sans titre (vrac)

mercredi 4 mars

hm. après les urgences de la salpêtrière la semaine dernière, celles de trousseau hier soir. pas mal . attente si longue que jules a le temps de guérir.

jeudi 5 mars

je n’ai pas la moindre méthode de travail. jules au bain. ce matin, parodontiste. arrivée en retard : j’avais oublié de regarder où elle habitait (!)

+
perdu le (beau) livre emprunté à la bibliothèque que j’avais commencé

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maxime

lettre

Mike Kelley, Monkey Island Travelogue, 1982-83

(lunule, intersection. la lettre, à l’intersection de la vie et du livre. ma barque.)

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maxime

r u e

+

paradoxe

en vérité, dès que je sors, dès que je suis dans la rue, je me sens prise d’une immense sensation de liberté (air, vent). ne sors en général que pour des rendez-vous, des courses. à chaque fois je me dis, ça y est, je suis dehors, le monde est beau, c’est magnifique, à chaque fois, je me dis que je vais tâcher de prolonger l’escapade, me balader de ça de là au hasard. mais quelque chose d’autre toujours me retient, et je rentre à la maison. où j’essaie de tout faire pour éviter d’avoir à ressortir.
je sors, je suis surprise. à chaque fois.

+

en vérité, je crains qu’après le lave-vaisselle, la chasse d’eau, le robinet de la salle de douche, celui de la salle de bain, le percolateur, la bouilloire électrique, le lave-linge ne nous quitte également.

+

méthode

pour nettoyer

je vide

je jette

+

retrouvaille

retrouvé

ma ceinture

+
économie
méthode
ESSAYER D’UTILISER TOUTE LA JOURNÉE LA MÊME TASSE LE MÊME VERRE
+
perte

perdu

ma crème de jour

+

perte

perdu

ma brosse à dents électrique

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le blog. l’inhibition. l’écriture de l’inhibition. en ce qui me concerne. l’inhibition même.

+

maxime
blog
en bord de lettre.


vendredi 6 mars 2009

Car Crash Ctudies, Untitled # 7. 2009. Lightbox #2. 127x157 cm. Ed 1/1+1AP.
Car Crash Ctudies, Untitled # 7. 2009. Lightbox #2. 127×157 cm. Ed 1/1+1AP.

 

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Car Crash Studies, Untitled # 8. 2009. Lightbox #3. 102x127 cm. Ed 1/1+1AP.
Car Crash Studies, Untitled # 8. 2009. Lightbox #3. 102×127 cm. Ed 1/1+1AP.

+

écris-moi

+

retrouvé livre (de bibliothèque, camille laurens), retrouvé crème (de jour)

ma lâcheté, vous n’imaginez pas.

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Caspar David Friedrich, La Mer de glaces (confondu à tort avec Le Naufrage de l’Espoir).

Caspar David Friedrich, La Mer de glaces (confondu à tort avec Le Naufrage de l’Espoir).

 

le dimanche 8 mars

mes cheveux sont mouillés. je vais encore attraper froid. je lui ai dit que nous devions nous séparer. que nous devions dorénavant envisager la vie depuis ce point de vue-là. qui plus est je lis ni toi ni moi de camille laurens.

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sensitive: still from Kate Gilmore “Between A Hard Place” (2008)

still from Kate Gilmore “Between A Hard Place” (2008)

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(via visualixe)

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après, j’ai dit au secours (à personne)

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BROXODENT POWER + | Cliniquement prouvé: La meilleure brosse à dents électrique

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“Un océan sans rives”?

lundi

– le quitter, mais pourquoi?
perte

sensitive: Erwin Wurm dimanche . my god je suis moi-même tellement perdue .

Erwin Wurm . my god je suis moi-même tellement perdue .

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Cioch (via Martin Isaac via http://ailleursicipresquesanssoleil.tumblr.com/) (papier, marques de pliures, des gris , des blocs -   the isle of skye , scotland)

(papier, marques de pliures, des gris , des blocs – the isle of skye , scotland)

mercredi

cours de jacques-alain miller. faute d’arriver à faire quoi que ce soit d’autre, j’y vais. malade. la gastro de jules.

14 mars

des jours d’envahissement par la maladie

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lostandfound:  hessianonullo: (via placidiappunti)

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lostandfound:  fauxchenaux: (via jocelynwildenstein)

hier, dimanche 15 mars 2009

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au moins je suis sûre de toujours faire le mauvais choix (printemps ce matin)

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mais j’adore faire les choses à moitié (me conforme sagement au paradoxe de zénon, bonne fille). et enseigne avec enthousiasme cet art à mon fils.

