychotique « réagit à l’absence d’un signifiant par une affirmation d’autant plus appuyée d’un autre qui lui, comme autre, est essentiellement énigmatique. L’Autre avec un grand A je vous ai dit qu’il était exclu, exclu en tant que porteur du signifiant. Il est d’autant plus puissamment affirmé entre lui et le sujet au niveau du petit autre. Au niveau de l’imaginaire se passent tous les phénomènes d’entre-je qui eux vont constituer ce qui est apparent dans la symptomatologie de la psychose ».
Ainsi pour l’exemplifier nous pourrions inscrire sur le schéma L, outre son premier persécuteur, Le docteur Fleschig, son successeur le docteur Weber, sans compter les infirmiers de la clinique mais surtout le dieu de Schreber avec toutes ses subdivisions, Dieu antérieur et postérieur, inférieur et supérieur mais aussi avec ses vestibules du ciel et ses oiseaux miraculés. Il y aurait donc beaucoup de monde en a’ mais aussi en a.
Mais Lacan revient aussi sur cette question de l’intersubjectivité délirante exclusivement imaginaire, pour en dire ceci :
« La question est sensiblement éclairée par la nature des phénomènes de l’entre-je, au niveau de l’autre du sujet, de celui qui a l’initiative dans le délire, du Professeur Fleschig, dans le cas de Schreber, du Dieu qu’il est tellement capable de séduire qu’il met en danger l’ordre du monde : entre Schreber et Fleschig un autre est interposé, Dieu mais un dieu lui-même décomposé en de nombreuses instances. Mais l’important, le révélateur, le significatif, c’est le cas de le dire, est de voir apparaître au niveau de l’entre-je, c’est à dire au niveau du petit autre, du double du sujet… une sorte d’usage en quelque sorte taquinant du signifiant comme tel… Ce qui au fond du rêve de l’injection faite à Irma apparaît comme la formule en caractère gras… de même, dans le délire, nous trouvons là l’indication… que ce dont il s’agit c’est de la question du signifiant ».
Et donc au fond, c’est lorsque je me suis aperçue qu’Edouard n’était qu’un double, un petit autre imaginaire, dans mon lapsus fait en séance, que ma colère contre lui est tombée : je n’étais fâchée que contre moi. Je n’étais jamais en colère, que fâchée contre moi. Ce qui est étonnant, c’est que cet aperçu, en un éclair, ait à ce point transformé la situation, modifiée. Il ne m’a plus été possible de rester en colère longtemps sur Edouard. Il ne valait plus rien comme autre persécutant. Dans la réalité tout du moins, dans le rêve, ça fonctionne encore.
Dans le séminaire suivant, du 18 avril 1956, Lacan précise à nouveau les modifications que subissent les liens imaginaires du moi au petit autre en tant que conséquence d’un manque essentiel, celui d’un signifiant, du signifiant du père.
« Supposons justement ceci qui comporte pour le sujet l’impossibilité d’assumer la réalisation du signifiant père au niveau symbolique, qu’est-ce qu’il reste ? Il reste évidemment tout de même la relation imaginaire, c’est à dire que justement c’est une image, que c’est quelque chose qui ne s’inscrit pas dans une relation triangulaire quelconque mais que la relation sera réduite à cette image, sa fonction essentielle d’aliénation spéculaire, de modèle, quelque chose à quoi le sujet peut s’accrocher, s’appréhender sur le plan imaginaire existera quand même. Elle existera justement dans le rapport tout à fait démesuré d’un personnage ou d’un type qui se manifeste purement et simplement dans l’ordre de la puissance et non pas de l’ordre du pacte ».
2 – Schreber dans les Cinq psychanalyses : voir ce que Freud décrit du fractionnement d’âme : p. 274 et aussi p. 297. Cela donne en effet une bonne idée de ce qu’est cette immixtion des sujets.
3- A propos du leurre voici une devinette qui l’illustre: « Vincent mis l’âne dans un pré et s’en vint dans l’autre ». Combien y a-t-il d’ânes?
Dans le noir de la chambre
Étranges pensées cette nuit. Et sentiment de corps délocalisé. Je ne m’en suis pas rendue compte tout de suite, seulement quand j’ai décidé de m’éloigner de mes pensées en me concentrant sur corps. Mon corps n’était pas là où je m’attendais qu’il soit. Je voulais faire l’exercice de relaxation « lourd », lequel consiste à penser « lourd » et à envoyer cette pensée dans le corps, dans chacune de de ses parties, une à une, en essayant de n’en oublier aucune, en le remontant par exemple, depuis les pieds jusqu’à la tête – orteils, pieds, mollets, genoux, cuisses, etc. Et là, je me suis rendue compte qu’il me fallait chercher chacune de ces parties. Déjà, ayant commencé par « fesses », la sensation s’est avérée très étrange. ample, creuse, étendue, profonde, comme emplie d’un liquide foncé. L’exercice que je tentais de faire était probablement utile, par rapport aux pensées, mais cela ressemblait déjà à un état de relaxation avancé. Je me suis alors concentrée sur les parties du corps qui touchaient le matelas. Mais, lorsque j’ai voulu trouver le dessus du corps, les parties du dessus, je ne le trouvais pas, ça ne correspondait pas. Le dessus de la cuisse n’était pas en face du dessous. Et c’est sans parler de ce en quoi aurait pu consister l’intérieur. J’ai continué cependant. En me raccrochant au tantien, le centre du corps, que je sentais précisément. J’essayais soit de retrouver sensation « normale », soit de me laisser aller dans la sensation anormale.
