samedi 2 avril 2016 · 13h34

samedi – chi et hystérie

6h26, nuit. j’ai beaucoup publié ici hier, ce qui me met mal à l’aise, me réveille.

je ne publie en général pas au fur et à mesure de ce que j’écris et c’est souvent au moment de publier, que je me relis, corrige, essaie de donner à ce que j’ai écrit l’allure d’un truc fini. je me suis forcée hier à publier beaucoup et vite. j’avais accumulé du retard. je n’aime pas non plus laisser passer trop de temps entre le moment de l’écriture et celui de la publication. écrire me permet de réfléchir à ce qui m’arrive, permet que je ne le subisse pas de trop. le délai que je prends avant publication me permet de prendre un petit peu de distance. et éventuellement de finir par boucler quelque chose, une petite unité de sens, quelque chose qui me permette  d’avancer,  de passer à autre chose.

donc, j’ai été la semaine dernière très tentée d’arrêter le blog, en raison de ce que j’y avais publié (et de ce que j’avais manqué d’y publier), qui continuait de me travailler.  je n’étais plus qu’envahie de maux  qui semblaient me dire :    total dysfonctionnement, retourne te coucher.

j’ai fait alors ici état de ce que j’avais beaucoup écouté mon corps. écouté, souffert, subi. et, me revenait que l’hystérique (que j’ai été beaucoup plus grandement autrefois qu’aujourd’hui, et dont les tourments me revenaient à la mémoire, attendrissants, d’ailleurs) a tendance à beaucoup écouter son corps (toujours un peu trop débordant de vie et que l’obsessionel aura tendance lui à  cadavériser), sans nécessairement qu’il en ressorte pour elle quoi que ce soit d’intéressant (d’autre que la jouissance inconsciente qu’elle y prend, ressentie comme quelque chose de parasitaire, qui la démarque de la marche du monde,  y fait tache, la détachant du commerce (habituel et symbolique) des hommes1 ).

or, il y a quelque chose d’hystérisant dans le taï chi (enfin,  dans le travail sur le chi, celui qui se fait  indépendamment de la forme,  parce que pendant la forme même, un certain silence revient, voire advient) et dans la pratique de la méditation. ce qu’il y a d’hystérisant, c’est cette écoute du corps laquelle est ici attendue,  requise. l’oreille descend dans le corps pour l’écouter. ce qu’il y a de nouveau, c’est que de cette écoute puisse advenir quelque chose (à quoi une analysante, il est vrai s’attend, mais d’une façon toute différente, cette différence étant probablement ce qui m’intéresse ici). et, qui plus est, que de cette écoute, d’ores et déjà, un certain plaisir soit retiré. ce que dans sa thèse Lu Ya-Chuan  appelle curieusement mais audacieusement :  « la jouissance utile ».

conscience au fond est prise de la jouissance de l’écoute, à l’intérieur du corps, et que cette jouissance est bonne.

et c’est là où il y a problème, où il y a douleur, nœud, que l’on s’attarde, là qu’on peut agir, en intervenant de façon actuelle, directe, sur le corps, en guidant le chi à l’aide des mots, de l’esprit, en influant donc directement sur le corps.  

c’est bien ce que le symptôme hystérique trahit: voilà un mal qui ne tient qu’aux mots et qui ne trouve pas d’explication dans la médecine occidentale.
ce mal, le chi le traite directement, préalablement à toute recherche de sens,  en y mettant directement la main à la pâte. là, où il y a douleur, c’est que ça ne passe pas. et là où ça ne passe pas, on peut faire passer. et c’est l’exercice même auquel on s’attelle, de faire passer, qui offre, paradoxalement, du plaisir. 

Je ne suis pas sûre du tout que cela puisse offrir la moindre espèce d’intérêt.