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nettoyage de printemps.

en profiter pour apprendre à nager à jules.

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le nettoyage et l’amour. c’est la même chose, c’est la même chose (savourons bref instant certitude)

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mon père lui, m’offrait des boîtes (« le bijou, c’est elle » quelle patiente de Freud?). des coffrets.

+

+

de toutes façons, comme disait ma grand-mère, faire et défaire c’est toujours

travailler .

tu sais ce que j’en pense moi de ton ready-made , tu veux, que je te dise, moi , ce que j’en pense , de ton ready-made

je suis extrêmement douée pour faire en sorte qu’il reste toujours quelque chose à faire

contre toute espérance, je deviendrais une faiseuse

l’angoisse est dans le faire, ou plus exactement dans la chose faite, autour, tout autour, c’est promenade, prom prom.

petits, les esprits, aussi, se rencontrent.

je suspends le linge. du linge. toute la semaine dernière je suis restée alitée. j’ai gardé la chambre. f. s’est occupé de tout. a pris soin de tout.

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yes, i shall remake your ready-made (sarment this i solemnly swear)

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(via visualixe)

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des décalcomanies

décal co ma nies

 

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(via modernitymuscler)

 

+

(via modernitymuscler)

 

+

le bonheur c’est la décoration.

la bouilloire électrique est réparée. frédéric a réparé la bouilloire électrique.

le vide-médian

La Voie qui peut s’énoncer

N’est pas la Voie pour toujours

Le nom qui peut se nommer

N’est pas le nom pour toujours

Sans nom : Ciel-et-Terre en procède

Le nom : Mère-de-toutes-choses

La Voie/voix, en tant qu’elle est avant tout nomination puis l’effet de nomination, qui fait venir quelque chose, mais quoi ?, car c’est là où ça n’est pas grec : il ne s’agit plus de faire venir à l’être, mais à un certain usage. Le chinois n’est pas une langue indo-européenne, il ne connaît pas le verbe être, à la place de la copule il y a cette invention propre au chinois qui est que le mot Tao veut dire tout à la fois faire et dire, énoncer.

Mâchoire tenue en laisse
— ma mère en fils de fer

« Sortant de chez un médecin, je descends, je descends dans la rue, ça descend. Ça descend. Autour de moi, avec moi, une foule éparse descend. Cela pourrait m’évoquer un pèlerinage, une procession. À un tournant, un embranchement, venant d’un chemin sur la droite d’autres personnes passent devant moi. Une dame qui me suit en profite pour passer me dépasser. Fâchée, je m’arrange pour m’interposer entre elle et son mari, les séparant. Descendant des escaliers de pierre, je sens une mâchoire qui me saisit les mollets, me tient, tenue en laisse par le monsieur.
Je dis des choses au monsieur, lui parle de son argent, de son arrogance et d’autres choses plus terribles encore.
Je raconte tout ça à ma mère. Elle remplace ses yeux avec d’autres yeux ridicules, avec lesquels elle ne peut rien voir, qu’elle place sur ses yeux, en protection. Elle les fait tenir par dessus ses yeux avec du fil de fer. Ces gros yeux jaunes en caoutchouc ressemblent à des jouets pour chien.
Elle a toutes sortes de manteaux, de vêtements truqués, fil de ferrés. C’est son « vice », que je lui interdis.
Elle a un endroit à elle, un appartement en sous-sol où elle conserve toutes sortes de vieilles choses à nous, brinquebalantes, parsemées de choses en fil de fer.
Je lui détruis plein de choses. 
Elle invite des amies pour raconter ça dans son appartement secret. Elles sont très nombreuses, je crois qu’elle les initie au fil de fer.
Je détruis tout ce sur quoi je trouve d’objets en fil de fer, des mâchoires, des appendices. »

Mère venait d’avoir un accident au genou, tombant dans les escaliers d’une salle de spectacle, à l’entracte d’un concert organisé par mon frère où elle était avec mon autre frère qu’elle cherchait.  Sa rotule en trois morceaux allait être réparée avec du fil de fer.

Y a bien longtemps, j’ai moi-même eu accident au genou me rendant à une répétition de théâtre. On avait également dû m’opérer en urgence, on ne m’avait pas mis du fil de fer, mais une vis, une longue vis . C’est pendant ma convalescence que j’avais fait la connaissance de Lacan et écrit mon premier roman, « Eugène Traktacus ». Je n’avais pas pu marcher pendant trois mois. Le spectacle avait été annulé. C’est au sortir de ma convalescence que j’ai quitté le domicile de mes parents et  trouvé l’appartement de l’avenue Paul Deschanel.