Je suis alors allée vers des pensées assez raisonnables, il me semble.
Je pensais à la solitude, et je me demandais ce que je pouvais y faire. Sans trouver.
Je me demandais comment sortir de mon fauteuil (du coin de fauteuil où je passe mes journées).
J’avais eu des pensées inquiétantes quant à l’avenir et à la pension, puisque c’est d’actualité en ce moment, et au fait que je pourrais me retrouver seule et sans argent et à la rue. (En temps normal, je ne peux penser qu’au suicide comme recours, au suicide in due time.)
Je pensais à ce qu’il m’est impossible de faire, tout ce qu’il m’est impossible de faire.
Je pensais à ce qu’il m’est impossible de faire parce que j’attendrais de ma mère qu’elle le fasse pour moi (le maintien nécessaire de cette dépendance) et l’angoisse qui me prend dès que je prends son rôle. Et la peur de rater. Cette relation de dépendance est (au fond) désangoissante pour moi.
Sortir de ce rôle, de ce schéma, c’est l’angoisse absolue.
Il arrive pourtant que j’y arrive.
Mais c’est peut-être plutôt quand F n’est pas là.
Comme lorsqu’il était à la clinique.
l’inhibition due à un simili travail de deuil
Dans le deuil, nous trouvions que l’inhibition et l’absence d’intérêt étaient complètement expliquées par le travail du deuil qui absorbe le moi. La perte inconnue qui se produit dans la mélancolie aura pour conséquence un travail intérieur semblable, et sera, de ce fait, responsable de l’inhibition de la mélancolie. La seule différence, c’est que l’inhibition du mélancolique nous fait l’impression d’une énigme, parce que nous ne pouvons pas voir ce qui absorbe si complètement les malades.
Sigmund Freud, Deuil et mélancolie
Je pensais à l’inhibition, à ce que j’avais lu hier dans Freud sur la nature inconnue de ce qui mobilise tellement le mélancolique dans son « travail de deuil », travail qui évoque la façon que j’ai de me consacrer à ma maladie, d’une certaine façon. Je me consacre à quelque chose, mais à quoi ? Qui paraît vital. Et dès que je m’éloigne de cet effort, de construction peut-être, comme lors des vacances, des voyages, l’angoisse me prend (m’avale). La certitude est que je ne dois pas me relâcher, que je dois me maintenir dans un effort, d’analyse, et ce que je fais en ce moment en écrivant le matin, ou plus récemment dans le blog, ce que j’aurais fait si j’avais été artiste, évoque ce travail de deuil. Être artiste m’aurait offert une identité, et cette identité est inacceptable (apparemment, inacceptable, quelque chose en moi n’en veut pas, contre quoi je sans recours).
Il s’agirait de trouver son identité à l’intérieur de cette identité manquante, absente, de trouver son identité dans cet effort là. Et dès que je sors de cette quête, angoisse. De trouver son identité dans cette quête : ce que je fais, mais pour moi seule, une identité sans reconnaissance, secrète.
En quoi consiste cette identité absente : en l’impossibilité d’accoler mon nom à tout le reste de moi, de ma personne (corps, voix, etc.) et à tout cet effort, d’assumer en mon nom cet effort, ce travail, qui est travail de soute, de souterrain, je suis souterraine. Qui est travail de soute et doit le rester. Je suis rate. Travailleuse de l’ombre, rate. Rat au féminin. L’affamera. La femme rat. C’est en cet effort que consiste mon identité. My true identity.
(Imaginaire.
Je suis, comme mélancolique, censée être en manque de consistance/d’identité imaginaire. Mais je ne comprends pas ce que ça veut dire, enfin je comprends que chez moi quelque chose tente de faire tenir ensemble le réel et le symbolique, sans la possibilité du recours à l’imaginaire (qui offrirait la structure, la structure en 3D). Ce blog, de par son épaisseur, sa monstruosité même, m’offre un semblant de structure imaginaire, avec ses couloirs, ses détours, sa toute écriture, sa partout écriture, mais illisible, sinon pour moi seule). L’identité manquante, ce que j’ai à forger pour y pallier, c’est de ce côté là que ça se trouve. Autre exemple : le tai chi m’a fourni un moment corps imaginaire par sa façon d’aller toucher directement le corps, d’y tracer par la sensation des circuits symboliques (circuits remontant à des temps immémoriaux) et de le recréer « littéralement », de le recréer en 3D, et en ne le limitant pas au sac de la peau, en incluant, à l’envi, la possibilité de l’infini, et de lui prêter une conscience, aussi, une conscience-à-soi, et de le donner comme source de bonheur, de plaisir.)
Mais quel rapport avec ma mère? Et l’identité trouvée dans ma dépendance à elle?