Notes:
  1. un mot = une chose et où le mot à fini d’achever la chose. elle, vit avec ce qui a continué à vivre. ce qui continue à vivre, il m’apparaît que la médecine chinoise l’appelle chi. []
dimanche 3 avril 2016 · 11h41

« Revenir à la racine du corps »

la semaine dernière, j’écrivais :

A certains égards, il me semble, et un peu rapidement dit, que la psychanalyse vous laisse en fin de parcours, seul(e) avec votre corps, sans avoir la moindre idée finalement d’un quoi faire (même si Lacan dit avoir rêver qu’elle puisse déboucher sur une nouvelle érotique) avec lui. Bien sûr, il s’agit d’une ouverture. Bien sûr, il ne s’agit plus que de liberté et d’invention. Comme un nouvel amour.

qui me paraît résonner avec ce que je lis ici :

« Revenir à la racine du corps »1 est en effet l’enjeu princeps de l’expérience d’une psychanalyse, nous explique Yves-Claude Stavy : une convocation à cerner non pas le réel, mais un réel pris dans la singularité d’une cure. Ce réel relève de l’existence d’une marque : bout de langue dès longtemps isolé, sans pourquoi, hors discours, – et qu’emporte le symptôme avec lui, malgré l’interprétation la plus rigoureuse permise par la structure que suppose l’hypothèse inconscient.

La marque est un incurable, un précipité qui marque le corps – vivant d’un corps « qu’on a, mais qu’on n’est pas », impossible à confondre avec la supposition d’être inhérente au seul fait qu’on parle (parl-être, dira Lacan) :

  • Il y a ce qui relève de l’existence d’une marque de jouissance dans le corps, que répercute le symptôme, («  le mystère du corps parlant », dira Lacan dans son séminaire Encore)
  • et il y a ce qui relève de la supposition d’être, inhérente à la structure du discours que suppose l’hypothèse inconscient.

Invention sinthomatique

L’expérience d’une psychanalyse poussée jusqu’à son terme isole ce versant réel du symptôme témoignant d’une jouissance opaque, dans le corps, à rebours du versant organisé du symptôme qu’offre la structure discursive.

Il y a une jouissance autiste du corps : non pas du sujet, mais d’un corps qui se jouit d’une marque, et dont la rencontre « tout ce qu’il y a de plus hétéro », nous rend dès lors non pas différents des autres, mais « Autre-à-soi-même ».

L’enjeu du tout dernier enseignement de Lacan relève d’une exigence éthique, débouchant sur une responsabilité intransposable d’un cas à un autre cas : tenir compte d’un « il y a » d’existence, dont ne rend pas compte la structure des discours.

Pour Lacan, le racisme est haine de cette ex-sistence hors discours, sans Autre, sans être. D’où la référence de Lacan, en guise de conclusion de son SéminaireOu pire, à l’enjeu de « revenir à la racine du corps ». On peut aller, à l’extrême, jusqu’à parler de fraternité de sujet en tant que chaque sujet dépend d’un discours. Mais il n’y a pas de fraternité de corps.

« Revenir à la racine du corps » convoque chacun à la responsabilité d’une sinthomatisation à nulle autre pareille, d’un réel incurable, dont on a la charge. C’est un savoir-y-faire avec la jouissance non plus seulement mentale, mais d’un corps : jouissance qui excède la jouissance phallique, – elle, hors corps. C’est un savoir-y-faire à renouveler sans cesse, afin qu’ainsi, il ne cesse pas de résonner avec l’existence d’un bout de réel ayant dès longtemps marqué l’énigme du vivant du corps qu’on a, le temps d’une vie.

Notes:
  1. Jacques Lacan,  Le Séminaire, livre XIX, …ou pire, Seuil, p. 236., « Quand nous revenons à la racine du corps, si nous revalorisons le mot de frère, […] sachez que ce qui monte, qu’on n’a pas encore vu jusqu’à ses dernières conséquences, et qui, lui, s’enracine dans le corps, dans la fraternité du corps, c’est le racisme». []
lundi 11 avril 2016 · 14h59

l’enfer (des choses à faire), etc.

la semaine en un clin d’œil

mardi 5 avril

08:30

plusieurs jours que je fais du taï chi tous les jours. les deux derniers, c’était en fait la nuit. même 2 fois par nuit. des inquiétudes me réveillent. pour en venir à bout, je me lève, je fais ça. c’est efficace. je fais plutôt de la méditation, ça fait moins de bruit. pas que le taï chi fasse du bruit mais le plancher craque. enfin, ce matin, 7 heures, j’ai fait les onze (qi gong), qui se font debout mais sur place –  y a moyen de trouver un endroit où le plancher ne craque pas.