Fil de fer : Mais quoi donc? Je me souviens que rêvais enfant, jeune fille ou plutôt fillette, d’avoir un appareil dentaire, je rêvais d’avoir les dents trop en avant ou écartées que je doive porter un appareil dentaire en fil de fer. J’essayais d’écarter mes dents, bien en vain. quand je songe qu’aujourd’hui, il m’en faudrait bien, porter, d’appareil dentaire, avec cette maladie que j’ai, aux  gencives, à cause de laquelle mes dents ont bougé. D’où me venait ce désir, ma mère a-t-elle porté un appareil? Avais-je vu je vu ses fausses dents? Ses dents de devant qu’elle avait perdues enfant, une porte lui ayant été claqué au visage pas sa sœur, dans un jeu. ses 4 dents de devant? Ses dents, qui tenaient dans sa bouche, par du fil de fer. lui enviais-je cela? Cet appareil? Venait-il ce râtelier en « métaphore » d’une autre chose que nous aurions elle et moi en commun, de perdu. Il y a une sorte de souvenir-écran où devant la porte d’entrée virée de la rue Tiberghien, ma mère se penche sur moi, m’embrasse, et je ressens cette envie d’avoir comme elle « un appareil ». Être appareillée.

Ai-je travaillé à séparer mes parents? Oedipe ? S’agit-il de mon père et de ma mère dans ce couple du rêve? Au monsieur, je parle d’argent (!!!)

Et cette mâchoire tenue en laisse, par mon père cet homme, me mord elle de rage? mon père cet homme retient-il la pulsion orale de ma mère sa femme?

De quel objet (le jouet à mordre pour chien) ma mère use-t-elle pour s’aveugler? Mixte de pulsion orale et de pulsion de voir.

Je ne sais pas comment articuler tout ça. Il y faudrait du fil de fer. Et ce fer, ce goût de fer dans ma bouche. Le fer qui me manquait (anémie)…

Ma mère n’a jamais montré de rage, de ressentiment, c’est moi. Sauf peut-être quand mon père mourait, puis après, quand mon père était mort.

Je suis un râtelier. Là où le lié rate. Pourquoi je perds l’équilibre dans les ESCaliers.

Ma mère fait tout tenir par des fils de fer. Mais pourquoi pas, pourquoi ma rage? De ce que ça ne tienne pas, de qu’il en faille, du fil de fer, de ce qu’il en ait fallu, de ce fil de fer que je lui ai pourtant envié petite.

Et puis, c’est moi, qui ait habité des années dans un sous-sol… Et qui ait tendance à conserver des souvenirs inutiles que je bricole… Et qui ai ce désir d’enseigner ça aux autres, de le faire passer, ça, mon goût du fil de fer, ce fil qui me manque. Que je suis obligée d’ajouter partout.

j’abricole.

Peut-être pourquoi j’ai été si sensible à Duchamp et à ce qu’il développe de l’impossibilité du fer…

Et mon goût pour cette gravure de Goya, où une fil-de-fériste est au centre d’une arène de regards…

Donn, 6 août 2012.

Fer
— (déjà)

Il s’agira également de rapprocher cet usage et son « déjà » de Lagandré, du readymade de Duchamp. Pour Duchamp, la chose est déjà faite, la peinture est déjà en tube, elle n’est plus à faire. Et qu’elle ne soit plus à faire est ce qui rend l’artiste impuissant. Lui rend  impossible d’encore faire de l’art. Puisqu’il est fait. Puisque les machines l’ont déjà fait.

Les choses ne sont plus à faire. L’industrie s’en occupe.

Il n’y a plus rien à faire. Il y a bien des travailleurs spécialisés, encore, des ouvriers. Mais ils ne font que ce qu’ils font, dans le cadre de leur travail, et en dehors de leur travail ils consomment également des objets qui leur arrive tout-faits. Déjà faits.

Alors, ce n’est donc pas seulement le parler qui s’est perdu, mais le faire, tout court.1  D’où, le jeu de mots de Duchamp sur « L’impossibilité du fer ». Le fer est fait et n’est plus à faire. D’abord il s’est agi du chemin de fer, des tours Eiffel en fer. Maintenant, il y a l’homme de fer. Entre-temps, bien sûr, il y a eu la dame de fer. Et moi.

