blog quantique

Publié le Catégorisé comme brouillonne de vie, psychanalyse

publié sans retour relecture

« Alors, il y a une opposition entre ontologie et jouissance. L’ontologie fait sa place à ce qui peut être, et au fond elle implique, elle comporte aussi bien le possible, alors que la jouissance elle est du registre de l’existant. »
Miller, L’être et l’un, cours du 11 mai

le langage, le discours, le symbolique, qui créent la signification, obligent à l’univocité. l’à-faire, comme je le disais hier, n’existe que dans le discours, en fonction de mon engagement dans le discours. et il y a un moment de l’à-faire où la chose ne se fait pas, où la chose se fera… dans le futur. c’est le discours, le symbolique qui crée la possibilité que le chose se fasse ou pas, qui ouvre le futur, qui introduit au temps.

le temps est un réel que le réel lui-même n’envisage pas. le réel est hors temps. dans le réel, la chose se fait ou ne se fait pas mais quand elle se fait elle n’est pas grosse de la possibilité de ne pas se faire. dans le réel, il n’y a que ce qu’il y a. rien ne manque, comme dit Lacan (voir comment rapprocher ce rien qui ne manque du manque de manque de l’angoisse).

c’est dans l’univers du symbolique, de la mesure que deux états contraires se superposent, viennent à être1.

quand j’opte pour l’un des deux états d’une chose, envisagée donc du point de vue de la procrastination, de l’impossibilité de faire, quand j’opte pour l’un des deux états, je vais faire cette chose, je la fais être dans le futur, je la déporte, c’est à ce moment-là que je la sépare de moi, et que je mets au monde son état contraire. si je décide de faire une chose, je mets au monde les deux possibilités, celle qu’elle se fasse, celle qu’elle ne se fasse pas. c’est comme sujet du verbe, du désir, du langage, que j’accomplis cela, cette séparation, où je projette une chose et son ombre dans le futur. à certains égards, je rentre avec le chat (de Shroedinger) 2 dans un état quantique, où les deux états coexistent. je suis dans la boîte à la fois morte et vivante. c’est sortir de cette boîte qui est difficile. car, ce n’est qu’au moment où la boîte est ouverte que le chat, qui donc dans la boîte était mort et vivant, devient mort ou vivant.

 

c’est la transition du monde symbolique au monde réel qui est difficile, risquée.

Je m’engage dans l’accomplissement d’une chose. du point de vue de cet engagement, que la chose se fasse ou pas, est important, c’est mon être de sujet que je mets en jeu. or, c’est dans le réel que la chose a lieu ou pas, aura lieu ou pas, sortira de ce double état. la procrastination, c’est l’impossibilité de sortir de la boîte. c’est vouloir rester dans les 2 états. double état qui n’est pas sans apporter son lot de satisfactions, de jouissance. que l’on considère seulement ce que je fais dans ce blog (où je ne fais pas ce que je dois faire). là où les deux états co-existent, faire et ne pas faire, un état est rejoint qui ressemble à l’état primitif, d’avant la scission (de la chose qui se fait en la chose à-faire dans le futur), avec mes tergiversations mentales je fais exister ce double état, je lui donne une consistance, une unité, je jouis. et pendant ce temps, toutes les choses que je devrais faire ne se font pas.

c’est sortir de cet état symbolique d’indétermination quantique qui est difficile. enfin, on voudrait que les choses soient auasi simples que ça. car j’étais venue pour expliquer qu’il fallait que j’arrête, le blog, pour dire que j’arrêtais. pas pour dire ça.

Mais, maintenant, il est 8 heures et dans 3 heures faut qu’on parte pour le Japon.

nb: c’est Lacan qui m’a mise sur cette piste de l’expérience du chat de Shroedinger, il en est déjà question dans ce blog.

Notes:
  1. ce qui ne veut pas dire qu’ils existent. ce qui existe, c’est ce qu’il y a. a la limite, ce qui existe là, c’est ce double état. []
  2. Dans cette expérience de pensée, on fait dépendre l’ouverture de la capsule de cyanure, et donc la mort du chat, de l’envoi dans la boîte d’une particule qui a deux états possibles ( + ou –), l’un de ces états déclenchant l’ouverture de la capsule. L’état de cette particule est indéterminé au sens de la mécanique quantique. Il s’ensuit donc que la mort du chat est indéterminée tant que la boîte est fermée. []

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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