9:14 maintenant, je pourrais ne pas dormir. mais si je dors, ça va être délicieux.

9:26

TO DO

cheveux, coco/argile ( 10:58)
RV coiffeur
RV dentiste
stage conte ? (12:10)
mail réponse N (13:49)
stage 24 ?
RV coiffeur jules
RV dermato Jules
Rothko
À manger ce soir ?
cours 24 : 19 à 22h

mercredi 6 avril

MY LIFE AS A TO DO LIST

Tél RV coiffeur (fait à 12:12) ; Tél RV coiffeur Jules (fait à 12:18) ; Tél RV dentiste (fait à 12:26) ; Tél RV dermato Jules (fait à 12:35) ; Tél RV ophtalmo (fait à 13:05) ; Tél opticien (fait à 12:58) ; 24 : Les filles de Jade ; stage 24 ? ; Rothko ; imprimer Rothko ; chercher passage ; À manger ce soir ?

 

jeudi 7 avril

7h44

taï chi – on sait que c’est une façon d’aller vers un mysticisme sans Dieu, une façon d’aller vers la le vide, de couper court avec les élucubrations du fantasme en mettant au jour ce que le corps éprouve comme jouissance dans sa rencontre avec le signifiant, en l’écoutant physiquement. également écoutant, éprouvant cette part de vie dans le corps, indépendante, elle, du signifiant et dont le territoire s’inscrit allègrement en dehors de ses limites, des limites connues de la peau. en se contentant d’éprouver cette jouissance que le langage, que le discours ne peuvent assimiler conduisant l’inconscient symbolique (ce qu’il n’est pas partout) à élucubrer des comportements, des croyances, des tactiques inextricables, d’une complexité hallucinante, qui n’ont d’autre fonction que de recouvrir ce manque signifiant, à la rencontre duquel les pratiques comme le taï chi ou la méditation se proposent d’aller directement. et, pour le dire d’une façon cavalière, n’usant plus du signifiant que pour chevaucher ce manque. cet usage du signifiant comme simple selle devant bientôt lui-même être abandonné. et le manque monté à cru.

dit-elle.

chercher à dire que la tentative de maîtrise de sa vie par le seul usage du signifiant, du discours, conduit forcément à des malaises, à des horreurs. 

09:59

sinon, j’ai encore passé des heures hier soir à consulter des blogs qui m’expliquent comment me débarrasser de mon henné, le mien fonçant de plus en plus, qui plus est prenant est une teinte violine totalement non-souhaitée (la formule du henné que j’utilisais ayant changé), tandis que par en dessous une quantité me semble-t-il considérable de cheveux blancs pousse, rendant presque regretté l’aspect tout au plus négligé jusque-là des repousses face à ce qu’elles me révèlent aujourd’hui des inéluctables transformations physiques qu’elles entraînent, et ce sentiment, que c’est là, maintenant, sous mes yeux, que ça se passe, que je me transforme, pour de bon. j’entre dans un nouveau corps. un nouveau corps plutôt vient-il me recouvrir. (enfin, c’est décidé, je deviendrai donc un poil beaudelairienne et colorierai mes cheveux, mais, je m’accrocherai à cela : toujours au naturel (il en faut des limites); et puis, je les voudrai dorénavant plus clairs, c’est blonde que je décide de terminer ma vie – n’ayant pas eu le cran de le faire du temps de ma jeunesse perdue ( j’espère que je n’irai jamais beaucoup plus loin dans la jeunissisation)).