 

 

Notes:
  1. A ce stade on peut d’ailleurs se demander si le parler n’a pas été perdu de ce que le faire l’était. []

l’enfer (des choses à faire), etc.

la semaine en un clin d’œil

mardi 5 avril

08:30

plusieurs jours que je fais du taï chi tous les jours. les deux derniers, c’était en fait la nuit. même 2 fois par nuit. des inquiétudes me réveillent. pour en venir à bout, je me lève, je fais ça. c’est efficace. je fais plutôt de la méditation, ça fait moins de bruit. pas que le taï chi fasse du bruit mais le plancher craque. enfin, ce matin, 7 heures, j’ai fait les onze (qi gong), qui se font debout mais sur place –  y a moyen de trouver un endroit où le plancher ne craque pas.

9:14 maintenant, je pourrais ne pas dormir. mais si je dors, ça va être délicieux.

9:26

TO DO

cheveux, coco/argile ( 10:58)
RV coiffeur
RV dentiste
stage conte ? (12:10)
mail réponse N (13:49)
stage 24 ?
RV coiffeur jules
RV dermato Jules
Rothko
À manger ce soir ?
cours 24 : 19 à 22h

mercredi 6 avril

MY LIFE AS A TO DO LIST

Tél RV coiffeur (fait à 12:12) ; Tél RV coiffeur Jules (fait à 12:18) ; Tél RV dentiste (fait à 12:26) ; Tél RV dermato Jules (fait à 12:35) ; Tél RV ophtalmo (fait à 13:05) ; Tél opticien (fait à 12:58) ; 24 : Les filles de Jade ; stage 24 ? ; Rothko ; imprimer Rothko ; chercher passage ; À manger ce soir ?

 

jeudi 7 avril

7h44

taï chi – on sait que c’est une façon d’aller vers un mysticisme sans Dieu, une façon d’aller vers la le vide, de couper court avec les élucubrations du fantasme en mettant au jour ce que le corps éprouve comme jouissance dans sa rencontre avec le signifiant, en l’écoutant physiquement. également écoutant, éprouvant cette part de vie dans le corps, indépendante, elle, du signifiant et dont le territoire s’inscrit allègrement en dehors de ses limites, des limites connues de la peau. en se contentant d’éprouver cette jouissance que le langage, que le discours ne peuvent assimiler conduisant l’inconscient symbolique (ce qu’il n’est pas partout) à élucubrer des comportements, des croyances, des tactiques inextricables, d’une complexité hallucinante, qui n’ont d’autre fonction que de recouvrir ce manque signifiant, à la rencontre duquel les pratiques comme le taï chi ou la méditation se proposent d’aller directement. et, pour le dire d’une façon cavalière, n’usant plus du signifiant que pour chevaucher ce manque. cet usage du signifiant comme simple selle devant bientôt lui-même être abandonné. et le manque monté à cru.

dit-elle.

chercher à dire que la tentative de maîtrise de sa vie par le seul usage du signifiant, du discours, conduit forcément à des malaises, à des horreurs. 

09:59

sinon, j’ai encore passé des heures hier soir à consulter des blogs qui m’expliquent comment me débarrasser de mon henné, le mien fonçant de plus en plus, qui plus est prenant est une teinte violine totalement non-souhaitée (la formule du henné que j’utilisais ayant changé), tandis que par en dessous une quantité me semble-t-il considérable de cheveux blancs pousse, rendant presque regretté l’aspect tout au plus négligé jusque-là des repousses face à ce qu’elles me révèlent aujourd’hui des inéluctables transformations physiques qu’elles entraînent, et ce sentiment, que c’est là, maintenant, sous mes yeux, que ça se passe, que je me transforme, pour de bon. j’entre dans un nouveau corps. un nouveau corps plutôt vient-il me recouvrir. (enfin, c’est décidé, je deviendrai donc un poil beaudelairienne et colorierai mes cheveux, mais, je m’accrocherai à cela : toujours au naturel (il en faut des limites); et puis, je les voudrai dorénavant plus clairs, c’est blonde que je décide de terminer ma vie – n’ayant pas eu le cran de le faire du temps de ma jeunesse perdue ( j’espère que je n’irai jamais beaucoup plus loin dans la jeunissisation)).

