samedi – chi et hystérie

Publié le Catégorisé comme brouillonne de vie Étiqueté , ,

6h26, nuit. j’ai beaucoup publié ici hier, ce qui me met mal à l’aise, me réveille.

je ne publie en général pas au fur et à mesure de ce que j’écris et c’est souvent au moment de publier, que je me relis, corrige, essaie de donner à ce que j’ai écrit l’allure d’un truc fini. je me suis forcée hier à publier beaucoup et vite. j’avais accumulé du retard. je n’aime pas non plus laisser passer trop de temps entre le moment de l’écriture et celui de la publication. écrire me permet de réfléchir à ce qui m’arrive, permet que je ne le subisse pas de trop. le délai que je prends avant publication me permet de prendre un petit peu de distance. et éventuellement de finir par boucler quelque chose, une petite unité de sens, quelque chose qui me permette  d’avancer,  de passer à autre chose.

donc, j’ai été la semaine dernière très tentée d’arrêter le blog, en raison de ce que j’y avais publié (et de ce que j’avais manqué d’y publier), qui continuait de me travailler.  je n’étais plus qu’envahie de maux  qui semblaient me dire :    total dysfonctionnement, retourne te coucher.

j’ai fait alors ici état de ce que j’avais beaucoup écouté mon corps. écouté, souffert, subi. et, me revenait que l’hystérique (que j’ai été beaucoup plus grandement autrefois qu’aujourd’hui, et dont les tourments me revenaient à la mémoire, attendrissants, d’ailleurs) a tendance à beaucoup écouter son corps (toujours un peu trop débordant de vie et que l’obsessionel aura tendance lui à  cadavériser), sans nécessairement qu’il en ressorte pour elle quoi que ce soit d’intéressant (d’autre que la jouissance inconsciente qu’elle y prend, ressentie comme quelque chose de parasitaire, qui la démarque de la marche du monde,  y fait tache, la détachant du commerce (habituel et symbolique) des hommes1 ).

or, il y a quelque chose d’hystérisant dans le taï chi (enfin,  dans le travail sur le chi, celui qui se fait  indépendamment de la forme,  parce que pendant la forme même, un certain silence revient, voire advient) et dans la pratique de la méditation. ce qu’il y a d’hystérisant, c’est cette écoute du corps laquelle est ici attendue,  requise. l’oreille descend dans le corps pour l’écouter. ce qu’il y a de nouveau, c’est que de cette écoute puisse advenir quelque chose (à quoi une analysante, il est vrai s’attend, mais d’une façon toute différente, cette différence étant probablement ce qui m’intéresse ici). et, qui plus est, que de cette écoute, d’ores et déjà, un certain plaisir soit retiré. ce que dans sa thèse Lu Ya-Chuan  appelle curieusement mais audacieusement :  « la jouissance utile ».

conscience au fond est prise de la jouissance de l’écoute, à l’intérieur du corps, et que cette jouissance est bonne.

et c’est là où il y a problème, où il y a douleur, nœud, que l’on s’attarde, là qu’on peut agir, en intervenant de façon actuelle, directe, sur le corps, en guidant le chi à l’aide des mots, de l’esprit, en influant donc directement sur le corps.  

c’est bien ce que le symptôme hystérique trahit: voilà un mal qui ne tient qu’aux mots et qui ne trouve pas d’explication dans la médecine occidentale.
ce mal, le chi le traite directement, préalablement à toute recherche de sens,  en y mettant directement la main à la pâte. là, où il y a douleur, c’est que ça ne passe pas. et là où ça ne passe pas, on peut faire passer. et c’est l’exercice même auquel on s’attelle, de faire passer, qui offre, paradoxalement, du plaisir. 

Je ne suis pas sûre du tout que cela puisse offrir la moindre espèce d’intérêt.

Notes:
  1. un mot = une chose et où le mot à fini d’achever la chose. elle, vit avec ce qui a continué à vivre. ce qui continue à vivre, il m’apparaît que la médecine chinoise l’appelle chi. []

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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