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14:05, lessive + Rothko
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midi, au sortir du taï chi

vendredi 8, 11:12

heureuse de trouver sur internet la description de ces deux postures. jusque là, je croisais mes jambes plus ou moins au hasard avec plus ou moins de bonheur. là, je suis parée :

Le demi-lotus

le Siddhasana (en sanskrit सिद्धासन / siddhāsana signifiant «posture parfaite » ou « posture de l’adepte ») ou demi lotus [1] est une posture assise exposée dans l’Hatha Yoga Pradipika [2] de Yogi Svatmarama. Celle-ci consiste à placer fermement le talon du pied gauche contre le périnée et le talon du pied droit juste au-dessus de l’organe sexuel. Dans la pratique du Hatha Yoga, il faut se tenir bien droit, appuyer le menton sur la poitrine et regarder fixement l’espace entre les sourcils. C’est par excellence une posture utilisée dans la pratique de la méditation (Dhyāna) et des exercices respiratoires (Pranayama).

↑ Cette posture assise est généralement conseillée dans la pratique de Zazen associée au Bouddhisme zen implanté en Occident car celle-ci est plus facile à tenir que la position du lotus (Padmasana)
↑ Hatha Yoga Pradipika. Svatmarana, Pancham Sinh (I, 37 à 45)

La position birmane

S’installer en posture birmane est relativement simple. Il faut s’asseoir en posant ses mollets à plat devant soi, l’un devant l’autre, généralement le mollet gauche devant le droit, mais rien ne vous empêche de faire l’inverse si vous vous sentez plus à l’aise ainsi. Les pieds sont posés à plat également, la plante tournée vers vous. Les genoux touchent le sol, sauf si vous n’y arrivez pas, auquel cas il ne sert à rien de vous contraindre. Cette posture offre une certaine stabilité très agréable, mais elle demande tout de même un peu plus de maintien volontaire que le lotus. Elle est toutefois bien plus accessible et bien plus simple à endurer lorsque les séances de méditation se font longues.

Samedi 9 avril.

9:30, au lit
rétrospectivement, cette semaine : peu de « maux » par rapport à la semaine dernière, mais beaucoup de mots, d’inquiétudes. de nuits trouées de réveils en sursaut. principalement autour du livre et de mes cheveux. j’aurai bu, peut-être, un peu plus également. et essayé de trouver le moyen de combattre ces inquiétudes avec le taï chi.

9:54, toujours au lit
de ces inquiétudes, je suis coutumière, c’est elles qui m’ont conduite à écrire.
cette nuit, à moitié endormie, plusieurs fois me lance dans des prières, des « je vous salue marie…  » (dont la litanie tente de chasser, de repouser, au rouleau compresseur, par leur absence même de signification, les pensées envahisseuses). plusieurs fois aussi, me dis que je veux mourir. c’est plus fort que moi, cela me troue de l’intérieur. le matin, en semaine, quand je me rendors après le départ de J, pour me re-réveiller à 10 h, je suis alors lavée de ça (mais trop gonflée de sommeil).

10:33 mini câlin avec F. il s’est levé, pour une fois avant moi.

11:55 amusante et vivifiante conversation avec F à propos de ça (qui n’est pas drôle) : http://www.liberation.fr/debats/2016/04/01/entre-amis_1443422

revendique le droit d’écrire n’importe quoi et mal.

hier, Speak low when you speak love de Wim Vandekeybus, très mauvais. ennuyeux, long, aucun propos, infantile. danseurs beaucoup trop musclés, et leurs muscles beaucoup trop exhibés. chanteuse gnangnan au possible. j’avais vu, il y a 30 ans le premier spectacle de Wim Vandekeybus, c’était flamboyant, de l’énergie pure. n’en subsistent que muscles et tatouages.