07:04:2016_14:05:28
14:05, lessive + Rothko
20160407_120654
midi, au sortir du taï chi

vendredi 8, 11:12

heureuse de trouver sur internet la description de ces deux postures. jusque là, je croisais mes jambes plus ou moins au hasard avec plus ou moins de bonheur. là, je suis parée :

Le demi-lotus

le Siddhasana (en sanskrit सिद्धासन / siddhāsana signifiant «posture parfaite » ou « posture de l’adepte ») ou demi lotus [1] est une posture assise exposée dans l’Hatha Yoga Pradipika [2] de Yogi Svatmarama. Celle-ci consiste à placer fermement le talon du pied gauche contre le périnée et le talon du pied droit juste au-dessus de l’organe sexuel. Dans la pratique du Hatha Yoga, il faut se tenir bien droit, appuyer le menton sur la poitrine et regarder fixement l’espace entre les sourcils. C’est par excellence une posture utilisée dans la pratique de la méditation (Dhyāna) et des exercices respiratoires (Pranayama).

↑ Cette posture assise est généralement conseillée dans la pratique de Zazen associée au Bouddhisme zen implanté en Occident car celle-ci est plus facile à tenir que la position du lotus (Padmasana)
↑ Hatha Yoga Pradipika. Svatmarana, Pancham Sinh (I, 37 à 45)

La position birmane

S’installer en posture birmane est relativement simple. Il faut s’asseoir en posant ses mollets à plat devant soi, l’un devant l’autre, généralement le mollet gauche devant le droit, mais rien ne vous empêche de faire l’inverse si vous vous sentez plus à l’aise ainsi. Les pieds sont posés à plat également, la plante tournée vers vous. Les genoux touchent le sol, sauf si vous n’y arrivez pas, auquel cas il ne sert à rien de vous contraindre. Cette posture offre une certaine stabilité très agréable, mais elle demande tout de même un peu plus de maintien volontaire que le lotus. Elle est toutefois bien plus accessible et bien plus simple à endurer lorsque les séances de méditation se font longues.

Samedi 9 avril.

9:30, au lit
rétrospectivement, cette semaine : peu de « maux » par rapport à la semaine dernière, mais beaucoup de mots, d’inquiétudes. de nuits trouées de réveils en sursaut. principalement autour du livre et de mes cheveux. j’aurai bu, peut-être, un peu plus également. et essayé de trouver le moyen de combattre ces inquiétudes avec le taï chi.

9:54, toujours au lit
de ces inquiétudes, je suis coutumière, c’est elles qui m’ont conduite à écrire.
cette nuit, à moitié endormie, plusieurs fois me lance dans des prières, des « je vous salue marie…  » (dont la litanie tente de chasser, de repouser, au rouleau compresseur, par leur absence même de signification, les pensées envahisseuses). plusieurs fois aussi, me dis que je veux mourir. c’est plus fort que moi, cela me troue de l’intérieur. le matin, en semaine, quand je me rendors après le départ de J, pour me re-réveiller à 10 h, je suis alors lavée de ça (mais trop gonflée de sommeil).

10:33 mini câlin avec F. il s’est levé, pour une fois avant moi.

11:55 amusante et vivifiante conversation avec F à propos de ça (qui n’est pas drôle) : http://www.liberation.fr/debats/2016/04/01/entre-amis_1443422

revendique le droit d’écrire n’importe quoi et mal.

hier, Speak low when you speak love de Wim Vandekeybus, très mauvais. ennuyeux, long, aucun propos, infantile. danseurs beaucoup trop musclés, et leurs muscles beaucoup trop exhibés. chanteuse gnangnan au possible. j’avais vu, il y a 30 ans le premier spectacle de Wim Vandekeybus, c’était flamboyant, de l’énergie pure. n’en subsistent que muscles et tatouages.

12:14 ces inquiétudes. je ne suis pas sûre que ce soit leur contenu qui compte, qu’il y ait moyen d’en traiter le contenu, de les traiter par leur contenu. autrefois, je disais « mauvaises pensées », « pensées chewing-gum ». j’estimais alors que la teneur de ces pensées n’avait aucune espèce d’ importance. que ça voulait penser et que n’importe quoi pouvait faire office. que c’était pulsionnel. cette façon de voir les choses n’étant pas parvenue à traiter le problème, au contraire des antidépresseurs, j’hésite à le ré-attaquer de cette façon.
et si, contrairement à ce que j’ai voulu considérer jusqu’à présent, ces pensées étaient un tant soit peu nécessaires, pourquoi faut-il qu’elles me fassent mal. ne pourrais-je les assumer simplement pour ce qu’elles sont : je réfléchis. ça fait partie du processus, de la vie. je me réveille la nuit, je réfléchis. pourquoi faut-il que cette réflexion soit inquiète. 

bien sûr, s’agissant du livre avec JC par exemple, l’idée, c’est que je n’y arriverai jamais. donc ici, probablement, la question du contenu compte-t-il : je me trouve engagée dans quelque chose dont je ne vois pas comment je vais arriver à me sortir tête haute, comment je vais me sortir sans m’être une fois de plus complètement rabaissée. ayant à la fois manqué d’intelligence et à ma parole.