Cette identité la maintient à distance, nous met dans un rapport. Qui vaut mieux que l’absence de rapport, que l’identité, l’identique, le même.
Donc, il y aurait le travail de maintenir cette dépendance, afin de n’être pas engloutie par l’identité à elle, l’être elle, qui serait un trou. Puisque la dépendance nous donne un rôle à elle et à moi.
Tout en cherchant à trouver une identité viable qui me permette de sortir de son sillage.
Or ma mère prit en charge tout ce qui concerne le nécessaire, le besoin, le réel en deçà de sa sublimation ou de son idéal. C’est unetentation une tentative de le dire. Elle a dédié le sublime à mon père et a pris en charge tout son deçà. D’où ma tentation de restituer ou d’apporter à cet en-deçà sa lettre sublimatoire, sa place du côté de l’idéal. De sorte que je puisse à mon tour l’assumer, tout en me distinguant d’elle. (Non pas y chercher l’indigne (mais l’insigne)). Ce que je fais, je veux faire, l’histoire de l’art, l’histoire tout court, l’a pourtant fait, déjà, avant moi. Mais il semble bien, que ce soit toujours à refaire. Qu’il y aura toujours de l’un peu plus sublime pour faire de l’ombre à ce qui ne vit que de cette ombre faite. Et dans cet effort, j’y perds beaucoup. Dans ce combat avec moi-même. Car ce qui tient, à l’ombre, tient à l’ombre, avec force.Et je pense que c’est cette force-là qui me précipite dans l’oubli des événements aussi bien que des mots. C’est une force anti-idéal.Une forte force. Or, là même, en cet instant-même, elle ne s’énerve pas, elle me laisse l’écrire. Jusqu’à un certain point, elle se laisse passer à la métaphore. Tout va bien tant que je ne parle que pour moi. (Quel rapprochement possible avec la féminité et le féminisme (et le Japon, et la Chine, et les arts martiaux)? )
J’élucubre ça maintenant. Et cette nuit, par rapport au fait que je ne pouvais pas être ma mère et donc faire ce qu’elle faisait, et par rapport au fait que ce qu’elle avait fait dans une sorte de sentiment de service à l’autre, de sacrifice, et dans un mépris intégral de sa propre personne, il y avait l’idée que je pouvais en sortir, peut-être, puisque telle se dessine ma volonté, en poursuivant et consacrant ce travail de restitution de valeur et de dignité aux tâches à raz du réel auxquelles elle se consacrait. C’est-à-dire de consacrer la grandeur de ces tâches. Et donc abandonner l’idée de désidentification d’une mère, pour se maintenir uniquement à la hauteur du réel. Je vois bien qu’il faudrait pouvoir préciser davantage, mais pas pour le moment. Choisir le raz du réel, s’y tenir, c’est n’avoir pas d’autre choix, c’est choisir d’attribuer une valeur à ce réel.
Faut-il qu’il y ait (encore) de la grandeur ? Qu’il n’y ait plus la jouissance de l’indigne (au moins, à tout le moins). Et puis, pouvoir survivre (à tout le moins).
Et ce sacrifice de ma mère, curieusement, paradoxalement, me dégoute à un point, m’angoisse à un point, que j’en suis définitivement préservée – me semble-t-il. N’être pas elle.Malgré que je sois poursuivie par la culpabilité de ne pas le faire, ce sacrifice. Et malgré qu’il trouve d’autres guises, ce sacrifice, pour se faufiler, s’incarner dans ma vie. (Même s’il m’est de plus en plus difficile d’imposer un choix à moi, comme par exemple choisir un film, mais c’est, me semble-t-il, je l’espère, superficiel, et c’est pourquoi j’ai tellement besoin d’être seule.) Par ailleurs, je sais, je sens bien, que tout cela pourrait trouver encore à s’inscrire dans une histoire féministe. Or, il me semble que pour le coup j’y sacrifierais quelque chose de ce que je tente d’écrire ici. (Pour moi ce qui s’impose, de se conformer à un rôle, à un rôle dans la soumission, dans l’effacement, ne tient pas, ne peut tenir uniquement au patriarcat, à moins que je ne méconnaisse complètement la nature de ce patriarcat. Pour ce qui est de ma mère : elle a été angoissée, mais elle a été heureuse, vraiment, elle n’a jamais cessé de nous aimer, elle nous a toujours aimés, nous, ses enfants, son mari.)
J’ai déjà écrit ça.
J’ai déjà trouvé cette solution.
L’idée, cette nuit, était de trouver à me dégager de l’angoisse où me plonge n’importe quel faire.
Je n’ai de solution que par ce que j’appelle le réel. De toutes façons. Je n’ai que le raz du réel. C’est-à-dire chercher à faire le ménage dans la nudité du geste, dans l’oubli du passé, et dans une volonté de consacrer ce qui simplement va vous permettre de continuer à vivre, assumer votre subsistance.
C’est ma limite possible à moi. Ce serait.
Je ne suis pas, jamais, sortie d’une certaine famille. Je n’ai pas grandi. Je suis toujours ramenée en arrière.