12:14 ces inquiétudes. je ne suis pas sûre que ce soit leur contenu qui compte, qu’il y ait moyen d’en traiter le contenu, de les traiter par leur contenu. autrefois, je disais « mauvaises pensées », « pensées chewing-gum ». j’estimais alors que la teneur de ces pensées n’avait aucune espèce d’ importance. que ça voulait penser et que n’importe quoi pouvait faire office. que c’était pulsionnel. cette façon de voir les choses n’étant pas parvenue à traiter le problème, au contraire des antidépresseurs, j’hésite à le ré-attaquer de cette façon.
et si, contrairement à ce que j’ai voulu considérer jusqu’à présent, ces pensées étaient un tant soit peu nécessaires, pourquoi faut-il qu’elles me fassent mal. ne pourrais-je les assumer simplement pour ce qu’elles sont : je réfléchis. ça fait partie du processus, de la vie. je me réveille la nuit, je réfléchis. pourquoi faut-il que cette réflexion soit inquiète. 

bien sûr, s’agissant du livre avec JC par exemple, l’idée, c’est que je n’y arriverai jamais. donc ici, probablement, la question du contenu compte-t-il : je me trouve engagée dans quelque chose dont je ne vois pas comment je vais arriver à me sortir tête haute, comment je vais me sortir sans m’être une fois de plus complètement rabaissée. ayant à la fois manqué d’intelligence et à ma parole.

(je commençais à voir hier que ce qui me manque dans cette affaire, c’est l’idée de maîtriser la bête, le texte. j’ai l’impression qu’il ne cesse de m’échapper de partout, que rien ne fera que je puisse en retenir quoi que ce soit (pour mon propre compte). qu’est-ce qui dès lors pourrait s’en transmettre à un autre. comment en restituer la « substantifique moelle ». qu’écrit-on dans l’immaîtrise. (quand on songe qu’il ne s’agit ici que de ré-écriture !) il ne m’est donné que d’apercevoir.)

14:29 je pensais avoir RV avec le coiffeur aujourd’hui, à 13h15. d’après la coiffeuse c’était hier. j’en suis terrassée, je retourne me coucher. faiblesse, faiblesse, faiblesse. faiblesse et paresse.

15:03 écrit une demi-heure. là, reposer une demi-heure. boire mon café, fermer les yeux.

16:09 pourquoi faut-il que l’on reste toujours consciencieusement en-dessous de ce qu’on attend de soi. (sans toutefois se risquer à descendre trop bas).

dimanche

10:04:2016_18:03:15
10:04:2016 @ 18:03:15

lundi,

nuit de dimanche à lundi, 4:41
trop bu hier soir
suis une empêchée, fondamentalement
ces derniers jours, prends trop la mouche, m’énerve trop, trop quart de tour, trop violente. et me déteste (tout de suite, dès que j’élève la voix) pour ça, ce qui me rend d’autant plus agressive.
hier, enfin grosse discussion autour du fait que nous n’allons pas à République. finalement F dit, le problème, c’est que nous le voulons trop (et moi, suis très étonnée de ça, qu’il dise ça, parce que pensais qu’il ne voulait pas. il dit, le problème, c’est que si on y va, on devrait y aller tout le temps).
alors, nous serions deux empêchés qui nous empêchons mutuellement très bien.
pourquoi.

Je voudrais ne plus m’énerver.

Je suis simplement tout le temps angoissée.

Je ne veux jamais ce que je veux.

04 :55

nous nous aimons parce que nous nous empêchons très bien.

j ne doit pas croire être ce qui nous empêche. il faut qu’il le sache, qu’il comprenne que nous avons besoin d’être empêchés. or, ce qu’il y a, ce que j sait, c’est que fondamentalement nous ne voulons pas du reste du monde. c’est que nous devons nous faire violence pour sortir. le problème, c’est que nous nous aimons. nous nous apportons beaucoup de joie et nous sommes frileux vis-à-vis de l’extérieur. et puis, parfois, nous étouffons. et je m’énerve.

05:13 moi, quand je veux quelque chose, je ne le veux surtout pas. longtemps, aimer, ça a été comme ça aussi. aimer, c’était ne pas aimer. jusqu’à jules. aimer jules ça a été aimer jules.

il doit y avoir une explication à tout ça.

le problème, c’est les mots. il n’y en a pas un mot qui ne veuille dire ce qu’il dit et son contraire. aimer jules se passait bien des mots. les mots sont venus en plus, mais pas au départ.