(je commençais à voir hier que ce qui me manque dans cette affaire, c’est l’idée de maîtriser la bête, le texte. j’ai l’impression qu’il ne cesse de m’échapper de partout, que rien ne fera que je puisse en retenir quoi que ce soit (pour mon propre compte). qu’est-ce qui dès lors pourrait s’en transmettre à un autre. comment en restituer la « substantifique moelle ». qu’écrit-on dans l’immaîtrise. (quand on songe qu’il ne s’agit ici que de ré-écriture !) il ne m’est donné que d’apercevoir.)

14:29 je pensais avoir RV avec le coiffeur aujourd’hui, à 13h15. d’après la coiffeuse c’était hier. j’en suis terrassée, je retourne me coucher. faiblesse, faiblesse, faiblesse. faiblesse et paresse.

15:03 écrit une demi-heure. là, reposer une demi-heure. boire mon café, fermer les yeux.

16:09 pourquoi faut-il que l’on reste toujours consciencieusement en-dessous de ce qu’on attend de soi. (sans toutefois se risquer à descendre trop bas).

dimanche

10:04:2016_18:03:15
10:04:2016 @ 18:03:15

lundi,

nuit de dimanche à lundi, 4:41
trop bu hier soir
suis une empêchée, fondamentalement
ces derniers jours, prends trop la mouche, m’énerve trop, trop quart de tour, trop violente. et me déteste (tout de suite, dès que j’élève la voix) pour ça, ce qui me rend d’autant plus agressive.
hier, enfin grosse discussion autour du fait que nous n’allons pas à République. finalement F dit, le problème, c’est que nous le voulons trop (et moi, suis très étonnée de ça, qu’il dise ça, parce que pensais qu’il ne voulait pas. il dit, le problème, c’est que si on y va, on devrait y aller tout le temps).
alors, nous serions deux empêchés qui nous empêchons mutuellement très bien.
pourquoi.

Je voudrais ne plus m’énerver.

Je suis simplement tout le temps angoissée.

Je ne veux jamais ce que je veux.

04 :55

nous nous aimons parce que nous nous empêchons très bien.

j ne doit pas croire être ce qui nous empêche. il faut qu’il le sache, qu’il comprenne que nous avons besoin d’être empêchés. or, ce qu’il y a, ce que j sait, c’est que fondamentalement nous ne voulons pas du reste du monde. c’est que nous devons nous faire violence pour sortir. le problème, c’est que nous nous aimons. nous nous apportons beaucoup de joie et nous sommes frileux vis-à-vis de l’extérieur. et puis, parfois, nous étouffons. et je m’énerve.

05:13 moi, quand je veux quelque chose, je ne le veux surtout pas. longtemps, aimer, ça a été comme ça aussi. aimer, c’était ne pas aimer. jusqu’à jules. aimer jules ça a été aimer jules.

il doit y avoir une explication à tout ça.

le problème, c’est les mots. il n’y en a pas un mot qui ne veuille dire ce qu’il dit et son contraire. aimer jules se passait bien des mots. les mots sont venus en plus, mais pas au départ.

(alors quand je dis que je ne veux pas pas ce que je veux, c’est que que peut-être, ce que je veux, c’est que de façon ultime mon vouloir s’accomplisse comme non-vouloir, c’est-à-dire comme mot. il faut pouvoir faire un pas de côté, cesser de chercher à accomplir le mot, qui veut toujours dire son contraire, cesser de chercher à accomplir son équivocité. c’est difficile, parce que le désir de l’équivoque est inconscient. c’est à l’inconscient qu’il est égal de dire qu’une chose soit l’une et son contraire. ça ne compte pas pour lui. pour lui, il y a ce qu’il y a. et cela, qu’en sait-on.)

5:51 le pas de côté, ça peut être l’irruption soudaine de violence, la touche de réel de la colère. ça peut, j’imagine. mais, il vaut mieux que je trouve autre chose.