(alors quand je dis que je ne veux pas pas ce que je veux, c’est que que peut-être, ce que je veux, c’est que de façon ultime mon vouloir s’accomplisse comme non-vouloir, c’est-à-dire comme mot. il faut pouvoir faire un pas de côté, cesser de chercher à accomplir le mot, qui veut toujours dire son contraire, cesser de chercher à accomplir son équivocité. c’est difficile, parce que le désir de l’équivoque est inconscient. c’est à l’inconscient qu’il est égal de dire qu’une chose soit l’une et son contraire. ça ne compte pas pour lui. pour lui, il y a ce qu’il y a. et cela, qu’en sait-on.)

5:51 le pas de côté, ça peut être l’irruption soudaine de violence, la touche de réel de la colère. ça peut, j’imagine. mais, il vaut mieux que je trouve autre chose.

9:32 j’ai beaucoup écrit n’importe quoi cette nuit. c’est dommage. on peut faire dire n’importe quoi aux mots.

la situation est que je suis en plein je-ne-veux-pas. la situation c’est : que j’ai des choses à faire et que je ne veux pas. pour moi faire, autre chose que rien, c’est angoisser. j’ai des choses à faire, donc j’angoisse. je dois vivre avec ça. Et je dois essayer de faire moins de bruit avec ça. que ça me déborde moins. Parce que ça me rend très triste pour j et f.

12:10 oui, je n’ai plus besoin réfléchir à rien,  tout compris,  sais tout. je ne supporte pas de faire quoi que ce soit. plus précisément : je ne supporte pas de devoir faire quoi que ce soit.

15:07 faire ce que je dois faire m’engoisse (m’anfer).

16:01 seule l’écriture dans le blog me soulage, me guérit. parce qu’il n’est pas ce qu’il doit. parce que sa forme cloche. parce que je ne le dois pas. parce que je dois même m’en empêcher. crainte de biche d’ailleurs à l’idée que si je n’avais pas à m’en empêcher, si j’y étais autorisée, au blog, autorisée, attendue, obligée : je n’y arriverais plus. ça, je ne veux quand même pas le croire. mais ne pas l’écrire, n’y écrire pas, c’est l’enfer aussi. 

mercredi 13 avril 2016 · 09h08

écrire et ne rien faire (comme disait ma grand’mère : ce qui est fait n’est plus à faire) _ en-trop et vouloir de l’Autre symbolique

mercredi 13 avril, 09:08

je vois maintenant que je n’écris ici que parce que je ne dois pas le faire. l’enfer, n’est pas seulement le faire, c’est le devoir faire. c’est l’enfer du devoir1. c’est quand le faire devient devoir, attendu par l’Autre.

écrire ici, c’est ne rien faire… de ce que j’ai à faire.

je ne peux pas continuer comme ça, faut vraiment que je trouve le moyen de faire ce que j’ai à faire.

du faire, l’enfer s’écrit plutôt dans l’à-faire. le faire en soi seul est supportable. c’est l’avoir à faire qui ne l’est pas. l’angoisse s’insinue dans le délai entre l’à-faire et le moment du faire. elle tient à la prescription symbolique de l’à-faire (celle qui ira plus tard l’inscrire  dans une liste (de choses à faire, la to do list)).

Tout ce qui concerne l’angoisse et l’objet tourne autour du manque. Du fait même d’être
définie par Lacan comme le « manque du manque », on voit comment il n’y a pas
d’angoisse sans le manque dont elle vient signaler la disparition.
Marcus André Vieira, « La voix, la résonance et la balle »2

c’est l’à-faire, qui situe la chose à faire dans un projet, en dehors du faire, qui l’inscrit comme goal, comme but, qui la sépare d’elle-même, qui crée l’angoisse. dans le faire même, je disparais, je fais place au faire. c’est dans l’à-faire que je sépare le faire de moi-même comme objet à-faire et que j’apparais, ou réapparais comme voulant faire, séparée de ce que je veux faire.  il s’agit de la séparation entre désir et jouissance. dans le faire, c’est jouissance, dans le désir, c’est jouissance ajournée, impossible, qui s’incarne dans l’angoisse : dans ma chair j’incarne alors ce qui à l’Autre manque (et le complète). ce que l’angoisse redoute c’est la disparition de cet être, ma disparition comme sujet et la dissolution du fantasme (dans lequel j’incarne ce qui manque à l’Autre).

pour autant, le faire du blog n’est pas sans tension, n’est pas sans se faire sans une certaine urgence, étant illicite (je n’y suis pour personne). mais ce n’est jamais que quelque chose qui ne se fait que parce qu’elle ne doit pas se faire. je suis juste infoutue de faire ce que je dois faire.

si le blog a pu paraître plus intéressant quand j’ai cessé les antidépresseurs, c’est peut-être parce que là, pour une fois, je faisais ce que je devais faire. c’était bien le minimum pour retrouver le goût, le goût tout court, et puis l’envie, le désir et la possibilité de faire. le minimum pour sortir de la chape de fatigue. or, on dirait bien que du coup je me suis retrouvée rattrapée par l’angoisse, qui elle veut que je ne fasse surtout rien, qui fait de ma vie un enfer.

c’est ce qui m’apparaît à la suite de ce qui s’est passé la semaine dernière.

je dois arrêter de ne pas faire ce que je dois faire.

NB: j’ai bel et bien l’impression de prendre tout à l’envers (psychanalytiquement parlant).

Notes:
  1. j’emprunte ici le titre d’un livre de Denise Lachaud, L’enfer du devoir – Le discours de l’obsessionnel publié chez Denoël, Coll. Espace analytique, 1995. []
  2. Papers nº 10, AMP  2014-2016 []
vendredi 15 avril 2016 · 10h41

blog quantique

publié sans retour relecture

« Alors, il y a une opposition entre ontologie et jouissance. L’ontologie fait sa place à ce qui peut être, et au fond elle implique, elle comporte aussi bien le possible, alors que la jouissance elle est du registre de l’existant. »
Miller, L’être et l’un, cours du 11 mai

le langage, le discours, le symbolique, qui créent la signification, obligent à l’univocité. l’à-faire, comme je le disais hier, n’existe que dans le discours, en fonction de mon engagement dans le discours. et il y a un moment de l’à-faire où la chose ne se fait pas, où la chose se fera… dans le futur. c’est le discours, le symbolique qui crée la possibilité que le chose se fasse ou pas, qui ouvre le futur, qui introduit au temps.

le temps est un réel que le réel lui-même n’envisage pas. le réel est hors temps. dans le réel, la chose se fait ou ne se fait pas mais quand elle se fait elle n’est pas grosse de la possibilité de ne pas se faire. dans le réel, il n’y a que ce qu’il y a. rien ne manque, comme dit Lacan (voir comment rapprocher ce rien qui ne manque du manque de manque de l’angoisse).

c’est dans l’univers du symbolique, de la mesure que deux états contraires se superposent, viennent à être1.

quand j’opte pour l’un des deux états d’une chose, envisagée donc du point de vue de la procrastination, de l’impossibilité de faire, quand j’opte pour l’un des deux états, je vais faire cette chose, je la fais être dans le futur, je la déporte, c’est à ce moment-là que je la sépare de moi, et que je mets au monde son état contraire. si je décide de faire une chose, je mets au monde les deux possibilités, celle qu’elle se fasse, celle qu’elle ne se fasse pas. c’est comme sujet du verbe, du désir, du langage, que j’accomplis cela, cette séparation, où je projette une chose et son ombre dans le futur. à certains égards, je rentre avec le chat (de Shroedinger) 2 dans un état quantique, où les deux états coexistent. je suis dans la boîte à la fois morte et vivante. c’est sortir de cette boîte qui est difficile. car, ce n’est qu’au moment où la boîte est ouverte que le chat, qui donc dans la boîte était mort et vivant, devient mort ou vivant.

 

c’est la transition du monde symbolique au monde réel qui est difficile, risquée.