9:32 j’ai beaucoup écrit n’importe quoi cette nuit. c’est dommage. on peut faire dire n’importe quoi aux mots.

la situation est que je suis en plein je-ne-veux-pas. la situation c’est : que j’ai des choses à faire et que je ne veux pas. pour moi faire, autre chose que rien, c’est angoisser. j’ai des choses à faire, donc j’angoisse. je dois vivre avec ça. Et je dois essayer de faire moins de bruit avec ça. que ça me déborde moins. Parce que ça me rend très triste pour j et f.

12:10 oui, je n’ai plus besoin réfléchir à rien,  tout compris,  sais tout. je ne supporte pas de faire quoi que ce soit. plus précisément : je ne supporte pas de devoir faire quoi que ce soit.

15:07 faire ce que je dois faire m’engoisse (m’anfer).

16:01 seule l’écriture dans le blog me soulage, me guérit. parce qu’il n’est pas ce qu’il doit. parce que sa forme cloche. parce que je ne le dois pas. parce que je dois même m’en empêcher. crainte de biche d’ailleurs à l’idée que si je n’avais pas à m’en empêcher, si j’y étais autorisée, au blog, autorisée, attendue, obligée : je n’y arriverais plus. ça, je ne veux quand même pas le croire. mais ne pas l’écrire, n’y écrire pas, c’est l’enfer aussi. 

écrire et ne rien faire (comme disait ma grand’mère : ce qui est fait n’est plus à faire) _ en-trop et vouloir de l’Autre symbolique

mercredi 13 avril, 09:08

je vois maintenant que je n’écris ici que parce que je ne dois pas le faire. l’enfer, n’est pas seulement le faire, c’est le devoir faire. c’est l’enfer du devoir1. c’est quand le faire devient devoir, attendu par l’Autre.

écrire ici, c’est ne rien faire… de ce que j’ai à faire.

je ne peux pas continuer comme ça, faut vraiment que je trouve le moyen de faire ce que j’ai à faire.

du faire, l’enfer s’écrit plutôt dans l’à-faire. le faire en soi seul est supportable. c’est l’avoir à faire qui ne l’est pas. l’angoisse s’insinue dans le délai entre l’à-faire et le moment du faire. elle tient à la prescription symbolique de l’à-faire (celle qui ira plus tard l’inscrire  dans une liste (de choses à faire, la to do list)).

Tout ce qui concerne l’angoisse et l’objet tourne autour du manque. Du fait même d’être
définie par Lacan comme le « manque du manque », on voit comment il n’y a pas
d’angoisse sans le manque dont elle vient signaler la disparition.
Marcus André Vieira, « La voix, la résonance et la balle »2

c’est l’à-faire, qui situe la chose à faire dans un projet, en dehors du faire, qui l’inscrit comme goal, comme but, qui la sépare d’elle-même, qui crée l’angoisse. dans le faire même, je disparais, je fais place au faire. c’est dans l’à-faire que je sépare le faire de moi-même comme objet à-faire et que j’apparais, ou réapparais comme voulant faire, séparée de ce que je veux faire.  il s’agit de la séparation entre désir et jouissance. dans le faire, c’est jouissance, dans le désir, c’est jouissance ajournée, impossible, qui s’incarne dans l’angoisse : dans ma chair j’incarne alors ce qui à l’Autre manque (et le complète). ce que l’angoisse redoute c’est la disparition de cet être, ma disparition comme sujet et la dissolution du fantasme (dans lequel j’incarne ce qui manque à l’Autre).

pour autant, le faire du blog n’est pas sans tension, n’est pas sans se faire sans une certaine urgence, étant illicite (je n’y suis pour personne). mais ce n’est jamais que quelque chose qui ne se fait que parce qu’elle ne doit pas se faire. je suis juste infoutue de faire ce que je dois faire.

si le blog a pu paraître plus intéressant quand j’ai cessé les antidépresseurs, c’est peut-être parce que là, pour une fois, je faisais ce que je devais faire. c’était bien le minimum pour retrouver le goût, le goût tout court, et puis l’envie, le désir et la possibilité de faire. le minimum pour sortir de la chape de fatigue. or, on dirait bien que du coup je me suis retrouvée rattrapée par l’angoisse, qui elle veut que je ne fasse surtout rien, qui fait de ma vie un enfer.

c’est ce qui m’apparaît à la suite de ce qui s’est passé la semaine dernière.

je dois arrêter de ne pas faire ce que je dois faire.