Je m’engage dans l’accomplissement d’une chose. du point de vue de cet engagement, que la chose se fasse ou pas, est important, c’est mon être de sujet que je mets en jeu. or, c’est dans le réel que la chose a lieu ou pas, aura lieu ou pas, sortira de ce double état. la procrastination, c’est l’impossibilité de sortir de la boîte. c’est vouloir rester dans les 2 états. double état qui n’est pas sans apporter son lot de satisfactions, de jouissance. que l’on considère seulement ce que je fais dans ce blog (où je ne fais pas ce que je dois faire). là où les deux états co-existent, faire et ne pas faire, un état est rejoint qui ressemble à l’état primitif, d’avant la scission (de la chose qui se fait en la chose à-faire dans le futur), avec mes tergiversations mentales je fais exister ce double état, je lui donne une consistance, une unité, je jouis. et pendant ce temps, toutes les choses que je devrais faire ne se font pas.

c’est sortir de cet état symbolique d’indétermination quantique qui est difficile. enfin, on voudrait que les choses soient auasi simples que ça. car j’étais venue pour expliquer qu’il fallait que j’arrête, le blog, pour dire que j’arrêtais. pas pour dire ça.

Mais, maintenant, il est 8 heures et dans 3 heures faut qu’on parte pour le Japon.

nb: c’est Lacan qui m’a mise sur cette piste de l’expérience du chat de Shroedinger, il en est déjà question dans ce blog.

Notes:
  1. ce qui ne veut pas dire qu’ils existent. ce qui existe, c’est ce qu’il y a. a la limite, ce qui existe là, c’est ce double état. []
  2. Dans cette expérience de pensée, on fait dépendre l’ouverture de la capsule de cyanure, et donc la mort du chat, de l’envoi dans la boîte d’une particule qui a deux états possibles ( + ou –), l’un de ces états déclenchant l’ouverture de la capsule. L’état de cette particule est indéterminé au sens de la mécanique quantique. Il s’ensuit donc que la mort du chat est indéterminée tant que la boîte est fermée. []
mardi 26 avril 2016 · 12h02

kyoto, 26 avril

japon

je vois avec mon front, je vois avec mes arcades sourcilières, la droite, la gauche, je vois, je veux voir, avec mes pommettes, mes joues, leurs creux, les lèvres. avec la lèvre supérieure, je vois avec la lèvre inférieure, ma langue, je vois, j’entends, posée légère sur le palais, juste derrière les dents de devant, incisives, je vois avec mes dents, du haut, elles entendent, du bas, avec le fond de la gorge, mon cou, mes mâchoires. je vois, j’entends, je sens. avec mes paupières, mes cernes, le coin de mes yeux, leur globe, mes oreilles, le cartilage, mes tempes. toute la peau de mon visage, dans l’ombre douce de mes paupières baissées. mon amour, je vois, j’entends, je sens. je me souviens, j’oublie, je me remémore. je vois par le crâne, le sommet du crâne, l’occiput, la nuque, les clavicules, cela coule le  long de mes clavicules, sternum, poitrine, poumons, les côtes s’ouvrent,  accueillent, rendent. le ventre voit, lit, imprime, interprète. caresse, tâte, malaxe, respire, joue. reçoit, dessine, remercie. me remercie, de lui laisser la parole. il m’imagine.

c’est la nuit, je suis étendue, je ne dors pas. Kyoto Century Hotel. j’écoute mon corps résonner au monde. ça s’étale, ça s’étend, ça reprend. ça s’écoule. ça me restitue. ça va au monde et j’y suis.

c’est comme ça que je vois, que je veux voir encore, dans l’oubli des mots

dans l’épaisseur du ventre, comme une coupe ouverte, pleine qu’elle est de la substance la plus accueillante, je vais, déposée sur le coccyx, passée par le sacrum, les lombaires, les dorsales, les côtes, le monde ici se resserre, tout ce qui est au monde se resserre se resserre là, ça repart dans les bras, par les fesses ça coule aux  jambes, le creux des genoux la plante des pieds l’extrémité des orteils le bout des doigts l’œil matière parmi la matière

le monde me sait au monde et grand est le consentement

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