NB: j’ai bel et bien l’impression de prendre tout à l’envers (psychanalytiquement parlant).

Notes:
  1. j’emprunte ici le titre d’un livre de Denise Lachaud, L’enfer du devoir – Le discours de l’obsessionnel publié chez Denoël, Coll. Espace analytique, 1995. []
  2. Papers nº 10, AMP  2014-2016 []

12 mars, faire et défaire, c’est toujours travailler

thalys vers Bruxelles.

dans le train. enterrement tante demain. oublié bouquin à la maison. je foire toujours au moins un truc. la dernière fois, lundi dernier à la gare, juste devant la machine où je devais retirer mon billet de train, j’oublie mon code de carte de banque. c’est juste histoire de dire, tu sais pas y faire, faut que t’appelle F. tu peux pas faire sans

non. l’angoisse viendrait plutôt dès lors que je m’apprête à faire ce que je dois, dès lors que je veux le faire. c’est faire ce que je dois qui m’angoisse, ce que je dois qui est en fait ce que je veux. (je me suis si bien débrouillée, pour ne pas faire ce que je ne veux  pas faire, que vraiment, aujourd’hui, il ne me reste plus que ce que je veux faire. que je ne veux pas faire non plus.)  je pensais à ça ce matin dans mon bain. l’autre chose à  laquelle je pensais, c’est qu’il m’est vraiment difficile pour le moment de ne pas laisser F faire les choses à ma place. le faire, faire ce qu’il me revient de faire, et qui n’est pas ce travail que je dois faire, je n’y arrive plus. (je pense à des choses très simples, comme faire à manger, la moindre des choses.) toute à mon boulot. je me laisse happer, happer, happer, dévorer, je donne ce spectacle-là. de ma réduction par et pour l’autre, de mon esclavagisme, de mon aliénation. et que je ne puisse plus rien faire d’autre.  en termes lacanienne, c’est : quelle jouissance n’arrivai-je plus à sacrifier en ce moment, pourquoi me faut-il, en ce moment particulièrement, le soutien de F à 100%, au point qu’il se soit fait un lumbago. la jouissance de me donner toute à l’autre, un autre complètement fantasmatique, sous la figure spectrale du travail, et quel est ce fantasme, pourquoi ne puis-je simplement assumer ce que je veux, pourquoi faut-il que je m’épuise à démontrer que je n’y arriverai pas, quels que soient mes efforts. et pourquoi transformai-je ce que je veux en ce qui est voulu par l’autre.  je trouve ça complètement décourageant. dire que je me conduis en  fille gâtée est un euphémisme.  comment faire pour que ça bouge. 
 

à quel impossible travail m’astreins-je, toute à combattre l’angoisse qui en découle, combattre ce  qui se met en travers de ma route, comme par exemple, incessamment, ce sentiment de ne pas faire ce que j’aurais dû,  d’avoir fait le mauvais choix, de devoir rebrousser chemin, de devoir  recommencer, défaire le travail de la veille, recommencer. infinir. ma grand’mère disait faire et défaire, c’est toujours travailler. alors, pour ça oui, je travaille. c’est un trou que je creuse.  une tombe où je m’enfonce.

et comment j’en appelle à F maintenant, pour arbitrer mes choix, mes dilemmes.

aussi, me semble-t-il qu’il faut toujours que je sois à plaindre, maintenant plus que jamais. lui, me trouve des excuses, le décès de ma tante, le travail que j’essaie de faire. mais pourquoi ne suis-je  pas plus forte, comment puis-je être aussi ridiculement fragile. cette plainte même que j’exprime en ce moment est insupportable. quelle est cette plainte, sa fonction. et pourquoi ne cherchai-je pas davantage à épargner F, faut-il que toujours je l’inquiète. ne puis-je  souffrir en silence. et peut-être est-ce ce silence dont je fais l’épreuve, la nuit, quand je me réveille. la raison de ces insomnies qui ne me lâchent pas, qu’il faille bien cesser d’imposer aux autres sa vérité, être seule. devant l’éternité. et cesser de récriminer. 
 

comment renoncer à la vérité (elle que Lacan disait sœur de l’impuissance) 

voilà que nous arrivons à destination ! 

dans le tram 51, vers chez ma mère 

non, ce que je veux dire aussi, c’est que je sais très bien ce que je dois faire, très souvent. et que systématiquement ne le fais pas. comment c’est possible ça. 

et à tout ça, l’analyse n’a rien changé. malgré tout ce que je sais de mon fonctionnement. 

 

 
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